Raleigh + The sound of music

The sound of music.

« Monsieur Abbot, je me doute que votre ami a des choses plus intéressantes à vous raconter que moi. » Se tenant juste à côté de l’élève qui cachait tant bien que mal son téléphone, Margaret lui affichait un grand sourire, amusée. Elle lui tendit sa main, lui assurant qu’elle le lui rendrait à la fin du cours. L’adolescent eut l’air gêné, ce n’était jamais très reluisant de se faire choper par un prof et de voir son portable emmené. Et puis faut avouer que Margaret en retirait une certaine satisfaction amusante. Jouer au tyran miniature était toujours plaisant. Bien que la plupart des élèves s’accordaient à dire qu’elle était loin d’être la professeur la plus embêtante du lycée, la jeune femme tenait tout de même à faire régner l’ordre. Sa jeunesse était son plus gros point faible, il fallait donc compenser avec autre chose. Elle posa alors le téléphone sur son bureau, ce qui tout de suite donna un peu à réfléchir à ses camarades, et elle reprit sa leçon tranquillement. De toute façon, jamais rien de bien grave ne se passait durant ses cours. Le reste de l’heure se passa sans encombre et assise contre son bureau, Margaret afficha un sourire devant la mine toujours aussi peu renfrognée de son élève. « Que ça ne se reproduise plus. » lui dit elle tout en lui rendant son téléphone. Il s’en sortait juste comme ça mais il savait que la prochaine fois, elle devrait le sanctionner réellement. Margaret n’aimait pas en arriver là mais c’était les aléas de son métier. La jeune professeur s’éloigna de son bureau et prépara son prochain cours quand elle entendit son téléphone sonnait. Un message. Elle attrapa alors son téléphone et ne put s’empêcher de sourire en le lisant. Ah ce Raleigh. « Pas de SMS en cours Miss Wagner » Margaret releva la tête et sourit l’élève qui lui avait lancé cette remarque. C’était un élève qu’elle appréciait beaucoup et elle lui fit valoir que l’heure du cours n’avait pas encore sonné et que si eux se dépêchaient d’envoyer leur message, pourquoi elle n’en ferait pas autant ? Elle sourit en lui répondant sur le même ton. Un petit jeu s’était installé entre eux sans qu’il n’y ait jamais rien derrière. De toute façon, Ral était très compliqué donc elle préférait que ça reste de la plaisanterie, cela lui allait très bien. Mais sous cet amusement, il y avait un vrai message.

Raleigh voulait apprendre la musique et il avait demandé à Margaret de lui apprendre. Elle était plutôt flattée qu’il lui demande et elle avait accepté avec plaisir de lui transmettre sa passion. Elle passerait chez lui ce soir. Mais avant cela, elle dût poursuivre ses cours. Le reste de l’après midi fila à toute vitesse. Quand la sonnerie retentit, elle fut aussi soulagée que ses élèves de savoir que sa journée était terminée. Elle rassembla ses affaires et ferma la salle. Elle sortit alors de l’établissement, profitant de la douce brise du printemps, sa saison préférée. Une saison de renouveau, on oublie le froid de l’hiver pour se préparer aux chaleurs de l’été. C’était le moment idéal aux yeux de Margaret pour marcher. Elle avait le permis mais pas de voiture et elle trouvait que la capitale offrait assez de possibilités entre les bus et le métro pour ne pas devoir s’embêter avec une voiture. Autant profiter de St James Park et de son magnifique lac.  Elle se disait qu’elle pourrait profiter des prochains beaux jours pour venir jouer un peu devant cette étendue bleutée, avec pour seuls auditeurs les pélicans. Mais elle n’avait pas le temps pour cela maintenant. Elle traversa le parc et elle rentra alors chez elle. Enfin chez elle… Elle avait beau payé un loyer on ne pouvait pas vraiment dire que c’était chez elle. Margaret louait une chambre dans une immense maison qui avait tendance à être très vide. Autant dire que Margaret n’avait jamais réussi à trouver sa place et elle ne la trouverait surement jamais. Enfin, pas le temps non plus de penser à cela. La jeune femme se rendit dans sa chambre et alla chercher son violon. Elle déposa ses affaires et redescendit. Le temps de prend un petit thé noir et elle était repartie. Pendant que l’eau bouillait, elle renvoya un message à Raleigh, toujours avec le même humour, pour lui dire qu’elle arrivait. Elle but son thé dans cinq minutes, aimant son goût fort et cette sensation de chaleur dans la gorge. Elle attrapa sa veste et elle repartit dans les rues de Londres, son violon à la main. Elle monta dans le premier bus qui l’amena vers l’est. La musique à fond, Die Walküre. La tête posée contre le vitre, Margaret se laissa emporter par la musique qui a elle seule racontait toute l’histoire. La cantatrice n’apportait rien à ce chef d’œuvre nordique. Mais alors qu’elle s’évadait au fil des partitions, Margaret arriva non loin de chez Raleigh. Elle connaissait le chemin pour se rendre à son domicile par cœur. Non pas qu’elle avait l’habitude de venir squatter chez lui, c’était plutôt sa colocataire qu’il fallait déloger parfois ou avoir des signes de vie de sa part.  Elle frappa alors à sa porte et attendit qu’il lui ouvre. Elle afficha un sourire amusé, toujours heureuse de le voir et lui lança avec un enthousiasme certain « Bonsoir mon amour »