(✰) message posté Ven 24 Juil 2015 - 12:37 par Invité
. ONE OF THE HARDEST DECISIONS YOU’LL EVER FACE IN LIFE IS CHOOSING WHETHER TO WALK AWAY OR TRY HARDER . Elle était là, elle les écoutait, tous. Et elle ne se sentait pas à sa place. Ça avait beau être un sentiment général rythmant sa vie depuis bien longtemps, Sam le ressentait d'autant plus lorsqu'elle se trouvait au milieu de toutes ces personnes, au milieu de toutes ces vies désespérées. Bien sûr, elles ne l'étaient pas toutes. Certains venaient encore après de longues années de sobriété, préférant se montrer pour motiver les petits nouveaux, ou peut-être parce qu'eux aussi avaient peur. Peut-être qu'eux aussi avaient peur de retomber. Peut-être qu'eux aussi avaient peur d'être faibles. Mais ils se contentaient de montrer leur sourire, leur bien-être, eux qui étaient désintoxiqués depuis bien longtemps. Elle ne les appréciait pas. Elle n'en appréciait aucun, à vrai dire. Elle ne se sentait pas à sa place, elle ne se sentait pas comme eux. L'alcool n'avait pas ruiné sa vie, elle l'était déjà. L'alcool n'avait pas été son fléau, alors que le chaos régnait déjà. L'alcool avait été son remède, un temps. Seulement un temps. Rien ne durait, et surtout pas les effets du vin rouge après une longue journée de travail. Elle se sentait bien, un instant, un court instant où rien ne lui revenait. Et puis elle se souvenait. Elle voyait le visage fatigué de sa soeur, elle le voyait se crisper un peu plus, grimaçant face à un tel spectacle. Elle lui avait offert une image déplorable, sans pour autant vouloir arrêter. Car, ces derniers temps, l'alcool avait été le seul moyen qu'elle avait trouvé pour oublier, pour être bien, une fois, même une minute. Et elle s'était accrochée à cette minute. Et la minute était devenue une heure, puis une journée. Et finalement, l'alcool n'avait plus suffit. Il ne devait pas suffire. C'était les mots de son oncle, alors qu'il lui retirait sa plaque et son arme. Elle lui en avait voulu un moment, avant de voir la main qu'il lui tendait. Une main qu'elle avait décidé de saisir, sans être totalement honnête. Elle voulait leur montrer qu'elle essayait, qu'elle faisait des efforts, mais la vérité était telle qu'elle ne se trouvait aucun problème à résoudre. Elle persistait à croire que l'alcool n'était pas le soucis ici, et que le seul moyen de s'en sortir était pour elle que les choses s'arrangent d'elle même. Il fallait que Lexie survive. Il fallait que son coeur rebatte. Il fallait que son passé cesse de la rattraper à chaque instant qu'elle passait à regarder en arrière. Il lui fallait toutes ces choses. Et en attendant, elle pouvait s'autoriser un verre de vin rouge après le travail. Puis un deuxième, puis la bouteille. Et finalement, elle ne se trouvait aucun problème. Elle ne trouvait pourtant aux autres. Elle les regardait, tous, ses yeux bleus parcourant la salle. Cette jeune femme ici, qui ne pouvait se pardonner les innombrables verres qu'elle avait avalé durant sa grossesse. Cet homme qui s'était perdu dans la boisson suite au départ de sa femme. Ce grand brun qui ne parvenait pas à faire le deuil de sa femme. Ils avaient tous leurs problèmes, et elle ne s'en trouvait aucun. Elle ne parvenait pas à relier la boisson aux soucis de sa vie, car elle avait longtemps vécu avec sans jamais toucher à une goutte d'alcool. L'alcool était nouveau, récent, une nouvelle médecine dont elle ne voyait pas les effets néfastes. Mais elle voulait faire plaisir. Elle voulait leur faire plaisir, elle ne pouvait pas décevoir sa famille. Alors elle venait, les regardait, et ignorait son problème invisible. Elle les jugeait, aussi, malgré elle. Et puis elle passait son tour. « Samantha, tu souhaites t’exprimer ? » Elle croisait le regard emprunt de bonté et de générosité du vieil homme, sobre depuis trente-trois ans. D’autres se posaient sur elle, dans son dos, alors qu’elle n’avait jamais ouvert la bouche depuis qu’elle suivait cette réunion. Elle n’avait pas ouvert la bouche en six mois. « Je passe mon tour pour cette fois. » Elle sourit, et il passe à quelqu’un d’autre. Elle passait toujours son tour, et il ne s’attardait pas. Il avait des gens réellement dans le besoin à voir. Et finalement, elle voulait complètement passer son tour. Rassemblant ses affaires, elle se lève et se glisse à travers les rangées, parvenant à la sortie sans faire trop de bruit. Elle pouvait sentir le regard brûlant du vieil homme dans son dos, lui qui espérait sûrement trop de sa part. Ce n’était pas sa faute, il ne savait pas. Il ne savait pas que la fuite était sa meilleure arme. Elle avait pris place sur un des vieux tabourets bancals du pub en face de la salle des fêtes, un verre de vin rouge posé sous ses yeux, n’attendant plus qu’elle craque. Elle craquerait. Elle craquait toujours. Elle craquait malgré le visage de Lexie qui défilait, malgré les bras protecteurs de Theodore, malgré le regard rassurant de son oncle. Elle craquait malgré eux. Elle n’était pas assez forte. Et elle n’avait pas de problème. Elle restait là, immobile, attendant le feu vert. Elle attendait que la bataille entre sa conscience et son coeur se termine, pour qu’elle puisse faire ce qu’elle faisait le mieux. Décevoir. Elle attendait, immobile, assise devant son verre de vin rouge.
Olivia Andrews
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(✰) message posté Ven 24 Juil 2015 - 18:16 par Olivia Andrews
I spend all my time trying to keep thoughts away and ignore them….But here you are, trying to remember your own life, writing your thoughts down so that you don’t forget. I suddenly realized what it would be like not to know, not to remember. ✻✻✻ « Bonjour, je m’appelle Peter et je suis alcoolique. » Et comme à chaque fois, il a droit au « Bonjour Peteeer. » prononcé par l’assemblée. Il n’a jamais vraiment compris quel était l’intérêt de toujours répéter cette phrase. S’il a compris à quoi servaient les réunions – ce qu’il ne faisait pas auparavant – il n’a jamais compris cette phrase. Il n’en a jamais parlé pourtant, estimant que ça ne changerait rien. C’est une espèce d’institution. « Aujourd’hui, ça fait quatre-cent cinquante-trois jours que je n’ai pas bu d’alcool. C’est toujours difficile. Un peu moins je crois, encore que je n’en sois pas si sûr. Mais ça vaut le coup. La vie que j’ai maintenant, elle vaut tous les efforts. Merci à vous pour votre soutien. » Aujourd’hui, il est assez rapide. Parfois, il lui arrive de raconter toute l’histoire. Surtout les jours où il aurait vraiment envie de boire. Ils se font de moins en moins fréquents mais il sait que la bataille n’est pas gagnée pour autant. Qu’à chaque fois, c’est toujours extrêmement difficile de résister à l’appel du verre de whisky. Il retourne s’assoir au milieu d’un rang vide. Sans trop savoir pourquoi, il a toujours trouvé ça bizarre de rencontrer quelqu’un ici. Il a toujours considéré ces réunions comme un aparté. Un coin de sa vie qui n’impacte pas tout le reste. Alors il ne parle que rarement avec les autres personnes. Pourtant, il se souvient de l’histoire de chacun. Il se souvient parce qu’il écoute les histoires. Ces histoires de personnes qui souffrent comme lui. Il y a Joe, celui qui a perdu la garde de ses enfants à cause de l’alcool et qui essaye de renouer avec eux, dix ans plus tard. Il y a Jenny, qui a commencé à boire à cause de la pression dont elle était victime au travail et qui a fini par démissionner pour devenir masseuse. Il y a Kyle, qui a commencé bien trop jeune, pour échapper à la réalité de sa famille compliquée et qui, aujourd’hui, ne sait plus qui il est sans sa bouteille quotidienne. Il y a Susan, qui a rechuté récemment, alors qu’elle avait promis à son mari qu’elle arrêtait et qui essaye de le convaincre de rester. Il y a certaines personnes qui ne parlent pas. Qui se contentent d’écouter. Comme cette brune toujours assise au fond, qui refuse toujours de se confier. Le seul point commun entre toutes ces personnes, c’est qu’elles ont toutes envie de changer. De prendre leur vie en main. De reprendre le contrôle qu’elles n’auraient jamais dû perdre. Et, même si ça peut paraître simple vu de l’extérieur, il n’y a rien de plus compliqué. Chacun avait sa raison. Une bonne ou une mauvaise, peu importe. Dans ce genre de situations, il n’y a pas de mauvaise raison. Juste une mauvaise décision qui a fini par les amener ici. Ils font finalement pris la décision qu’ils avaient besoin d’aide. Ils l’ont accepté. Et, même si les personnes partent et d’autres arrivent, c’est une sorte de famille qui se crée entre ces quatre murs. Une famille hors du temps. Hors de la vie réelle. Et pourtant tellement nécessaire. Lorsque la réunion prend fin, Peter sort sans prendre le temps de discuter, comme beaucoup le font. Les mains dans les poches, il observe le ciel devenu menaçant. Le temps va sûrement tourner à l’orage ce soir, après plusieurs journées de chaleur. Lorsqu’il redescend la tête, son regard s’arrête sur une silhouette dans le bar de l’autre côté de la rue. Quelle idée d’avoir installé un bar juste en face d’une salle des fêtes qui sert d’accueil à de nombreuses réunions d’alcooliques anonymes. Sans doute le bar était-il là avant. Et peut-être que finalement, c’est bénéfique. Parce que deux fois par semaine, Peter passe devant ce bar et il ne s’y arrête jamais. Il ne regarde même pas la carte. Il passe simplement son chemin. Mais pas aujourd’hui, parce qu’il remarque cette silhouette qui ne lui est pas inconnue. Il s’approche de la devanture et reconnait cette petite brune dont il ne connait que le prénom. Samantha. Samantha qui sort tout juste d’une réunion et qui, pourtant, a un verre posé juste devant elle. Curieux, il finit par entrer à son tour dans le bar. L’odeur caractéristique de ce genre d’endroit lui ramène un tas de souvenirs. Pas des bons souvenirs. Il avance dans le bar, jusqu’à s’installer au comptoir, à côté de cette femme dont il ne sait rien. Il reste silencieux quelques instants, fixant les bouteilles derrière le bar. Il a cette impression étrange. Cette impression de n’avoir rien à faire là. Sans doute est-ce un bon signe. Que, même avec les bouteilles devant les yeux, il ait l’impression de ne pas être à sa place. Du coin de l’œil, il remarque qu’elle ne touche pas à son verre. Comme si elle hésitait. Comme si elle testait ses limites. « Vous comptez le boire ? » Finit-il par demander, d’une voix qui n’implique ni reproches, ni jugement. Il la regarde finalement. Elle semble perdue. Comme si, elle non plus, elle ne sait pas où est sa place. « Je peux ? » Et sans attendre de réponse, il prend le verre entre ses doigts et l’approche de son visage. L’odeur du liquide rougeâtre parvient à ses narines. « Il ne sent même pas bon. » Et il repose le verre rapidement. Parce que, même si le vin rouge n’a jamais été ce qu’il préférait, il a toujours peur de rechuter, aussi facilement que ça. Ça serait stupide, il le sait. Mais il sait que ça serait possible. Et il en est terrifié. « Ça n’en vaut pas la peine, croyez-moi. » Quelle que soit son histoire, ça n’en vaut pas la peine. Ce vin ou un autre, rien ne rendra les choses plus faciles.