"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Never gonna love again ( Maja ) 2979874845 Never gonna love again ( Maja ) 1973890357
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Never gonna love again ( Maja )

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Anonymous
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() message posté Sam 16 Mai 2015 - 1:04 par Invité
“On a lonely highway how can we turn around the heartache ? ”  Voilà que les fantômes de la guerre réapparaissaient à nouveau derrière mes paupières frémissantes. Ce n’était que des ombres volatiles mais leurs chants maléfiques raisonnaient sans cesse dans mes oreilles. Je ne savais pas comment dépasser mes blessures après avoir vécu la moitié d’une vie dans le mensonge. Toutes mes valeurs s’évanouissaient dans le silence, éteintes et irréelles. Je m’étais découvert beaucoup d’objections contre les contraintes de la civilité depuis mon retour ; pourquoi défendre l’honneur, la justice ou la noblesse, lorsque le monde entier n’était qu’un ramassis de conneries ? Mon cœur battait la chamade au fond de ma poitrine, assailli par un sentiment d’angoisse perpétuelle. Je soupirais afin d’expier ma douleur, mais je restais persuadé que j’étais bien trop brisé pour être guéri. Les saillies osseuses de mon visage pointaient sous ma peau fine et translucide afin de trahir l’horreur de mon vécu. Je relevai lentement mon visage vers les arcs du ciel avant de pincer les lèvres au contact de la lumière écarlate du soleil. Je laissais mes pensées tomber dans l’immersion totale du vide, tandis que je m’avançais sur le gravier du centre-ville en suivant la marche du temps jusqu’au bout de la rue. Je n’avais pas de séance de médiation animale aujourd’hui, mais l’éducatrice spécialisée, Mlle Maja, avait accepté de me retrouver dans un petit parc avec Loki – le berger allemand battu dont elle avait la charge. L’allure triste et déprimée de la bête avait tout de suite capturé mon esprit. J’étais à la fois ému et terrorisé à l’idée de voir mon propre reflet choir au fond de son regard vermeille. Il redoutait encore mes caresses en poussant des grognements rauques, mais il finissait toujours par s’abandonner à la douceur de mes doigts sur son pelage. Je soupirai en pressant le pas vers notre lieu de rencontre. Les bourrasques de vent sifflaient autour de ma tête, comme pour me guider dans mes réflexions. J’étais impatient de retrouver mon compagnon de labeur. Parfois, il semblait être le seul à comprendre l’étendue des troubles qui me hantaient. Il avait vécu la maltraitance, la sous alimentation, l’humiliation et la peur. Nous étions semblables et pourtant si différents. Aucun de nous n’avait pu se soustraire de son destin, jusqu’au jour de la délivrance miraculeuse. Je ne savais pas comment Maja l’avait adopté, et en réalité, l’origine de son histoire m’importait peu. Ce n’était le passé qui définissait mon affection pour lui, mais la flamme éternelle qui brûlait dans ma poitrine. Je soupirai en me faufilant entre les bancs. Le feuillage sépulcral des arbres valsait au gré de mes mouvements disharmonieux alors que je m’asseyais brusquement au coin d’une fontaine. J’attendais en croisant les bras, la mâchoire serrée et l’expression allongée. Il se passa plusieurs minutes avant qu’une silhouette familière ne se dessine au loin. La cadence boiteuse de Loki devenait de plus en plus nette devant moi. Je voulu tendre les bras afin de le prendre contre mon torse, mais le regard réprobateur de Maja me stoppa dans mon action. Je connaissais ses principes ; patience est mère de sureté. Loki était instable. J’étais abîmé par la guerre. Il fallait évoluer avec lenteur. Je courbai la bouche en haussant les épaules avec désinvolture. « Bonjour, Mlle Maja. » Soufflai-je avec courtoisie, légèrement agacé par son manque de souplesse. Je ne pouvais plus supporter mon existence rangée, étriquée et hypocrite. J’étais né bourgeois et je détestais toutes les coutumes ridicules du raffinement. Il était si étrange pour moi d’être étouffé par ma propre solitude car je ressentais une haine presque fatale envers moi-même. Loki était le seul à m’accepter sans aucune restriction, tout comme j’étais le seul à comprendre l’impact des coups de fouet qui tombaient sur son dos. Je penchai la tête avec recueillement. « Quand pourrais-je le prendre avec moi ? » M’enquis-je en ancrant mon regard dans le sien.
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 20:13 par Invité
Cette journée de travail m’a semblée particulièrement longue, ce qui est contraire à d’habitude. Mais il faut croire qu’ils se sont tous donnés le mot : les enfants, d’habitude adorables malgré leurs différents handicaps étaient d’une humeur massacrante, ne supportant pas qu’on puisse leur donner des consignes, n’acceptant pas le cadre qu’on leur donnait. A plusieurs reprises, il m’a fallu hausser le ton, dire « non ». Me fâcher, punir. Je ne recours jamais au chantage avec ces enfants. Surtout pas affectif. Et cela me frustre énormément de devoir les punir, les empêcher de faire certaines choses, même si je sais pertinemment que c’est pour leur bien. Quant aux plus grands, en réadaptation physique, eux aussi ont été difficiles à gérer. Et les animaux, reflets vivants des êtres humains n’ont pas été au mieux de leur forme non plus aujourd’hui. Je ne peux qu’être soulagée d’avoir refusé que Loki participe aux activités du jour. Il ne l’aurait pas supporté, je le sais très bien. Il n’aurait pas été dangereux pour les autres, non, ce n’est pas dans son mental, mais il se serait mis lui-même en danger, refusant de communiquer son mal-être à quelqu’un qui ne pourrait pas le comprendre. C’est une chose que j’ai remarqué avec ce chien : il ne communique qu’avec une seule personne en dehors de moi. Et encore, pour qu’il communique avec moi, il m’a fallu de la patience. Plus sûrement que n’importe quel enfant handicapé, il me fait exercer cette patience dont je manquais cruellement étant plus jeune. L’autre personne avec qui il communique, le courant est passé immédiatement entre eux. Je l’ai vu au premier regard qu’ils ont échangé ensemble. Je sais qu’un jour, ils seront prêts tous les deux pour vivre la grande aventure. Mais pas encore. En attendant, je m’approche de l’enclos du chien. A ma demande, le chenil a doublé de superficie, pour que les enclos des animaux fassent tous le double de superficie d’un chenil classique. Si mes supérieurs ont d’abord été réticents, ils ont rapidement pu constater que j’avais en fait raison. Les animaux perdus, maltraités que je recueille pour la médiation animale reprennent plus rapidement goût à la vie. Certains sont même à présent capables de partager « leur maison » alors qu’ils ne supportaient pas leurs congénères à moins de 5 mètres d’eux en arrivant ici. Une belle réussite, à n’en pas douter. Mais Loki, lui, est seul. Il n’agresse pas les autres, simplement, il se met en retrait et se laisse dépérir, refusant de manger.

Il bat faiblement de la queue, l’échine courbée lorsque j’arrive devant le portillon de son enclos. Ca aussi, cela fait partie des choses que j’ai mises en place : des portillons, des haies comme celles de pavillons plutôt que des grillages. Et je vois bien dans l’attitude de tous ces chiens que ça leur fait du bien. Cela participe à leur réinsertion. Je prends la laisse de Loki et l’attache à son collier après l’avoir fait sortir et nous prenons la direction du parc où Isaac m’a demandé de le retrouver. Ces rencontres hors séances sont de plus en plus fréquentes. Je sais pertinemment la première question qu’il me posera lorsque nous arriverons, Loki et moi. Et cela ne manque pas…. A peine nous a-t-il vus qu’il veut prendre le berger allemand dans ses bras. Un geste encore trop envahissant pour lui.

« Doucement… » je murmure à l’encontre du jeune homme qui s’interrompt aussitôt.

Mon regard s’adoucit immédiatement lorsqu’il se rattrape en me disant bonjour avant de me poser sa sempiternelle question.

« Lorsque Loki me fera comprendre qu’il est prêt, Isaac. Tu le sais très bien. »

Je sais qu’ils se font du bien, l’un à l’autre. Mais je sais que, pour l’instant, Loki a encore trop peur de l’Homme pour être en permanence avec l’un d’entre eux. Même un qui a subi les mêmes choses que lui. Il commence à accorder sa confiance à Isaac et je ne veux pas aller trop vite. Je ne veux pas gâcher tous leurs progrès à l’un comme à l’autre.

« Promène-le… » je dis néanmoins en tendant la laisse à Isaac pour qu’il prenne le chien.

Quant à moi, je vais rester avec eux deux, en observation, afin d’aider Isaac à mieux comprendre Loki si besoin, mais surtout, pour que personne d’extérieur à ce couple homme/chien en réadaptation ne vienne troubler leur quiétude.

[je coderai demain... j'ai un peu la flemme, là... ko de ma semaine de boulot]
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() message posté Mer 2 Sep 2015 - 18:57 par Invité
“On a lonely highway how can we turn around the heartache ? ”  Je restai silencieux. Mes yeux étaient fixés sur la gueule de Loki. Il avait un éclat vermeil au fond du regard. Une intensité déroutante et profonde. Je me perdais dans son expression comme s'il m'était possible de lire ses pensées. Il s'agissait probablement d'un effet de mon imagination, mais je me sentais lié à la frayeur que je pouvais lire dans son attitude. C'était un chien battu, triste et abandonné. Il avait subi la violence de ses maîtres avant d'être jeté à la rue. Je pouvais sentir les jointures de ses os fragiles à travers sa peau. Je pouvais comprendre son angoisse face à l'agitation de Hommes. J'étais comme lui. Au fond de mon cœur, j'étais une bête féroce qu'on avait emprisonné pendant cinq longue années. J'étais en colère et complètement incontrôlable. Je secouais la tête. Maja était assez conciliante pour me permettre des sorties en dehors de ses heures de travail. Parfois, dans le parc, parfois tout près du centre. Sa sollicitude me touchait, même si je peinais à faire la part des choses. Elle était trop à cheval sur certains principes. Sa sévérité partait d'une bonne intention mais je connaissais mes limites. Je demeurais persuadé que Loki n'avait besoin que de moi. Il me le disait lorsqu'il frottait ses cuisses contre mes jambes, ou lorsqu'il prenait l'initiative de venir jusqu'à moi. Le chien était un animal intelligent. Il s'était aperçu de notre complicité. Je connaissais ses expériences et ces métamorphes que le destin nous réservait lorsqu'on était seuls. Je revivais mes tortures à travers sa tristesse. Je reconnaissais cette peur, cette détresse insensée et ces confrontations avec la réalité. J'avais l'impression qu'en sauvant Loki, je me sauvais moi-même. Je m'attachais à lui pour me réconcilier avec une ancienne version de mon identité. J'avais un jour été un soldat. Un homme vaillant et courageux, généreux et altruiste. J'avais sacrifié mon bonheur pour le bien d'une nation qui m'avait oublié. J'avais saigné à blanc avant de me relever dans le chaos de la guerre. C'était cette personne là que j'étais réellement, mais que je ne parvenais plus à retrouver. Je vivais l'épreuve d'une nouvelle réincarnation. Je savais que le but de ma guérison n'était pas la paix ou la tranquillité. Il s'agissait d'une destruction perpétuelle pour une reconstruction perpétuelle. Je crispai mes doigts autour des manches de ma veste. Attendant, guettant le signe de la jeune femme. J'avais bien des défauts en ce moment, mais j'essayais de me conformer à ses règles pour qu'elle accepte les miennes. J'obéissais en répondant à un vieux réflexe militaire. Celui du sniper de l'ombre. Je devais me montrer patient. Une part de moi le savait. Loki n'était pas prêt. Je ne l'étais probablement pas aussi. Mais, il me manquait. C'était mon seul lien avec la réalité. C'était mon seul ami. C'était absurde. J'étais entouré de personnes merveilleuses, mais elles ne faisaient que deviner mes sentiments tandis que mon chien pouvait sonder les tréfonds de mon âme. Il pouvait partager mes souffrances puisqu'il les avait connu par le passé. Je soupirai en acquiesçant de la tête.  « D'accord. » Soufflai-je lentement. Elle me tendit la laisse et je la pris avec délicatesse entre les mains. Je n'aimais pas infliger une telle promenade à Loki. Je ne voulais pas le contraindre à prendre la même direction que moi, alors je maintenais une prise légère sur son cou. Je le laissais suivre les flux du monde. Il trottait dans les allées du parcs. J'étais à ses côtés pour le guider mais seulement en apparence. En réalité, nous étions tous les deux libres. Maja le savait. « Merci. » Maugréai-je d'une voix rauque. Les commodités civiles m'étaient devenues complètement étrangères. J'essayais de lui montrer ma gratitude, mais ma maladresse prenait souvent le dessus sur mes actions. Je relevai mon visage vers elle et esquissai une ébauche de sourire. Pour la première fois, je détaillais les traits de son visage. Je n'avais jamais pris la peine de réellement la regarder avant aujourd'hui. « Vous … Tu … me rappelles quelqu'un. » Déclarai-je avant de me détoutner. Une infirmière en Afghanistan. Une collègue de ma femme avec laquelle je m'étais liée d'amitié. Elle s’appelait Callie. Elle était aussi sévère et bienveillante.


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