"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici save the world tonight. (isaac) 2979874845 save the world tonight. (isaac) 1973890357
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 :: It's over :: Corbeille :: Anciens RP
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() message posté Sam 19 Sep 2015 - 3:44 par Invité
Elle referme le four, retire ses gants et attrape une petite spatule pour sortir les cookies du plat et les déposer dans une petite boîte en plastique. Certains sont brûlés. Un peu, pas trop. Mais ils ont quand même l'air délicieux. Et Jacob en est fier. Il fanfaronne, heureux d'avoir préparé tout seul ses biscuits favoris. Il en place certains dans un petit sachet qu'il vient cacher dans son sac de sport pour son goûter après l'entrainement de foot. Et tout en refermant la porte de l'immense maison, Hazel se contente de lui rappeler que c'est Cole qui viendra le chercher. Mais le garçon hausse les épaules d'un air désinvolte l'air de dire « je sais, tu l'as déjà répété trois fois ». Sauf qu'il ne semblait pas l'écouter, les trois premières fois. Et pendant les quelques minutes qui le séparent du terrain de foot, ils discutent. Ils discutent tout le temps. De tout, de rien. Mais c'est surtout Jacob qui parle. Jacob qui déverse son amour inépuisable sur le football, sur son entrainement qui l'attend et sur son coach. Il réajuste son petit maillot tout en ronchonnant que sa mère vienne toucher à ses cheveux. « Tu donneras mon dessin à tonton ? » Après un cours instant à hocher la tête et à l'observer démarrer son entrainement, elle quitte le terrain pour rejoindre le métro qui l'amènera directement à Chinatown, là où le fameux tonton semble vivre. Elle avait été étonnée de recevoir un appel, trois jours plus tôt, pour la convier à passer l'après-midi dans le quartier asiatique de la ville. L'invitation était bizarre, Hazel n'en recevait jamais, mais qu'elle vienne d'Isaac était mille fois plus surprenant. Surtout qu'il avait refusé qu'elle apporte du vin, à manger, un film à regarder ou quelque chose pour ne pas avoir à venir les mains vides. Malgré son interdiction, elle s'arrête chez un fleuriste avant de rejoindre l'adresse qu'il lui avait donné. L'endroit est magnifique, au point où elle se sent stupide ne pas s'être mieux habillée pour venir ici. On lui indique un ascenseur dans lequel elle rentre timidement, ne se sentant plus réellement à sa place. Son bras droit se courbe autour de son ventre qui commence à prendre des formes et elle sourit, soulagée, lorsque les portes s'ouvrent enfin. Isaac est là pour l'accueillir. Sa posture est aussi amicale qu'autoritaire, presque bienveillante, comme s'il s'assurait secrètement de protéger les gens qui venaient à s'approcher de lui. « Isaac. » Elle lui sourit avec douceur et s'avance de quelques pas pour le rejoindre. Il a l'air d'avoir vieillis de cent ans. Elle avait déjà fait ce constat la première fois qu'ils s'étaient revus. Mais elle le remarque encore. Il avait été blessé de toutes les manières qu'un homme pouvait l'être. Elle aurait aimé sentir que sa présence était aussi rassurante pour lui, que la sienne pouvait l'être pour elle. « Désolée, tu m'as dit de ne rien apporter mais, c'est pour Olivia. » Elle lui montre le bouquet de fleurs, sans savoir si la femme de son ancien ami est présente ou non. Il aurait été déplacé de venir les mains dans les poches, il ne pouvait pas lui reprocher de vouloir bien faire les choses. « Et ça c'est pour toi. Jacob t'a fait des cadeaux. » Elle désigne le petit sac en plastique dans lequel se trouve le dessin et la boîte pleine de cookies.
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() message posté Sam 19 Sep 2015 - 4:52 par Invité
“Hold fast to dreams, for if dreams die life is a broken-winged bird, that cannot fly.” Je clignai des yeux en observant le plafond. Il faisait froid. Ma peau grésillait au contact des parois de la baignoire mais je demeurais immobile dans le silence. Mes bras était ballants sur mes cuisses tremblantes. Mon visage assombrit avait perdu toute expression. J'étais réveillé depuis des heures, mais mon esprit flottait ailleurs, voltigeant entre les rives de deux mondes différentes. Londres ou l’Afghanistan. Je n'étais plus sûr de savoir laquelle de ces deux conditions me pesait le plus. Je retenais mes souvenirs pendant une fraction de secondes. Je déposai ma main sur mon menton puis je me relevai en grognant. Mes pieds nus glissaient sur le carrelage humide. Ma silhouette fendait tristement l'air avant de disparaître au détour d'un couloir. L’ambiance était incontestablement impeccable dans l'appartement. Olivia veillait à ce que chaque détail soit parfaitement ordonné. Il y avait des vases, des compositions florales et des vaporisateurs d'intérieur dans toutes les pièces. Elle voulait capturer cet éclat de liberté éphémère dont je m'étais déjà déshabitué pour m'aider à aller mieux. Cinq ans de captivité et je n'en voyais pas le bout. La chambre  resplendissait d’une propreté presque irréelle. Les draps était parfaitement lisses à la surface du matelas. Les voilages des rideaux s'accordaient avec les moindres détails de la décoration. Et c'était probablement pour cette raison que je ne parvenais pas à dormir sur le lit. Je me sentais sale. Je n'avais pas encore expié mes pécher et on me demandait de me conformer au raffinement et à la beauté de l'univers. Je baissai les yeux d’un air affligé. Il était trop tôt. Je me reconstruisais lentement. Je me familiarisais à peine avec mes anciennes habitudes. Je m'efforçais de tenir des propos polis et je m'abstenais de poser des questions anodines. J'apprenais à utiliser le langage de la nouvelle génération. Des foutaises. Mon souffle saccadé se brisait dans ma gorge alors que je fixais mon reflet dans le miroir. Mon visage était gris. Ce n'était pas la vieillesse qui l'avait affligé mais la fatigue, la lassitude et le désespoir. Je me sentais complètement empêtré dans mes mensonges, luttant contre le dégoût que m'inspirait mes idéaux militaires. Ça aussi c'était des foutaises. Lentement, je tendis les bras vers la commode. Je touchai mon visage sur la vitre. Je caressai l'image d'un homme brisé par le destin en raclant son expression du bout des doigts. Je m’appelais Isaac Von Ziegler.  J'étais un sniper d'élite dans l'équipe d'intervention alpha. J'étais le héros d'une nation, et le meurtrier pour une autre. On m'avait enterré avant de me ramener à la vie. J'étais un contraste à moi tout seul et je ne parvenais pas me maintenir en équilibre sur la corde raide. Je soupirai avant de me diriger vers le balcon. J'étais seul cette fois encore. Olivia s'était engrenée dans sa routine au travail. Elle était altruiste de nature. Elle trouvait du réconfort dans la générosité et l'abandon de soi, tandis que je restai tapi dans le noir. J'avais repris mes entraînements de sport.  J'essayais de combattre l'oisiveté. Et même si mon corps n'avait pas encore retrouvé son volume imposant et son aspect viril, je sentais que mes muscles se tonifiaient un peu. J'avais pris ma décision ; réintégrer le circuit de la boxe professionnelle et retrouver mes réflexes de combattants. Je hochai la tête en visualisant l'arène bruyante et les acclamations du public. Je me sentais nostalgique de mon heure de gloire. Je baissai les yeux, le regard vitreux, lointain, presque inatteignable puis je calai une cigarette dans ma bouche. J'étais prêt à sortir mon briquet lorsque le concierge m'indiqua à travers l'interphone que j'avais de la visite. Hazel ! J'attendais Hazel ! Comment avais-je pu oublier ? Je m'avançai à pas pressés vers le vestibule afin de lui ouvrir la porte. Mon regard s'illumina lorsque je croisai son visage bienveillant. Ses traits délicats rayonnaient comme les lueurs argentés d'une étoile éternelle.  Elle était aussi belle qu'un pétale de rose, aussi fragile qu'une larme de rosée.  Je voulais l'étreindre et la protéger de ce monde cruelle qui m'avait mis à genoux. Je voulais la serrer dans mes bras et la supplier de me pardonner mes silences et mes absences répétitives dans sa vie. Mais j'en étais tout bonnement incapable. A la place, je lui souris avec courtoisie. « Isaac. » Je hochai la tête avec entendement avant de l'inviter à entrer. « Désolée, tu m'as dit de ne rien apporter mais, c'est pour Olivia. » Elle me tendit un bouquet de fleurs. Décidément, elle était presque aussi têtue que ma femme. Je ne voulais pas qu'elle s'encombre par de telles futilités même si j'appréciais clairement sa sollicitude. « Et ça c'est pour toi. Jacob t'a fait des cadeaux. » J'arquai un sourcil, d'abord surpris. Je déposai le bouquet sur un rebord avant de déplier le dessin du petit Jacob. Il était adorable. Les enfants étaient toujours adorables. Mais je ne pouvais pas en avoir. Je ne voulais pas non plus. Les choses étaient trop compliquées dans ma situation. Je pinçai les lèvres afin de cacher mon émotion. « Je suppose que je n'ai pas à te gronder parce que tu fais les choses en bonne et due forme. » Déclarai-je lentement. « Merci. Jacob semble avoir tellement grandi ... » Murmurai-je en tenant le paquet de cookies. Je déposai ses cadeaux sur la table avant de chercher un vase dans la cuisine. Je n'avais pas remarqué son ventre presque rebondi. Je ne m'étais pas attardé sur les courbures de Hazel. En réalité, je ne m'étais jamais permis de détailler sa silhouette ou ses tenues. Probablement par respect, mais aussi parce que son regard pétillant captivait toute mon attention. Après quelques instants, je revins vers mon invitée avec deux verres vides. Je lui indiquai le séjour après l'avoir débarrassé de sa veste et de son sac. « Tu prends quelque chose en particulier ? Je ne me souviens plus de ce que tu avais l'habitude de boire. Peut-être du vin rouge. » Hasardai-je en ouvrant le mini-bar.
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() message posté Sam 17 Oct 2015 - 10:38 par Invité
Elle ne serait pas venue si Isaac ne l'avait pas invité. Elle ne serait pas là avec un bouquet de fleurs dans les mains. Jacob ne se serait pas appliqué à lui faire un dessin, ni à insister pour qu'il ait des cookies. Elle n'aurait pas aimé le déranger avec la simple excuse d'avoir envie de le voir. Et pourtant, c'est exactement ce qu'elle ressent à l'instant même où il lui fait signe de rentrer dans l'appartement. Elle aurait voulu se réfugier dans ses bras, comme elle l'avait si souvent fait avec Cole, pour trouver du réconforter auprès de son ancien ami. Mais ça lui semble inapproprié, peut-être un peu déplacé aussi. La pensée de le considérer encore comme un ami après toutes ses années de silence lui paraît trop belle, trop idéaliste. Mais elle n'irait pas dire qu'ils ne le sont plus ou sont redevenus des inconnus l'un pour l'autre. Ils ne sont simplement plus grand chose et ne peuvent que contempler les vestiges d'une amitié terrassée par des choses plus fortes qu'eux. Elle donnerait n'importe quoi pour changer les choses, n'importe quoi pour ne pas avoir été séparée de Robbie et d'Isaac pendant des années entières. Elle aurait tout donné pour qu'Isaac aille mieux. Elle croise ses mains, jouant avec ses doigts, les compte et les recompte dans une silencieuse mélodie, comme pour se rassurer. Et alors qu'il la guide à travers le luxueux appartement, elle détaille la décoration minutieuse et sublime qui l'entoure. L'idée de le rencontrer ou de se retrouver seule avec lui ne l'effraie plus comme ça avait été le cas en recevant cet appel quelques semaines plus tôt. Cet appel qui lui avait annoncé le retour d'Isaac sur les terres britanniques. Un appel auquel elle n'avait pas voulu croire, au début. Il était de retour. Il était en vie. Cette pensée lui avait réchauffé son cœur abîmé. Celui-ci qui finit par se détendre, tout simplement, dans un calme reposant. « Je suppose que je n'ai pas à te gronder parce que tu fais les choses en bonne et due forme. » Elle esquisse un léger sourire. « Voilà. » Elle ne sait pas si apporter des cookies et le dessin d'un enfant de huit ans peuvent être assimilés à des choses faites en bonne et due forme, mais elle est d'accord, c'est un geste attentionné. Elle avait peut-être fait ça un peu par politesse mais davantage pour lui faire plaisir. « Merci. Jacob semble avoir tellement grandi ... » Il a prononcé ces mots tout doucement et elle n'est pas certaine qu'il les lui adressait vraiment. Peut-être. Peut-être pas. Elle acquiesce d'un signe de la tête, laissant un nouveau sourire naitre sur ses lèvres. Il l'abandonne pour rejoindre une autre pièce, la cuisine pour y chercher un vase, probablement. Alors, elle attend, là, au milieu de la grande entrée. Il finit par lui indiquer le salon, soigneusement décoré. Et elle devine que tout l'appartement doit être ainsi. Beau et luxueux tout en donnant l'illusion que c'est sobre, simple. Elle n'ose pas s'assoir sans y être invitée, préférant regarder les photos ou les cadres qui l'entourent. Isaac a ramené deux verres vides mais ce n'est pas la soif qu'elle voudrait combler. Son appétit a doublé en quelques semaines. D'abord de manière discrète, puis de façon évidente. « Tu prends quelque chose en particulier ? Je ne me souviens plus de ce que tu avais l'habitude de boire. Peut-être du vin rouge. » Il ouvre le mini-bar, s'y penche pour y détailler le contenu alors qu'elle s'approche. Ses petites mains viennent encercler son ventre rond dans un geste doux, tendre et protecteur. Il veut lui faire plaisir et elle sourit de le voir chercher quelle est sa boisson favorite. Elle a un peu la sensation de retrouver Robbie dans son attitude, l'un comme l'autre n'étant pas très bavard et trop réservé. Mais tellement prévenant et attentionné. Elle finit par se retrouver complètement à côté d'Isaac. Il serait totalement déplacé de lui reprocher son oublie. Elle aussi, elle a oublié des choses le concernant. « On va éviter l'alcool. Je veux bien une limonade, s'il te plait. » Elle comprend que Robbie ne lui a rien dit pour le futur bébé mais elle ne pourrait pas lui en vouloir. Après tout, elle ne sait plus la relation qui unit les deux hommes. Elle les avait connu profondément soudés, comme deux amis qui n'avaient jamais besoin de se le dire pour savoir que l'autre serait toujours là. Toujours présent. Mais trop d'années ont passé, trop d'évènements leurs sont tombés dessus. Peut-être que ça a renforcé leur amitié, ou peut-être pas. « T'es toujours volontaire à la caserne ? Jacob a son entrainement de foot juste à côté, je suis presque étonnée de jamais te croiser. » Elle voudrait savoir comment il va, elle voudrait savoir tellement de choses sur lui tout en pensant qu'elle n'est plus digne de ses secrets. Peut-être même qu'elle n'en a jamais été réellement digne. Peut-être parce qu'elle est terrassée par l'habitude d'être abandonnée par les gens auxquels elle tient. Elle sourit simplement alors qu'une autre question lui brûle les lèvres. Il travaille forcément avec Robbie. « Il ne t'a rien dit ? » Son regard croise celui d'Isaac et elle comprend qu'elle pourrait tout lui dire. Comme avant. Elle comprend douloureusement à quel point il a pu lui manquer, à quel point partager un simple moment avec lui est encore nécessaire pour elle. « Robbie, il ne t'a rien dit pour le bébé ? Je suis enceinte. » Elle parle tout doucement, laissant son regard se baisser sur ses mains qui caressent son ventre. « Tu sais, je suis désolée de ne pas être venue te voir plus tôt. » Malgré les années de silence, c'est une chose qu'elle aurait dû faire, elle le sait. En mémoire d'une amitié qu'ils avaient longtemps partagé et à laquelle elle tient encore aujourd'hui.
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() message posté Sam 7 Nov 2015 - 1:50 par Invité
“Hold fast to dreams, for if dreams die life is a broken-winged bird, that cannot fly.” Je ne savais plus me situer par rapport à mes anciennes habitudes. J'avais perdu tellement de personnes au cours de ces dernières années. Mes souvenirs disparaissaient sans considération pour mes points de rupture. Tout n'était qu'une continuité d'essais et d'épreuves. Je ne voulais plus de cette vie-là. Je ne supportais plus la solitude grisante qui s'écoulait dans mes veines. Isaac Von Ziegler était mort une fois, et il me semblait si facile de mourir à nouveau. Mon cœur était forgé dans la glace. Il s'écorchait lorsque la chaleur des sentiments s'épandait sur ma poitrine, lorsque je tentais d'aimer Olivia ou de renouer avec mes amis. J'esquissai un faible rictus en marchant dans le vestibule. La présence de Hazel à l'entrée de cet appartement bourgeois me paraissait si naturelle. Pourtant, je ne parvenais pas à répondre à mes élans d'affection. Nous avions été si complices par le passé mais notre relation me revenait par fragments entrecoupés. Je l'avais abandonné elle aussi. J'étais parti afin de perpétuer les valeurs désuètes de ma famille. Je crispai les doigts autour de mes manches. Je ne pouvais plus expliquer mes ressentiments. La guerre avait réellement détruit ma personnalité. La captivité avait fait de moi un homme sauvage et désabusé. Je regardais Hazel en arborant une expression biaisée par le temps et les désillusions. Je ne parlais pas. Je ne m'exprimais pas sur ma disparition. Et ce lapsus créait un vide douloureux dans mon cœur. Je retrouvais les gens que j'avais aimé, mais je ne savais plus comment me comporter. Je me recueillais dans les déchirures de l'existance sans y être mêlé – sans être capable de répondre aux attentes de l'univers. Hazel me sourit avec douceur et je clignai des yeux, emporté par les souffles parfumés qu'elle exaltait à chacun de ses mouvements. « Voilà.  » Je hochai la tête. Les choses étaient si simples entre nous. Elle avait ses confidences et ses percepts, mais elle restait dans la réserve. Elle était trop pudique pour me poser les vraies questions. Et je la remerciais secrètement parce que je n'avais plus aucune réponse à donner. Lentement, je me dirigeai vers le mini bar. J'ouvris la portière afin de dévoiler la collection de liqueurs. Je tâtonnai à la recherche de vin, lorsque les pas de Hazel se firent sentir dans mon dos. Elle s'arrêta à quelque mètres mais je restai immobile, complètement submergé par les éclats sombres des bouteilles de verre.«  On va éviter l'alcool. Je veux bien une limonade, s'il te plait. » Je hochai la tête en me redressant puis je me dirigeai de nouveau vers la cuisine, sans prendre la peine de lui répondre ou de m'encombrer de banalités. Je pris une limonade du réfrigérateur et quelques snacks avant de retourner vers le salon. Je ne connaissais plus la relation qui unissait Hazel à mon meilleur ami. J'avais cessé de quantifier leurs amours et leurs séparations. Tout comme, j'avais cessé de quantifier mon propre amour et ma propre séparation de ma femme. Je me redressai avec nonchalance en lui désignant un siège. Elle ne s'était toujours pas mise à l'aise parce que j'étais un hôte terrible. Je lui tendis un verre après l'avoir rempli puis je joignis les deux mains sur mes genoux. Fallait-il lui demander si elle avait faim ? Devais-je l'inviter à la cuisine pour qu'elle se serve avec plus de libertés ? En général Olivia s'occupait de nos invités. Moi, je n'étais qu'un meuble parmi les autres. Je souriais pour me montrer courtois et je parlais lorsqu'on m'imposait dans une conversation. « T'es toujours volontaire à la caserne ? Jacob a son entrainement de foot juste à côté, je suis presque étonnée de jamais te croiser. » Je pinçai les lèvres, mimant un sourire sincère et fugace. J'avais cessé de me rendre à la caserne mais j'étais toujours volontaire. En réalité, je continuais à y aller pour passer plus de temps avec Robbie. « Oui mais j'ai repris mes entraînements de boxe entre temps. » Murmurai-je en ouvrant le paquet de cookies qu'elle avait apporté. Ils sentaient bons mais je n'étais pas sûr de pouvoir digérer sans avoir pris mes compléments alimentaires. Mon corps s'était habitué à la liberté mais il semblait avoir gardé quelques séquelles. Il y avait des gestes quotidiens et spontanés dont j'étais encore incapable. Je me perdis dans mes pensées lorsque la voix de Hazel s'éleva dans la pièce. Je me tournai vers elle. « Il ne t'a rien dit ? » Je n'étais pas sûr de comprendre, alors je restai en suspens, dans l'attente d'une suite. Je croisai son regard pétillant et le lien étrange qui nous avait toujours lié, refit surface au bout de ses prunelles brillantes. Elle avait le don de me mettre en confiance, de soulager mes trouble et de me ramener un peu plus vers la réalité. « Robbie, il ne t'a rien dit pour le bébé ? Je suis enceinte. » Je m'éloignai de la table afin de me glisser à ses côtés. Ma bouche se crispa douloureusement avant de s'étirer en un sourire terne mais complaisant. Elle m'avait manqué. Sa beauté. Sa douceur. Sa retenue et sa fragilité. Je pouvais énumérer toutes les raisons qui faisaient d'elle une femme parfaite. Je tendis la main vers la sienne sans oser établir un contact – sans oser la toucher ou lui témoigner ma sollicitude. « Tu sais, je suis désolée de ne pas être venue te voir plus tôt. » Je haussai silencieusement les épaules. Il n'y avait pas besoin de mots. Je n'avais jamais été doué pour les prononcer avec éloquence de toute manière. J'étais un soldat élevé entre les rangs dans la guerre. On m'avait appris à user de mes poings et de mes réflexes seulement. Je retins ma respiration avant de laisser échapper un soupir. « Et je suis désolé d'être parti. Je suppose qu'on est quittes. » Déclarai-je en esquissant une moue à mi-chemin entre le sourire et la grimace. « Je suis très content pour vous, Zazou. » Je pressai mes paumes contre mes cuisses avant de me laisser tomber sur le dossier du fauteuil. « Olivia voudrait aussi, mais ... » Je secouais négativement la tête. Il n'y avait pas d'autre façon de l'avouer. Elle avait des problèmes de fertilité depuis la fausse-couche en Afghanistan. Nos amis ne le savaient pas. Nos familles ne le savaient pas. Cet enfant n'avait jamais réellement existé. Et aujourd'hui, j'étais tout simplement incapable d'être un bon mari. « Comment l'a-t-il pris ? » M'enquis-je d'un air concerné. Si Robbie faisait encore l'idiot, il faudrait sérieusement que je songe à lui donner une correction. Et je ne voulais pas intervenir dans ses histoires sentimentales. On avait un pacte secret. On respectait certaines limites.
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() message posté Sam 5 Déc 2015 - 8:34 par Invité
En dépit de nombreux défauts, en dépit de nombreuses blessures accumulées au fil des années, il y a une qualité que personne ne pourrait enlever à Hazel. Elle aime son fils. Et elle aime ses amis. D'une telle force que leur bonheur se retrouve étrangement lié au sien sans que personne ne s'en aperçoive. Sans que quiconque ne prenne conscience de l'impact qu'ils pourraient avoir sur son état. Être dépendante des autres pour être heureuse, c'est un trait de caractère, une qualité autant qu'un défaut. Davantage un point négatif, quelque chose accroché à son pied. Si ses amis sont heureux, alors elle aussi. Si ils sont malheureux, alors elle aussi. Parfois, elle voudrait simplement détourner le regard, se reposer et délaisser tous les problèmes pour ne penser qu'à son bonheur propre. Mais elle ne sait pas faire. S'oublier, c'est facile mais oublier Isaac, Robbie ou Solvie, elle n'en serait pas capable. Jamais. Ils passeront toujours en premier. Elle ne se souvient même plus de la personne qu'elle était avant Robbie. Avant son amitié avec Isaac. Peut-être parce que ça ne représente plus rien. Rien du tout. Vraiment. Chaque parcelle de son être n'a jamais été autant épanoui qu'auprès de Robbie. Et maintenant avec Jacob. Elle s'installe sur le canapé, laissant son corps – et surtout son dos – se détendre. « Et je suis désolé d'être parti. Je suppose qu'on est quittes. » Elle sourit tout en observant leurs mains qui se rapprochent sans oser se toucher, qui se frôlent comme deux amies qui se retrouvent après des années sans se voir. Isaac ne bouge pas et elle ne sait pas si elle doit rompre la distance, ce petit espace pour le serrer dans ses bras, pour retrouver son ami qui lui manque. Même assise à côté de lui, son amitié lui manque. « Je suis très content pour vous, Zazou. » Un petit éclat de rire s'échappe d'entre ses lèvres en l'entendant l'appeler par ce surnom. On ne l'avait pas appelé ainsi depuis des années. Depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, plusieurs années auparavant. Son sourire s'estompe, se fane et s'envole lorsque Isaac s'enfonce dans le dossier du canapé. Sa mine sombre l'inquiète. Elle devine facilement qu'une chose le préoccupe. « Olivia voudrait aussi, mais ... » Il serait déplacé de lui demander les raisons qui les empêchent de fonder une famille. Son regard chocolat cherche désespérément le sien. Sans y parvenir. Leurs mains sont là, toujours proches, mais il n'y a aucun contact. Elle ouvre la bouche mais la referme aussitôt, interrompue par Isaac. « Comment l'a-t-il pris ? » Une vague de plénitude l'envahi entièrement en se remémorant ce souvenir. Malgré sa question déplacée pour savoir si il était bien le père, Robbie avait bien pris la nouvelle, oui. Elle sourit et hoche doucement la tête. « Bien, je crois. » Bien semble un mot si faible en comparaison à ses yeux qui s'étaient mis à briller et tous ces mots qui avaient pu lui dire. « Et il aime vraiment Jacob. » Il n'y a aucune hésitation dans sa voix, simplement un bonheur intense. Elle ne pourrait plus jamais douter de son amour pour le garçon, ni croire qu'il puisse l'abandonner. Ce qu'elle redoute, ce serait de voir que ses sentiments pour lui ne sont plus réciproques. Après huit années loin l'un de l'autre, elle sait que c'est un risque, une douloureuse réalité qui tourne au-dessus de sa tête comme une épée de Damoclès. Sa main vient se poser sur celle de Isaac pour venir lier ses doigts avec les siens. Leurs regards se croisent et elle lui sourit à nouveau. Un sourire triste, réconfortant pour lui montrer son soutien et sa présence à ses côtés. Un sourire d'excuse. Elle n'est même pas curieuse de connaître les véritables raisons qui les empêchent d'avoir un enfant. Peut-être que Olivia ne peut pas en avoir ou alors Isaac. Mais Hazel ne demandera pas, préférant que Isaac se confie si il en ressent le besoin. Peut-être est-ce là, tout le secret de leur relation, de ce lien si précieux qui refait surface avec plus de clarté, plus de vivacité, comme si rester dans l'ombre l'avait épuisé pendant toutes ces années de silence. Ils se sont toujours confiés l'un à l'autre sans avoir été obligé. Ça venait naturellement, quand l'un en ressentait le besoin. « Je suis désolée pour Olivia. » Elle boit une gorgée de sa limonade, relâche sa main et repose le verre sur la table. « Comment va-t-elle ? » Comment va-t-elle, vraiment ? Comment supporte-t-elle la situation ? Sa question sous-entend mille autres questions. « Et toi ? Tu vois toujours Robbie d'ailleurs ?»
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