(kidz w/delsin)

( kidz )
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Mauvaise idée. C'est un orchestre de soupires et de pas qui traînent un peu trop par terre. Y a son regard qui dévale tout le paysage, qui dépasse les sentiers et souligne les plaines. Un cadre pas dégueulasse, y a même un sourire qui naît au coin de ses lèvres. Puis son regard s'arrête sur Delsin et le séjour est complètement foiré. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête au patron ? Cette question revenait un peu trop souvent depuis les trois dernières heures au centre des pensées de la brune. Camping party. Mh, ouais. Ça avait l'air pas mal présenté comme ça. Plutôt marrant même. De quoi passer un bon week-end et peut-être même monter en grade une fois rentrée. Le seul souci, c'est qu'elle avait oublié l'autre dans l'équation. « C'est souvent que vous faites ça entre employés ? » L'interrogation résonne presque comme un cri de secours alors qu'elle continue d'arpenter les routes de campagne à leurs côtés. Y a le boss, Delsin et elle. Un trio peu équilibré pour une expédition très foireuse. L'idée en elle-même n'était pas si mal. De quoi resserrer les liens entre collègues. Sauf qu'il faut pas viser l'impossible, non plus. Sur ce coup, il était peut-être un peu trop ambitieux. Y a le temps qui passe, le vent qui souffle, le soleil qui s'engouffre à l'Est. C'est un beau spectacle, tout de même. Il faut dire qu'entre ses actions de bénévolat et ses petits boulots, Piper n'avait plus trop le temps de se ressourcer. De se reposer, même. Elle sourit un peu alors que la nuit tombe, retournant aux côtés des deux autres qui terminent à peine de monter les tentes. Le bonheur d'être une femme, le privilège d'une tente solo. Les deux autres n'auront qu'à se serrer toutes la nuit. Elle s'avance vers eux alors qu'ils se regroupent autour du feu. Soirée chamalow grillés. L'enthousiasme qui remonte en hausse tandis qu'elle déguste. C'est doux, sucré. Cet instant aurait pu durer une petite éternité que ça ne l'aurait pas dérangé. Elle voit pas le temps passer, la lune qui est maintenant la seule à les éclairer. Elle baille, s'étire. La soirée était presque parfaite. Presque. Si seulement l'un d'entre eux aurait pensé plus tôt à faire un stock de bois. Y a la flamme qui diminue, on voit plus grand-chose. « Non mais sérieusement ! Qui ne pense pas à ça ? » Piper et l'art de la mauvaise foi. Elle avoir tord ? Jamais. C'est encore un sale coup de Delsin, ça. « Et on fait quoi maintenant ? Je vous signale qu'on voit que dalle. » Y a le patron mais Piper ne mâche pas ses mots. Elle a pas dix ans la jeune fille, mais le noir... Surtout en plein milieu de la nature. C'est pas ce qui la rassurait le plus. Sûrement trop fière pour l'assumer. Elle préfère hausser le ton. Encore. Un peu plus. Pourquoi elle avait accepté ? Mauvaise idée.

LOVE HER LIKE HATE, LOVE HER LIKE PAIN. NEED HER LIKE A PICNIC NEEDS THE RAIN.  ✉ « Dis moi Delsin, tu comptes jouer à la guerre avec Piper encore longtemps ? » « OUI ! » « Opération camping ! » « Oh non pitié pas l'opération camping ! » « Alors tu vas t'excuser et vous vous faites un bisou ! » « JAMAIS ! » « OPÉRATION CAMPING ! » « NON ! » Malgré mes protestations et le fait qu'il a fallu m'attacher et me traîner de force, je n'avais eu d'autre choix que d'aller faire du camping avec Piper et le boss. Pourquoi faut-il que ça tombe sur moi ? Je n'avais rien fait du mal. J'aimais pas quelqu'un. C'est pas un crime, de pas aimer quelqu'un, si ? De toute façon, il était trop tard pour faire marche arrière. Surtout que je n'avais aucune idée de l'endroit où nous étions. Beaucoup trop occupé à crier comme un gamin durant tout le voyage, je n'avais guère fait attention au paysage. « C'est souvent que vous faites ça entre employés ? » Elle est abrutie à l'eau de javel ou quoi ? « Seulement quand un parasite fait son apparition. » Sur ces mots, je relève la tête et fier comme un coq, je la pousse légèrement pour me diriger vers l'endroit où nous devions monter les tentes. Le plus vite on les aura montées, le plus vite, je pourrais m'éclipser dans ma tente. Enfin, faut que je la partage avec le boss, mais ce n'est qu'un détail. Ces fichues tentes sont tellement dures à monter, j'y comprends rien. Sans doute des tentes Ikéa. « Elle va pas nous aider, elle ? » Dis-je en pointant le parasite du doigt. Elle se tourne les pousses pendant qu'on en chie. « Si tu continues, je vais devoir appliquer l'opération voyage. » « Tu n'oserais pas. » « On parie ? » C'est en râlant et en marmonnant des insultes que je finis par monter les tentes avec l'aide du patron. La nuit vient de tomber et je peux enfin admirer fièrement mon travail. Sauf que visiblement, les ennuis continus et il faut que Piper ramène sa fraise. Encore une fois. « Non mais sérieusement ! Qui ne pense pas à ça ? » Je regarde péniblement le feu, du moins la petite flamme qui se bat pour ne pas s'éteindre. « T'aurais pu y penser pendant qu'on montait les tentes, au lieu de tourner les pousses. » Je crois alors le regard furieux du boss. Je râle une fois de plus en frappant une pierre du bout des pieds. Qu'elle plaie. « Et on fait quoi maintenant ? Je vous signale qu'on voit que dalle. » Elle ne va jamais se taire. « Tu peux aller en chercher, moi, j'ai assez bossé pour aujourd'hui ! » J'attrape une barre de céréale que j'avale en moins d'une minute. Au moins une chose que n'aurait pas Piper. Le patron semble alors perdre patiente et il ose même nous crier dessus. Sale ingrat lui aussi. J'avais toujours été à ses côtés et c'est comme ça qu'il me remercie ? Mais où va le monde ? « Vous allez tous les deux rechercher du bois ! » QUOI ? Mais c'est scandaleux ! J'aurais pu passer des heures à protester, mais je sais que ça ne servirait à rien et qu'au final, on devrait quand même y aller. Tournant les talons, je me dirige vers les bois pour aller chercher ces fichus bouts de bois. Piper, pour compagnie. J'ai envie de me tirer une balle. « Je te préviens, pas question que je porte tout le bois, tu vas devoir mettre la main à la pâte. » Je ne suis pas son gigolo et si elle pense m'entuber comme elle le fait avec le patron, elle se fout le doigt dans l’œil. « Il doit y avoir du bon bois par là. » Dis-je en pointant une direction un peu au hasard. C'est moi le chef de la meute. Si elle n'est pas contente, c'est pareil. Commence alors notre long périple vers cette fameuse source de bois. Sauf qu'au bout d'une dizaine de minutes, on n'a toujours pas trouvé de bois et on commence à tourner en rond. En plus, je n'ai aucune idée de comment rentrer au camp. En gros, on est perdus. Cependant, pas question que j'avoue mon erreur. S'il faut, on continuera de marcher pendant des heures. Je suis pas fatigué de toute façon. Je pourrais même faire ça toute la nuit.

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Ça aurait pu être une bonne soirée. Si Piper n'avait pas accepté naïvement cette proposition. Si Piper serait tranquillement restée chez elle. Si Piper était tout simplement sortie en ville. Boire un verre. Voir un film. Se promener le long de la Tamise. Si Piper n'avait pas rencontré Delsin. Si Piper n'avait pas été embauchée dans ce studio de tatouage, presque par hasard d'ailleurs. En fait non, ça, elle ne le regrettait pas tant que ça. Garrus, elle l'aimait bien. Garrus, il était sympa. Pas comme Delsin. Il marmonne. Il ronchonne. Il râle. Il murmure. Un vrai gosse. On dirait un petit frère qu'elle doit se coltiner à garder. Ça l'exaspère, la fatigue surtout. Ça aurait pu être une bonne soirée. Mais Piper avait dit oui, peut-être même un peu trop rapidement en fait. Pas le temps de prendre toutes les conditions en compte. Légère arnaque à l'arrivée. Leur expédition avait bien commencé pourtant. Le patron avait trouvé un endroit sympa. Beau paysage. Le temps au rendez-vous. Pas de quoi se plaindre jusqu'à ce qu'elle observe une touffe blonde se ramener à leur côté. Sullivan. Même en dehors du boulot il râlait encore. Fidèle à lui-même. Piper tâche de jouer la carte de l'ironie. Pour pas s'énerver. Pour pas passer pour une hystérique. Tout plein de raison positive, en fait. Puis vint la nuit. Belle, douce... Effrayante nuit. Y a le feu qui diminue dangereusement, bientôt l'obscurité serait entièrement maître. C'est une pensée de quelques secondes qui la traverse. Rapide mais efficace. Alors Piper s'emballe, sort les grands mots, le ton. Le regard un peu dur même, surtout à l'égard de Sullivan. « T'aurais pu y penser pendant qu'on montait les tentes, au lieu de tourner les pousses. » Quelques mots à peine prononcés et ça suffisait pour exaspérer la belle. Elle redouble de plus belle mais l'autre ne semble pas vouloir lâcher le morceau non plus.« Tu peux aller en chercher, moi, j'ai assez bossé pour aujourd'hui ! » Qu'est-ce qu'il croyait ? Parce qu'il avait monté deux bouts de tissus pour dormir en-dessous il avait fait sa journée ? Si Piper avait la même mentalité, jamais elle ne se serait lancer dans le bénévolat. Mot sûrement inconnu dans le dictionnaire du blond. Si seulement il en avait déjà lu. Si seulement il savait ce que c'était. Mais cette fois-ci, elle ne réplique pas. Silence suspect, plan bien détaillé. Elle tourne sur regard vers le boss, la brune. Les traits soudainement plus doux, effrayé. Piper sort ses yeux de biches alors qu'elle joue les jeunes femmes en détresse. Il faut dire que dans l'instant ce n'était pas si compliqué que ça étant donné que l'angoisse de la noirceur était réellement présente. Mais cette fois, ça ne marche pas si bien que ça. Bientôt, elle est plus la seule à monter le ton. « Vous allez tous les deux rechercher du bois ! » Il manquait plus que ça. A croire que le patron était un distributeur des meilleures idées de l'année. Elle soupire, se redresse. Elle était déterminée. A trouver du bois. Rallumer ce feu. Et surtout retourner le plus vite possible sous sa tente. Les deux s'embarque dans leur mission un peu bancale et bientôt leur petit camp improvisé est un lointain souvenir. « Je te préviens, pas question que je porte tout le bois, tu vas devoir mettre la main à la pâte. » Elle répond pas vraiment, bien trop occupé à assurer leurs arrières. Leurs côtés... Et leurs devants aussi, en fait. Y a une lampe torche qui éclair à peine qui les guide, limite son portable éclairait mieux. « Il doit y avoir du bon bois par là. » Elle soupire tandis qu'elle le suit. Ca fait combien de temps qu'ils marchent ? Cinq ? Dix minutes ? Peut-être même vingt qui sait. « T'es sûr de savoir où tu vas ? » Qu'elle commence, silencieuse depuis bien trop longtemps, à son goût du moins. Elle observe le peu de ce qu'elle peut apercevoir autour d'eux. « Je suis sûr qu'on est déjà passé par là, si ce n'est pas plusieurs fois en plus. » Piper tourne sa tête vers lui, hausse un sourcil. « Ne me dis pas qu'on est... » Mot tabou. Censuré. Bien trop angoissé pour le prononcer. Perdus ? En plein milieu de se coin paumés ? C'est un coup à se faire enlever au coin d'un arbre sans que personne ne s'en rende compte. « Je croyais que tu savais où aller ? » Elle lève les yeux au ciel, tente même d'attraper la lampe torche que Delsin tient au creux de ses mains. « Il est où ton bois ? On fait comment ? » Le débit de parole est en hausse. La nervosité à l'état brute. Bien trop fière pour l'avouer. Elle commence à fulminer, très vite. Et puis d'un coup, y a un bruit, très fort. C'est comme un craquement, dans leur dos. Les yeux s'écarquille, un cri s'échappe. Elle allait faire une crise cardiaque. Elle saute presque sur Delsin, l'attrape par le bras alors qu'elle se presse contre lui. C'est instinctif. Purement instinctif. Aucune chance que ça n'arrive en temps normal. « C'est quoi ça ? Delsin va voir, toi ! C'est toi l'homme ! » Tant qu'à vouloir jouer les beaux gosses, il était temps qu'il l'assume.

LOVE HER LIKE HATE, LOVE HER LIKE PAIN. NEED HER LIKE A PICNIC NEEDS THE RAIN.  ✉ Pourquoi avait-il fallu que je travaille dans ce fichu salon ? Je pouvais travailler n'importe où depuis ma victoire à un certain concours de tatouage. J'avais en aucun cas besoin de travailler dans ce petit salon. Je pouvais voir grand, très grand. C'est ça d'être le meilleur, des meilleurs. Et moi le meilleur, je finissais dans une forêt à essayer de faire la paix avec une fille qui est loin d'être la meilleure, des meilleures. Pourquoi c'était à moi de faire des concessions ? Ils avaient tous les deux plus besoin de moi que moi, j'avais besoin d'eux. Vie de merde. En rentrant, je démissionne. Hors de question qu'on me traite ainsi. J'avais mérité d'être le chef. D'ailleurs, je le fais bien comprendre à Piper. C'est pas parce que j'ai monté les tentes que je vais la laisser, se reposer et m'obliger à tout faire par moi-même. Je ne peux décemment pas abîmer mes belles mains. Sans elles, je n'aurais plus de métier. Le souci, c'est que mon métier, c'est ma passion. Donc ça me ferait carrément chier. Je montre à Piper un chemin à suivre. Je n'ai aucune idée d'où il nous mènera, mais il va bien nous mener quelque part. « T'es sûr de savoir où tu vas ? » Absolument pas, mais on ne vit qu'une fois pas vrai ? Et il n'est évidemment pas question que j'avoue qu'on est perdu par ma faute. « Je suis sûr qu'on est déjà passé par là, si ce n'est pas plusieurs fois en plus. » Elle insiste en plus. « Ne me dis pas qu'on est... » Je grogne d'impatiente. Il aura fallu que je me perde dans les bois et en présence de l'autre asiatique. Qu'elle vie de merde. Pourquoi faut-il que ce soit moi le gentil Delsin qui se tape toutes ces merdes sur le coin de la gueule ? C'est le genre de truc qui arrive aux autres, pas à moi. « Oui, on est perdus ! » Voilà, je l'ai dit. Maintenant, on peut passer à autre chose. Comme par exemple retrouver notre chemin ça serait un bon début. « Je croyais que tu savais où aller ? » J'en étais sûr. Elle va m'accuser et me prendre la tête pendant tout le chemin de retour. « Parce que toi, tu aurais fait mieux je suppose ? » Rétorquais-je en continuant de marcher. On va bien finir par trouver une sortie à force de marcher. « Il est où ton bois ? On fait comment ? » Je n'avais aucune réponse pour aucune de ces deux questions. Sauf que je sais qu'elle ne va pas lâcher l'affaire. Elle va me persécuter jusqu'à ce que je trouve une solution. Parce que c'est évident qu'on ne peut pas compter sur elle pour en trouver une. « On commence par retrouver notre chemin et le boss ira lui-même chercher son fichu bois. » Oui parce que concrètement, c'était la faute du patron. S'il ne nous avait pas envoyé en chercher, on ne se serait pas perdu. Alors que j'allais commencer un long et pénible monologue sur le fait que j'étais trop bien pour eux, un bruit sourd se fit entendre derrière nous. Piper vient alors se coller à moi comme un sangsue. Je me crispe face au contact. Pas que ça me dérange. Je suis pas un saint et j'ai déjà touché une fille, mais bien à cause du bruit. Ouais, j'avais peur moi aussi. « C'est quoi ça ? Delsin va voir, toi ! C'est toi l'homme ! » Et puis quoi encore ? Je vais pas aller me sacrifier pour elle. C'est même la dernière chose que je ferrais et si je le faisais ça serait sous la menace. « Cours ! » Dis-je en me mettant à courir plus loin. Loin de ce bruit plus qu'étrange. J'attrape Piper par le bras pour qu'elle puisse suivre le rythme et qu'elle ne parte pas dans la direction opposée. Puis si jamais le monstre dans les bois nous rattrape, je pourrais utiliser Piper comme appât. Alors que l'on continue à courir, un bâtiment se dessina au loin. Une maison abandonnée. Enfin, une grosse maison, carrément un manoir le truc. Dommage que ce manoir soit autant délabré. « On pourrait peut-être se cacher ici en attendant que le jour se lève. » Simple proposition. Puis je n'avais pas envie de passer la nuit dans les bois alors je rentre dans le manoir sans une seconde pensée. Tout est poussiéreux et à moitié moisi, mais c'est mieux que d'être dehors. « Enfin si tu préfères, tu peux essayer de retrouver ton chemin, mais ça sera sans moi. » Sur ces mots, je pousse les chaises qui se trouvent sur mon passage histoire d'observer les lieux de plus près. Manquerait plus qu'on tombe sur un psychopathe qui se cache ici.