Azylis † wave after wave

Les hommes, ces êtres complexes, apparemment si supérieurement intelligents -autrement, pourquoi se croiraient-ils tout permis ? Je n'ai jamais eu de chance avec eux. Il faut dire qu'en naissant et grandissant sans père...

Prim-Azylis Diane Moore est née dans une période de deuil, en effet son père venait de mourir à la guerre. Vous imaginez donc bien l'état de sa mère. Elle était au plus mal, s'occuper seule de sa petite fille lui semblait une tâche insurmontable. Autant dire que ce n'était chose aisée pour personne. Leur vie se résumait à beaucoup beaucoup de larmes... Durant les trois premières années de sa vie, Prim ne connut que cela. Jusqu'à ce que sa mère ne rencontre un homme dont elle tomba éperdument amoureuse. Un homme qui, peu après leur mariage, se lassa déjà de cette vie familiale routinière. À à peine quatre ans, elle était victime de violence. Son beau-père travaillait, puis se saoulait au café du coin avant de rentrer et de se mettre les pieds sous la table. Il ordonnait qu'on lui apporte une bière, rabaissait sa femme en lui répétant chaque jour que sa cuisine était immangeable et finissait, les "bons" jours, par s'endormir devant un match. Quant aux mauvais jours... La jeune femme en garde des cicatrices et, pire que tout, de très clairs souvenirs. Des images qui jamais ne la quitteront. Mais elle a appris à vivre avec, à ne plus en avoir peur ou honte. Cela fait partie d'elle, c'est ce qui a forgé la personne qu'elle est aujourd'hui et dont elle est plutôt fière. Lorsqu'elle a eut sept ans, après trois ans de calvaire, de souffrance passée sous silence, sa mère a pris la bonne décision. Elle est venue chercher Prim plus tôt à l'école et, en montant dans la voiture, l'enfant a aperçu leurs valises sur les sièges arrières et dans le coffre. Elles partaient. Enfin. C'était une libération, un soulagement énorme, bien qu'elles ne sachent pas encore vraiment ce qu’elles allaient faire.

Installées chez la tante de Prim-Azylis depuis quelques mois, elles trouvèrent un appartement à prix abordable l'année où Prim sautait pour la première fois une classe en raison d'une intelligence et d'une capacité d’apprentissage supérieures à la moyenne. Elle en passa encore deux, à neuf et onze ans, alors que son Q.I. était presque affolant de supériorité. A seize ans, la jeune femme prit un job d'étudiant afin d'arrondir les fins de mois. A ce rythme là, les deux femmes gagnèrent plutôt bien leur vie et passèrent dans un appartement plus grand et plus luxueux.

A l'université avec trois ans d'avance, elle se concentra sur ses études de médecine, se fichant pas mal qu'on la charrie sur son âge et qu'on lui dise qu'elle n'avait rien à faire là. Elle se sentait parfaitement à sa place et s'imposa rapidement de par sa détermination sans failles, sa concentration et son intelligence. Elle voulait et devait réussir, c'en était même vital. Après des années de quasi-antipathie, trop occupée à tenter de percer dans le métier, elle put enfin relâcher la pression: elle venait d'obtenir son diplôme. Pour fêter cela, pas une goutte d'alcool: elle n'y a jamais touché, trop marquée par ce en quoi la bouteille avait transformé son beau père. Mais une danse de la joie, des cris de bonheur et une longue, très longue étreinte avec sa mère, toutes deux émues aux larmes.

Récemment sortie de l'université, Prim n'eut pourtant aucun mal à trouver du travail dans Londres. L'un de ses professeurs s'était attaché à elle et n'avait cessé d'être épaté par ses capacités. Il lui avait donc écrit une lettre de recommandation et, peu de temps après, elle était engagée. Elle lui doit beaucoup, il est comme un nouveau père pour elle. Médecin et en spécialisation de neuro-chirurgie, elle se consacre pleinement à son métier.