stefan + i'm not crazy, my reality is just different than yours.

Il ne sentait plus sa respiration. Ses poumons se vidaient peu à peu, et bien qu'il avait les yeux ouvert, il ne voyait rien. Dans pas longtemps, il sera mort. Alors pourquoi continue-t-il à se débattre de la sorte? L'instinct de survie. Il ne pensait à rien d'autre qu'à se sortir de là au plus vite, les bras dressés vers le ciel, les jambes battantes. Pour faire quoi après? Il ne le savait pas. Si ça se trouvait, sa vie ne sera pas plus brillante qu'elle ne l'a été jusqu'à présent. Si ça se trouvait, il finirait par se donner lui même la mort. Pourtant, la seule chose à laquelle il était en train de penser, là, de suite, c'était de pouvoir vivre.
Sa mère était en train de l'étouffer. Il avait six ans. Aujourd'hui encore, il se souvenait de moment comme si ça s'était passé le jour précédent.
Et puis un « boum » sonore se fit retentir. Stefan March Keddle n'ouvrit pas encore les yeux, ne réalisant pas encore qu'il venait d'être sauvé in extremis. Il resta là, allongé sur le lit, le coussin lui barrant encore la vision de toute chose, mais la lumière était proche désormais. Il sentit le poids du corps de sa mère s'extirper de lui, puis un visage apparut. C'était un homme qu'il ne connaissait pas.
« Petit, tu vas bien? »
Il ouvrit la bouche, les yeux en grands. En fait, il était terrorisé à tel point qu'il n'osait parler.
« Elle ne te fera plus de mal, c'est promis! » poursuivit l'inconnu. Mais Stefan ne l'écoutait plus. A l'instant où il avait terminé de parler, il sombra dans l'inconscience.

Quand il se réveilla, le même visage apparut au dessus de lui. Sauf qu'il n'était plus dans sa chambre mais dans celle d'un hôpital. Quand l'homme s'aperçut que le garçon était réveillé, il eut un petit mouvement de sursaut avant de faire place au sourire.
« Ça va aller? »
Mais Stefan ne répondit pas. Il plissa les yeux afin de pouvoir le dévisager et fouiller dans sa mémoire pour essayer de savoir s'il l'avait oui ou non déjà vu.
« Qui êtes vous? » finit-il par demander puisque pour le moment, c'était la seule chose qui le tracassait.
« Je m'appelle Jeff,je suis le policier qui est venu te sauver. Ta maman est très malade et sa maladie lui a donné envie de te tuer. Mais il existe des traitements qui peuvent la sauver tu sais... »
Il ne répondit pas. En réalité, Stefan préfèrerait voir sa mère pendue que guérie. Il la détestait. Il ne se souvenait plus depuis quand, mais il la haïssait. Elle a toujours eu des actes déplacés envers lui, et ça n'était pas la première fois qu'elle avait essayé de le tuer. Il aurait pu l'exprimer, clairement. Mais il avait encore mal à la gorge, alors, s'il pouvait éviter de parler, ce serait pour le mieux.
A côté du ledit Jeff, une femme. Elle aussi était policière. Et quand elle le questionna d'une voix mielleuse à propos de son père, Stefan lui lança un regard noir. Il n'aimait pas les femmes. En vérité, il détestait tout ce qui pouvait représenter une figure maternelle et il se trouvait qu'il avait jeté sa haine sur toutes les femmes sans exception. Cela dit, il n'aimait guère non plus les hommes. Mais il préférait leur parler à EUX parce qu'ils étaient moins... femme. Leur style imposant et déterminé lui donnait plus l'envie de les respecter que la gente féminine. Et quand finalement ce fut Jeff qui posa la même question, le petit garçon hocha la tête de droite à gauche pour répondre que non, il ne savait rien sur l'homme qui était son père. Il n'avait pas de famille, mis à part sa mère qu'il détestait au plus profond de lui.

Il fut d'abord placé dans un foyer, avant de finalement se faire accueillir par la première famille d'accueil. Cette dernière le renvoya bien vite. Stefan n'était pas sociable. En plus, il criait souvent, était trop agité et n'obéissait pas. Il fut déclaré comme hyperactif à cet âge là.
La seconde famille fut plus patiente et son calme parvint à l'apaiser un temps soi peu. Il était toujours insupportable, mais c'était « moins pire ». Même qu'il lui arrivait de jouer avec les autres enfants. Des parties qui se finissaient bien vite parce que Stefan était mauvais perdant. Puis vint la troisième, puis quatrième, puis cinquième famille. Il sa ballait de maison en maison, découvrant de nouvelles personnes presque chaque année.
A l'âge de dix ans, il se mit déjà à réfléchir sur la manière dont il pourra se débarrasser de sa mère. Un jeune âge pour penser au meurtre. Pourtant, il la souhaitait réellement mort. Le jour où elle a été jugé d'homicide volontaire contre son enfant, il se souvint l'avoir entendu crier comme une folle hystérique «IL FALLAIT QUE JE LE FASSE, IL FALLAIT! » avant d'être escortée par plusieurs policier jusqu'à l'asile psychiatrique. On lui avait soufflé la maladie de sa mère, mais il ne l'avait pas retenue parce qu'il s'en fichait.
A quatorze ans, il se mit en tête de mettre en œuvre ses plans. C'était encore un jeune garçon, et il n'avait jamais tenté de tuer quelqu'un. Parfois, il y pensait, mais ça ne lui venait pas. Il voulait seulement éliminer sa mère, c'était tout. Mais au cours de son expédition pour se faire, il finit par abandonner. Pourtant, il était si proche du but. Il aurait aimé l'étouffer, lui aussi. Mais il s'était résigné. Quelque chose en lui l'avait retenu. Peut être parce qu'il ne voulait pas devenir comme elle, ou bien être un monstre, ou... il ne le savait pas. Mais il avait tourné dos à son machiavélique projet.


Londres.
Il avait toujours admiré les photos sur internet. C'était une belle ville. Elle semblait si petite à côté de Chicago. Les immeubles étaient deux fois moins grands, les routes moins épaisses mais tout était tellement plus joli. Un endroit agréable à vivre. A peine avait il fait son premier pas dans la capitale anglaise qu'il l'avait adoptée.
S'il était là, c'était pour étudier. Il avait tenu à ce ça soit ici, loin de ses mauvais souvenirs et de sa morosité ambiante. Ici, les idées lui étaient plus clair. Le changement lui allait bien.
Tournant définitivement le dos à l'Amérique, il fit toutes ses années de médecine ici et passa le concours, ainsi que plusieurs stages qui lui permit de se former au fil des années. Jusqu'à ce que finalement, il obtienne son diplôme et et rapidement un poste à la morgue.
La première année se passa assez difficilement, pour la simple et bonne raison que Stefan avait du mal à obéir aux ordres d'une femme. Il l'avait eu, cette contrainte, durant ses études. Il avait l'impression de ne pas faire quelques chose de sérieux à cause de ça. Pourtant, si ses professeur féminine l'avait laissé indifférent, sa supérieure hiérarchique parvint à recevoir son respect. Pour l'instant, c'était la seule, mais il se mettait doucement à avoir un regard différent sur la gente féminine. Peut être parce qu'il laissait un peu plus son passé derrière lui. Son avenir, il avait encore du mal à le cerner. Mais en venant ici, en déménageant, il avait décidé de tourner une page, une grosse page de sa vie.