(✰) message posté Jeu 20 Nov 2014 - 15:13 par Invité
Qu’est-ce que je foutais encore chez moi alors que je devais, normalement, prendre mon service au bar dans moins d’une demi-heure ? Cela aurait sans doute été la question de n’importe qui si cette personne avait osé franchir les portes de mon appartement. Quoique, Jesùs aurait sans doute été plus explosif et il m’aurait harcelé de questions pour savoir si j’étais malade, si quelque chose n’allait pas, si j’avais besoin de voir un médecin ou quelqu’un d’autre. Et, je n’aurais même pas été en mesure de lui mentir pour lui assurer que tout allait bien. Fichues emmerdes. La vérité était toute autre, mais personne n’était là pour me poser cette question. Je n’avais donc pas à me justifier sur mon absence au boulot, hormis auprès du patron du bar que j’avais appelé un peu plus tôt et à qui j’avais dit que j’étais malade et donc totalement incapable de venir travailler ce soir. Ce n’était pas comme si ça m’arrivait souvent puisque, même légèrement malade, je préférais amplement passer mes nuits à travailler au bar au lieu de rester confiner toute seule dans mon appartement. C’était sans doute pour cette raison que mon patron n’avait rien dit. Il m’avait juste conseillé de me reposer et de revenir quand j’irais mieux. Le pied total. Mais, le pire ou le meilleur de la situation était que je n’étais même pas vraiment malade.
La nuit précédente, j’avais traîné au bar puisque Jesùs n’était pas venu me voir et que je ne voulais pas rentrer. Je m’étais plongée dans les délices de l’alcool pour éviter de glisser dans une torpeur certaine. J’avais bu, raisonnablement. Croyez-moi, ce n’était même pas cela qui m’empêchait d’aller au boulot ce soir. Non, j’étais rentrée chez moi et je me sentais bien alors que le soleil se levait. Cependant, ma journée s’était déroulée de façon assez catastrophique. Comme si j’avais passé tout ce temps dans un état second. Les hallucinations prenaient le dessus sur la réalité et je confondais tout. Je me mettais à parler seule, à parler à Julius, comme si mon frère jumeau était présent à mes côtés. Je me mettais à le revoir et à l’imaginer alors qu’il gisait sans doute quelque part. Simplement mort depuis trop longtemps. Et, lorsque j’osais plonger dans une accalmie, lorsque j’osais fermer les yeux, les cauchemars prenaient le pas sur le reste. Je ne comprenais pas pourquoi c’était arrivé aujourd’hui plus qu’avant. Il n’y avait aucune raison probable pour que je subisse ça, pas de raisons apparentes. Alors, j’avais fini par appeler le bar et me faire passer pour malade. Puis, j’étais venue m’asseoir sur le sol de ma salle de bain. J’étais morose, déconnectée et travailler dans un tel état n’était pas la chose à faire. Puis, j’avais déjà vomis au cours de la journée et j’avais peut-être de la fière, alors hors de question d’aller passer ma nuit là-bas.
Au fil des minutes, au fil des heures, la réalité reprenait le dessus et je m’apaisais. J’avais tenté d’appeler Jesùs plusieurs fois. Après tout, il était le seul à connaître toute mon histoire, le seul à pouvoir intervenir lors de ces crises aussi soudaines qu’imprévisibles. Je pouvais passer des mois sans en faire une seule alors que j’en passerais d’autres à en faire tous les jours sans raisons apparentes. Peut-être qu’il y en avait, peut-être que consulter un psychologue m’aurait aidé à tout comprendre et à tout éviter. Mais, je ne voulais plus être confrontée à de telles personnes. J’avais assez donné et il était hors de question que je flanche à nouveau. Alors, je me rabattais toujours sur Jesùs. Mais, malgré mes appels insistants, il n’avait jamais décroché. Alors, j’avais finalement éteint mon téléphone et je m’étais renfermée allant m’asseoir à même le sol de la salle de bain. Le seul endroit où des lames de rasoir trônaient dans un tiroir. Je n’avais pas craqué. Pas encore et cela malgré mes yeux qui ne cessaient de se poser sur ce tiroir comme si je pouvais alors les ouvrir par magie. Stupide connerie. Je ne voulais pas replonger dans cette autodestruction alors je me concentrais sur autre chose. Je comptais dans ma tête, je chantonnais, je me raccrochais à la réalité d’une façon ou d’une autre. Je n’osais même pas tenter un des stratagèmes que les psychologues avaient pu me donner dans le passé. Je ne voulais pas me raccrocher à des mots et à des choses qu’ils m’avaient offertes sans réellement le vouloir.
Lorsque vingt-heures sonna et que l’alarme de l’horloge qui dictait les heures se déclencha, ce fut comme un signal. Je me redressais enfin et me déshabillais lentement. Et, alors que je me glissais sous l’eau de ma douche, je savais qu’il fallait que je bouge. Il fallait que je sorte. Je ne devais pas trop m’éloigner de l’appartement (j’étais censée être malade), mais je devais à tout prix voir quelqu’un que je connaissais afin de me changer les idées et peut-être de ne pas passer la nuit seule dans mon appartement. Oh, n’allez pas plonger dans un esprit totalement pervers. Je savais, depuis longtemps, qu’une présence me permettait de mieux dormir : il suffisait simplement qu’il y ait une autre vie que la mienne dans un appartement. Et, alors, que je rinçais mes cheveux, l’idée me vint automatiquement en tête. Je savais qui allait voir : Nathanael. Nous habitions dans le même quartier, il ne connaissait pas mon histoire, je rigolais bien avec lui et je pourrais toujours dormir sur son canapé. Cela semblait le plan parfait et je m’empressais de me glisser hors de la douche pour me préparer.
Nathanael Emmanuel Keynes – plus connu sous le surnom de Nate – était une personne que j’appréciais particulièrement. J’étais devenue amie avec lui grâce à Spencer. Et, entre Nate et moi c’était juste une très bonne amitié. Après tout, nous étions deux artistes fans de musiques avec beaucoup trop de traits de caractère en commun. Alors, tout semblait parfait. La seule ombre à ce joli tableau était notre précédente discussion sur les parents. Je ne savais même plus exactement comme nous étions arrivés à ce sujet, mais j’avais tenté d’éviter d’y répondre détournant à chaque fois la question. Et, au bout de longues minutes, j’avais fini par être obligée de glisser des mots si je ne voulais pas paraître suspecte. L’idée de mentir ne m’avait même pas effleurée l’esprit ce soir là et j’avais lâché la bombe : mon père était avocat, ma mère était peintre. Et, j’avais fait une connerie, je m’en voulais encore. Alors, au-delà de m’aider personnellement pour mon état, cette visite me permettrait également de voir si je n’avais pas foutue ma vie à Londres en l’air. C’était un moyen de voir si Nate se doutait de quelque chose ou non. Une façon de savoir ce que je devais faire. Pouvais-je rester dans une ville où plus d’une personne connaissait mon secret et mon histoire ? Je n’en savais rien.
Et, ce fut sur ces réflexions pas très heureuses, que je fermais la porte de mon appartement pour me rendre chez Nathanael. J’avais rapidement noué mes cheveux en un chignon, je m’étais donné un coup de maquillage pour que l’horreur de ma journée n’apparaisse pas violemment. J’avais revêtis un short, mes bottines et un tee-shirt à manche courte d’un groupe de rock ainsi qu’une veste qui finirait rapidement par être enlever. Après tout, Nate avait déjà eu l’occasion de voir les cicatrices sur mes bras. Ce n’était pas quelque chose que je cachais. J’avais beau ne pas être fière de ces marques sur ma peau, je ne voulais pas les cacher. Au contraire. Je me fichais du regard des gens sur mes bras et je répondais toujours « un accident » lorsqu’ils voulaient savoir ce qui était arrivé. Puis, bien sûr, il y en avait d’autres qui ne demandaient rien et qui savaient déjà que c’était de la mutilation. Je ne confirmais jamais, mais je ne déniais pas non plus. Après un rapide arrêt dans un magasin, je me retrouvais devant la porte de Nate à espérer qu’il soit là. Une grande inspiration et je frappais. Une fois. Deux fois. Trois fois. J’attendais. Et, la porte s’ouvrit sur mon délivreur pour ce soir. Un grand sourire glissa sur mon visage alors que je m’exclamais aussitôt.
Bonsoir Nateeee On aurait dit une gamine surexcitée et je m’efforçais de tenir cette image alors que je m’approchais de Nate pour déposer un baiser sur sa joue. Puis, je pénétrais dans l’appartement sans avoir besoin d’invitation. Après tout, il allait bien me laisser entrer chez lui, non ? Une fois légèrement avancée dans l’entrée, je faisais demi-tour sur moi-même pour faire à nouveau face à celui que j’allais importuner pour la soirée. Je penchais la tête sur le côté avec un petit sourire. J’adoptais encore cette attitude de gamine comme si je désirais à tout prix le faire craquer de cette façon. J’espère que tu n’as rien prévu pour ce soir
S’il m’avouait qu’il avait déjà des plans, ça ne marcherait pas, mais pas du tout. Enfin, de toute évidence, j’espérais parvenir à le détourner de n’importe quel plan qu’il pourrait avoir en tête. Après tout, j’étais là chez lui et je n’étais même pas venue les mains vides. Puis, j’avais cette air de gamine alors il n’allait pas me foutre dehors. J’avais déjà remarqué que Nate était un grand et très bon observateur et j’étais prête à parier qu’il devait déjà se douter que j’étais là parce que quelque chose n’allait pas ou un truc du genre au moins. Ouais, j’aurais parié n’importe quoi sur cela. J’avais beau être douée pour masquer ce qu’il fallait, il était presque aussi difficile de masquer une vérité à Nate qu’à Jesùs. N’attendant même pas de réponses de Nate, je prenais mes aises tranquillement au sein de l’appartement. Je déposais mon sac sur une table, je retirais ma veste et mes chaussures avant de faire à nouveau face à Nate. Et, avec un grand sourire, je m’approchais de mon sac et je commençais ma propagande pour qu’il accepte cette soirée.
J’ai rapporté un jeu de cartes, des DVD, des jeux de société complètement idiot, une bouteille d’alcool et surtout de très bonnes pâtisseries. Je balançais ces mots comme si j’étais une fière gamine devant un de ses parents. Une gamine qui faisait tout pour amadouer la personne en face d’elle grâce à un super programme. Et, alors que je laissais tout retomber dans le sac, je plantais à nouveau mes yeux dans ceux de Nate et je l’interrogeais alors. Alors, alors, alors ?
Je souriais, sautillant presque sur place dans l’attente d’une réponse de la part de Nate. Maintenant son avis comptait. Maintenant que j’avais tenté de me vendre, il pouvait faire son choix. Il ne pouvait pas me virer maintenant hein ? Je me mordais la lèvre incertaine. Après tout, je n’en savais rien. Je pouvais parfaitement me retrouvée mise à la porte s’il avait déjà un rendez-vous prévu ou s’il voulait sortir ou je ne sais quoi. Après tout, une soirée au calme dans son appartement n’était sans doute pas dans ses priorités. Et, cela n’aurait pas dû être dans les miennes, j’aurais dû être au travail. Peut-être même que Nate allait me demander pourquoi je n’y étais pas. Mais, j’avais déjà mon excuse toute trouvée : récupération d’heures supplémentaires. C’était simple à donner et ça semblait assez logique. Après tout, j’aimais suffisamment mon job pour faire des heures supplémentaires et pour devoir les récupérer après sous la contrainte sans doute ce qui expliquait ma présence soudaine dans l’appartement du jeune homme. D’ailleurs, a présent que je me trouvais dans cet appartement, la réalité avait totalement repris le dessus sur le reste. C’était comme si je pouvais respirer à nouveau sans avoir peur que mon jumeau décédé ne vienne respirer le même air que moi. Comme si mon cœur pouvait battre sans avoir besoin de s’affoler à la suite d’images troublantes. C’était juste bien. Et, j’espérais que cela pourrait le rester. J’espérais. Et, c’était peut-être vain.
Nathanael E. Keynes
sometimes it lasts to love and sometimes it hurts instead.
(✰) message posté Mer 17 Déc 2014 - 21:56 par Nathanael E. Keynes
I've got secrets and you won't discover them...
ft. Cassia Hudson && Nathanael E. Keynes
Dimanche 16.11.2014 • East London • Shoreditch • Home
Il y a des choses qui ne changeront pas. J'ai beau me retrouver dans une situation que je n'aurais jamais cru pouvoir vivre il y a quelques mois à peine, je n'en reste pas moins moi, le type hyperactif prêt à à peu près tout pour ses potes. Aujourd'hui ne fait pas vraiment exception, même si, d'accord, je suis un peu plus renfermé que d'habitude. En même temps, outre ma vie sentimentale désastreuse - la blague - je me retrouve dans l'expectative depuis beaucoup trop longtemps pour ma santé mentale concernant un éventuel poste fixe au Times, et ça joue évidemment pas mal sur mes nerfs. Alors comme j'ai pas vraiment envie de les passer sur tout le monde, j'ai un peu tendance à préférer rester chez moi quand je bosse pas, qu'à me ballader n'importe où...
Je sais bien que Julian y peut rien, et sa santé passe avant tout, c'est pas la question. Juste que c'est mal tombé, et que, oui, je stresse. Je joue un peu ma carrière, là. Enfin j'exagère un peu, je pourrais toujours me rabattre sur le Sun, démarcher d'autres journaux si ça foirait vraiment avec le Times UK, mais faut dire ce qui est, j'ai beau me prendre le bec avec Boss à peu près à chaque fois qu'on se voit, il n'empêche que je suis conscient de ce que travailler avec lui m'apporte. Ca me ferait franchement chier de devoir renoncer à ça. Et puis ça voudrait potentiellement dire recommencer à zéro ailleurs, et ça aussi, ça m'enchante pas vraiment. D'autant moins que c'est pas vraiment le meilleur moment pour ça. Les remises en question, quand on est déjà pas très stable émotionnellement, je suis pas sûr que ça soit le top... Je suis même plutôt sûr du contraire en fait...
Manquerait plus que mes vieux se décident à passer à la vitesse supérieure pour cette histoire de fiançailles à la con, et ça serait le bouquet. A vrai dire, je crois que je pèterai réellement un plomb, si ça arrivait maintenant, et l'esclandre que j'ai fait sans état d'âme le jour où ils ont annoncé leurs manigances aurait franchement l'air de sérénade à côté. Et pourtant je suis pas violent à la base. Mais il faut dire ce qui est : la famille, ça reste un sujet sensible. Et manifestement, pas que chez moi. Je me souviens très bien de ma conversation avec Cassia, et de la façon dont elle tentait de détourner le sujet des parents. Ca m'a intrigué, et je cherchais, à la base, pas vraiment à fouiner, mais cette façon d'éluder mes questions, c'était étrange, fallait que je sache si c'était volontaire ou non. Après de longues minutes, j'ai bien compris que oui, c'était tout à fait volontaire, mais que non, elle ne m'en dirait pas plus que « père avocat, mère peintre ». Cassia Hudson. Fille d'un avocat et d'une artiste-peintre. J'ai pas tout de suite cherché à en savoir plus, mais disons que c'est rangé dans un petit coin de mon cerveau - malheureusement pour elle, assez bien loti niveau mémoire.
« Bonsoir Nateeee ! »
Elle a débarqué sans crier gare, ce soir, et autant à la base, j'avais franchement prévu de rester seul, autant la voir aussi surexcitée qu'une gamine devant un sapin de Noël, là, ça fait naître un sourire sur mes lèvres.
« Salut Cas'... »
Une bise sur ma joue et elle est entrée, sans vraiment attendre que je l'y invite, mais en même temps, je risquais pas le moins du monde de lui fermer la porte au nez. Son petit air espiègle me fait doucement rire comme je referme la porte derrière elle, et quand je repose les yeux sur elle, c'est pour lui adresser un sourire plus large encore.
« J’espère que tu n’as rien prévu pour ce soir ? - Bah si, je passe la soirée avec toi, non ? »
Non parce que soyons francs, ton petit air pour m'amadouer peut marcher, oui, mais je suis pas complètement dupe non plus. Le maquillage dissimule pas complètement ton visage marqué, et même si - pour l'instant toujours - je vais pas te harceler pour savoir ce qu'il y a, j'ai bien compris que c'était pas la grande grande forme. On sera deux comme ça, n'est-ce pas magnifique ?
« J’ai rapporté un jeu de cartes, des DVD, des jeux de société complètement idiots, une bouteille d’alcool et surtout de très bonnes pâtisseries. »
Ok là, j'éclate de rire.
« Rien que ça ! »
Va pour l'alcool, cela dit, pas que j'aie pas ce qu'il faut en stock ici, mais n'empêche... Et puis je crois que ça me fera pas de mal non plus, de juste passer une soirée avec quelqu'un que j'apprécie, sans me prendre la tête. Si t'arrives à m'empêcher de penser à Lui, ne serait-ce que quelques heures, et au journal, je te tire mon chapeau, miss...
Je prends un air faussement songeur, parce qu'on a sans doute tous les deux tout à fait conscience de la réponse que je vais donner.
« Tu connais la maison, n'est-ce pas ? Je nous attrape des verres et des assiettes... »
Sous-entendu, tu choisis ce par quoi tu veux commencer dans tout ton attirail ludique, moi je m'occupe du boire et du manger. Et quelques instants plus tard, nous voilà installés devant des douceurs somme toute assez appétissantes, un verre à la main.
« Alors, on commence par quoi ? »
Honneur aux dames, je te laisse le choix des armes ma belle...
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(✰) message posté Sam 31 Jan 2015 - 23:23 par Invité
Dis-moi tes secrets… Confie-moi les sombres démons qui te hantent… Ces abîmes qui t’engloutissent… Ces abysses qui te définissent… J’avais entendu ce type de mots des milliers de fois en beaucoup moins poétiques sans aucun doute et bien plus souvent sous la menace ou une espèce d’harcèlement quelconque. Mais, c’était avant Londres en vérité. Depuis mon arrivée dans cette ville, j’évitais soigneusement de parler de mon passé et je finissais toujours par détourner la conversation quand autrui s’approchait de ce terrain miné. Ce terrain où des bombes invisibles pouvaient exploser à tout instant. À chaque seconde. Ouais, bien sûr, certains se doutaient qu’il y avait quelque chose de mystérieux. Quelque chose de secret. Mais, sans réelles preuves, ils ne pouvaient pas me questionner. Non. C’était régulièrement des psychologues qui prononçaient ces mots. C’était souvent des gens de l’extérieur qui voulait avoir un scoop alléchant à titre en une des journaux. C’était parfois des gens du peuple simplement un peu trop curieux. Des personnes franchement avides d’étaler l’horreur de mon être afin d’apparaître comme des saints à mes côtés. Sur le coup, je voulais me confier et tenter d’oublier l’horreur qui mutilait mon être. Après tout, lorsqu’on partageait son histoire avec quelqu’un, cela pouvait toujours rendre la souffrance plus supportable ou même la diviser ? Non ? Peut-être pas. À vrai dire, je n’en savais rien du tout. Il était rare que mon histoire glisse entre mes lèvres. Les sombres secrets n’étaient pas souvent révélés. J’évitais toujours de le faire parce que j’avais pris cette foutue habitude de me méfier de tout le monde. Constamment. Inévitablement. J’avais beau apparaître comme un terrain vague sur lequel on pouvait courir, je restais toujours un mur auquel on se heurtait. Un mur trop sombre qui ne tombait pas. J’étais un secret que je ne voulais pas exposer.
Pas même ce soir alors que j’étais censée restée tranquillement à l’appartement. Après tout, j’avais appelé le bar pour annoncer mon absence. Je n’étais pas vraiment malade pour autant. Certes, j’avais vomi et j’avais sans doute un peu de fièvre, mais ce n’était pas réellement une maladie. Non. C’était simplement ma tête qui me faisait défaut. C’était juste ma tête qui avait décidé de me rendre la vie infernale aujourd’hui et pour dieu sait combien de temps. Je ne pouvais guère le prévoir. Je ne pouvais pas le savoir. Il n’y avait pas réellement d’éléments déclencheurs (enfin la plupart du temps) et il n’y avait guère de remède miracles. J’aurais bien aimé appartenir au monde d’Harry Potter simplement pour qu’on me concocte une potion miracle. Mais, ça ne fonctionnait pas et ma lettre pour Poudlard n’était jamais arrivée. Alors, je subissais. Après un repos entre cauchemars et hallucinations, après une journée entre divagations et horreurs, j’étais simplement trop déconnectée pour aller bosser au bar. Après tout, je venais de passer plusieurs heures assise sur un carrelage gelé à fixer un tiroir en espérant le faire s’ouvrir tout seul simplement grâce à mes pensées. Fichues emmerdes. Foutues conneries. Le tiroir ne s’était jamais ouvert. Je n’avais pas bougé. La lame n’avait pas rencontré ma peau. Pas ce soir… Pas encore. Ce fut cette fichue pendule qui me ramena sur terre lorsqu’elle sonna. Cette pendule qui me poussa à réellement me connecter à la vie londonienne. Ce son qui me souffla qu’il était temps d’agir. Je ne pouvais pas aller au travail, je ne pouvais pas rester fermée seule à la maison, je ne pouvais faire venir personne vu que Jesùs s’était barré et que personne d’autre ne pourrait m’aider. Mon unique solution, mon unique remède était d’aller chez quelqu’un pour me changer les idées, aller chez quelqu’un et jouer mon rôle pour être certaine de passer une bonne nuit et de ne pas laisser l’horreur me hanter encore une fois.
Je me retrouvais devant la porte de l’appartement de Nathanael, plus communément appelé Nate (parce que c’était plus court, parce que c’était mignon, parce que… Oh puis merde c’était comme ça). Je l’avais rencontré grâce à Spencer et j’étais bonne amie avec lui. Enfin, c’était ce que je supposais dans ma tête et je demeurais toujours sur mes gardes. Après tout, même s’il pouvait me changer les idées et m’entraîner dans les rires et les discussions passionnantes sur la musique, notre dernière rencontre m’obligeait à marcher sur des œufs à présent avec lui. Constamment. Peut-être même pour toujours parce que je ne pourrais plus réellement me laisser aller. La dernière fois, j’avais fait la connerie d’éviter trop longuement le sujet des parents, de mes parents. Et, j’avais lâché une simple bombe sans mensonges. Une bombe où je me contentais d’avouer purement et simplement les métiers de mes géniteurs. Un explosif qui avait trop de pouvoir dans le fond. Il n’y avait pas trois cent mille avocat Hudson mariée à une artiste peintre et ayant eu une fille… Oh non. Lorsque la porte s’ouvrit sur Nate, mon masque était en place et je me lançais. J’allais bien, je n’étais pas malade, je n’avais pas un passé de folle. Tout était bien. Tout allait bien. Je le saluais comme une gamine surexcitée et il me souriait sans doute aussi heureux de me voir. Il me saluait avec un surnom et je ne pus retenir ma grimace. Cas’… Je ne sais pas, cela sonnait étrangement à mes oreilles en vérité. Cependant, je ne fis aucune remarque et je me contenter de déposer un baiser sur la joue de mon ami avant de pénétrer dans son appartement sans invitation. Et, j’agissais comme une gamine en lui demandant ses projets pour la soirée. Et, comme souvent, Nate rentrait dans mon monde et dans mon jeu, dans mon enfance. Il souriait largement annonçant comme si c’était une vérité connue de tous qu’il passait la soirée avec moi. Alors, sans doute pour la première fois depuis mon entrée, un sourire sincère et amusé se dessinait sur mon visage. Un sourire qu’il faisait naître parce qu’il jouait avec moi. Comme des enfants. Alors, je ne pus m’empêcher de répliquer.
Mais, c’est qu’il est intelligent ce petit Nate !
Je lui renvoyais ce sourire amusé et je me demandais s’il savait. Il devait savoir non ? Savoir que j’étais là parce que quelque chose n’allait pas. Après tout, il était rare que je débarque sans prévenir. En général, j’envoyais au moins un sms surtout à quelqu’un comme Nate avec qui j’étais simplement amie et depuis pas si longtemps que cela en vérité. Alors, putain, ouais, c’était trop visible, c’était trop réel. Il pourrait rapidement se rendre compte que quelque chose n’allait pas. Il pouvait vite voir que je n’allais pas bien. Mon masque ne cessait jamais de s’écailler et, au cours de la soirée, je pouvais toujours risquer de le perdre. Après tout, je prévoyais de l’alcool ce soir et je ne savais pas quel serait le résultat. Je ne savais pas si le masque serait toujours en place dans quelques heures. Nate pourrait tout comprendre. Il pourrait tout savoir. Trop vite. Trop facilement. Trop réellement. Ma présence soudaine n’était pas sans raison. Mon maquillage n’était pas suffisant pour masquer l’horreur de ma vie. Alors, pour éviter d’y penser, pour éviter de sombrer toujours plus, je lui faisais une propagande de notre soirée entre DVD, jeux de société et jeux de carte, alcool et pâtisseries. Bordel, tout cela n’allait peut-être même pas réellement ensemble parce que certains choix pouvaient laisser penser à une soirée entre gamins alors que d’autres mettaient bien en avant une soirée entre adultes. Qu’importait. Je voulais simplement amadouer Nate encore plus et ça marchait sans doute puisqu’il éclatait de rire face à mon programme tout en s’exclamant un rien que ça auquel j’acquiesçais vivement.
Et, pendant que j’acquiesçais comme une gamine trop heureuse, je me mettais aussi à sautiller sur place pour lui demander s’il était d’accord et s’il acceptait cette soirée avec moi. Je sautillais comme une gamine l’aurait fait dans l’attente trop longue d’une réponse. Vous savez quand les enfants dans vos pattes se mettent à sauter sur place en pensant que cela pourrait avoir une influence sur vous – et putain ça en avait souvent d’ailleurs. Cela attirait toujours notre attention et il était souvent trop difficile de dire non à ces petites bouilles qui avaient tellement envie de quelque chose de précis. Ok, je n’étais plus une gamine et je devais sans doute plus avoir l’air ridicule que réellement irrésistibles. Mais, qu’importait. J’aimais agir de cette façon, si bêtement, si innocemment, si différemment. J’aimais pouvoir me dire qu’à tout instant je pouvais replonger dans l’enfance et y croire un petit peu. Après tout, à présent que j’étais ici, la réalité avait prit le pas sur tout le reste. Je n’avais plus envie de me précipiter quelque part pour trouver un métal tranchant à glisser sur ma peau. Les images n’étaient plus dans ma tête. Je me sentais respirer et j’avais le foutu espoir que cela ne change pas. Lorsque la voix de Nate retentit, j’arrêtais aussitôt de sautiller pour venir plutôt me mordre la lèvre – cela restait plus adulte tout de même. Il me disait de laisser réfléchir, mais je savais déjà que c’était gagné. Il avait cet air trop faussement songeur sur le visage. Un sourire se dessinait déjà sur mon visage alors qu’il reprenait en me disant que je connaissais la maison. Il nous attrapait des verres et des assiettes. Alors, je répliquais simplement.
Bien mon capitaine !
Et me revoilà à agir comme une gamine encore une fois. Je le saluais comme si j’appartenais à un équipage sur un bateau. Comme une enfant qui obéissait et qui s’amusait de toute la situation. Je me sentais pareil. J’aurais aimé me sentir totalement pareil. Pas juste en surface vous savez. Pas juste dans la mesure où je pouvais faire semblant que tout était parfait. Pas juste dans la mesure où j’agissais avant tout pour chasser les monstres qui me courraient après. Ouais, j’aurais aimé pouvoir simplement vivre comme ça et pas survivre grâce à un masque. Mais, je n’avais pas le choix. Je ne l’avais jamais eu. Alors que Nate partait vers la cuisine, je me dirigeais vers le salon en sifflotant. J’étais venue quelque fois dans l’appartement de Nate il me semblait et j’avais quelques souvenirs. Enfin, en tout cas, j’avais suffisamment de souvenirs pour me diriger. Arrivée à destination, je balançais ma veste sur le haut du canapé et je retirais mes chaussures. Bah quoi ? J’allais passer la soirée ici alors autant me mettre à l’aise. Puis, merde, Nate ne dirait rien de toute façon parce que j’avais le droit d’agir comme ça depuis l’instant où il avait accepté cette soirée rien que nous deux. Un sourire aux lèvres, je me laissais tomber dans le canapé. Sur le coup, je voulais ramener mes genoux contre ma poitrine. Mais, putain, je savais que cela prouverait que je n’étais pas bien et ce n’était guère ce que je voulais. Alors, je restais juste assise normalement. Et, le jeune homme fini par revenir bien vite me distrayant de mon envie de replis. Nous nous retrouvions bien vite installés devant nos douceurs avec un verre à la main. En achetant les pâtisseries, j’avais drôlement envie d’en manger. Cependant, à présent que je me retrouvais face à cette pâtisserie (pourtant diablement alléchante), je sentais juste mon estomac se tordre. Alors, je détournais le regard et je plongeais plutôt dans mon verre. Nate détourna encore plus mon attention alors qu’il me demandait par quoi on commençait. Bien, c’était à moi de choisir seule. Sur le coup, j’haussais simplement les épaules. Incertaine. Puis, je complétais.
Gardons les DVD pour la fin de soirée. T’sais comme c’est hyper amusant de regarder un film quand tu es à moitié à l’ouest ou bien trop fatigué ? T’peux carrément rejouer le film à ta façon et inventer tous les dialogues comme tu le veux. J’avais l’habitude de le faire avec… Mmh… Avant.
Je parlais trop. Encore et toujours. Je confiais trop de choses qui n’auraient pas réellement dû glisser entre mes lèvres. Je n’avais but qu’une gorgée de mon verre et je parlais déjà beaucoup trop. L’alcool n’était sans doute même pas à blâmer sur le coup. C’était juste moi. C’était simplement ma tête. Bordel, pourquoi ne m’étais-je pas arrêté après une brève description de ce que cela faisais ? Pourquoi avais-je dû rappeler que c’était quelque chose que je faisais ? C’était quelque chose que je faisais avec Julius souvent… C’était quelque chose que j’avais commencé à faire avec Jesùs aussi avant qu’il ne se barre. Alors, si jamais Nate venait à me poser des questions, je pourrais toujours parler de Jesùs. Cela serait délicat, mais toujours moins que d’aborder un de mes sombres secrets. Je me raclais la gorge et je continuais.
Il nous reste donc le jeu de carte. Mais, avant toutes choses et avant de commencer notre super-soirée, je commence par une question simple à laquelle je veux une réponse : comment vas-tu ?
Basique. Banal. De but en blanc. Je cherchais simplement à savoir comment aller Nate et ce n’était pas simplement une question de politesse sinon j’aurais balancé cette question bien plus tôt. Nate me connaissait suffisamment pour le comprendre, pour le savoir. Au-delà de désirer une réponse sincère et plus approfondie qu’une simple affirmation ou négation, je voulais surtout savoir s’il y avait des terrains minés à éviter ce soir, des trucs à ne pas dire, des choses sur lesquelles ne pas plaisanter. Cette question prouvait simplement une chose. Même si je ne l’avouais pas à haute voix, même si je me complaisais dans le silence, Nathanael avait une place importante pour moi et il comptait suffisamment pour moi pour que je me préoccupe de comment il allait réellement. Pas juste en surface comme le fond la majorité des gens tout le temps. Non, réellement. Profondément. Et, comme si je savais que cette question pouvait se retourner contre moi à la fin, j’embrayais directement sur un autre sujet. Une échappatoire au cas où pour moi. Pour éviter cette question à laquelle je ne saurais comment répondre sans mentir.
Tu veux faire une partie de poker ? Ou on peut faire un « je n’ai jamais » histoire de déguster nos verres ?
Je proposais et je me foutais dans la merde toute seule dans le fond. Le poker serait la meilleure solution pour moi. Cela divertirait mon esprit et il n’y aurait pas réellement d’échanges entre nous, pas réellement de risques. Je n’aurais pas à marcher sur des œufs ou à faire attention à ce que je disais. Le poker n’était pas un moyen de révéler mon passé – sinon que j’avais eu l’habitude d’y jouer. En revanche, le jeu je n’ai jamais était un risque. Il y avait trop de secrets qui pouvaient se dévoiler, trop de choses qui pouvaient devenir des preuves accablantes qui pousseraient Nate à connaître mon passé. Puis, l’alcool n’arrangerais rien sans doute. Oh non. J’étais dans la merde et pourtant je souriais comme une gamine. Toujours persuadée de pouvoir tourner les choses à mon avantage. Je n’étais qu’une petite sotte.
Nathanael E. Keynes
sometimes it lasts to love and sometimes it hurts instead.
(✰) message posté Ven 20 Fév 2015 - 7:48 par Nathanael E. Keynes
I've got secrets and you won't discover them...
ft. Cassia Hudson && Nathanael E. Keynes
Dimanche 16.11.2014 • East London • Shoreditch • Home
Cassia et moi, finalement, on ne se connaît pas tant que ça. Ca n'empêche pas qu'on s'entend bien, et qu'on apprécie de se voir, même à l'improviste comme c'est le cas ce soir, qu'on a de bons délires par moments... Ca reste juste relativement superficiel. Mais c'est pas comme si la plupart de mes relations n'étaient pas de ce genre. Je veux dire, je suis un gars plutôt sociable, je m'entends assez facilement avec la plupart des gens, je comprends pas mal le mode de fonctionnement des autres, mais de réels amis, qui savent réellement qui je suis, et inversement... Il n'y en a pas tant que ça. J'en ai plusieurs, c'est un fait, et Spencer tient le haut du pavé, mais ça n'empêche que parmi la foule de gens à qui je suis capable de taper la discut', plus ou moins régulièrement, ils restent en minorité. Sans doute parce qu'au fond, je ne parle pas tant que ça de moi, et en tout cas, clairement pas tant de ce que je ressens réellement.
Cassia fait donc partie de ces innombrables connaissances et j'ai plaisir à passer du temps avec elle, mais tout comme elle ignore les trois quarts de ma vie, j'ignore la sienne. Je mentirais si je disais que j'étais pas un minimum curieux - c'est dans ma nature en même temps - mais pour l'heure, je m'en formalise pas trop. Déjà, la dernière fois, elle a fini par citer les métiers de ses parents, ce qui est plus que ce que j'ai pu apprendre sur l'ensemble de nos entrevues précédentes, en définitive. Et vu que je parle pas vraiment de moi, je peux pas vraiment l'en blâmer.
Est-ce que c'est cette relative ouverture qui fait que je lui donne ce surnom ? J'en sais rien, j'en donne pas mal, surtout aux gens que j'apprécie réellement. Elle grimace cela dit, et je me demande si je renouvellerai pour la peine. Peut-être pas... Ce qui est sûr, c'est que rentrer dans son jeu, c'est juste une évidence, la façon dont je me comporte toujours, en réalité, en sa compagnie, et quand un sourire fleurit sur ses lèvres, je suis ravi. C'est le but, après tout, qu'elle soit heureuse et qu'elle passe un bon moment. Je dirais pas que j'ai compris que quelque chose n'allait pas, qu'elle avait un lourd passif, mais je crois que plus ou moins inconsciemment, j'ai ce sentiment que ces moments de légèreté-là, elle en a besoin. Et c'est pas comme si c'était pas dans ma nature de faire ce genre de bêtise, n'est-ce pas ?
« Mais, c’est qu’il est intelligent ce petit Nate ! - You have no idea... »
Ouais, ouais, je me lance des fleurs tout seul. De toute façon, tout le monde prend ça comme une grosse blague - et à vrai dire, je m'en contrefous. Je suis loin d'être bête, quoi que certains en pensent, je sais ce que je vaux. Qu'on s'en rende réellement compte ou non, ça n'a pas vraiment d'importance. Tant que j'arrive à mon but - et je parle évidemment du journal et du groupe. Et j'ai pas vraiment l'intention de ne pas y parvenir.
Alors ouais, je suis plutôt intelligent comme garçon, et je me doute bien que si elle est là, sans avoir prévenu, même par sms y a un quart d'heure, c'est que quelque chose ne va pas, qu'elle a besoin de se changer les idées. J'ai pas mis longtemps à réagir à toutes ses propositions, mais ça ne l'a pas empêchée de se mettre à sautiller comme une gamine en attendant que je lui dise oui. Drôle de vision, entre le ravissant et le ridicule, qui génère un nouveau sourire chez moi. Et je joue avec elle, donc, encore quelques instants, en la faisant attendre une réponse qu'elle connaît évidemment déjà. En tant qu'hôte, je vais chercher le peu de vaisselle qui va nous être nécessaire, affirmation qu'elle accueille d'un « Bien mon capitaine ! » qui me fait à nouveau sourire.
« J'ai pris du grade, dis donc... »
Je suis revenu de la cuisine, elle était déjà installée, manteau et chaussures retirés, confortablement assise sur le canapé. Et tout en nous servant nos verres après avoir ouvert la bouteille qu'elle avait apportée, je lui ai laissé le choix des armes.
« Gardons les DVD pour la fin de soirée. T’sais comme c’est hyper amusant de regarder un film quand tu es à moitié à l’ouest ou bien trop fatigué ? T’peux carrément rejouer le film à ta façon et inventer tous les dialogues comme tu le veux. J’avais l’habitude de le faire avec… Mmh… Avant. »
Je froncce les sourcils. Je vois bien qu'elle n'a pas envie de préciser de qui elle parle, mais je comprends assez facilement que cette personne avec qui elle rejouait le scénario des films, a beaucoup compté, et n'est plus là. De là à savoir de qui il s'agit...
« Il nous reste donc le jeu de carte. Mais, avant toutes choses et avant de commencer notre super-soirée, je commence par une question simple à laquelle je veux une réponse : comment vas-tu ? »
Faut vraiment que je réponde à cette question ? Non parce que bon, si on commence déjà à plomber l'ambiance... Elle attend une réponse, cela dit, réellement. Même si elle détourne aussitôt la conversation. Ce genre de revirement, ça ne peut avoir que deux motivations : elle s'en fout en fait, ou elle ne veut pas vraiment répondre à cette question elle-même. Si elle n'en avait rien à battre, elle n'aurait sans doute pas tourné les choses ainsi, elle n'aurait pas demandé ça maintenant.
« Tu veux faire une partie de poker ? Ou on peut faire un « je n’ai jamais » histoire de déguster nos verres ? - Tu sais que c'est un jeu dangereux, là ?... Mais assez tentant... »
Je souris, l'air taquin encore, pourtant j'en mène pas si large. On porte tous les deux un masque, je crois que c'est une évidence et ce jeu à boire a toutes les chances de les effriter. Et en même temps...
« Cela dit, je crois qu'une bonne partie des réponses répondraient à ta question... »
Et comme je suis pas trop sûr de pouvoir y répondre sans un minimum d'alcool, et que je veux pas non plus te vexer et ne pas y répondre, donc...
« Honneur aux dames... »
Et même si c'est pas encore dans le jeu, je lève mon verre et en avale une gorgée. Je crois qu'il va bien falloir ça, poour que j'arrive à parler, de toute façon, et je crois que je ne suis pas le seul...