(✰) message posté Mar 21 Avr 2015 - 23:38 par Invité
I'M FOLLOWING THE MAP THAT LEADS TO YOU, TO COPENHAGEN !
Je me réveillai en sursaut, le visage un peu sueur et les oreilles qui sifflaient à cause de la pression de l'avion. J'avais rêvé de mon père me serrant fort dans ses bras, m'étouffant presque, et les larmes coulaient sur mes joues alors qu'il rendait son dernier soupir.. Un rêve dont je me serais bien passé. Ma tête était posé sur l'épaule de Theodore, je me remis correctement, en me frottant les yeux doucement. « Désolé... » dis-je en m'étirant doucement. Je pris quelque secondes pour reprendre mes esprits et me rendre compte que j'étais toujours dans l'avion qui aller m'amener voir mon père à Copenhague. Nous étions en première classe, et c'était une première pour moi, Theodore avait insisté et que je l'avais contredit sur ce point là, je lui en avait déjà beaucoup demandé... Les évènements de ses dernières semaines avaient été riche en émotion, ça on pouvait le dire et j’avais pris des décisions qu’aujourd’hui je regrettais amèrement. Notamment ma présence dans cet avion, avec Theodore et Jazz. J'avais menti à mon père et lui m'avait caché la vérité, nous étions une sacré famille, mais je ne lui en voulait pas.. il me préserver et moi aussi. Ma raison de ma présence, enfin de notre présence, était qu'il était gravement malade, un cancer du pancréas inopérable selon les médecins… et il m’en informé il y a à peine quelques semaines, me laissant le fardeau de cette peine bien lourd sur mes épaules. Ces dernières volontés était pour moi de profiter de ma vie au maximum lorsqu’il serait parti, mais je n’avais envie de lui dire au revoir, pas à travers un combiné téléphonique. J’avais décidé sur un coup de tête de partir pour le Danemark… Et dans la foulée j’avais menti à mon père. Oh bien sur par le passé ça m’était déjà arrivée de lui mentir mais pas de cette manière, mon père m’avait demandé d’être heureuse et de ne pas laisser mes peines de cœur m’empêchait de vivre une belle histoire par le futur. Et j’avais menti, j’avais dit que Theo et moi étions un couple, un vrai beau couple avec Jazz comme fille adoptive. Je m’en été mordue les doigts à la seconde où j’avais prononcé ses mots. Je m’étais presque tapé la tête contre le mur lorsque j’avais raccroché le téléphone ce jour-là. Sauf que maintenant, je devais assumé mes bêtises et tenir la promesse de que je m’étais faite à moi-même des années auparavant : prendre soin de mon père comme il a pris de soin tout au long de ma vie. Je n’étais plus une enfant et je me devais de lui retourner l’appareil depuis le temps. Mon regard vagabonda sur Theodore et lui fit un mince sourire. J’étais reconnaissante de la savoir près de moi, malgré toutes les embuches sur notre chemin, les engueulades, les problèmes avec la mafia, son incapacité à aimer et la même à lâcher prise, nous faisions tout les deux une sacré paire.
J’avais demandé à Theodore de m’accompagner avec Jazz, en premier lieu pour corroborer mon gros mensonge à l’égard de mon père mais surtout j’avais besoin de soutien moral, et j’avais besoin de lui. Il avait cette emprise sur moi que je ne pouvais expliquer et dont je ne pouvais pas me détacher depuis le jour où j’avais posé mes yeux dans les siens. Ma demande l’avait surpris et je n’en l’avais pas blâmé, je lui avais promis que c’était ma dernière demande, ma dernière très grosse faveur et qu’ensuite il n’entendrait plus parler de moi. Une promesse était une promesse et je ne comptais pas brisée. Même si ça allait me couter mon cœur et ma passion dévorante… Jasmine quant à elle dormait profondément sur le siège contre la vitre. Elle était adorable, elle n’avait pas bronché de tout le voyage, son visage était paisible. Je passa mon bras par dessus Theodore et remis sont petit bonnet en place sur son visage qui lui tombait sur les yeux et lui remis la couverture pour qu’elle n’attrape pas froid avec les courants d’air de l’appareil. Je compris que j’outre passais mes droits face à la petite lorsque je croisai le regard de Theodore. Je repris place sur mon siège et passa ma main dans mes cheveux pour leur redonner une forme potable. « Ici votre commandant de bord, cet avion à destination de l'aéroport Kastrup de Copenhague arrivera avec une demi-heure de retard sur l'horaire prévu suite à des turbulences aériennes. Notre équipage se tient à votre disposition en cas de besoin. L'heure d'atterrissage et donc prévue pour 14h52, heure locale. Nous vous remercions de votre compréhension. » Les hauts-parleurs terminèrent de grésiller Nous allions atterrir dans un peu plus d'une heure et le pression commencée à monter ne moi. J'avais à la fois hâte de retrouver mon père mais j'appréhendai plus de voir son état de santé et sa réaction face à Theodore et Jazz. J'inspirai un grand coup et tourna la tête vers Theodore, effleurant légèrement son bras avec ma main. « Je sais que je te l'ai déjà dit une centaines de fois, mais je te remercie de m'accompagner.. J'en avais vraiment besoin, et même si je regrette d'avoir menti tu es la seule personne en qui j'ai réellement confiance pour m'aider à faire face à tout ça... » Ma voix était basse et douce, j'avais peur. Peur de perdre mes repères une fois sur le sol Danois. Peur de perdre mon père, peur que tout ne se passe pas comme je l'ai envisagé.
(✰) message posté Ven 24 Avr 2015 - 20:43 par Theodore A. Rottenford
All the broken hearts in the world still beat. ✻ Les nuages flottaient gracieusement dans l’immensité du ciel infini. Je plissai les yeux en détaillant les contours du hublot avant de me recueillir dans le silence. Le temps et le monde nous séparaient de la réalité, mais les derniers évènements de Belfast hantaient encore mon esprit. Je redoutais une guerre des gangs imminente. Si le chef du clan tombait, tous les autres rats voudraient avoir une part du butin. Faudrait-il renoncer à la pègre afin de rester en vie ? Mon regard sombre se posa sur le visage poupin de Jasmine ; elle avait l’air si paisible dans son sommeil. Elle ne se rendait probablement pas compte du danger qui nous guettait au tournant. Je retins un soupir avant de m’enfoncer dans mon siège avec lenteur. Ellie avait posé sa tête sur mon épaule sans s’en rendre compte. Je n’avais pas bougé puisqu’elle m’avait élue avec miséricorde pour l’accompagner dans ses dernières retrouvailles avec son père agonisant. « Désolée... » Marmonna-t-elle en s’étirant. Je la contemplai avec insistance, avide de retrouver l’éclat chaleureux de ses grands yeux bleus, mais mon cœur demeurait toujours dans le crépuscule malgré mes efforts de rédemption. J’étais incapable de la réconforter dans sa douleur, ou de lui témoigner ma compassion. Pour elle, je n’étais qu’une ombre qui sombrait dans la nuit sans jamais revenir ; un policier corrompu, un tueur infiltré, la pire vermine qui soit. Je fermai les poings afin de recentrer mes réflexions. Mon identité ne lui était plus inconnue, alors pourquoi m’accordait-elle encore le privilège d’être à ses côtés ? Elle était seule face à ses combats. Il n’y avait rien d’autre que son courage pour la sauver du deuil qui menaçait la quiétude de son existence. Je crispai la mâchoire en refoulant mon désir tourmenté pour la jeune femme. Elle n’avait probablement pas conscience qu’en me trainant à Copenhague, elle éveillait en moi une douleur brûlante et étrange. J’étais probablement encore trop vulnérable. Soudain, le commandant de bord s’adressa aux passagers, me sortant de ma torpeur. Nous avions une heure de retard. Je me raidi sur place, j’avais horreur des espaces confinés. Un léger frisson traversa mon dos avant de s’évanouir au creux de ma gorge. Elliana se tourna vers moi à cet instant, et la boule qui s’était formée dans mon cou devint de plus en plus difficile à supporter. « Je sais que je te l'ai déjà dit une centaines de fois, mais je te remercie de m'accompagner.. J'en avais vraiment besoin, et même si je regrette d'avoir menti tu es la seule personne en qui j'ai réellement confiance pour m'aider à faire face à tout ça... » Sa voix était incroyablement basse. J’emprisonnai sa main sur mon bras avant de détailler les traits de son visage fatigué. Dis-moi ce que tu ressens vraiment. Confie-moi tes terribles secrets et je porterais ton fardeau jusqu’à la tombe. Je me penchai délicatement vers elle, humant discrètement les effluves de sa chevelure dorée. « Tu m’as déjà remercié … » Grinçai-je sur un ton neutre. Je glissai en avant fin de récupérer le sac de voyage de Jasmine, dans la poche interne se trouvait un petit écrin noir. C’était encore l’une de mes extravagances, elle se montrerait certainement peu enthousiaste à dépasser certaines limites. Je me mordis la lèvre inférieure avant de lui tendre la bague en diamant cachée derrière les parois en velours. « Tu n’es pas obligée d’accepter, mais quand je mens, j’aime le faire correctement. » Lui confiai-je avec douceur. Je n’étais pas un homme à épouser. Mon métier et mon penchant démesuré pour le vice m’empêchait de fonder une famille, mais si un jour je devais quitter le monde semé de ténèbres et de dangers de la pègre, je n’aurais offert une bague de fiançailles à personne d’autre. Je m’éloignai avec lassitude, comme me l’ordonnait ma raison, cependant une part de mon âme était encore suspendue à ses lèvres.
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(✰) message posté Ven 29 Mai 2015 - 17:50 par Invité
Voyager en avion n’avait jamais été mon fort. Les oreilles qui sifflaient, les places réduites, la longueur des vols, la qualité des repas qui laissait à désirer.. Toutes ces petites choses qui me faisait détester de prendre l’avion, mais il le fallait bien. J’étais quelqu’un qui apprécier voyager mais mes pieds étaient bien mieux sur le sol qu’à 100 000 kilomètres d’altitude. Exception faite des montagnes russes, mais là n’était pas la question. Cependant la présence de Theodore et de la petite Jasmine apaisait un peu mes frayeurs. Etant donné la situation le stress que je ressentais dans cet engin en métal était décuplé et en mon fort intérieur je ne cesserai de remercier Theodore d’avoir accepté de plonger dans mes magouilles et mes mensonges à répétition. J’étais incertaine de l’issu de ce voyage mais j’étais prête à y plonger à pieds joints. Je déglutis et avalai ma salive, mal à l’aise. Je reportai mon attention sur Theodore. Sa mâchoire carré, sa barbe naissante, son regard froid et sur de lui, ses vêtements un peu froissés par le vols, tous ces petits détails auxquels il portait une attention toute particulière. Tous ces petits détails qui m’avaient fait à la fois tomber follement amoureuse de lui et à la fois donner envie de le détester profondément. J’avais essayé tant de fois de me détacher de son emprise, mettre de la distance entre nous, mais j’étais irrémédiablement attiré vers lui, comme un aimant. Il connaissait mes sentiments à son égard tandis que j’étais toujours dans l’ombre, cherchant à deviner ce qui se cachait derrière ce mur de pierres et de souffrances. Je savais qu’il n’était pas un homme pour moi, ni même un homme pour personne, pas avec son passé et son incapacité à ressentir autre chose que de la froideur.. J’aurai pu choisir n’importe qui d’autre pour m’accompagner, je ne manque certes pas d’amis et de gens qui se souciait de moi, ma santé, celle de mon père. La présence de Theodore était devenu un besoin vital pour moi.. Sa prise se resserra sur main, tandis que je lui confiais ma peur et mes secrets face à notre futur voyage sur le sol danois. Je posai mon autre mail sur la sienne, la serrant quelque secondes avant de relâcher ma prise, le contact physique n’étant pas sa tasse de thé. J’apprenais à me passer de sa présence mais il fallait se rendre à l’évidence j’en étais incapable. Contact intime ou non, j’avais besoin de l’avoir près de moi.
« Tu m’as déjà remercié … » J’hochai la tête dans dire un mot. Silencieuse, ce n’était pas dans mon habitude mais les évènements de ses dernières semaines m’avaient quelques peu enfermée dans un mutisme inavoué. Il avait raison, je m’étais cantonné à cette idée qu’il sache tout de moi, qui’il sache à quel point j’étais reconnaissante de sa présence et de celle de Jazz. Theodore se pencha pour récupérer quelque chose dans le sac de voyage de la petite. Je fronçai les sourcils à mesure que je comprenais ce qu’il tenait dans ses mains. Non.. non… il plaisantait. Ce n’était pas ce que je croyais. Mes mains commencèrent à trembler alors qu’il me tendait l’écrin noir en velours. La bague en diamants brillait devant mes yeux. J’ouvris la bouche pour prononcer un mot, mais rien de viens. J’étais muette devant la beauté de ce bijou. « Tu n’es pas obligée d’accepter, mais quand je mens, j’aime le faire correctement. » La voix de Theodore me sembla lointaine, un écho distant à mes oreilles. Je marquai un temps d’arrêt, complètement abasourdie par ce geste spontané. Enfin non.. il n’était pas spontané, c’était simplement une part de son plan, du mien pour être crédible auprès de mon père. Mon cœur s’accéléra, incapable de bouger. J’étais chamboulée et je me posai une multitude de questions. Est-ce qu’il y avait autre chose derrière cette bague ? C’était simplement pour la comédie ? Ou qu’il me déclarait quelque chose.. ? Et la mafia ? Et nos vies respectives.. Comment un si petit objet réussissait à me torturer l’esprit comme jamais. Je pris l’écran dans mes mains tremblotantes et releva la tête vers Theodore qui attendait une réponse depuis déjà quelques interminables minutes. « Je ne peux pas l’accepter.. C’est beaucoup trop.. » dis-je doucement, posant ma main sur son bras, l’écrin dans l’autre. Je me tournai du mieux que je pu pour lui faire face, cherchant mes mots. Et mince, c’était bien une bague qu’il me tendait, pour que notre fausse famille soit un minimum crédible. Juste les apparences comptaient. J’étais blessée que ça ne soit pas pour plus, que ça ne soit pas réelle, que ça ne soit que le résultat de mes mensonges à répétition. Notre relation était beaucoup trop tumultueuse pour que ça le soit. « … et puis mon père me connaît, s’il voit cette bague à mon doigt, il saura que quelque chose cloche. Malade ou pas. » répliquai-je un peu plus fort, je m’efforçai d’être drôle, cherchant à me sortir de ma torpeur. Retrouver la flamme qui m’animait avant que toute cette histoire ne démarre. Et je n’avais pas tort, mon père m’avait toujours vu sauvage et indomptable.. Il avait toujours pensé que je finirai vieille fille, bien trop têtue pour faire confiance à un homme. Ô comme il se trompait, je n’étais plus cette fille là.. au contraire, je faisais peut-être trop confiance aux hommes de ma vie. Aveugle et inconsciente. Je tenais toujours l’écrin dans ma main et pris la bague avec mon autre main. Elle scintillait comme le soleil, je me posai les questions de sa provenance. « Elle est magnifique… vraiment. » répétais-je dans un sourire vers lui. Je m’avançai vers lui et le serrai quelques secondes dans mes bras en guise de remerciement. J’étais à la recherche d’affection, de contact physique, ça me manquait. Il me manquait. Je pris la bague entre mes doigts, je n’étais pas très adepte des bijoux excepté la bague fine en or blanc que ma grand-mère paternelle m’avait offerte lorsque j’avais eu mon diplôme au lycée que je portais autour de mon cou sur une longue chaine par flemme de la remettre après mes séances incessantes de sport, mais cette bague je ne pouvais décemment pas la porter autour de mon cou, ça ne serait pas correcte envers la beauté de cette bague, ni envers celui qui me l’offrait. Je la glissai à mon doigt, mal habituée d’avoir quelque sur mes mains à part du vernis souvent couleur bordeaux. « … Dès qu’on rentre je te la rend, c’est simplement pour mentir correctement, être crédibles en parfaite petite famille. » dis-je en hochant la tête, jetant un œil vers Jazz toujours endormir à poings fermés. Je refermai l’écrin, lui tendit avec ma main maintenant orné de cette preuve de mon mensonge. Plus les secondes passaient, plus j’avais hâte d’atterrir, voir mon père, rentrer et mettre cette histoire derrière moi…
(✰) message posté Mar 9 Juin 2015 - 12:19 par Theodore A. Rottenford
All the broken hearts in the world still beat. ✻ Mon esprit était occupé par mes pensées habituelles. Je me penchai avec recueillement, le visage tendue et les traits tirés par l’effroi. Ce que j’éprouvais dans mes rares instants de bonheur, ce qui constituait pour moi un ravissement et une plénitude, se résumait en un seul mot : famille. Que ce soit la mafia, Samantha, Jasmine où même Elliana, toutes ces personnes n’étaient que des ombres fugaces et fugitives qui me conduisaient inéluctablement vers la tombe. Je les aimais jusqu’à la déraison, et je savais que malgré toute la dévotion que je pouvais accorder à cette cause, toutes mes tentatives d’absolution seraient vaines et pénibles. Mes mains se crispaient sur mes cuisses avec l’expression crispée de la gravité. J’étais embarqué dans une aventure extraordinaire, un terrible secret destiné à tromper un homme à l’agonie, et pourtant mon cœur était animé par le seul désir de me délecter de cette illusion. Je pouvais avoir une vie normale, le temps d’un séjour au Danemark. Je pouvais être père, amant et policier sans aucune autre condition. Mon regard ténébreux se posa sur ma fille. Son visage poupin illuminait la pièce et je réalisais en suivant le rythme cadencé de sa respiration, qu’elle était la plus belle et la plus précieuse valeur à laquelle je pouvais me tenir. Obéissant à une impulsion subite, je lui souris avec sincérité. Je lui souris comme je ne le faisais jamais. Ma bouche flottait sur mon menton, à la fois sournoise et gênée par cet excès d’affection. Jazz était comme moi. Nous étions tout les deux des êtres solitaires et difficiles, liés par une affinité meurtrière qui résidait quelque part à Belfast. Elle portait en elle, le poids de mon héritage et de mon nom. A jamais voué à la mélancolie, mais conservant malgré tout une sorte d’attachement envers l’humanité. Je soupirai en me retournant vers la jeune blonde à mes côtés. Ses yeux terriblement bleus se posaient sur mon visage sans que je ne puisse me dérober de son emprise maléfique. Je me refrognai un instant avant de me redresser avec nonchalance. Mon cœur ne lui appartenait pas. Là, dans ma poitrine, les cortèges de la mort trottaient éternellement vers le cimetière. J’étais perdu dans l’au-delà et elle ne le voyait même pas. Je lui tendis mon bras avec automatisme afin de déposer un écrin sur ses mains. Je pouvais deviner en observant les étincelles de lumières choir au fond de son regard abyssal qu’elle était tourmentée par ce geste ambigüe. Elle demeura silencieuse, et je refusais de briser la quiétude de cet instant. Je ne la contredisais pas non plus, convaincu en mon fort intérieur qu’elle devait garder cette bague comme un souvenir matériel de notre relation. « Je ne peux pas l’accepter.. C’est beaucoup trop.. » Elle se tourna lentement vers moi. Je pouvais voir le trouble qui rongeait son âme. Je pouvais même me délecter de son malaise, car il représentait pour moi, l’accomplissement d’un rêve inavoué. Elliana n’était pas passé à autre chose. Elle était toujours prisonnière de mes filets, et j’étais à genoux, agité par des sentiments que je refusais d’accepter. « … et puis mon père me connaît, s’il voit cette bague à mon doigt, il saura que quelque chose cloche. Malade ou pas. » J’arquai un sourcil. Elle s’enfonçait dans ses prétextes. C’était faux. Elle mentait. Elle avait envie de prendre cette bague. Elle voulait sombrer dans la douce folie d’une rencontre. « Elle est magnifique… vraiment. » Balbutia-t-elle en me serrant dans ses bras. J’étais crispé sous sa prise, incapable de la soutenir dans sa douleur. Il fallait résider dans les frontières du normal et du possible pour être en mesure d’agir de manière adéquate dans ce genre de situation. J’étais né dans un univers sombre et atypique. Chez moi, la souffrance, la détresse et le deuil se surmontaient dans la solitude et la vengeance. Je ne savais pas faire avec la tristesse, c’était probablement une erreur de m’avoir proposé de l’aide. Elle glissa lentement le bijou dans son doigt. « … Dès qu’on rentre je te la rend, c’est simplement pour mentir correctement, être crédibles en parfaite petite famille. » Je fus traversé par un frisson de frayeur. Ma mâchoire ne tarda pas à trembler et c’est alors que quelque chose d’extraordinaire se produisit ; comme si mon corps ne répondait plus à ma volonté, mes bras se replièrent brusquement afin de se poser sur son cou. J’ancrai mon regard tourmenté dans le sien en me mordant la lèvre inférieure. Mon souffle brûlant se versait sur ses joues lisses et délicates alors que je me rapprochais de son visage. « Comment je t’ai demandé en mariage ? » M’enquis-je en me penchant dangereusement. Mon cœur tremblait, excédé par la répétition d’un amour dont j’avais déjà enduré tous les supplices. Je pressai mes mains sur sa peau chaude. « Je ne suis pas romantique. Je t’ai simplement proposé de partager ma vie un beau matin d’automne en te tendant une tasse de thé. Il faisait froid. J’étais froid et tu étais le soleil resplendissant qui réchauffait la pièce. » Murmurai-je en frôlant son oreille. Ma voix enraillée vibrait au fond de ma gorge avant de se faufiler entre ses cheveux dorés. Je me sentais étrangement nostalgique d’un passé qui n’existait pas. Je ressentais la crainte insensée de la faire succomber à nouveau. Je la connaissais. Elliana était une fille trop bien pour moi. Aucune métamorphose du destin, ne pouvait combler le vide qui nous séparait. Je déglutis en m’éloignant.
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(✰) message posté Jeu 16 Juil 2015 - 11:13 par Invité
He saw darkness in her beauty while she saw beauty in his darkness. ✻ Me retrouver dans cet avion, en direction de mon père avec Theodore était à la fois un cadeau et un fardeau. Je chérissais ses rares moments avec lui avant de devoir définitivement honorer ma promesse de ne plus faire partie du paysage de sa vie, ni de celle de Jasmine. Il voulait me protéger – même si dans ma bêtise je pensais être capable de me protéger seule – et moi j’avais besoin de remettre de l’ordre dans ma vie qui n’avait été qu’un joyeux bordel depuis qu’il était entré dans ma vie. En y repensant tout avait été la faute de Salomea, elle m’avait donné le contact de son cousin qui travaillait dans la police Wesminster, elle m’avait assuré qu’il pourrait m’aider avec ce membre du centre un peu trop pressant envers moi. Et ça n’avait pas raté, Theodore avait réglé l’histoire d’une main de maître et, par la même occasion, fait une entrée fracassante dans ma vie. Nous étions deux aimants irrésistiblement attirés l’un par l’autre. Je contemplais la bague qui ornait maintenant mon doigt me perdant dans l’éclat de sa pureté et de sa beauté. Mon regard croisa celui de Theodore qui arborait un sourire à la fois mélancolique et sincère alors qu’il venait de poser les yeux sur sa fille, c’était une des rare fois que je le voyais aussi sincère. L’effrayante réalité me frappa en le voyant ainsi par la lumière du hublot, je n’arriverai surement à me défaire de lui et de son emprise. Peu importe le nombre de personne que je rencontrais, le nombre de minutes que je passerai avec mes amis, ma famille, mes pensées auront toujours le malheur d’être dirigées vers lui et ses démons que je ne saurais vaincre – même malgré vaines tentatives. Je faisais glisser la main autour de mon doigt, je n’étais pas habituée à sentir le métal froid contre ma peau et j’avais cette étrange sensation de culpabilité. Cette bague était simplement la preuve de mon mensonge, comme des sables mouvants m’emportant toujours un peu plus profond dans cette mascarade dégoutante. On ne pouvait plus reculer maintenant, pas si prêt du but. Lorsque je pris Theo dans mes bras, je m’attendais à une simple étreinte de quelques secondes, égale à l’affection que je voulais lui porter mais qu’il était incapable de me rendre. Cela fait bien trop longtemps que nous n’avions pas eu un vrai moment d’intimité et nos corps étaient sensiblement attirés l’un par l’autre. Encore et toujours comme des aimants. Ce ne fut pas le cas, pour la première fois depuis des mois, depuis mon agression par la mafia, il me rendit mon étreinte, crispant ses bras contre mon dos. Il était resté silencieux face à mes tentatives de remerciement pour la bague et le fait de travers l’Europe avec moi sur un coup de tête. Mon regard croisa le sien, comme au premier jour, brulant et rempli de regret et culpabilité de ses actions passées.
« Comment je t’ai demandé en mariage ? » Il était si près de mon visage, que je sentais son souffle chaud sur mon visage. Mon cœur m’incitait à réduite l’écart entre nos deux visages tandis que ma raison me l’interdisait, me sermonnant de rester calme, adulte et en parfait contrôle de mon esprit. Je cherchais quoi lui dire, comment lui répondre c’était la seule question à laquelle je n’avais pas pensé lorsque j’avait imaginé l’interrogatoire que mon père allait faire subir à notre arrivée. « Je n’y avais pas pensé .. » murmurais-je plus à moi-même que pour répondre à sa question. Autour de nous, les passagers s’agitaient, impatients d’arrive sur le sol Danois. Ses mains se posèrent sur mon visage, et je rougis plus habituée à son contact. Je posa ma main maintenant baguée sur la tienne, l’effleurant avec douceur ayant peur de le renfrogner de perdre son contact. Entre son emprise, le temps d’existait plus et je me sentais en du temps, enveloppé dans une foule de sentiments contradictoires. Plusieurs scénarios de demandes en mariage s’étaient dessiné dans mon esprit et j’allais les lui exposé, lui laissant ainsi le choix de choisir ce qu’il lui paraissait le plus plausible. Il fit ce choix pour moi lorsqu’il renchérit : « Je ne suis pas romantique. Je t’ai simplement proposé de partager ma vie un beau matin d’automne en te tendant une tasse de thé. Il faisait froid. J’étais froid et tu étais le soleil resplendissant qui réchauffait la pièce. » Sa bouche effleura ma joue, mon oreille, tout mon visage et même mon âme. Je flanchai à nouveau dans mes sentiments que je tentais, en vain, de laisser derrière moi. J’étais prisonnière de cet amour à sens-unique et je me voilais la face sur ses sentiments à lui. J’acquiesçai en silence, déglutissant avec difficulté, mal à l’aise de cette proximité soudaine. Ma main tenait toujours la sienne, la caressant doucement puis se fondant dans ses cheveux parfaitement coiffés, les décoiffant quelque peu. Je rougis à nouveau à la mention du soleil, il me voyait ainsi et il se plongeait dans des illusions. « Et je n’ai pas pleuré, juste été surprise de ta spontanéité, j’ai simplement accepté de partager ta vie et celle de Jazz. La bague est venue plus tard, à Noël. Ce n’était pas une grande nécessité mais plus une formalité, pour faire dans les règles de l’art. » Répondis-je avec douceur, adressant mon regard vers la petite alors que je mentionnais son nom, elle avait ouvert ses grands yeux et contemplait son environnement sans bruit, gigotant un peu les jambes. Elle avait du sentir que la fin du voyage approchait. Si j’étais le soleil, il était la lune. Ma lune. Celle qui éclairait mes nuits et me gardait éveillé, me languissant de pouvoir la toucher, de découvrir sa face cachée. Deux astres si proches et pourtant si différents. Des extrêmes à la recherche d’une fin heureuse. « Est ce que une bague que tu as spécialement acheté pour moi ou bien était-ce un héritage familiale ? » m’enquis-je, gardant sa prise contre moi. C’était à la fois une question pour remplir les failles notre histoire mensongère et à la fois par pure curiosité. Je tenais à savoir s’il l’avait depuis un moment ou s’il avait profité de notre escapade pour passer par la case bijouterie.
Ma bouche effleura la commissure de ses lèvres alors qu’il venait de s’éloigner de moi, remettant ainsi une distance raisonnable entre nous deux. Notre étreinte avait été rapide mais intense. Comme toute les autres. Les hauts-parleurs se remirent à grésiller, laissant la voix du commandant de bord se répandit dans l’appareil. « Votre attention s’il vous plait, merci de rattacher vos ceintures, nous allons entamer la procédure d’atterrissage. Merci de votre patience. » Je rattachai ma ceinture, consciencieuse. La descente se fit rapidement et sans embuche, je trépignai à l’idée de sortir de l’avion. Mes jambes étaient lourdes, ça faisait bien longtemps que je n’étais pas resté assise dans bouger, sans courir, sans rien faire. Mon hyperactivité se réveillait mêler à mon impatience de revoir mon père après deux ans loin de moi. La diode lumineuse indiquant la fin du port de la ceinture s’éteignis alors que les dernières recommandations du commandant de bord. « Nous sommes bien arrivés à Kastrup, Danemark. La température extérieure est de 24°C. Veuillez faire attention à bien récupérer vos effets personnels. Et nous souhaitons un agréable voyage à Copenhague. Merci d’avoir choisis notre compagnie. » Je rassemblai mes affaires, tandis que Theo aidait à détacher Jazz de son siège. L’avantage d’avoir un enfant en bas âge et d’être en première classe, c’est que nous étions les premiers à sortir de l’avion. Je pris une grande inspiration, remettant ma veste légère. Il était l’heure de démontrer mes talents d’actrices et espérer pour être la plus convaincante possible. « Il est plus possible de faire demi-tour maintenant. » dis-je dans un sourire à Theodore. Il manquait seulement à récupérer les bagages et retrouver Kirsten et papa dans toute la foule Danoise. Il fallait que je prenne mon courage à deux mains et que je ne flanche pas en cours de route, craquant et fondant en larmes dans les bras de mon père. Je ne n’aurai me le pardonner. Ni lui, ni Theodore. « Je m’occupe de Jazz, tu t’occupes des valises ? » demandais-je, récupérant le berceau de la petite qu’il venait de détacher du siège. Je lui remis sa tétine et caressai sa joue dans un instinct maternel que je ne me connaissais pas. Je tentai de gâcher mon hyperactivité et mon angoisse sous des sourires. Je pressai ma main contre le bras de Theodore pour me donner le courage nécessaire. Je descendis de l’avion, Jazz dans son berceau et Theodore à ma suite.
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Le visage de mon père apparut devant moi et un grand sourire vint orner mon visage. Deux ans sans le voir m’avaient pesé. Il était toujours entre deux voyages pour son cabinet d’architecture ou alors moi j’étais quelque part en Europe avec un sac à dos et aucune connexion Internet. La dernière fois que j’avais posé le pied sur le sol Danois j’avais à peine vingt-deux ans et j’étais venue pour le déménagement de papa et Kirsten. Je réajusta le berceau de Jazz sur mon bras Il me cherchait des yeux et c’est Kirsten qui m’aperçut en premier et lui fit signe de ma présence. La foule m’empêchait de le voir correctement, et j’eu un choc lorsque son regard croisa le mien. Son visage s’illumina et je prenais enfin compte de l’étendu de sa maladie. Il avait vraisemblablement perdue du poids et marchait à l’aide d’une béquille. Je gardai un visage de marbre, arborant mon sourire le plus radieux pour ne pas montrer mon désarroi face à sa situation. « Papa ! » m’exclamais-je le prenant dans mes bras de ma main libre, avec précaution pour ne pas qu’il soit gêné avec sa béquille. Il riait de mon bon cœur, me serrant dans ses bras comme lorsque j’avais sept ans et qu’il me faisait tournoyer dans les airs. « Bonjour ma grenouille.. je suis si heureux de te voir. » Il était heureux de me voir et je devais l’être encore plus que lui. Grenouille. Je n’arrivais pas à croire qu’il m’appelait toujours ainsi même avec vingt-six ans, sacré papa. Je pris Kirsten dans mes bras aussi, malgré toutes les disputes qu’on avait pu avoir dans ma jeunesse terrible, je la considérais comme la personne la plus proche d’une figure maternelle que j’ai jamais eu. « Hello K., comment tu vas ? » murmurais-je au creux de ses bras.« Ca va mieux depuis que tu es là Elliana. Merci d'être venue si vite. » Je redevenais une petite fille à leur côtés bien moins sure de moi que lorsque j’étais dans la capitale anglaise. « Non, merci de tout ce que tu fais pour lui. » rajoutais-je assez doucement pour qu’elle seule entende. Ma belle-mère me sourit et me remercia doucement. J’inspira un grand coup et me retourna vers Theo, encore un peu à l’écart. Les effusions de joie et d’émotion n’étaient pas son fort. « Papa, Kirsten.. voici Theodore, mon fiancé. Et Jasmine.. Jazz, sa fille. » Je mentais comme je respirais et j’accompagne mes paroles d’un geste, caressant le visage poupin de Jazz dans son berceau. « Theo, voici mon père Ethaniel et ma belle-mère Kirsten. » Continuais-je sereine, pleine de confiance. Jazz s’agitait un peu, elle devait reconnaître qu’on prononçait son nom, elle gigotait, riais et gazouillai comme un petite oiseau. Cette petite était un vraie rayon de soleil, je remis son petit bonnet sur sa tête, fausse bague de fiançailles brillant à mon doigt. Mon père tendit sa main en directement de Theodore, je le connaissais il avait envie de le prendre dans ses bras, heureux de rencontrer enfin la personne qui "partage" la vie de sa fille unique.« Enchanté mon garçon. Et bienvenue à Copenhague. » Que la mascarade commence.