(selena) chassez le naturel, il revient au galop.

Ce fut un de ces jours pluvieux dont raffole tant Londres que naquit cette petite beauté brune aux yeux d'un gris pur. Entourée d'une famille unie, et d'une mère heureuse malgré l'épuisement dû à l'accouchement, la petite Selena avait tout pour être heureuse. Les bras de celle qui l'avait mise au monde se refermant sur son corps fin et fragile, elle luttait contre sa curiosité dors et déjà dévorante, qui lui faisait ouvrir ses douces mirettes ne supportant pas la lumière. Elle était la petite princesse tant attendue, dont on avait déjà préparé la chambre rose pompom, et les petits adorables sur lesquels maman avait craquée. Cependant ce jour là, ce furent les deux hommes de la pièce, qui furent le plus touchés. Monsieur Hyland était papa d'une deuxième petit fille, belle comme le jour, qu'il s'impatientait déjà de pouvoir prendre dans ses bras. Et quant à Caleb, trois ans déjà, il découvrait pour la première fois sa petite sœur dont on ne cessait de lui parler depuis neuf mois. Quant à Megara, l'ainée de la famille, elle se ravissait déjà des jeux qu'elle pourrait partager avec sa jeune sœur. Selena était une petite poupée de porcelaine, que tout le monde voulait bercer, en échange d'un petit sourire, ou de pouvoir contempler ses beaux yeux.

Elle fut en vérité la parfaite petite fille modèle qu'on attendait. Chérie de beaux rubans roses bonbons dans ses longs cheveux noisette, elle avait ce rire et ce sourire qui la prédestinait au meilleur, et qui émerveillait les anciens. Selena fut élevée avec toute l'attention du monde qui l'entourait, et elle y prit goût malgré elle. En contre-partie, elle ramenait les meilleures notes à la maison, pratiquait deux sports à la foi, se comportait en élève modèle. Elle était la fierté digne de ses parents, d'avoir une enfant si douce et si radieuse : du moins jusqu'à ses treize ans.
La douce Selena entra dans la période critique de l'adolescence, ou pré-adolescence comme n'importe qu'elle petite fille de son âge. Son exubérance charismatique enfantine se transforma tantôt en un besoin volumineux d'attention, et des crises de colère lorsqu'elle se sentait mise à l'écart. Selena criait, Selena boudait, Selena tapait des pieds. Son caractère féroce s'affirma lors de ses premiers boutons d'acné, et envies d'aventures. Aussitôt le bulletin s'en ressentit, et malgré les mises en garde, le plus drôle restait dans les bavardages incessants. En soit, elle ne devient pas pour autant une mauvaise élève, mais ses notes jadis si géniales étaient rapidement retombées dans une moyenne décevante. Seul le théâtre savait la canaliser, et on prit soin de comme chaque année depuis ses quatre ans, de bien renouveler son trimestre. Car derrière ses rôles exagérés et ses vers répétés, la jeune fille s'épanouissait comme jamais. Elle gagna d'ailleurs quelques prix, dont elle affichait avec fierté les trophées sur une étagère garnie de sa chambre. Mais malgré ses crises et ses sautes d'humeur, Selena était soutenue par un frère taquin, pour lequel elle éprouvait toute l'affection du monde.

Ce fut à ses seize ans qu'elle poussa son vice trop loin, en fuguant de chez elle en pleine nuit de novembre, pour rejoindre un jeune homme de son âge. La petite diablesse ne donna pas signe de vie pendant trois jours interminables, où la police avait commencé à mettre en place une alerte enlèvement. Qui su réellement où elle était passée ? Même lorsqu'elle rentra, à l'aube du troisième jour, les cheveux en bataille et trempée par la pluie, personne ne le su vraiment. Elle semblait ressortir de cette utopie, brisée, et ses yeux ne cessaient de pleurer. Elle s'était prise pour une héroïne de roman, pouvant fuir loin de tout avec son prince charmant, mais les pages du livre s'était brûlée. Elle ne parla à personne de cet épisode douloureux, et lorsque deux semaines plus tard, elle rentra plus tard des cours, et s'enferma dans sa chambre : tout le monde se posa des questions.
La vérité ? Comme n'importe qu'elle princesse qu'elle se donnait le droit d'être, elle était tombée amoureuse de ce garçon différent des autres, taquin et souriant, qui n'avait pas les tablettes de chocolat, ni même les muscles surdimensionnés, mais qui savais la faire rire comme jamais. Dans une réciprocité merveilleuse, elle s'était donnée à lui, mais la marque durex avait mal fait son boulot. Lorsque deux semaines plus tard elle constatait que ses règles ne viendraient plus, elle paniqua et se referma sur elle même. Plutôt que d'en parler à ses parents, elle préféra appeler son petit ami, qui à son plus grand étonnement, fut bien loin de l'abandonner. Il n'avait peut-être pas le cheval blanc, mais il avait tout de noble, et il lui proposa de partir avec lui. Il avait décroché un job en Irlande, et il lui proposait tout bêtement de partir vivre avec lui, à l'étranger, d'élever leur enfant à deux. Prise de rêves et d'espoir, et surtout saisie par l'amour qu'elle avait pour lui, elle avait accepté.
Ça n'avait duré que trois jours. Car lorsqu'il avait s'agit de rouler simplement, conduite par son petit ami, elle avait pu envoyer ses doutes balader en amplifiant le volume de son casque sur les oreilles... Mais lorsqu’ils avaient enfin atteint la frontière, elle avait paniqué. Elle s'était mise à crier le nom de son père, de sa mère, de son frère et de sa sœur, elle s'était excusée, elle avait fondu en larmes. Elle n'était pas prête pour cela, ni pour une vie loin de tout, ni pour élever un enfant, ni pour dire adieu à sa famille. Alors, dans un flot de larmes, elle était rentrée chez elle, et quelques semaines plus tard, dans l'anonymat total, elle avait avorté.

Personne n'en su jamais rien, du moins pas clairement. Ce fut sa mère qui eut le plus de soupçon, et qui devina sans doute. Et ce fut ce qui contribua à les éloigner peu à peu l'une de l'autre. Selena n'en resta pas moins proche de son père, pour qui elle restait comme la huitième merveille du monde. Elle s'accrocha à ceux qui l'aimaient, et ne revit jamais son petit ami, de peur de remords, et surtout de l'affronter. Elle resta cloitrée pendant quelques mois en passant de son lycée à la maison sans d'autre étapes supplémentaires, et personne ne chercha à l'en empêcher.

Lorsqu'elle atteignit son diplôme, sans mention ni félicitations, mais dors et déjà très heureuse de l'avoir, cette histoire de grossesse était clairement passée. Reprenant un nouveau départ, et ses rêves de théâtre, son père se débrouilla pour la faire entrer dans une académie d'arts dramatiques. Rêvant d'indépendance, elle demanda une bourse qui lui offrit un petit appartement sans prétention, et elle ouvrit une chaine youtube que de nombreux abonnés ne manquent pas de suivre chaque mois. Entre un père chéri, une mère éloigne, une grande sœur aimante et un grand frère protecteur, elle cherchait son équilibre. Partagée par cette peine au cœur suite à l'accident de son frère, qu'elle a provoqué, la vie se révèle parfois bien difficile pour une jeune femme en constant besoin d'attention. Et si tout cela se révélait mauvais pour les autres, que deviendrait-elle ?
A dix neuf ans à peine, elle est sur le pied de guerre, et son adolescence difficile n'a fait qu'affirmer son caractère : Selena est une battante capricieuse certes, mais une battante quand même.