Just me and you. [Eira ♥][terminé]

Code by Silver Lungs

Londres. Cette ville l’angoissait. Certes, c’était elle qui avait insisté pour que toute la famille vienne vivre dans cette ville. Cependant, elle était loin de s’y sentir à l’aise. Chaque détail, chaque immeuble, chaque coin de rue… Il suffisait d’un rien pour qu’elle se souvienne de fragments de sa vie passée, bons comme mauvais. Elle se souvenait de Noah, de sa douceur, si rare comparée à la violence dont il faisait preuve la majorité du temps. Elle se souvenait des jeunes Abberline, eux qui devaient avoir tellement changés depuis le temps qu’elle les avait abandonnés. Et puis elle se souvenait de l’enfant qu’elle avait perdu et cette pensée lui serrait le cœur à chaque fois qu’elle traversait son esprit. Cependant, elle n’en montrait rien et s’efforçait de se montrer heureuse, ne souhaitant pas inquiéter son cher et tendre Ezechiel, bien que celui-ci soit loin d’être aveugle. Il avait tellement tenté de la convaincre de ne pas revenir ici, mais elle ne l’avait pas écouté. Elle se devait de le faire, à ses yeux c’était comme une obligation envers les gamins qu’elle avait lâchement laissé tomber. Mais qu’allaient-ils penser d’elle ? Elle avait tellement dû les décevoir… Cette pensée aussi lui faisait mal au cœur et elle tâcha de la recaler dans un coin reculé de son cerveau, lorsque la voix de son homme résonna dans la maison.

Lâchant le livre qu’elle était en train de lire, elle sortit de leur chambre et descendit rapidement l’escalier, veillant à ne pas louper de marche pour ne pas se casser la figure. Lorsqu’elle débarqua dans la cuisine, elle se stoppa net en voyant le nombre de vêtements pour bébé étalés sur la table, tous plus adorables les uns que les autres. « Mon dieu… » Il y en avait aussi bien pour fille que pour garçon, ainsi que des ensembles assez neutres qui pouvaient convenir aux deux. Elle s’approcha de la table et pris un petit pyjama entre ses mains, fondant comme une guimauve à la vue de ce petit vêtement. Un court instant, cela lui rappela tous les achats qu’elle avait fait pour le premier enfant qu’elle avait porté, il y a cinq ans de cela. Et si une ombre passa rapidement sur son visage, elle se reprit bien vite et sourit. Elle regarda le pyjama quelques secondes avant de le reposer et d’aller vers son homme, passant ses bras autour de son cou pour ensuite poser son front contre le sien. « Tu es complètement fou d’avoir acheté tout ça. » Un grand sourire illuminait son joli visage, montrant à quel point elle était heureuse en cet instant. Effleurant la joue de son tendre amour du bout des doigts, elle vint ensuite déposer ses lèvres sur les siennes, dans un doux baiser. « On ne connait même pas le sexe du bébé, qu’est-ce qu’on va faire si c’est un garçon ? On ne va quand même pas lui mettre des robes. » Elle rit doucement et se sépara de son mari pour se tourner une nouvelle fois vers la table, contemplant tous ses achats. Voir tout ça, cela rendait les choses encore bien plus réelles qu’elles ne l’étaient déjà. Ils allaient avoir un bébé. Un petit être vivant, fruit de leur amour. Elle poussa un léger soupir et fit glisser une de ses mains sur son ventre. Il n’était pas encore très voyant, mais il commençait à s’arrondir doucement, au fil des jours, laissant de la place à la petite crevette qui grandissait dans son utérus. « Merci mon amour, c’est vraiment adorable tout ça. »

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Qu’avait-elle fait de si extraordinaire dans sa vie pour avoir le droit à un mari comme lui, si parfait ? Cet homme était un exemple même de gentillesse, de tendresse, d’amour et de perfection. Et il était à elle, pour le meilleur et pour le pire, ils se l’étaient promis. Depuis quatre ans, même s’ils n’étaient pas mariés à l’époque, c’était surtout le « pour le meilleur » qui primait. Certes, il y avait eu quelques moments désagréables à passer, même si ça n’était rien comparé à ce qu’ils avaient aujourd’hui. Quelques broutilles vite éclipsées. Les deux seuls ombres majeures au tableau qui persistaient encore n’étaient autre que la fille d’Ezechiel, qui avait toujours beaucoup de mal à l’accepter, d’autant plus depuis qu’elle était enceinte, ainsi que son prochain retour dans le monde des Abberline. Mais elle savait que tout finirait par s’arranger, elle en était certaine. Et elle pourrait ensuite être pleinement heureuse avec son homme et sa petite crevette qui grandissait dans son ventre.

« Tu préférerais un garçon ou une fille ? » Elle s’était retournée pour lui faire face, toujours serrée dans ses bras, son nez niché dans son cou. Pour sa part elle s’en fichait, fille ou garçon, qu’importe après tout ? Tant que le bébé était en bonne santé. Néanmoins, peut-être qu’avoir une fille aurait été moins douloureux pour elle. Cela ne lui aurait pas autant rappelé le petit garçon qu’elle avait perdu cinq ans auparavant. Mais même si elle donnait naissance à un mini Ezechiel, elle serait heureuse. Vraiment heureuse. Glissant ses doigts dans les cheveux de son homme, elle releva la tête et lui sourit doucement. « Pour bien faire il aurait fallu avoir des jumeaux mais… je crois que ça aurait fait beaucoup ! » De nouveau elle rit, puis gloussa légèrement lorsque son mari lui administra une tape sur les fesses. Elle se retourna pour lui lancer un regard enjôleur, puis lui tira gentiment la langue. « Voyons monsieur Trevelyan, un peu de tenue ! » Elle fit le tour de la table, continuant de contempler tous les achats de son mari. Il était déjà tellement impliqué dans cette grossesse, c’était adorable. Néanmoins il se prenait beaucoup trop la tête à certains moments, notamment la nuit. Il n’était pas rare qu’elle se réveille et qu’elle le trouve en train de fixer le plafond, perdu dans ses pensées. Peut-être était-ce son âge qui le préoccupait ? Elle n’en savait rien, elle n’avait jamais posé la question. Elle savait qu’il lui en parlerait s’il le souhaitait. « Oui mon amour, mais on a encore le temps tu sais, ce bébé ne va pas venir au monde maintenant. » Elle, elle était plus zen, ce qui dans un sens n’était pas plus mal car trop de stress n’aurait pas été bon pour le bébé. Mais apparemment pas assez zen aux yeux de son mari qui venait de lui annoncer que dans une heure elle avait rendez-vous au SPA. Oh… Il prenait tellement soin d’elle, ça ne pouvait que la toucher au plus profond de son être. « Il ne fallait pas Ez’… » Elle esquissa un sourire et revint vers lui pour effleurer sa joue du bout des doigts. L’idée de se faire masser ne la déplaisait pas, mais seulement si il était aussi de la partie. Sinon, ça ne valait pas le coup. « J’espère que tu viens aussi. Sinon pas question que j’y aille. » Elle croisa ses bras sur sa poitrine et lui jeta un regard catégorique, bien décidée à mettre ses paroles à exécution. Néanmoins, elle ne resta pas sérieuse bien longtemps et ne put réprimer un grand sourire. Cet homme avait le don de la rendre euphorique, même après quatre ans de relation.

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Insister pour qu’il vienne pouvait aisément ressembler à un caprice de sa part, mais elle s’en fichait. Elle voulait qu’il l’accompagne, elle voulait pouvoir passer un petit moment détente avec son homme, rien qu’elle et lui. Car elle savait que ces moments seraient bien trop rares après la naissance du bébé, il fallait donc qu’ils en profitent dès maintenant car ensuite ça serait trop tard et ils regretteraient de ne pas l’avoir fait. Alors oui, bien sûr qu’un homme dans un spa ça pouvait parfois paraître étrange, et c’est certain qu’il y en avait peu, mais il fallait arrêter de croire que seules les femmes pouvaient prendre soin d’elles. La jeune femme lui fit donc sa moue spéciale qui, elle le savait, le faisait toujours craquer. Et cela sembla encore une fois marcher cette fois-ci car quelques secondes après il lui signifiait d’un petit geste que c’était d’accord. Immédiatement, elle se mit à sautiller sur place et à taper dans ses mains comme une enfant, ravie qu’il accepte de venir avec elle. « Ouiiiiii, merci mon amour. » Elle déposa un baiser sur sa joue et fila à l’étage pour se préparer, comme il venait de le lui demander. Cet homme était vraiment une perle.

Peu de temps après, elle redescendait dans la cuisine, son sac sur l’épaule et prête à partir. Dans la pièce flottait une délicieuse odeur de chocolat qui lui mit rapidement l’eau à la bouche. Elle aimait quand il se montrait si attentionné avec elle, elle trouvait ça tellement adorable. Posant son sac sur une chaise, elle s’installa sur une autre, en face de la tasse de chocolat encore fumante et d’une petite assiette contenant trois grosses parts de gâteau. Lorsqu’elle la vit, la jeune femme ne put s’empêcher d’éclater de rire et de secouer lentement la tête. Trois parts, vraiment ? C’était peut-être un peu beaucoup, non ? Même si elle mangeait plus qu’à l’accoutumée, devant manger pour deux, elle n’était pas certaine de réussir à engloutir trois parts de gâteau. « Tu es adorable Ez’, mais là je crois que tu as vu un peu trop grand. » Elle prit une part de gâteau dans laquelle elle croqua. Hum, moelleux à souhait, délicieux. « Tiens, prends-en une. » Elle poussa l’assiette vers lui et lui sourit doucement. Elle n’avait pas envie de prendre dix kilos dès le début de sa grossesse, il fallait donc qu’elle fasse un minimum attention tout de même. Certes, elle pouvait se faire plaisir car il fallait que son bébé prenne des forces, mais pas trop quand même.

Une quinzaine de minutes plus tard, elle avait avalé une demi part de gâteau et but la totalité de son chocolat qui, il fallait l’avouer était délicieux. « On y va maintenant ? » Elle lui fit un grand sourire, se leva et alla enfiler ses chaussures et sa veste. Elle vint ensuite récupérer son sac, puis se posta devant la porte d’entrée, attendant que son homme la rejoigne. « Allez mon amour, on va être en retard sinon ! » Et il savait à quel point la ponctualité était importante pour elle. Sa mère lui avait toujours appris à être à l’heure et elle détestait arriver ne serait-ce que cinq minutes en retard. Elle trouvait ça particulièrement déplacé. Voilà pourquoi elle râlait toujours lorsque Ezechiel prenait tout son temps, parfois juste pour l’embêter.

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