Après un vol d'un peu moins de 23 heures entre Sydney et Londres, Lexi ne rêvait que de se rendre à l'appartement que son père lui avait loué à Camden Town. Elle avait l'adresse inscrit sur un coin de carnet. Elle fouilla dans son sac pour le trouver. Après quelques minutes, elle avait inscrit l'adresse dans son téléphone cellulaire et suivait le gps jusqu'au prochain arrêt de bus afin de s'y rendre.
En entrant dans le petit studio, elle constata que c'était plutôt petit, mais très confortable. Elle laissa tomber ses sacs et ses valises au sol et se laissa alors elle-même tombé dans le divan le plus près. Elle était exténuée. Après plusieurs heures de vol, elle rêvait de dormir un peu. Par contre, une douche s'imposait. Elle ouvrit une valise, récupéra un jeans et une camisole très simple et se dirigea vers la salle de bain où elle prit une longue douche chaude. En sortant, elle s'habilla de ses vêtements propres, plaça ses cheveux et se maquilla un peu. Déjà, elle se sentait plus énergique.
Il était près de 19 h et les rues semblaient craquer de gens à l'extérieur. Lexi avait envie de sortir explorer un peu. Elle prit alors son sac contenant ses cahiers d'écriture, son téléphone cellulaire, ses clés... On lui avait parlé d'une petite plage à quelques coins d'ici. Elle sortit alors de son appartement et s'y dirigea en suivant son gps, toujours. La jeune femme était tellement maladroite. Pour se rendre à bon port, elle n'avait aucun autre choix que de suivre son téléphone.
Arrivée sur place, Lexi s'émerveilla du paysage. C'était tellement beau. Un rien la rendait heureuse. Il n'y avait pas beaucoup de gens à cet heure sur la plage. Lexi se mit à l'écart de tous, se laissa tomber au sol, assise sur la veste qu'elle avait apporté avec elle. Elle poussa un soupir de bonheur et s'empressa de sortir son cahier préféré et un stylo afin de mettre sur papier les instants qu'elle était en train de vivre.
Le 13 juillet 2015, Camden Beach. - Enfin arrivée! «Je crois que je me sentirai bien ici. Je me sens comme à la maison. Je ne sais pas pourquoi, pourtant, je ne connais personne... Je suis seule au monde, mais j'y suis tellement habituée... C'est un nouveau départ pour moi...»
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(✰) message posté Mar 28 Juil 2015 - 20:25 par Invité
Rien n’était plus efficace pour trouver de l’inspiration que bouger son cul et aller la trouver là où elle était : dans la rue. Je comprenais toutes ces personnes, ces étudiants qui se destinaient à des carrières de sociologues ou anthropologues plus ou moins minables, l’être humain était passionnant à observer. Il était peut-être très intéressant à regarder, mais il était impossible à comprendre. L’Homme semble être la seule espèce à faire des choix incompréhensibles et se comporter de manière totalement aléatoire face à une même situation. Répétez la même situation plusieurs fois et la même personne n’agira jamais de la même manière. Cerveau anarchique. Tout ça pour dire que ce jour là, j’avais réussi à mobiliser suffisamment de motivation pour quitter mon appartement et errer dans les rues, carnet et stylo à la main, prêt à tout noter, décrire chaque petite chose que je voyais et qui retenais mon attention. Peut-être qu’une œuvre sociologique serait mon prochain succès, qui sait ? Je fus vite déçu par le spectacle qui s’offrait à moi. En pleine semaine, à l’heure où beaucoup sortaient du travail, je n’avais sous les yeux que des copies conformes de travailleurs londoniens, nombreux et pressés, habillés de la même manière. Je lâchai un soupir désespéré avant de prendre la décision de prendre le métro pour Camden.
Le métro n’avait pas été beaucoup plus productif pour moi. J’avais croisé les mêmes personnes qui rentraient chez elles. Normal. Arrivé à Camden, par contre, j’avais retrouvé mon sourire en coin. Ce quartier de la capitale était clairement celui qui proposait la faune humaine la plus diversifiée, la plus atypique, la plus inspirante. Marchant lentement dans les rues, mais surtout sur l’axe principal de Camden, mes pages furent vite noires de mots, d’annotations, d’idées ; je m’étais même risqué à quelques croquis maladroits. Seul hic, je ne pouvais pas faire plus de deux pas la tête baissée, le quartier étant rempli de monde, londoniens comme touristes. 19 heures 45, c’était le début des soirées, des dîners, des rencontres dans les bars. Très vite, je trouvais un endroit où m’asseoir, près du cours d’eau qui traversait Camden. Il y avait quand même pas mal assis le long de cette « rivière » mais d’autres coins, plus en retrait étaient peu fréquenté. Ce fut là que je posai mon royal fessier, non loin d’une jeune femme qui avait la tête dans un cahier et un stylo à la main. Son visage m’était inconnu. Non, je ne connaissais pas tout le monde à Londres, au contraire. Avec le peu de sorties que je faisais, je n’étais pas prêt d’avoir un répertoire très étoffé mais voir quelqu’un écrire, dans le même cadre que moi était chose étonnante et rare. Alors que j’étais à nouveau plongé dans mes notes, je lui adressai la parole sans la regarder. Roman, poésie, journal intime ? J’aurais sans doute pu être plus agréable mais l’amabilité ne me ressemblait pas vraiment.
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(✰) message posté Jeu 30 Juil 2015 - 1:43 par Invité
Lexi était perdue dans ses pensées. Tout ce qui lui traversait l’esprit se déversait à travers son stylo jusque sur les feuilles du cahier qu’elle avait sur les cuisses. Le soleil commençait à se coucher en face d’elle et un reflet incroyable commençait à se laisser paraître sur la rivière. Cette place l’inspirait et lui donnait envie de se lever pour danser, tellement elle était heureuse d’être là.
Quelques personnes étaient assises au loin, en gang, ils parlaient, semblaient s’amuser ensemble, avoir du bon temps. Lexi ne connaissait personne encore ici. Elle avait laissé tous ses amis aux quatre coins Appart ses cahiers, personnes ne l’avait écoutée parler depuis un bon moment. Bien qu’heureuse, elle sentait une petite mélancolie s’emparer d’elle. Toujours aussi encrée dans ses pensées, elle laissa couler ses envies de parler à une vraie personne dans un cahier. C’est alors que comme par magie, elle entendit une voix tout près d’elle. Elle était tellement concentrée qu’elle fit le saut. Un jeune homme était assis non loin d’elle. Lui aussi avait un cahier et un stylo à la main. Mais quelle coïncidence quand même.
«Un journal intime je dirais. J’y écris de tout et de rien. Et toi, je te retourne la question, qu’est-ce que tu écris dans ton cahier?»
Lexi déposa son crayon dans le creux du cahier et le referma pour le poser près d’elle. Elle s’étira alors et se laissa tomber derrière elle, maintenant couchée complètement au sol, sur le dos. Elle ferma les yeux pour profiter du soleil sur son visage quelques secondes. La chaleur lui faisait du bien. Elle se tourna alors sur le côté pour faire face au garçon près d’elle. Elle déposa sa tête dans le creux de sa main, accoudée au sol.
«En passant, moi c’est Lexi. Et toi?»
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(✰) message posté Mar 18 Aoû 2015 - 21:53 par Invité
Qu’est ce que j’écrivais ? Bonne question. Très bonne question. Très bonne question à laquelle je ne pouvais pas répondre moi-même. Quand l’inconnue me le demanda, je me mis à relire mes écrits, et me rendis vite compte, sans la moindre trace d’étonnement, qu’ils n’avaient aucun sens. Il s’agissait plutôt d’une succession de mots qui, mit les uns à côté des autres, formaient des phrases très… étonnantes. On pouvait ainsi lire « Punk Couleur Foule Chaleur Euphorie Fête Camden Utopie Différence Respect » tandis qu’un dessin maladroit d’une devanture de magasin se glissait entre « Fête » et « Camden ». Des majuscules, mais aucune ponctuation, pas vraiment très correct tout ça, mais c’était un bordel organisé. Je m’y retrouvais et je devais bien être le seul, alors quand l’inconnue me demanda ce que j’étais en train d’écrire, je me contentai de hausser les épaules, sans la regarder, le nez toujours dans ma carnet, à noircir un peu plus le papier immaculé de mots supplémentaires. Rivière. Inconnue. Journal intime.
Je ne savais pas quelle première impression je lui faisais, et à vrai dire, je n’en avais strictement rien à faire. Le regard des autres… Je ne sais même pas ce que c’est. Visiblement, ma côté froid ne semblait pas la déranger puisqu’elle me demandait mon identité. Je la mimai alors, fermant mon carnet avec mon stylo en son centre, et me tournait vers elle. Quelques mètres seulement nous séparaient mais ni elle ni moi ne semblait vouloir se rapprocher de l’autre. Une question de sécurité peut-être, ou de peur, va savoir. Edgar, oui, comme Allan Poe. Je préférais prendre les devants et expliquer tout de suite pourquoi mes parents avaient décidés de donner un prénom si « original » et peu commun à leur fils. Lexi n’était pas non plus ce qu’on pouvait appeler un prénom très utilisé, je ne l’avais jamais entendu avant en tout cas.
Tu n’es pas de Londres, je me trompe ? Je ne t’ai jamais croisée ici. Mon ton était toujours aussi froid, ou plutôt monocorde, oui, monocorde, c’était ça : mon ton était monocorde et il n’invitait pas vraiment la demoiselle à s’approcher. Je baissai les yeux vers son carnet, le regardai longuement comme si je pouvais percer son secret et lire ce qui y était écrit, avant de revenir à ses yeux. Je ne connais pas grand monde à Londres, mais je connais plutôt bien ceux et celles qui écrivent et encore mieux ceux qui viennent ici pour écrire. Je ne t’ai jamais vue, d’où ma question. Contractant mes muscles faciaux, je tentais de lui offrir un maigre sourire pour lui montrer que je n’étais pas une bête sauvage. Mais la tentative semblait clairement échouer. Je le sentais, je sentais que mon visage ne respirait pas la joie de vivre et le bonheur. Ça puait le faux.