Je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n'abandonne jamais. (aliena)

Un foyer heureux. « Tu vis dans une famille très heureuse, ma petite Aliéna. Ton papa et ta maman t'aiment beaucoup. » Oui, moi aussi j'adore papa et maman. Les autres enfants semblent avoir des problèmes, mais moi, non. Ma mère et mon père ne sont pas comme leurs parents. Je suis toujours heureuse. On est toujours souriants, et je suis heureuse. Tout était si parfait comme dans une grande comédie théâtrale. « Pourquoi ? Pourquoi vous êtes toujours si joyeux ? Etes-vous vraiment heureux ? N'êtes vous jamais tristes ? » Ce fus la première fois et la dernière fois que je prononçai ces mots. « Et tu penses que c'est pour qui qu'on fait tout cela ?! Pour qui on fait autant d'éfforts tous les jours ? Ne te moque pas de nous !! » Et puis cette grotesque mascarade s'est terminée.  « Maman, Papa, excusez-moi. Excusez-moi ... » Vous ne m'aimez pas, et pourtant. J'étais un poids pour eux, mais ils me supportaient. Ils me supportaient depuis toujours, et finalement, les masques tombent et jamais on ne reviendra en arrière. Ils m'ont dit qu'ils ne voulaient plus de moi. J'ai peur. J'ai terriblement peur, et je ne peux plus me contrôler. Sont-ils de bonne humeur ? Et si ce n'est pas le cas, il faudra juste que j'attende que ça passe comme un objet qui ne sert à rien. Comme une pierre, jusqu'au jour où ils me pardonneront. Me pardonnerez-vous un jour ? J'aimerais tant que tout redevienne comme avant. 

À cette époque j'avais dix-huit ans, et je commençais mon année de terminale. J'étais une jeune fille difficile et marginale. Une yankee. Mon père ne me prêtait aucune attention, et ma mère ne se préoccupait que de l'humeur de mon père et de l'opinion des autres. Jamais mes parents n’avaient pris le temps de m'emmener quelque part et nous n'avions jamais pris un repas à trois. Les professeurs étaient exaspérés de mon comportement, et dans le plus clair du temps, ne m'accorder pas un regard. Un jour, après avoir été envoyé au bureau du directeur pour mon comportement déplacé en cours, William Hollow, un professeur de mathématiques, entra dans la pièce où je me trouvais actuellement, seule. Au début, je fus extrêmement distante, et ne répondis à aucune de ses questions, jusqu'au moment où je lui avais crachée, en pleurant, ma haine du monde, de mes parents. « Tout m'énerve ! T'es content ?! Tout ! Tout ! Absolument tout m'insupporte ! Mes parents hypocrites, ces pauvres filles, ces crétins de professeurs, et toi aussi ! Je vous déteste tous ! Tous, ils me considèrent comme une ordure, alors qu'ils sont aussi pourris que moi ! Tous ces gens, ça serait mieux qu'ils meurent ! Si vous savez, je me sens tellement seule ...» Après un long silence, il prononça les phrases que j'avais désespérément besoin d'entendre depuis longtemps. « Sauf erreur de ma part, vous avez tout de même envie que l'on s'occupe de vous, non ? Qu'on fasse preuve d'un peu d'attention à votre égard. En faite, vous avez juste envie que les autres aient besoin de vous, c'est ça ? Vous avez besoin qu'on vous écoute, qu'on vous comprenne, qu'on vous accepte et aussi que tous ces gens dont vous parlez vous aiment, non ? Sachez que moi, je suis comme vous. Vous vous sentez seule ? Bien! Alors enfuyons-nous, ensemble! » Prise au dépourvu, je ne put même pas prononcer un mot. « Ah oui, je m'appelle William Hollow. Enchanté, mademoiselle. » Ma première impression a été qu'il était un professeur bizarre. Je n'arrivais pas très bien à le cerner, était-il excessivement poli ou un rustre se cachait derrière des apparences ? ll m'avait rencontré la première fois, mais il m'avait emmenée en dehors du lycée, et il m'avait invité dans un restaurant. Cela sortait de tout ce qui était conventionnel. Ce jour-là, la seule chose dont je fus certaine, c'était que les nouilles étaient vraiment excellentes! Au fond de moi-même, je savais que quelque chose avait changé en moi. Petit à petit, et ce depuis que j'avais rencontré William, je m'étais mise à changer. Je me sentais attirée par lui, c'est pour cela que j'allais de plus en plus souvent au lycée, sans pour autant assister au cours. Cette petite pause de midi avec lui, je l'attendais avec impatience. Je voulais en savoir plus. C'est moments-là, je ne les détestait pas. Quand j'étais avec lui, je n'étais pas mal à l'aise. Wiilliam était un garçon étrange, mais il était gentil. Je vais peut-être tomber amoureuse de lui. Amoureuse. Je le suis déjà. Non, ce n'est pas bien. Une fille comme moi, cette manière de l'aimer est malsaine. Mais je l'aime, je ne peux rien faire sans lui. S'il n'est pas là, je suis angoissée, je ne veux que lui. Il est mon soutien, je dépends de lui. Je le veux. Je veux tout de lui, et mon désir grandit de plus en plus, mais cette manière de l'aimer va le détruire un jour. Je n'arrive plus à être raisonnable car je l'aime trop. Je sais que cette situation est mauvaise, mais je ne veux plus le quitter. Pourquoi je n'arrive pas à me comporter naturellement ? « Demain, je serais muté. Je devrai quitter ce lycée. » Je ne voulais pas le quitter, mais malheureusement la vie en avait décidé autrement. Il s'était occupé de moi, sans me rejeter. Moi qui étais perdue. Mon tendre professeur, je t'aimais. « Merci, monsieur Hollow. Vous avez tant fait pour moi. Grâce à vous, j'ai décidée de devenir une fille sérieuse, et je vais faire des études pour que vous soyez fière de moi, un jour. » J'aurais pu lui avouer tout l'amour que j'éprouvais pour lui, sans me sentir gênée par quoi que ce soit. « Mais pourquoi me parlez-vous comme si nus allions nous quitter pour toujours ? Gamine! Il y a tant de lieux où nous pouvons nous voir! Croyez-vous vraiment que cette petite école soit un obstacle infranchissable ? Voilà qui prouve que vous êtes encore une gamine. Puis vous savez, ce n'est pas facile de faire des études quand on est seul. » Je n'avais pas très bien compris pourquoi j'avais encore le droit de continuer à le voir, mais j'en étais heureuse, et intriguée. Quelque temps plus tard, William fut enseignant dans une université à l'autre bout de la ville. Chaque week-end, il m'aidait à réviser mes cours. Grâce à lui, j'avais trouvé le courage de parler à mon père quant à la décision de quitter la maison. Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je m'étais retrouvée sur un lit d'hôpital. Mes parents trouvaient de mauvais prétextes pour ne pas me rendre visite. A cause de cela, je n'avais pu passer le concours d'entrée à l'université. Après mon rétablissement, mon père m'avait annoncé, d'une voix dure et ferme : « Nous pouvons te l'annoncer, à partir d'aujourd'hui, tu n'est plus notre enfant. Tu ne causeras plus jamais d'ennuis ! Fais ce que tu veux de ta vie, ça ne nous regarde plus ! » Je récoltais le résultat de ce que j'avais semé.
(underco)