(✰) message posté Mar 21 Avr 2015 - 12:41 par Invité
Apprivoisons la pluie
RomAoka feat. Roméo & Amaoka
I'm singing in the rain.
La sonnerie du téléphone détruit la mélodie de la pluie. J'ai un petit soupir agacé, comme un grognement animal, mécontent. Je porte l'appareil à mon oreille après avoir décroché, et la voix de Quin m'interpelle.
— « Ca va, Quin, tu n'es pas ma mère. Je traverse les rues, et afin de m'écarter encore un peu de la foule d'anglais autour de moi, je parle dans ma langue natale, le chinois. « Je reviens dans quelques heures, je prends l'air. Oui, je sais, il pleut. Merci beaucoup de l'info. Salut..
Pas de querelle - ils savent, lui et Long-Dang, que parfois, j'ai besoin d'être seul. Ce n'est pas quelques gouttes de pluie qui vont m'arrêter. Je suis trempé, certes, mais j'ai l'impression d'être un fantôme dans cette journée où tout semble flou et trop lumineux. L'orage gronde, et la foule autour de moi se dépêche d'avancer pour se mettre à l'abri. Ma veste de cuir grince un peu sous mon avancée, mais je l'ignore. Mon jean est humide jusqu'aux genoux. J'ai l'air d'un chien mouillé. Mais j'aime ça - le froid qui me prend la gorge, la sensation d'humidité partout autour de moi, mais avant tout, l'idée d'être distant, comme dans un monde parallèle. On me heurte, on m'ignore. Long-Dang dirait que je suis un contraste vivant - je recherche la gloire, la renommée, et parfois, je la fuis, je veux être normal. Alors je ris - je ris devant mon ami, et je ris à cet instant là, dans la rue. Quelques regards se tournent vers moi, interrogateurs, puis s'efforcent de ne plus me prêter attention.
Mes pas m'éloignent de la ville. Le Sud de Londres est un coin que je trouve beau. J'avance vers un pont, et ma curiosité me fait remarquer une espèce de ruelle. Je ne peux pas l'ignorer - je m'avance vers elle. Au loin, je découvre de vieilles bâtisses. Sûrement un ancien coin de banlieue abandonné. Des entrepôts désaffectés. Je souris, regrettant de ne pas avoir pris mon appareil photographique. Je m'ébroue sous la fine pluie glaciale. Les nuages sombres donnent des allures de fin du monde à ce mercredi après-midi. Je rêve d'un bon café chaud, mais je me sens incapable de m'arrêter. Mes yeux sombres ont captés la vue d'un autre bâtiment, un peu plus loin. Un superbe théâtre - à l'air aussi en ruines que les autres, mais au moins son toit n'a pas l'air de fuir autant.
Je cours m'abriter sous son arche. Puis, poussé par le désir de voir de quoi à l'air l'intérieur, j'entre. L'odeur de poussière manque de me faire éternuer, et je grimace en faisant bouger mon nez. Je retire ma veste de cuir que je pose sur un siège aux bras cassés, et je réalise que je goutte partout. Mes empreintes humides ont créé des traces dans la poussière. Je dépasse le hall, et pénètre dans le centre du théâtre. L'endroit est sombre et la pluie offre une espèce de mélopée cristalline. Une mélodie argentine, qui résonne jusqu'ici. Je frissonne de froid. Les rangées de sièges ont dû abriter pas mal de vagabonds, car les coussins et les accoudoirs sont arrachés - certains fauteuils le sont entièrement, d'ailleurs, la mousse débordant comme des entrailles d'écume de polystyrène. La scène, plus haute, est très étrange - un hamac trône en plein milieu. Je fronce les sourcils, m'immobilise dans les marches menant au centre du théâtre. Des affaires traînent - des vêtements, je crois distinguer des objets qui n'ont rien à faire là. Mon regard n'a pas encore capté le trapèze, mais par contre, je remarque parfaitement la cible de fortune, où divers couteaux sont plantés.
— « J'aurai peut-être dû écouter Quin. Je viens de marmonner en chinois, par pur réflexe. Puis, je reprend dans un anglais avec une once d'accent, que la plupart des gens trouvent adorable et que j'ai tendance à accentuer pour paraître mignon, « Il y a quelqu'un ? Excusez-moi, la pluie m'a amené ici. Mais si vous voulez, je peux retourner me faire tremper dehors. Aucun problème - l'orage, la pluie, tout ça, génial. Je ne peux jamais m'empêcher de faire de l'ironie. Je frissonne encore. Mes vêtements son trempés - je regrette d'avoir laissé ma veste de cuir dans le hall, maintenant. Quitte à sécher ...
Je descend encore deux trois marches, observant l'endroit dans une fascination exigeante. J'ai toujours aimé ce genre de vieux bâtiments. C'est comme vivre hors du temps. Voir une autre époque - car ce vieux théâtre date sûrement d'il y a plusieurs dizaines d'années. Tout cela me donne l'impression d'être décalé, d'être un esprit errant, n'ayant aucune réalité. Et parfois, j'ai justement besoin de n'être plus rien.
(✰) message posté Mar 21 Avr 2015 - 18:03 par Invité
APPRIVOISONS LA PLUIE
AMAOKA & ROMEO
I'm singing in the rain. ✻✻✻Roméo avait bien dormis, il s’étira longuement dans son hamac, il était sûrement onze heures, même midi. Un son attira son attention, il redressa la tête pour écouter, un bruit d’eau régulier qui s’abattait sur le toit. Il pleuvait dehors, sans même réfléchir, il s’élança pour retomber sur ses pieds, il escalada les poutres, serpentant entre les diverses alcoves pour atteindre le balcon supérieur et s’infiltrer dans le grenier. Il ouvrit une minuscule meurtrière brisé par les intempéries. Effectivement il pleuvait, il admira pendant un instant ce spectacle. Pas de tonnerre qui lui aurait fait dresser les cheveux sur la tête, pas d’éclair qui zébrait le ciel, seulement ces multitudes de goûtes qui tombaient du ciel. Une douce mélodie, qu’aucun compositeur ne pourra recréer, les nuages en étaient seul l’instrument. Les yeux de Roméo fixaient ce spectacle merveilleux. Son estomac le rappela à l’ordre, il alla retrouver le confort de la scène pour se manger quelques paquets de gâteau. Il n’était pas question de sortir aujourd’hui, il allait rester confiner dans son refuge de fortune. Une fois qu’il eut bien mangé, il alla prendre sa douche dans une des loges. A force de nettoyage, il avait recréé un semblant de salle de bain. Même s’il n’y avait pas d’électricité, il y avait l’eau, elle restait froide, cela devenait ensuite une question d’habitude. Il enfila un t-shirt blanc, et un short. Pendant une petite heure il s’exerça sur son trapèze, lançant des couteaux en même temps. Un exercice périlleux, qu’il avait mit au point, il avait eut pas mal de succès. La tête à l’envers, la tête de travers, il arrivait à contorsionner son corps comme il le désirait. L’après midi avançait, il aimait sa liberté, pas de contrainte de temps, ni de planning, il faisait ce qu’il voulait quand il le voulait.
Lorsqu’il fut lacé, il alla se réfugier dans un des multiples balcons qui entouraient la salle, les vieilles dorures étaient délavées. C’était un théâtre typiquement Italien, avec les deux balcons de chaque coté de la scène, les statues avaient été volée et seul leur bloc étaient restés. Le théâtre avait été pillé lorsqu’il avait été fermé. Recroquevillé, il se lisait Peter Pan, sûrement son histoire préférée, même si Peter Pan n’était pas aussi gentil qu’on voulait bien le faire passer dans le dessin animé. Un bruit anodin, rien avec les craquements habituels des souris qui habitaient avec lui, rien à voir non plus avec le vent qui souffle dans les combles. Une personne avait pénétré les lieux, il se tapa le front avec la main, il avait oublié de replacer le panneau de bois pour bloquer l’entrée. Le Hall était traversé, il posa les mains sur le bord du balcon, et laissa dépasser juste le haut de sa tête. Un homme était dans le théâtre, il était grand, il le voyait de dos. Il avance dans l’allée centrale, il le suit des yeux, il le stoppe, Roméo se recule. Jamais personne n’était venu ici, son théâtre lui appartenait implicitement depuis qu’il était arrivé à Londres.
L’acrobate, sortit de sa cachette, il posa ses pieds sur le rebord en velours du balcon, il se plia un peu pour se donner l’élan nécessaire, évaluant la distance jusqu’à son trapèze maintenu par deux chaines qu’il avait trouvé dans les tréfonds des stocks. Il sauta, élançant son corps, ses deux mains se refermèrent sur la barre métallique, lui permettant de faire un petit salto arrière et avec une souplesse infinie, il percuta le sol juste à quelques mètres de l’intrus. Une fois son petit numéro terminé, il se redressa, il le fixa. « Je suis le fantôme de ce théâtre ! Partez avant que….que… » Il hésitait sur les mots, il était impossible pour lui de faire dans des représailles valables, le mot malheur était bannis de son vocabulaire. Un grand sourire sur les lèvres, il l’observa un instant, sans même hésiter, il s’approcha, il était complètement mouillé, les goûtes fines retombaient autour de son visage, ses vêtements étaient imbibés d’eau. « Tu peux rester ! Tu t’appelles comment toi ? Moi c’est Roméo, je vis ici, c’est la plus belle maison que j’ai jamais eut ! » Il le regarda droit dans les yeux, la couleur du regard du jeune blondinet était particulier, c’est ce que l’on nommait des yeux hétérochromes, un vert profond similaire à l’émeraude, et des petits éclats d’or entouraient son iris. Sans hésiter, il alla sur scène et chercha dans son fouillis et trouva ce qu’il voulait, il la jeta à cet homme un objet qui allait lui servir dans l’immédiat, une bonne serviette éponge. « Je suis désolé si j’avais su que j’aurais de la visite, j’aurais fait un peu de ménage ! Pourquoi tu n’aimes pas la pluie ? Moi j’aime bien me promener sous la pluie, ça fait comme dans les films…. » C’était un bavard et il n’avait pas tellement laissé le temps à cet homme d’en placer une.
(✰) message posté Mar 21 Avr 2015 - 18:56 par Invité
Apprivoisons la pluie
RomAoka feat. Roméo & Amaoka
I'm singing in the rain.
Je sentis plus que je ne vis un mouvement. Et en un claquement de doigt, comme ces animaux qui apparaissent dans les bois, un jeune homme atterrit devant moi. Blond, l'air aussi agile qu'un chat, il me fit penser à ces grands félins, avec ses traits et sa posture. Je ne sursautai pas, mais penchais la tête sur le côté, avant de repousser mes cheveux en arrière. Je ne reculai pas quand il s'approcha. Je l'observais, amusé.
— « Amaoka. Mais tu peux m'appeler Ama. La plus belle maison qu'il ait jamais eu ? Mon regard se tourna vers le théâtre et les affaires disséminées. Si l'endroit était délabré, il y avait une espèce de confort qui s'en échappait, comme si l'espace était confiné hors du temps. « C'est un bel endroit que tu as trouvé là. Je haussais les épaules et essorais consciencieusement mon t-shirt, dans un bruit d'eau.
Je relevais enfin les yeux, et je distinguais pourquoi il me faisait penser à une espèce de panthère sauvage - ses yeux, avec ses cheveux blonds, étaient de deux couleurs. Des yeux vairons. Les yeux du diable, dans certaines époques, dans certains pays. Le vert et l'or étaient comme deux pierres précieuses brillantes, qui heurtaient silencieusement les onyx noir de mes prunelles. Je pris la serviette qu'il me tendit et m'occupais quelques minutes à essuyer l'eau sur mon visage et mes cheveux. Puis, sans aucune pudeur, je retirais mon t-shirt et le mis à sécher sur un fauteuil. Je n'étais pas du genre à crier à la nudité, et j'avais l'habitude de me promener torse nu.
— « J'aime le désordre d'une maison. Quand tout est trop rangé, il y a un côté inhumain qui me déplait. Là, ce théâtre donne un côté abandonné et pourtant très vivant. Je secouais la tête, baillais et m'assis sur un siège un peu plus loin qui grinça sous mon poids. « Je n'ai rien contre la pluie. Ca m'aide à penser, mais il y a des limites à tout. Je pourrais me noyer dans l'eau que j'ai apporté sur le sol de ce théâtre. Autant sauter dans une piscine.
Je m'étirais, assis dans le fauteuil puis avec un sourire calme et amical je fixais Roméo. Je ne m'étais pas attendu à tomber sur quelqu'un, mais après tout, pourquoi pas ? Il promettait d'être intéressant.
— « Tu joues les fantômes de cet opéra-ci depuis longtemps, dis-moi ? Ca doit pas être pratique. Tu vis comment ? Pour la bouffe, tout ça.
D'un côté, j'étais jaloux de cette vie simple et si étrange. Ce garçon semblait être totalement bizarre, et ça m'amusait. C'était loin de ma vie de musicien, avec le côté social où je rencontrais tant de gens que j'en oubliais à 90 % leurs prénoms. Je n'aurais voulu raccrocher pour rien au monde, car chanter et jouer, c'était toute ma vie. Mais j'aspirais parfois à une vie aussi calme et douce. Loin du brouhaha des lumières et des espoirs qu'on mettait en moi. Je pris dans ma poche de jean un étui en argent et sorti un cigare, avant de papillonner des yeux vers Roméo.
— « Tu en veux ? Ca te gêne si je fume ? Je mettrais pas le feu à ton théâtre, cher Fantôme. D'ailleurs, c'est pas plutôt un Opéra, qu'il hante, ce monsieur masqué ? J'avais déjà le cigare entre les lèvres, et je cherchais à tâtons mon briquet. Les cigares étaient de bonne qualité, et l'odeur entêtante de cerise promettait des nuages aux effluves fortes. J'aimais cette odeur, mais elle plaisait à peu de gens pourtant. Malgré la serviette, je me sentais encore trempé, et j'avais froid, mais les frissons me donnaient l'impression d'être vivant. Et ça, c'était plus agréable que la chaleur d'un pull ou d'une serviette. Je souris à Roméo, et lui fis un clin d'oeil amical. Je m'étais montré plus bavard que je ne l'avais souhaité, mais je n'avais jamais eu ma langue dans ma poche, à vrai dire.
(✰) message posté Mer 22 Avr 2015 - 3:23 par Invité
APPRIVOISONS LA PLUIE
AMAOKA & ROMEO
I'm singing in the rain. ✻✻✻Roméo avait pensé que son entrée en scène serait beaucoup plus terrifiante. En réalité l’imposteur des lieux ne bougea pas, aucune once de surprise, uniquement un petit sourire par cette introduction irréaliste. Le jeune homme n’en fut pas outré, au contraire, il était fort de constater que s’il n’était pas parti en courant, il pouvait supporter sa présence. Le blondinet c’était présenté, il en était de même pour l’inconnu. « Enchanté Ama ! » Il aimait bien son prénom qui sortait de l’ordinaire. Le regard de Roméo attendrissait plus qu’il ne faisait peur. Ce n’était pas un œil de chaque couleur, mais bien deux couleurs qui se confondaient sur chaque pupille. Pour le moment, il apprivoisait, il était curieux de savoir qui était cet étranger qui avait bravé les lieux. Un peu comme la belle qui était entré dans le château de la bête. L’acrobate avait dégoté une serviette dans son petit bordel personnel et lui avait remis. Ca l’attristait de le voir tordre son pauvre t-shirt pour en faire écouler l’eau, pourtant il apprécia la vision de cette cascade sur le sol. Ama débuta par la tête, le visage et sans aucune crainte, il se dévoila. Roméo n’avait rien contre la nudité. « Ce théâtre n’est pas abandonné puisque je l’ai trouvé ! » C’était une sorte de logique dans sa tête, il n’était à personne quand il était arrivé dans cet endroit, qui était sordide, il lui avait redonné un peu de sa splendeur. Il y avait fait pas mal de ménages au début pour se l’approprier. L’homme souriait, ça lui plaisait, il aimait les gens qui gardaient le sourire aux lèvres. Le jeune homme alla s’assoir sur le rebord de la scène. « Depuis deux ans, quand je suis arrivé sur Londres ! Il y a eut un orage, je n’aime pas trop ça tu vois ! Ca fait trop de bruit les orages, j’ai vu ce vieux bâtiment et je suis entré à l’intérieur le temps qu’il passe….je me suis dit que ça ferait un si joli lieu d’habitation ! »
La nourriture restait un point sensible, surtout pour un énorme mangeur tel que l’acrobate. « Je me débrouille comme je peux pour la nourriture ! Y a toujours plein de façon de manger ! » Il n’osera jamais avouer qu’il a pas mal chapardé de portefeuilles, il a enchainé quelques petits boulots, comme serveur, jamais trop longtemps, pour ne pas perdre sa liberté si précieuse. Il l’observait s’étirer, installé confortablement dans l’un des seuls fauteuils valides de cette salle. Il le vit tirer un cigare, il bondit, pour observer la boite, il la trouvait magnifique. Il adorait les beaux objets, sans aucune politesse, il lui prit la boite des mains, se moquant totalement de savoir qu’il fumait. « Ouah quand tu fumes, ça sens agréablement bon ! Tu sais, je l’ai jamais connu personnellement, j’aimerais ! Les fantômes ça courent pas les rues, en tout cas ici j’ai souvent demandé mais il n’y en a pas, ça m’a beaucoup déçu ! Mais je suis certain que ça doit exister dans d’autres endroits, ça doit-être enrichissant d’avoir un ami fantôme ! Tu sais que tu peux le garder toute ta vie et même après… » Il continuait de jouer avec cette boite en argent qui l’intriguait, il lui rendit. Roméo croyait un peu en tout, en la divination, la magie, les fées et même le père Noël. « Tu fais quoi dans la vie ? Tu as des yeux de japonais….je trouve ça beau ! Je ne savais pas que les japonais ça pouvaient être grand comme toi ! » Roméo frôlait une innocence si pure, si puissante, qu’il n’y avait pas une seule nuance de méchanceté dans ses paroles.
Ne pouvant pas rester en place, il sauta pour grimper sur un balcon, il joua les funambules, la pointe de ses pieds suivaient cette ligne étroite dans une perfection qui ne tenait qu’à lui. Le blondinet pouvait se montrer si maladroit avec un rien et pourtant être le roi de l’équilibre. Il continuait la conversation comme si de rien n’était. L’ondulation dorée naturelle qui encadrait sa tête s’agitait à chacun de ses pas. « Au fait ça te sers à quoi d’avaler de la fumée pour la recracher après ? » Roméo c’était toujours demandé à quoi ça servait de fumer, donc il demandait directement à un concerné.
(✰) message posté Mer 22 Avr 2015 - 15:48 par Invité
Apprivoisons la pluie
RomAoka feat. Roméo & Amaoka
I'm singing in the rain.
J'eus un rire cristallin quand il m'expliqua que le théâtre n'était pas abandonné vu qu'il y habitait. C'était un argument de poids, à toute épreuve !
— « Pas faux. J'aime ta façon de penser. Je fis un sourire, en frottant mes mains l'une contre l'autre pour me réchauffer.
Je glissais un coup d'oeil au jeune homme. Quel âge pouvait-il avoir ? La vingtaine. Il était assez jeune, mais il se débrouillait. Il squattait cet endroit, il vivotait comme il pouvait et c'était une preuve de courage et de détermination qui me rendait admiratif.
— « C'est vrai. T'es astucieux comme garçon, c'est fou. L'idée qu'il puisse voler de quoi se nourrir ne me choquait pas. Je comprenais sa situation, bien que ne l'ayant jamais vécue. J'étais compréhensif et je hochais la tête, toujours souriant.
Il avait une façon bien à lui de parler, de façon enthousiaste et chaleureuse. Comme si ses mots étaient des amis à eux seuls. Il s'approcha et je le laissais s'emparer de mon étui en argent. On aurait dit une pie, attirée par le côté brillant. Sa remarque sur l'odeur de mes cigares me tira un nouveau rire. La suite de ses paroles avaient un côté si gamin que je ne pouvais m'empêcher d'être attendri un minimum.
— « Habituellement, les gens sont gênés par l'odeur forte. Content que ça te plaise fis-je en allumant le cylindre de tabac. J'inspirais, puis expirais et une fumée vaguement rosée fit naître une forte odeur de cerise, âcre. « Je n'ai jamais cru aux fantômes. Ni à la vie après la mort. J'ai tendance à ne pas croire à quoi que ce soit, à vrai dire. C'est presque triste. Mais je préfère croire en les gens que je connais. Ou en ce que je vois. Néanmoins, l'homme a le don d'inventer ce en quoi il veut croire ; qui sait si ça n'existe pas pour de vrai ... Voilà que je philosophais avec un parfait inconnu ! Je portais le cigare à ma bouche une nouvelle fois, observant Roméo jouer avec l'étui.
Les paroles du jeune homme me firent tousser de rire. Ce n'était pas dit méchamment, et c'était tourné de façon plus mignonne que bien d'autres remarques qu'on m'avait faites. Je toussais encore, cigare entre mes doigts, le tenant de façon élégante. Je le trouvais marrant, ce mec.
— « Je suis chinois par mon père, et anglais par ma mère. Je viens d'une région et d'une ville appelées Lichuan. C'est vrai que je suis grand pour un asiatique ... Même mes amis du groupe, plutôt grands, ne dépassaient pas le mètre quatre-vingt, alors que je dominais le monde du haut de mon mètre quatre-vingt quinze. « Sinon, je suis musicien. Je joue dans un groupe - de la basse. Et je chante.
Tout en parlant, je m'étais levé et j'observais les cabrioles de Roméo. Il était comme un véritable singe. J'admirais son agilité et sa vitesse. Son équilibre aussi - le voir faire le funambule sur le rebord d'un balcon me donna des frissons. J'avançais jusqu'à la cible et caressais du bout des doigts les couteaux plantés, tout en continuant de fumer. Je laissais derrière moi des volutes romantiques, qui dessinaient dans l'air des dragons et des créatures chimériques, qui s'étiolaient jusqu'à disparaître dans le vide.
— « Tu as fait partie d'un cirque ? demandais-je, plus pour qu'il me confirme mon opinion qu'autre chose. J'avais enfin remarqué le trapèze avec ses chaînes, et il était évident qu'en comptant cela, son équilibre d'oiseau et la cible percée de couteaux, il avait eu un passé dans un cirque. J'avais ignoré sa question sur le pourquoi je fumais. Il n'y avait pas vraiment de réponse à ça.
Pas de réponse joyeuse, en tout cas. Quin me disait que cela altérait ma voix, et Lin avait eu l'habitude de me voler mes cigares pour m'arrêter, disant que j'allais en mourir. Il faut bien mourir de quelque chose, ma douce, songeais-je avec un brin de nostalgie.
— « Tu vis tout seul ? Tu ne t'ennuies pas, ici ? Je veux dire, c'est assez retiré de la ville, et il n'y a pas grand chose à faire. Aussi jolie que paraissait cette vie, je savais que je m'y ennuierai. J'étais fais pour la foule, le public, et la scène. Je me tournais vers Roméo et souris, d'un air doux et indulgent. Je jouais machinalement avec mon briquet, zippo aussi brillant que l'étui. La flamme apparaissait et disparaissait, crépitant dans l'air humide.
(✰) message posté Mer 22 Avr 2015 - 16:34 par Invité
APPRIVOISONS LA PLUIE
AMAOKA & ROMEO
I'm singing in the rain. ✻✻✻Le jeune homme sans aucun acte existant se voyant comme propriétaire de ce lieu, c’était à lui car il l’avait découvert, car il l’avait arrangé à sa façon. Pas besoin d’un papier lui prouvant sa propriété. Astucieux ? Il haussa les épaules, il faisait comme il pouvait quand il le pouvait. La vie était trop belle pour s’interroger sur le faste superficiel de certains qui ne savent pas profiter de ce qu’ils ont. Le blondinet ne pu s’empêcher de jouer longuement avec cet objet, symbole de beauté plus que de richesse. Il était facile d’être riche, beaucoup plus que d’avoir de la classe. C’était beau donc il aimait, il le manipulait avec soins, faisant bien attention de ne pas l’abimer. Le chapardeur n’avait pas prévu de lui chiper et il rendit son bien à son propriétaire. Pas besoin de développement, il aimait l’odeur de ses cigares, pas besoin de se justifier. « Moi j’aime on s’en fou des autres ! » Comme ça c’était dit. Il se redressa parlant de fantômes et de croyance. C’était bien triste d’entendre une personne parler sans croyance. « Pourquoi ne pas y croire ? Un jour je suis sûr d’avoir vu une fée, elle était belle, trop rapide pour la distinguer ! Le monde a ses secrets, pour se protéger de ceux qui n’en profiteraient pas à leur juste valeur il ne faut pas qu'on découvre ce qu'il a de plus beau ! Les gens aiment bien salir ce qui est magique! Tu ne crois pas en la magie? » Pas besoin de débat pour le moment. Le jeune homme aux cheveux dorés, rigola avec lui, il ne voulait pas être méchant, c’était sa sincérité qui primait dans ses mots. « Un chinois anglais ! Je n’en avais encore jamais rencontré ! Et tu es une star de la musique ! Tu dois avoir plein de chéries.....» Les yeux de Roméo brillèrent d’admiration en observant cet homme, à ses yeux il était célèbre, une basse dans la main et chantant. Le petit singe qu’il était avait rejoins les balcons pour s’amuser au funambule dessus, il avait besoin de bouger, surtout qu’il était resté enfermé toute la journée. Il gardait un œil sur Ama, cet homme était particulier. Ses lames triangulaires étaient plantées solidement dans leur cible. C’est là qu’il se mit à s’interroger sur lui. Roméo pouvait être un garçon bien mystérieux sur des aspects de sa personnalité, mais pas sur sa vie.
« J’ai grandi dans un cirque, quand j’étais bébé ils m’ont accueillis, mes parents je les ais jamais connus, les artistes m’ont trouvés un matin dans un landau! Le cirque Bill Smoy, c’était ma famille, jusqu’à que les portes ne se ferment, car le cirque ne rentrait plus d’argent du tout ! Tout le monde a dû se séparer, moi je me suis débrouillé, j’ai découvert l’Angleterre ! L’Ecosse, allant à la rencontre de la découverte ! » De nouveau il s’élança pour attraper la poutre en extérieur des balcons et se laisser glisser le long pour atterrir sur la scène. « Je vis seul, je sors beaucoup, je rencontre du monde ! Les gens aiment s’ennuyer, moi pas ! » De nouveau, il fut attiré par la flamme qui s’allumait sans cesse, tel un papillon il en fut attiré. « Toi tu arrives à t’ennuyer ? Moi je n’y arrive pas, je préfère dormir à la place ou manger ! » Sans même demander une autorisation, il lui prit son briquet des mains. La stupéfaction se lisait sur son visage. C’était un sauvage, difficilement apprivoisable. Il ouvrit le briquet et fit surgir la flamme, le jeune homme se mit à rire tout seul de son exploit. Qu’il réitéra encore et encore.
« Tu me le donne ? » Roméo était sans gêne, quand il aimait un objet, il le voulait. D’ailleurs à voir le nombre d’ustensiles et de bidules en tout genre, il faisait la démonstration de son talent de collectionneur. Une table avec une pâte cassée, un fauteuil épais qu’il avait réparé. Il se rapprocha à nouveau d’Ama. « S’il te plais, il est beau ton briquet ! » Il devait sortir les armes, il utilisa son regard le plus beau, de grands yeux ébahis, emplis de cette tendresse enfantine. Roméo désirait le briquet de son propriétaire. Il était une mutation entre grand enfant et jeune adulte. Il alluma encore ce bien si précieux, si extraordinaire. Roméo savait parfaitement mettre tous ses atouts en valeur pour obtenir ce qu’il désirait. Ses traits célestes, cette bouille angélique et on ne pouvait rien lui refuser. Ama semblait à l'aise dans cet endroit, car il n'avait toujours pas remis son t-shirt.
(✰) message posté Mer 22 Avr 2015 - 17:46 par Invité
Apprivoisons la pluie
RomAoka feat. Roméo & Amaoka
I'm singing in the rain.
Moi j'aime, on s'en fout des autres. Cette facette du jeune homme, j'aurais aimé la posséder également. L'idée que le regard d'autrui, l'avis des autres n'importait guère. Pourtant, quand on vit dans le milieu de la musique, les avis et les critiques sont ce qui font avancer. Ce qui blesse, également. Je ponctuais ses phrases d'un haussement d'épaule fataliste et d'un sourire énigmatique. Pourquoi ne pas croire ? Parce que je n'en avais ni le temps ni l'envie. Qu'il présume avoir vu une fée, c'était ce qu'il pensait lui. Il avait tellement l'air enfantin, cependant, que j'en perdais mon ironie habituelle.
— « Non, je n'y crois pas. En la magie. Peut-être parce que, si il en existe, je suis jaloux de ne pas la posséder. Comme j'aimerai posséder tout ce que je veux. Dans le fond, je suis un gamin, moi aussi. Qui, dès qu'il pose le regard sur une chose, ne peut s'empêcher de la désirer, jusqu'au moment où il la tient dans ses mains, et soit s'en lasse, soit la détruit. — « Plein de chéries. Oui, on peut dire ça ... Si on veut. Ce n'est pas comme si les gens étaient attirés par la célébrité comme des papillons par le feu. Le sarcasme était brûlant, mais je détournais le regard pour ne pas offrir à Roméo mes traits crispés sous la soudaine lassitude.
Et puis, il avait l'air si admiratif, avec son air espiègle et gamin. Je l'écoutais raconter sa vie. Je suivais le moindre de ses mouvements, vaguement hypnotisé par ses gestes assurés. Plus que singe, il était félin. Il était bavard, aussi, mais cela ne me gênait pas. J'avais parfois du mal sur son ton, à comprendre parfaitement, mais globalement, je saisissais où il voulait en venir. Je finis de fumer mon cigare et après une dernière bouffée, l'écrasais contre ma paume de main. Ma peau était si cornée par l'usage de ma basse que je ne sentais plus rien. Le tube de tabac s'éteignit et je le jetais plus loin dans une poubelle avec d'autres ordures.
— « C'est une vie bien singulière que tu as mené là. C'est bien que tu sois retombé sur tes pieds, après la fermeture du cirque. Et, pour répondre à ta question, je t'avoue que je n'ai pas le temps de me demander si je m'ennuie ou pas. Parfois j'aimerais avoir un moment pour me dire, hé, est-ce que tu t'ennuies, Ama ? Mais dans le fond, je détesterais cette sensation de ne pas savoir quoi faire. Il y a toujours tant de choses à réaliser, produire.
Encore une fois, je me vis destitué de mon briquet. Décidément, ce gamin était attiré par ce qui brillait ! A son expression, on aurait dit qu'il n'avait jamais vu de briquet. C'était un peu étrange à voir. On aurait dit un petit animal farouche, qui tournait autour d'un humain sans savoir si il devait s'enfuir, attaquer ou juste s'approcher. Sa question, ainsi que ses arguments physiques comme verbaux me firent hausser un sourcil. Puis j'éclatais d'un rire bon enfant.
— « Tu le veux ? ... Bon très bien. Mais donnant donnant. J'y tiens, et je voudrais que tu m'offres quelque chose qui t'es précieux. Pas forcément avec de la valeur niveau argent, hein, mais ... Quelque chose. N'importe quoi.
Ce n'était pas pour l'idée de faire un échange, ou pour éviter de perdre quelque chose. Je voulais juste voir ce qu'il allait faire face à ma demande. Il était mignon, comme gamin. Il le faisait de toute évidence exprès, sachant jouer de son air délicat. C'était amusant - je trouvais ça, oui, vraiment amusant.
— « Tu vas souvent dans Londres ? La ville je veux dire ? Quels quartiers tu fréquentes ? Puis, peut-être parce que ce gamin m'intéressait et qu'il m'amusait, je continuais sur le même ton, un peu cajoleur, comme si je caressais un chat dans le sens du poil, « Je vis sur Londres. Je pourrais t'inviter à manger, on pourrait se balader. Je pourrais t'inviter quand je joue, si ça t'intéresses. Ou faire marcher mes relations pour te trouver du travail. Avec de l'argent, tu pourrais faire ce que tu veux - ou t'acheter tes propres briquets, étuis, choses qui brillent.
Je continuais de l'observer. Décidément, cette journée était riche en divertissements. Je réalisais que j'étais toujours torse nu.
— « Ca te gêne que je sois torse nu ? Tu voudrais bien me prêter un de tes t-shirts ? J'aurai pu aller chercher ma veste, ou remettre le mien, mais ils étaient trempés. Et puis, j'étais tellement curieux ... Je ne le lâchais pas des yeux, mes prunelles sombres fixées sur lui.
(✰) message posté Mer 22 Avr 2015 - 18:43 par Invité
APPRIVOISONS LA PLUIE
AMAOKA & ROMEO
I'm singing in the rain. ✻✻✻Roméo prit pendant quelques instants un air réfléchis lors de cet aveu. Ne pas croire en la magie, pourtant tout est magique dans ce monde, les infimes subtilités, les individus aimaient rester aveugle décidément. Une petite démonstration s’imposait. « Toi quand tu prends ta basse et que tu chantes, ton public il t’écoute, il y a cet atmosphère complice ! C’est magique, tu crois en ce que tu fais, tes fans aussi ! » Roméo arrivait à trouver de l’enchantement là où tout le monde aurait pu y voir la noirceur. C’est étrange, il était certain qu’il avait au moins une tonne de chéries et il n’osait pas le dire. L’égo d’un chanteur était sa façon de séduire. « Moi j’ai eut un chéri un jour, il s’appelait Carlyle, il était beau comme un dieu ! Il était super grand comme toi et je crois qu’il avait tout autant de muscles, il était dresseur de chevaux, sauf qu’on a du annulé son numéro lorsqu’on a coupé dans le budget ! Il est parti, j’espère vraiment qu’il est heureux maintenant ! » Afin de se faire un peu d’argent, ils avaient vendus les chevaux et le blondinet avait retrouvé sa vie de célibataire. Avec souplesse, il avait retrouvé la scène, revenant vers l’homme qu’il avait rencontré quelques heures plus tôt. De nouveau, il eut un regard plein d’extase en le voyant éteindre son cigare, il était super fort. Sans mégarde, il lui avait chipé son briquet tout en l’écoutant. Ama semblait avoir une vie bien remplie, au moins ce n’était pas ce genre de musicien laxiste qui se laissait aller sur la vague du succès, ça lui plaisait énormément. Il se mit à jouer avec son briquet, le réclamant comme le siens, il le voulait vraiment. L’artifice qu’il produisait l’attirait.
Sa petite bouille allégorie du paradis pourrait l’y aider. Il aurait aimé l’avoir gratuitement, il fit une petite moue dubitative, qu’est ce qu’il pourrait lui donner à la place, il se hâta jusqu’à son coffre et fouilla à l’intérieur, il tira ce qu’il voulait. C’était un magnifique portrait d’un singe capucin, chaque trait était fait avec minutie, il y avait mit beaucoup de temps. « C’était mon meilleur ami quand j’étais petit, je l’ai dessiné un jour, il s’appelait OUAH ! » Il lui donna le dessin. « Tu es gagnant dans l’histoire, je ne donne jamais un dessin, je te donne donc en caution une partie de mon âme ! Fais en attention… » Dans chacune de ses créations, il mettait une infime part de son spirituel, c’était une sensation unique. Il n’avait pas envie de dessiner pour la gloire, car il ne voulait pas vendre son âme. Il avait son briquet c’était ce qui comptait.
« J’adore aller dans le South Parc, y a plein d’arbres, je peux y faire ma sieste tranquille, Oxford Street aussi, Londres est mon terrain de jeu préféré, on peut grimper partout, il y a des bâtiments super haut ! » Il recula un peu, quelle étrange proposition. Manger, se balader, tous les deux. Il pencha la tête sur le coté en l’observant. « D’accord ! Je veux bien manger avec toi, et j’ai envie d’entendre ta musique ! Je coûte cher en nourriture mais c’est toi que ça regarde ! Et travailler non merci, les gens sont esclaves de leur patron, lui il ordonne et après tu peux plus penser par toi-même ! Je n’ai pas besoin d’argent ! » Roméo aimait les objets précieux, dans sa vision l’argent n’avait aucune valeur, un billet c’était moche. « Les pièces c’est beau, j’ai demandé à un patron de me payer qu’avec des pièces quand j’étais serveur, il m’a filé que des billets hideux, t’imagine ? » Roméo, alla chercher un t-shirt propre, il faisait ses lessives tout seul, un morceau de savon de Marseilles et il faisait partir toutes les tâches. Ca serait sûrement serré, il était plus petit et plus mince qu’Ama. Le t-shirt avait un panpan dessus, un magnifique lapin Disney, c’était son personnage préféré.
Il ne bougea pas, il n’avait pas fait attention à son torse jusqu’à maintenant, cet homme était superbe, on le croirait sculpter comme une statue grecque, avec une finesse si appréciable. C’était une statue grecque avec des yeux bridés, mais une belle statue. Il se mit à rougir malgré lui.