"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici If you want to know who your friends are, get yourself a jail sentence (slovake) 2979874845 If you want to know who your friends are, get yourself a jail sentence (slovake) 1973890357
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Jake O. Cavendish
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() message posté Sam 10 Oct 2015 - 9:42 par Jake O. Cavendish
Trust no king, kings put girls in tower, trust your wings, for a girl with wings will soar past kings as they look up from towers. ✻✻✻ Debout dans un métro bondé, Jake regarde son téléphone. Il a beau chercher partout, personne ne parle de cette histoire. Ça ne devrait pas l’étonner. Tous les jours, des innocents se retrouvent en prison sans que le monde n’en sache rien. A moins que l’histoire ait été jugée intéressante par les médias ou par une personne connue. Les journaux et JT ne peuvent parler de toutes les affaires, même si certaines le mériteraient parfois. Et le principal obstacle à ça, c’est que la police et la justice font souvent appel à la confidentialité. Ils ne parlent pas de chaque personne arrêtée, de chaque personne jugée et envoyée en prison. Pour beaucoup d’affaires simples, c’est logique.
Sans son contact au tribunal, Jake lui-même n’aurait sûrement pas su que Solveig était en prison. Lorsqu’il avait parlé d’une journaliste féministe emprisonnée, ça avait éveillé les soupçons de Jake. Automatiquement, il avait pensé à son amie boxeuse et il avait eu raison. La nouvelle l’avait vraiment étonnée. Même s’il ignore toujours pourquoi elle a été arrêtée puis envoyée en prison, il n’arrive pas à comprendre. Toutes les hypothèses fusent dans sa tête et il ne peut pas s’arrêter sur une en particulier. Alors naturellement, il avait décidé d’aller chercher les réponses directement à la source. C’est la chose logique à faire non ? Aller rendre visite à une amie lorsqu’on apprend qu’elle est en prison. S’assurer qu’elle va bien, l’aider aussi. Si Jake couvre son affaire, il peut sans doute faire quelque chose pour la sortir de là. Une fois qu’une affaire est connue du grand public, c’est tout de suite différent. Pour les avocats, pour le juge, pour le jury, pour tout le monde.
Et peut-être qu’au fond, il espère que faire un reportage sur l’histoire de Solveig, quelle qu’elle soit, ça le replongera dans son travail. Il a eu quelques reportages intéressants depuis son retour de Grèce mais pas assez à son goût. Il a besoin de retrouver ce plaisir qu’il pouvait ressentir dès qu’il travaillait sur un reportage intéressant. En ce moment particulièrement. Il a besoin de cette stabilité. Et sans doute est-ce pour ça qu’il ne parvient pas à la retrouver naturellement. Parce qu’il se met trop de pression sur les épaules. Mais il ne peut pas s’en empêcher. La vérité, c’est qu’il aurait envie de se plonger corps et âme dans son travail, comme il le faisait encore avant son départ en vacances.
Lorsque les portes de la prison s’ouvrent, il regarde les lieux, un peu étonné. Il n’avait pas imaginé que ça serait aussi moderne. Si on en oublie les grilles et les gardiens vêtus d’uniformes, on pourrait se croire dans un lieu tout à fait normal. Il annonce son nom à la personne chargée de l’accueil, demande à voir Solveig et patiente ensuite dans le hall. Il faut qu’elle soit d’accord puis que la visite soit approuvée. Tout un système mais c’est tout à fait logique. Finalement, Jake suit un gardien dans les couloirs, jusqu’à une salle avec plusieurs tables. A l’une d’elle, se trouve une détenue avec deux adolescents qu’il devine être ses enfants. A une autre, une détenue et son mari/compagnon. Jake s’installe à la table indiquée par le gardien et observe les autres personnes. Naturellement, il se demande pourquoi ces femmes sont emprisonnées, sans être sûr qu’il veuille vraiment le savoir. Ça pourrait être n’importe quoi après tout. De l’arnaque financière au meurtre, en passant par tout un tas de crimes.
Il tourne la tête lorsqu’une porte s’ouvre et que Solveig entre dans la pièce, tout d’orange vêtue. Jake lui adresse un sourire qui se veut réconfortant. Il ignore si elle n’a pas pu le prévenir ou si elle ne l’a pas voulu. Les deux seraient possibles. Après tout, se retrouver en prison n’est pas une fierté, c’est logique de ne pas souhaiter le crier sur tous les toits. Elle s’installe en face de lui et il l’observe une seconde avant d’ouvrir la bouche. « J’avais peur que l’orange ne soit pas vraiment ta couleur mais je suis content de voir que je me suis trompé. » Fait-il avec un sourire. Détendre l’atmosphère avec des plaisanteries, ça il sait faire. D’autres tenues lui vont forcément mieux mais disons que ça pourrait être pire. « Qu’est-ce que tu fais là Solveig ? » Il ne tient pas bien longtemps et pose finalement la question qui lui brûle les lèvres depuis qu’il est entré ici. Qu’est-ce que tu as fait pour te retrouver ici ? Ou qu’est-ce qui t’est reproché mais que tu n’as pas fait ? Jake a envie de savoir, ne serait-ce que pour l’aider. Pourtant, il ne prononce pas l’hypothèse la plus plausible. Est-ce que c’est à cause de ton frère ?

✻✻✻
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() message posté Mar 13 Oct 2015 - 19:54 par Invité
Je laissai mon crâne tomber jusqu’à ce qu’il cogne le mur. Mes doigts caressèrent un instant le bord de la page comme s’il s’était agi du pelage fragile d’un animal. J’étais presque émerveillée de pouvoir enfin lire, comme si cela me rendait un semblant d’humanité que la prison avait osé me voler. Ce n’était pas la première fois, depuis que j’étais ici, que j’adonnais au plaisir de lire un livre, mais à chaque fois cela me procurait la même sensation de bien-être, de plénitude, comme si je reconnaissais les mots pour la première fois puis que je les oubliais en refermant l’ouvrage. J’oubliais même l’histoire, pour pouvoir être de nouveau surprise lorsque je décidais de le relire. De toute évidence, ici, on oubliait les belles choses. On oubliait ce que signifiait la clarté d’un soleil au zénith car nous étions condamnées à ce que l’ombre des grilles de la prison se trace sur nos visages lorsqu’on levait les yeux. J’avais observé ces femmes assez longtemps pour savoir que, malgré leurs airs agressifs, médisants et acerbes, elles étaient surtout profondément tristes de ne plus connaître le bonheur de ressentir une brise fraîche et libre dans leurs cheveux, celui de rester éveillée tard le soir jusqu’à ce que la lumière de l’ampoule agresse la rétine, celui de regarder son film préféré sous une couette, n’importe où, pourvu que l’on puisse toujours clamer chacune des répliques car nous les avions apprises par cœur, depuis le temps. Ici, j’avais même oublié quel était ce film. Peut-être n’y en avait-il jamais eu. Peut-être ne connaissais-je que ceux qu’ils nous permettaient de visionner, les livres qu’ils nous permettaient de lire, la musique qu’ils nous permettaient d’écouter, les visages qu’ils nous permettaient d’observer. J’avais eu quelques visites. A contrecœur, je devais admettre qu’aucune d’entre elles ne m’avaient particulièrement remonté le moral. L’existence d’une demi-sœur ayant besoin d’une greffe de rein. Le toxico de service venu, entre autre, se foutre de moi parce que j’étais là avant lui. Je savais que les visites étaient rares, mais j’espérais encore, à chaque fois que je passais les grilles menant à la salle d’attente, que le visage en question me redonnerait immédiatement le sourire.

Un garde claqua des doigts pour attirer mon attention. « Dragansson. Ferme ton bouquin, tu as un visiteur. » Je relevai la tête avec un temps de retard car je désirai finir ma phrase. Je cornai la page et déposai le livre sur mon lit, puis me mis debout pour le suivre. Je comptai les secondes qui me séparaient de la salle des visites comme un condamné le faisait jusqu’à l’échafaud. N’importe qui pouvait s’y trouver et j’avais eu vent d’assez de mauvaises nouvelles pour me méfier. J’hésitai même, en apercevant les grilles, à faire demi-tour et refuser de me présenter. N’importe qui. Je priais pour que ce soit Julian. Il fallait qu’on parle car il ignorait encore quel marché j’avais passé avec Theodore Rottenford pour pouvoir sortir. J’étais encore hésitante et il m’avait laissé le temps de réfléchir, mais je savais bien évidemment que Julian refuserait. Qu’il voudrait me tirer d’affaire en choisissant la voie de l’honneur. Il m’avait prévenue après tout, juste avant que je me décide à publier mon reportage. Il m’avait dit qu’il pouvait être mon collègue ou bien mon ami, mais pas les deux en même temps, car leurs décisions étaient incompatibles. Le premier disait oui, le second non. Le premier était le requin arriviste qui aurait tout fait pour avancer, le second était celui qui avait cherché à me protéger, et je n’avais pas compris à quel point ces deux entités avaient bataillé dans son esprit pour prendre le dessus. Alors il m’avait laissé choisir et j’avais choisi le premier. Aujourd’hui encore, je savais qu’il ne se laisserait pas faire. Qu’il voudrait que j’aille jusqu’au bout sans tricher. Mais c’était trop tard : j’avais triché sans lui. La mafia avait troué le filet dans lequel j’étais piégée pour pouvoir me laisser sortir mais j’étais blessée jusqu’au cœur. Une plaie qui ne guérirait probablement jamais.

Les portes s’ouvrirent finalement et je pénétrai dans la salle des visites avec cette même appréhension. Après tout, ça pouvait être Julian, Hazel ou Cole mais ça pouvait tout aussi bien être Julius, venu me narguer et me menacer, me faire croire que la terreur sévissait au dehors par sa main, même si je savais que c’était faux. Julius était parti. Il ne reviendrait jamais. Il s’était lassé car j’avais changé. Car me tuer revenait à s’ennuyer jusqu’à ce que lui-même meure et me laisser en vie le forçait à supporter ma présence qui était devenue trop solide, trop entraînée à lui résister. Il était parti et cette décision était la meilleure à prendre, pour lui comme pour moi. Je balayai la pièce du regard jusqu’à tomber sur la seule silhouette familière présente, justement installée à la table que le gardien me désignait. Un sourire apparut immédiatement sur mon visage – enfin ! Jake Cavendish et ses poings d’acier, mon partenaire de boxes, à la fois sportive et journalistique, car lui et moi savions pertinemment à quel point le métier pouvait être un véritable combat à mains nues. Je marchai avec une allégresse nouvelle jusqu’à lui, revigorée. Il haussa les sourcils et afficha à son tour un sourire narquois alors que je me présentai devant lui. « J’avais peur que l’orange ne soit pas vraiment ta couleur mais je suis content de voir que je me suis trompé. » s’enquit-il et je lui décochai un regard faussement noir et vexé, inspectant d’un rapide coup d’œil ma tenue. « Tout me va, Cavendish, je suis mannequin dans une autre vie. » plaisantai-je alors, rentrant dans ce jeu auquel nous jouions toujours lorsque nous passions du temps ensemble. J’étais heureuse de le voir, vraiment. « Qu’est-ce que tu fais là, Solveig ? » me demanda-t-il, la voix plus inquiète, même s’il gardait ce ton chaleureux. Je me pinçai les lèvres, consciente que c’était délicat. Il connaissait une partie de mon passé, cela ne m’étonnait pas qu’il cherche à comprendre. Je détournai le regard, à la fois honteuse et hésitante. « J’ai écrit un article diffamatoire. » soufflai-je finalement après quelques secondes de réflexion. « J’ai accusé des politiciens et des représentants des forces de l’ordre de faire partie de la mafia irlandaise, ou bien de faire des affaires avec eux. » Ma gorge se serra au simple souvenir du procès. « Je me suis faite avoir. Ils ont falsifié des preuves pour me faire tomber et ils ont réussi. Ils gardent plus facilement un œil sur moi si je suis ici, tu comprends. » Une amertume se fit sentir dans ma voix. C’était dégueulasse parce que c’était aussi facile pour eux de faire ça. Je m’étais confrontée à de plus grands prédateurs et j’en payais aujourd’hui le prix, jour après jour.
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() message posté Lun 19 Oct 2015 - 11:14 par Jake O. Cavendish
Trust no king, kings put girls in tower, trust your wings, for a girl with wings will soar past kings as they look up from towers. ✻✻✻ S’il y avait bien une personne qu’il ne s’attendait pas à trouver en prison, c’était bien Solveig. En garde à vue, peut-être. C’est toujours possible, pour n’importe qui. Une manifestation qui tourne mal, une soirée trop alcoolisée où l’on croise des policiers… Tout un tas de possibilités. Ce qui rend ça plus probable. Mais la plupart du temps, ça ne dure qu’une nuit ou deux, le temps que les choses se calment ou que quelqu’un vienne payer une caution. A moins que l’accusation soit réellement grave, on ne va pas en prison. C’est la raison pour laquelle il n’aurait jamais pensé que Solveig serait ici. Après ses révélations dans la salle de boxe la dernière fois, peut-être que c’était logique. Mais Jake n’avait pas l’impression qu’elle était vraiment coupable de quelque chose. Et cette histoire avec son frère était vieille, pourquoi serait-elle emprisonnée seulement maintenant ? Ça n’a aucun sens.
Lorsque son regard se pose sur son amie, il la trouve différente. Plus fatiguée peut-être. Plus pâle. Mais peut-être est-ce parce qu’il n’a pas l’habitude de l’avoir ainsi vêtue. Quand il la voit, elle est en tenue de sport et a bien souvent les joues rougies par l’effort. Là, le vêtement ample et orange, c’est tout à fait différent. Elle semble fatiguée mais pas résolue pour autant. Il perçoit la même force dans son regard qu’il voit à chaque fois qu’elle donne un coup. A chaque fois qu’elle se bat pour s’en sortir. Ça n’a pas changé. Sans doute que ça ne changera jamais. Il l’espère du moins. Sa force, c’est une qualité qu’il admire chez elle. Son sens de la justice et sa détermination à l’obtenir. Ce qui rend encore plus étonnant le fait qu’elle soit en prison. « Tout me va, Cavendish, je suis mannequin dans une autre vie. » Il sourit, ravi de voir qu’elle n’a pas perdu de sa répartie. Elle a beau être dans un endroit qui ne lui convient pas, elle reste la même. « Dommage qu’on ne se soit pas connus dans cette autre vie alors. » Fait-il avec un sourire joueur. Où qu’ils soient, qu’importe le moment, ça ne change pas les choses entre eux. Non pas que Solveig n’ait pas des allures de mannequin dans cette vie. Peut-être qu’avec un départ différent dans la vie, d’autres décisions prises, ça aurait pu arriver. Enfin de toute façon, Jake ne croit pas que ça soit un métier qu’elle veuille exercer.
Et finalement, il pose la question qui lui brûle les lèvres. Il voudrait comprendre pourquoi elle se retrouve en prison. La dernière fois qu’ils se sont parlés au téléphone, elle ne lui avait rien dit qui aurait pu laisser penser qu’une telle chose puisse se passer. Peut-être ne le savait-elle pas encore. Ou peut-être qu’elle n’avait pas encore commis le crime qui l’aurait amenée jusqu’ici. « J’ai écrit un article diffamatoire. » Il fronce les sourcils tout en la regardant, attentif. Il la connait assez pour savoir qu’il ne faut pas la pousser. Qu’il faut la laisser dire ce qu’elle veut et pas plus. « J’ai accusé des politiciens et des représentants des forces de l’ordre de faire partie de la mafia irlandaise, ou bien de faire des affaires avec eux. » Jake se souvient qu’elle lui avait dit avoir commencé à travailler dans un journal indépendant. Il avait été heureux pour elle mais n’aurait jamais pensé qu’elle se retrouverait mêlée à une telle histoire. Elle a bien changé la Solveig qui se contentait de se battre pour l’égalité des femmes et des hommes – non pas que ce n’était pas déjà suffisant. Maintenant, elle s’attaque à plus grand. Plus dangereux aussi. « Je me suis faite avoir. Ils ont falsifié des preuves pour me faire tomber et ils ont réussi. Ils gardent plus facilement un œil sur moi si je suis ici, tu comprends. » Il sourit lorsqu’il a la confirmation qu’elle est innocente. Mais peut-être est-ce encore pire. Elle n’a rien fait et pourtant, elle est en prison et ne peut rien y faire. « T’es complètement folle, tu le sais ça ? » Plaisante-t-il en secouant la tête. S’attaquer à la mafia, c’est toujours dangereux. Enfin peut-être avait-elle été prudente mais ça n’avait pas suffi.
C’est l’histoire de David contre Goliath. Et cette fois, David n’a pas gagné parce que Goliath a plus de moyens. Sans doute que Solveig n’avait même pas eu d’avocat efficace. Aucune véritable chance de gagner. Mais elle n’a pas l’air d’avoir totalement abandonné la partie. Si c’était le cas, elle n’en parlerait pas à Jake. « Tu aurais dû m’en parler, j’ai quelques contacts dans la police, ils auraient pu assurer ta protection. » Mais elle parlait de représentants de l’ordre qui auraient été impliqués. Après tout, on ne peut jamais savoir à qui faire pleinement confiance. Mais Jake imagine mal ses quelques connaissances dans la police toucher à des affaires louches. Sinon pourquoi sympathiser avec un journaliste dont la curiosité pourrait les découvrir ? « Tu es accusée de quoi du coup ? Et tu as été condamnée pour combien de temps ? » Quelle injustice. Tout ce que Solveig avait voulu faire, c’était rendre le monde meilleur. Et voilà ce qui lui arrive. Et le pire, c’est que Jake n’est pas sûr de pouvoir quelque chose pour l’aider. Il y a plus de risques qu’il tombe avec elle plutôt qu’il réussisse. Et en plus, ils ne se retrouveraient même pas dans la même prison. « Tu veux que j’essaye de te trouver un avocat qui pourra t’aider ? Si les preuves sont fausses, il doit bien y avoir un moyen de le prouver. » Bien sûr, Jake voudrait pouvoir faire plus. Dénoncer les mafieux à sa place, parce que ça serait la chose juste à faire. Mais s’ils ont réussi à faire tomber si facilement Solveig, il n’a aucune chance non plus. Surtout qu’il est fort possible que sa présence ici ait déjà été remarquée par la mafia, s’ils surveillent vraiment Solveig. Bref, il se retrouve là, impuissant et il en est vraiment désolé. Il voudrait pouvoir faire plus. Pourquoi faire quelque chose.

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() message posté Lun 26 Oct 2015 - 21:34 par Invité
Le tissu orange me démangeait. Ma peau était devenue fragile. Il devait se dire que j’étais fatiguée, que je n’avais pas beaucoup mangé, que c’était ce que la prison faisait. Mais la prison faisait bien pire. Elle nous habitait comme nous l’habitions, et nous étions en perpétuelle concurrence pour savoir lequel des deux imploserait le premier. Je ne cessais pas de me battre. Le visage de Jake me prouvait que je ne devais pas cesser de me battre. Son sourire étincela sous mon regard malicieux mais triste. Je n’avais pas perdu mon sens de l’humour, mais il remarquait la différence. « Dommage qu’on ne se soit pas connus dans cette autre vie alors. » Je haussai les sourcils, feignant d’être vexée, l’observant de haut en bas alors que des fossettes se creusaient sur mon visage blafard. Cette autre vie n’existait pas. J’étais ici pour une raison bien particulière : j’avais osé faire mon boulot correctement. Je ne prétendais pas que tous les bons journalistes se retrouvaient en prison. Mais tous les bons journalistes prenaient des risques et plongeaient leurs mains dans les cuves les plus sales pour tenter d’en extraire la vérité. La police est corrompue. Ce n’était pas nouveau. Cet homme est corrompu et il prétend travailler dans la police. Ça, ça choquait déjà un peu plus. Je savais. Je savais que Theodore Rottenford était un de ceux-là mais j’étais incapable de le prouver. Je savais que Julian se démenait à l’extérieur pour me faire sortir mais j’étais incapable de le sentir. Je savais que Jake était de mon côté et qu’il me soutenait mais j’étais incapable de sourire en retour pour le rassurer. Enfin, si, je souriais. Mais je n’avais plus cet éclat qu’il avait connu lorsque j’avais quitté ma famille et que j’avais suivi ses pas dans le monde du journalisme, prête à tout pour repousser l’injustice. J’avais tenu cinq ans. Un long combat, aussi violent et omniprésent qu’une guerre froide. Cependant l’injustice avait fini par frapper. J’allais sortir. J’allais vendre un peu de mon âme, sortir et me venger. Un jour, l’un d’eux me regarderait avec une haine vorace et animale car j’allais être celle qui l’enfermerait dans une cage, pour de bon, et qui jetterait la clé dans la rivière.

« Tu es complètement folle, tu le sais ça ? » Il m’avait écoutée sans ciller, sans me couper la parole, et c’était sa conclusion. Je secouai la tête et lui rendis son sourire. Je savais qu’il plaisantait. Il ne me trouvait pas folle mais j’avais sûrement, selon lui, manqué de professionnalisme. J’en étais consciente moi-même. Mon propre patron m’avait fait comprendre que ce n’était pas une bonne idée, et pourtant je m’étais acharnée à le contredire. A faire ce qu’en tant qu’ami, il m’avait déconseillé de faire. Me jeter dans la gueule du loup en sachant que ses crocs se refermeraient sur moi. « Tu aurais dû m’en parler, j’ai quelques contacts dans la police, ils auraient pu assurer ta protection. » Je me mordis la lèvre en hochant la tête. J’avais été aveuglée. Bien sûr que j’aurais dû m’enchaîner à mes convictions d’une autre manière. Julian n’aurait pas dû me laisser faire mais comment le blâmer ? Non, je ne pouvais pas, pas pour une de mes erreurs. « Je sais. J’ai voulu faire ça trop vite. Toute seule. » Peut-être que j’avais eu un besoin de protéger les autres de moi-même. Si j’étais venue voir Jake, s’il m’avait aidée, peut-être serait-il tombé avec moi. J’avais pris les devants lorsque le journal avait été attaqué. Julian m’avait défendu de le faire, et à nouveau je lui avais désobéi. Il m’en voudrait. Je savais qu’il ne le montrerait pas tout de suite, mais il m’en voudrait. Lorsqu’il saurait que j’avais passé un deal avec Theodore. L’homme que je considérais comme le plus suspect de tous car il était à la fois la cible parfaite et l’évidence trompeuse. Je ne voulais pas le dire à Jake. Je ne voulais le dire à personne. Je voulais sortir d’ici.

« Tu as été accusée de quoi du coup ? Et tu as été condamnée pour combien de temps ? » Les questions de Jake me ramenèrent à la réalité et j’ouvris grand les yeux, incapable de répondre. « Je … Je sais même plus. Diffamation, atteinte à la vie privée, les conneries habituelles du genre. Je t’avoue que j’essaye de faire sortir le procès de mon crâne ces temps-ci. » J’étais franche mais pas froide. J’espérais à la fois qu’il parle d’autre chose, mais en même temps je voulais dire à tout le monde ce que je pensais de la situation. On ne pouvait pas savoir ce qui se tramait dans ma tête depuis que j’avais été enfermée ici. On se l’imaginait mais on ne le devinait pas. « Je suis désolée, j’ai oublié. J’ai été condamnée pour trop longtemps en tout cas. » Je m’humectai les lèvres. « Mais je sors bientôt. Normalement. » J’avais accepté la proposition de Theodore en le regrettant immédiatement, mais ce n’était qu’une bataille de perdue, non la guerre. « Tu veux que j’essaye de te trouver un avocat qui pourra t’aider ? Si les preuves sont fausses, il doit bien y avoir un moyen de le prouver. » Je souris avec gentillesse, en sachant que c’était inutile. J’allais sortir. Ce n’était qu’une question de temps avant que Theodore ne puisse réussir à faire censurer l’article et que je m’échappe. Ils ne m’auraient plus jamais. Une fois cette prison derrière moi, ils regretteraient toute leur vie de m’avoir laissée filer. « L’article va être censuré, ça raccourcit largement ma peine. » dis-je d’un air pensif avant de planter mes yeux dans ceux de Jake. « Mais garde l’idée de l’avocat. Une fois que je sors d’ici, ils vont tomber un à un, et j’ai besoin d’aide pour réussir mon coup. » Je me penchai en arrière, posant mon dos contre le dossier et croisant les bras. « Ma seule faiblesse, c’est d’y être allée seule. D’avoir foncé dans le tas. Mes arguments sont justes, mes preuves sont réelles, j’ai juste été dépassée par les évènements. La prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça. » Je plissai des yeux, défiante, mais ma voix avait ce timbre embrasé, le même que j’avais eu lorsque j’avais présenté mon article à Julian. J’avais quelque chose d’entraînant en moi. « Je suis sûre que tu as plein de potes journalistes qui seraient ravis de faire tomber des têtes dans la police. Parce que crois-moi, j’ai bien l’impression que les taupes de la mafia sont moins prudentes qu’avant. Elles se reposent sur leurs lauriers. » Plein de potes. Je me demandais avant tout si lui, en particulier, serait ravi d’être de la partie. Parce qu'il fallait être nombreux et que j'avais vu Jake combattre à mes côtés à maintes reprises. Il était un atout. Il était un ami, surtout.
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() message posté Mar 27 Oct 2015 - 19:23 par Jake O. Cavendish
Trust no king, kings put girls in tower, trust your wings, for a girl with wings will soar past kings as they look up from towers. ✻✻✻ Ça parait presque étrange de la voir ici. Elle ne colle pas au décor. Elle n’a rien à faire ici. Quand on sait que des tas de criminels arpentent les rues, libres de leurs mouvements, alors que Solveig est en prison, ç’en est incompréhensible. C’est bien elle pourtant. Mais elle semble différente. Comme si tout cela était en train de la changer. Elle semble affaiblie peut-être un peu. Touchée par tout ce qui lui arrive. Mais elle ne perd pas de son mordant, elle ne perd pas cette étincelle qui anime son regard. Jake se souvient de sa détermination, déjà quand ils venaient de se rencontrer. De cette force qui l’habitait, dès qu’elle voulait combattre une injustice. Et cette étincelle n’a fait que prendre de l’ampleur. Elle avait commencé petit, comme elle le pouvait, avec son blog et ses idéaux. Mais le monde n’avait pas réussi à la changer. Et même ici, emprisonnée contre sa volonté, emprisonnée pour avoir fait ce qu’elle pensait être juste, elle n’a pas changé. Il y a toujours la même étincelle dans son regard, qu’elle ait le visage creusé par des cernes ou non. Qu’elle soit sur un ring ou dans son enfer personnel.
Elle avait voulu défendre une juste cause, rendre le monde un peu moins mauvais. Des criminels dans la police, c’est certain que ça ne peut pas être une bonne solution. Ils doivent corrompre, cacher des preuves ou en inventer. S’arranger pour que les autres criminels s’en sortent, tout en s’en mettant dans les poches, sans aucun doute. Une situation qui ne devrait pas exister. Mais comment l’empêcher ? S’ils y parviennent, c’est qu’ils sont doués pour se cacher. Doués mais pas assez puisque Solveig les avait trouvés. Même si elle n’a pas réussi à aller jusqu’au bout, elle avait réussi à les effrayer. Elle, la gamine qui vient à peine de commencer sa carrière de journaliste. Elle qui n’a encore aucune influence et pourtant. Si elle est ici, c’est qu’elle en savait suffisamment pour les mettre en danger. « Je sais. J’ai voulu faire ça trop vite. Toute seule. » C’était inconscient, bien sûr. Mais Jake la comprend. C’était sa première véritable enquête, elle avait voulu tout faire, comme une grande. Mais elle n’avait pas mesuré les risques. Elle s’était pensée intouchable, simplement parce qu’elle faisait la bonne chose. Il ne sait pas si elle a fait une erreur qui a fait qu’elle avait été repérée ou si elle n’aurait rien pu faire pour éviter ça. Peu importe, rien ne sert de refaire le passé. Maintenant, il faut qu’elle sorte d’ici.
« Je … Je sais même plus. Diffamation, atteinte à la vie privée, les conneries habituelles du genre. Je t’avoue que j’essaye de faire sortir le procès de mon crâne ces temps-ci. » Toutes ces accusations n’ont aucun sens. C’est même surprenant qu’un juge ait pu l’envoyer en prison. Mais avec les preuves suffisantes, c’est sans doute logique. Il ne pouvait pas savoir que les personnes qui l’accusaient étaient en fait les méchants de l’histoire. Aux yeux du monde, un policier est quelqu’un de bien, d’honnête et qui défend les autres. C’est ce qu’ils devraient être. Certains le sont réellement. « Je suis désolée, j’ai oublié. J’ai été condamnée pour trop longtemps en tout cas. Mais je sors bientôt. Normalement. » Il sourit en l’entendant prononcer ces mots. Au moins, elle n’est pas coincée ici pour longtemps. Même si c’était déjà trop. Un instant, il se demande comment elle a fait pour pouvoir sortir plus tôt. Il n’a pas le temps de formuler la question qu’elle y répond. « L’article va être censuré, ça raccourcit largement ma peine. » Encore et toujours de la corruption. En temps normal, il est certain que Solveig aurait refusé catégoriquement. Mais quelle autre solution avait-elle ? D’ici, elle ne peut rien faire.
« Mais garde l’idée de l’avocat. Une fois que je sors d’ici, ils vont tomber un à un, et j’ai besoin d’aide pour réussir mon coup. » La voilà, la Solveig qu’il connait. Celle qui n’abandonne jamais le combat, même quand elle est mise K.O. par son adversaire. Elle est déterminée à ce que justice soit faite et un séjour en prison n’y changera rien. Jake comprend ça. Elle ne peut pas oublier ce qu’elle sait. Elle ne peut pas faire semblant de ne rien savoir et laisser faire. Dans sa situation, Jake penserait la même chose. On ne peut pas laisser des mafieux s’en tirer aussi facilement. « Ma seule faiblesse, c’est d’y être allée seule. D’avoir foncé dans le tas. Mes arguments sont justes, mes preuves sont réelles, j’ai juste été dépassée par les évènements. La prochaine fois, ça ne se passera pas comme ça. » Elle est revenue. Tant est qu’elle soit vraiment partie à un moment. Elle sait qu’elle a raison, elle sait ce qu’elle doit faire. Sans doute que, pour toute personne censée, ça paraîtrait fou, inconscient. Pas pour Jake. Elle a appris de ses erreurs. Pas dans le sens que tout le monde entendrait, le sens où elle laisserait tomber, préférant sa propre sécurité. Solveig, elle, a appris de ses erreurs dans le sens où elle ne refera plus la même erreur. Elle sera plus prudente. Et prudente, elle devra vraiment l’être, puisque maintenant, les policiers corrompus garderont un œil attentif sur elle. « Je suis sûre que tu as plein de potes journalistes qui seraient ravis de faire tomber des têtes dans la police. Parce que crois-moi, j’ai bien l’impression que les taupes de la mafia sont moins prudentes qu’avant. Elles se reposent sur leurs lauriers. » Pour que Solveig parvienne à les débusquer, c’est sûrement vrai. Jake se demande d’ailleurs comment elle a réussi à faire ça. Sans doute est-ce justement parce qu’elle est nouvelle dans le milieu, inconnue de tous qu’elle a su être discrète. « Je t’aiderais avec plaisir, peu importe les risques. Ça ne peut plus durer et, si on se débrouille bien, on peut réussir. » Il ne sait pas encore comment il faudra agir. Passer par l’intermédiaire de la police ou bien profiter de ses avantages au sein de la BBC pour diffuser directement toute cette histoire, sans que personne ne puisse s’y attendre. Non, il doit être prudent, il le sait. Pour Solveig, pour lui-même et pour toutes les personnes qui pourraient être concernées par cette histoire. « Et je peux essayer d’en parler avec des personnes de confiance. Tu as déjà un plan ? » Elle semble tellement déterminée que ça ne l’étonnerait même pas. Il ne s’attendait clairement pas à tout ça en venant rendre visite à son amie en prison mais la vérité, c’est qu’il adore ça. Il a l’impression de comploter, comme dans un film. « Je vais peut-être attendre de connaître les personnes sur ta liste avant de parler à mes contacts dans la police par contre. » Il imagine mal des personnes comme Sam tremper dans des affaires louches mais on ne peut jamais vraiment savoir. Dans ce genre de situation, mieux vaut en être sûr. « Tu sors quand alors ? » Maintenant qu’elle a attisé sa curiosité, il n’a qu’une hâte : commencer la chasse aux sorcières.
Mais prévoir ça ici, ça n’est pas forcément la meilleure solution. Ils ne sont pas seuls dans la salle, bien qu’assez éloignés des autres mais on ne peut jamais être certain. « Et sinon, c’est comment la prison ? Comme on voit dans les films et séries ? T’as trouvé une femme ou bien tu fais peur à tout le monde avec ton crochet du droit ? » Plaisante-t-il, en haussant la voix à nouveau. Il peut bien essayer de détendre l’atmosphère. Ils auront tout le temps pour parler de toute cette histoire une fois qu’elle sera sortie. Et il est tout de même curieux de savoir comment elle s’en sort ici.

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() message posté Jeu 26 Nov 2015 - 21:48 par Invité
Je me souvenais du procès. Je me souvenais de ces visages qui observaient mon dos droit, à la fois ceux de mes adversaires et ceux de mes amis. Tout était allé trop vite et je n’étais pas étonnée de ne pas avoir vu celui de Jake ou bien de certains autres de mes proches. Pas ma famille, bien évidemment, mais ceux que je considérais comme telle. Hazel était venue, laissant Jacob chez son père et arborant pour la première fois une mine triste, incapable de comprendre ce qui s’était passé. Elle commençait à nettement reprendre les habitudes occidentales depuis son retour d’Afrique et pourtant, ce fut la seule fois où je vis son regard se perdre dans le vide, éteint, ayant abandonné toute certitude. Elle n’était pas encore venue me voir mais c’était compliqué, de toute évidence. Obtenir un droit de visite lorsque l’on ne faisait pas partie de la famille, lorsque l’on n’était pas l’avocat ou un journaliste de renom, ça demandait du temps, temps que nous n’avions plus. Je ne voulais pas que Jacob me voit ainsi, de toute façon. Le garçon me manquait énormément, Cole aussi, mais je désirais apparaître devant eux plus déterminée que jamais, et non aussi faible que je l’étais à présent. Jake m’avait vu sous des jours sombres mais il n’oubliait pas ma hargne. Lorsqu’il sentait la tristesse ou l’abandon couler dans mes veines, sous ma peau, il se rappelait immédiatement de mes coups de boxeuses, les mêmes que je donnais en journalisme. Les articles devaient faire mal comme des poings dans la figure. Cette fois, on avait riposté car je n’avais pas mis mon adversaire au tapis, mais ils ignoraient de quel bois je me chauffais. Ils ignoraient que tant que mon cadavre n’était pas sorti du ring, dans ce genre de combats-là, je ne lâchais jamais l’affaire. Jake était de ceux-là aussi. Derrière ses sourires réconfortants et son charisme hors pair, il restait un requin dans le métier. J’avais fait appel à tous les signes pour m’emparer de ses convictions à lui aussi. « Je t’aiderai avec plaisir, peu importe les risques. Ça ne peut plus durer et, si on se débrouille bien, on peut réussir. » Je lui adressai un sourire complice. C’était ça : il m’aidait avec plaisir, conscient que c’était difficile d’échouer mais incroyablement exaltant de réussir. C’était peut-être cliché et facile de penser ainsi, mais je n’étais pas du genre à réitérer mes erreurs. Une fois dehors, j’allais être inaccessible et vengeresse. Je voulais utiliser mes sentiments les plus purs, les plus triviaux, et notamment la haine, pour réussir. Canalisée, elle devenait une arme redoutable. Frapper dans le dos des ennemis qui avaient déjà triché, ça ne me faisait plus peur.

« Et je peux essayer d’en parler avec des personnes de confiance. Tu as déjà un plan ? » Je hochai la tête. Il pouvait en parler. J’étais certaine d’une chose : l’un des centres de gravité de toute cette mascarade politique et judiciaire avait un lien avec Theodore Rottenford, et je l’avais assez observé pour noter ses faiblesses. Il usait de son charme placide pour atteindre les autres, ce même charme que le spectateur aimait chez l’anti-héros lorsqu’il tuait froidement quelqu’un en le regardant dans les yeux. C’était un criminel. On aurait pu peindre ces lettres en rouge sur la porte de son appartement que cela n’aurait pas été plus évident. Il s’était révélé lors de notre étrange entretien et j’avais directement compris que si je voulais l’attraper, il fallait marcher dans son sens pendant un temps, puis lui barrer la route une fois que l’on serait hors de sa portée. Il avait une faiblesse : il se croyait incapable d’empathie ou de désir. Grave erreur. Il n’était pas au-dessus du désir. Le véritable sage assumait son désir mais avait appris à le maîtriser. Lui le niait, purement et simplement. Lorsqu’il était attiré par quelque chose, il devait probablement croire que c’était cette chose qui était attirée vers lui, qu’il était le centre de l’histoire. Il rirait moins le jour où je viendrais le voir pour lui faire un commentaire sur sa tenue orange. « Oui, j’ai un plan, mais il reste bancal. Je ne peux rien prévoir tant que je suis enfermée ici. » soupirai-je finalement. J’avais tant de personnes à contacter une fois dehors. Tant de choses à dire. Ils avaient fait face à une bête furieuse mais après l’avoir mise en cage, elle s’était transformée en un esprit vengeur et bien plus féroce. « Je vais peut-être attendre de connaître les personnes sur ta liste avant de parler à mes contacts dans la police par contre. » Je hochai de nouveau la tête. Il lui fallait des noms. Il lui fallait un nom. Je me penchai vers lui et m’accoudai à la table, jetant un coup d’œil à droite et à gauche pour vérifier que nous n’étions pas surveillés ni écoutés. Les autres détendues semblaient plongées dans des discussions diverses avec leurs proches, parfois même avec allégresse. Je remarquai la grosse femme aigrie qui d’habitude, chaque matin, me faisait la morale sur mon allure soignée, comme si ça n’avait plus d’importance car personne ne viendrait me voir, parce qu’on m’avait oubliée. Elle affichait aujourd’hui un mince sourire en face de cette jeune femme qui était venue en compagnie d’une petite fille – probablement la sienne. Je me tournai finalement vers Jake et chuchotai, distinctement néanmoins : « Le commissaire Theodore Rottenford. Il est dans mon article mais toujours en liberté aujourd’hui. Ma main à couper que ce type est un leader de la mafia irlandaise. » Je jurais sans crainte : une fois sortie, il n’y aurait plus personne pour venir me couper une main.

« Tu sors quand alors ? » demanda finalement Jake avec curiosité et je plissai des yeux en prenant une attitude réflexive. « Dans deux semaines normalement. Encore quelques jours de galères mais ce sera vite terminé. » Ensuite s’enclencherait l’engrenage de la vérité, je n’avais qu’à tirer les rennes pour que tout le monde me suive. Ce n’était pas par une quelconque fierté que je faisais cela. Mais prenez tous les journalistes de Londres : que ce soit les arrivistes ou les véritables analystes, on se sentait tous concernés par une affaire aussi majeure que celle-ci. La mafia voulait nous faire taire ? Nous n’étions pas les vecteurs de fausses informations. Nous étions des garants d’une liberté qui avait tendance à se perdre, de nos jours. « Et sinon, c’est comment la prison ? Comme on voit dans les films et séries, T’as trouvé une femme ou bien tu fais peur à tout le monde avec ton crochet du droit ? » Le ton de Jake s’était largement adouci, comme s’il cherchait à me rappeler qu’avant tout, nous étions amis et qu’ils s’inquiétait pour moi. Qu’il fallait laisser les élans journalistiques pour une autre fois car nous avions la chance de pouvoir nous parler aussi librement – ce mot avait des consonances plutôt amers dans mon esprit, je devais l’avouer. « Tout le monde me pose cette foutue question ! » m’exclamai-je, rieuse, ne pouvant m’empêcher de lever les yeux au ciel. « Je suis pas encore devenue lesbienne, je te rassure, t’as toujours tes chances avec moi. » ironisai-je ensuite. Je laissai mon rire s’éteindre avant de reprendre avec plus de retenue. « En vrai, c’est beaucoup plus ennuyeux. Dans les films et les séries ils ne te montrent pas le moment où tu te fais clairement chier au milieu de la salle commune et que tu te dis que tu vas relire la même BD pour la dixième fois consécutive. » Je haussai les épaules. Je n’étais là que pour quelques semaines, je n’imaginais pas celles qui avaient pris six ans dans la gueule et qui en plus étaient innocentes. « Y’a des boxeuses en plus. Elles sont sympas, on s’entraîne, ça m’évite de perdre la main. Elles sont plus résistantes que toi en plus, ça me change, un peu de challenge. » Je n’en ratais pas une pour me moquer gentiment de lui, il savait que je ne le pensais pas. Mais il savait aussi que j’en avais besoin. Rire sur n’importe quoi. Parce que ce dont je ne voulais pas lui parler, c’était la profonde tristesse et la crainte infinie qui s’emparaient de moi la nuit et qui ne me lâchaient pas, même dans mes rêves les plus profonds. Je ne voulais pas parler de telles choses lorsque je voyais enfin un visage qui chassait de mon cœur ces pensées obscures.
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() message posté Ven 8 Jan 2016 - 17:58 par Jake O. Cavendish
Trust no king, kings put girls in tower, trust your wings, for a girl with wings will soar past kings as they look up from towers. ✻✻✻ Avec toutes ces histoires, Jake a l’impression d’être en plein cœur d’un vieux film policier, où les forces de l’ordre combattent la mafia, sans pouvoir réussir à les attraper, tant ils ont toujours un coup d’avance sur eux. La solution de ces films, c’est très souvent une mission sous couverture d’un nouveau qui va tout changer. Ici, cette solution semble un peu compromise. Bien trop dangereuse et ni Solveig, ni Jake ne sont formés pour ça. Il n’empêche que Jake a l’impression qu’avec l’aide de son amie, il peut faire une différence. Résoudre un problème dans ce monde qui ne tourne plus si rond. C’est une goutte d’eau mais c’est déjà ça. Si tout le monde pouvait en faire autant, peut-être que la planète irait mieux. Pour le moment, ils se contenteront de sauver Londres de la corruption, enfin du mieux qu’ils le peuvent. Ils sauveront le monde la prochaine fois, peut-être. Une chose à la fois.
Jake n’a même pas encore toutes les informations qu’il est déjà intéressé par toute cette histoire. Lui qui cherchait un sujet intéressant depuis quelques semaines, le voilà. Une fois que Solveig sera sortie d’ici, ils pourront commencer, prudemment bien entendu. Solveig a sûrement compris d’où venait son erreur et ne veut pas la reproduire. D’autant que les hommes qui l’ont mise en prison vont sûrement la surveiller de près. Ça serait la chose logique à faire. Quand il y a une menace, il faut s’assurer qu’elle ne se concrétise pas. D’ailleurs, c’est surprenant qu’ils permettent qu’elle soit libérée. Peut-être que cette fois, ils n’y peuvent rien, parce qu’elle est innocente tout simplement. « Le commissaire Theodore Rottenford. Il est dans mon article mais toujours en liberté aujourd’hui. Ma main à couper que ce type est un leader de la mafia irlandaise. » Il fronce les sourcils, essayant de se souvenir s’il a déjà entendu ce nom, ou même s’il a déjà croisé cet homme. « Rottenford, sérieusement ? Dans son nom de famille, il y a littéralement le mot ’pourri’ ? » Si la famille avait voulu en faire exprès, elle n’aurait pas mieux réussi. Mais il faut croire que ça n’est pas aussi évident qu’on pourrait le penser s’il arrive à agir sans être repéré. « Je crois que j’ai déjà entendu son nom dans certaines affaires mais je ne le connais pas. » Il se souvient encore des affaires mais dans ses souvenirs, il n’y avait rien de suspect. Il faut dire qu’il ne cherchait rien de spécial, puisqu’il n’aurait jamais pu soupçonner qu’un commissaire de police puisse faire partie d’une organisation criminelle.
Soucieux qu’on puisse les écouter et souhaitant aussi parler de choses plus légères avec Solveig, Jake change de sujet. Elle lui annonce qu’elle sera bientôt sortie. Bien sûr qu’il est soulagé. Il n’a aucune idée de ce qu’elle vit ici mais il ne lui envie pas sa place, clairement. La prison étant là pour punir, ça ne doit pas être une partie de plaisir. Et ce qu’on en voit dans les films et séries à la mode en ce moment est sûrement assez faux. Ce qui n’empêche pas Jake d’évoquer le sujet, pour détendre l’atmosphère. « Tout le monde me pose cette foutue question ! » En soi, ça n’est pas surprenant. Tout le monde doit regarder ou au moins entendre parler des histoires d’Orange is the new black. Bien sûr, Jake sait que ça n’est pas la vérité, il dit simplement ça pour taquiner Solveig. Enfin il ne sait pas exactement comment ça se passe dans les vraies prisons. « Je suis pas encore devenue lesbienne, je te rassure, t’as toujours tes chances avec moi. » « Ouf ! » Soupire-t-il en riant. Bon il n’a rien contre le fait que Solveig préfère les femmes mais la vision d’une femme bien trop musclée avec elle lui plaît beaucoup moins. Bon peut-être qu’il devrait s’arrêter là avec les clichés. D’autant que les femmes qui sont dans la même pièce qu’eux ne semblent pas correspondre à ces images.
« En vrai, c’est beaucoup plus ennuyeux. Dans les films et les séries ils ne te montrent pas le moment où tu te fais clairement chier au milieu de la salle commune et que tu te dis que tu vas relire la même BD pour la dixième fois consécutive. » Le temps doit passer très lentement et Jake comprend son amie. Lui aussi déteste rester inactif alors il s’ennuierait très rapidement. Au moins, elle sait que son calvaire prendra fin bientôt, contrairement à certaines femmes condamnées pour beaucoup plus longtemps. A se demander pourquoi les criminels récidivent quand on voit l’ennui qu’on peut subir en prison. Incompréhensible. Peut-être qu’il devrait faire un reportage sur ça aussi. « Au moins, il y a des BD, ça pourrait être pire. Tu pourrais avoir des livres sans images. » Dit-il en souriant. C’est elle qui a parlé de bandes dessinée, ce n’est pas sa faute. Elle a beau être en prison, ça ne l’empêche pas de toujours se moquer d’elle quand il le peut. On ne perd pas les bonnes habitudes. « Y’a des boxeuses en plus. Elles sont sympas, on s’entraîne, ça m’évite de perdre la main. Elles sont plus résistantes que toi en plus, ça me change, un peu de challenge. » Il fait mine de bouder deux secondes avant de sourire. Il ne prétend pas être le meilleur boxeur du pays, ni même de la ville et ça ne l’étonne pas que certaines femmes soient plus fortes que lui. Il n’empêche que Solveig n’était pas obligée de se moquer de lui pour autant. Enfin ils sont comme ça l’un avec l’autre depuis longtemps déjà. Avant de partager le journalisme, ils partageaient les coups et les moqueries. S’ils ne peuvent pas monter sur un ring aujourd’hui, ça ne les empêche pas de se taquiner l’un l’autre. Et ça fait plaisir de voir que certaines choses ne changent pas.
« C’est parce qu’elles ont le droit de frapper une femme, elles. Moi, je dois toujours retenir mes coups pour ne pas te casser en deux. » Bien sûr, ça n’est pas totalement vrai. Il hésite souvent avant de diriger ses coups vers Solveig, même s’il ne vise que ses gants, puis il se souvient de la force qu’elle met dans ses propres coups. Elle a beau sembler chétive quand on la regarde, ce n’est qu’une façade. Elle s’en est assurée. « Continue de t’entraîner, peut-être que tu vas enfin t’améliorer et qu’on pourra combattre à niveau égal pour une fois. » Ils ne se battent jamais réellement mais ça importe peu. Pour jouer à ce jeu, ils ne se soucient pas de dire des choses vraies. Au contraire, inventer est bien plus drôle. « Si tu m’avais prévenu, je t’aurais amené une BD pour t’occuper. Les Daltons, pour rester dans l’ambiance. » Le pire, c’est qu’il serait capable de revenir la voir demain simplement pour lui amener. Enfin il n’est pas certain qu’il pourrait faire entrer le livre dans la prison, il ne connaît pas du tout les conditions pour ça. On dira que c’est l’intention qui compte. « Finalement, tu peux t’estimer chanceuse, la combinaison orange est mieux que celle des Daltons, pas sûr que le look abeille t’aille aussi bien. » Plaisante-t-il à nouveau. Il ne pense presque plus à toute l’histoire qui a menée Solveig ici. Enfin presque. Parce que dans sa tête, il trace déjà des scénarios et prévoit ce qu’il va faire dès qu’il sera rentré.

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() message posté Jeu 28 Jan 2016 - 18:06 par Invité
« Rottenford, sérieusement ? Dans son nom de famille, il y a littéralement le mot ‘pourri’ ? » Je fronçai les sourcils avant de hocher la tête avec un sourire. C’était vrai. Ce type était suspect rien que pour sa carte d’identité. C’était une évidence aussi claire que l’eau limpide d’un lac naturel. Mais c’était sûrement parce que j’étais mêlée à toute cette histoire et que je l’avais surveillé du mieux que je le pouvais durant les semaines précédant la parution de mon article. Il avait la gueule de l’emploi lorsque l’on définissait l’emploi et que l’on commençait à imaginer la gueule. Sinon, il restait un simple commissaire de police, certes froid mais efficace, rentrant chez lui le soir pour retrouver un verre de son whisky favori. Pourtant, c’était ça qui m’avait attirée en premier : son apparence lisse et imperturbable. Il manquait quelque chose, non pas une corde à son arc puisqu’il semblait les avoir toutes, mais une lumière sur les pensées qu’il gardait dissimulée au fond de lui. C’était son travail de décoder celles des autres. Il n’était pas parvenu à surmonter le problème lorsque celui-ci s’était retourné contre lui. Et j’avais tant besoin de sortir d’ici pour reprendre à distance mon investigation que j’avais accepté son marché sordide, abandonnant ma dignité pour une nuit histoire qu’il la perde jusqu’à la fin de sa vie. Je le détestais. Et ma haine était sans retour, tant elle était violente et glaciale. Je haïssais sans peine. C’était comme une seconde nature. On ne gagnait pas facilement ma confiance mais je vendais mon mépris sur les marchés sombres des apparences brisées. « Si seulement cet argument pouvait suffire. » marmonnai-je à Jake dans un sourire malicieux. Cela aurait été trop facile. Il y avait un goût pour la réussite, mais un autre, totalement différent, pour l’acharnement et les nuits blanches passées à plonger au cœur d’événements lugubres dont les circonstances opaques pouvaient devenir les murs sobres et épais d’une prison. « Je crois que j’ai déjà entendu son nom dans certaines affaires mais je ne le connais pas. » J’eus un mouvement de sourcils dédaigneux adressé à un Theodore absent et libre. Bien sûr qu’il ne le connaissait pas. Cela aurait été trop facile aussi. « Il est du genre à rester discret. C’est un type assez particulier, il effraie pas mal de monde. Donc il fait son job et personne ne pose de question. Tu le verrais, il pourrait être un tueur en série autant que ton témoin à ton mariage. » répondis-je avec un humour noir non contenu. Theodore était double. Je voulais briser son allure impeccable pour y découvrir le monstre qui se cachait dans la statue d’acier.

« Ouf ! » Jake laissa échapper un soupir de soulagement un peu moqueur et je secouai la tête. Son rire était contagieux mais je me contentai de lui sourire amicalement. Je ne m’imaginais pas avec une femme, et qui plus est, pas avec l’une des femmes qui se trouvaient dans cet établissement. J’étais déjà une épave, les flots d’une mer incontrôlable me servaient de compagnon, et non un autre navire échoué. Je ne m’étais pas liée d’amitié avec quiconque. Certes, j’avais rencontré des gens avec qui je m’entendais relativement bien, mais tout le monde avait compris qu’il était inutile de m’approcher. Quitte à devenir un monstre, je préférai bien le faire, que mon image me convienne et que je la maîtrise. Je ne faisais plus confiance à qui que ce soit, certainement pas aux autres détenues. J’étais courtoise – pas naïve. « Au moins, il y a des BD, ça pourrait être pire. Tu pourrais avoir des livres sans images. » Je levai les yeux au ciel avant de pencher la tête, à la fois agacée et amusée par sa répartie mordante. « T’as de la chance que j’aie pas le droit de te mettre mon poing dans la figure, parce que tu le mérites un peu, tout de même. » répondis-je sur un ton que je trouvais bien trop rieur, mais la réplique m’échappa. Je n’en avais plus l’habitude. Les blagues étaient brodées d’amertume derrière la grille. Jake ne s’en rendait probablement pas compte mais il me mettait du baume au cœur. Il me rappelait ce que c’était que de rester debout et rire pour un rien. Je le remerciais silencieusement pour cela, en un battement de cils, des cils qui avaient accueilli mes larmes pendant bien trop longtemps.

« C’est parce qu’elles ont le droit de frapper une femme, elles. Moi, je dois toujours retenir mes coups pour ne pas te casser en deux. » A nouveau, je lui jetai un regard à la fois noir et malicieux, regrettant de ne pas pouvoir le contredire dans mes actes. Je paraissais frêle, j’étais loin de l’être, mais il ne perdait jamais une occasion pour faire un commentaire ironiquement machiste. Heureusement qu’il ne le pensait pas. Il s’en serait voulu lui-même. « Continue de t’entrîner, peut-être que tu vas enfin t’améliorer et qu’on pourra combattre à niveau égal pour une fois. » Je secouai la tête et levai la main pour le couper. Il méritait au moins que je le rembarre.  « Tu dis ça parce que t’as toujours peur des représailles, je vois clair dans ton jeu ! » m’enquis-je dans un sourire taquin. Bien sûr qu’il avait peur, je m’en étais assurée. Ou bien je voulais le croire et je m’en persuadais moi-même pour au moins avoir confiance en une personne dans ce monde. Je ne me trahissais pas. Je restais fidèle à mes convictions ou faisais des entorses à mes règles pour mieux pouvoir accomplir mes ambitions. C’était logique : un fil conducteur allait forcément me mener à la réussite. Malgré la noirceur qui coulait depuis toujours dans mes veines, je ne cessais de penser qu’il y avait toujours un espoir ou, au moins, une échappatoire vers un ciel plus lumineux. « Si tu m’avais prévenu, je t’aurais amené une BD pour t’occuper. Les Daltons, pour rester dans l’ambiance. » J’éclatai cette fois d’un rire franc avant de répliquer immédiatement. « T’en fais pas, ils ont déjà la collection à la bibliothèque. Ils s’amusent à jouer sur l’ironie du sort, ils ont pensé à tout. Et à côté, pour rester dans l’ambiance oppressante, t’as une vieille édition du 1984 d’Orwell, comme ça tu te sens surveillée. » Je l’avais relu en quelques jours à peine, à la fois plongée dans l’univers de cet auteur que j’appréciais tant pour noyer l’ennui de la cellule, mais aussi pour me rappeler que rien n’était impossible, le meilleur comme le pire. « Finalement, tu peux t’estimer chanceuse, la combinaison orange est mieux que celle des Daltons, pas sûre que le look abeille t’aille aussi bien. » J’écartai les bras comme si je lui présentais la plus belle tenue que j’avais dans mon armoire et que je voulais mettre en valeur de quelconques formes que je n’avais manifestement pas. Un garde fronça les sourcils et me fit un signe de tête pour que je garde une position adéquate, si bien que je m’exécutai en grommelant un juron. « Ecoute Cavendish, si je sors d’ici avant Noël, je t’offre le costume trois pièces orange pour aller avec ton teint. Tu vas voir, tu vas faire tomber tes collègues comme des mouches avec ça, elles ne pourront pas te résister. » Je souris et ajoutai : « Bien sûr, le crédit me reviendra, mais que veux-tu, y’a ceux qui ont du goût et y’a ceux qui suivent la mode, c’est à toi de choisir ton camp. » Voilà que je retrouvais mon humour. Voilà qu’il réussissait encore à me tirer de ma misère de condamnée.
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