I searched the truth and i found it. { maya&tom }

Voilà près d’une semaine que j’étais revenu au sein de la capital Londonienne. Près de cinq mois déraciné loin d’ici, dans une île en Ecosse où j’avais réappris à vivre… A survivre. Quand ma mémoire avait commencé à faire surface dans les bras de Maya, j’avais pris peur. Je détestais l’homme que je devenais, que j’étais. Et le jour où mes mains ont enserrés le cou de la frêle Maya, j’avais compris que quelque chose n’allait pas. J’étais un autre, un monstre sans foi ni loi, et j’étais en quête de cette partie sombre de mon être. Alors je l’avais quitté, en pleine nuit, sans nouvelle, sans adresse, un simple « Je suis désolé » griffonné sur un papier. Mes affaires sur le dos, un simple souvenir d’une adresse dans les confins de l’Irlande en tête et j’étais parti en quête de ma véritable identité. Quand j’eus poussé la porte de cet endroit totalement désaffecté, je fus accueillis par l’équipe des services secrets Britannique. J’étais acclamé comme le fils prodigue venant d’un long voyage et enfin j’appris la véritable raison de mon accident. Je réapprenais mon identité, et me promis alors de m’en forger une nouvelle, bien moins sombre. Durant ces longs mois, je ne percevais pas le manque de ma femme, mais était bien trop concentré sur ma reprise de mes moyens physiques. Je me devais de récupérer mes capacités, je devais devenir un homme meilleur pour moi-même mais surtout pour elle. La séparation était un mal pour un bien. Mais secrètement, je me servais du réseau de Scotland Yard pour la suivre dans le moindre de ses faits et gestes, et j’avais ainsi appris que par ma faute, elle avait renoué avec ses anciens démons. Comme perdue, elle ne savait plus où elle allait, dérivant dans les eaux troubles de la boulimie. Malgré ça, je n’avais pas daigné réapparaitre, n’étant pas tout à fait au summum de mes capacités, et surtout je n’avais pas les bons mots pour tout lui expliquer.

Mais aujourd’hui j’étais décidé à tout lui dire. C’était d’ailleurs les termes de mon contrat avec la Scotland Yard, ma réintégration en échange de mettre Maya dans la confidence. Elle avait autant le droit à la vérité que moi. Et je savais d’avance que j’allais m’en prendre une. Je lui avais fait subir énormément de chose, bien malgré moi, mais là c’était digne d’un film ce que j’allais lui dire, qu’importe j’allais tout lui dire. J’enfilais donc mon cuir, habillé de manière très distingué, puis hélait un taxi en direction d’anciennement notre appartement. Je n’avais quasiment plus d’handicap, juste une légère boiterie lors d’efforts intenses. J’étais alors en bas de notre immeuble et profitait qu’une habitante ouvre la porte codée pour me glisser à l’intérieur et grimper les étages un à un me rapprochant de mon âme sœur à chaque mètre fait. J’avais la trouille, mais je gardais un sang-froid exemplaire, ne laissant rien apparaitre… J’étais face à la porte et mon poing cognait à la porte comme s’il avait toujours fait ça. Lorsqu’elle apparaissait – aussi belle que le jour – mon cœur eut un loupé, toujours aussi amoureux de cette femme, mais mon visage restait insensible. J’avais un objectif en tête et je n’allais pas le déroger.

« - Bonjour Maya. Je te dois la vérité, et je suis désormais en droit de te la donner. »

Je ne m’attendais à tout sauf à ça. Connaissant Maya, je m’étais monté différents scénarios, le premier – le plus plausible – était qu’elle me gifle en me demandant d’aller me faire mettre copieusement. Mais connaissant son tempérament à aimer les causes perdues, elle ne ferait probablement pas ça. Le deuxième était qu’elle se mette à pleurer en se jetant dans mes bras comme une noyé à une bouée. C’était possible, mais encore faut-il qu’elle puisse mettre sa fierté de côté et ça c’était une autre affaire. Un troisième était qu’elle me regarde d’un air arrogant en me demandant des explications, moue tellement craquante quand elle tentait d’obtenir des informations. Mais je n’avais plus le droit de craquer ainsi, je n’étais plus le même après tout. Je devais résister à l’appel de mon cœur. Mais alors le coup du « je te met la porte dans la gueule » m’est pas du tout venu à l’esprit. Il aurait due mais je ne la croyais pas capable de ça. Je pris un air choqué, avant de la voir réapparaitre trois secondes après. Elle était tellement imprévisible cette femme qu’elle me surprenait de jour en jour. Elle me fit entrer et je repris un air froid, totalement décontenancé par ce bout de femme. Elle seule savait me mettre dans des positions délicates et à me rendre un soupçon d’humanité.
Je connaissais les lieux, parfaitement même. Même si je ne vivais plus ici, je savais que j’étais à la maison, et la douceur de ce foyer aurait pu m’attendrir si j’étais venu en quête de réconfort. Hors j’étais juste là pour lui donner ce dont elle avait le droit, ni plus, ni moins. Elle commençait une phrase qu’elle ne parvenait pas à finir, étrange, perdrait-elle aussi ses moyens ? Je mettais mes mains dans le dos comme un soldat au repos puis la regardait un sourire en coin, voulant savoir la fin de sa question :

« - Et que ? Dis-moi la suite, je peux tout entendre. »

J’étais sûr qu’elle faisait notion d’une éventuelle séparation, et à vrai dire, j’ignorais où j’en étais de ce point de vue-là. Elle était la femme de ma vie certes, mais je n’étais pas prêt à revenir ici, j’étais bien trop endurci, bien trop violent encore pour être inoffensif envers elle. Elle optait pour la fuite et je n’allais pas la laisser faire, elle devait à son tour faire face comme moi je l’avais fait des mois auparavant. Je la suivais alors direction la cuisine, et je ne pus m’empêcher de rétorquer.

« - La fuite pour ne pas être mal à l’aise, c’est tout toi ça. Pour ça tu n’as pas changé. Je viens te dire la vérité, la vraie pas celle qu’on t’a balancé à l’hôpital. J’ai réussi à obtenir gain de cause en échange de … Mon réengagement si je puis dire. J’aurais dû tout te dire avant, mais c’était bien trop compliqué. Je ne suis pas l’homme que tu crois aimer Maya. »

Les mots de trop je crois : « - Tu n’as pas changé. ». Je n’avais jamais vu Maya dans un tel état, elle bouillonnait de rage, m’envoyant sa tasse aux pieds, la porcelaine éclatant en milles éclats au sol. C’était comme si elle venait de me balancer son cœur, le brisant en mille morceaux. Et la comparaison était légitime vu le mal que je lui avais fait –in-volontairement. Elle m’en voulait de l’avoir lâcher de la sorte et elle me balançait des horreurs à la tête. Et plutôt que de baisser la tête je fis tout le contraire : je riais. Sa réaction me fis rire, car au fond j’étais nerveux de devoir tous lui dire, et surtout qu’elle ressemblait à un chaton se prenant pour un tigre. Je contenais mon rire en posant ma main sur ma bouche puis la dévorais du regard, je comprenais enfin pourquoi j’étais autant accro à elle.

« - Non je m’y attendais pas, mais le geste était beau. Tu pouvais aussi me frapper plutôt que de faire voler en éclat la vaisselle. »

Je souriais comme un âne, avant de la regarder s’armer d’un balai et de ramasser ses dégâts. Je me rappelais qu’elle avait en horreur du ménage, que j’étais le préposé, vu le maniaque que je suis. Je la regardais faire, tout en gardant mes distances ne voulant pas me prendre un balai en pleine tête, coléreuse comme elle était, elle en était tout à fait capable.

« - En effet, l’art de la fuite est mon domaine, mais c’était plus que légitime avant que toi aussi je te tue par inadvertance. Je préfère fuir plutôt que de tuer celle que j’aime le plus dans ce monde. »

Je révélais déjà des informations, mais j’attendais qu’elle puisse se poser pour tout lui dire. Elle finissait son ménage express, puis de moi-même, je m’approchais d’elle pour l’assoir sur une chaise, à genoux devant elle.

« - Accident grave. Ils n’ont rien inventés dans ce cas. Je ne suis pas le Tom classique patron de son entreprise. Je suis un agent infiltré à Scotland Yard. Une sorte de James Bond avec le permis de tuer. Je n’ai pas eu un accident. On m’a retenu prisonnier, m’a torturé pendant trois semaines. Et j’ai réussi à m’échapper … En sautant d’un immeuble de vingt étages. Je me suis fait passer pour mort et on m’a extrait de cet endroit de malheur dans un état pitoyable. Je ne suis pas celui que tu crois. Je t’ai menti pour ne pas te mettre en danger, pour ne pas être jugé. »

Pouah, le sac était vidé mais j’ignorais sa réaction. Une gifle ? Une droite ? Un baiser ? Une bousculade ? Ou pire une castration ? Je ne savais pas comment elle allait réagir. Je restais à genoux, la dévisageant, attendant patiemment qu’elle me décroche une réponse ou un geste. J’avais peur pour la première fois depuis des mois.