take flight - egan -

Finalement, le London Dungeon n’avait pas été si insurmontable que ça. Il fallait dire que ce que lui avait dit Egan l’avait toute émoustillée à tel point qu’elle en avait oublié là où elle était. Elle n’avait plus fait attention à ce qui se passait autour d’elle, à tel point qu’elle ne s’était même pas aperçu que l’ombre de la main de Jack l’Eventreur s’était pointé droit sur elle. Elle avait été dans un autre monde, à réfléchir au pourquoi du comment. C’était un peu idiot mais en même temps, c’était pas tous les jours que Primrose s’annonçait être la petite amie de quelqu’un alors qu’elle ne l’était pas. Etait-elle si fusionnelle avec lui pour que sa propre fille la considère comme une sorte de belle mère ?
Belle-mère. En voilà un drôle de mot ! Primrose n’était pas du tout encore apte à être une maman, elle avait encore plein de chose à vivre pour y songer. Mais quand même ! Dans tous les cas, c’était très mignon de la part de la fillette et cela la touchait beaucoup. Si cette dernière l’aimait bien, elle en était plus que ravie.

« Oh tu sais, ma mère serait aux anges si j’avais une petite amie alors elle l’a plutôt bien pris et a eu me l’air de dire qu’il était temps que j’en ai une. » avait répondu Egan quand elle lui avait demandé ce que sa mère en pensait. Elle en fit un sourire, légèrement amusé, mais peut-être un peu embarrassé pour lui.
« Cela fait combien de temps que… tu n’as eu personne dans ta vie ? » s’interrogea-t-elle, un peu surprise par la déclaration qu’il lui avait faite au sujet de sa mère.
Primrose avait fait des éloges sur la petite d’Egan, et elle avait été sincère. Cette petite puce était adorable, et très mignonne. Egan l’avait bien éduquée, cela ne faisait aucun doute là-dessus. Il avait dû être un papa poule ou quelque chose comme cela. En tout cas, elle avait pu constater que la fille et le père était très proche tous les deux.

« Merci pour elle. Je pense qu’elle t’aime beaucoup. Les enfants s’attachent vite. Elle n’a jamais eu la chance d’avoir un modèle féminin, enfin il y a ma mère évidement, mais je pense qu’elle aimerait beaucoup aussi avoir une autre personne à la maison. Ce n’est pas évident pour elle de comprendre. » dit Egan. Primrose hocha la tête d’approbation, montrant qu’elle comprenait là où il voulait en venir.Enfin, pas tout à fait vu qu’elle n’a jamais été dans ce genre de situation, mais en faisant un effort de se mettre à la place de sa fille, elle voyait un peu le contexte des choses.
« Au moins, elle a eu un bon modèle paternel ! Tout le monde n’a pas… cette chance. »
Primrose parlait pour elle en disant cela. Elle avait beau avoir eu ses parents avec elle tout au long de sa vie, si elle n’en avait eu qu’un qui lui avait fourni une enfance heureuse et surtout normale, cela lui aurait suffit. Comme quoi, ce n’était pas la quantité qui importait mais la qualité, et c’en était de même pour ce qui touchait la famille.

« Alors cette petite balade t’a plu ? » demanda ensuite Egan, ce qui fit retrouver le sourire de la jeune femme. Elle reprit son enthousiasme et leva les bras, l’air victorieux.
« Ouaiiis, j’ai même pas eu peur en plus ! Enfin si, un peu au début quand même ! Mais je suis une battante, n’est ce pas ? »

Elle le regarda, tout sourire. Elle avait été contente de partager cet instant avec lui. Il parvenait à la rassurer et à la rendre heureuse. Ca n’était pas le cas de tout le monde ici.

« Et si on allait manger un bout, dis moi ? C’est moi qui offre et je ne veux pas te protestation ! »

Primrose le regarda dès lors avec des yeux de chat implorant.

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L’attraction étant fini nous nous dirigeons vers la sortie et vers les rues de Londres, pleins de touristes comme à leur habitude. Peut-être que je n’aurais pas dû avouer à Primrose que je n’avais pas eu de petite amie depuis longtemps. Je me suis passé une main derrière la tête un peu gêné. En réalité je n’ai pas vraiment eu d’histoire sérieuse depuis treize ans … Je ne sais pas comment lui dire. Peut-être qu’elle va me prendre pour un ringard ou un vieux garçon qui ne sait plus comment faire avec les filles depuis qu’il a eu un enfant. Je n’ai eu que des histoires d’un soir ou d’une semaine … je n’ai jamais plus su avoir une longue histoire. Peut-être que j’ai trop peur de me faire jeter à nouveau.

« Euh … treize ans. »

C’est l’âge de ma fille. Je soupire et lève les yeux vers elle. Je n’ai pas envie qu’elle pense que j’aime toujours mon ex-fiancée. J’y pense cela dit toujours un peu. Un peu beaucoup peut-être …
« Je n’ai pas retrouvé la bonne personne. Je ne demande pas grand-chose, juste qu’on m’accepte comme je suis, avec ma fille et … mes tocs et c’est bien plus difficile que je le croyais. »
Je crois que je viens de mettre les pieds dans le plat et que je ruine toutes mes chances avec Primrose, mais je suis de nature honnête et je ne peux pas lui mentir sur ça. J’ai eu beaucoup de mal à accepter la séparation et cela à engendrer des troubles obsessionnels compulsifs qui sont là depuis treize ans. J’ai besoin d’être rassuré.

« Tu es sûre que tu veux toujours dîner avec moi ? »

J’ai tellement peur d’être rejeté qu’il faut que je sache si elle m’accepte comme ça, si elle ne me trouve pas trop bizarre, bien que pour le moment je n’ai pas eu beaucoup de tocs à ses côtés, enfin peut-être qu’elle a remarqué que je vérifiais après tout cinq fois quand elle était à dormi à la maison, et peut-être qu’elle prendra mieux maintenant.

Je souris lorsqu’elle me dit que ma fille à une bonne figure paternelle. Je l’espère vraiment et j’espère qu’elle ne me fera pas de crise d’adolescence comme la plupart des enfants. J’aime voir Primrose sourire lorsqu’elle me répond qu’elle aimé cette balade. Je lui souris à son tour à sa remarque et lui réponds :

« Oh que oui, tu es une super battante, une super woman. »

Je ris et lui donne un petit coup d’épaule amical. Elle a beaucoup de courage de supporter tout ce qu’elle a vécu. Je parle évidement de sa tentative de suicide, mais aussi tout ce qu’elle a vécu avec ses parents. Je ne sais pas si j’aurais été aussi courageux, enfin peut-être après tout j’en ai eu aussi. J’allais protester lorsqu’elle m’a dit qu’elle m’offrait le déjeuner et puis j’ai souris :

«D’accord, mais la prochaine fois ça sera moi. »

Au moins ça nous obligera à nous revoir.