"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici God save the Queen 2979874845 God save the Queen 1973890357
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() message posté Sam 14 Nov 2015 - 2:31 par Invité
God save the Queen
Elliot & Angie
I have a very bad relationship with the future. We don't get on. We just ignore each other."  Δ Peter Doherty


Quitter la rue principale, prendre à droite, marcher quelques mètres. Cette route, il l'avait fait suffisamment pour ne plus prêter aucune attention à son itinéraire. Une cigarette aux lèvres, une guitare dans son étui en guise de sac à dos et surtout les poches pleines de came. Il pouvait traîner dans ce bar sans un sous, mais jamais sans quelques sachets de poudre. Tourner à gauche, le quatrième bâtiment, c'était là. Les semelles usées de ses vieilles converses semblaient le guider d'elles-même, elles avaient fait la route si souvent qu'elles savaient parfaitement où elles allaient. Une échoppe en sale état d'apparence abandonnée, dont le modeste nom "King of Pubs" s'étalait en lettres autant délavées qu'elles furent un jour dorées. Une faible lumière à l'intérieur, des vitres brisées, des tables sens dessus-dessous, le lieu avait tout d'un vieux pub déserté. Seul dans la nuit noire, le junkie poussa sans hésitation la porte où se dressait l'écriteau poussiéreux "Closed". Elle ne résista pas, et déjà un léger fond musical rock parvenait à ses oreilles. La chaleur sommaire qu'offrait le lieu suffit à le faire trembler sous sa chemise blanche transpirante, qu'il n'avait pas changé depuis qu'il avait quitté la scène. Il salua d'un signe de tête un type à la peau pâle, aux cheveux sombres en long manteau ébène et chapeau vissé sur la tête, en train de bouquiner dans un fauteuil. C'était un peu comme dire bonjour à son reflet dans le miroir.

"Barckley est parmi nous ce soir."

La voix nasillarde, ni moqueuse ni amicale, de l'étrange personnage qui servait plus de guetteur que de vigile laissa le rocker de marbre. Le dénommé Barckley ne répondit pas mais en parfait habitué, ce dernier poussa du pied les quelques objets sur son chemin avant d'avancer jusqu'à la porte anti-incendie qui menait à l'arrière-salle. Il ouvrit celle-ci d'un coup de coude. Une célèbre mélodie punk réveilla le bourdonnement qu'il avait dans les oreilles après chaque concert. Il était arrivé chez lui.

Cette boîte de nuit était exclusivement réservée à l'élite sombre londonienne. Pas celle qui brillait à la tête du pays, non, celle à son extrême opposé, qui gouvernait les quartiers que personne ne veut visiter, qui tabassait les passants solitaires, dévalisaient les boutiques sans payer, se shootaient sur les pavés ... Les truands, voleurs, camés, en bref la vermine de la société. Les gens biens ne connaissaient pas cet endroit. De toute façon, même en possédant l'adresse, des personnes saines d'esprit ne mettraient pas les pieds ici. Les nouvelles têtes étaient rares dans ce lieu, à part quelques coups d'un soir croisés dans le quartier, même la plupart des habitués du lieu étaient incapables de se remémorer leur première visite. Ils connaissaient et ils venaient, voilà tout.

Il n'avait pas dépassé l'entrée mais un  grand type noir et baraqué lui donna une tape amicale sur l'épaule. Le junkie eut l'impression qu'on venait de lui déboîter un os. Une fois, ce même gars lui avait avoué que sa fille était dingue de lui et que sa chambre était parsemée de poster à son effigie. Mais il lui avait aussi révélé qu'il refusait définitivement qu'elle le rencontre et que si un jour il la touchait, il lui arracherait la bite à mains nues. Depuis, Elliot avait pris l'habitude de demander le prénom de toutes les filles avec qui il s'apprêtait à coucher. Jenny, jamais. Ne jamais rien faire avec une Jenny.
Un autre type blond maigrelet, les cheveux soigneusement peigné sur son front, chargé de deux grands verres presque plein faillit ne pas le voir. Faillit seulement, car quand ses yeux se posèrent sur le musicien, il poussa un cri strident qui n'avait rien de masculin, puis lui sauta au cou en l'arrosant quelque peu de whisky vachement dilué avant de l'embrasser langoureusement. Il repartit ensuite comme il était venu après lui avoir susurré à l'oreille que son petit cul était open ce soir quand il voulait.
Un autre le guettait et attendait qu'il soit seul depuis qu'il avait aperçu le bout de son chapeau. Il vint à sa rencontre et sans aucune gêne, attrapa le bras inanimé du dealer pour lui glisser quelques billets dans la main, avant de se servir directement dans sa poche, s'emparant d'un sachet de cocaïne. Il le laissa sans avoir dit le moindre mot, mais le sourire aux lèvres.

Durant tout ce temps, Elliot n'avait pas fait le moindre mouvement, pas esquissé le moindre son. Alors, il inspira un grand coup et fit son premier pas dans le bar. Il n'avait pas envie d'être là ce soir, mais il n'avait pas le choix, il avait perdu les clés de chez lui. Il serra dans sa main les billets qu'on lui avait donné et se dirigea directement au comptoir. En parfait pilier de bar, il fut servit sans ouvrir la bouche : une triple vodka avec une once de jus de pomme. Et une paille. Il abandonna quelques livres sans se soucier de la monnaie avant de vider immédiatement un quart cul-sec. Alors il tourna la tête et choisit du regard la table qu'il rejoindrait en mordillant le bout de la paille. À celles-ci étaient assis quelques musiciens qu'ilconnaissait, quelques pouffiasses qu'il avait sauté et quelques inconnus qui avaient l'air d'être de potentiels conquêtes des deux derniers. Parfait.
Il traversa un bout de la pièce en cognant quelques badauds dans un sale état, faisant l'inventaire de ses poches en y glissant la main. Il avait l'essentiel, une seringue et trois doses d'héroïne, le reste était superflu et surtout à léguer, contre rémunération ou non. A peine fut-il arrivé qu'une brune aux allures gothiques se leva de son fauteuil, lui abandonnant sa place, pour gagner les genoux de son futur dessert, un punk autant percé que tatoué qui avait l'air ravi de ce revirement de situation. Le junkie s'y installa confortablement sans saluer personne, ce qui ne sembla poser aucun problèmes. Celui-ci jeta en revanche un sachet de poudre blanche sur la table, ce qui sembla cette fois contenter tout le monde alors qu'ils s'empressèrent de tous se servir sans hésiter une minute. La discrétion vis-à-vis de la drogue n'était pas commune ici. Il ôta le foulard qu'il avait au cou pour se le nouer en garrot autour du bras et chargea sa seringue d'une dose de sa came à lui. Il fit la poche de son voisin pour trouver un briquet en état de marche et stérilisa brièvement l'accessoire avant de se piquer d'un geste assuré malgré ses tremblements dans l'un de ses tatouages, pour masquer toutes preuves. Il ferma les yeux durant trois secondes et alors un large sourire étira ses lèvres, comme béatifié. Il rangea son matériel, arracha la cigarette à moitié consumée des lèvres de sa voisine pour la glisser entre les siennes et se cala confortablement au fond du fauteuil en sirotant quelques gorgées. La soirée s'annonçait finalement meilleure.
Une grande rousse pas loin de l'anorexie ne tarda pas à s'avachir sur ses genoux en le couvrant de baisers. Il la repoussa sans pitié en la faisant tomber "Dégage, j'ai pas envie !". Elle répondit plaintivement, d'une voix affreusement aiguë "Tu m'avais promis !". C'était sans appel "J'ai menti, lâche-moi.". "T'es qu'un connard !" Aller, ça commençait. "D'accord sale pute." Elle partit furieuse après l'avoir giflé sans qu'il ne proteste. Il s'en fichait royalement. Il s'alluma une nouvelle cigarette en retrouvant le sourire.
Il entendit une voix féminine protester vivement un peu plus loin. Bon sang, qui était l'abruti qui avait choisi une fille compliquée quand on a que l'embarras du choix en fille facile ? Les plaintes s'accentuèrent. A ce rythme il était bien parti pour la violer sans même aller aux toilettes, mais ce n'était pas vraiment la première fois et personne ne réagissait. Pas même Elliot qui se roulait un joint en bout de table sans prêter aucune attention au reste du monde.



© Gasmask
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