Ca m'a fait drôle au début, d'être à nouveau chez moi, mais je commence à prendre à nouveau mes marques. Mes semaines sont rythmées par les rendez-vous chez le psy, ce qui me permet un peu de me repérer, parce qu'au final, je n'ai pas vraiment de planning pour le moment, et je connais ma capacité à flemmarder, perdre toute notion du temps et me désynchroniser complètement de la vie normale. J'ai retrouvé mes consoles, mon pc, ma tonne de bandes dessinées de toutes origines et si je m'octroie des moments de pause pour profiter de tout ça, je tâche de consacrer la majeure partie de mon temps à boucler mes projets. C'est bien beau d'avoir créé cette boîte, à un moment, ça serait bien qu'elle sorte un réel jeu, qu'on essaie de le vendre, et avec un peu de chance, qu'on gagne un peu d'argent dessus. A côté de ça, je réponds à quelques commandes qui me permettent de dérouiller mes logiciels d'infographie à l'abandon depuis des mois, histoire de pouvoir payer les factures et... la vie suit cours, donc.
Je vois mes soeurs de temps en temps, et j'ai ma mère souvent au téléphone, qui s'impatiente de me voir revenir au pays, mais je ne me sens toujours pas prêt à le faire. Quand j'ai quitté l'institut, je pensais que ça se ferait facilement, naturellement, mais je garde cette appréhension inexplicable de poser à nouveau le pied sur le territoire de Seanmháthair. Alors je repousse, encore et toujours, trouve des excuses débiles et détourne la conversation. Un jour, il faudra bien que je prenne mon courage à deux mains pourtant. D'autant plus que l'Irlande me manque, réellement. Et certains jours, comme aujourd'hui, plus que d'autres.
J'ai discuté avec Stan sur Skype et été ravi d'apprendre qu'il espérait sortir à son tour le mois prochain, et je lui ai promis à nouveau d'être là quand il quitterait l'institut, pour le ramener à Londres, mais à présent que je suis déconnecté, le manque revient à la charge. Aujourd'hui, donc, c'est particulièrement fort, et je me décide à quitter mon appart', laissant finalement en plan le décor que j'étais en train d'ébaucher pour aller prendre l'overground vers le quartier de Kilburn. C'est con, mais me perdre dans les rues là-bas, jusqu'à ce que j'entende d'autres exilés parler la langue de mes ancêtres me fait du bien. Et c'est le cas quand j'approche de la North London Tavern, si bien que je ralentis le pas, et finis par carrément m'arrêter devant la devanture. C'est pas forcément le pub le plus typique, mais ça a l'air sympa, et, donc, un groupe d'irlandais plus loin parle en gaélique. Je suis entré, juste pour les écouter et boire un verre - je me suis toujours pas autorisé d'alcool, de peur de pas savoir m'arrêter même si c'était pas l'objet initial de mon addiction - sans oser m'incruster dans leur conversation.
Cela dit, mes réactions à leur conversation, si on s'attardait sur mon visage, doivent se voir : je souris aux anecdotes et blagues, grimace aux mentions d'événements moins sympathiques ou à l'évocation de blessures peu ragoutantes. Et même si je ne m'en rends pas encore tout à fait compte, que ce soit à cette table-là, ou à côté, ça ne passe pas complètement inaperçu...
Comme tous les soirs depuis un petit moment, Nolan allait rejoindre ses amis dans les pubs irlandais de la ville, ils n'avaient pas particulièrement de préférence, et n'étaient pas fidèles à un seul, du moment qu'il y avait de l'amitié, de la bière et des cartes, leur soirée était faite. Cette habitude durait depuis plusieurs semaines déjà, depuis qu'il s'était à nouveau prit sérieusement la tête avec Éléonore, pour la simple et même raison : Elsa. Les relations amoureuses étaient bien compliqués, mais lorsque celles-ci engagés plus que deux personnes dans une même relation, c'était trois fois plus compliqué en fin de compte. Il se disait que ce n'était pas de sa faute s'il était tombé amoureux de deux jeunes femmes quasi en même temps, et si ces deux femmes avaient des caractères radicalement opposés. Alors pour éviter les conflits, il avait pour l'instant mis en parenthèse ses deux relations, et s'était pleinement consacré à ses amis, à la fête et à ses soirées. Un geste purement égoïste, mais tôt ou tard, cette situation s'arrangerait, pour l'instant, il ne voulait juste pas se prendre la tête.
A bord de sa vieille polo, il quittait Soho et son club de boxe pour le nord de Londres, rejoindre sa bande de soulard, avec qui il ne se prenait jamais la tête, et c'était bien plus simple pour l'homme qu'il était, tout compte fait. En garant sa voiture dans une ruelle plutôt sombre, et surement mal famé au vu du dealer qui se trouvait au fond de la ruelle. Nolan fut obligé de sourire en coin lorsqu'il croisa le regard du jeune homme, s'il y avait d'autre type dans son style dans le coin, la soirée risquerait d'être mouvementé, et ça ça le détendrait vraiment. Il poussa la porte du bar qui avait l'air antique et qu'il ne connaissait pas du tout pour retrouver ses joyeux lurons dans un coin du bar, entourés de plusieurs pintes déjà bien entamées, d'un jeu de carte et de quelques billets sur la table. Hé les mecs, il est à peine 20h ... C'est pas le but de se retrouver sous la table dans trois heures ... Une boutade qui se voulait piquante, même s'il commençait son coaching à 9h, il n'avait pas l'intention d'être sous la couette avant minuit, ça c'était certain. C'est en voulant s'asseoir, en rapprochant une chaise prés de la table commune, qu'il bouscula un jeune homme à la table juste à côté.
Excuse moi mec ! je t'ai pas fait mal ?
Nolan était certes une tête brulée, un peu fouteur de merde, mais au point de se battre avec le premier venu, surtout que l'irlandais était sobre en plus. Et d'autant plus que ce fameux premier venu était un peu gringalé, et avait l'air sur une autre planète avec son cocktail sans alcool. Nolan sourit à nouveau et échappa un rire nerveux à la vu de son verre.
(✰) message posté Lun 5 Oct 2015 - 21:23 par Invité
Je souris parfois tout seul dans mon coin, mon verre sage à la main, à l'écoute des tables avoisinantes. Je crois que je veux pas savoir ce qu'on peut penser de moi, si on s'attarde sur ma présence, mais je crois, aussi, que je passe assez facilement inaperçu, et si ça a pas toujours été un avantage, à cet instant, ça me va plutôt bien. J'ai pas vraiment envie de devoir expliquer plein de choses, juste écouter l'accent hyper reconnaissable pour moi de certains clients, et notamment du type qui approche de la table tout à côté de moi, et ça me va bien comme ça, d'être juste spectateur de tout ça.
« Hé les mecs, il est à peine 20h ... C'est pas le but de se retrouver sous la table dans trois heures... »
Ca... Ca je comprends. J'en ai fini des soirées à plus savoir où j'étais, ce que je faisais. J'en suis pas fier, et j'ai pas vraiment envie de renouveler l'expérience... même si c'est pas évident de pas craquer à nouveau alors que je suis tout seul avec parfois l'impression de me battre contre du vent, de jamais voir le bout de mon projet, que j'y arriverai pas. C'est pourtant le truc qui me fait tenir, en soi, de vouloir réussir à lancer ma boîte, mais... je me mets la pression aussi parce que je sais que si je me plante, je vais avoir du mal à pas replonger, et même à me relever. Je suis un peu perdu dans mes pensées quand la bousculade involontaire du type qui voulait manifestement rejoindre la table à côté m'en tire un peu durement.
« Excuse moi mec ! Je t'ai pas fait mal ? - Euh non, ça va, t'inquiète... »
Mon accent est sous doute aussi décelable que le sien, mais son rire lorsque ses yeux se posent sur mon verre m'arrête légèrement dans mon élan. Hum... Euh... ouais... Mes pommettes deviennent aussitôt cramoisi et je détourne le regard par réflexe.
« Je t'offre une bière plutôt nan ? - Ben... »
Je sais franchement pas si c'est raisonnable, et je sais pas comment répondre à ça sans devoir expliquer que je suis un junkie et que j'ai peur de sombrer à nouveau, même si c'était pas ça ma came.
« Je suis pas sûr que ça soit super raisonnable en fait. Enfin je suis pas sûr d'être capable de m'arrêter à une ou deux bières, si je commence alors euh... »
Alors je suis certainement terriblement pathétique, et je sais encore moins ou me mettre. Merde... Je suis sorti de chez moi pour me sentir moins mal à la base, mais là, c'est franchement pas gagné. C'est même plutôt tout le contraire. Les doigts noués sur mon verre sans alcool, je regarde fixement la table, conscient que ça doit franchement pas donner envie de me causer tout ça. Merde, merde, merde. Je fais quoi maintenant ? L'espace d'une seconde, j'ai eu envie de parler de l'Irlande, mais c'est déjà terriblement loin tout ça, et j'ai qu'une envie : m'enfuir en courant. Pourquoi je suis sorti de chez moi, déjà ?
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(✰) message posté Jeu 15 Oct 2015 - 11:35 par Invité
Deas bualadh leat
Devant cette nouvelle rencontre, par réflexe Nolan sortit une cigarette de la poche de sa veste, et la posa sur ses lèvres, il cherchait un briquet dans ses poches. Oui il était à l'intérieur et avec leur lois complétement stupide, il ne pouvait même plus fumer sa cigarette avec sa bière assis au chaud dans son bar préféré, c'était devenu tellement grave. L'un de ses amis lui tendit le fameux sésame, et alluma sa cigarette sous les prestations du barman, mais lui n'était qu'un employé, le patron irlandais , son groupe et lui même le connaissaient très bien, il possédait plusieurs bars dans la ville, même si celui ci Nolan n'y avait pas encore foutu les pieds, il fallait bien le baptiser à sa manière. La communauté irlandaise était assez restreinte, alors tout le monde connaissait tout le monde. Et justement en parlant de communauté, il sourit en entendant le nouveau venu parler, pas besoin de lui demander de où il venait, il reconnaitrait cet accent parmi cent, c'était le sien à quelque nuance prés. Nolan récupéra la bière sur la table d'à côté et laissa ses amis finir la partie, ils ne lui en voudraient pas de les laisser dans leur carte, de toute façon il les aurait battu à plate couture, ils étaient tous déjà bien avancé dans l'alcool, ça n'aurait pas été trop dure. En jetant un regard à son nouvel acolyte, il comprit qu'il avait mis le doigt sur un point très sensible, c'était totalement son style de mettre les pieds dans le plat comme il le faisait maintenant, il manquait cruellement de tact parfois, mais pour sa défense, il ne s'attendait pas du tout à ça.
Pour un Irlandais, se passer de bière c'est plutôt moche, lui répondit-il, Nolan le premier le vivrait très mal si par malheur ça devait lui arriver un jour, il venait quand même du pays de la Guiness ! Non non, ça n'était pas imaginable pour le jeune homme de vivre sans, tout comme vivre dans un monde sans cigarette, avec toute leur règles sanitaires, c'était bien partit pour. Mais si le type en face de lui en était réduit à ça, ça ne venait pas être par gaieté de cœur, et à son visage ce devait être assez important : médoc', drogue ou alcool. Il haussa les épaules et leva son verre vers son compatriote.
Les trucs pleins de sucre c'est bien aussi, il lui fit un clin d’œil et avala une gorgée de sa bière. Son mal aise faisait presque transpirer les murs tellement c'était évident, Nolan avait beaucoup d'humour, il cherchait comment détendre l'atmosphère, mais dans un bar avec un type qui ne pouvait pas boire, ce n'était pas évident. II lui tendit la main à nouveau. Moi c'est Nolan son nom ne sonnait pas vraiment irlandais, physiquement non plus, il n'était pas typiquement irlandais, il était loin d'être d'un roux flamboyant, mais dés qu'il parlait, c'était d'une évidence, très fier de ses origines, il faisait son possible pour ne pas s’accommoder à l'accent Londonien, beaucoup trop passe partout.