☼ Amana Barrymore ☼

Le plus vieux souvenir dont je me rappelle, c'était lorsque mon père se mettait à faire de la guitare dans notre petit jardin. Parfois il se mettait à chanter quelques morceaux des Gispsy Kings, en compagnie de mes frères et de ma mère qui se mettait à danser le flamenco, le sourire aux lèvres. Moi, j'essayais de suivre ses pas, avec bien de peine, mais nous avons beaucoup ri. C'était le primordial, notre petit bonheur, notre cocon familial.

Un ans plus tard, mon grand frère, Tony, partis au Japon en vue des études qu'il allait faire. Tony, même si je ne le connaissais qu'à peine, était pour moi le préféré de mes grands frères. Il avait cet allure que seul les hommes d'affaires réfléchis peuvent avoir. Une classe inné et un bon parlé, il allait faire fureur au Japon.

Ce fut mon père qui m'apprît pour la toute première fois à chanter, par la suite, j'étais capable de chanter des chansons entières sans y faire une seule faute aussi bien dans la voix que dans les paroles. Du moins, dans celle que je connaissais. Puis il y a eu mon entrée au collège et quelques temps après, à l'anniversaire de mes quinze ans, Jared, mon frère de dix- huit ans y avait invité un ami à lui. Il s'appelait Stephen, grand, brun, avec des yeux bleus et un visage qui en ferait rougir plus d'une. Rien que dans sa façon d'être, de ses paroles, ses gestes, tout en lui transpirait la sensualité.

Je le voyais de temps à autre me jeter des regards, c'est ainsi que j'ai passé toute la soirée rouge comme une pivoine. Le meilleur ami de mon frère sentait le sexe à des kilomètres à la ronde et j'aimais ça. En fin de soirée, nous, nous sommes parlés sur un banc dans le jardin. Je buvais ses paroles comme un arôme aphrodisiaque. J'étais complètement fascinée par lui. Alors, il me donna son numéro, puis, nous, nous vîmes encore plus par la suite.

Ce fut le premier homme dont j'étais tombée amoureuse et le premier avec qui j'ai eu la chance d'expérimenter des choses... Moins catholique. Mais Stephen était réputé pour être aussi l'un des guitaristes les plus talentueux de sa génération. Il s'était fait son propre nom et bientôt la célébrité lui tomba dessus. Il dut s'en aller et me quitta pour devenir la star du rock qu'il avait toujours rêvé d'être. Stephen était un être mystérieux avec bien des secrets et une part ombrageuse. C'est ce que j'avais toujours aimé chez lui. Magnifique et mystérieux comme un félin.

La séparation a été très douloureuse. J'ai pleuré, durant de nombreux jours, tandis que mon père et ma mère rentrait dans une guerre froide interminable. Finalement, à mes dix-sept ans ils ont divorcé, nous sommes passés devant un juge où j'ai fait la demande de rester avec ma mère. Nous sommes revenus sur les terres dont ma mère était originaire, l'Angleterre, Londres. Quelques temps plus tard, on lui a diagnostiqué un cancer, j'ai arrêté mes études pour prendre soin d'elle et j'ai commencé directement à travailler dans quelques petits magasins. Mais à mes vingts ans, son sort fut inévitable, elle est décédée de ce foutu cancer.

J'ai donc décidé de prendre son nom, Barrymore. Ma mère, ma jolie petite mère avec ses grands yeux bleus et ses longs cheveux noirs. Elle était morte, mais je pouvais toujours la sentir à mes côtés, l'entendre me réconforter, me dire des mots doux dont seule une mère à le pouvoir. J'ai pleuré à l'enterrement, ou mes frères sont venus ainsi que mon père. Mon père à beaucoup de regretter lui aussi, me disant qu'elle était une femme formidable.

J'ai cédée au désespoir une fois que ma famille fut partie. Le cocon ne s'était pas seulement brisé, aujourd'hui, il était complètement détruit. Mais grâce à ce rêve dont j'ai tant parlé à ma mère, aujourd'hui je reste la tête haute et met tout en oeuvre pour devenir tout ce dont j'ai rêvé plus jeune. Devenir une chanteuse professionnelle.