Shelby Trinity Underwood ☼ How to save a life.

Jamais, je n'oublierai les mots prononcés par mon père :

«  Chaque jour, nous nous entraînons pour sauver des vies. Nous combattons le feu et les accidents de la route. Nous sommes toujours présents dans les alertes à la bombe, les tentatives de suicides, les fusillades et les autres événements dangereux. Personne ne se plaint de ce métier à haut risque. Mise à part, les conjoints des pompiers qui ne voient pas leur époux ou leur épouse revenir à la maison tous les soirs. Mais nous, nous sommes pompiers de génération en génération. Personne n'est chirurgien, nous ne sommes pas assez riches pour payer des études aussi chères. Nous sommes tous en bonne santé, autant en profiter.
Tu es sans doute trop jeune pour le comprendre, mais un jour, tu verras. Tu deviendras une soldat du feu comme ta mère. Tu combattras le feu sans pleurnicher. Tu plongeras dans la bataille pour sortir l'enfant qui est coincé. Tu rassureras les personnes qui paniquent à cause d'un ascenseur qui est resté bloqué. Et c'est à cet instant, tu comprendras que tu es une Underwood. »

Ce soir-là, j'ai appris que Joey, mon grand-père a périt dans les flammes. Mon père s'est retenu de pleurer devant une gosse de cinq ans. J'étais jeune, je ne comprenais pas ce qu'il me disait. Mais je sentais qu'il allait très mal. Je l'ai pris dans mes bras pour le consoler et je lui ai dis :
« Papa, je suis sûre que Papy Jo' est fier de toi. Mais toi, tu es mon superman. Je t'aime papa. »
Et là, mon père a craqué. Il m'a prit dans ses bras et m'a serré. Il ne voulait pas me serrer très fort de peur de me briser. J'étais sa poupée en porcelaine. Je lui ai embrassé la joue et j'ai senti que moi aussi, j'étais triste.
Les funérailles ont été grandioses. Tristes, mais grandioses. Les camions de pompier circulaient dans toutes les rues de Londres. Les gyrophares tournaient et les sirènes retentissaient sans arrêts. J'ai monté dans le camion de mon grand-père et c'était mon père qui conduisait. Je ne pouvais et ne voulais pas porter du noir. Mon grand-père était un héro à mes yeux. Je voulais mettre un peu de gaieté dans ses funérailles, pour qu'il soit fier de moi. Ma grand-mère était peut-être effondrée, mais elle m'a laissé porter la tenue de pompier qu'elle m'avait tricoté pour mon anniversaire. Je n'avais pas de casque de pompier, alors je m'en suis fabriquée un dans la nuit. À vrai dire, je ne dormais que très peu la nuit et je jouais avec mes voitures... Mais ça, on s'en fiche. J'ai fabriqué mon casque avec une passoire et de l’aluminium. Ma mère a hurlé en découvrant mon chef d’œuvre. Mais j'étais fière de ma famille. Je voulais le faire savoir à mon grand-père qui me guettait de où il se trouvait.  
Je me souviendrai d'une chose. Je me suis accroupie pour pouvoir poser son casque sur son cercueil et j'ai chuchoté : « Tu sais, Papy Jo'... Je vais devenir comme toi. Tu vas me manquer... Mais tu seras toujours dans mon petit cœur. Et un jour, je te retrouverai et je te dirai : Tu vois ? J'ai réussi ! Je suis devenue comme toi ! »

Vingt ans plus tard, j'ai compris ce que mon père me disait. Je n'étais pas une simple pompier, mais une Underwood. J'étais même amoureuse d'un de mes collègues, Robbie Callaghan. J'adorais sa façon de conduire le camion et la manière qu'il avait à ronchonner. Je sais, je suis une fille bizarre, mais on s'en fout. C'était un vrai mec, qu'il ne se vantait pas d'être pompier et aimait son métier. Je l'aimais pour ce qu'il était et pour rien d'autre au monde, je ne l'aurai laissé partir. On a finit ensemble après une mission où on a échappé à la mort. On se confiait des choses et c'est venu comme ça. C'est tout, je ne donnerai pas les détails !
En résumé, notre relation était compliquée, mais géniale. On s'engueulait pour des petites choses, mais on riait juste après. Il était l'un des seuls à me voir sur mon vrai jour. Douce, gentille, calme, prévenante, protectrice, généreuse... Bref, j'étais comme ça avec lui. Il était de même avec moi. C'était vraiment une belle histoire qui a duré un an. Elle s'est très mal terminée.

Il y avait une nana dans la caserne, elle était jalouse de moi. Pourtant, je n'avais rien à envier contrairement à elle. Elle, elle pouvait se la péter avec ses dix milles dollars de godasses. Elle faisait des UV tous les vendredis...Quoique sur ce point, elle n'avait pas tord. Je n'avais pas besoin d'UV pour avoir un teint mate. Si je ne me trompe pas, son prénom était Vanessa. Elle m'horripilait et me donnait la migraine à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. J'avais juste envie de l'encastrer contre le mur et lui faire comprendre qu'il fallait se taire quand le chef parlait. Non, mais c'était une nana qui n'avait pas reçu d'éducation. J'aurai pu lui mettre mon poing dans la figure, le jour où j'ai su qu'elle est allée raconté des conneries sur mon dos à Robbie.
Je m'étais violemment disputée avec Robbie. Je me battais pour obtenir mon innocence. Genre, je l'ai rendu cocu avec un autre de la caserne. La dispute ne s'est pas terminée avec des rires, des câlins et des « je t'aime ». Non, elle s'est terminée avec les larmes, les valises et mon départ. J'étais partie chez mes parents et j'avais rédigé ma demande de mutation et une semaine de congé. Je ne pouvais plus regarder Robbie dans les yeux. Je me trouvais lâche et sans courage. Mais j'en avais assez que l'on ne me croyait pas. Robbie était le seul à me donner l'envie de tomber amoureuse, mais bon, c'est comme ça... La vie est ainsi faîte.

Une semaine plus tard, j'ai été recrutée dans une autre caserne. Mon arrivée m'a foutu un seau d'eau froid dans la tronche. Il n'y avait que des mecs et ce n'étaient pas des gentlemans. Ils ne respectaient pas vraiment les femmes. J'ai dû en foutre une à deux-trois gars pour me faire respecter. Bien sûre, je me faisais enguirlander par le chef de la caserne. Et puis, avec le temps, j'ai crée des liens avec tout le monde. J'aimais bien cette caserne, c'était autre chose que la première. Il n'y avait pas mes parents, ni ma sœur et encore moins mon demi-frère. C'était vachement cool !

Côté cœur ? J'ai changé de bords... Non, mais sérieux. Vous avez réellement cru que j'ai changé de bords ? Allez crever pour croire ça ! J'aime les mecs, les vrais et pas ceux qui se la pètent, mais qui n'ont rien dans le pantalon. Non, mais oh !  
Au pire, j'ai été fiancée à un autre pompier. Il s'appelait James Daugherty. C'était une toute autre histoire que celle que j'ai vécu avec Robbie...D'ailleurs, il me manquait énormément. L'histoire avec James était calme, trop calme. Je me suis fais chier au point que je l'ai laissé à l'autel, le jour de notre mariage. C'était il y a un mois de ça.

Maintenant, on se fait tous muter dans toutes les casernes de Londres. Longtemps, j'ai attendu la réponse pour savoir dans quelle caserne, j'allais partir... Ah oui, pourquoi, je change de caserne ? Il y a de l'amiante dans la nôtre...Alors, c'est la séparation de l'équipe.
Eh bien, je fais mon retour dans la caserne où j'ai fait mes débuts. Celle où se trouvent ma famille, mes anciens amis et Robbie... Je n'ai pas trop envie de le revoir après tout ce qui s'est passé. J'ai entendu dire que Vanessa est toujours présente. Je l'imagine bien mariée à Robbie tiens... Bref, je dois travailler et sauver des vies, c'est ça qui m'importe le plus. Toc Toc, me revoilà !