(✰) message posté Mer 10 Juin 2015 - 21:11 par Nathanael E. Keynes
Absence et conséquences
ft. Tyler J. Lewis && Nathanael E. Keynes
Vendredi 05.06.2015 • Central London • Soho • Un bar quelque part dans le quartier
Je crois que si on m'avait dit que ce serait lui qui m'arrêterait un jour, en si bon chemin, j'aurais franchement eu du mal à le croire. Et sur le coup, évidemment, je reste un peu sous le choc. C'est peut-être un bien grand mot, mais je suis tellement surpris que je bloque quelques instants, secondes peut-être, avant de finir par réagir. Et lui concéder qu'il est effectivement parfaitement juste à cet instant. Ce qui me fait franchement pas mal cogiter. Et sur ce que ça signifie le concernant, déjà, et sur ce que je ressens et ma connerie - surtout. J'ai beau me traiter de tous les noms, ça changera pas ce qu'il s'est passé, ce que j'ai fait, et le temps que j'ai mis à me faire pardonner. Mais quel con !
Je sens bien que je suis plus capable de sauver la face alors je lui tourne le dos, refusant de le laisser me voir craquer, sans imaginer une seconde qu'il puisse croire que je lui en veuille, à lui. Parce que s'il y a bien quelqu'un contre qui je suis en colère, à cet instant, c'est moi-même, et uniquement moi-même. Y avait aucune raison pour qu'il se prive, j'étais plus là. Il m'a promis d'être fidèle quand j'étais là, mais c'est moi qui suis parti. Et il a manifestement renoué avec sa promesse à présent que je suis revenu, vu qu'il a éconduit ce type sans hésiter. Si j'ai mal à cet instant, c'est parce que j'ai claqué cette putain de porte. MAIS QUEL CON !
Et je suis pas au bout de mes surprises, parce que ça non plus, j'aurais pas vraiment imaginé qu'il le fasse. Mais quand ses bras se sont refermés sur moi, son corps tout contre le mien, je crois qu'un instant, j'ai retenu mon souffle. Et si j'ai absolument pas commenté le geste - autant parce que je n'aurais franchement pas su quoi en dire, que parce que je crois que ça aurait juste gâché le truc si je l'avais relevé - j'ai posé une main sur son bras, simplement, en silence.
Il a fallu un moment pour que je finisse par m'endormir, terrassé par ce trop-plein d'émotions, bien après que j'ai entendu son souffle s'alourdir comme il avait lui même trouvé le sommeil. Et même si mes nuits sont généralement assez courtes, c'est manifestement bien après qu'il a quitté la chambre que les rayons du soleil filtrant à travers les rideaux m'ont tiré, moi, des bras de Morphée. Le silence régnant dans la chambre, et surtout, l'absence des bras de Tyler ont achevé de m'éveiller, et j'ai quitté les draps, pour le rejoindre au salon, où le son étouffé de la télévision ne m'est parvenu que lorsque j'ai ouvert la porte de sa chambre.
« Hey Handsome... »
Je dois avoir les yeux rouges et bouffis, mais je passe ça sous silence. Toute la soirée en fait. Je crois que pour lui comme pour moi, c'est aussi bien qu'on en reparle pas. Je suis là, encore, ce matin. C'est tout ce qui compte à cet instant. Ca et la promesse que je me fais à moi-même de vraiment plus jamais claquer cette putain de porte. Je lui laisserai plus de raison d'aller voir ailleurs.
Un baiser volé, et comme si rien de tout ça n'avait jamais existé, j'ai filé me faire couler un café en cuisine, histoire d'achever de me réveiller, avant de revenir m'installer près de lui.
« C'est quoi ton programme aujourd'hui ? »
A vrai dire, j'ai bien une petite idée, mais je suis pas sûr de pas essuyer le même refus qu'hier, et je suis sûr en revanche de pas trop bien réussir à l'encaisser une seconde fois. Et je sirote mon café, comme si j'étais intéressé par le programme télé, ce qui est assez loin d'être le cas. Ce soir, je retournerai au Barfly. Mais on a toute la journée devant nous d'ici là...
Invité
Invité
(✰) message posté Jeu 11 Juin 2015 - 17:14 par Invité
Confortablement installé dans mon sofa, une tasse de café brûlant dans une main et une tranche de pain grillée enduite presque à ras-bord d’une célèbre pâte à tartiner italienne capable de rendre accro n’importe qui dès la première bouchée dans l’autre, j’étais en train de regarder sans attention particulière une série américaine qui avait pourtant suscité un intérêt grandissant pendant les neuf ans qu’elle avait duré après avoir zappé longuement sur les autres chaînes à la recherche d’un programme quelque peu distrayant. Je ne détestais bien évidemment pas toutes les séries américaines : il y en avait déjà beaucoup trop pour cela et puis, malgré la haine que j’entretenais contre mon pays d’origine, il fallait tout de même que je sois sacrément de mauvaise foi pour ne pas admettre qu’ils faisaient parfois de bons programmes télé. Cependant, il était évident que la qualité anglaise prévaudrait toujours à celle des Américains qui jalousaient bien souvent notre façon de faire et finissaient par nous copier – ce qui était très fréquemment un échec cuisant.
- Hey Handsome... me salua Nate qui s’était finalement décidé à se lever.
- Hey… dis-je en retour sur un ton pas vraiment assuré.
La soirée d’hier avait été plutôt étrange dans l’ensemble – entre ma décision de stopper une partie de jambes en l’air qui s’annonçait pourtant intense et le réconfort que j’avais tenté d’apporter à Nate en l’enlaçant de manière quelque peu maladroite – et je n’avais honnêtement pas très envie de reparler de tout cela – en particulier de ma capacité à éprouver un minimum d’empathie, ce qui n’était généralement pas dans mes habitudes, excepté avec Rafael.
- C'est quoi ton programme aujourd'hui ? me demanda-t-il finalement après qu’il soit allé se chercher une tasse de café comme il en avait l’habitude d’en boire tous les matins. Et je devais bien avouer que le fait qu’il prenne soin de ne pas aborder ce qu’il s’était passé la veille au soir me soulagea profondément.
- Je sais pas, répondis-je alors en haussant les épaules d’un air désinvolte, tout en prenant un de mes gâteaux préférés dont la boîte était posée sur la table basse située juste devant moi. J’irais bien au ciné voir San Andreas. Ça faisait longtemps que les Amerloques nous avaient pas sortis un film catastrophe dans lequel ils peuvent montrer toute l’étendue de leur héroïsme et être une fois encore les sauveurs de notre monde, expliquai-je avec un cynisme tel qu’il était difficile d’y passer à côté.
Et une fois encore, je ne détestais pas tous les films américains, mais personne ne pouvait nier que lorsqu’ils s’amusaient à faire des films, voire même des téléfilms, catastrophes, c’était comme si le monde extérieur n’existait pas – ce qui était d’ailleurs bien souvent la vision que les Américains avaient d’eux-mêmes, à vrai dire… C’était généralement sur eux que frappaient les pires catastrophes et c’était encore une fois eux qui réussissaient à trouver une solution à tous les problèmes. Enfin, d’un côté, s’il devait réellement y avoir une catastrophe un jour, cela ne me dérangerait nullement que cela tombe sur eux et eux seuls !
- Tu veux venir ?... lui proposai-je, à moitié conscient de ce que j’étais véritablement en train de faire. Parce que j’avais toujours pris soin d’éviter ce genre de sorties en tête-à-tête de peur qu’il se fasse des idées – ou peut-être plutôt de peur que les autres se fassent des idées –, voilà pourquoi je préférai tout de même mettre les points sur les « i » afin que tout soit parfaitement clair et qu’il n’y ait pas de malentendu : Par contre, c’est une sortie amicale que je te propose, alors je veux pas de main dans la main ou de bras sur l’épaule au milieu du film. Le truc totalement idiot que les hommes utilisaient parfois pour tenter une approche avec leur rendez-vous, mais comme nous n’étions pas à un rendez-vous, cela était donc inutile – surtout qu’il n’y avait aucune approche à faire puisqu’on avait déjà couché ensemble de nombreuses fois. Bon, je vais prendre ma douche, annonçai-je ensuite tout en me levant du canapé. Je ferme pas la peine au cas où tu voudrais me rejoindre… fis-je juste avant de refermer la porte de la salle de bain derrière moi et de déclencher le jet d’eau chaude.
Nathanael E. Keynes
sometimes it lasts to love and sometimes it hurts instead.
(✰) message posté Ven 12 Juin 2015 - 8:09 par Nathanael E. Keynes
Absence et conséquences
ft. Tyler J. Lewis && Nathanael E. Keynes
Vendredi 05.06.2015 • Central London • Soho • Un bar quelque part dans le quartier
« Hey... »
Aucun doute quant au fait qu'il soit pas plus serein que moi à cet instant, et si ça me fait d'une certaine manière plaisir parce que ça me conforte dans l'idée que son attention de la veille a démontrée qu'il ne se fout pas autant de moi qu'il voudrait bien le dire, ça me fait tout de même de la peine qu'on en arrive à ça. Raison de plus pour par remuer le couteau dans la plaie, et quand je me suis installé à côté de lui, ça a été pour faire abstraction de tout ce qui avait bien pu se passer. Et pour briser le silence que seul le programme télé diffusé tout bas ne parvenait à rompre, je lui ai demandé ce qu'il comptait faire à présent, innocemment.
« Je sais pas. J’irais bien au ciné voir San Andreas. Ça faisait longtemps que les Amerloques nous avaient pas sortis un film catastrophe dans lequel ils peuvent montrer toute l’étendue de leur héroïsme et être une fois encore les sauveurs de notre monde. Tu veux venir ?... »
J'ai reposé ma tasse sur la table basse face à nous pour me tourner vers lui, surpris de cette proposition parce que... Bah c'est pas vraiment habituel. Pas qu'il soit cynique envers les Etats-Unis, ça, j'ai vite pris le pli - et c'est pas comme si je partageais pas son avis. Ni qu'il ait envie d'aller au cinéma, j'ai fini par comprendre que c'était un truc qu'il appréciait pas mal - après les jeux vidéos, donc. Je lui ai pas vraiment demandé, finalement, s'il avait joué à celui dont je m'étais démerdé pour avoir une release avant la date de sortie officielle et que j'ai fini par lui offrir un peu après Noël - vu que j'ai pas osé le faire au moment M. J'osais pas trop lancer le sujet au départ, et puis c'est devenu obsolète, et puis il y a eu trop de choses dans ma tête, et puis notre... séparation - si toutefois on peut considérer qu'on est réellement ensemble, ce à quoi je suis certain qu'il répondrait que non. Je me vois pas relancer le sujet aujourd'hui, cinq mois après, même si je suis un peu curieux quand même. Non là, ce qui me surprend et qui a l'air de le surprendre tout autant en réalité, c'est qu'il me propose de l'accompagner. Et le temps que mon cerveau imprime que c'est bel et bien ce qu'il vient de faire, il a repris la parole.
« Par contre, c’est une sortie amicale que je te propose, alors je veux pas de main dans la main ou de bras sur l’épaule au milieu du film. - Tu veux dire pas le genre de truc que fait un ado de quinze ans pour tenter d'emballer celui ou celle qu'il veut emballer ? Comment dire... Je crois qu'on a un peu dépassé ce stade... »
Le ton rieur que j'emploie volontairement pour détendre l'atmosphère ne m'empêche pas de penser que d'autres mecs continuent à le faire bien après les premiers rendez-vous avec leur petit(e)-ami(e) mais à vrai dire, j'ai jamais été ce mec-là, pour la simple et bonne raison que j'ai jamais eu de petit(e)-ami(e) en réalité. Et comme pour clore ce sujet censément sensible mais finalement pas tant que ça, je suis venu chercher ses lèvres et laisser ma main courir sur sa cuisse à travers son jogging habituel. On a définitivement passé ce stade, tu vois ?
« Bon, je vais prendre ma douche. Je ferme pas la porte au cas où tu voudrais me rejoindre… - Comme si j'allais louper une occasion de voir ton corps nu dégoulinant sous l'eau chaude... »
Je me suis levé à mon tour, faisant cependant un crochet par la cuisine pour y ramener le petit-déjeuner délaissé et rincer nos tasses avant de venir pousser à mon tour la porte de la salle de bains, me délester de mon t-shirt et du boxer dans lesquels j'ai dormi, et le rejoindre dans la cabine de douche. Et l'idée saugrenue de partager ça ailleurs qu'ici me traverse fugacement l'esprit - elle reviendra peut-être se frayer un chemin dans mes pensées dans les jours à venir...