"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Valar morghulis, Valar dohaeris ( Remy ) 2979874845 Valar morghulis, Valar dohaeris ( Remy ) 1973890357
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Valar morghulis, Valar dohaeris ( Remy )

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() message posté Ven 12 Juin 2015 - 23:20 par Invité

“Maybe our girlfriends are our soulmates and guys are just people to have fun with.”   Au cours des dernières semaines, j’avais peu fréquenté les rues lumineuses et flamboyantes de la capitale. Je m’étais réfugiée dans le studio de Thomas en pensant que cette taverne sombre et isolée où les Hommes déçus par la vie se réunissaient, convenait plus à mon nouveau style que mes anciens rêves de grandeur. Dans l’obscurité, j’effleurais le vide et la suffocation. Je flottais au milieu des libertinages de la solitude en me glissant sous les draps froissés et sales de son lit. Il y avait une odeur de renfermé, une aura maléfique de tabac froid et d’insouciance qui enlaçait ma silhouette chevrotante afin de me maintenir en éveil. Je ne parvenais pas à dormir. Il était parti dans la nuit sans revenir. Il m’avait quitté sans un mot, emportant avec lui ma bonne humeur et mon enthousiasme. Il m’avait abandonné aux souvenirs liés à notre histoire, à l’attachement déraisonnable qu’il m’inspirait, aux effluves de nicotines qui imprégnaient les murs et à l’intimité d’un foyer qui n’était pas le mien. Il était parfois si cruel mais je le comprenais. Je savais qu’il était trop occupé à combattre les niaiseries et le sentimentalisme humain pour m’accorder son attention. Je me redressai avec lenteur. Mon regard sombre épiait la pièce poussiéreuse. J’aimais la sobriété du décor, la chaise dure du bureau et les verres épais entassés dans l’évier de la cuisine. J’aimais cette impression de familiarité avec tous ces objets tristes et tous ces espaces chagrinés. Mes cheveux blonds s’ondulaient au rythme de mes pensées alors que je gardais les poings serrés. J’avais si peur qu’une crise de tremblements envahisse la quiétude de cet instant. J’éprouvais cette inquiétude étrange, légèrement agrémentée de romantisme dérisoire et interdit. Mais qu’est-ce que je fous là ? Thomas ne voulait pas de moi. Ses yeux glacés n’avaient pas cillé lorsque je m’étais présenté à sa porte. Il n’avait fait qu’obéir à une forme ridicule d’honneur et de devoir que je ne lui soupçonnais pas. Où peut-être était-il trop désinvolte et hautain pour me chasser. Il n’avait pas assez de temps et d’énergie pour une gamine malade et fragile. Il était aussi impérial et insaisissable qu’un aigle royal voguant dans l’infinité du cosmos sans étoiles, tandis que j’étais ce point astral lumineux qu’il choisissait de laisser derrière lui par dépit. Je savais qu’il se méprisait avec une intensité violente dans le seul but de se créer une illusion de suprématie. Puisque personne ne pouvait le mépriser avec plus de ferveur qu’il ne le faisait lui-même, il était sacré roi. Mais qu’en était-il de moi ? Je le détestais parfois. Je le haïssais jusqu’à ce que mes émotions se transforment en douleur dans ma poitrine et que mes os finissent par se courber sous la pression. Je le méprisais avec plus de violence encore. Je me levai en titubant. Mes muscles se fléchissaient au fur et à mesure de ma démarche hésitante. Je m’habillai rapidement sans jeter le moindre coup d’œil au miroir, puis je pris un bout de papier afin d’y griffonner quelques mots : "Je ne sais pas si tu reviens mais je serais chez Remy.  Ne t’inquiète pas pour moi. Elsa."

Je me faufilais parmi les passants en souriant allégrement face au vent. Ma frange ébouriffée voilait mon regard tourmenté. Je voulais garder la tête froide malgré toutes mes incertitudes mais je n’y arrivais pas. Je tombais incessamment dans le même cercle vicieux. Le visage de Remy hantait mon esprit comme une vision divine avant de disparaitre dans le vacarme de mes pensées. Je ne l’avais pas encore revu. En réalité, j’éprouvais trop de réticences à lui dévoiler ma condition. Je ne voulais pas briser la magie de nos anciennes rencontres sur les plages de Sydney. Je ne refusais de pénétrer dans cet univers immense, bruyant et effrayant sans être capable de tenir correctement sa main. Mes yeux s’embuèrent tout à coup mais je ravalais mes larmes. Ma faiblesse est passagère. Je suis une princesse. Je suis une petite princesse étrangère, intimidée par l’obligation de danser devant la foule en délires. Je secouais la tête en flânant au milieu des commerces et des résidences luxueuses. Je suis une princesse. Je suis une putain princesse étrangère que les autres veulent obliger à danser alors qu’elle ne veut plus bouger les bras. Mon souffle courroucé se versait dans l’ambiance agitée de la rue. Les enseignes et les affiches publicitaires étincelaient dans les hautes bâtisses. Les musiques enivrantes de la vie poursuivaient leur course dans le ciel mais je continuais mon chemin en silence, jusqu’à ce que j’arrive à destination.  J’entrai dans le hall de l’immeuble en passant devant les boites à lettres. Il y avait une pile de tract et de revues de séries sur le comptoir du concierge, tous adressés à ma meilleure amie. J’esquissai une ébauche de sourire. C’était réconfortant de me retrouver dans un lieu empli par les marques de sa personnalité excentrique. J’haussai les épaules en prenant l’ascenseur. Mon cœur battait la chamade alors que j’aventurais dans le couloir mal éclairé. Quelque part, derrière l’une de ces portes vernies se trouvait une lueur blanche de l’espoir. Je n’étais pas sûre de la mériter. Je n’étais plus sûre de rien, alors je reculais dans un déploiement d’aile furtif. Remy, je suis un oiseau qui ne peut plus voler. Tu me raconteras tes aventures lorsque tu traverseras les nuages ? Je déglutis en appuyant sur la sonnette. Après quelques minutes, j’aperçus ses yeux bleus aussi luisants que les perles de l’océan. Elle était coiffée un peu à la manière des sirènes magiques et ressemblait à un magnifique personnage de game of thrones. Je m’appuyai sur mon bras, l’air fougueux et obscur avant de faire la moue.  « Finalement je suis venue te prêter allégeance ; mhysa mhysa mhysa … » Chantonnai-je en vacillant à droite et à gauche.
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() message posté Ven 26 Juin 2015 - 0:51 par Invité
Installée sur le canapé, son matériel de couture à ses côtés, elle fait délicatement passer le fil à travers l'aiguille. Elle s'applique, prenant un soin tout particulier à coudre la bordure du tissu. Parfois elle jette un regard sur le croquis et le patron du vêtement qu'elle tente de concevoir. Elle ne sait pas encore si elle va réussir, après tout, c'est la première fois qu'elle fait de la couture, qu'elle crée de ses doigts un vêtement. La première fois que ce n'est pas un bouton qu'il faut recoudre en tout cas. Elle profite que Robbie ne soit pas présent pour faire ça hors de sa chambre. Elle n'aurait pas aimé l'avoir dans son dos, il aurait été capable de critiquer tout son travail. A vrai dire, toutes les occasions sont bonnes pour qu'ils se chamaillent, se disputent et s'envoient les pires remarques possibles à la figure. Alors forcément, avoir l'appartement pour elle toute seule, c'est comme un cadeau dont elle veut profiter totalement. Son carnet à dessins est rempli de croquis de robes. Si elle dessine les bonhommes comme un enfant de quatre ans, griffonner des robes lui paraît facile, simple, et génial. C'est en cherchant la tenue parfaite à mettre pour aller au concours de Miss Univers que l'australienne a décidé de créer la sienne. Crayon en main, le croquis est apparu facilement sur le papier. Comme si elle avait fait ça toute sa vie. Elle n'a rien d'une couturière ou d'une styliste mais elle essaie, elle tente de se débrouiller. Sa nouvelle machine à coudre trône sur la petite table qui lui fait face. Ce n'est pas un achat qu'elle avait prévu, mais elle ne le regrette pas. Après des heures à être assise sur le canapé, la robe prend forme et se matérialise sous ses yeux. Beaucoup de retouches doivent être faites mais l'idée est là. Les courbes sont simples, jolies et la couleur, comme la texture du tissu sont des choix pour lesquels Remy a réfléchi pendant des heures. Il ne manque qu'un détail, un motif que l'australienne souhaite coudre. Un motif, un dessin qu'elle avait pu voir dans une œuvre réalisée par Milan dans son appartement. C'est petit, discret et probablement sans intérêt aux yeux du monde mais Remy l'avait trouvé beau, merveilleux et unique. Le reproduire sur un vêtement semble assez difficile mais l'australienne s'applique avant d'être interrompue. Des petits coups contre la porte la font soupirer et l'obligent à mettre son travail sur pause. Sur le pallier, ce n'est pas Rhys, ni Walt ou Milan qu'elle découvre, mais la silhouette rayonnante de sa meilleure amie. Saint Claire est là, le monde peut enfin tourner correctement. Remy la fixe de haut en bas, un sourire sur les lèvres, déjà flattée de voir qu'elle a fait le chemin jusqu'à son appartement. Elle fixe ses jambes immenses, son regard pétillant et sa tignasse aussi blonde que la sienne. Dans une autre vie, aucun doute, elles étaient jumelles, siamoises ou une connerie du genre qui les rendaient probablement indissociable l'une de l'autre. « Finalement je suis venue te prêter allégeance ; mhysa mhysa mhysa … » Elle esquisse un sourire face à cette visite surprise. Visite qui est loin de lui déplaire. Surtout qu'elle est incapable de détacher son regard de la silhouette de sa meilleure amie. Comme si elle voulait graver dans sa mémoire la vision d'Elsa sur son pallier. Elle ne pourra jamais réellement expliquer le lien complexe et si fusionnel qui la lie à cette femme. Elle sait juste que c'est fort, intense, inexplicable et pourtant bien réel. C'est comme retrouver son autre moitié, se sentir enfin complète en retrouvant l'autre. « Finalement ? » qu'elle répète dans un sourire. Comme si Elsa avait pu avoir des plans avant de se décider à venir jusqu'ici. Impossible, Remy est toujours en tête de liste. C'est une règle universelle. « Finalement, t'as compris que tu couchais avec le mauvais Baldwin ? » Elle affiche une moue désintéressée alors qu'elle fixe avec détachement le vernis sur ses ongles. C'est plus fort qu'elle, maintenant qu'Elsa l'a mise au courant de ce qui avait pu se produire entre elle et son frère, Remy est persuadée que leur histoire est toujours d'actualité. Peut-être que ce n'est plus le cas, mais l'australienne pense que si. Et clairement, ça l'emmerde. Elle devrait sans doute être contente pour eux et trouver que « c'est chouette pour eux ». Mais pas pour Remy. Trop habituée à ce que le monde ne tourne qu'autour de sa personne, elle est incapable d'admettre qu'on puisse s'intéresser à son frère. Après tout, il est parti sur une barque pendant des mois, mange de l'herbe et parle aux animaux, ce n'est pas le genre d'homme qui fait rêver. (Notons qu'elle a une vision particulière des activistes de Greenpeace). « Mais tu peux toujours te rattraper, t'inquiète pas. » L'australienne n'attend pas l'approbation de sa meilleure amie qu'elle glisse sa main dans la sienne pour venir se coller à elle. Son sourire se fait plus taquin, amusée de provoquer ainsi Elsa. Leur proximité n'a rien de gênant, sûrement le poids des années et leur relation si fusionnelle qui font qu'elles n'ont aucun mal à être proches l'une de l'autre. Au fond, Remy n'a jamais de mal à être proche des gens mais l'être avec sa meilleure amie c'est forcément différent. « Viens, je dois te montrer quelque chose. » Elle se fixent une seconde, l'une donnant un clin d'œil à l'autre avant que Remy ne la fasse entrer dans son appartement. Elle ne perd pas de temps à donner un effet de surprise, à lui cacher les yeux et à la faire patienter. Elsa va être la première à voir son travail, il faut qu'elle le voit directement. Elle l'emmène jusqu'au centre du salon, là où se tient le faux mannequin qui porte sa robe. Celle qu'elle vient de finir de coudre après des heures de travail. « T'en penses quoi ? Elle est pas totalement terminée. »
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() message posté Mar 30 Juin 2015 - 0:45 par Invité

“Maybe our girlfriends are our soulmates and guys are just people to have fun with.”    Évidemment, mon visage s'illumina lorsqu'elle apparut devant moi. Sa chevelure blonde flottait dans l’entrebâillement de la porte et je frémis allègrement, comme si je me trouvais enfin au bon endroit après avoir passé plusieurs années à errer dans les quatre coins du  monde. Je tendis mes bras vers elle en sautillant. Mhysa, mhysa. J'avais prononcé ces mots sur un ton plein de conviction. C'était étrange, mais je ne pouvais pas  imaginer une figure féminine capable de me séduire autant. Parfois, je me demandais réellement ce que je voyais en elle. Pourquoi elle était plus importante que tout le reste.  Puis, je me souvenais de nos longues balades sur les plages de Sydney. J'entendais ses éclats de rire lorsqu'elle était ivre et les murmures démoniaques de sa voix de conspiratrice. Je la revoyais courir vers moi sous le soleil éclatant et je songeais à toutes ces nuits où j'étais restée éveillée à ses côtés, uniquement bercée par les vibrations de sa respiration régulière. Je papillonnai des yeux comme une enfant. Les effluves de l'insouciance enveloppaient ma poitrine chevrotante et je réalisais que j'aimais Remy Baldwin par instinct. J'étais un parasite, une sans patrie et elle m'avait insufflé une sentiment d'appartenance.  Elle m'avait prêté sa belle Australie et désormais, je me considérais comme une personne à part entière. Je la fixais pendant quelques secondes, imprimant les détails de son expression et les courbures parfaites de sa silhouette. Je n'étais même pas étonnée qu'elle soit une miss. Elle incarnait avec son regard pailleté et son allure princière, toute la beauté et le romantisme de la femme moderne. Remy était un  fantasme vivant pour les hommes et une concurrente redoutable pour toute les femmes. Heureusement, je n'étais pas assez vaniteuse pour la jalouser. Son éclat lumineux ne m'avait jamais dérangé, bien au contraire. Il me semblait que je n'avais jamais été aussi resplendissante qu'en sa présence.  « Finalement ? » S'offusqua-t-elle d'un air taquin.Je soulevai naïvement les sourcils. « Finalement, t'as compris que tu couchais avec le mauvais Baldwin ? » J'étais tentée de rire à sa plaisanterie mais j'entendais encore les piques moralisateurs de Cole lorsqu'il avait compris que j'étais loin de correspondre au schéma universel des mangeurs d'herbe. Je fis la moue en croisant les bras, presque choquée par ces accusations infondées. D'abord, je ne couchais pas avec le mauvais Baldwin. J'avais couché avec – dans le passé. Nuance. Ensuite, il n'était pas aussi ridicule qu'il en avait l'air. Son acharnement pour sauver la banquise et les ours polaires avait quelque chose de captivant. Il avait un but dans la vie, lui au moins. Il s’intéressait aux animaux, aux couches d' o-zone et à la végétation alors que la seule broussaille qui me préoccupait réellement se trouvait sous ma petite culotte. J'étais irresponsable, imprudente et trop superficielle pour avoir un avis sur le devenir de la planète. J'avais mis des mois à trouver ma vocation pour perdre toute motivation à poursuivre mes études. La malédiction de Parkinson m'avait frappé. Au final, lorsque je fermais les yeux, je me sentais trop banale pour exister. Mon amitié avec Remy était la seule valeur précieuse sur laquelle je pouvais encore compter. Elle était toujours là, et même lorsque nous étions séparées par la distance et les voyages, elle restait ancrée en moi comme une ancienne cicatrice que je refusais de guérir. J'haussai les épaules avec désinvolture en me penchant vers elle. « M'en fous,  c'est pas mon préféré mais ça reste un Baldwin quand même. On est tellement en froid. Je crois qu'il a pas supporté de savoir que je mangeais mon steak saignant.   » Je fis la grimace en tapotant sur mes pommettes du bout des doigts. Je savais que mon aventure avec son frère ne l'enchantait pas. Je n'étais pas très fière de lui avoir caché aussi. Je déglutis. Au fond, j'étais vraiment reconnaissante qu'elle m'ait épargné un leçon de morale. Ses jugements bien que parfois extrêmes et atypiques, m'importaient beaucoup. Je ne supportais pas de me fâcher avec elle, même si nos prises de becs ne duraient généralement que quelques minutes. « Je …   » Je voulais m'excuser de mon comportement. Je voulais lui dire qu'à l'époque, j'étais sournoise et idiote. Que je ne me rendais compte du vrai sens des réalités. Mais les mots restaient bloqués au creux de ma gorge. Admettre cette erreur était un aveu de trop.  Elle resta muette pendant quelques instants avant de glisser sa main dans la mienne. « Mais tu peux toujours te rattraper, t'inquiète pas. » Ouf. Je pouvais enfin respirer. Elle me traîna à l'intérieur et je la suivis sans omettre la moindre résistance. Mon corps se muait au gré de ses exigences, suivant une danse entraînante que nous étions les seules à connaître. Notre proximité était naturelle, presque indispensable. Je secouai la tête en laissant mes cheveux valser autour de mon visage souriant. Remy était taquine. Elle me provoquait pour le plaisir de me voire m'étouffer dans mes propres pensées, et dans l'absolu, je me laissais noyer pour assurer le spectacle. Elle me bousculait, m'agaçait gentiment, mais ses paroles ne m'avaient jamais blessé. Je me mordis la lèvre inférieur en riant légèrement. « Je peux me rattraper mais j'en ai peut-être pas envie. » Je levai les yeux au ciel en feignant l'indolence, puis je serrais sa paume contre la mienne de peur qu'elle ne se dérobe de ma prise. J'enlaçai ses doigts malgré les tiraillements frénétiques de mes muscles et la douleur lancinante qui se déversait sur mes membres malades. Je restai stoïque un instant. Elle était l'anti-poison, le remède spirituel dont j'avais besoin pour ne pas succomber à la tristesse d'avoir tout perdu. Ma bouche sèche se courba et je lui dévoilai toute la complexité de mes émotions, à moitié tristes et joyeuses. « Viens, je dois te montrer quelque chose. » Son regard s'ancra dans le mien. J'étais intriguée. Qu'avait-elle bien pu inventer ? J'épiai la pièce du regard avant de tomber sur un faux mannequin, vêtu d'une magnifique robe satinée dont le nuances bleus et sombres me faisaient penser aux soirées fraîches d'été où le ciel noir surplombait l'horizon lointain. J'écarquillai les yeux, émerveillée par la qualité du dessin puis j'esquissai un mouvement en avant. Je reconnaissais sa touche gracieuse et excentrique. J'observais les coutures et une forme géométrique qu'il me semblait avoir déjà vu auparavant. Une signature de Milan ? Je plissai les front en m'appliquant dans mon analyse. La vision de cette robe réveillait en moi, une frénésie que j'avais rarement ressenti devant un vêtement. J'avais sillonné les galeries d'arts et les expositions d'artistes contemporains. J'avais parcouru les musées d'Italie et les survolé les livres de peintures. C'était dans ces endroits là que je me sentais en harmonie avec moi-même et pourtant, ma meilleure amie parvenait à me recréer cette ambiance fantaisiste et enchanteresse en faisant tout simplement de la couture. Je ne savais pas qu'elle avait des talents cachés. « T'en penses quoi ? Elle est pas totalement terminée. » Je fis machinalement volte face. Je passai mes doigts sur ma frange décoiffée avant de me mordre les lèvres en souriant. « C'est toi qui l'a faite ? Elle est tellement belle, Remmmms ! Je veux mourir dans cette robe !   » M'époumonai-je en joignant mes deux mains sous mon menton. Mes prunelles larmoyantes s’accordaient avec mon air hébété. Je tournai en rond au milieu du salon en m'agitant dans tous les sens. Je l'imaginais déjà, défilant, les cheveux ornés d'un magnifique diadème de princesse avec la bannière Miss univers brodée sur sa poitrine. Elle gagnait  toujours face aux autres mais lorsque je croisai son visage, je la couronnai reine de cœurs et d'éternité.  Je demeurai ainsi un instant avant de foncer sur elle pour la prendre dans mes bras. « Dis-moi que tu m'emmèneras au concours avec toi. Je vais m'évanouir quand la foule acclamera ton nom. Oh mon Dieu, je serais tellement jalouse de tes fans mais je crierais plus fort pour marquer mon territoire. » Je gigotai en me pressant contre elle. Ma main gauche était plus lourde que d'habitude mais je fermais les yeux pour songer à la gloire de Remy, et tout à coup, mes frustrations physiques s'évanouissaient comme par magie. Je m'éloignai et marchai vers le meuble de rangement en fantasmant sur le soir du couronnement lorsque mon regard croisa la figurine de Daenerys Targaryen Stomborn, reine des Andals et des premiers Hommes, mère des dragons et Mhysa de rien du tout - le titre revenait déjà à ma belle australienne. « Mais comment tu as fait pour l'avoir ? Elle était en rupture de stock sur tus les sites de vente.   » M'extasiai-je en brandissant l'objet avec un air de conquérent. Elle était si jolie. Je ne collectionnais pas les personnages de Game of Thrones, mais depuis que Remy m'avait initié à la série, je trouvais plaisir à partager ses lubies. Je la posai sur ma paume avant de l'appuyer contre ma joue. Soudain, mes doigts se courbèrent. Mon avant-bras pris une inflexion bizarre et je le laissai tomber ballant contre mes côtes. J'avais si mal et pourtant, rien ne pouvait égaler l'horreur qui avait traversé mon esprit lorsque j'avais fait tomber la figurine sur le sol. Elle était en plastique. Elle n'était pas totalement cassée, mais un bout de sa coiffe s'était déformé sous le choc. Je me baissai d'un coup avant de relever mon visage effaré vers Remy. J'avais envie de pleurer mais les sanglots refusaient de couler sur mes joues. A la place, toutes mes peines s'accumulaient dans ma poitrine. Mes os vibraient sous ma peau.  Mon cœur se brisait contre ma chair. Et je soupirai, incapable d'esquisser le moindre mouvement. Je la regardais et je ne pouvais pas parler. Je ne savais pas quoi dire ; Je suis malade et je ne pourrais plus jamais être la même. Les choses m'échappent. Elle tombent et se cassent.
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