(maks) from Russia with love

chapitre un ; Il ne comprenait pas ce qui se passait. À peine quelques heures de vie et il tremblait déjà comme une feuille et il hurlait à tue tête. Il avait faim et personne ne s'occupait de lui. Il avait peur. Il ne se sentait pas bien. Tout ce qu'il désirait, c'était qu'on le prenne et qu'on le tienne dans ses bras, qu'on lui fasse des câlins, qu'on lui dise que tout allait bien, qu'on l'aimait. Mais il n'aurait rien de tout ça, du moins, pas pour le moment. Sa mère l'avait abandonné. Ania avait accouché à même le plancher de sa salle de bain, seule. Elle aussi avait hurlé, puis ça avait été la délivrance. Plus jamais elle n'aurait de bébé. Plus jamais elle ne porterait de sales morveux. Elle avait regardé le bambin et si elle n'avait pas eu une once de gentillesse en elle, probablement qu'elle l'aurait tout simplement mis aux ordures. Lorsqu'elle avait su qu'elle était enceinte, alors qu'elle était dans la fleur de l'âge, et surtout  à l'aube de son travail, elle avait vu ça comme la fin du monde. Sa vie était tout bonnement gâchée. Prostituée, elle aurait de la difficulté à se trouver du travail lorsque son ventre allait se développer. Ania avait tout de suite pensé à se faire avorter, mais il était trop tard. Il avait fallu qu'elle mène la grossesse à terme. Mais elle ne l'aimait pas. Elle ne le voulait pas. Elle avait continué de se droguer, se foutant bien de l'avenir de son gamin. Elle s'était dit que ce serait peut-être un moyen de s'en débarrasser? Mais Maksim avait décidé de s'accrocher à la vie et il s'était développé tout de même de façon normale malgré tout ce qu'on lui infligeait et ce, même pas né. Puis à 40 semaines exactement, il avait pointé le bout de son nez. Sa mère l'avait enveloppé dans une serviette, puis mis dans un panier. Elle avait conduit jusqu'à l'hôpital le plus près et l'avait déposé devant une porte sans rien dire. Elle avait laissé un bout de papier où il était écrit le prénom du bambin. C'était tout. Ania s'était ensuite évanouie dans la nature sans demander son reste. « Que se passe-t-il, mon chou? » demanda en russe une femme qui s'approcha de la bassinet où était couché Maksim.  L'infirmière réalisa bien vite ce qui n'allait pas. Le gamin avait le syndrome de sevrage néo-natal. « On va s'occuper de toi. Ne t'inquiètes pas bonhomme. » dit-elle en souriant au petit Maksim. « Tout ira bien... »

chapitre deux ; « Touche pas à ça toi! » cria Agata de la cuisine. Maksim avait à peine quatre ans. Il se trouvait dans un orphelinat de Bely en Russie, la ville où il était né et aussi, abandonné. Il avait grandi là toute sa vie, ne connaissant pas l'amour d'une mère ni les câlins d'un père. S'il avait peur la nuit, il subissait ses craintes. Personne ne venait le consoler. C'était un gamin calme, légèrement introverti. Ses jeux étaient solitaires. Il se mélangeait mal aux autres enfants. La peur de l'abandon était toujours présente. Personne n'était encore venu pour l'adopter. Il était clair à présent que ça ne se passerait plus ou du moins, il y avait de très faibles chances. Il était trop vieux maintenant. Même s'il restait mignon, il n'avait pas un physique parfait. Et puis, qui adoptait de la Russie? Personne. Tous les gamins ou presque qui étaient abandonnés ou qui avaient perdu leur parent avaient des problèmes de santé. Ça avait été le cas de  Maks au début de sa vie. Même s'il avait été sevré de la drogue, il était plus à risque de devenir dépendant un jour s'il s'y mettait à son tour. Ça ne donnait pas envie. Même s'il restait un être humain, c'était quelqu'un à risque et les gens s'en souciaient. « Tu as compris? Des fois, on sait pas avec toi... tu réponds jamais quand on te parle.... » souffla toujours Agata de la cuisine. Mais elle ne se souciait déjà plus de lui.

Le gamin posa ses fesses sur le sol, ne sachant plus quoi faire. Il était déjà trop discret. Que fallait-il de plus? « Maksim... ça va mon grand? » demanda une voix familière. Mariya, une jeune femme de trente ans environ, s'était approchée de lui. Elle s'était assise à ses côtés. Maks hésita quelques secondes, puis il lui avait souri. Il l'aimait bien. Elle était la seule qui s'intéressait vraiment à lui à l'orphelinat. « ça va bien aller... Je suis là....  » lui dit-elle, d'un ton rassurant, en venant caresser sa chevelure bouclée. « Tu verras.... tout va s'arranger... » ajouta-t-elle, un sourire triste sur les lèvres. Ce que Maks ne sut jamais, c'est que Mariya avait toujours voulu l'adopter, mais elle n'en avait pas eu les moyens. Elle l'aimait comme son fils. Et l'aimerait toujours...

Mariya dut se faire à l'idée que Maksim disparaîtrait un jour de sa vie et ce moment arriva un an après, lorsque le bambin eut cinq ans. Une famille, les Romanov, vinrent visiter l'orphelinat. Ces derniers étaient russes eux aussi, mais venaient de Saint-Pétersbourg. Ils avaient fait plusieurs endroits, mais ça n'avait pas cliqué avec aucun enfant jusqu'à présent. Les Romanov avaient déjà un enfant, une fille, Ina, qui avait six ans à l'époque. En voyant Maksim, ils tombèrent amoureux de lui et de sa gueule d'ange. Le déclic s'était enfin fait. Le garçon fut adopté quelques mois plus tard après les procédures d'adoption et tout... Et Maks eut enfin une famille. Celle dont il avait toujours rêvé.


chapitre trois ; « T'es vraiment doué! Tu fais de la musique depuis combien de temps? » demanda une voix provenant du fond de la pièce. Maks sursauta violemment sur le banc où il était assis et se retourna. « Tu m'as fait peur! » lâcha le garçon de seize ans. Il ne s'attendait pas à voir personne ici. Il était toujours tout seul  à cette heure-là et il pouvait s'exercer en paix au piano, un de ses instruments préférés. « Mais merci... Mais je pense pas être doué à ce point... C'est Ina le génie dans la famille... Pas moi... » avait répliqué timidement Maks à la question du jeune homme. Il ne l'avait jamais vu auparavant et ne savait pas qui il était. L'inconnu vint alors s’asseoir sur une chaise, un peu plus près et il se présenta. Il avait un accent lorsqu'il parlait. Il ne devait pas être né à Saint-Pétersbourg ou n'importe où en Russie. « Désolé de t'avoir fait peur. Moi, c'est Wesley, mais tu peux m'appeler Wes si tu veux... » lui révéla-t-il en lui tendant la main. Maksim se présenta à son tour et serra sa main dans la sienne. Il avait rougi, gêné. On ne se préoccupait pas de lui à l'école. Il était un peu trop calme, trop introverti. On l'avait souvent maltraité à cause de sa grande sœur; Ina. Sa réputation le précédait depuis toujours. Et on le surnommait souvent le 'frère de la freak'. Mais ça ne le dérangeait pas trop ou du moins, il s'y était fait. Depuis longtemps, il prenait ses pauses dans la salle de musique, préférant apprendre de lui-même des instruments à la place d'avoir des amis. Au moins, eux, ils ne riaient pas de lui, ils le comprenaient. « Je ne connais pas Ina... Et ce n'est pas que je ne veux pas apprendre à la connaitre, mais je dois t'avouer que c'est plutôt toi qui m'intéresse... » ajouta Wes. Maksim l'avait regardé, pas trop sur de comprendre ses propos.

Mais dans les jours, puis les semaines qui suivirent, il comprit. Wes ne désirait pas être que son ami. Il s'intéressait à lui vraiment. Et il lui portait un vif intérêt. Maksim apprit que ce dernier était né à Londres, mais que son père était russe. Ils étaient retournés à Saint-Pétersbourg il y avait seulement deux ans de ça. Voilà pourquoi Wes avait un si gros accent. Il apprit aussi que le jeune homme n'aimait pas que les filles, qu'il était également attiré par les garçons. Maksim quant à lui savait qu'il n'aimait pas les filles, du moins, il ne ressentait rien pour elles. Il l'avait compris très tôt, à douze ans.  Les sentiments se développèrent donc à mesure qu'ils passaient du temps ensembles. Puis un soir, alors qu'ils sortaient de la salle de cinéma, Wes l'avait entraîné dans un parc et dans la pénombre, ils s'étaient tous les deux embrassés. Le cœur battant la chamade, Maksim avait compris qu'il était tombé amoureux pour la première fois de sa vie.

Et ce fut à peine quelques mois plus tard qu'il vécut également sa première et seule rupture amoureuse. Être homosexuel en Russie était déjà compliqué à la base et comme Maks n'avait fait son coming out qu'à sa sœur et à sa grand-mère, il avait dit à Wes que leur relation devait demeurer secrète pour le moment. Mais ce secret pesait lourd sur leurs frêles épaules. Ce fut Wes qui prit la décision de rompre malgré le fait qu'il l'aimait toujours. Le deuil de la relation amoureuse fut longue pour Maksim qui ne retomba pas amoureux par la suite. Il avait trop souffert.   

chapitre quatre; Maksim regardait tout autour de lui. Ses valises n'étaient toujours pas défaites et gisaient à ses côtés. Allait-il s'y faire ici à Londres? Il n'en avait pas la moindre idée. Ina l'avait traîné jusqu'ici. Il savait qu'il n'avait pas eu le choix. Ses parents ne lui parlaient plus. Ils ne l'avaient pas renié, mais c'était tout comme. Il se revoyait encore dans le salon, sa sœur un peu plus loin, son ordinateur sur les genoux. Elle avait étonnamment accepté d'assister à la scène, lui qui pensait qu'au final, elle s'en foutait royalement. Se tortillant sur le divan, il se trouvait face à ses parents adoptifs. Il avait revu et revu la scène dans sa tête. Il savait quoi dire, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge et ils ne voulaient pas sortir. « Qui a-t-il de si grave Maksim pour que tu sois nerveux à ce point! » s'enquit sa mère, souriante. Mais elle n'avait aucune idée qu'en fait Maks allait faire son coming out. Il l'avait fait à sa sœur quelques années plus tôt et elle avait bien rigolé, lui disant qu'elle se foutait pas mal qu'il puisse aimer les filles, les mecs ou les chèvres. Mais la réaction des Romanov fut tout autre. Sa mère fut d'abord silencieuse, puis fondit en larme. Son père eut une toute autre réaction. Il s'était tout simplement levé et était parti. Face à la situation, Maks n'avait pas su quoi dire ni quoi faire. Il était resté là à fixer sa mère qui pleurait toujours. Il avait approcher sa main de la sienne, mais elle l'avait retiré aussitôt. Maksim ne comprenait pas. Il ne comprendrait jamais leur réaction. Il s'était à son tour levé et était sorti de la maison. Et il avait marché longtemps, très longtemps. Et puis, un ou deux jours après, ou plus, il ne savait plus trop, Ina l'avait obligé à faire ses valises. Et ils étaient parti. La destination de sa soeur? Londres. Et il avait accepté. À contre coeur un peu, mais Maks savait qu'il n'avait plus sa place chez les Romanov. L'aurait-il ailleurs? Seul le temps allait le dire.  


chapitre cinq ; Son anglais n'était toujours pas parfait, mais il s'efforçait du mieux qu'il le pouvait. Il n'avait pas le choix. Il venait d'être engagé dans ce club de Londres. À son entrevue, il avait bafouillé, mais lorsqu'il avait montré de quoi il était capable, ça n'avait pas pris de temps pour qu'on lui montre un contrat. Et il avait souri bêtement. « Je te prendrais un café. Un grand. Noir. » avait-il dit à la caissière de chez Starbucks. Elle l'avait regardé de travers, parce que son accent russe transparaissait toujours beaucoup et que ce qu'il disait était difficile à comprendre. Il avait eu un petit sourire gêné et lui avait dit son prénom pour qu'elle l'inscrive sur son gobelet pour emporter. Évidemment, lorsqu'il obtenu son breuvage, il pu y lire un "Max", mais il ne s'en soucia pas. Il était habitué. Maintenant, il retournait à l'appartement qu'il partageait toujours avec Ina. Sa sœur leur avait procuré un très bel appart dans le quartier de Hammersmith. Il était pressé d'y retourner, puisqu'il avait laissé son nouvel ami tout seul là-bas pendant son entretien et il avait peur qu'Ina le découvre. Il avait trouvé le chat il y avait de cela deux jours à la sortie d'un bar, dans les poubelles. Maks n'avait pas résisté longtemps. Il l'avait ramené à la maison, lavé, puis cajolé. Il sentait encore un peu le fond de poubelle, mais il était convaincu que l'odeur allait finir par disparaître. Ghost, au début, ne l'avait pas trop aimé, mais ils étaient désormais les meilleurs amis du monde. Ça n'avait pas été facile de le cacher à Ina, puisque le chat toujours sans prénom était un curieux et était très intelligent.... Il ouvrait souvent de lui-même la porte de la chambre de Maks.

Marchant plus vite, il atteignit l'appart. Lorsqu'il entra, il fronça les sourcils. Le manteau de sa sœur aînée était là, dans l'entrée.... Oh oh.... Il l'entendit parler de sa chambre. Merde! Elle avait trouvé le chat! Un air penaud affiché sur le visage, il la rejoint.  « Tu l'as pas zigouillé j'espère!» lâcha-t-il. Il savait que sa dernière heure était arrivé. « Maks il y a un chat sur mon lit. tu as trente secondes pour t'expliquer...  » avait-elle dit, désignant le chat toujours sans nom.... Maks passa sa main dans ses cheveux bouclés, mal à l'aise. « Je peux le garder?» avait-il dit en rigolant bêtement. Probablement que sa soeur allait finir par accepter.... Parce que dans le fond, le chat, c'était comme Maks. Les histoires d'abandon, ça le touchait toujours autant. Mais désormais, il était désormais plus heureux, plus libre. Il s'acceptait comme il était. Il possédait plusieurs amis. Bref, il ne changerait sa vie pour rien au monde. C'était à présent son univers et il en était bien fier!