PIPER x I can't live with or without you.

Je suis sûrement le plus grand secret d'Angleterre, je déconne. Quoique... Il n'y a que moi qui détients la clé de mon existence. Je suis un fruit pourri, née d'une relation cachée entre un membre de la famille royale et un médecin, ma chère mère. Ma mère qui était à l'époque déjà mariée avec un avocat. Mon beau père. Vous voyez le topo ? Ma petite enfance a été un énorme mensonge. Je n'ai su la vérité sur mon identité qu'à l'âge de quinze ans, en pleine adolescence. Mes parents étaient en crise, ma mère m'a tout déballé. Je n'y ai pas cru. Et puis qu'est-ce que cela pouvait me faire ? Je n'allais pas traîner mon vrai père devant un test ADN. Celui qui m'avait élevé c'était cet avocat. Il ne sait toujours pas que je ne suis pas sa fille biologique et j'espère que cela va rester comme ça. Je n'ai pas envie de le voir malheureux à cause d'une erreur de jeunesse de ma mère. J'ai tout eu pour moi, des cadeaux par milliers autour du sapin, autour de mon gâteau d'anniversaire. La vie parfaite. On passe chaque année nos vacances en France. L'Angleterre c'est bien joli mais le climat ce n'est pas toujours la folie. J'ai rencontré mon premier amour là-bas, sur la côte d'azur. Le plus beau des petits garçons, j'avais huit ans. On est resté correspondant. Lui vivait là-bas toute l'année. J'ai travaillé mon français pour lui, jusqu'à devenir bilingue. On est resté fidèle l'un à l'autre jusqu'à nos douze ans. Ayant été hospitalisé pendant une bonne année, je n'ai pu lui écrire et lui prévenir que je ne viendrais pas cet été là. Entre temps nous avons déménagé à Londres et lui a aussi peut être fait ses valises. Je n'ai plus jamais entendu parler de lui. Ma vie a continué, il le fallait. Et puis les garçons ont continué de se bousculer à ma porte, je ne vais pas me plaindre.

J'ai toujours excellé en éducation sportive. Me dépenser me fait sûrement oublier le fait d'être une bâtarde. Je pousse souvent mes limites le plus loin possible et j'ai couramment côtoyé l'hôpital pour ça. J'ai eu une période d'anorexie marquée. Je n'en suis pas fière et mon poids est toujours une obsession. J'ai fait une promesse à mon petit frère, ne plus jamais frôler la mort. Ça me demande beaucoup d'efforts mais je lutte, j'ai d'ailleurs un suivi psychologique mensuel. Ça me fait du bien. Je peux me déverser là-bas. Cette profession m'a toujours attiré, j'ai fait des études et j'ai décroché le diplôme pour être psychologue. Pourtant, je n'ai jamais vraiment exercé, j'ai juste remplacé quelques psys à l'hôpital. J'ai choisi de vivre de ma passion pour le moment, peut être que je me calmerai un jour et que je resterai derrière un bureau. Ce n'est pas encore le moment je le sens. Quand je serais en cloque peut être. La bonne blague. Il me faudrait un homme pour ça et ça n'a pas l'air d'arriver. Je suis pourtant dans la moyenne, je suis mignonne, plutôt sympathique et intéressante. J'avais oublié, je suis aussi froide qu'une pierre tombale. C'est ça le hic. Tant pis, je poursuis mon périple.

L'année dernière, j'ai été contacté par un quadragénaire pour lui redonner la forme. Il était charmant, vraiment. Et puis il était si généreux avec ses pourboires. Je n'ai rien vu venir, jusqu'à ce qu'il me crache le morceau. Il a toujours su que j'existais et il a toujours surveillé mes moindres faits et gestes. Car il était et est toujours mon vrai père. Et aujourd'hui il veut apprendre à me connaître autant que ses enfants reconnus...