"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici I fought the law - Theodore & Thomas  2979874845 I fought the law - Theodore & Thomas  1973890357
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I fought the law - Theodore & Thomas

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() message posté Mar 30 Juin 2015 - 18:41 par Invité
I fought the law
Théodore & Thomas
Don’t do drugs because if you do drugs you’ll go to prison, and drugs are really expensive in prison.  Δ John Hardwick

« Tu te fous de ma gueule ou quoi ? Tu crois vraiment que c’est cadeau ?
- Je t’en supplie … J’en ai vraiment besoin … Je ferais tout ce que tu veux …
- Tout ce que je veux ? »


Le dealer hésita quelques instants, absorbé dans sa réflexion. Puis il sourit de ses dents abimées par les opiacés à son client et lui murmura quelques mots à l’oreille avant de faire quelques pas jusqu’à la rue adjacente, apparemment déserte. Il s’arrêta avec un sourire en coin pour suivre du regard le junky qui marchait dans ses pas. Le camé en manque qui n’avait pas vraiment d’autre choix se mit alors à genoux en commençant à déboutonner la braguette du jean sale et troué type qu’il détestait le plus au monde à cet instant.

« Là, y en a deux ! »

La voix masculine sortit de nulle part fit sursauter les deux délinquants. Le client, sans attendre, sauta sur l’occasion pour s’enfuir à toutes jambes. Elliot, sous l’influence d’héroïne, mit plus de temps à réagir. Il commença par essayer de refermer à la hâte sa braguette ouverte alors que la même voix hurlait : « Bouge, ils se barrent ! ». Quand il entendit distinctement les bruits de pas proches de lui, il renonça pour se mettre à courir. Ou plutôt pour essayer de courir. Après trois enjambées, il trébucha et se retrouva le nez par terre, avec en prime toute une joue égratignée. Le junky n’eut pas le temps de relever la tête que déjà une voix encore inconnue était à sa hauteur et après un « Quel con ! » amusé, le tintement de menottes qui vinrent lier ses poignets retentirent alors qu’un bruit de course les dépassait.

« Aller debout, toi. »

Une pression sur son dos accompagna l’ordre et il n’eut pas vraiment le temps de réfléchir à quoi que ce soit tant il était concentré sur l’action de se mettre debout sans utiliser ses mains. Le policier qui le maintenait l’aida sans le lâcher, en ricanant. Son collègue finit par revenir sur ses pas et reparut, essoufflé « L'autre s’est enfuit, j’espère qu’on a attrapé le bon … ». Il jeta un regard méprisant à leur proie du jour avant de céder à un large sourire moqueur « T’as pas eu le temps de ranger le matos on dirait » en désignant la braguette ouverte, mais il ne fit rien pour arranger les choses et s’intéressa plutôt à ses poches.

« Attendez, on peut s’expliquer … »

Elliot s’agitait inutilement, de façon croissante face au nombre de sachets de drogue que le flic inquisiteur laissait tomber au sol en vidant les poches du dealer. Une fois sa besogne terminée, il recula de deux pas pour admirer son travail avec un sourire satisfait.

«  Pas de doute, on a le bon ! J’ai hâte d’entendre tes explications, tu les donneras au poste, aller, en route !
- Laissez-moi fermer ma braguette putain ! »


Campé sur ses deux pieds, le voyou tentait de résister à la pression du policier dans son dos qui le poussait vers la voiture garé au coin de la rue. Sa demande fut accompagnée d’un éclat de rire mais l’autre flic le rhabilla, après avoir ramassé les sachets qu’il avait envoyés au sol.

En peu de temps, Elliot fut embarqué à l’arrière de la voiture de police, dont la sirène retentissante lui garantissait une arrivée prochaine au commissariat. Il essuya du mieux qu’il put sa joue ensanglantée par de brefs coups d’épaule sur sa chemise blanche, noircie par la crasse. En soupirant, il regarda ensuite le paysage londonien défiler en faisant semblant de ne pas écouter les deux joyeux lurons à l’avant qui ne pouvaient s’empêcher de faire des blagues qui remontaient rarement au-dessus de la ceinture et qui le concernait toutes.
Tout ça à cause d’un abruti ruiné encore. Il aurait dû finir ses transactions depuis déjà longtemps si tous les camés du coin arrêtaient de lui donner rendez-vous pour lui annoncer ensuite qu’ils n’avaient plus un centime. Et surtout, si lui jouait pas au con en proposant aux drogués, et droguées, mignons, et mignonnes, de quoi subvenir à leur besoin contre une petite contrepartie sexuelle.
Pour changer, il allait encore être envoyé au commissariat. Ce serait quoi cette fois-ci ? Dans l’idéal rien, une amende il s’en tirerait bien, pas pire que le bracelet électronique il l’espérait. Sinon c’était l’enfermement, et enfermement signifiait sevrage forcé. Rien que cette idée le faisait paniquer.

La voiture se gara, très mal, devant un bâtiment situé en plein centre-ville et la porte passager s’ouvrit pour le laisser descendre. L’un des flics lui saisit immédiatement un bras tandis que l’autre s’allumait une cigarette en finissant de rire d’une énième blague. Tête baissée, le junky n’en menait pas large devant les passants qui le dévisageaient comme une bête de foire, avec un mélange de pitié et de mépris.

« Bon on rentre ?
- T’es pressé ? T’avais d’autres plans cul de prévu ? »


Les deux collègues se remirent à rire, mais l’un deux finit par se résoudre à le faire rentrer. Il enleva sa ceinture à son prisonnier avant de la poser sur le comptoir de l’entrée avec ses clés, portable, cigarettes et sachets de drogue. Il poussa ensuite Elliot dans une salle ouverte et sans même prendre la peine de lui enlever les menottes ou de rentrer avec lui, il l’enferma à clés avant de retourner à l’entrée pour raconter l’histoire à tous les policiers qu’il croisait. Le musicien soupira une fois de plus, essayant de faire abstraction des rires qu’il entendait non loin et se laissa tomber sur une chaise. La pièce ne contenait guère plus qu’une table et de chaque côté des chaises. C’était encore plus sommaire que dans son appartement à lui.
Il attendit impatiemment quelques minutes en se mordillant les lèvres, songeant à la cigarette qu’il aurait eu le temps de s’allumer. Il avait passé trop de temps ici, sur ces chaises miteuses, à raconter n’importe quoi à des flics lassés par les camés dans son genre, en espérant réduire sa peine au minimum. Sa défense était toujours malmenée malgré lui, non pas à cause des motifs de son arrestation ou de son attitude souvent provocatrice, mais plutôt par son casier judiciaire déjà bien rempli et par ses précédentes condamnations à de la prison ferme.
Enfin, le bruit de la serrure résonna à ses oreilles et la porte s’ouvrit. Volontairement, le junky ne se retourna pas. Avachi sur sa chaise, jambes tendues sous le bureau qui cachait ses vieilles converse noires couvertes de tags en tout genre, il regardait droit devant lui sans masquer son profond agacement. Figurez-vous que l’héroïne donne encore plus des ailes que le Red Bull.

« C’était sympa la pause clope j’espère ? C’est pas comme si des gens attendaient hein. »


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Theodore A. Rottenford
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() message posté Mar 25 Aoû 2015 - 17:59 par Theodore A. Rottenford

“The fear of death follows from the fear of life. A man who lives fully is prepared to die at any time.”   Une douleur lancinante traversait mon bras. Elle s'infiltrait comme une fissure entre mes entrailles avant de se loger dans ma poitrine. C'était la mélancolie. Cette sensation oppressante de vivre à contre sens. Je tournai lentement les yeux vers la porte de mon bureau. Je regardais les grands murs du poste de police s'élever impérialement de tous les cotés, et je me sentais piégé dans ma routine ennuyeuse. J'étais un homme véreux. Le trèfle irlandais qui marquait ma peau était un signe de loyauté envers ma famille. J'aurais aimé croire que j'agissais pour le bien de la communauté, que ce n'était pas dans mes projets de naître dans la mafia et que je n'étais qu'une victime du système. Mais ce serait un mensonge. Je ressentais une excitation inattendue, une envie de me noyer dans les méandres de mon âme. Je choisissais toujours l'obscurité. Je soupirai, puis je me faufilai à l'extérieur. Je longeai le couloir, la tête haute, le regard assombri par le pouvoir. Parce que j'étais respecté en ces lieux. Les agents s'écartaient à mon passage, me saluaient d'un hochement de tête ou s'affairaient rapidement à la tâche. Il n'y avait aucun échange entre nous. Seulement le silence. Le vide. La peur. J'expirais le froid comme un reptile venimeux. Je n'avais pas d'amis ici. Je n'avais pas de collègues. J'étais l'aigle solitaire, celui dont les plumes goudronneuses s'évanouissaient dans le ciel, celui dont le bec acéré brillait comme un poignard meurtrier. Je ne me sentais jamais en sécurité car j'étais le danger. Derrière les desseins nuageux de mes pensées, se cachait la vile intention de tuer. Je me dirigeai vers les salles d'interrogatoire en tendant l'oreille. Il y avait plusieurs enquêtes en cours. J'entendais leurs agitations, leurs colères et leurs moqueries stéréotypées. Et bien que je sois habitué à ce genre de comportement entre les rangs de la police, je souris, amusé par le ridicule de la situation. Je n'essayais plus de comprendre les rouages de ce corps corrompu, puisque j'appartenais à cette vaste entité rouillée, brisée et délaissée. Je me penchai en continuant ma marche impériale. Mes doigts engourdis se frottaient contre les plis de ma chemise. Mes cheveux étaient fixés, parfaitement coiffés, résistant au vent et aux courants d'air. Je passai lentement devant la réception et tapai du pied devant le boxe de la secrétaire. « Monsieur.» Déclara-t-elle d'une voix claire, cristalline et propre. J'hochai la tête. « J’attends le dossier sur le meurtre Rigby depuis une heure. » Fis-je remarquer en pinçant les lèvres. Elle se redressa brusquement, m'observa avec une lueur de défi dans les yeux, puis elle finit par détourner le regard. « Je vous rapporte ça, tout de suite. » Je la fixais avec intensité. « Tout de suite. Pas dans une heure. » Je prononçai ces mots avec gravité, comme si ce cas était particulier, comme s'il m'importait plus que tous les autres. Et c'était probablement vrai. Mon père m'avait sommé de jeter un œil sur les notes des deux inspecteurs en charge. Il s'agissait d'un commerçant qui s'était fait tiré dessus en plein jour, dans une zone reculée du district irlandais. Son cadavre avait été découvert plus loin, quelques jours plus tard, dans les bas-fonds de la ville. Je joignis les deux mains sur mon torse en arborant une expression pensive. Je devais encore faire le ménage pour le clan. J'arquai un sourcil en retournant sur mes pas. Je m'avançais en sens inverse vers mon antre secret, lorsque je remarquai des clés sur la serrure d'une porte d'examen. Je m'arrêtai un instant. Ma vision traversait la petite vitre carrée au milieu de la paroi. Un suspect était seul. Menotté. Avachi sur une chaise. Instinctivement, je pénétrai à l'intérieur. Il ne se retourna pas, n'accordant aucune attention à mon intrusion. Un rebelle. Voilà, qui était intéressant. « C’était sympa la pause clope j’espère ? C’est pas comme si des gens attendaient hein. » Un rebelle agacé. Encore plus intéressant. Je m'approchai à pas de velours de la table. Je tirai une chaise mais je ne pris pas la peine de m’asseoir. Elle était trop sale, trop négligée. « Je ne fume pas. » Fis-je remarquer avec autorité. « Maintenant, tu es prié de te retourner. » Je restai poli en m'adressant à mon interlocuteur. Je ne le connaissais pas. Je ne le jugeais. Pas encore. Je fis quelques pas dans la pièce avant de tendre ma jambe vers sa chaise. Je la secouai par quelques coups de pieds. « Laisses-moi deviner, tu t’ennuyais dehors alors tu as décidé de nous rendre visite ? » Sifflai-je en me penchant vers son visage émacié. Un junkie. Je reconnaissais cette lueur excentrique et insolente dans ses yeux. Je remarquais la couleur rosée de ses paupières et l'allure de ses sclères injectées de sang. Il ressemblait à ma petite sœur. Ils ressemblaient tous à Abigail.


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() message posté Jeu 27 Aoû 2015 - 21:31 par Invité
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Les pensées du prisonnier se bousculaient sous sa masse désordonnée de cheveux sombres. Ne pas connaître son avenir proche est une forme de torture. Elle remue les entrailles et fait sournoisement rouler des perles de sueur sur la nuque, le front et dans le dos. Il n’existe aucune solution rationnelle pour palier à l’incertitude. Certains choisiront tout de même d’imaginer le pire, comme pour tomber de moins haut une fois le verdict annoncé. D’autres se complairont, même pour quelques instants, dans l’imagination d’un avenir radieux en dessinant quelques rayons de soleil sur les courbes sombres de leur futur.
Malgré ses airs nonchalants, le junkie était fébrile. Les battements de son cœur menaient une danse torturée au rythme des coups de son pied sur le bitume terne. La pire image qui lui venait en tête sortait directement de sa mémoire. Mais cette vision d’une mince allée encombrée de barreaux lui donnait des vertiges. Son sang se glaçait à la seule pensée de retourner en cage. Entravé et enfermé, il n’était plus maître de son destin. C’était eux. Le tremblement imperceptible qui agitait le sol à chaque pas dans le couloir voisin, la cacophonie de voix qui parfois s’élevaient suffisamment fort pour le laisser percevoir quelques mots, la tenace odeur de tabac et d’uniformes transpirants, peut-être même la paire d’yeux qui l’observait à travers la vitre sans teint. C’était eux, les hommes de loi. Ceux-là même qu’il haïssait depuis son plus jeune âge, avec cette absurde supériorité exposée aux yeux de tous, cette confiance de celui qui se sait détenteur de l’autorité. Valait-il mieux se jeter sur le premier qui passait pour lui faire la peau ou aller vomir de dégoût ? Ils ressemblaient tellement tous à son père.

Clic.

Le bruit de la serrure fut bref, une seule clé déjà enfoncée tournée d’un coup sec. Il suffit cependant à capter pleinement l’attention du suspect. Tous ses muscles se tendirent et ses poumons lui refusèrent de l’air un instant. Ne pas se laisser déstabiliser. Attaquer directement.
Pas de réponse. Le silence fut encore plus pesant que quelques secondes plus tôt où il était empli de questions. Il s’efforça de regarder le mur vide face à lui en mimant une complète décontraction. Un bruit de chaise, mais la silhouette était toujours debout.

« Je ne fume pas. »

Il en avait presque oublié sa question. Mais qui ne fume pas à notre époque ? C’est incensé !
La voix était pleine d’assurance, teinté du mépris de celui à qui rien ne résiste. Et surement pas un junkie récidiviste à moitié défiguré. Mais un peu d’hémoglobine ne suffisait pas à masquer l’essentiel, le teint cadavérique d’un malade en fin de course, les hématomes sombres qui avaient remplacés ses cernes depuis longtemps, ce visage encore enfantin qui pourrissait sans vieillir. Le ravage des opiacés était inscrit dans ses traits aussi clairement que de l’encre indélébile pourrait graver sur son front le mot « camé ». C’était ce qu’il était après tout, un camé. On ne le devient pas en tombant dans une marmite quand on est petit. Tout se passe lentement, un peu par hasard. A petit feu. On ne succombe pas en un fragment de secondes. Le poison hallucinogène bien ancré empoisonnait ses veines depuis longtemps. Il n’en avait pas honte, il n’en était pas fier. Il vivait avec lui-même et c’était tout. D’ailleurs son apparence ne l’importait pas. Ou plutôt elle ne l’importait plus. L’époque narcissique des miroirs et des filles était révolu.

«Maintenant, tu es prié de te retourner. »

Il n’avait pas peur d’affronter la voix sans visage. Ou peut-être qu’une infime partie de lui avait peur, celle-ci tremblait en songeant aux conséquences. Mais le problème était qu’il ne voulait pas obéir. Son mutisme sembla suffire à agacer son interlocuteur puisque celui-ci s’avança jusqu’à lui. Tout tangua brusquement, suffisamment pour qu’il fut contraint de se rattraper comme il le pouvait en jouant de ses pieds et agrippant ses bras liés au plastique du siège. Il se retrouva malgré lui correctement assis à faire face à des inquisiteurs. Les dents serrées et les pupilles dilatées par la rage, il se maitrisa pour ne pas exploser. Pas encore. S’il acceptait de payer pour avoir agressé un agent, autant qu’il réussisse.

« Laisses-moi deviner, tu t’ennuyais dehors alors tu as décidé de nous rendre visite ? »

Solide. Ce mot semblait fabriquer pour l’homme qu’il découvrait. Il était en pleine dérive, lui semblait solidement ancré au sol. Tout y était : les muscles, l’aplomb, le charisme … Il l’imagina un instant dans son lit avec une pointe d’excitation avant de secouer la tête pour tenter de trier les pensées de son cerveau engourdi par les stupéfiants. Ce n’était surement pas le moment de fantasmer.
Il devait également cesser de considérer cet interrogatoire comme un champ de bataille. Il perdrait à chaque fois, car il était le seul à jouer son avenir. Lui ne faisait que son métier. Son putain de métier.

« Ce sont tes collègues qui devaient s’emmerder sévère pour arrêter des types sans raison. »

Replonger dans son regard. Important, il ne devait pas cesser de le fixer. Et attaquer, avant de se faire bouffer.

« Mais remarque j’comprends, Londres est une ville tellement sure qu’il faut bien que les keufs s’occupent. »

Petit sourire ironique aux lèvres. Il se laissa retomber sur la chaise sans se détourner. Ne pas s’énerver surtout, il ne devait attendre que ça.

« Bon on alors on fait quoi maintenant ? On a pas la journée, nan ? Tu dois avoir mieux à faire … Enfin j’espère. »

Il souleva légèrement ses menottes dans son dos pour les rendre visible, en prenant soin de faire beaucoup de bruit. Au cas où il ne les verrait pas.

« Déjà on va pas attendre que la chaîne rouille, ce serait con. J’suis pas franchement un caïd ! »

Que pouvait-il faire de plus pour faire perdre contenance à son interlocuteur ? Ne venait-il pas déjà de prouver bravement qu’il était le roi des cons ? Si avec ça il n’était pas persuadé de perdre son temps en interrogeant un imbécile heureux, eh bien … Eh bien il était fichu.




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() message posté Sam 5 Sep 2015 - 1:45 par Theodore A. Rottenford

“The fear of death follows from the fear of life. A man who lives fully is prepared to die at any time.”   Je gardais les yeux rivés sur le suspect, tandis que mes pensées cheminaient autour de ma tête. Mes prières se mélangeaient aux odeurs nauséabondes du commissariat. Toute cette dépravation. Cette misère. La chute inéluctable au fond de l'abîme. Je crispai mes doigts engourdis. J'étais l'homme qu'on invitait toujours. Celui à qui on écrivait des lettres aimables pour le nouvel an, celui qu'on saluait toujours en premier, mais dont personne ne se rapprochait vraiment. Il n'y avait jamais d'attachement. Les gens ne se montraient pas désireux ou capables de partager mon existence. Je vivais dans l'univers des solitaires, dans la contradiction qui régnait entre un millier d'âmes en peine, toutes recueillies au même endroit, au même moment, dans la même atmosphère silencieuse et éloignée. Je soupirai. J'inspirai puis je soupirai à nouveau. Je ne parvenais pas à me lier aux histoires étranges de l'humanité. Seule ma famille comptait. Il n'y avait que la mafia dans mon cœur. C'était l'une des principales caractéristiques de ma personnalité. Alors, lorsque mes yeux glacials se posèrent sur le junkie, je ne cillai pas. Je ne lui accordai aucun crédit, aucune compassion. Parce que toutes les raisons qui le poussaient à s'empoisonner me paraissaient insuffisantes. Il pouvait se soustraire à ses conditions de vie pendant quelques secondes, il pouvait s'oublier pendant quelques minutes, mais je restais là. J'étais inflexible et intransigeant. Je le jugeais toujours avec la même hargne et la même colère. Le mal était double. Il y avait celui qui dépendait du destin et celui qui dépendait de nous. La dépendance à la drogue alimentait des sentiments éphémères. Les flammes qui pouvaient brûler pendant une éternité se consumaient en quelques instants. Je fermai mes poings tremblants dans les poches de ma veste. Je plissai les yeux et je laissai l'essence de mon mépris se verser sur le visage du jeune homme. Mon dépit était vindicatif. Il était aussi tranchant qu'une lame de rasoir sur sa peau ponctuée de pétéchies. Ces quatre murs s'étaient tout à coup transformés en prison. Je me sentais presque piégé dans l'obscurité de la salle d'interrogatoire. Je grattai le bout de mes semelles contre le sol en penchant la tête.« Ce sont tes collègues qui devaient s’emmerder sévère pour arrêter des types sans raison.  » Déclara-t-il en me défiant du regard. Malgré la maigreur de ses traits et l'absence d'éclat dans ses yeux, il parvenait encore à me tenir tête. « Mais remarque j’comprends, Londres est une ville tellement sure qu’il faut bien que les keufs s’occupent.  » Je me rapprochai d'un air menaçant mais il ne pliait pas. A aucun moment je ne l'avais vu ciller. Je pinçai les lèvres avec sévérité. « Mes subordonnés. Ce sont mes subordonnés. » Grinçai-je sans relever. Son ironie ne m'atteignait pas réellement. Je m'écartai de lu sans cesser de le fixer. Dans l'obscurité ambiante, la lumière blême qui auréolait sa silhouette fragile était ma seule préoccupation. Je pouvais deviner les sifflements lointains de sa respiration malgré ma surdité partielle. Pour cela, il me suffisait de suivre les mouvements cadencés de sa poitrine contre le dossier de son siège. «  Bon on alors on fait quoi maintenant ? On a pas la journée, nan ? Tu dois avoir mieux à faire … Enfin j’espère.   » Sa voix flottait dans la pièce, en suspens, vide de tous les sens. Il avait manifesté à mon égard bien plus d'insolence que je ne pouvais supporter. Mon courroux endormi et presque figé par ma froideur, commençait peu à peu à se réveiller. Lentement, le jeune homme souleva ses menottes. Il se mit à les agiter de manière à attiser ma colère, de façon à ce que je me transforme en une sorte de chien galeux. Mais je n'étais pas de ceux qui aboyaient sans mordre. Lorsque mon âme meurtrière était affamée, elle se désaltérait dans le sang. Je ne bougeai pas. Je ne répondis pas, presque amusé par son attitude. Il était creux. Il était aussi répugnant qu'Abigail. «  Déjà on va pas attendre que la chaîne rouille, ce serait con. J’suis pas franchement un caïd !   »  J'haussai les épaules avec désinvolture, puis ma bouche s'étira sournoisement. Le faible éclairage de la lampe n'effaçait en rien cette part d'ombre insaisissable qui entachait ma peau. Un frisson d'anticipation traversa ma gorge. « Déjà... » Répétai-je vaguement. Déjà.. Ce mot raisonnait en écho dans ma tête. Je n'aimais pas son intonation. Je n'aimais pas sa façon de me dicter ma conduite, tout simplement parce que j'étais flic et que je me trouvais du bon côté. Je n'aimais pas son allure débraillée, ses yeux bouffis et les traces de la drogue dans son système.« C'est bien dommage, parce que moi, je suis un caïd.   » A nouveau je tendis la jambe vers sa chaise et je le secouai. L'adrénaline grouillait dans mes veines glacées. Elle se glissait en moi, comme un poison, comme une création dont je n'étais jamais satisfait. Je voulais le contrôler. Je désirais le faire ployer. « As-tu ou non été arrêté en possession de drogues ?   » Demandai-je froidement. Je restai immobile devant lui. « Par pitié, retiens tes aveux. Ce serait tellement moins drôle sinon.  » Une touche d'humeur macabre. Mon sourire se figea au-dessus de mon menton. Je sombrais à nouveau. Pendant une fraction de secondes, il me sembla retrouver les traits ténébreux de Thomas. Je voyais presque son fantôme poindre au fond de la pièce. Il était vil. Il était visible parmi les rainures des murs. Puis tout à coup, il était réellement là. Il faisait intrusion dans mon esprit. Je détournai le regard. J'observai l’entrebâillement de la porte avec insistance. Je refusais encore d'y croire, que cet homme que je redoutais tant vienne jusqu'à moi à nouveau. Qu'il puisse se languir de ma déchéance, parce que je me languissais de la sienne.
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() message posté Sam 12 Sep 2015 - 22:30 par Invité
Je basculai la tête en arrière et émis un râle long et rauque. Je n’avais pas besoin de m’exprimer plus, ils comprendraient. J’étais entré dans le commissariat sans grand espoir de succès. Juste comme ça. Les murs épais et sinistres m’avaient attirés, avaient attisé mes souvenirs comme de vieilles braises mourantes et j’avais soufflé dessus pour les rallumer. J’écrasai mes phalanges maigres contre le rebord en bois devant le plexiglas : mes os craquèrent dans une symphonie qui me valut un regard noir de la part de la policière en face de moi, et je lui répondis dans un sourire que j’avais poli depuis l’adolescence. Va te faire foutre, s’il te plait. C’était bien plus facile à montrer qu’à dire, alors pourquoi s’encombrer de mots ? Je finis par déglutir lentement, fermer les yeux et retenter avec une politesse si fausse qu’elle en devint charmante. « S’il vous plait ? » Mais ça ne marchait pas comme ça, son haussement de sourcils amusé me le fit bien vite comprendre. Reprenons : je voulais voir Theodore. Cette bonne vieille carcasse d’aigle noire et impie qu’il était. J’avais vu la lumière de la lune se refléter sur les briques du bâtiment et j’y avais aperçu l’éclat de ses yeux de rapace. Il était là. J’avais toujours de la chance et il était toujours là. Il rôdait dans les entrailles du commissariat car il y était chez lui, passant devant chaque cellule sombre où mourrait lentement, pour une nuit ou deux, la vermine de la capitale. Il devait confondre les hommes et les rats à force de les voir toujours au même endroit et les considérer de la même façon. J’eus un sourire en pensant qu’il s’arrêtait toujours devant la cellule que j’avais occupé la dernière fois, qu’il frôlait les barreaux de l’extrémité de son épaule en regrettant amèrement au fond de lui de ne pas y voir mon visage suppliant. Tu es un putain d’animal comme tous ceux que tu chasses. Je sortis une cigarette. La policière soupira et pencha la tête alors que je lui accordai un regard navré. Sérieux ? Elle secoua la tête. « La sortie est à deux pas, monsieur Knickerbadger. » Mes lèvres s’étirèrent froidement. « J’essaye d’attirer le commissaire en enfreignant la loi. » J’étais élégant, je prévenais. Mais j’avais cette élégance que Theodore méprisait tant. Cette élégance dans le fait même d’être un dandy négligé et arrogant. Je levai cependant la main avec courtoisie pour lui signifier que j’avais compris. « Je vais dehors. Mais je reviens. » Elle allait craquer et me laisser voir mon meilleur ennemi sans même savoir ce qu’elle provoquait vraiment. La fusion de deux esprits vils et brûlants. J’étais certain qu’il sentait ma présence quelque part, mais j’étais celui qui venait à lui cette fois. Il aurait d’autres occasions de jouer le rôle de l’emmerdeur : la fois où il viendrait me loger une balle dans la tête. Oh, et quoique. Peut-être que cette fois-là encore, ce serait moi qui viendrait à lui, avec fatalité et élégance.

J’écrasai le mégot sur le goudron froid et humide avant de faire volte-face et de pénétrer de nouveau dans le commissariat. J’écartai les bras de manière théâtrale en revoyant la policière qui leva les yeux au ciel. Mais elle souriait cette fois. Je n’avais pas perdu tout mon charme dans l’un des cendriers qui traînaient chez moi. « Monsieur Rottenford travaille. » me dit-elle finalement, une once de regret dans la voix. Je fis rouler ma langue dans ma bouche en hochant la tête, convaincu mais résistant. « Il serait ravi de faire une pause et prendre un café avec moi. » Je savais que d’habitude, ça ne posait pas de problème. Mais Theodore n’était pas une habitude, il était un chien à trois têtes dont l’haleine rappelait le froid mordant de l’hiver et le feu ardent du monstre de l’apocalypse. Il était un loup solitaire et égoïste, placé à la tête d’une meute qui n’était pas la sienne. Il considérait les autres comme des rats mais ses mots étaient comme les morsures de ces rongeurs moites et urbains, car sa voix était l’écho de l’eau croupie des égouts d’une ville corrompue et nocturne. Alors on le craignait. Les gens qui travaillaient pour lui n’aimaient pas le contredire, n’aimaient pas avoir affaire à lui. J’avais vu leurs regards et ils avaient vu mon visage en sang lorsque Theodore avait tenté en vain de briser ma fierté. Ils l’avaient vu mais n’avaient rien fait. Simplement hoché la tête et obéi. Il était un loup dictant des ordres à des chiens galeux. Quelque chose clochait chez lui. J’avais toujours voulu savoir quoi. Si près du but et il m’avait remis au fond de ma cellule humide, un paquet de cigarettes et un vieux briquet dans ma main blessée. Le type de la cellule d’en face s’était réveillé et m’avait menacé de mort pour une cigarette. J’avais, élégamment bien entendu, levé mon majeur dans sa direction en allumant la mienne. Il fallait les mériter et ma gueule en sang en avait dit long. Va te faire foutre, s’il te plait.        

« Bon. Venez. » Elle glissa dans le couloir et je la suivis avec satisfaction, sans aucun bruit. Elle m’indiqua une salle d’interrogatoire et je la remerciai d’un hochement de tête en m’approchant. J’entendis deux voix distinctes mais je n’en reconnus qu’une. Je poussai la porte. La lumière entra dans la pièce et attira l’attention des deux silhouettes qui s’y affrontaient. Mon épaule rencontra le chambranle de la porte jusqu’à ce que j’y pose mon crâne en souriant alors qu’il devinait qui se tenait devant lui. Salut, toi. Je clignai des yeux. Saaaluuut, toi. Il me détestait un peu plus, d’un coup mais cela ne me dérangeait pas. La tension entre nous, j’avais appris à l’apprécier et en faire ma force. Je suis intouchable, Rottenford. Tu me tues, je te manque. Je ne pris pas la peine de lui dire le moindre mot et me tournai vers la seconde silhouette, bien plus menue et chétive. Non, pire, c’était une charogne que l’on avait condamné à survivre et je le plaignis un instant avant de retrouver ma bonne humeur de cynique : « Toi aussi il t’a privé de clope et t’as pas apprécié ? » Je me redressai en un mouvement maîtrisé et fis un pas dans la salle sans y être invité. « L’emmerde pas trop, il s’énerve facilement. » Non, c’était faux. Theodore énervait, il ne s’énervait pas. Pas en apparence néanmoins, mais j’avais arrêté de chercher à savoir ce qui se cachait vraiment sous sa peau d’acier. J’étais probablement le seul détenu à avoir connu autre chose que son sourire froid et satisfait. Je me tournai finalement de nouveau vers lui. « Theodore. » commençai-je avec un sérieux feint. Son prénom sonnait si faux entre mes lèvres mais le parfum du dédain se mariait parfois bien avec celui de l’ironie. « Il a l’air de crever de faim et toi tu le menottes ? La vie ne t’a rien appris, tu n’as pas de cœur. » Le type était maigre. Aussi maigre que moi, des cernes aussi grandes, la peau aussi blafarde. Il lui manquait les boucles noires et il aurait pu être mon frère caché. Je n’avais plus qu’à tester l’héroïne de nouveau pour rentrer dans sa peau. Mais ce soir, c’était différent. On m’offrait deux cibles sur un plateau d’argent et la balle était dans leur camp. J’allais adorer voir qui se jetterait dessus en premier.
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() message posté Ven 25 Sep 2015 - 2:00 par Invité
I fought the law
Théodore & Thomas
Don’t do drugs because if you do drugs you’ll go to prison, and drugs are really expensive in prison. Δ John Hardwick

L’héroïne est le personnage principal, d’un livre, d’un film, d’un conte ou de la vie d’un camé. Rien d’autre n’a d’importance sinon sa survie et son évolution. L’héroïne ne disparaît pas au milieu d’une histoire, cela lui ôterait tout son sens. Il en va de même avec la vie du junkie sans héroïne.
La drogue n’est pas seulement une échappatoire, mais un véritable mode de vie. Elle a ses propres codes, son langage, son fuseau horaire, son peuple et ses présidents. Le paradis artificiel rassemble de nombreux adeptes dans une véritable société parallèle dont le commun des mortels n’a pas conscience. Le junkie est la vermine de votre société, mais les funestes regards des passants ne font que le survoler. Il a déjà quitté votre monde, vous ne pouvez plus le raisonner.

Elliot avait essayé de jouer au con. Un con paraît toujours un peu moins coupable. Ce devait pas être l’avis de l’homme qui l’interrogeait. Il était froid. Non, pas froid, glacial. Croiser son regard ressemblait à une chute dans une mer gelée. Votre corps se met à trembler, votre cœur s’accélère, vos poumons cessent de vous délivrer de l’air, vous suffoquez. Il était intimidant, peut-être même effrayant. Nombre de ses victimes avaient dû céder sous la seule emprise de ce regard. Mais Elliot avait l’héroïne, il était intouchable.
Pendant un instant, le rocker crut avoir gagné. L’autre ne tenait pas en place. Il se levait, grattait le sol, regardait ailleurs, corrigeait vaguement ses propos. En fait, ce manège ne dura qu’un court moment. Puis le détenu ne sut plus quoi dire pour combler le silence et il comprit. Face à lui se tenait le chef du commissariat. Il était loin du simple agent facile à convaincre. Lui ne pliait pas, ne lui lâchait pas de terrain, respectait la loi, semblait invincible et sans limite. Et il méprisait profondément le junkie assis devant lui. En fait, ce type, c’était son père. Puissant et monstrueux, face à un gosse sans défense.

Silence.
Un haussement d’épaule, un sourire mesquin, un air cruel.

« Déjà... »

Silence.
Elliot ne broncha pas. Il détestait ces silences. Ne pouvait-il pas se contenter de lui hurler dessus comme tout le monde ?

« C'est bien dommage, parce que moi, je suis un caïd.»

La chaise se remit à chanceler, obligeant son occupant à s’accrocher fermement comme un condamné capital à son tabouret. Il était vulnérable. Son destin ne lui appartenait plus, il était au bout du pied qui se délectait de le faire tanguer, à la voix qui l’interrogeait.

« As-tu ou non été arrêté en possession de drogues ? »

Il le fixait, immobile, imperturbable, attendant une réponse. Mais que pouvait-il répondre ? Un oui lui couterait une condamnation immédiate, précédée d’un tas d’autres questions sur la hiérarchie de la drogue auxquelles il ne voulait pas répondre. Cependant, pouvait-il seulement envisager le non ? Il lui rirait au nez sans doute, puis lui demanderait des explications sur les opiacés prélevés directement de ses poches. Au mieux il finirait par être contraint d’avouer devant un juge tout aussi peu compatissant que l’homme devant lui. Un junky n’est pourtant pas méchant par nature. Il est stupide, plutôt. Il ne cherche pas réellement à faire du mal autour de lui, il est seulement dépourvu de tout sens moral. Il n’a donc aucune difficulté à commettre des crimes. Aussi pour quelques pièces, il n’hésitera pas à rouer de coups le premier venu. Elliot n’échappait pas à la règle. Il était tout aussi crétin que les autres sous l’emprise de stupéfiant.

« Par pitié, retiens tes aveux. Ce serait tellement moins drôle sinon. »

Elliot ne souriait plus. Plus qu’un gros billet à la roulette d’un casino, il était en train de jouer plusieurs années de sa vie. Il souhaitait n’importe quoi excepté être ici, dans cette salle confinée, dénuée de toute familiarité, qui lui semblait à présent étroite et lourde de menaces. Il imaginait d’autres scénarios, au cours desquels des événements majeurs seraient des distractions suffisantes pour lui éviter de choisir entre le bagne et le bagne. La chute d’une météorite par exemple, une bombe nucléaire, la troisième guerre mondiale ou … L’entrée d’un étrange personnage dans la pièce. Le flic se tourna vers le nouveau-venu et Elliot put recommencer à respirer normalement. Il se jura pour un instant de vénérer ce type jusqu’à la fin de ces jours. Celui-là même qui venait de sauver pour quelques minutes encore le peu de dignité qu’il espérait encore posséder. Puis le junky oublia sa promesse et se concentra sur l’odeur de tabac qui accompagnait le visiteur. Récente, encore imprégné dans les pores de sa peau, sur le tissu de ses vêtements, dans l’épiderme de ses cheveux. Il inspira à fond encore une fois. Une cigarette était décidemment ce qu’il désirait le plus au monde à cet instant. Liberté oubliée.

« Toi aussi il t’a privé de clope et t’as pas apprécié ? »

Même en y réfléchissant un peu, il n’arrivait pas à déterminer l’identité du dandy qui venait d’interrompre son interrogatoire pour lui déblatérer des propos dénués de sens pour lui. C’était pour son plus grand bonheur évidement, mais la situation lui échappait parfaitement.

« L’emmerde pas trop, il s’énerve facilement. »

Les deux hommes se connaissaient forcément. Ils semblaient à la fois si éloignés et si semblables. Hadès venait de pénétrer dans la pièce pour défier Zeus. A moins que ce ne soit l’inverse ? Ce qui était indéniable en tout cas fut l’électricité qui s’engouffra dans la pièce au rythme des pas de l’esthète. La tension entre eux était parfaitement palpable à présent.

« Theodore. »

Le junkie ne semblait plus que spectateur de ce qui aurait dû être son heure de disgrâce. A peine entré en scène, le nouvel acteur venait de lui voler la vedette.

« Il a l’air de crever de faim et toi tu le menottes ? La vie ne t’a rien appris, tu n’as pas de cœur. »

Cet homme possédait quelque chose qui ne pouvait pas laisser indifférent. Beaucoup d’ironie et d’exubérances, saupoudrées d’une pointe de cruauté. En fait, il était agaçant. Il noyait son entourage pour se hisser à la surface. N’était-ce pas celui qu’Elliot aurait pu devenir ? Si l’horloge de la vie s’était inversée, n’aurait-il pas pu lui aussi être fier et hypocrite ? Ils affichaient tous deux le même air mélancolique, la même lassitude de la vie, l’usure d’un artiste enfermé dans une vie médiocre. Deux silhouettes fragiles et bancales. Le beau parleur possédait cependant quelque chose en plus : la dignité.

« Je prenais le temps de lui expliquer comment il pouvait se faire respecter au commissariat avant de m’en aller. Je vais pas vous déranger plus longtemps. »

Pour accompagner ses propos, il se leva et s’écarta de quelques pas en direction de la porte encore ouverte. Si l’autre type avait pu entrer dans la pièce sans autorisation, Elliot pouvait bien gagner en hauteur en abandonnant cette chaise ridicule. C’était le moment ou jamais de retrouver un semblant de dignité avant de se faire bouffer. Il ne comptait pas arriver jusqu’à la porte, mais un peu d’ambition ne peut pas faire de mal.



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Theodore A. Rottenford
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() message posté Sam 7 Nov 2015 - 15:26 par Theodore A. Rottenford

“The fear of death follows from the fear of life. A man who lives fully is prepared to die at any time.”   J'observais son expression avec dédain. Le jeune détenu ne prononça pas un mot. Briser le silence qui régnait sur la salle d'interrogatoire, c'était admettre qu'on pouvait converser ensemble. Qu'on parlait le même langage. La quiétude sinistre de notre confrontation était un signe que ses jeux et son insolence étaient puérils face à la gravité du châtiment qui allait se préparer. Je pinçai les lèvres en faisant le tour de la table. Je cheminais autour de sa silhouette grise comme un bête affamée. Mais Eliott était une proie facile. Il m'ennuyait déjà. Je le fixais dangereusement, détaillant les courbures de sa mâchoire atypique et les saillies de ses os maigres. Ses pupilles étaient dilatées par la consommation de substances débilitantes, mais qui étais-je pour le juger réellement ? Il y avait de la drogue chez moi. Il y avait de la drogue partout autour de moi. Je croisai les bras en le juchant du regard. Sa chute me semblait déjà inéluctable. Je souris d'un air sournois avant de me pencher vers lui. J'agitais toujours sa chaise afin d’exercer mon pouvoir exorbitant. J'alimentais les clichés du flic tyrannique par habitude , mais mon esprit était clair et limpide. Il refusait constamment les permissions consenties par la loi. Je n'avais pas le droit de le frapper, de le séquestrer ou de le violenter sans motif. Cependant, il était si facile de déjouer ces petites contraintes. J'étais libre d'inventer des prétextes pour le torturer. Le junkie n'avait aucune morale. Le corrompu n'avait aucun scrupule. Quelles étaient les étendues de nos similitudes ? Je me tenais fièrement devant lui et j'étais bien résolu à le rester. Je relevai le menton avant de me tourner vers la porte. Un millier de poussières d'étoiles envahirent l'espace confiné dans lequel nous étions tous piégés. Je retrouvais l'éclat morne et blafard de Thomas. Son air suffisamment mesquin pour attirer mon attention. Cette odeur particulière de tabac âpre et calciné que j'avais appris à respirer comme la poitrine généreuse d'une fille de joie que je quittais avec une tape réprobatrice sur les fesses. « Toi aussi il t’a privé de clope et t’as pas apprécié ? » Son intrusion manquait affreusement d'originalité. Ce n'était pas moi qui privait les gens de cigarettes. C'était le système. Je haussai les épaules d'un air complètement détaché. Je n'émis aucune objection à sa présence dans la salle. Je ne cherchais même plus à connaître les raisons qui l'avaient poussé à venir jusqu'à moi. La bataille qui nous opposait était inévitable. Elle ne suivait pas la marche du temps ou les logiques philosophiques du monde. Thomas avait toujours dix-huit ans et j'en avais éternellement dix-neuf. «  L’emmerde pas trop, il s’énerve facilement.   » Je pinçai les lèvres avec de rire discrètement. Puis je secouai négativement la tête, lui signifiant que je lui réservais le privilège de m'énerver. Après tout, nous étions ennemis de longue date. «Theodore. » Mon prénom résonnait comme une injure dans sa bouche. Où peut-être y avait-il quelque chose de terriblement excitant dans sa façon d'en mépriser chaque syllabe. Sa nature, différente en certains points de la mienne, avait probablement deviné les masques visqueux qui recouvraient mon visage. J'étais sombre. J'étais étranger. Et il se languissait fatalement de ma noirceur parce qu'il y avait plusieurs nuances dans la folie. « Thomas. » Répondis-je contentieusement. Nous sombrions dans les mêmes jeux enfantins, mais cette fois, chacun de nous gardait sa position légitime. Je ne pouvais plus voler son identité et il ne pouvait certainement pas se conformer à la mienne. L'aigle crépu n'avait pas ce talent. « Il a l’air de crever de faim et toi tu le menottes ? La vie ne t’a rien appris, tu n’as pas de cœur.  » Je crispai la mâchoire en soupirant. C'était lui qui parlait de cœur ? L'ironie suintait à travers son expression lisse et impudente, mais il y avait des notions qu'il ne fallait pas pousser à l'extrême. Je m'avançais nonchalamment afin de frôler son épaule d'un geste amical. La toile humide de son manteau grésillait sous ma prise légère, provoquant une explosion d'émotions contradictoires dans ma tête. Il était bien réel. Il était là et la frénésie malsaine qui coulait dans mes veines menaçait me faire vaciller dans l'univers qu'il avait imaginé plus jeune. Celui de la nouvelle culture et de sa nouvelle contre-culture. « La réponse est la suivante : c'est à cause de toi. Je passe mes anciennes frustrations sur ton double effiloché. Tu es le bienvenue pour assister au spectacle. Une sorte de première partie en attendant ton tour. » Je lui souris d'un air carnassier, dévoilant l'éclat machiavélique de mes dents. Puis, lorsque je m'apprêtais à le conduire vers un siège, Eliott se manifesta dans la pièce. « Je prenais le temps de lui expliquer comment il pouvait se faire respecter au commissariat avant de m’en aller. Je vais pas vous déranger plus longtemps.  » Il se redressa en effectuant de grands gestes héroïques vers la porte. Pensait-il réellement s'en tirer en prônant les valeurs de l'anarchie face à mes penchants obsessionnels pour l'ordre et le contrôle ? Thomas arrivait à me défier parce qu'il miroitait l'image indistincte du pécher au fond de ses prunelles. Mais Eliott n'était qu'un idiot parmi tant d'autres. Je me tournai vers lui. « Assis ! » Grinçai-je sévèrement avant de le forcer à reprendre sa place. Je restai suspendu à la table, les mains crispées autour du rebord. Puis je regardai Thomas avec insistance. Ma langue claqua contre mon palais, réveillant mes instincts primitif de tueur. « Tu veux sortir mais tu ne me dis rien. Légalement, tu peux garder le silence en attendant l'arrivée d'un avocat commis d'office. Mais je vais te dire un secret. Ils sont vraiment nuls. Je les sélectionne moi-même.  » Je fis la moue en haussant les épaules. « J'ai des soucis avec les gens trop compétents. Tu vois les séances au tribunal s'éternisent quand les plaidoiries sont trop éloquentes, alors qu'il suffit d'autoriser la peine de mort pour alléger la charge dans les prisons. Mais bon, c'est un autre débat.  » Je me raclai la gorge. « Ce que je veux dire, c'est que lui, il pourrait s'improviser avocat.   » Soufflai-je en désignant Thomas. Je levai les yeux au ciel d'un air théâtral. « Bon c'est un peu contre les règles. Je le conçois. Mais t'es un rebelle, tu t'en fous des règles. Tu revends de la drogue et tu te fais payer en nature ! » Récitai-je sur un ton solennel. Je pressai mes doigts contre ma barbe avant de sourire. « Ton heure de gloire est arrivée, Knick. Vous pouvez peut-être sortir d'ici, bras dessus, bras dessous. Et tu pourras même l'inviter à manger un morceau. Tu as un si grand cœur.  » Je joignis les mains sur ma poitrine avant de me diriger vers la porte pour la fermer.
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() message posté Ven 18 Déc 2015 - 22:42 par Invité
« Thomas. » J’affichai une moue approbatrice en entendant mon nom. Il était accompagné de tout le mépris muet dont Theodore pouvait faire preuve, et pourtant il paraissait simple entre ses dents alignées. Il dansait autour de sa proie avant de l’achever, c’était d’un classique ennuyeux, presque agaçant. J’observai la salle. Elle était plongée dans une obscurité que le néon central peinait à défier et ce n’était pas dans les yeux de l’un ou de l’autre que l’on pouvait percevoir la moindre lumière. Theodore, parce qu’il était Theodore. Il semblait haïr la lumière car elle brillait sur la surface lisse de sa peau et révélait son allure fausse, synthétique. Et puis le type, celui dont le dernier fix venait de faire déborder les veines. J’avais deviné qu’il s’agissait d’un camé dès mon arrivée, car l’odeur de l’héroïne coulait sur les murs comme un onguent, une huile épaisse et maudite. Cela m’étonnait d’ailleurs. Theodore n’était pas du genre à s’occuper du cas d’un pauvre junky vaguement désabusé qui avait eu le malheur de se retrouver dans la même rue que lui. Il laissait ces gens-là à ses sous-fifres, ceux qui n’osaient pas le contredire car le risque était trop grand. Il s’avança jusqu’à moi de sa démarche de roi pour venir frôler mon épaule et j’observai son geste avec un intérêt tout particulier. Il ne voulait pas frôler mon épaule, il voulait la prendre et me fracasser la tête contre le mur, et ce sans même que j’aie à exagérer mes mots et mes gestes. C’était ça, la haine. Autant écrire un livre à notre propos au lieu de s’emmerder sur des traités philosophiques que l’on retrouverait sous la poussière des rayons des libraires. N’étais-je pas du genre à être contre l’écriture, de toute façon ? N’était-ce pas la forme la plus sournoise d’institutions, celle dont on se nourrissait sans même la comprendre, sans même se rendre compte de ses méfaits ? J’oubliais que depuis peu, la télévision avait repris le flambeau. « La réponse est la suivante : c’est à cause de toi. Je passe mes anciennes frustrations sur ton double effiloché. Tu es le bienvenu pour assister au spectacle. Une sorte de première partie en attendant ton tour. » Je ricanai légèrement en posant mes yeux sur le camé. C’est vrai qu’on était maigres et que l’on dégageait ce même parfum d’échec noyé dans la drogue. Mais si Theodore décidait un jour de s’en prendre à moi, il n’allait pas choisir un lieu comme le commissariat. C’était trop banal, et puis de toute évidence, la dernière fois, il n’était pas venu à bout de mes bavardages arrogants et de mes vérités cinglantes. Au fait Rottenford, comment va ta fille ? Au contraire, il monterait tout un spectacle et la pièce durerait toute la nuit juste ce qu’enfin, pris de rage, il m’abatte froidement sur un sol que je considérerai alors comme étranger. Regarde. Je suis là, devant toi, et j’ai l’impression d’être chez moi. Theodore me considérait comme un cafard : celui qui aliénait les autres à leur propre foyer, car en voir un, c’était en voir mille, c’était en voir partout. C’était en voir sous les meubles, dans les murs, marchant dangereusement sur le plafond et pouvant tomber à tout instant sur notre corps endormi. Ils allaient là où nous ne pouvions rêver d’aller et ils étaient chez eux. Je secouai légèrement la tête. Voilà. Voilà ce que j’inspirai à Theodore. Et pourtant, je devais le fasciner. J’étais sûrement beaucoup plus beau qu’un foutu cafard, cela dit.

« Je prenais le temps de lui expliquer comment il pouvait se faire respecter au commissariat avant de m’en aller. Je vais pas vous déranger plus longtemps. » Je fronçai les sourcils, amusé par la remarque du camé. Il avait l’air terriblement vieux. Une âme âgée dans un corps jeune, une âme qui tirait sur sa peau, la tendait, puis relâchait le tout, ce qui fracturait son allure. Je pouvais devenir comme ça. Je le savais. J’étais sur la bonne voie, il ne me fallait plus que la bonne drogue pour le faire. Alors qu’il se levait et se dirigeait avec emphase vers la porte, Theodore siffla un ordre entre ses dents : « Assis ! » Il n’attendit pas qu’il s’exécute et le força à reprendre sa place initiale avec une violente autorité que je lui connaissais très bien. Son regard glissa jusqu’à moi et je haussai les épaules. Attendait-il une quelconque approbation ? Quelque chose d’autre que mon profond mépris à son égard ? Il pouvait me demander de sortir. Je n’avais aucune véritable raison d’être là. Mais, encore une fois, il voulut me garder, comme si le fait que je sois présent à ses côtés lui procurait un plaisir étrange et malsain qu’il entretenait, maniaque comme il était, depuis notre première rencontre. Je n’étais certainement pas un faire-valoir. Alors j’étais son égal. Peut-être que c’était ce qui lui plaisait. Quelqu’un qui n’obéissait pas platement à ses ordres. Quelqu’un qui le tirait un peu hors de sa zone de confort. Quelqu’un qui faisait craqueler sa carapace de mensonges, à ses risques et périls, mais il aimait ces risques, ils le faisaient se sentir vivant à nouveau. « Tu veux sortir mais tu ne me dis rien. Légalement, tu peux garder le silence en attendant l’arrivée d’un avocat commis d’office. Mais je vais te dire un secret. Ils sont vraiment nuls. Je les sélectionne moi-même. » J’esquissai un sourire. Typique de Theodore. Il se jouait de ses victimes avec un humour que j’appréciais tout particulièrement, car il était dur et tranchant, comme lui. « J’ai des soucis avec les gens trop compétents. Tu vois les séances au tribunal s’éternisent quand les plaidoiries sont trop éloquentes, alors qu’il suffit d’autoriser la peine de mort pour alléger la charge dans les prisons. Mais bon, c’est un autre débat. » Il marqua une pause durant laquelle mon esprit s’échappa un instant vers l’extérieur du commissariat, lors de ma dernière cigarette, et je l’imaginai dans mes mains, je m’imaginai la fumer. Et puis Theodore reprit la parole. « Ce que je veux dire, c’est que lui, il pourrait s’improviser avocat. » Je haussai les sourcils et rabattis mon regard vers lui. « Bon c’est un peu contre les règles. Je le conçois. Mais t’es un rebelle, tu t’en fous des règles. Tu revends de la drogue et tu te fais payer en nature ! » Je secouai doucement la tête, presque imperceptiblement, en appréciant toute son ironie. Je n’avais pas l’habitude de le voir autant parler. D'ordinaire, les beaux discours, c’était moi qui les prononçais. Lui ne faisait qu’en appuyer l’absurdité en fulminant face à la fascination qu’il éprouvait à mon égard.

Mais déjà il concluait : ne prenait-il pas le temps de nous laisser nous délecter de cet instant ? « Ton heure de gloire est arrivée, Knick. Vous pouvez peut-être sortir d’ici, bras dessus, bras dessous. Et tu pourras même l’inviter à manger un morceau. Tu as un si grand cœur. » Je levai les yeux au ciel avant de m’approcher des deux opposants d’une démarche lente et mesurée. Theodore ferma la porte de la salle et le claquement résonna dans le couloir, laissant quelques secondes de silence planer autour de nous. Je me raclai la gorge et souris, moqueur. « Déconne pas, j’ai senti son parfum de camé dès la station de métro. » Bon, faux. Mais c’était tout comme. Il était un sacré cliché de dépendance. Néanmoins, ne l’étais-je pas également ? Et Theodore manquait à chaque fois de m’attraper. Il avait peut-être une dent contre tout ce qui paraissait évident. Je posai mes yeux noirs sur la silhouette du junky. « Il pense que je ne suis pas quelqu’un de compétent mais c’est parce qu’il est frustré depuis qu’il a quinze ans. » lui confiai-je d’un air complice. Quinze ans, et encore. Depuis qu’il avait vut des femmes autour de lui, des femmes qu’il ne s’était autorisé à toucher que des années plus tard, et le fait que j’y sois pour quelque chose lui restait en travers de la gorge. Et puis, la frustration coulait dans les veines de Theodore : je voyais à chaque fois ce démon presque physique pousser les parois de sa cage thoracique pour pouvoir en sortir. Il imploserait un jour sous le poids de cette frustration. « C’est quoi ton nom ? Ce serait con de pas faire connaissance si je dois être ton avocat d’un soir. » Songeur, je finis par m’assoir à ses côtés et détailler ses cernes épais. Il avait probablement envie de rentrer chez lui et de s’écraser contre son oreiller miteux pour oublier cette sombre histoire. Mais autant la rendre mémorable du mieux qu’on le pouvait. Cela nous ferait un bon sujet de discussion la prochaine fois, avec Theodore. Nous parlions toujours de choses lourdes et d’échecs. Pourquoi ne pas débattre sur la gloire, sur les accomplissements ? « Moi c’est Thomas. Je suis pas un vrai avocat, tu pourras t’abstenir de m’appeler Maître. » Je m’accoudai à la table et posai ma tempe contre mes phalanges pliées pour le fixer avec une intensité nouvelle. « Mais ne t’inquiète pas. Il me déteste tellement que tu pourras filer en douce au moment où j’aurai entièrement capté son attention. » Nouveau sourire. Alors, tu m’embauches ? J’étais de toute évidence sa seule chance de sortir d’ici sans pleurer toutes les larmes de son corps. Theodore préférait ma salive et mon sang aux sueurs et aux sanglots d’un pauvre inconnu, c’était évident.
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() message posté Ven 8 Jan 2016 - 17:02 par Invité
I fought the law
Théodore & Thomas
Don’t do drugs because if you do drugs you’ll go to prison, and drugs are really expensive in prison. Δ John Hardwick

Quel trouble causent réellement les junkies à l’ordre public ? Dans le monde entier on réprimande de façon plus ou moins violente la détention de drogues. A l’exception de quelques pays qui tolèrent sa consommation tant que ce n’est que du cannabis, mais ça s’arrête là. Pourquoi ? Les policiers sont-ils à ce point en manque de travail ? La drogue est-elle le plus gros danger de l’humanité ? Bien sûr que non. Vous voulez un petit secret ? L’ennemi mortel de la société, c’est l’alcool. Mais les prisons ne sont pas pleines d’alcooliques, ils sont bien trop communs, ils sont bien trop comme vous et moi quoi.
C’est très facile de s’en prendre à un camé, presque trop. Déjà, parce qu’il ne peut pas nier, la drogue est partout : dans ses poches, dans son sang, même ses cheveux en gardent la trace un bon moment. Ensuite, parce qu’il est faible, physiquement, mentalement et psychologiquement. Il craint l’enfermement et le sevrage. Rien qu’évoquer cette idée le fait trembler. Il est prêt à promettre n’importe quoi pour retrouver sa dose journalière, tout simplement à cause d’une vile dépendance. Enfin, le camé est une ressource illimitée. Pensez-vous vraiment qu’un jour la bonne vieille chaîne de la drogue sera démantelée au point que les simples consommateurs soient contraints de se résigner à une cure ? Vous pouvez rêver, et policiers, vous pourrez toujours continuer à travailler tranquillement.
Les junkies dans la cité, ça fait désordre, vous comprenez. Tout est question d’ordre.

«Assis ! »

Justement, il aimait en donner. Le commissaire adjoint n’eut même plus suffisamment de patience pour attendre son exécution puisqu’un bras musclé se saisit de ses épaules chancelantes pour le ramener sans ménagement sur son trône de fortune. Retour à la case départ.

« Tu veux sortir mais tu ne me dis rien. Légalement, tu peux garder le silence en attendant l'arrivée d'un avocat commis d'office. Mais je vais te dire un secret. Ils sont vraiment nuls. Je les sélectionne moi-même. »

Apparemment, la récréation était terminée, il désirait à présent du concret. Et tout devrait se dérouler selon ses règles du jeu. Et cela va sans dire que la notice stipule en gros caractères que la partie ne prend fin que lorsqu’il est déclaré heureux vainqueur.

« J'ai des soucis avec les gens trop compétents. Tu vois les séances au tribunal s'éternisent quand les plaidoiries sont trop éloquentes, alors qu'il suffit d'autoriser la peine de mort pour alléger la charge dans les prisons. Mais bon, c'est un autre débat. »

Il n’y avait aucun doute que ce Théodore aimait détenir l’autorité. Mieux encore, il s’en emparait, et quiconque le défiant devait s’attendre à se faire écraser.

« Ce que je veux dire, c'est que lui, il pourrait s'improviser avocat. »

Sauf « lui », peut-être. Elliot fronça les sourcils en observant la mise en scène du fonctionnaire, avant de tourner la tête vers le dandy indiscipliné qui entrait en scène.

« Bon c'est un peu contre les règles. Je le conçois. Mais t'es un rebelle, tu t'en fous des règles. Tu revends de la drogue et tu te fais payer en nature ! »

Pour eux, ce n’était qu’un amusement. Rien de plus qu’une plaisanterie qu’ils pourront raconter à des amis autour d’un verre ou deux. Une anecdote rigolote, le fameux jour où Thomas s’est improvisé avocat. Le prisonnier aurait tant voulu être à leur place, où rien n’avait d’importance. Mais pour le rocker, la situation n’avait rien d’un jeu. Le fer impitoyable qui entravait ses poignets, les chefs d’accusation à son égard, la peur de la sentence, l’enfermement forcé. Cet interrogatoire pouvait lui coûter très cher.

La porte claqua.
Il confinait ses proies pour mieux les assaillir. Les deux bruns étaient pris au piège. Comme un loup jetant un mouton dans son terrier pour le dévorer, Elliot était fichu face au monstre autoritaire. Du moins, jusqu’à ce que le berger ne se presse à l’entrée, perturbant tous les plans du canidé. L’homme était armé face à la bête, non pas d’un fusil, mais il semblait posséder un don certain pour l’hypocrisie, et surtout, il avait la haine. Ils se haïssaient si fortement que le premier n’abandonnerait jamais ses assauts tandis le second ne cesserait jamais de résister. Ils étaient prêts à tout pour voir l’autre succomber, dans la déchéance ou la folie. Elliot n’était qu’un pion d’échec pour parvenir à leur fin. Avait-il seulement le choix de refuser d’être le cobaye d’une si cruelle expérience ? Il était déjà perdu, autant plonger un peu plus pour rejoindre ensuite la surface.

« Il pense que je ne suis pas quelqu’un de compétent mais c’est parce qu’il est frustré depuis qu’il a quinze ans. »

Muet, il regardait la pièce de théâtre dont il était l’intrigue avancer devant ses yeux. Le sang battait à ses tempes à toute vitesse. A ce rythme, il ne tarderait pas à exploser. Son camp lui avait été attribué d’office, pour le meilleur et pour le pire, mais il avait encore le choix de l’avocat, lui ou un commis.

« C’est quoi ton nom ? Ce serait con de pas faire connaissance si je dois être ton avocat d’un soir. »

Il essayait d’obtenir sa sympathie, à coup de sourires et de jolies phrases. Il avait déjà pris goût à son rôle. Le détenu ne pouvait cependant pas oublier son air suffisant et les répliques moqueuses sorties de la même bouche.

« Moi c’est Thomas. Je suis pas un vrai avocat, tu pourras t’abstenir de m’appeler Maître. »

Il était tout de même un très bon acteur. A moins que sa détermination à le faire sortir d’ici soit sincère ?

« Mais ne t’inquiète pas. Il me déteste tellement que tu pourras filer en douce au moment où j’aurai entièrement capté son attention. »

Bien sûr, c’était ça. Le libérer perturberait les plans de son plus grand rival, il ne pouvait imaginer meilleur scénario pour le mettre en déroute. Berner la loi et défier son vieil ennemi.
Un petit sourire, un regard poignant, une attitude négligée … Il marquait des points. Il y a de ces moments où il faut cesser de réfléchir, surtout quand il n’y a pas d’autres solutions. Plus qu’à prier un Dieu inexistant pour que l’avocat de circonstance ne le déçoive pas.

« Elliot, Elliot Barckley. »

Ton sans équivoque. Commencer avec un peu de réserve. Il espérait juste qu’aucun des deux acolytes ne reconnaissent dans son nom le musicien qu’il était.
Un haussement d’épaules, un air songeur, il détendit ses jambes pour les croiser à nouveau sous le bureau, comme plus détendu, protégé.

« Je suppose que tu n’as pas besoin d’encouragements pour le mettre en déroute. »

Un sourire amusé, une vague lueur au fond du regard, et enfin il plongea quelques instants dans les yeux noirs de son interlocuteur. Se venger malgré tout.

« Et d’ailleurs, le camé du métro t’emmerde. »

Une détermination naissante transforma le visage fatigué de l’interrogé tandis qu’il lançait un signe de tête provocateur à son bourreau pour lui indiquer son attente de questions.

« Très bien, je le prends comme avocat. »

Que la partie commence, les noirs contre … Les blancs ne définissaient pas correctement l’adversaire … Mettons plutôt les rouges.



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Theodore A. Rottenford
Theodore A. Rottenford
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() message posté Jeu 25 Fév 2016 - 22:31 par Theodore A. Rottenford

“The fear of death follows from the fear of life. A man who lives fully is prepared to die at any time.”   Il s'agissait de conscience. Le réel enjeu du criminel reposait le sentiment de culpabilité qui se profilait derrière sa carapace indestructible. Il triomphait sur les lois et les règles juridiques, mais sa conscience fourmillait dans son esprit. Elle le jugeait. Elle ne le graciait jamais. C'était aussi simple que ça. Je fronçai les sourcils en observant le profil du junkie. Il était déjà malade. Sa silhouette se découpait sous les néons de lumière. Je n'avais pas besoin de le toucher pour qu'il s'effondre à mes pieds, larmoyant, suppliant, asservi par la violence de mon amertume. Je glissais dans la pénombre afin de me redresser devant la table. L'interrogatoire n'avait pas encore commencé. Pourtant, je ressentais les flammes ardentes de la colère laper mes blessures. Thomas était là, et sa simple présence habillait mon expression d'une lueur malsaine. Je ne m'occupais jamais des affaires mineures. Eliot Barckley ne représentait qu'un seul individu. Il en fallait beaucoup plus pour m’intéresser. J'avais besoin d'informations importantes, de réseaux compliqués et de fraudes poussées. Un idiot qui baissait le pantalon dans une ruelle sombre pour assouvir deux besoins primaires ; vendre et sucer. C'était trop peu. Je claquai mes ongles sur le rebord du bureau d'un air machiavélique. Mon regard acéré se fixa sur les grosses veines qui palpitaient au creux de son cou. Il y avait du sang et de la drogue dans son système. Il exhalait cette odeur putride et nauséabonde du corps en pleine décomposition. Et j'aimais ça. J'appréciais cet onguent de misère qui s'épandait sur les murs du commissariat. Je remuai le bout du nez en souriant. Je le respirais. Je l'imaginais attaché à son fixe comme si la vie ne dépendait que de la dose qu'il laissait filtrer à travers ses injections maladroites. «Il pense que je ne suis pas quelqu’un de compétent mais c’est parce qu’il est frustré depuis qu’il a quinze ans.» La voix de Thomas grinçait dans mon oreille. Elle sifflait ses mots comme une incantation maléfique. Plus il s'exprimait et plus je sentais le mal monter dans ma gorge. J'étais prêt à tout, absolument tout, pour le pulvériser. Mes poings se frottaient contre la surface rugueuse du mur. Je pouvais l’annihiler en usant mes poings contre sa mâchoire fétide. Mais ce serait trop simple. Mon plaisir deviendrait éphémère et les tâches étaient difficiles à nettoyer. Je convoitais la victoire éternelle. Je voulais garder une marque de notre affrontement final. Un soupir amusé s'échappa de mes lèvres alors qu'il laissait tomber le masque. Lorsque j'avais quinze ans, il en avait quinze aussi. Lorsque j'étais frustré, il était complètement dépouillé. «C’est quoi ton nom ? Ce serait con de pas faire connaissance si je dois être ton avocat d’un soir. » Je suivais la scène avec application. Je décortiquais les râles étouffés qui surplombaient l'ambiance sinistre de la pièce. La porte était scellée, ainsi que nos conversations. Nous étions tous les trois liés dans le secret de cette soirée sans fin. Je décidais du dénouement du jeu. Il allait sans dire que je préférais être couronné à la fin du débat, mais j'étais fairplay. Je savais reconnaître mes défaites face à Knickerbadger. « Moi c’est Thomas. Je suis pas un vrai avocat, tu pourras t’abstenir de m’appeler Maître. Mais ne t’inquiète pas. Il me déteste tellement que tu pourras filer en douce au moment où j’aurai entièrement capté son attention. » J'arquai un sourcil. N'importe quoi. Je m'adossai à la chaise en croisant les bras d'un air conquérant. Je les laissai empoisonner l'air, l'un après l'autre. Le souffle de Thomas se mélangeait aux huiles goudronneuses qui perlaient à la surface du sol. Celui du Junkie, quant à lui, se perdait au fond de sa gorge car il était trop faible, trop fragile pour s'élever. « Elliot, Elliot Barckley.» Quelle charmante introduction ! Je me sentais presque touché par leurs échanges mélancoliques. Deux versions déphasées dans le temps et pourtant ils étaient identiques. Eliot venait du futur. Son allure débraillée, son dos flétri, ses muscles maigres. Il y avait une noirceur en lui. Une ombre sournoise qui avait perdu son éclat magistral. « Je suppose que tu n’as pas besoin d’encouragements pour le mettre en déroute. » Il adoptait une position décontractée, comme pour prouver qu'il se sentait plus à l'aise. Mais la menace pesait encore. J'avais crée les règles du jeu. J'étais libre de les défaire à nouveau. « Et d’ailleurs, le camé du métro t’emmerde. » J'appréciais son caractère mordant. Il était vorace. Le camé du métro ne semblait pas prêt à lâcher prise. Son addiction constituait le nœud, l'objet de sa convoitise et sa pire faiblesse. L'enfermement signifiait le sevrage forcé. La liberté quant à elle, promettait de longues nuits d’ectasie. « Très bien, je le prends comme avocat. » Je hochai la tête en acceptant le compromis. Nous étions d'accord. Si Thomas parvenait à plaider sa cause, il pourrait partir. Mais si je n'étais pas convaincu par ses répliques légendaires et ses prouesses linguistiques, le junkie devrait écarter les jambes et accueillir sa sentence. Je crispai la bouche en marchant tout autour du bureau. Le cliquetis des menottes accompagnait les ondulations de ma poitrine. Le pouvoir me rendait fébrile.« Tu as été pris en flagrant délit. Vrai. Faux. » Soufflai-je en claquant les doigts. J'attendais une réponse rapide. Je me cambrai un instant, avant de lâcher un rire strident. « Vrai! » Déclarai-je avec autorité. Je connaissais déjà les faits. Il y avait des témoins visuels, mais je voulais des preuves. Des aveux peut-être. Je me tournai vers Thomas en souriant. « Tu as affirmé avoir senti la drogue depuis le métro. Pourtant tu es là pour défendre la cause du junkie. Crois-tu en l'innocence de ton client, maître ? Je reformule. Es-tu assez stupide pour défendre une cause perdue ? » La frénésie de la chasse. Le challenge et la fougue. Une ancienne rancune entre nos deux vanités. Voilà les motifs du professeur de littérature. Il manquait cruellement de distraction entre les couloirs de son université. Il avait besoin de plus. Tellement plus. Il reflétait l'image de la dépendance. Sa drogue était spirituelle et parfois, lorsque je m'attardais sur les dessins de sa bouche vicieuse, elle semblait réelle. Thomas était-il un bourgeon de junkie ? Ou avait-il déjà entamé la descente ?
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