|| FINI || Buck Brady Callagan || London Party

"Bonjour Monsieur Callagan.

-Bonjour, vous pouvez m'appeler Bigby hein, je vous en voudrait pas, d'ailleurs ça m'arrangerais, vous me mettez mal à l'aise avec votre "Monsieur".

-Bien, alors, Bigby, pour cette première séance, j'aimerais déjà que vous me décriviez votre ressenti sur ce rendez vous.

-Franchement, je comprends pas bien pourquoi on m'envoie chez le psy. J'ai tiré sur un mec qui allait me tirer dessus. Suivis psychologique de mon cul.

-Vous êtes toujours aussi..... Franc ?

-Ça pose problème ? Parce que oui, je préfère dire merde quand je le pense. Je garde pas les choses pour moi, et j'en ai rien à carrer de ce que pense les autres, ça va de même pour vous.

-Très bien.... Alors parlons de vous. De votre enfance par exemple.

-Qu'est-ce que vous avez les psy avec l'enfance ? J'ai eu une enfance normale, très heureuse, j'ai pas été traumatisé. Je suis flic, mais pas parce que j'ai assisté à un crime étant gamin. Je le suis parce que je veux faire régner l'ordre ici, et sans nous ce serait bien la merde. J'ai grandi avec mes deux parents, ma petite sœur et ma grande sœur, ici, à Londres. Une enfance normale. Mes parents s'aimaient, je m'engueulais avec mes sœurs, j'étais un petit con à l'école, je me suis jamais assagi d'ailleurs. J'ai toujours un comportement de connard, mais je sais où m'arrêter et où sont les vraies valeurs !

-Une enfance normale donc, rien à signaler de très important dans cette enfance ou cette adolescence ?

-Non. Ma mère est toujours en vie et mon père est mort à 75 ans d'un infarctus il y'a quelques années. Je dis ça parce que je sentais que vous sous entendiez qu'il y'avait eu un problème avec mes parents mais non. C'était un couple formidable. Tout le monde les admiraient. Leur amour, c'était de la folie, j'ai jamais vu deux personnes s'aimer autant. Et ils nous ont bien élevés, on a jamais manqué de rien. Sans déconner, j'ai pas à me plaindre. A part deux trois chutes en vélo et une dent pétée, mon enfance à été calme. Mon adolescence..... Et bien ça s'est gâté quand j'ai découvert les femmes, l'alcool, les fêtes, la drogue, le sex..... J'ai tout fais à l'excès, parce que c'était facile, tentant..... Et puis quand on est jeune, on est con, on se fou de tout. J'ai essayé pas mal de trucs, simplement pour m'intégrer, pour faire comme tout le monde. J'ai eu des tas de relations sans lendemain, tellement que je ne les comptais plus.

-Mais une seule est restée finalement.

-Ah ouai nan,là on va pas s'entendre.

-Vous ne voulez pas parler de votre femme ?

-EX. Mon ex femme. Et non, j'ai pas particulièrement envie de parler de cette co.... De cette femme.

-Ça pourrait nous faire avancer dans la thérapie pourtant.

-J'ai tué un mec pour éviter de mourir, en quoi parler de Sharon va m'aider ? Vous voulez pas m'enfoncer plutôt ?

-Bigby, je vous en pris.

-TRÈS BIEN ! Sharon Evans, quand on avait 20 ans, elle est devenue Sharon Callagan. Deux ans après notre rencontre. C'était tôt, et c'était con. On s'aimait à cette époque. On a eu une fille, Arizona, qui a 20 ans aujourd'hui et que je ne vois pas. Je saurais même pas vous dire où elle s'est barrée. Elle a rencontré un abruti tatoué de partout, certain qu'il deviendrait acteur un jour et a embarqué ma fille dans une voiture délabrée. Si elle a pas eu d'accident c'est un miracle.

-C'est tout ce que ça vous fait ? Ça vous est indifférent que votre fille soit partie et que...

-Mais évidemment que non ! Je m'en soucis, mais qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse ? C'est une grande, j'ai pas eu mon mot à dire. Je l'aime plus que tout cette petite, c'est l'unique amour de ma vie, et je ferais n'importe quoi pour elle, mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Que je l'appelle et que je lui dise "Rentre à la maison, papa est pas content" ? Elle s'en fou. Elle m'aime, mais elle s'en fou. J'ai plus tellement d'autorité sur cette gamine. Je sais pas ce qu'elle devient, ça doit faire un an qu'elle est partie.

-Et votre femme ?

-Ex. Elle ça fait 4 ans qu'elle est partie, mais elle, j'en ai vraiment rien à carrer. Elle me manque pas, et elle ne m'a jamais manquée. Plus le temps passait et plus elle devenait dingue, elle me pétait un câble pour n'importe quoi. Une petite cuillère laissée dans l'évier pendant plus de trois minutes et elle me faisait une scène. J'en pouvais plus, elle non plus j'ai pas de nouvelles, mais j'en porte mieux croyez moi !

-Certains de vos collègues vous décrivent comme quelqu'un de froid et de méchant même parfois, de colérique, et d'autres comme quelqu'un de tendre et de généreux, comment vous l'expliquez ?

-Parce que je suis très con quand je connais pas. Je suis pas du genre à m'ouvrir à la première personne venue. J'ai beaucoup de mal à faire confiance, ça a toujours été comme ça, rien de particulier n'a déclenché ça je veux dire. Du coup ouai je suis froid et j'envoie chier quand je connais pas. Mais j'ui pas méchant, j'ui quelqu'un de sympa, il me faut juste un peu de temps pour le prouver c'est tout.

-Et concernant ce jeune homme que vous avez tué...? Comment vous vous sentez ?

-Sérieusement.... Trois heures et demie pour en venir aux faits, vous auriez pas pu me poser la question avant ?

-Répondez à la question s'il vous plaît Monsieur Callagan.

-Bigby. Je vais bien ! Ok ? Je vais pas dire que ça me fais rien, c'était un gamin, il avait quoi, 20/21 ans ? Trafic de drogue, on était partis pour l'arrêter lui et sa bande, ils nous ont tirés dessus, j'ai mieux visé. J'aurais préféré le blesser, j'ai merdé, je sais. Mais ça va, je ne suis pas en déprime ! Je vais bien !..... Je vais toujours bien. Même quand ça va pas, je vais bien."

Inscrivant cette dernière phrase sur son bloc-note, la psychothérapeute remerciait Bigby avant de l'inviter à rejoindre son équipier. Elle s’essaya à son bureau pour finir de remplir son dossier, afin d'y inscrire "Apte à reprendre le travail" sur le rapport concernant Bigby.

Bigby refermait la porte du bureau de la psy avant de se tourner vers son collègue.

-Alors ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Tu peux reprendre le travail ?

-J'en sais rien, je m'en fou, j'ai fini de toute façon, je rentre chez moi.

-Quoi sérieusement ?  Tu veux pas qu'on aille à côté se boire un truc ? On le mérite putain !

-Va chier avec ta bière. Je rentre.

Il lui serrait la main, sortait de l'immeuble et s'allumait une cigarette profitant de cette première bouffée salvatrice. Il n'allait pas si bien que ça. Il avait toujours l'image de ce gamin tombant lourdement sur le sol. Du bruit du coup de feu. De la balle rentrée en plein dans la poitrine alors qu'il souhaitait simplement le blesser. De ces yeux grands ouverts. Il imaginait sa famille, ses parents dont il venait de briser la vie. Tout ça à cause de quelques kilos de poudre. Il fermait le yeux et soufflait la fumée, la laissant s'échapper dans l'air. Puis marchait finalement jusqu'au parking afin de prendre le volant de sa petite voiture noire pour rejoindre son appartement. Un bel appartement de célibataire. Il montait les escaliers de l'immeuble, ignorant la propriétaire lui rappelant son retard pour le loyer et s'arrêta net devant la porte d'entré à demie ouverte. Il s'empara doucement de son arme de fonction, ouvrant lentement la porte. Un bruit de verre s'échappa de la cuisine, il s'y dirigeait avec grande prudence, apercevant une silhouette qui ne lui était pas inconnue. Il baissait alors son arme lorsque la personne se tourna et lui sourit largement.

-T'as vraiment l'intention de blesser ta propre fille ?

-Ari ? Qu'est-ce que tu fais là ma grande ?

Il rangeait son arme rapidement et ponctua sa phrase d'une grande étreinte. Il en rêvait depuis des mois. Elle lui avait tellement manqué depuis un an. Une année complète sans savoir où elle était, sans savoir ce qu'elle devenait. Il reculait d'un pas, posant les mains sur ses épaules avant de l'observer attentivement.

-T'avais raison à propos de Franck, c'était pas quelqu'un pour moi ! Et je savais que tu serais encore ici !

-T'es en vie, en un seul morceau, sans tatouage, sans piercing et sans gamin sur les bras, ça c'est un miracle !

-Premièrement, tu m'a mieux élevée que ça. Et deuxièmement, pour les tatouages t'a rien à dire, t'en à sur tout le bras monsieur Callagan ! Mais non, je n'en ai pas fais !

-Tu m'a manqué ma belle. Y'a toujours une chambre pour toi, je devais la transformer en bureau, mais j'ai pas.... Pas eu le temps.

Elle lui sourit tendrement et lui servait une tasse de café.

-Je sais, j'ai déjà posé mes affaires.

Il lâchait un léger rire avant de s'asseoir sur la petite table de la cuisine. Tous les deux discutèrent pendant quelques heures. Arizona n'avait pas chaumé. Elle avait passé son temps à parcourir les Etats Unis et à enchaîner les petits boulots. Son Franck faisait tous les casting qu'il trouvait, et elle n'avait pas le courage de lui avouer qu'il jouait vraiment comme un pied et qu'il devrait se reconvertir. Elle a fini par en avoir marre de cette vie, elle l'a donc quitté et est revenue ici pour vivre quelques temps avec son père, du moins le temps de pouvoir avoir son propre appartement.

-Tu reste ici aussi longtemps que tu veux ma puce.

La petite blonde se leva et déposa un tendre baiser sur la joue de son père avant de se rendre dans sa chambre pour y ranger ses affaires. Bigby reprit une gorgée de son café avant que quelqu'un ne sonne à sa porte. Il se dirigeait donc vers la porte d'entrée et l'ouvrit très légèrement, apercevant le fameux Franck, presque les larmes aux yeux, cherchant à revoir Arizona.

-Je veux juste, je veux juste lui parler, ok ? Je veux juste parler à Ari, s'il vous plaît.

-Je sais pas ce que tu fou là mais tu va te casser très rapidement.

-M'sieur Callagan, il faut que je récupère Ari, laissez moi lui parler !

-Alors déjà ma fille n'est pas un objet à récupérer, et ensuite; Fou le camp avant que je t'en colle réellement une.

-M'sieur.... !

-Tu préfère une balle dans le genoux ? Parce que je peux le faire aussi. "Nan, c'était un accident, il se trouvait sur la trajectoire, je visais une cible derrière lui." C'est très facile à dissimuler. Surtout pour un flic.

La jolie blonde sortait de sa chambre, s'imposant entre son père et Franck.

-Laisse papa je m'en occupe....

Elle se tournait ensuite vers le jeune homme, qui lui sourit légèrement, avant de reprendre;

-Fou le camp d'ici et de ma vie !

Puis de ponctuer sa phrase en claquant la porte et en la fermant à clé.

-Faut que t'arrête de vouloir discuter comme ça, c'est tellement plus facile ça pour mettre un terme à une conversation !

Il rit légèrement. Il se reconnaissait en elle, c'était bien sa fille. Très caractérielle comme son père. Il espérait juste qu'elle serait moins dans l'excès comme lui à son âge.

-Dis moi, t'en es où côté cœur depuis l'année dernière ? Est-ce que j'ai une belle maman ? Demanda t-elle en souriant.

-Alors ça, tu peux oublier. J'ai pas le temps pour ça, et j'ai passé l'âge je crois .

-Attends tu déconne ? T'as 40 ans, me prends pas pour une conne ! "Passer l'âge", n'importe quoi. Nan franchement, t'as rencontré personne ?

-Non. Et j'en ai pas envie. Je suis très bien comme ça, ici tout seul. Et puis, qui arriverait à supporter ton vieux père ? *

-T'en a pas envie ? Même pas un tout petit peu ? Avoir une présence féminine à tes côtés, ça te tente pas ?

-C'est toi ma présence féminine. Ça me suffit, j'ai ma petite fille et ça me va !

-Tu sais très bien que je parlais pas de ça.

-J'ai pas que ça à faire Ari ! Et te mêle pas de ma vie sentimentale, fais tourner la tienne, après on verra !

Il s'installa à son ordinateur afin de rédiger les rapports qu'il devait rendre le lendemain, faisant dos à sa fille qui soupirait et levait les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle pouvait y faire ? Elle voulait voir son père heureux, mais lui n'en faisait qu'à sa tête. Il ne s'autorisait pas à être heureux, il ne s'autorisait pas à s'attacher, à aimer, parce qu'il avait souffert, quoiqu'il puisse en dire, de cette rupture avec Sharon. Elle restait la femme de sa vie, la mère de sa fille. Il s'en voulait. Parce qu'il n'avait pas réussi à sauver son mariage. Il pensait qu'il n'était pas quelqu'un de bien, que c'était de sa faute, et que, par conséquent, avoir de nouveau quelqu'un dans sa vie serait une erreur. Quelque part il en avait envie. Comme disait Arizona, cette "présence féminine" lui manquait énormément depuis 4 ans. Mais il ne voulait pas souffrir ou faire souffrir de nouveau.