"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici pure hearts stumble (maxym) 2979874845 pure hearts stumble (maxym) 1973890357
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Anonymous
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() message posté Jeu 17 Sep 2015 - 22:20 par Invité
Je fermai les yeux et soupirai avec lenteur et lassitude. Ici, à nouveau. L’hôpital ne me manquait pas. Mais je n’étais pas sûr que les salles de classes austères soient l’endroit où je voulais retourner en priorité. Les murs étaient ternes, sales, emprunts d’une vieillesse que j’avais de plus en plus de mal à supporter. J’avais l’impression que rien n’avait changé. Et c’était vrai. Rien n’avait changé. Moi le premier, j’étais resté le même, enfermé à l’hôpital pour me remettre en selle et en sortant pour ne penser qu’à me droguer à nouveau. Je n’en dormais pas plus. Je n’en vivais pas plus. Je déglutis, baissant le bras dans un geste mou pour attraper mon sac. Je l’ouvris et fouillai à l’intérieur. Le bruit significatif du plastique se chiffonnant fut la première chose que j’entendis, alors que je m’attendais à y sentir la dureté d’une couverture de livre. Mais il y avait bien quelque chose d’autre et je le posai sur la table, intrigué : une poche où on avait mis un sandwich et une pomme, le tout accompagné d’une bouteille d’eau. Un post-it froissé était collé dessus : n’oublie pas d’être en forme. Je levai les yeux au ciel et souris légèrement. Elsa avait glissé de la nourriture dans mon sac avant que je parte, sans que je ne le remarque, et j’étais confronté au fait accompli, forcé d’accepter que je devais manger. D’un coup, je me rappelai que j’avais faim, effectivement. J’ouvris la poche et entamai le sandwich comme si je n’avais pas mangé depuis des semaines – et c’était probablement le cas, mais je commençai à récupérer un rythme régulier depuis qu’Elsa avait élu domicile chez moi. Finalement, elle ne me dérangeait pas tant que ça. Je ne sentais pas le goût, mais mon estomac me fit moins mal. J’avalai la pomme en quelques minutes puis me penchai à nouveau en arrière pour attendre.

Isaac Von Ziegler. Il avait séché assez de cours pour que je me dise qu’il ne se pointerait pas à celui-là. Parfois je me demandais pourquoi je venais, mais c’était devenu une sorte d’habitude, ça me faisait sortir de chez moi. Ils avaient arrêté de nous donner les grands amphis vides : ils nous accordaient une salle plus petite où l’on se sentait moins oppressé, beaucoup plus normal. Nouvelle année, nouvelles résolutions. Pas du côté Von Ziegler en tout cas. Il avait déjà cinq minutes de retard, et le temps que je regarde à nouveau l’heure, les cinq minutes en étaient devenues dix. Je pianotai sur la table. Pas vraiment agacé, je n’avais juste rien d’autre à faire que d’être ici. Une heure à attendre derrière ce bureau ou coincé sur mon matelas n’avait strictement aucune différence à mes yeux. Je me vidais la tête. J’écoutais le silence pesant de l’université en me disant qu’il s’agissait franchement du seul endroit où je méritais d’être. Isaac avait raison de ne pas venir. Sa lumière s’éteignait de jour en jour. J’avais eu l’espoir de croire un instant à un rétablissement possible. Mais je n’avais pas tenu : j’étais aussi défaitiste que lui, en vérité.

J’entendis cependant des pas dans le couloir et dressai les oreilles pour savoir s’ils se dirigeaient ou non vers moi. Ils ne ressemblaient pas à ceux d’Isaac. Ils étaient beaucoup plus légers et nets : une démarche féminine, des talons, chics sans être trop habillés, une silhouette fine, un jeune âge. J’avais l’impression de reconnaître tous les bruits de pas dans cet établissement et ceux-là, justement, n’appartenaient à personne que je connaissais. On hésita devant la porte de ma salle puis on toqua vaguement sans attendre que je daigne répondre. On ouvrit et on se présenta devant moi : en effet, il s’agissait d’une jeune femme, une crevette brune, pâle et d’une beauté dépassée. Elle n’était pas en bonne santé. J’avais côtoyé assez de malades pour le remarquer dès le premier coup d’œil. Je m’étais assez observé dans le miroir pour comprendre. Néanmoins la cause de son mal restait inconnue. Je plissai des yeux alors qu’elle s’approchait, passai ma main dans mes boucles noires et me grattai le crâne, mimant la suspicion. « Vous avez bien changé cet été Isaac. » ironisai-je avec un mince sourire. « A moins que je ne m’adresse à une inconnue. » Je me redressai pour me pencher en avant et m’accouder sur le bureau, calant mon menton sur mes mains croisées. « Vous désirez ? » lâchai-je, flegmatique et lassée d’avance. Je n’avais pas besoin de ça. Je m’étais attendu à une heure de vide et on m’annonçait solennellement que j’avais le droit aux exigences d’une gamine que je n’avais jamais vue auparavant. Elle avait intérêt à avoir une bonne raison de se pointer devant moi. Mine de rien, les bonnes raisons se faisaient rares, ces temps-ci.
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() message posté Dim 27 Sep 2015 - 17:34 par Invité
help me, you alone can be my gardian angel • Je fume encore, je n’arrive pas à m’arrêter, je n’arriverais jamais à m’arrêter, à me débarrasser de ces clopes, de cette weed, de cette coke, de cette héroïne, de ces mélanges. Je suis devenue un déchet sans âme, une personne sans cœur, sans raison, ni de vivre, ni de rien. Mon frère Isaac m’a laissée, ce n’est plus le même, nous nous sommes tous deux éteins leur jour où ces terroristes l’ont décidé, pendant cette guerre. Je l’avais dit tellement de fois à papa que je ne voulais pour rien au monde qu’Isaac y aille, mais il ne m’a pas écouté, pour lui j’étais une simple enfant qu’il pourrissait de cadeaux pour la faire taire et qu’elle accepte ses cruautés. Papa a tué Isaac et il m’a tuée en même temps. Alors aujourd’hui pour se faire pardonner il me comble d’argent pour que je sois « heureuse » mais ça ne marche pas Papa, regarde comme ta petite fille est devenue, un être fade et sans chair. La petite fille destinée à avoir un super avenir, à devenir infirmière et à rigoler tout le temps est morte, elle n’existe plus, elle a essayé de renaître mais elle n’y arrive pas, c’est plus fort qu’elle. La drogue reprend le dessus sur moi à chaque fois, c’est une addiction, un manque, pire que le sexe, c’est ce qu’il me faut à chaque fois, sans ça je me sens ruinée et affaiblie. C’est tellement dégueulasse, surement tellement moche à voir. Mais papa tout est de ta faute, c’est toi qui a voulu ça, tu n’as jamais su rendre heureux qui que ce soit dans la famille, tu n’es qu’un pauvre égoïste qui veut faire comme ça l’entend. Mais ce n’est pas comme ça que l’on rend heureux une famille papa, la famille Von Ziegler est morte elle aussi, nous avons tous changé, nous sommes tous partis. Tout ça parce que tu n’as pas voulu entendre les douces paroles de ta petite fille chérie. Il me déçoit tellement.

Ces pensées se culminent dans ma tête à chaque fois que je revois cette photo de Papa et Isaac, à chaque fois je ne suis jamais sobre, et à chaque fois je repense à cette même chose. A cette douleur constante qui m’envahit, qui me bouffe. C’est comme une maladie, comme un virus. Je n’aime pas cette sensation mais Isaac n’est pas là pour me la retirer, il ne voit même pas à quel point son bébé ne va pas bien, à quel point sa petite sœur se ruine, meurt à petit feu. Mais moi je le vois, je vois que depuis qu’il prend ces cours, ça ne va pas, il n’aime pas, il a toujours eu des difficultés à l’école c’est pourquoi papa voulait le faire aller à l’armée notamment. Isaac est moins studieux que ce que je l’étais lorsque j’étais plus petite, et que maintenant d’ailleurs. Il n’aime pas l’école, et les cours qu’il prend ne lui plaisent pas. Depuis qu’il sait que je me drogue ça va encore moins et il me flique comme s’il était mon père, c’est pour m’aider alors j’ai envie de faire pareil pour lui, de l’aider ; je veux qu’il arrive à surmonter cette angoisse d’aller en cours, et puis il faudra bien qu’il s’améliore il ne pourra pas rester comme ça toute sa vie, et ce n’est pas Olivia qui l’aidera.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller voir ce prof, je sais qu’Isaac a cours ce matin mais qu’il n’ira pas, il est trop borné et torturé par la littérature. J’ai pris les informations sur un papier, c’est un certain monsieur Knick, je ne sais quoi son professeur. Je m’habille de façon féminine aujourd’hui, je n’ai pas envie que le prof croit qu’Isaac a une sœur qui est un déchet, il se demanderait qu’elle genre de famille nous sommes même si je pense tomber sur un vieux crouton anglais. Je prends le taxi qui me conduit jusqu’à cette immense établissement, il fait gris, et c’est moche, ça ressemble bien à quelque chose de scolaire, ça me donne envie de vomir. J’entre, la salle est indiquée sur mon bout de papier, je hère dans les couloirs à la recherche de la salle de classe, c’est très calme, on se croirait dans un manoir un soir d’Halloween, mes talons claquent au sol a chacun de mes pas. Au bout du couloir, une salle est allumée, la porte entrouverte. Je toque, puis passe ma tête, je vois un jeune homme, qui semble même un peu jeune pour être prof, je me dis qu’il sort surement de l’école. Il m’observe, intrigué. Je n’ai pas l’air d’une bête de foire non plus. Je m’approche alors de son bureau derrière lequel il est assis. A vrai dire, je ne sais pas comment m’exprimer sur le coup. J’avale ma salive et c’est lui qui commence à me parler. Je souris face à sa réflexion, marrant le prof, ça commence bien ! Je toussote, j’ai envie de parler, de me présenter, mais je vois qu’il enchaîne. « Bonjour, je m’appelle Maxym, Maxym Von Ziegler » dis-je timidement avant de serrer la main à ce cher monsieur. La politesse se faisait rare chez moi, mais je savais que cette homme pouvait m’aider, il fallait donc que je me le mette dans la poche dès le début. Il rétorque enfin en me demandant ce que je désire, c’est un prof tout craché, je peux le remarquer au vu de son langage. « Je sais que mon frère ne vient pas à vos cours, mais il a des difficultés et je sais qu’il peut s’en sortir si vous l’aidez vraiment.. Il a besoin de vous » J’ai peur de sa réponse, qu’il dise qu’une gamine ne peut pas lui dire ce qu’il a à faire ou non. Je sais qu’il a du s’en voir avec Isaac et qu’il compte surement baisser les bras.




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() message posté Sam 10 Oct 2015 - 0:36 par Invité
Je la détaillai avec soin, de haut en bas. Elle était jeune, le visage rond et la peau beaucoup trop pâle. Pourquoi était-elle là ? Pour me dire qu’Isaac ne viendrait pas ? Je le savais déjà. Il ne venait plus. Le cours avait pourtant été renouvelé dès le retour des vacances et j’avais dit à mon médecin que je désirai les faire. Parce que s’il y avait une chose que je faisais bien, c’était être prof. Exercer ce métier me rendait différent. Même si j’avais ce même air blasé et morose dans les yeux, même si je semblais moi-même ne pas croire à ce que je racontais, j’avais de temps à autre des moments furtifs de grâce durant lequel je trouvais les mots justes, durant lequel le visage de mes étudiants s’éclairaient : ils étaient heureux eux aussi, d’apprendre et de comprendre. J’aimais être prof et rencontrer fortuitement un élève sur le parvis de l’université, discuter avec lui de choses et d’autres, partager avec lui une cigarette, échanger quelques exclamations littéraires certainement pédantes mais terriblement plaisantes et puis se quitter, un sourire sur nos lèvres respectives, étiré par la même passion. Avec Isaac, non, je ne ressentais pas cette plénitude. Et pourtant, j’avais dit au doyen que j’allais continuer le cours. Qu’il devait venir, que c’était même une obligation car je faisais cet effort de mon côté. Mais je ne l’avais jamais vu depuis la rentrée. Parfois j’avais l’impression d’entendre sa démarche traînante s’approcher de la salle où j’étais, mais ces bruits sourds s’éloignaient finalement après un temps d’hésitation de ma part. Peut-être venait-il. Peut-être s’arrêtait-il avant d’entrer et décidait finalement de rentrer chez lui car il n’aimait pas ce regard que je lui décochais sans aucune retenue. Il n’aimait pas mes manières. Cela tombait bien, je n’aimais pas les siennes, mais j’avais au moins le respect d’être au rendez-vous lorsque nous en avions un.

Elle eut un sourire un peu timide suite à ma réflexion. « Bonjour, je m’appelle Maxym, Maxym Von Ziegler. » Je haussai les sourcils. Une sœur ? Elle ne lui ressemblait pas. Elle ne lui ressemblait pas pour la simple et bonne raison qu’Isaac ne ressemblait à personne et que personne ne pouvait lui ressembler puisqu’il avait cessé d’être humain pendant plusieurs années. J’ignorais comment il se débrouillait depuis ses derniers mois. Il ne voulait simplement pas me laisser savoir car il avait remarqué que je perçais ses secrets et ses troubles bien trop facilement. Je mettais les gens à nu, c’était ma spécialité. Je le voyais avec Maxym. Elle avait repris une certaine assurance en parlant mais j’avais noté de la timidité dans ses gestes lorsqu’elle m’avait entendu parler. Je relevai le menton et la toisai avec une certaine sévérité : Je m’en fous. Je veux que ton frère se pointe, pas toi. Mais elle poursuivit sur sa lancée après avoir tenu à me serrer la main, comme de la courtoisie ratée. J’arquai un sourcil, sceptique : « Je sais que mon frère ne vient pas à vos cours, mais il a des difficultés et je sais qu’il peut s’en sortir si vous l’aidez vraiment. Il a besoin de vous. » C’en était presque mignon.

J’ajustai ma position sur ma chaise et affichai une mine mi amusée mi navrée. « Oh mais je serais ravi de pouvoir le faire. » Je parlais avec ce ton détaché qui en avait toujours agacé plus d’un, mais ne se rendait-elle pas compte de la naïveté de son propos ? Je haussai les épaules. « Mais puisque vous savez tant de choses, peut-être que vous pourriez me dire où il est en ce moment. Parce que je sais où il devrait être, mais pas où il se trouve réellement. » Je plantai mes prunelles de rapace dans les siennes : « Ca commence vaguement à m’ennuyer de me pointer et de faire cours au vide, vous voyez ? » Elle ne pouvait probablement rien y faire. Elle était sa sœur, elle avait dû supporter l’humeur exécrable d’Isaac pendant des mois depuis qu’il était revenu d’Afghanistan. Pas étonnant qu’elle soit pâle et chétive : elle devait être crevée. J’écartai les bras, désolé. « Votre frère ne croit pas aux solutions. Vous pouvez venir autant de fois que vous voulez, rester autant de temps que vous voulez, ça ne va pas changer les faits : il n’est pas ici à écouter mon cours. » Je plissai des yeux. Je n’étais pas magicien même si j’avais les allures d’un dandy loufoque et impromptu. Je me raclai tout de même la gorge et penchai la tête, interrogateur : « Il va comment depuis son retour ? Y’a-t-il eu une quelconque évolution ? » Quelque chose m’attirait dans le cœur d’Isaac : une maturité d’or et une générosité de bronze, luisant sous le soleil qu’il ne voulait plus regarder. En lequel il ne voulait plus croire.
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