looking for something dumb to do - opale.

Il passe une énième fois la main dans ses cheveux, dévisageant le reflet que lui montre son miroir. Il ne ressemble plus vraiment à un gamin dans cette tenue. Plus habitué aux jeans et aux tee-shirts qu’au costume, Milo n’a pas l’habitude d’être aussi élégant. Il devrait peut-être revoir sa garde-robe. Il a l’impression d’avoir soudainement mûri et pris quelques années en plus. Il fait plus viril, plus sûr de lui. Tant mieux, il compte bien surprendre Opale en la rejoignant ainsi. Elle n’en reviendra surement pas. Comme Luna, qui lui jette un coup d’œil suspect lorsqu’il traverse le salon, sa veste sous le bras. Elle se retourne à son passage dans la cuisine, le détaillant de la tête aux pieds, surprise par le soudain changement qu’il vient d’opérer. Elle lui demande où est ce qu’il compte aller, habillé ainsi, en pleine matinée. En plus d’être levé plus tôt que prévu, il s’est mis sur son trente-et-un, un comble ! Il aurait pu être crédible pour un entretien si ce n’était pas un dimanche. Elle en profite pour lui lancer une vanne, et même si Milo partage son avis, il fait mine de la contredire. Il devrait s’habiller comme ça plus souvent, ça lui épargnerait des remarques de ce genre. Après avoir grignoté quelques brioches, il quitte la demeure sans que Roxane ne l’aperçoive et lui tombe dessus. Elle en aurait fait tout un fromage et elle aurait été capable de sortir l’appareil photo pour marquer l’événement. « J’arrive dans quinze minutes, j’espère que t’as mis ta plus belle robe ! » envoie-t-il à Opale quand les portes du métro se ferment devant lui. Quinze minutes, plutôt vingt, mais au moins, elle sera prête. Il l’avait prévenu quelques semaines plus tôt de réserver la journée, qui risquait d’être longue, et de choisir ses plus beaux vêtements pour un mariage. Après quelques jours de suspense, il avait fini par lui avouer qu’ils ne connaitraient aucun des deux protagonistes qui allaient s’unir. Ils y seraient pour danser, et surtout manger, parce qu’après tout, un mariage servait surtout à s’amuser et à se goinfrer. Il lui avait promis qu’ils s’amuseraient et après tout, c’était le plus important. Et même s’ils n'étaient que deux inconnus perdus dans une foule d'invités, il lui avait assuré qu’ils ne se quitteraient pas de la soirée, histoire qu'aucun d'entre eux ne finisse seul dans un coin. Lorsqu’elle s’était demandée comment il avait pris connaissance des coordonnées du mariage, il lui avait dit qu’il avait simplement entendu deux amis parler d’un mariage et qu’il s’y était invité en s’incrustant dans la conversation et en faisant mine qu’il était le cousin de la tante de la sœur du marié. Rien de plus normal, évidemment. Tout avait marché comme sur des roulettes, à tel point qu’elles lui avaient même réservé une danse dans la journée, ce qu’il avait évidemment accepté, gentleman qu’il est. C’était toujours mieux d’arriver en connaissant quelques invités, histoire de pouvoir se mêler plus facilement aux autres. Etrangement, Opale avait accepté de l’accompagner. Elle n’avait pas hésité un seul instant, mais de toute façon, même si elle l’avait fait, Milo aurait fait en sorte qu’elle soit quand même sa cavalière pour cette journée. Il n’aurait pas accepté un refus de sa part et l’aurait même sorti de force s’il l’avait fallu.  

Lorsqu’il arrive face à l’appartement d’Opale, il sonne deux fois à la porte et attend sagement qu’elle vienne lui ouvrir. Il est un peu en retard, mais pas plus que d’habitude. Elle ne lui ouvre pourtant pas immédiatement. Il s’imagine alors qu’elle n’est sans doute pas encore prête. A moins qu'elle ait décidé de se faire désirer. Comme toutes les filles, elle prend son temps pour se faire belle. Et ça vaut le coup. Elle est belle comme un cœur quand elle lui ouvre enfin la porte. Elle est toujours jolie, mais aujourd’hui plus que d’habitude. « T’as pas fait les choses à moitié, » commence-t-il, un sourire se dessinant sur ses lèvres. « Tu es très belle. » Qu’il ajoute en s’approchant pour lui faire la bise, qu’elle ne prenne pas sa première phrase pour ce qu’elle n’était pas. C’était bien un compliment. « T’es prête ? On peut y aller ? » Ce serait dommage d’arriver en retard, surtout s’ils finissent par se faire remarquer avant même d’avoir pu approcher les mariés et le buffet. Surtout le buffet, parce que c’est bien pour cette raison-là qu’ils y vont, pour manger, et puis pour s’amuser, un peu. Forcément, y’a rien de mieux qu’un mariage pour ça. Tout le monde s’amuse au mariage. Après avoir fermé la porte derrière elle, il lui offre son bras, et tous deux quittent l’immeuble, puis traversent la rue pour s’engouffrer dans le métro en direction de l’est de Londres. « Eh, t'as vu, on est super bien accordés en plus ! » S’exclame-t-il en remarquant la couleur de sa robe et celle de sa chemise. Au moins, ce sera clair pour tout le monde sur le fait qu'ils sont bien venus ensemble.