(✰) message posté Dim 28 Juin 2015 - 11:24 par Invité
the silence isn't so bad
finnegan & emelie-ann
La question de la jeune femme concernant son amour pour les arts de la scène le déstabilisa un peu. Prit au dépourvu, il fallut un petit temps de réflexion au jeune homme afin de répondre le plus sérieusement possible à cette question.
« Je ne sais pas. J'ai été élevé dedans, c'est dans ma nature. Je suppose que oui, j'aime ça... Je n'imagine pas ma vie sans, en tout cas. »
A vrai dire, il n'y pensait pas vraiment. Il n'avait jamais eu l'occasion d'y penser. Il avait grandit dans ce monde si particulier qu'est le monde du show-business, y était habitué et ne s'imaginait pas vivre sans. Personne ne se demandait s'il aimait marcher ou parler, mais il était difficile de vivre sans la parole ou la faculté de marcher. Les arts de la scène constituaient une partie intégrante de la vie de Finnegan, et de celle de sa sœur. Ils ne s'étaient jamais vraiment posé de questions à propos de leur passion, et ne s'étaient jamais demandé si le fait que leurs parents les aient mis sous les projecteurs dès l'âge de six mois avait joué sur leur avenir. Sûrement. Dans ce cas, le cadet Stanford ne les remercierait jamais assez pour lui avoir fait découvrir si tôt le sens de sa vie, la raison de son existence sur terre et l'objectif qu'il se devait d'atteindre.
Le blond commanda ensuite son cappuccino, puis tenta vainement de jeter un œil à sa sœur. Mais il avait beau se hisser sur la pointe de ses orteils, il était trop loin pour la surveiller. Le blond avait pensé apporter un café à Victoria, mais il avait abandonné l'idée en la voyant travailler si calmement, pour une fois. Elle n'agaçait pas son entourage avec ses caprices, ne pestait pas en se plaignant de l'incompétence du personnel, elle restait sage comme une image et ne demandait rien à personne. Il était rare de la voir ainsi, assez pour ne pas tenter le diable en la dérangeant dans son travail. Bien que Finnegan soit peu rassuré de ne pas voir ce que faisait sa sœur, de peur qu'elle ne se rende compte de sa disparition et qu'elle ne panique, il savait qu'il n'avait rien à craindre tant qu'il n'entendait pas sa voix retentir bruyamment et ses talons claquer nerveusement le sol. Le garçon se contenta de sourire en entendant la remarque de la demoiselle sur son choix d'auteur.
« Si je peux me permettre, êtes-vous de Londres? – J'y habite depuis douze ans, mais je suis né aux États-Unis et j'ai grandit là-bas jusqu'à mon entrée au collège. »
Fit-il simplement. Il n'avait pas le courage d'énumérer tous les États d'Amérique dans lesquels il avait séjourné, ses parents ayant des résidences dispersées dans tous les États-Unis, il avait beaucoup bougé durant son enfance, sans jamais se retrouver dépaysé. C'est pourquoi il n'avait pas d'accent particulièrement défini, ayant vécut la moitié de sa vie aux quatre coins des États-Unis et l'autre moitié à Londres. Il avait également grandit en entendant chaque jour l'accent français de sa tendre mère, et l'accent de Manhattan très prononcé de son père. Les jumeaux Stanford se sentaient un peu comme les enfants de trois pays différents, trois pays aux drapeaux colorés de bleu, de blanc et de rouge, nés de la France et des États-Unis, adoptés par l'Angleterre. En choisir un particulier reviendrait à trahir les deux autres...
« Et vous ? Vous avez un accent...différent des gens de Londres. Vous êtes irlandaise ? »
Si Finnegan était capable de différencier et de reconnaître un certain nombre d'accents américains -dont les différents accents des cinq boroughs de New-York-, il avait plus de mal avec les accents britanniques. Il connaissait l'accent londonien, et l'accent irlandais qu'il avait l'habitude d'entendre, New-York abritant beaucoup de personnes d'origines irlandaises. Un vieil ami australien l'avait également familiarisé avec l'accent d'Australie. L'enfant Stanford saisit doucement son gobelet plein à ras-bords et le porta à ses lèvres afin de l'alléger un peu et d'éviter qu'il ne se renverse malencontreusement. A défaut d'être adroit d'un point de vue social, il était plutôt habile de ses mains et ne faisait que très rarement de maladresses, mais il préférait éviter de prendre des risques inutiles.
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(✰) message posté Lun 29 Juin 2015 - 1:51 par Invité
« Je ne sais pas. J'ai été élevé dedans, c'est dans ma nature. Je suppose que oui, j'aime ça... Je n'imagine pas ma vie sans, en tout cas. »
Oh je vois, fis-je en acquiesçant en regardant droit dans les yeux mon interlocuteur. Je pris par la suite une gorgée de café.
J’aurais aimé qu’un travail m’apparaisse naturel comme il le décrivait brièvement. Je ne m’imaginais pas vivre à présent sans mon travail. Certes, ça avait été difficile de trouver ma voie... Je n’avais pas toujours eu un amour pour le travail ni même l’effort pour. J’avais auparavant travaillé comme serveuse dans un restaurant pendant 2 ans. C’était peu pour certains, deux ans d’errance sans objectif précis pour l’avenir. Cependant, le temps m’était apparu vraiment long. À l’époque j’étais en sevrage, je travaillais 50 à 60 heures semaine. Le peu de temps libre que j’avais, je le passais à courir et à écrire. C’était ainsi que j’avais eu des bourses d’études. J’avais remporté des prix et publié des livres sur mon vécu. Sous un pseudonyme. Puis, j’étais rentré en Médecine parce que j’avais du talent pour apprendre les choses par cœur et aussi parce que ma mère avait toujours voulu devenir médecin elle-même. Je m’étais donc laissé tenter par ce choix. J’avais réussi alors à mettre ma vie sur pied et à vivre de manière stable. Je ne consommais plus, ne buvait plus abusivement et j’avais un appartement. Je n’avais toujours pas ou peu d’amis, mais j’avais repris peu à peu contact avec mon frère cadet après deux ans sans nouvelle.
« Si je peux me permettre, êtes-vous de Londres? – J'y habite depuis douze ans, mais je suis né aux États-Unis et j'ai grandi là-bas jusqu'à mon entrée au collège. Ohh c’est intéressant! Je ne m’en serais pas douter, vous n’avez pas d’accent.
Dis-je en étant surprise. Il avait de la classe pour être Américain. Enfin, je jugeais promptement ceux-ci. Je ne pouvais pas vraiment me fier à mon jugement. Il restait que je ne voulais pas commencer à porter des jugements à tort et négatif sur le jeune homme Stanford. Alors, je balayai de mon esprit mes mauvais préjugés sur les Américains. Ces croyances me venaient de mon employeur en psychiatrie. Il était borné et prétentieux. Enfin, dans tous les cas, cela pouvait venir tout autant de la psychiatrie qui attirait des gens prétentieux, mais aussi narcissique ayant pour origine leur traumatisme. « Et vous ? Vous avez un accent...différent des gens de Londres. Vous êtes irlandaise ? »
Me dit-il. Il était rare que les gens fassent la correspondance de mon accent avec mon pays d’origine. Celui pour lequel j’avais une grande affection et qui me manquait. Je n’y étais pas retourné, contrairement à mon frère qui y allait à tous ces congés. Je lui répondis :
Oui c’est bien vrai. J’ai été à Dublin jusqu’à mes 16 ans et puis je suis venue à Londres depuis. Cela fait maintenant plus de 10 ans que je suis ici.
10 ans déjà. Je me rendis compte alors que je venais probablement de dévoilé mon âge avancé. Enfin, plus avancé que le jeune homme. Dans tous les cas, le temps avait passé vite… Plus vite que mon enfance. Certes, je ne savais que dire d’autre. Cela faisait 10 ans que j’errais d’une relation à l’autre. Je venais de récupérer l’occasion d’avoir une vie de famille sauf que mon cadet était à l’hôpital. Il était clair que je ne pouvais pas chasser bien longtemps cette situation de mon esprit. Peut-être devrais-je prendre congé? Seulement, mes recherches me semblaient importantes, mon travail aussi. J’allais bientôt terminer mon stage et ma spécialisation. J’allais pouvoir devenir titulaire de mon département, enfin après le départ de mon superviseur qui était le chef du département. Je n’avais pas de famille à moi, pas de compagnon, pas d’enfants. Je n’avais que des collègues qui ne me connaissaient pas vraiment, des connaissances, des patients avec lesquels j’avais gardé contact et entretenu de drôles de relations. Devais-je m’en vouloir pour ce vide que je construisais autour de moi? En fait, pour ce manque de choses que j’entretenais, pour les choses que je ne construisais pas.
Je chassai ses ressentiments et ses blâmes à mon égard. Puis posai une question à mon interlocuteur.
Êtes-vous déjà aller en Irlande fis-je curieusement.
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(✰) message posté Lun 29 Juin 2015 - 9:45 par Invité
the silence isn't so bad
finnegan & emelie-ann
Le blond sourit lorsque la jeune femme lui fit remarquer qu'il n'avait pas d'accent particulier. Il n'avait jamais été rattaché à un État, voire à un pays particulier. Peut-être que, s'il était resté vivre au même endroit, et avait été scolarisé au sein d'un établissement au lieu de suivre des cours particuliers à domicile, durant ses années de primaire, il aurait eu l'habitude de côtoyer un peu plus de monde et aurait très certainement adopté leur accent. Mais il avait grandit bercé par les seuls accents de ses parents et avait prit, par défaut, l'accent américain qu'il avait ensuite perdu durant toutes ces années passées sur le sol de Londres. De plus, dans le monde du spectacle, il n'était pas rare d'être contraint de masquer son accent. Savoir parler un anglais standard, international, était quelque chose que l'on demandait souvent aux acteurs. Finnegan avait apprit très tôt à le faire, en arrivant à Londres.
« En comédie, on apprend l'anglais international et à masquer nos accents. Les acteurs n'ont jamais d'accent particulier, excepté lorsqu'on leur demande d'en imiter un. »
Elle était donc bien irlandaise. Finnegan n'en aurait pas donné sa main à couper, mais il avait souvent entendu ce même accent dans les rues de New-York, de la bouche des immigrés irlandais. Par une rapide addition, le blond conclut que la jeune femme avait vingt-six ans. Elle n'était pas énormément plus vieille que lui, et les enfant Stanford avaient souvent eu l'habitude d'être entourés d'aînés, que ce soit lors des réunions de famille, des réceptions mondaines que leur mère organisait souvent, ou bien dans le milieu scolaire. Ils n'avaient jamais réellement apprit à se soucier de l'âge des autres, et c'est peut-être pour cette raison que Finnegan avait beaucoup de mal à s'occuper d'enfants. Il n'avait jamais apprit à adapter son comportement en fonction de l'âge de son interlocuteur.
Il avala sa dernière gorgée de café, puis jeta son gobelet dans la poubelle la plus proche. D'un petit geste du menton, il proposa à Emelie-Ann de le suivre et fit quelques pas afin de retrouver sa sœur et de la garder dans son champ de vision. Lorsqu'il put enfin apercevoir la jolie blonde, il s'arrêta, rassuré de constater que la fille Stanford était toujours calmement assise à sa place et continuait leur travail avec persévérance.
« Êtes-vous déjà aller en Irlande? – Non, jamais. Je voyage beaucoup avec mes parents, et ils privilégient plutôt les pays exotiques. On y apprend plein de choses... »
Il esquissa une petite moue, un peu gêné de ne pas avoir eu le courage de faire quelques kilomètres afin de visiter l'un des pays les plus proches de l'Angleterre. Il avait beaucoup trop souvent bougé, lorsqu'il habitait aux États-Unis, rester à Londres, dans un foyer stable qui ne changera pas tous les trois mois, était loin de lui déplaire. Durant les vacances d'été, il passait un mois au country club de ses parents, avec sa sœur, comme chaque année depuis sa naissance. Puis il partait souvent en voyage, avec ses parents, visiter un autre pays, souvent en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud. Découvrir des paysages presque incroyables, dont il ne soupçonnait pas même l'existence, se familiariser avec les différentes cultures, goûter à la gastronomie locale, des plats qu'il n'avait pas l'habitude de manger, et immortaliser ces moments avec l'appareil photo de son père.
« Mais l'Irlande a l'air d'être un très beau pays. Il me semble que mon père ait déjà dû aller à Dublin pour...parler affaires, signer des contrats, des choses comme ça... »
Un peu gêné, il haussa légèrement les épaules et enfonça la main qui ne tenait pas son livre dans sa poche. Depuis tout petit, il n'avait jamais su déterminer le métier de son père. Il le voyait, quelques fois, des heures au téléphone, à négocier telle ou telle chose, parler affaires avec des hommes de la haute, assister à des réunions, serrer des mains, partir pour telle ou telle ville, afin de signer un contrat. Pour le cadet Stanford, ce n'étaient que de vulgaires papiers sans grande utilité. Il avait été élevé dans les arts de la scène, pas dans la politique et l'économie, comme avait été élevé son frère aîné. Ces papiers, ces réunions, ces appels, n'avaient de valeur que pour son père et son frère, le chef et le futur chef de la famille. Finnegan avait bien, quelques fois, assisté à des réunions, lorsqu'il était petit, collé sur les genoux de son père, à gribouiller des dessins abstraits sur la même feuille que sa sœur, mais sans jamais accorder le moindre intérêt aux hommes en costume qui débattaient autour de la table.
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(✰) message posté Mar 30 Juin 2015 - 3:19 par Invité
« En comédie, on apprend l'anglais international et à masquer nos accents. Les acteurs n'ont jamais d'accent particulier, excepté lorsqu'on leur demande d'en imiter un. »
Il avait raison. Je n’avais toutefois pensé. Cela devait être difficile de se débarrasser de son propre accent. Toutefois, il y avait des choses pires que cela. J’avais certes un attachement pour mon accent et je me voyais mal m’en débarrasser. Je comprenais mal comment on ne pouvait pas être triste à ce propos. Dans tous les cas, j’imagine qu’un simple accent n’était pas si important comparé au fait de vouloir embrasser une profession; une passion qui le nécessitait. Plusieurs personnes en bavaient et ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir du talent dans ce domaine. J’étais curieuse de voir ce jeune homme se produire publiquement. J’aimais le théâtre. Je devrais assister à une de ses pièces. Enfin, il faudrait que j’y regarde et le lui demande…
Je lui dépondis. Oui j’imagine bien. De cette façon j’avais envie de m’amuser un peu...
Peut-être pourriez-vous m’imiter l’accent Irlandais, fis-je en riant quelque peu, le sourire aux lèvres.
Je m’ennuyais d’entendre ce vieille accent. J’avais quelque copine qui venait d’Irlande, mais je n’avais plus à faire à cet accent qui me faisait chaud au cœur et que je trouvais réconfortant. J’avais toutefois un accent aussi français. Enfin, l’accent d’un anglais parlé avec un accent Irlandais principalement, mais avec un accent en arrière-plan puisque ma mère était française. Elle ne l’avait jamais perdu et elle parlait souvent français et espagnol. Ce pourquoi je parlais ces langues bien. Entre autre avec mon chien et mon cheval.
C’est ainsi que je le suivi lorsqu’il me fit signe de le suivre. Je jetai mon gobelet de café qui était à présent vide. Je regardai en direction d’où son regard se posa. Je vis la blonde au loin. Elle devait être sa sœur. C’est ainsi qu’il devait certes et surement retourner au travail. Je devais aussi y retourner de toute façon.
« Êtes-vous déjà aller en Irlande? – Non, jamais. Je voyage beaucoup avec mes parents, et ils privilégient plutôt les pays exotiques. On y apprend plein de choses... » Ummm oui je vois. Fis-je tout en continuant de le regarder.
Je n’avais, pour ma part, pas beaucoup voyager. J’avais été à plusieurs endroit en Irlande, quelques fois en écosse et en France. C’était tout.
« Mais l'Irlande a l'air d'être un très beau pays. Il me semble que mon père ait déjà dû aller à Dublin pour...parler affaires, signer des contrats, des choses comme ça... »
Il avait raison. La verdure de l’Irlande était incomparable par endroit unique à nulle part ailleurs. L’ambiance et les musées. Enfin, tant de choses. Les châteaux étaient aussi intéressants et majestueux. Ohh fis-je. Son père était dans les affaires. Le miens aussi…. Dans le pétrole. Je doutais que nos parents se connaissent. Certes, cela se pouvait. Je n’osais toutefois ne pas poser cette question. Mon père était mort à mes 6 ans par suicide. Cela faisait maintenant quoi 22 ans, déjà. Il ne me manquait pas. Il était austère, froid et violent. Il niait l’ampleur de ses actes, déniait ses responsabilités et portait le blâme sur moi et mon frère pour la maladie de ma mère. C’était un homme ridicule, sans foi aucune pour la vie ni quoique ce soit. Je me demandais pourquoi ma mère l’avait aimé ou l’aimait. Ça me semblait être une triste histoire, mais encore plus triste puisqu’elle restait un mystère. Ni moi ou mon frère savions puisqu’elle était morte à mes 5 ou 6 ans, environ. J’avais peu de souvenir d’elle. Mon frère en avait encore moins et je sais que cela le bouleversait.
Puis, j’osai demander nerveusement et en rougissant quelque peu, sans vraiment de raisons précises. vous occupez votre temps à l’étude maintenant et plus aux voyages, je présume.
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(✰) message posté Sam 25 Juil 2015 - 11:13 par Invité
the silence isn't so bad
finnegan & emelie-ann
Sentant son estomac se plaindre bruyamment, l'enfant Stanford jeta furtivement un œil à sa montre. L'aiguille indiquait presque midi, les lecteurs commençaient à émerger lentement de leurs livres et certains se dirigeaient déjà vers le petit restaurant de la bibliothèque. Finnegan ne savait pas réellement où sa sœur désirait déjeuner, aujourd'hui, mais il savait déjà qu'il la suivrait où ses petits pieds capricieux désireront aller. Où, et quand, il n'en avait aucune idée. Il n'avait jamais vraiment été maître de son destin. C'était sûrement pour cette raison qu'il était parfaitement incapable de se prendre en main tout seul. Le pauvre garçon savait à peine nouer ses lacets. Il eut un éclat de rire lorsqu'Emelie-Ann lui proposa innocemment d'imiter l'accent d'Irlande. De nature joueuse, il n'hésita pas bien longtemps, et se mit à réciter, dans un accent irlandais presque parfait.
« Ce n'est pas un accent qu'on m'a souvent demandé de faire, mais il me semble que ça ressemble à peu près à ça... »
Le cadet Stanford haussa légèrement les épaules et ses joues éternellement pouponnes se teintèrent timidement d'un rose léger. Il devait bien avouer être plutôt doué lorsqu'il s'agissait d'imiter les accents, peut-être était-ce grâce à ses facultés musicales. Depuis tout petit, il avait cette habitude d'observer et de reproduire les gestes et les sons qui l'entouraient, de la course effrénée des doigts d'une main sur les touches d'un piano aux cris des animaux qu'il s'amusait à imiter lorsqu'il avait deux ans. Que ce soit avec son corps, un instrument ou ses cordes vocales, le mimétisme n'avait pratiquement aucun secret pour lui. Il savait reproduire trait pour trait les mimiques d'une personne ainsi que sa façon de parler, après avoir un peu observé et analysé sa façon de penser et de se mouvoir. Un comédien dans toute sa splendeur.
« Vous occupez votre temps à l’étude maintenant et plus aux voyages, je présume. – Je rentre aux États-Unis durant les vacances d'été, généralement, pendant un mois. Mes parents possèdent un country club, là-bas, et j'y vais tous les ans depuis ma naissance... »
Le blond ne s'imaginait pas passer une année sans retourner un petit moment dans son pays natal, retrouver ses camarades d'enfance, généralement eux-mêmes les enfants des vieilles connaissances de ses parents, au country club où ils se réunissaient tous les ans. Il en avait passé, des heures, à barboter dans les immenses et luxuriantes piscines du campus en compagnie de ces enfants, devenus adultes ou, pour les plus jeunes d'entre eux, quittant petit à petit l'adolescence, qu'il connaissait depuis toujours et avec qui il avait grandi. Certains l'avaient vu naître, il en avait vu naître d'autres. Ils étaient des enfants de l'élite, de la haute voire de la noblesse, pour certains, élevés au caviar dans leurs biberons. Quelques-uns se vantaient même d'être de sang royal... C'était bien le cadet des soucis de Finnegan. Au-delà des princes, des fils de politiciens et des filles de célébrités, ils étaient avant tout des amis de toujours.
Pour cette raison, il était bon de rentrer chez soi, de quitter un instant son pays d'adoption afin de retrouver ses racines. Et, durant les lourdes soirées d'été, il amusait ses amis avec des anecdotes londoniennes, vantait l'élégance européenne et partageait ses souvenirs. Il arrivait encore aux jumeaux Stanford de prendre l'avion vers une destination autre que l'Amérique, mais leurs voyages se faisaient effectivement plus rare que quelques années auparavant, et se limitaient souvent à des villes d'Europe. Ils avaient, par exemple, visité Venise, très récemment. Le fils Stanford n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche afin de rajouter quelque chose, qu'une bourrasque de rose bonbon et d'un délicieux parfum fleuri venait de le frapper de plein fouet, et que les petites mains vernies de sa sœur s'accrochèrent à son bras.
« Te voilà ! Je t'ai cherché partout, tu aurais pu me prévenir que tu t'éloignais ! J'ai bien avancé, mais j'ai un petit creux. On va manger chez Sonia, il y aura les filles, je te montrerai ce que j'ai fait là-bas, d'accord ? Oh, et je sais pas ce que t'as prévu, ce soir, mais annule-le : on va à l'opéra. Aller, dépêche-toi ! »
Sans accorder le moindre regard à Emelie-Ann, et sans même se rendre compte que son frère était en train de discuter, la pétillante petite blonde des Stanford se mit à tirer son cadet par le bras, d'un air à la fois possessif et capricieux. Le blond eut à peine le temps de saluer son interlocutrice d'un petit mouvement de main afin de lui dire adieu, que son aînée de quinze minutes l'entraînait déjà vers la sortie de la bibliothèque.