Need something, Love ? [TIALEEN]

Need something, Love ?

Semaine normale ; matinée normale. Semaine un peu chiante, pour tout avouer. Avec des touristes voulant se faire tatouer des banalités ; forcée de sourire et d'enchaîner ... j'aime pas. Que voulez-vous ? A girl's gotta eat. Je soupire bruyamment une fois que le petit chinois est ressorti, probablement trop apeuré par la décoration. Je lève aussi les yeux au ciel, il est propre mon shop. Rempli de dessins et motifs, photos d'oeuvres ... il fait envie. Du moins pour les habitués. Les autres, ils me sont un peu indifférents. Que voulez-vous ... je suis une têtue qui n'a pas sa langue dans sa poche. Et j'attends toujours le jour où Poussin, mon cher et tendre jumeau, acceptera de passer sous mon aiguille. Je lui ferais peur, ainsi armée ... Je ne vois pas pourquoi. Aucun de mes clients n'a eu à se plaindre jusqu'à maintenant, et j'ai appris avec les meilleurs.

Je jette un coup d'oeil dehors, mais ne vois personne. Il fait beau ... sans doute les anglais ont autre chose à faire que de se terrer dans auprès d'une tatoueuse alors que pour une fois il y a du soleil dans l'air. J'ai un petit sourire. Ça, ça veut dire que je vais pouvoir me concentrer sur le dessin de Roy. Roy, c'est un peu le client chiant. Attention, ne vous méprenez pas ... chiant dans le bon sens du terme ! Il est extrêmement perfectionniste et a souvent des idées bien définies pour ses tattoos... et ça tombe bien, parce que moi j'aime les défis. J'aime aussi la perfection, alors nous sommes faits pour nous entendre. J'enclenche la chaîne hi-fi, qui passe en aléatoire plusieurs morceaux de Wolfmother. La musique m'a toujours aidée à me concentrer et aujourd'hui semble être une journée creuse...

Je m'assois derrière le comptoir, sortant les différents modèles que j'ai commencés, sans jamais être vraiment satisfaite du résultat final. Je soupire un peu et recommence une énième fois le dessin, affinant les traits, corrigeant les défauts. Il veut un arbre mort. En soi, ça semble assez simple. À condition de rester dans le superficiel. Mais en regardant de plus près, il faut que celui-ci soit composé de branches...et de plumes. Hautement improbable ou esthétique, je vous laisse le libre arbitre. Ce que je sais, c'est que je ne suis pas sortie de l'auberge. Mais je ferais tout pour mon petit motard adoré ... Je mordille mon crayon, complètement avachie sur ma feuille blanche, puis entends la clochette de la porte sonne. Je hausse un sourcil, n'ayant pas de rendez-vous aujourd'hui, et regarde qui cela peut bien être.

Ma première inspection me le confirme : je n'ai jamais vu cette femme. Impossible : je m'en serais souvenue. Des filles comme ça, ça s'oublie pas facilement ... Je mords ma lèvre inférieure et prends soudainement conscience de mon célibat actuel. Elle est pas décente cette fille. Nah ... Impossible pour moi de penser à autre chose, encore moins de terminer l'oeuvre. Je pose doucement le crayon sur les feuilles et me lève, pour m'approcher de celle qui vient de me couper le souffle et qui semble intriguée par certaines des décos aux murs.

Arrivée derrière elle je me racle doucement la gorge. Adieu la femme sûre d'elle-même, bonjour l'adolescente remplie d'hormones. Gosh ... elle a été sculptée par les Dieux, c'est pas possible ! « Hmm ... » Je prends un air assuré et souris, me retenant à grand peine de lui faire du rentre-dedans. « Tu as besoin de quelque chose ... ? » Sourire éclatant. Elle est belle...