Family issues (part 1) ♦ Nyler

...Family issues ♦ part 1...

...You don't get to choose your kin...
ft. Tyler J. Lewis • Dimanche 21 juin 2015
West London • Kensington

J'avais vraiment pas prévu ça. Je sais bien que je dois jamais attendre grand chose de positif de la part de mon paternel, mais ça, j'avoue que je l'avais pas vu venir. Après la débâcle de la famille de Primrose, je pensais sincèrement qu'ils abandonneraient cette histoire de fiançailles, qu'ils refuseraient de voir leur nom si primordial à leurs yeux souillé par la déchéance des Lewis.

Faut croire qu'il loupe pas une occasion de me pourrir la vie. Quand il a relancé le truc, j'ai franchement pas pu retenir ma langue - pas comme si c'était vraiment mon fort - et un « vous n'êtes pas sérieux ?! » indigné a retenti dans le salon où ma mère espérait sans doute qu'on prenne le thé tranquillement avant que j'aille jouer dans Hyde Park. Raté. Ca avait bien commencé, d'autant que je faisais réellement des efforts pour pas balancer tout ce que je pensais de son super pote mais... Raté.

Le ton est monté, je me suis levé, et j'ai fini par leur asséner la vérité, qu'ils n'avaient manifestement pas envie d'entendre.

« Je n'épouserai pas Primrose, parce qu'elle n'en a aucune envie, pas plus que moi, et parce que de toutes les manières, il y a déjà un homme dans ma vie, et j'ai pas l'intention de gâcher ça pour vos décisions rétrogrades et complètement biaisées. Je comprends même pas que vous acceptiez de compromettre notre famille pour... »

Je sais pas trop quoi. Et j'ai jamais pu finir cette phrase, parce que la main de mon père a violemment heurté mon visage. Ou plus exactement son poing. Et ça, réellement, je ne l'avais pas vu venir.

Des coups, j'en ai reçus d'autres. D'étrangers. Des gifles de mon père parce que je m'étais montré insolent, aussi. J'ai jamais vraiment été le petit garçon idéal, en même temps. J'ai jamais été d'accord avec lui, et même si je cautionne pas sa façon de corriger l'arrogance de son rejeton indigne, je pouvais comprendre, au moins, qu'il montre son autorité et me remette à ma place. Mais ça c'est... ça n'a rien à voir. Et déjà que de base, je rends pas vraiment les coups, je crois que là, de toutes les manières, j'étais beaucoup trop sous le choc pour même seulement arriver à y penser. Je sais pas ce qu'il a dit, à base de noms d'oiseaux charmants concernant la communauté homosexuelle sans doute, j'ai juste entendu les cris de ma mère, le suppliant d'arrêter, et réalisé quand il a fini par s'éloigner et me crier de partir que j'étais au sol. Je me suis relevé plus maladroitement que je l'aurais voulu, un rire mauvais s'échappant nerveusement de ma gorge.

« Félicitations, Père. Je pensais pas que vous pourriez descendre encore plus dans mon estime. C'est pourtant chose faite.
- Get out of here ! NOW ! »

Ca tombe bien, j'ai pas vraiment l'intention de rester.

« Regardez-moi bien, parce que vous me reverrez plus jamais ici.
- Nate... »

Autant face à mon géniteur, c'est la colère qui brille clairement dans mon regard, et je suis parfaitement sincère, j'ai aucune envie de jamais le revoir, mais comme je tourne les talons et croise celui de ma mère, une profonde tristesse remplace aussitôt le ressentiment que je peux avoir pour celui dont je porte le nom. Elle ne sait manifestement pas quoi dire et moi non plus. Et j'ai claqué la porte pour repartir vers chez Tyler, où je dois récupérer ma guitare avant d'aller jouer. Et le temps de trouver un taxi parce qu'à pieds, ça risquait d'être un peu long, j'ai appelé Katee, lui demandant l'énorme service - même si on s'est un peu éloignés depuis que je couche plus avec elle, faut dire ce qui est - de venir me rejoindre à Hyde Park et de faire en sorte que ma gueule fasse pas trop peur sur scène...

J’étais tranquillement en train de jouer à l’un de mes nombreux jeux vidéo lorsque j’entendis Nate frapper à la porte de chez moi. Je mis alors le jeu en pause et lui ouvrit la porte de mon appartement de manière tellement automatique que je ne lui jetais même plus de regards lorsqu’il rentrait. Il déposait ses affaires et faisait comme chez lui, s’appropriant les lieux dans lesquels il passait le plus clair de son temps alors que cela ne lui appartenait même pas. Ce ne fut qu’une fois que je tournai rapidement la tête vers lui pour je-ne-savais-quelle raison que je remarquai les nombreux hématomes qu’il avait sur le visage.

- Qu’est-ce qui t’es arrivé ? lui demandai-je, en fronçant quelque peu les sourcils, tout de même légèrement inquiet de l’état dans lequel il était. T’as encore ouvert ta gueule face à un homophobe et il t’a défoncé le gueule ? supposai-je, me rappelant alors la fois où il n’avait pas pu se retenir de provoquer un idiot qui ne cherchait qu’à casser du pédé.

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ft. Tyler J. Lewis • Dimanche 21 juin 2015
West London • Kensington

Il a pas remarqué tout de suite, ou il a rien dit en tout cas. Et franchement, je priais pour que ça en reste là, que j'ai le temps de prendre ma gratte et de me barrer pour aller retrouver le groupe, et surtout Katee et sa trousse de maquillage, avant qu'il ne réalise que j'avais la gueule bien amochée. Pas de bol - mais sans surprise - il a repéré les marques de contusion avant que j'attrape mon instrument et ne vide les lieux.

« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? T’as encore ouvert ta gueule face à un homophobe et il t’a défoncé le gueule ? »

Je grimace à l'allusion évidente à nos retrouvailles. Grimace qui me fait pas vraiment du bien au passage, vu que j'ai à nouveau la lèvre défoncée. un peu comme ce soir-là, donc.

« Non pas cette fois... »

Quoi que...

« Enfin je suppose qu'on peut dire que si en fait. Sauf que l'homophobe en question, c'était mon vieux... »

Par contre j'ai pas vraiment envie de m'étaler sur le sujet, et si je laisse - oui bon, d'accord, je fais peut-être un peu trop comme chez moi - mon portefeuille sur place - a priori, j'aurais pas besoin du permis, vu que je compte bien faire l'aller-retour à pied - je garde quand même dans mes poches le strict minimum, à savoir ma pièce d'identité, ma carte bleue, mon portable et mes clefs - sait-on jamais, que je puisse au moins rentrer chez moi si cette porte-ci reste close tout à l'heure.

« Bref. Je vais rejoindre les gars, on joue dans Hyde Park ce soir... »

Bon, j'ai déjà dû le lui dire ça, mais faut croire que je me sens obligé de le repréciser - pas comme si j'avais pas envie qu'il vienne nous voir en même temps. Un baiser et je tente de filer sans plus d'info sur ce qu'il vient de se passer, parce que j'ai franchement pas envie d'en parler.

- Non pas cette fois... dit-il en grimaçant, ce qui rendait son visage encore plus moche qu’il ne l’était déjà. Je mis alors une seconde fois mon jeu en pause dans le but de vérifier la gravité de ses blessures tandis qu’il continuait de m’expliquer ce qu’il lui était arrivé : Enfin je suppose qu'on peut dire que si en fait. Sauf que l'homophobe en question, c'était mon vieux...

Je fronçai les sourcils en apprenant que son agresseur n’était autre que son père et la colère monta alors en moi. Peut-être parce que je faisais le parallèle entre son père et le mien… Cependant, mon père n’avait jamais osé lever la main sur moi – bien que je trouvais tout de même que ce qu’il avait fait été pire que quelques bleus sur le visage. Dans un mois tout au plus, les traces de l’homophobie latente de ses parents auront disparus, alors que mes propres blessures étaient tellement plus profondes qu’elles saignaient encore aujourd’hui…

- Bref. Je vais rejoindre les gars, on joue dans Hyde Park ce soir... me rappela-t-il, sa guitare à la main, déjà prêt à quitter les lieux. Je sentais bien qu’il y avait comme une sorte de malaise. Peut-être ne voulait-il pas m’inquiéter plus que cela, ou alors, ne voulait-il pas avoir à faire face à mon indifférence ? En tout cas, tout ce que je pouvais remarquer à cet instant était qu’il n’avait qu’une hâte : partir.

- Tu vas y aller dans cet état ?

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ft. Tyler J. Lewis • Dimanche 21 juin 2015
West London • Kensington

Je le vois grimacer, et je sais pas si c'est à cause de ce que je dis ou de ma gueule défoncée. Ce que je sais, en revanche, c'est que j'ai juste envie de fuir, qu'il me voie pas davantage comme ça. Je suis d'ailleurs prêt à prendre la porte quand il reprend la parole, et j'arrête mon geste, la main sur la poignée.

« Tu vas y aller dans cet état ?
- C'est si horrible que ça, hein ? »

Parce que le reflet dans le téléphone est pas super révélateur et que je me suis pas trop attardé devant la moindre vitrine...

« Il me pourrit déjà bien assez la vie comme ça, hors de question qu'il m'empêche de jouer en prime... »

Ma voix vibre un peu trop, sous la colère autant que la peine, et si j'en attendais pas vraiment beaucoup mieux de mon paternel, la confirmation de l'absence totale d'estime qu'il peut avoir pour moi est pas vraiment agréable. J'ai beau dire, au fond de moi, il doit toujours y avoir une trace du môme qui espérait qu'un jour il serait fier. Quitte à jouer à ses sports favoris dont je me foutais royal avec une jambe dans le plâtre par exemple...

« J'ai une pote qui nous rejoint pour faire en sorte que je sois un minimum présentable... »

Je suis pas sûr que ça explique tout, j'imagine bien qu'il y a plein de gens que ça freinerait, mais j'ai besoin de ça. C'est une des choses qui me procure le plus de bonheur, je vais pas passer à côté, certainement pas maintenant, pas à cause de lui.

« Enfin je comprendrais si tu préférais que je revienne pas tout à l'heure, le spectacle sera pas super beau à voir, vu que je vais pas garder une tonne de maquillage sur la gueule... »

Je rentrerai chez moi, si c'est ce qu'il veut - auquel cas je récupère de suite les affaires déposées trois minutes avant - mais je sais pas trop si j'encaisserais bien d'être repoussé ce soir...

- C'est si horrible que ça, hein ? s’inquiéta-t-il presque de l’apparence qu’il pouvait à présent avoir. Et si ce n’était pas extrêmement grave, son visage était tout de même bien amoché.

-  Disons que les gens dans le public vont pouvoir te repérer de loin, décidai-je de plaisanter afin de détendre quelque peu l’atmosphère parce qu’on ne pouvait pas vraiment rire de cette situation. Ce qu’avait fait son père était très grave…

- Il me pourrit déjà bien assez la vie comme ça, hors de question qu'il m'empêche de jouer en prime... J'ai une pote qui nous rejoint pour faire en sorte que je sois un minimum présentable... se mit-il alors à m’expliquer, avant d’enchaîner avec : Enfin je comprendrais si tu préférais que je revienne pas tout à l'heure, le spectacle sera pas super beau à voir, vu que je vais pas garder une tonne de maquillage sur la gueule...

- Tu crois que cette gueule va m’empêcher de te baiser ? m’exclamai-je tout à coup, ne comprenant pas vraiment pourquoi il pensait une telle chose. Il était vrai que je me basais beaucoup sur le physique, mais je savais à quoi il ressemblait à présent et surtout, j’étais au courant de ses performances sexuelles, je n’avais donc aucune raison de le rejeter simplement parce qu’il avait une gueule de mauvais boxeur…

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ft. Tyler J. Lewis • Dimanche 21 juin 2015
West London • Kensington

« Disons que les gens dans le public vont pouvoir te repérer de loin...
- J'ai plus qu'à espérer que ma pote se démerde bien... et songer à choper une paire de lunettes de soleil au passage, éventuellement... »

Je suis blasé. Pourquoi aujourd'hui, bordel ? Pourquoi il a fallu que je leur parle de Tyler aujourd'hui ? Pourquoi il a fallu qu'il laisse exploser sa hargne aujourd'hui, aussi ? Surtout même... Et si la gueule que je vais montrer au public me soucie, celle que je lui donne à voir aussi, et je redoute un peu sa réponse. J'ai pas vraiment envie de retourner chez moi tout seul comme un con ce soir, au fond.

« Tu crois que cette gueule va m’empêcher de te baiser ? »

Un sourire étire mes lèvres alors, et j'avoue, je suis un peu soulagé.

« J'espérais bien que non. A tout à l'heure alors... »

Je me suis approché pour venir lui donner un baiser assez langoureux, histoire de donner un avant-goût de la fin de soirée, peut-être. Ou de me rassurer, aussi. Et puis je suis parti rejoindre Katee et sa trousse de maquillage, et les autres membres de LuSt pour un concert un peu à l'arrache avec les moyens du bord parce qu'en plein air, mais sans trop de contrainte pour la peine, vu qu'on a pas vraiment d'horaire à respecter ni de setlist imposée. Ca risque juste de faire drôle à mes potes de me voir arriver avec cette gueule-là...

Nate est donc parti pour son concert prévu en l’honneur de la fête de la musique et je me suis grillé une cigarette, tout en me demandant ce que je pouvais bien faire… Après tout, si j’aurais pu me foutre qu’on puisse s’en prendre à lui – en particulier s’il l’avait cherché, grande gueule comme il était... –, le contexte de cette altercation était totalement différent et le fait que son père ait pu poser la main sur lui m’énervait au plus haut point. Je savais bien entendu que cela était dû au souvenir de mon propre passé avec mes parents –et, de manière plus spécifique, mon propre père – et je ne souhaitais pas qu’il vive ce que j’avais moi-même pu expérimenter après avoir eu le malheur de faire mon coming-out auprès de mes parents.

Je pris donc la décision de rendre une petite visite au père Keynes afin de discuter avec lui et peut-être tenter de le raisonner, mais pour cela, il me fallait son adresse. Je repérai alors le portefeuille que Nate avait laissé sur place et je fouillai dedans à la recherche d’un potentiel indice que je trouvais sur son permis de conduire. L’adresse indiqué n’étant pas celle de l’appartement dans lequel il vivait – ou, du moins, qu’il possédait –, j’en conclus que cela devait être celle de ses parents. Et bien que je n’étais pas sûr à cent pour cent de cette information, je décidai tout de même de prendre le risque.

Je m’habillai donc rapidement et pris la direction de Kensington dans un quartier dont les résidents n’avaient sûrement pas le moindre problème financier… J’écrasai ensuite la seconde cigarette que je m’étais allumé juste avant de traverser le petit portail qui délimitait l’entrée de la propriété et je frappai à la grande porte en bois. Une sorte de majordome m’ouvrit et ce fut alors à ce moment que je réalisais à quel point Nate était friqué…

- Mr Keynes est là ?

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ft. Tyler J. Lewis • Dimanche 21 juin 2015
West London • Kensington

Je suis évidemment loin d'imaginer ce qui se passe loin de Hyde Park, comme je passe un moment à me faire maquiller par Katee. Ma pote a posé quelques questions, mais guère plus que le strict nécessaire : elle sait ce que ma famille représente pour moi et a cessé de me tirer les vers du nez à ce sujet il y a longtemps. Je l'ai remerciée douze fois, je crois, avant d'enfiler une paire de lunettes de soleil et de monter sur scène cracher un peu tout ce que j'ai sur le coeur à travers mes chansons. Pourtant je suis un peu le principal intéressé des suites de la soirée de Tyler...

Quand il a débarqué à l'adresse qu'il a trouvé mon portefeuille, il n'a sans doute pas vraiment pu ne pas remarquer que le quartier transpirait l'opulence. Et pas seulement le quartier. Le jardin parfaitement entretenu, la demeure en elle-même... et le majordome qui ouvre la porte aussi, manifestent clairement le niveau de vie de ma famille.

« Mr Keynes est là ? »

Jebediah a l'habitude de faire barrage. Ca fait partie de son travail. Et c'est la première chose qu'il fait, en ouvrant donc à cet inconnu dont le style ne correspond pas aux proches de mon père. "Monsieur ne peut pas être dérangé", "si vous y tenez, vous pouvez prendre rendez-vous à ce numéro", et autres banalités du genre qu'il assène à tous ceux qui se présentent à cette porte. C'est sans compter sur le caractère de Tyler, sans doute, mais il l'ignore. Ni sur le passage opportun de mon père dans le hall, comme il s'apprêtait visiblement à se rendre à l'étage après avoir débouché du couloir de gauche.

- Monsieur ne peut pas être dérangé. Si vous y tenez, vous pouvez prendre rendez-vous à ce numéro…

- J’ai pas besoin d’un rendez-vous, le coupai-je alors, tout en forçant le passage d’un coup d’épaule. Puis, je repérai tout à coup un homme à l’allure plutôt snob qui s’apprêtait probablement à monter à l’étage. Vous êtes le père de Nate ? lui demandai-je en m’approchant vers lui à grands pas – j’avais pas envie que leur esclave me rattrape pour me jeter dehors. Et après qu’il m’ait confirmé son identité, je continuai : Je m’appelle Tyler Lewis et je suis un ami de votre fils. Enfin, disons que je le baise tous les soirs jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, fis-je exprès de vouloir le choquer dans mes propos. Et si j’ai l’habitude de me foutre des problèmes de votre fils, là, ça me concerne un peu plus puisque vous avez osé abîmer son joli minois… Alors, je sais pas quelle relation vous entretenez avec lui – j’ignorais qu’il avait des parents jusqu’à aujourd’hui, je croyais que c’était Dieu qui l’avait envoyé sur Terre pour me pourrir la vie –, mais si vous aimez votre fils, je vous conseille d’aller rapidement vous excusez si vous voulez pas le perdre. Sinon, eh bien… la prochaine fois que vous touchez ne serait-ce qu’un cheveu de lui, vous aurez affaire à moi, le menaçai-je avec mon ton le plus glacial, tout en ne quittant pas son regard afin de bien lui montrer que j’étais on-ne-peut-plus sérieux. Et croyez-moi, je peux être très méchant…