(✰) message posté Sam 4 Juil 2015 - 14:57 par Invité
« Sympa, merci. » Le retour aux réponses où le verbe était inexistant ne me dérangeait pas tant que ça au final. Roméo n’était pas expansif c’était le cas de le dire, mais on n’arrivait toujours à comprendre son état d’esprit malgré tout. Il n’était pas vraiment doué pour cacher les moments où je l’exaspérais même s’il ne disait rien, et c’est ça qui me faisait bien rire personnellement. Malgré tout le bougre avait réussi à me cacher qu’il allait se marier avec Elias, et ça pour une nouvelle, c’est une nouvelle. Il est timbré de vouloir se passer la corde au cou si tôt dans la vie, surtout connaissant à quel point il aime papillonner de temps à autre. On dirait que le fait de s’être mit avec Hanwell l’avait transformé, et c’était tant mieux d’ailleurs, j’admirais son comportement de mec fidèle à sa famille. Il avait aussi Noam maintenant qui était une responsabilité de plus, qu’il acceptait de prendre avec un plaisir infini d’ailleurs. En vérité j’étais surtout un peu jaloux de leur petite vie parfait, aucun nuage à l’horizon, à part pour choisir la robe… enfin le costume de ces messieurs.« Hum… ouais, non. On est fiancés depuis… avril. Tu sais… Je te l’aurais dit si tu t’étais pas donné un malin plaisir à m’insulter l’autre jour. » Les yeux fixés sur la fenêtre passager, je lève les yeux au ciel. Il allait encore remettre ça sur le tapis. Comme si c’était ma faute à l’époque alors que j’étais complètement bourré. Il ne pouvait pas comprendre l’effet qu’avait l’alcool sur un alcoolique qui en plus ne s’assume pas. Oui je savais qu’il fallait que je ne touche plus une seule goutte d’alcool, et non je ne comptais pas le faire. Parce qu’abandonner, ce serait dire que l’alcool à gagner, et ça c’était juste impossible pour moi à admettre. Le pire étant que je suis sûr que c’est ce qu’attend Roméo pour sa part, que j’admette que j’ai tort, ce qui était une chose que je ne faisais bien sur jamais. Je pense que le fait d’avoir du me racheter un nez veut dire qu’on est quitte. D’ailleurs en tant que mec bourré je ne me souviens même plus exactement des conneries que j’ai pu te raconter, alors soit tranquille. Je marquais une pause avant de reprendre sur une note plus joviale. En tout cas félicitations, je suis ravi pour vous deux, s’il y a bien un couple que je voyais marié et se disputant sur l’endroit où ils ont caché leurs dentiers respectifs à 80 ans c’est vous deux. Dis-je en riant légèrement. En vérité, Roméo et Elias était un bel exemple de ce que représente l’amour. A la base Elias n’était même pas attiré par les hommes, il a juste été attiré par lui, par sa personne. Le genre d’amour qui transcende toutes les étiquettes débiles qu’on n’a pu inventer pour ranger les gens dans des cases. « Bizarrement, me faire insulter par mon témoin m’a pas mal refroidi, du coup, j’ai préféré garder ça pour moi. Et puis vu la vision que t'as de mon couple, je me dis que c'est pas plus mal... » A ses paroles je fis directement volte-face. Quoi ? Il fallait rembobiner là, il ne pouvait pas lâcher un truc comme ça et passer à autre chose. Il voulait me demander d’être son témoin ? Il devait avoir reçu un coup sur la tête pendant que j’étais parti acheter de la bouffe, c’était juste pas possible. T’es sérieux là ? Ce serait un honneur pour moi de pouvoir signer un foutu papier qui atteste que j’étais là le jour où mon frère a épousé celui qu’il aime. Même si je n’approuve pas forcément tout le truc de l’institution du mariage, je comprends que ça puisse te botter de mettre ta plus belle robe pour faire rager les invitées. Dis-je en riant tout en lui donnant une tape sur l’épaule. D’un coup j’avais presque oublié que nous étions sensé encore nous détester. La nouvelle du fait qu’il avait pensé à moi pour un « poste » aussi important, m’allait droit au cœur à vrai dire, et comme toujours, j’avais bien du mal à cacher mon contentement. Et si tu veux vraiment qu’on reparle de cette soirée, je trouve certes que tu es tellement attaché à Elias que le monde n’existe plus en dehors de lui et Noam, mais je n’ai pas à te juger pour ça, je me suis fait à l’idée que nous ne serons peut-être jamais aussi proches, c’était juste un caprice de gamin d’avoir le frère parfait j’imagine. On a été bien déçu tous les deux je pense en se rendant compte que personne n’est parfait, surtout pas la famille. Dis-je en haussant les épaules et esquissant un demi-sourire avant de terminer mon café. Plus j’y pensais, plus j’avais d’idées complètement dingue et extravagantes pour ce mariage. Pourquoi ne pas faire venir un groupe super connu, ou même un feu d’artifice à la fin de la soirée ? Il fallait que je pense tout de suite à tout ce que je devais faire une fois rentré à la maison, il y allait y avoir du boulot… Enfin j’imaginais qu’il n’allait surement pas prendre qu’un seul témoin, la coutume étant aux Etats Unis d’en avoir deux ou trois, voire encore plus. Après je ne savais pas vraiment ce qu’ils avaient prévu et je ne voulais surtout pas être le mec lourd qui s’immisce dans leurs plans. Alors raconte un peu ? C’est lui ou c’est toi qui a sauté le pas ? Vous avez déjà fixé une date ? J’étais curieux, curieux au point de presque sautiller sur le siège comme un gamin en manque de bonbons. Le plus beau dans tout ça c’est que je n’avais même pas eu à épiloguer sur le tragique épisode du nez cassé et du moral sapé.
band-aids don’t fix bullet holes, you say sorry just for show. if you live like that you live with ghosts ✻✻✻ « Je pense que le fait d’avoir du me racheter un nez veut dire qu’on est quitte. D’ailleurs en tant que mec bourré je ne me souviens même plus exactement des conneries que j’ai pu te raconter, alors soit tranquille » Je tourne la tête vers la droite et lève les yeux au ciel, presque vexé qu’il me pense assez con pour tout oublier sous prétexte que monsieur ne se souvient de rien. Car si Austin ne se souvient plus de rien, ce n’est certainement pas mon cas. Chaque mot, chaque phrase, chaque insulte, je me souviens de tout et croyez bien que je ne suis pas prêt à l’oublier. Sans parler de son nez pété que je péterais bien une nouvelle fois, là, comme ça, juste pour le plaisir. « En tout cas félicitations, je suis ravi pour vous deux, s’il y a bien un couple que je voyais marié et se disputant sur l’endroit où ils ont caché leurs dentiers respectifs à 80 ans c’est vous deux. » Je souris en m’imaginant vieillir aux cotés d’Elias. Préférant vivre l’instant présent, j’avoue ne jamais m’être intéressé au futur et ce qui nous attend. Après, quand je parle futur, je fais bien entendu référence à nos années retraites. Le futur proche, lui ne me pose aucun problème. Je sais où je vais avec Elias et je n’en suis que pressé. Fonder notre famille, monter notre propre équipe de foot… Equipe de foot qui, je l’espère auront suffisamment réussi leurs vies pour s’occuper de l’un d’entre nous quand l’autre aura quitté ce monde. Avec un peu de chance, je serai le premier à partir. C’est égoïste mais je n’ai aucune envie d’être celui qui souffrira du manque de l’autre. Je l’ai vécu avec mon père et je n’ai aucune envie de revivre ça. Après j’avoue être surpris qu’Austin nous imagine nous disputer. Dans sa vision du couple, je serais bien incapable de tenir tête à mon maitre. Rôle de petit chien-chien oblige ! Non, je n’oublie pas. Je me retiens d’ailleurs de le préciser et me contente de poursuivre la conversation comme si de rien n’était. Mais bon, c’est tant mieux si ça l’amuse de nous imaginer sans dentier ! Ne me reste plus qu’à le ramener sur Terre, violement, certes, mais de façon efficace. « T’es sérieux là ? Ce serait un honneur pour moi de pouvoir signer un foutu papier qui atteste que j’étais là le jour où mon frère a épousé celui qu’il aime. Même si je n’approuve pas forcément tout le truc de l’institution du mariage, je comprends que ça puisse te botter de mettre ta plus belle robe pour faire rager les invitées. » Voilà une réponse à laquelle je m’attendais certainement pas. Monsieur prend ça comme une invitation alors que ce n’est qu’un constat. Je ne veux pas de lui à mon mariage, pas tant qu’il ne s’excusera pas pour ce qu’il a dit sur mon couple, pas tant qu’il ne m’aura pas prouver qu’il n’est pas aussi con qu’il s’amuse à le faire croire. Il me bouscule amicalement et m’arrache un sourire. Le voir s’amuser avec moi m’amuse dans le sens ou monsieur tire des plans sur la comète alors que moi, je grogne toujours intérieurement. « Va te faire voir… » Dis-je finalement. Hors de question que l’un d’entre nous se pointe en robe. On est gays, pas travestis ! « Et si tu veux vraiment qu’on reparle de cette soirée, je trouve certes que tu es tellement attaché à Elias que le monde n’existe plus en dehors de lui et Noam, mais je n’ai pas à te juger pour ça, je me suis fait à l’idée que nous ne serons peut-être jamais aussi proches, c’était juste un caprice de gamin d’avoir le frère parfait j’imagine. On a été bien déçu tous les deux je pense en se rendant compte que personne n’est parfait, surtout pas la famille. » Je tourne la tête vers lui, légèrement surpris. Est-ce que je suis censé prendre ça comme des excuses ? Où est-ce qu’il est juste dégouté à l’idée de rater sa chance d’être à mes côtés au mariage ? J’ai presque de la peine à l’idée de devoir le faire retomber sur terre. C’est assez con de ma part, de l’inviter avant de le désinviter. C’est un peu comme tendre un bonbon à un gamin avant de lui arracher des mains. J’aurais peut-être dû me taire sur ce coup. Et puis c’est bien beau de dire que j’ai tendance à tout oublier quand je suis avec Elias mais cela n’a rien à voir avec ce qu’il m’a reproché il y a plusieurs semaines de cela. « Alors raconte un peu ? C’est lui ou c’est toi qui a sauté le pas ? Vous avez déjà fixé une date ? » Le ton d’Austin m’arrache un rire nerveux. Faut définitivement que je le calme avant qu’il se mette à parler de cul où je ne sais pas trop quoi. On a beau avoir enterré la hache de guerre, on n’est pas potes pour autant. Surprise, je suis rancunier. « L’invitation, Austin, était pour mon frère. Celui avec qui j’ai passé je ne sais combien de jours à l’hôpital. Pas pour le con qui s’est amusé à dénigrer mon couple et n’a pas hésité à me faire passer pour le pire des enculés. » Au sens propre comme au sens figuré. Je n’oublie pas que monsieur ne s’est pas gêné pour parler de ma soumission sexuelle. Je veux bien en rire mais il y a des limites. « Enfin bref, laisse tomber. » Je lève les yeux au ciel et repart dans mon silence. Je ne sais pas si c’est la culpabilité ou ma franchise, mais Austin reste silencieux – pour une fois, se contentant de siroter son café. Désireux de couper court à tout échange, je me décide finalement à allumer la radio, montant suffisamment le son pour le dissuader de ne serait-ce qu’essaie de me faire entendre raison.
Dimanche, neuf heures trente. Un jour s’est écoulé depuis notre départ et rien n’a changé. Assis à côté d’Austin, je regarde le stade municipal se remplir peu à peu. Notre dernière discussion remonte à hier soir et n’avait rien de bien glorieux quand on pense qu’elle était essentiellement tournée sur ce qu’on allait bouffer. On avait opté pour du chinois, ce que je regrette amèrement aujourd’hui. Mon ventre est en vrac et mon humeur exécrable. Pauvre Austin, j’en viendrais presque à le plaindre. « Il est là » Dis-je finalement, en donnant un coup de coude à Austin qui semblait soudainement passionné par son Smartphone. Sur le terrain, un homme de taille moyenne dirige les gamins qui, après quelques étirements commencent à courir autour du terrain de foot. Un entraineur, super. Curieux, je regarde celui qui s’avère être mon père et ne peut m’empêcher de voir les similitudes entre son physique et le notre. On lui ressemble tellement que ça en devient presque perturbant. Au milieu du Stade, l’homme finit par nous repère – pas étonnant vu qu’on est les seuls membres du public – et s’approche de nous. « Je peux vous aider messieurs ? » Instinctivement, je me tourne vers Austin qui semble quelque peu pris de court. Je souris et tend ma main vers l’entraineur. « Romeo Davenport et voici mon frère, Austin Jenkins. » Je tourne les yeux vers Austin et sourit ayant l’impression d’être le grand frère. Avec un geste de la tête je l’invite à serrer la main de son père biologique ce qu’il finit par faire. « Ca serait possible de se rencontrer en dehors du stade ? C’est hum, on est là pour… » J’avoue avoir beaucoup de mal à trouver les mots. Tout était beaucoup plus facile avec Austin qui n’avait eu qu’à me regarder pour comprendre où était le problème. Chose que notre père pourrait tout aussi faire vu sa gueule et la notre. « Ouais, pas de soucis. Je finis dans deux heures. Il y a un café en face, je vous retrouve là-bas. » Le ton de l’entraineur me surprend. Peut-être qu’il n’est pas si con finalement. Sinon pourquoi aurait-il accepté de nous rejoindre ? A moins qu’il nous prenne pour des sélectionneurs ? J’en doute. Les sélectionneurs de foot se déplacent rarement en jumeaux.
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(✰) message posté Mar 7 Juil 2015 - 17:57 par Invité
« L’invitation, Austin, était pour mon frère. Celui avec qui j’ai passé je ne sais combien de jours à l’hôpital. Pas pour le con qui s’est amusé à dénigrer mon couple et n’a pas hésité à me faire passer pour le pire des enculés. Enfin bref, laisse tomber. » Cette simple réplique avait réussi à me rendre muet pour le reste du voyage. Mes espoirs réduits à néant, je me confortais à nouveau dans ma rancœur, oubliant presque que j'avais voulu me réconcilier avec lui. Sirotant mon café, je m'étais tourné vers le paysage, sans plus jamais croiser les yeux de Roméo. Il n'avait vraiment aucune pitié pour m'annoncer une nouvelle comme ça et ensuite tout casser, et après c'était moi le méchant de l'histoire parce que j'avais osé insulter le copain de monsieur… non mais franchement il fallait qu'il arrête d'être aussi borné pour se rendre compte qu'en étant bourré évidemment que j'avais pu dire des choses complètement mal à propos. Chaque fois que nous faisions un pas en avant, c'était immédiatement suivi de 10 pas en arrière, j'en avais plus que marre de cette relation à double sens qui ne semblait pas évoluer. Comme un con j'avais cru que ce week-end aurait pu potentiellement arranger les choses, seulement il n'en était rien. Je soupirais levant les yeux au ciel, soutenant ma tête avec mon coude et écoutant sa musique de naze. Oui monsieur sans pouvoir être plus clair avait mis la musique à fond pour éviter sans doute que je n'ouvre à nouveau la bouche. Autant dire qu'il allait être servi s'il voulait jouer au roi du silence.
Le lendemain rien n'avait changé entre nous, au contraire c'était pire que jamais. Nous ne nous étions pas parlé à part par grognement lorsque nous avions du choisir quoi commander à manger. La tristesse de la situation me rendait presque mélancolique, me faisant oublier l'excitation que j'avais à l'idée de rencontrer notre père. Les yeux rivés sur mon téléphone et mes lunettes de soleil plantées sur les yeux, j'évitais tout contact visuel avec Roméo. Je le laissais mener les opérations et finalement cela avait semblait payer puisque nous nous retrouvions face à face avec notre géniteur. Il était un peu plus loin à jouer le coach sportif, une chose qui me rassurait c'est qu'il n'était pas un rat de bibliothèque avec qui je n'avais rien en commun. Son esprit de sportif en disait déjà long sur la potentielle relation que nous pourrions construire un jour. Son visage ne laissait aucun doute quant à notre lien de parenté. Il était notre portrait craché dans 20 ans ce qui était presque déroutant. Lorsqu'il s'approcha enfin de nous qui étions les seuls présents aux alentours, il nous interpella comme si nous étions de parfaits inconnus, alors que même lui devait avoir compris de quoi il s'agissait. Une fois le rendez-vous au café d'en face fixé, je tournais les talons me sentant plus con que jamais. Je n'avais même pas réussi à lui décocher un mot, un comble pour moi qui passait ma vie à jouer les moulins à parole. Je suivais Roméo sans rien dire vers le lieu qu'il nous avait indiqué et m'asseyais à une table, commandant une part de tarte au citron et un café bien serré. Est-ce qu'on pourrait au moins faire semblant de ne pas vouloir s'arracher la tête pendant une heure ? C'est pas trop demandé ? dis-je sans même adresser un regard à Roméo en tournant ma cuillère dans la tasse. Je gardais les yeux rivés sur la grande baie vitrée qui se trouvait à côté de nous, attendant avec impatience de le voir s'avancer vers la porte d'entrée. J'étais tellement nerveux que je n'arrivais même pas à avaler ma commande. Pourtant il ne mit pas tant de temps que ça, après nous avoir dit qu'il serait là dans deux heures, une demi-heure plus tard il débarquait sur les lieux, sans doute trop curieux de savoir ce que nous lui voulions. Bon les garçons, je n'ai pas toute la journée alors soyons clairs. Si vous êtes venus parce que vous voulez me réclamer de l'argent vous pouvez faire demi-tour, je suis loin d'être crésus comme vous pouvez le voir. Il me fit beaucoup rire tandis que je le regardais avaler la part de tarte que j'avais commandé plus tôt presque d'une traite. En plus de ça nous avions les mêmes goûts, une chance. Je jetais un œil dans la direction de Roméo avant de reprendre. On n'est pas là pour ça je te rassure, on a juste su que tu étais encore vivant et on s'est dit que… peut-être ce serait sympa qu'on se rencontre. Enfin on ne voudrait pas non plus t'importuner. Dis-je en choisissant soigneusement mes mots. Me quoi ? M'importuner ? On t'a appris à bien parler dis-moi petit, me barrer en courant a peut-être été la meilleure chose que j'ai fait dans ma vie finalement. Il avait ce second degré que j'appréciais beaucoup, néanmoins c'était difficile de savoir s'il plaisantait ou s'il était juste désabusé au point de se foutre complètement que nous ayons fait tous ces kilomètres pour le retrouver.On est plutôt bien tombé dirons-nous, même si on a été séparé, chacun à notre manière on a été bien élevés… Il me regarda des pieds à la tête avec un sourire en coin. Il faut pas être Einstein pour se rendre compte que toi t'es le chanceux de l'histoire. Je levais un sourcil ne comprenant pas tout de suite à quoi il faisait allusion, puis enfin je fis le rapprochement, il devait me prendre pour un gros bourge qui ne connaissait rien à la vie. Encore un, il allait bien s'entendre avec Roméo. Roméo est le chanceux là-dedans, crois-moi… dis-je en me tournant vers lui, je lui laissais la parole, j'avais l'impression de dire n'importe quoi à chaque phrase et de m'enfoncer toujours plus.
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(✰) message posté Mer 8 Juil 2015 - 11:51 par Invité
band-aids don’t fix bullet holes, you say sorry just for show. if you live like that you live with ghosts ✻✻✻ Je m’assois en face d’Austin, presque déçu de devoir passer deux heures de plus avec lui. « Est-ce qu'on pourrait au moins faire semblant de ne pas vouloir s'arracher la tête pendant une heure ? C'est pas trop demandé ? » Je hausse les épaules comme un ado et laisse mon regard se perdre à travers la façade du magasin. « Je vais essayer… » Le fait est que je ne suis pas en colère contre lui, juste déçu. J’ai lancé des perches, lui ai donné l’occasion de s’excuser et tout ce que monsieur à su faire, s’est s’incruster à mon mariage. Mariage qui n’aura surement pas lieu avant un moment cela dit. Elias a beau être parfaitement à l’aise à l’idée de se marier avec moi, il ne semble pas particulièrement pressé. Je grimace, conscient de m’énerver injustement contre le seul qui semble bien décidé à vivre le reste de la vie avec moi. C’est juste qu’il me manque et qu’Austin n’aide en rien à oublier ce fait. J’ai juste l’impression de subir ce voyage sans avoir la moindre chance d’en profiter. Et dieu seul sait que j’aurais aimé profiter d’un voyage comme celui-là. Les plages, le soleil, les surfeurs, ça aurait pu être énorme. « Bon les garçons, je n'ai pas toute la journée alors soyons clairs. Si vous êtes venus parce que vous voulez me réclamer de l'argent vous pouvez faire demi-tour, je suis loin d'être crésus comme vous pouvez le voir. » Extirpé de mes pensées, je tourne les yeux vers notre père que je n’ai même pas entendu ou vu arriver. Surpris, je me redresse et force un sourire. Je ne sais pas pourquoi, quelque chose cloche avec ce type. Trop à l’aise, trop familier. Il a beau être notre père, il reste un inconnu et j’aurais aimé qu’il continue de se comporter ainsi. Côté positif, monsieur Walsh semble bien décidé à nous épargner la petite explication liée à notre existence. Il ne semble ni surpris et encore moins regretter ses actes. « On n'est pas là pour ça je te rassure, on a juste su que tu étais encore vivant et on s'est dit que… peut-être ce serait sympa qu'on se rencontre. Enfin on ne voudrait pas non plus t'importuner. » Je souris en direction d’Austin, content que mon frère est retrouvé ses esprits. Va savoir pourquoi, j’avais dû mal à l’imaginer silencieux. Il est, après tout, le plus motivé de nous deux quand il s’agit de lié une quelconque relation avec notre géniteur. Personnellement, mon père – bien que décédé – me suffit largement. Avec un peu de chance, mon petit-frère aura l’occasion de se lier avec l’un d’entre nous. Dommage que ça ne soit pas moi. Pas que je sois jaloux, loin de là, c’est juste que j’aurais aimé qu’Austin nous laisse une chance avant de tout foirer. « Me quoi ? M'importuner ? On t'a appris à bien parler dis-moi petit, me barrer en courant a peut-être été la meilleure chose que j'ai fait dans ma vie finalement. » Je fronce les sourcils, quelque peu mal à l’aise avec le discours de notre cher père biologique. J’ai peut-être un instinct paternel surdéveloppé mais je suis presque sûr qu’il n’y a aucune fierté à abandonner ses gosses, aussi stupides qu’ils puissent être. J’imagine que je devrais me sentir heureux d’avoir échappé à ce côté là de sa personnalité. Faut dire que je ne serais pas avec Elias si ça avait été le cas. « On est plutôt bien tombé dirons-nous, même si on a été séparé, chacun à notre manière on a été bien élevés… » Je baisse les yeux et souris, allant jusqu’à me mordre l’intérieur des joues pour ne pas rire. Bien élevés… je ne suis pas si sûr. Qu’il le veuille ou non, Monsieur Walsh a donné naissance à un obsédé sexuel et un alcoolique de renom. Un alcoolique qui se plaint vingt-quatre heures sur vingt-quatre et qui aime par dessus tout faire dans le mélodrame. « Il faut pas être Einstein pour se rendre compte que toi t'es le chanceux de l'histoire. » Je relève les yeux, assez surpris de l’entendre prendre parti de la sorte. Décidemment, ce mec est aussi con que son fils. Avec un sourire, il regarde Austin de pied en cap et je remarque tout de suite que monsieur Walsh n’a rien d’un bon samaritain. Ses yeux brillent à la vue des fringues d’Austin ne laissant aucun doute sur ses attentions. Suis-je donc le seul de ma famille biologique à ne pas s’intéresser à l’argent ? Est-ce une maladie génétique à laquelle j’aurais échappé ? « Romeo est le chanceux là-dedans, crois-moi… » Pas vraiment intéressé par moi – monsieur ne doit pas être fan du t-shirt noir et du jean à moitié troué, Emerick continue de fixer Austin avec un sourire. C’est limite si je n’ai pas l’impression de ne pas exister. « Romeo c’est moi… » Dis-je finalement en essayant d’être le moins accusateur possible. En face de moi, Emerick me regarde en fronçant les sourcils et m’arrache un sourire. Touché. J’espère juste qu’Austin ne prendra pas mal mon comportement mais ce mec, ce mec ne me dit rien de bon. Il a l’air juste assez con pour baver sur Austin. Et encore une fois, ce n’est pas de la jalousie. Repartant dans sa tarte, Emerick repart, toujours occupé à jeter des coups d’œil à Austin. « Alors dites-moi les garçons, qu’est-ce que vous faites dans la vie ? » Je me redresse dans mon siège, ne voulant pas laisser Austin reprendre la parole. Je n’ai aucune envie d’être mis de côté par ce con – et je ne parle pas d’Austin pour une fois. « Austin est dans la com’. C’est un super attaché de presse. Il bosse pas mal et a même eu une promotion. Il va pas tarder pour s’envoler pour New York et j’avoue que je suis plutôt fier. » Je tourne la tête vers Austin et souris. J’ai beau le faire mousser volontairement, je n’en pense pas moins. Outre son côté fils à papa, Austin est travailleur. Il a beau avoir eu son poste grâce à son père, c’est grâce à son acharnement qu’il a su le garder. Rendons donc à César ce qui est à César. « Personnellement, je bosse à l’aéroport de Londres, je suis dans la sécurité. » La bouche pleine, Emerick hoche la tête avant de tourner les yeux vers Austin. « Dans la com, c’est bien ça, j’imagine que ça doit être bien payé. J’avoue que j’ai pas mal de projets en tête en ce moment. Ca serait bien qu’on puisse en parler. Monter un truc à deux pour se rapprocher. » Non mais je rêve ! On frôle presque l’extorsion là ! Les sourcils froncés, je tourne les yeux vers Austin en priant pour qu’il ne soit pas assez con pour tomber dans le piège. A croire que rencontrer notre père n’était pas l’idée du siècle. Je hais ce con plus que je ne suis en colère contre Austin. « J’imagine qu’avec une réussite pareil, tu dois collectionner les filles. » Je lève les yeux… au moins on sait d’où on tient notre addiction. Moi qui aimais me vanter d’avoir une libido sans limite, voilà que ce con va finir par me gâcher tout mon plaisir ! « Oh oui Austin, raconte nous à quel point tu es parfait… » Je grogne plus que je ne parle dans mon coin. Les deux semblent tellement occupé à se faire l’amour visuellement que j’en arrive presque à trouver ma présence indécente. Je devrais peut-être me casser, profiter de leur conversation pour m’éclipser et téléphoner à Elias… juste histoire de me plaindre. J’ai beau ne pas être un Caliméro, j’ai bien envie de vider mon sac, là, maintenant, tout de suite. Sans trop savoir comment, je laisse la conversation continuer sans me soucier de ce qu’ils disent. Mais très vite, la conversation revient sur moi ou du moins moi et mon couple. Surement mal à l’aise à l’idée de me laisser mourir dans mon coin, Austin n’a pas hésité à annoncer les fiançailles et j’avoue être légèrement surpris. Pour une fois, notre père s’intéresse à moi avant de rire nerveusement. « Donc, j’ai un gamin plein aux as et un suceur de queues. J’en aurais au moins réussi un sur deux ! » Avec un sourire, il tape l’épaule d’Austin. Personnellement je suis sans voix. Je tangue entre la colère et la peine et suis incapable de dire quoi que ce soit. Moi qui suis d’habitude si fier de ce que je suis et de ce que nous sommes avec Elias, je me retrouve pris de court, incapable de me défendre, de nous défendre. Ma mère, le père Hanwell, mon père biologique… la liste s’agrandit on dirait.
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(✰) message posté Jeu 9 Juil 2015 - 15:07 par Invité
« Romeo c’est moi… » Je tournais la tête vers lui, c'est vrai qu'il était un peu laissé pour compte depuis tout à l'Heure malgré mes efforts pour l'intégrer à la conversation. Notre relation n'était peut être pas au beau fixe mais ça n'empêchait pas que je voulais qu'il profite de l'occasion unique de socialiser un minimum avec notre père biologique. Il en profita pour embrayer sur notre vie, notre métier… des paroles plutôt banales mais qui montraient tout de même son intérêt pour cette réunion. « Austin est dans la com’. C’est un super attaché de presse. Il bosse pas mal et a même eu une promotion. Il va pas tarder pour s’envoler pour New York et j’avoue que je suis plutôt fier. »Fier ? Il est sérieux là ? Il ne cesse de me traiter de fils de riche qui ne mérite rien de ce qu'il a et là il sort qu'il est fier de ma réussite ? Est-ce qu'il aurait enfin récupérer un cerveau … oui il n'avait jamais vu plus loin que ce que je laissais paraître, mais j'avais comme tout le monde galéré pour en arriver où j'étais. Des heures interminables de boulot, jusqu'à 1h voir 2h du matin parfois. C'était facile de rentrer dans une boite par piston, le truc c'est que si on ne fait pas l'affaire on se fait jeter à la première occasion, l'efficacité est un critère clé dans la presse. Si un journal décide a 23h58 de sortir un papier sur un de mes clients j'ai tout intérêt à prendre une bonne dose de café car je passerais sans doute la nuit à tout faire pour que cet article ne paraisse pas. Je le regardais avec un léger sourire pour le remercier, sans en faire toute une montagne, j'avais apprécié au plus haut point que pour une fois il me trouve une qualité et pas tous les défauts du monde. « Dans la com, c’est bien ça, j’imagine que ça doit être bien payé. J’avoue que j’ai pas mal de projets en tête en ce moment. Ca serait bien qu’on puisse en parler. Monter un truc à deux pour se rapprocher. » Je fis volte-face ne comprenant pas trop où Emerick voulait en venir, il n'avait pratiquement pas fait attention à ce que Roméo lui avait dit sur lui, et était directement revenu vers moi pour me parler de mon salaire. Heureusement qu'il ne savait pas que je venais d'une famille multimillionnaire ça aurait sans doute encore plus attisé sa "curiosité" dirons-nous. Je jette un œil à Roméo distraitement avant de répondre. J'avoue y avoir pensé aussi mais c'est vrai que j'adore mon job actuel, je ne me vois pas m'investir dans un nouveau projet là tout de suite. Il me regardait avec un petit air déçu tout en mordant dans la part de tarte qu'il m'avait gracieusement volé. D'ailleurs maintenant j'en voulais de cette tarte… il fallait que j'arrête de penser à la bouffe. C'était un bon moyen de me distraire de l'attitude plus que bizarre du mec que j'avais en face de moi. Comme si je perdais peu à peu espoir de rencontrer le père parfait. Au pire tu peux juste me donner… enfin investir dans mon projet et je m'occuperai de tout, j'ai vraiment envie qu'on puisse apprendre à se connaître tous les deux, on a du temps à rattraper. Je commençais à me sentir de plus en plus mal à l'aise vis-à-vis de Roméo même si je ne pu m'empêcher de sourire à sa proposition. Il prononçait les mots que j'avais toujours rêvé d'entendre de la part de mon propre père, qui avait décidé de m'envoyer dans la boite d'un de ses potes plutôt que de m'engager moi dans son entreprise afin de prendre un jour sa suite. Là il me proposait de travailler, main dans la main, d'égal à égal comme un père et un fils devraient le faire. « J’imagine qu’avec une réussite pareil, tu dois collectionner les filles. » « Oh oui Austin, raconte nous à quel point tu es parfait… » Je les regarde tour à tour, voyant une espèce de tension en train de naître. J'avais presque envie de partir et de le les laisser tous les deux, en fait on aurait du le rencontrer séparément, peut-être qu'il aurait moins fait de différences entre nous. J'avais clairement l'impression qu'il voulait apprendre à me connaître, mais en même temps il abordait bien trop le sujet de l'argent pour être totalement honnête. Je tournais ma tasse de café entre mes mains, la tête dedans, ne répondant pas tout de suite. Je lançais un regard exaspéré à Roméo qui ne faisait vraiment aucun effort. Certes il était complètement partial, mais il pouvait au moins essayer de s'intégrer à la conversation. Je décidais donc de ramener l'attention sur monsieur qui apparemment en manquait bien trop. Les filles ça va ça vient, il faut dire que je ne suis pas le genre de mec à chercher à se poser pour l'instant. Mais Roméo vient de se fiancer récemment avec son copain, d'ailleurs ils vont se marier d'ici peu de temps. Dis-je avec un ton jovial. C'était une bonne nouvelle pour lui, au moins un de ses fils avait réussi à trouver quelqu'un qui l'aimerait potentiellement pour la vie, une chose bien rare de nos jours. Je me tus enfin, regardant à peine Roméo, car je n'oubliais la façon dont il m'avait fait comprendre que je n'étais pas le bienvenu à ce dit mariage. Au moins il pourrait inviter notre père, même s'il ne le connaissait pas j'étais persuadé qu'il serait ravi d'être là. « Donc, j’ai un gamin plein aux as et un suceur de queues. J’en aurais au moins réussi un sur deux ! » Je mis un moment à réaliser ce que je venais d'entendre. J'hésitais entre éclater de rire et lui éclater la figure car je ne savais pas si ce qu'il disait était ironique ou simplement haineux envers Roméo. Vu son regard de dégoût je penchais pour la deuxième solution. Moi qui avait toujours été élevé dans une culture où tout le monde se fou de savoir si on est gay bi ou hétéro était choqué par des propos d'une telle violence. Le regardant, puis regardant Roméo qui ne savait plus où se mettre, je me levais d'un bond. Attends mais c'est à ton fils que tu parles, il a le droit d'aimer qui il veut ! S'il avait été gay et millionnaire ça t'aurais peut-être été égal de savoir qui il baise, non ? Il leva les yeux vers moi presque anesthésié par mes paroles, j'étais passé du gentil garçon à celui qui pète un câble et fait un scandale au milieu du café. Il se leva à son tour pour se mettre à mon niveau. Je te conseille de me parler un peu mieux gamin et de te rasseoir si tu veux pas que je t'en colle une devant tout le monde, tu te prends pour qui ? En plus ça vaut pas le coup de te mouiller pour cette pédale… dit-il en me bousculant à moitié pour que je me calme comme si c'était normal. Sans même réfléchir ou chercher plus loin, une fois mon équilibre retrouvé je lui fichu mon poing dans la figure si bien qu'il vacilla et s'étala de tout son long sur le plancher. La prochaine fois que tu veux insulter mon frère, évite de le faire en face de moi, compris ? Je crois que c'est inutile de te dire que c'est la dernière fois que tu me vois. Bon vent. J'attrapais ma veste, déposais un billet de 20 dollars en boule sur la table pour l'addition et sortit. Je secouais ma main qui était bien amochée, j'avais dû le frapper en plein sur l'os, autant dire que je m'étais fait aussi mal que lui, mais ça valait le coup. Même si Roméo s'en foutait de ma gueule, je ne supportais pas qu'on le rabaisse comme ça, surtout venant de notre soi-disant géniteur. Pour moi il n'était plus qu'un donneur de sperme désormais. Et dire que j'en attendais tellement de ce voyage… une fois de plus déçu, je m'asseyais sur un banc prêt d'un arrêt de bus, attendant, prêt à me barrer d'ici au plus vite.
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(✰) message posté Sam 11 Juil 2015 - 11:42 par Invité
band-aids don’t fix bullet holes, you say sorry just for show. if you live like that you live with ghosts ✻✻✻ Ce n’est pas la première fois qu’on m’insulte. Pas la première fois qu’on m’accuse d’être une tapette, une tafiole et tout un tas d’autres noms d’oiseau que je préfère garder pour moi. Mais le fait est que je n’avais jamais été aussi facilement insulté par un adulte. La dernière fois qu’on m’a insulté comme ça, c’était au collège. Un gamin m’avait surpris mater un de mes camarades et n’avait pas hésité à se moquer, me forçant à le faire taire et ce, à grands coups de poings. Là, pour le coup, j’avoue ne pas trop savoir comment réagir. Une partie de moi voudrait répondre quelque chose d’assez cynique alors qu’une autre voudrait juste lui bousiller la cervelle à grands coups de pelle. « Attends mais c'est à ton fils que tu parles, il a le droit d'aimer qui il veut ! S'il avait été gay et millionnaire ça t'aurais peut-être été égal de savoir qui il baise, non ? » Je tourne la tête vers Austin, surpris de le voir réagir à ma place. C’est que j’irai presque à le remercier ce con ! A côté de lui, notre vénal petit papa se relève, pas vraiment content de voir passer le gentil Austin du côté obscur de la force. « Je te conseille de me parler un peu mieux gamin et de te rasseoir si tu veux pas que je t'en colle une devant tout le monde, tu te prends pour qui ? En plus ça vaut pas le coup de te mouiller pour cette pédale… » Suceur de queues, pédale, ça commence à faire beaucoup. Et si monsieur continue sur ce chemin, père biologique ou pas, il finira avec quelques dents en moins. Chose qui arrive bien plus tôt que prévu puisque qu’Austin ne se gêne pas et lui balance son poing en pleine gueule. « La prochaine fois que tu veux insulter mon frère, évite de le faire en face de moi, compris ? Je crois que c'est inutile de te dire que c'est la dernière fois que tu me vois. Bon vent. » Choqué par la réaction de mon frère, je regarde Austin payer sa note et s’éloigner avant de tourner la tête vers notre soi-disant père qui gît toujours sur le sol. Avec un sourire légèrement satisfait, je me relève avant de m’accroupir à côté de lui. Sans ménagement, je pose mes doigts sur le nez de notre vieille réplique et souris un peu plus en l’entendant hurler de douleur. C’est cassé. Prenant mon pied, je le regarde grogner avant de poser mes coudes sur mes cuisses. « Pour info, je fais ça très bien. » Il me regarde, légèrement surpris et quelque peu confus. « Sucer des queues. » Il fronce les sourcils et je me laisse aller à lui taper l’épaule, me donnant un air compatissant. « Tu devrais aller voir un toubib, ça à l’air cassé. » Je me relève finalement, l’enjambe et quitte le café, plutôt fier, finalement, de notre rencontre. J’espère juste que ce gros con sera assez intelligent pour ne pas porter plainte contre Austin. Il mérite ce qui lui arrive, ce n’est que justice.
Dehors, je cherche Austin des yeux et ne tarde pas à le retrouver, assis à un arrêt de bus. Avec un sourire, je m’approche de lui et remarque que monsieur semble inquiet pour son poing. Faut dire qu’il n’y est pas allé de main morte. « Hé Rocky ! » Je souris, contourne le banc sur lequel il est assis et m’assois à côté de lui. Je ne suis pas sûr d’avoir été un jour aussi fier de lui. « C’était une sacrée droite… On voit tout de suite de qui tu tiens ça. » Amicalement, je lui donne un coup de coude avant de me laisser m’écrouler contre le dossier du banc. Limite si j’ai pas envie de le renvoyer dans la cage tellement sa réaction était mythique. Moi qui pensais être le plus nerveux des deux, j’étais bien loin du compte. Faudra pas que je l’oublie le jour de notre prochaine dispute. Perdant le sourire, je finis par me pencher en avant, posant mes coudes sur mes genoux. « On dirait que c’est juste toi et moi finalement. » Je tourne la tête vers lui et force un sourire conscient qu’il doit être déçu. Lui qui s’attendait à trouver le père parfait s’était retrouvé face au pire des cons. Je n’aurais jamais dû lui parler de notre père. Ca lui aurait évité une déception, ça nous aurait évité une déception. Car j’ai beau avoir dit le contraire, je comptais, moi aussi, beaucoup sur cette rencontre. Ayant perdu mon père adoptif, je pensais avoir l’occasion de retrouver tout ce que j’avais pu vivre avec lui. Retrouve ce sentiment propre aux relations père-fils. J’imagine que je n’ai plus qu’à me rattacher à mes souvenirs. A mes souvenirs et mon amour pour ce père que je ne reverrais qu’une fois l’arme passée à gauche. Chose qui, je l’espère, n’arrivera pas avant plusieurs dizaines d’années. « Merci d’avoir pris ma défense. » Je me redresse et tape son épaule avec toute la compassion du monde. « C’était sympa, vraiment. » De quoi oublier toute la merde qu’il a pu dire sur moi. Surtout que je ne l’avais jamais imaginé aussi protecteur. Surtout pas envers moi qui n’est pas hésité à le désinviter de mon mariage. Silencieux, je jette un coup d’œil autour de nous. J’ai beau être conscient qu’Austin cherche à fuir, je ne compte pas le laisser partir aussi facilement. Aujourd’hui, ce con m’a prouvé ne pas être aussi stupide que je l’imaginais et j’ai bien envie d’en apprendre plus sur ce nouvel Austin. Laisser de côté son côté crâneur et moqueur et me concentrer sur lui. Reste néanmoins mon éternel manque de sérieux quand il s’agit de parler de sentiments. Plaçant mes coudes sur le dossier du banc je tourne la tête vers lui. « Ca te dit qu’on se pose à la plage histoire de profiter du temps qu’il nous reste ? On aura qu’à manger un truc sur la côte. » Autrement dit : « ça te dit de passer un moment avec ton frère ? » Je suis presque sûr que ça nous ferait le plus grand bien. Surtout que c’est notre dernière chance d’essayer. Bientôt, monsieur sera en route pour New York et je n’aurais plus l’occasion de le voir avant un bon bout de temps.
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(✰) message posté Sam 11 Juil 2015 - 18:28 par Invité
Encore secoué par ce qui venait de se passer j’étais loin d’être d’humeur à rigoler, j’avais plus envie de chialer. Tous mes espoirs d’une vraie famille étaient réduits à néant. Ma famille adoptive aurait certainement voulu ne jamais m’avoir eu dans leurs pattes, et maintenant ma famille biologique me faisait comprendre que c’était la même chose pour eux. A vrai dire j’avais toujours remis la faute sur le dos de mon père, mais avec deux familles qui me détestent, il serait sans doute temps que je réalise qu’en fait c’est moi le problème. A cette seule pensée, je passais rapidement ma main sur mes yeux pour éviter de me retrouver à pleurer comme une fillette, et puis de toute façon il était loin de le mériter. Je n’étais même pas triste, j’étais juste dégouté, déçu et en colère. « Hé Rocky ! C’était une sacrée droite… On voit tout de suite de qui tu tiens ça. » Je tournais la tête entendant Roméo qui venait de me rejoindre. Je pensais qu’il se serait cassé depuis le temps, après tout nous avions fait ce que nous devions faire, le voir. Et une fois de plus c’était un fiasco total. Il devait commencer à s’y habituer, chaque fois qu’on se voyait ça finissait soit avec un nez cassé ou dans les cris. J’espère que tu parles pas de toi, avec tes bras de gamine de 12 ans tu peux pas trop te la péter. La dernière fois ça comptais, pas j’étais pas en état de te mettre une raclée, petit frère. Dis-je en riant légèrement pour cacher à quel point j’étais mal. Après tout lui s’en fichait, il n’était même pas pour ce voyage à la base, il était sans doute venu par curiosité, ou dans l’espoir de me voir m’humilier comme je venais de le faire. C’est vrai, pendant un moment j’avais eu l’impression qu’Emerick m’aimait bien, en fait c’était mon portefeuille qui lui plaisait le plus, quel con. Je le laissais s’asseoir à côté de moi, posant mes coudes sur mes genoux, laissant mes mains pendantes et regardant la mer au loin. Encore une journée de merde au pays d’Austin, après on s’étonne que je passe ma vie à me plaindre, mais j’ai de quoi. On croit toujours que parce que j’ai de l’argent, un bon métier et que je suis plutôt beau gosse que je n’ai aucun soucis dans la vie et que je n’ai limite pas le droit de me plaindre. Il ne faut pas oublier que l’argent ne fait pas tout, certes on est heureux pendant 5 minutes quand on peut acheter ce qui nous fait envie, mais ce n’est pas ça qui vous fait de bons souvenirs à raconter à vos enfants plus tard. La preuve je n’ai pas été capable d’avoir une copine stable une seule fois dans ma vie, triste constat. « On dirait que c’est juste toi et moi finalement. » Je confirmais d’un signe de tête. Ce n’était pas rassurant de se dire qu’il ne restait que nous alors qu’on ne pouvait pas se sentir un jour sur deux. Enfin avoir un frère ou une sœur ça doit être surement comme ça dans la réalité, je ne peux pas juger, je suis juste le petit connard égoïste américain après tout, comme il doit m’appeler quand il parle de moi aux autres. Bref, j’avais décidé d’arrêter de prendre tout à cœur comme ça au moment où nous étions montés dans cette voiture, je devais m’y tenir. « Merci d’avoir pris ma défense. C’était sympa, vraiment. » Pourquoi est-ce qu’il faisait ça ? Chaque fois que je voulais recommencer à l’ignorer comme il avait pu le faire avec moi, il me sortait une phrase qui me redonnait l’espoir qu’en fait il ne me détestait pas tant que ça. De rien. Marmonais-je rapidement. Je sens sa main sur mon épaule comme si on était bons potes qui se soutiennent malgré les mauvais moments. J’avais envie de lui rappeler à quel point il avait été le pire connard du monde avec moi plus tôt mais je ne voulais pas remettre de l’huile sur le feu. Je suis sur que tu aurais fait la même chose pour moi. Et puis je pouvais pas le laisser te parler comme ça, il y a que moi qui peut te traiter de suceur de queue. Dis-je en lui rendant le coup de coude qu’il m’avait mis plus tôt. Pour moi c’était plutôt drôle qu’autre chose. Le fait qu’il soit gay ne m’avait jamais dérangé loin de là, d’ailleurs ça élargissait plutôt mon champ de blague de cul. Même si j’évitais de les faire en présence d’Elias, qui était, il faut l’avouer, bien plus mal à l’aise que Roméo en la matière. « Ca te dit qu’on se pose à la plage histoire de profiter du temps qu’il nous reste ? On aura qu’à manger un truc sur la côte. » surpris par sa proposition j’étudie la chose un moment avant de répondre. Il veut se foutre de ma gueule encore ? Il va me dire que c’est une blague et monter dans sa caisse pour aller rejoindre son Elias ? Il n’avait pas l’air de bouger pourtant, il était peut être sérieux après tout. C’était sûrement parce qu’il se sentait redevable et qu’il avait pitié de moi… Tu sais ne te force pas à passer du temps avec moi pour me remercier de quoi que ce soit, il n y a pas de raison de te faire perdre ton temps si tu as envie d’être ailleurs. Dis-je simplement. Je n’étais pas en colère, juste réaliste. Il n’avait jamais montré la moindre envie de passer du temps avec moi, et encore moins depuis notre altercation au bar. Mais je dis pas non pour aller manger un truc, l’enfoiré à bouffer ma part de tarte… dis-je en boudant à moitié ce qui arracha un sourire à Roméo. Oui parfois je peux être un vrai gosse avec les choses qui m’appartiennent. Je me levais donc du banc, me dirigeant en direction de la place avec lui, comme si tout cela était normal. Les mains dans les poches et le soleil encore haut dans le ciel derrière un ou deux nuages, j’allais enfin savoir ce que c’était que de traîner avec son frère.