(Andrew Von Ziegler & Jared K. James) go find another seat, this is mine.

Un soupir prononcé lui échappa alors qu’il jetait un œil déjà désespéré autour de lui. Le quai était bondé, et il avait dans l’idée que le métro sur le point d’arriver ne serait pas mieux, vu l’heure. Sa journée était enfin terminée, et il avait été tout au long de celle-ci de rendez-vous en rendez-vous, rencontrant des clients de son père et se faisant connaître d’eux afin de pouvoir travailler dans les meilleures conditions possibles. Et ça avait été épuisant, lui faisant penser à l’appartement d’Olivia avec l’air rêveur de celui qui ne rêvait que de s’affaler sur un canapé, avec une bière fraiche en main. Après avoir soigneusement rangé toutes ses affaires malgré tout, parce qu’il ne fallait pas non plus oublier les bonnes habitudes. Surtout dans un appartement où vivaient un peu trop de monde pour son bien. Le désordre engendré avait tendance à le stresser légèrement, lui à qui on avait enseigné depuis toujours à garder un environnement irréprochable. Ca, sa meilleure amie devait se sentir perdue après avoir vécu seule tout ce temps, maintenant elle se retrouvait sans doute un peu trop entouré. Ceci dit, Andrew préférait se dire qu’au moins ça lui permettait de reprendre réellement contact avec sa famille et lui. Le vrombissement du métro le fit légèrement sursauter et sortir de ses pensées et il pinça légèrement les lèvres, anticipant les bousculades pour monter à l’intérieur de la rame… Et dire qu’il allait devoir attendre un moment avant d’atteindre sa propre station, ça le déprimait d’avance. Il n’avait jamais aimé être entouré, et sans être agoraphobe le moins du monde, il préférait largement quand il avait de l’espace pour respirer. Et quand il n’était pas pressé contre des inconnus, aussi. Ca, ça avait tendance à le gêner énormément, sauf que là il avait l’impression qu’il ne pourrait pas y couper. Les portes s’ouvrirent, et quand ce fut leur tour ce fut comme il l’avait prévu la bousculade pour entrer à l’intérieur, compressant un peu plus ceux qui avaient la malchance de subir ça depuis quelques stations déjà. Jouant des coudes il parvint à ne pas se faire presser contre une paroi et chercha à se raccrocher à quelque chose – n’importe quoi – qui lui permettrait et d’éviter de se viander quand le métro redémarrerait, et de se reposer un peu parce que là pour l’instant, il ne savait franchement pas comment ses jambes pouvaient encore accepter de lui répondre sans décider de faire soudainement grève.
Il allait abandonner et prier de toutes ses forces pour ne pas perdre l’équilibre quand, à quelques pas de là, un miracle se produisit et une place se libéra. Sans prendre la peine de réfléchir et parce qu’il avait peur que quelqu’un ne la lui prenne sous le nez, il se dirigea immédiatement vers elle, pressant le pas autant qu’il le pouvait avec sa fatigue. Arrivé près de ce qui ressemblait à cet instant à une sorte d’oasis en plein désert à l’heure la plus chaude de la journée, il posa sa main sur le dossier, au moment même où une autre main s’y accrochait avec peut-être le même désespoir que le sien. S’il n’était normalement pas du genre à se prendre la tête pour quelque chose d’aussi trivial qu’un siège dans le métro, la journée particulièrement dure qu’il venait de passer additionnée à ses très mauvaises nuits passées à se questionner sur sa fiancée et son  mariage à venir, au lieu de dormir – ou à discuter avec son beau frère, mais ça encore ça avait été agréable contrairement aux moments qu’il passait à se retourner dans son lit – ou encore le fait qu’il n’avait toujours pas trouvé de cadeau pour la dite fiancée alors que son anniversaire approchait à grand pas le rendit un peu plus vindicatif. Un sourire crispé lui vint alors qu’il tournait la tête vers celui qui avait repéré le siège et il l’observa brièvement avant de prendre la parole. « Bonjour, » Il commença du ton le plus poli qu’il pu trouver, « Je suis désolé, mais je ne m’arrête pas avant un bon moment et avec la journée que je viens de passer je ne me sens vraiment pas de rester debout tout le long du trajet… » Il referma un peu plus sa main sur le siège, comme par peur qu’il s’enfuie d’un seul coup. « Est-ce que vous pourriez juste… Faire comme si vous n’aviez pas vu cette place ? » Il était poli, souriant – fatigué mais souriant – et il espérait très fort ne pas être tombé sur l’un de ces connards arrogants qui tuerait pour une place assise, parce que là il se sentait d’humeur à ne pas se laisser faire, quitte à se transformer lui-même en un connard arrogant pourvu qu’il puisse ne pas rester debout.