(✰) message posté Dim 5 Avr 2015 - 15:51 par Invité
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Avalon & Balthazar
Please, take a seat. ❞
Ta journée n'a pas été des plus excitantes. Tu as fait tes cours, assisté aux plaintes de l'une de tes collègues sur le niveau de concentration de ses élèves, mangé à une table où le brouhaha n'atteignait pas tes oreilles, parlé à un élève à la fin d'un cours et compté les heures pour qu'enfin, après une longue attente, tu sois sur le chemin du retour. Rien de fou, rien qui sorte de l'ordinaire. Surtout, tu ne lui as pas fait cours aujourd'hui. Même si tu ne veux pas poser un nom sur ce ressenti, tu sais que tu es déçu. Oui, tu éprouves de la déception de ne pas avoir pu lui enseigner, la voir se tortiller les cheveux du bout de son index, faire ce petit sourire en coin qui te fait dresser les poils le long de ton échine. D'ailleurs, tu ne l'as pas revu depuis qu'elle a posé ses cartons dans l'ancienne maison des Shambers. Quelle ironie du sort. Quand tu y penses, ça te ferait presque sourire. D'ailleurs, tu souris à ce moment, debout dans le métro londonien qui parcourt les galeries souterraines, la main agrippée à la rambarde poisseuse. Il fallait que ce soit-elle, ça ne pouvait être quelqu'un d'autre. Si ce n'est pas un coup du destin, qu'est-ce que c'est ? Tu n'as jamais trop cru à cette histoire de destin tout tracé, mais ne voulant pas partir dans un débat philosophique avec toi-même, tu oublies cette pensée. En te tournant, tu tombes nez à nez avec ton reflet sur la vitre de la porte. Tu es plutôt grand, bel homme selon les dires, les traits de ton visage sont assez dur, tes yeux sont sombres et pourraient lancer des couteaux aux lames aiguisées si c'était possible. « Le regard est le miroir de l'âme », tu as déjà essayé de transmettre plusieurs messages au travers du tien, mais tu penses n'y être jamais parvenu. Ca y est, tu repars dans tes tripes philosophiques. Pourtant, ça n'a jamais été une matière qui t'attirait plus que les autres. En fait, elle avait même tendance à t'exaspérer pour une raison que tu ignores.
Durant une quinzaine de minutes, tu te laisses porter par le métro qui grésille sur les rails et laisses passer les personnes qui veulent descendre du wagon. Tu ne penses plus. Et encore moins à elle. Déjà que tu vas être amené à la voir encore plus souvent que lors de tes cours... La voix robotique annonce ta station. Tu descends pour rejoindre les escaliers qui se feront remonter à la surface. Tu marches, toujours bien rangé sur le côté droit, comme tout le monde, tu n'es rien de plus qu'un mouton, guidé par un même troupeau. Vos pas sont presque calés sur le même rythme et ce tableau mécanique te donne envie de vomir. Tu en as marre d'être le bon petit citoyen bien rangé avec son boulot, et sa petite fiancée qui l'attend à la maison. Tu ne veux pas de cette vie. Tu veux voyager, partir à la conquête du monde et tu sais que tôt ou tard, c'est ce qui finira par arriver.
Sur le chemin tu te répètes ces mêmes idées, tu rêves éveillé, tu ne fais même plus attention au paysage et ne voit plus que ce à quoi tu penses. Mais c'est arrivé au niveau de ta maison, que tes rêveries s'évaporent. Tu montes les petits escaliers pour atteindre le seuil de ta porte et avant de tourner la poignée, tu ne peux t'empêcher de jeter un coup d’œil à côté, juste par curiosité, ou simplement dans l'espoir de la voir. Mais elle n'est pas là. Tu entres. Une délicieuse odeur vient te chatouiller les narines. Ta fiancée a cuisiné. En quel honneur ? Soudain pris d'un frisson, tu te demandes si tu n'as pas oublié que ses parents vennaient dîner. Tu t'approches du salon d'un pas lent qui résonne dans le hall d'entrée. « C'est toi mon amour ? », ta fiancée est assise sur le canapé dos à toi. Quand va-t-elle arrêter de t'appeler comme ça ? Tu ne sais pas pourquoi, mais plus tu l'entends, plus ça t'exaspère, tu te contentes de répondre par un simple « Oui. », et tu t'approches tout en retirant ton manteau. « Parfait ! J'espérais que tu arrives pour accueillir notre invitée ! », tu lui déposes un baiser sur le front. Vous attendez donc une troisième personne. « Ta soeur ne devait pas venir dîner la semaine prochaine ? », elle rit « Ce n'est pas ma soeur. », à ce moment-ci on sonne à la porte. Etant le plus près tu t'avances pour aller ouvrir, ta fiancée sur les talons. Tu hésites un instant, puis tu te décides à ouvrir. Intérieurement, tu tressautes, tu n'y étais pas préparé. « Je pensais que c'était une bonne idée d'inviter notre nouvelle voisine pour faire plus ample connaissance. », son ton est joyeux et tout plein de bonnes volonté. Tu restes figé un moment, tes yeux plongés dans ceux de ton élève. « C'était une bonne idée n'est-ce pas ? » « Merveilleuse. », tu ne prononces pas ces paroles avec grandes convictions, le regard toujours fixe. Puis, tu la fais entrer. Tu voulais du piment dans ta vie ? C'est à toi de gérer maintenant et déjà, vous vous avancez vers le salon où l'apéritif est servi.
Nerveusement, tu remets une de tes mèches de cheveux en place en te regardant dans la glace. Avec le recul, tu te demandes encore ce qui t’as pris d’accepter cette invitation. Certainement parce que tu n’avais pas d’autres choix et que tu ne sais pas réellement ce que tu aurais pu dire pour justifier un refus. Que tu ne te voyais pas manger avec ton professeur d’histoire ? C’est logique ça, trop attendu et sa fiancé aurait tout de même tout fait pour te faire venir. Elle t’aurait dit que le cadre était différent, que là tu le voyais comme simplement ton nouveau voisin et non comme ton professeur. De toute manière, cela avait tellement l’air de lui faire plaisir que tu viennes que jamais tu n’aurais osé lui dire non. On ne t’avait pas éduqué comme ça. Aussi, malgré le fait que cela te gêne atrocement et que t’imaginer tranquillement installé à table à boire un verre chez eux te faisait presque rire, tu n’avais eu d’autre choix que de répondre poliment que tu viendrais avec plaisir lorsqu’elle te l’avait proposé. Mais cette soirée promettait d’être très étrange, cela était certain. Surtout qu’il était clair à tes yeux qu’il ne t’appréciait pas du tout et que te voir débarquer dans son intimité, dans sa propre maison serait certainement très loin de lui plaire. Pour le coup, tu aurais adoré l’avoir en cours aujourd’hui pour pouvoir lui en parler, lui demander s’il voulait que tu prétextes auprès de sa fiancé d’être souffrante pour lui épargner de t’avoir chez lui. Certes, cela n’aurait fait que remettre le dîner à plus tard, mais peut-être aurait-il eu le temps d’ici là de l’en dissuader. Cependant, tu ne l’avais pas vu. D’ailleurs, à part de loin au détour d’un couloir lorsque tu étais à la fac tu ne l’avais plus revu depuis que tu t’étais installé dans l’ancienne maison des Shambers il y a de cela quelques jours et que tu avais découvert qu’il était l’un de tes nouveaux voisins. Tu n’avais parlé de cela à personne. Tu sais que cela aurait intéressé tes amies de savoir où Monsieur Sexy, comme elles l’appelait depuis le début de cette année, habitait mais tu avais pris le parti de ne pas leur livrer cette information. Elles n’avaient pas besoin de savoir, et pour une raison qui t’échappais, tu n’avais eu aucune envie de le leur dire. Comme si c’était un secret que tu devais précieusement garder pour toi.
D’un côté tu n’avais aucune envie de te rendre chez lui, mais de l’autre tu étais terriblement curieuse de voir comment il allait réagir en te voyant, de voir comment le dîner allait se dérouler. Serait-il différent avec toi dans un autre cadre que celui des cours ? Ou serait-il toujours aussi froid et désagréable ? Ce genre de questions avaient tourbillonné dans ton esprit tout au long de la journée avec toujours et encore la même conclusion : tu ne le serais pas si tu n’y allais pas. A cause de cela, tu avais d’ailleurs été carrément inattentive en cours. Tu avais plus ou moins suivi tes cours, plus ou moins pris des notes mais sans réellement d’entrain, plus par habitude que pour réellement réfléchir à ce que tes professeurs t’enseignait, ce qui était très loin de te ressembler. Jusqu’au dernier moment, tu t’étais demandé s’il ne valait pas mieux que tu annules. Si ça n’était pas mieux de ne pas avoir de réponse à tes questions.
Mais il était trop tard désormais, tu n’avais plus d’autres choix que d’y aller. Tu te retrouvais donc un peu bêtement dans ta salle de bain, hésitante sur la tenue que tu devais porter. Toi qui te moquais royalement de ce genre de chose d’ordinaire avais eu envie d’y prêter un peu d’attention ce soir. Tu ne savais pas trop pourquoi à vrai dire. Au plus profond de toi, tu avais certainement envie qu’il remarque que tu étais différente que lorsque tu le voyais à la fac, qu’il te trouve jolie même, comme tu ne pouvais nier, objectivement, qu’il était un bel homme. Pas de là à t’avouer qu’il te plaisait bien sûr, parce qu’à tes yeux ça n’était absolument pas le cas. Tu refoulais cette pensée dès qu’elle pouvait te traverser l’esprit. Il n’était et ne devait rester que ton professeur, et il était fiancé.
Coupant court à tes réflexions en voyant l’heure déjà si tardive, tu jettes un dernier regard à ton placard et optes finalement pour une robe noire à bretelle, toute simple. Elle t’arrive au-dessus des genoux et est légèrement décolleté. Cela te met plutôt en valeur, du moins c’est ce que ta mère t’as toujours dit lorsque tu l’as porté. Tu n’en es pas persuadé, mais tu n’as plus réellement le temps de te changer de toute façon. Tu te maquilles rapidement ; un coup de crayon sur les yeux et un fard à paupière bleu clair ainsi que du rouge à lèvre rose. Tu hausses les épaules en contemplant ton reflet. *Ça passe*, c’est la pensée qui te vient tandis que tu descends et attrape ta veste en cuir. Tu enfiles aussi tes ballerines noires et caresses ton chien avant de refermer la porte.
Tu prends une grande inspiration avant de sonner chez tes voisins. Ton cœur bat la chamade, étonnamment. Tu es stressée et tu as presque envie de rebrousser chemin mais il est déjà trop tard puisque la porte s’ouvre presque immédiatement. Il se fige en te voyant et tu te mords l’intérieur de la lèvre tandis que vos regards se croisent. Il ne montre rien. Froid, comme toujours. « Je pensais que c'était une bonne idée d'inviter notre nouvelle voisine pour faire plus ample connaissance. ». Tu souris. Elle est gentille, enthousiaste, comme à chaque fois que tu l’as vu depuis que tu as emménagé. Tu ne sais pas trop pourquoi, mais il semble que la fiancée de ton professeur t’apprécie. Toi, tu n’as pas encore réussi à te prononcer sur la question mais il est clair que tu aurais du mal à la détester même si tu le voulais tellement elle est adorable. Tu n’oses piper mot tant le regard de ton professeur t’impressionne. Tu ne discernes rien et c’est certainement cela qui te fige à ce point. La demoiselle insiste en lui demandant confirmation, d’un ton légèrement inquiet. « Merveilleuse ». C’est la première fois qu’il parle depuis ton arrivée mais tu n’as pas besoin qu’il en dise d’avantage pour savoir qu’il trouve l’idée en question tout sauf merveilleuse. Il a l’air tellement peu convaincu de ce qu’il avance que ça te ferait presque sourire. Au lieu de ça, son regard se détache enfin du tien et tu les suis, lui et sa fiancé jusqu’au salon où l’apéritif est déjà prêt. Une odeur particulièrement agréable flotte dans la maison. Madame est fine cuisinière visiblement. Elle vous demande à toi et à lui ce que vous désirez boire. « Je prendrais bien un verre de vin pour ma part s’il vous plait ». Tu bois rarement et tu supportes très mal l’alcool, mais dans ce genre de circonstance, tu te voyais très mal demander un soda. Une fois qu’il lui a répondu, elle s’éclipse dans ce qui semble être la cuisine. Tu te mords à nouveau la lèvre, hésite un instant puis te lance, ton regard évitant le sien. « Je suis désolé. Tu parles à voix basse pour ne pas qu’elle t’entende. Je me doute que vous n’êtes pas ravi de me voir là ». A défaut de savoir quoi dire d’autre, tu observes discrètement autour de toi, curieuse de savoir à quoi ressemble l’endroit où vis ton professeur.
electric bird.
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(✰) message posté Dim 19 Avr 2015 - 13:18 par Invité
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Avalon & Balthazar
Please, take a seat. ❞
Lorsque tu t'assois sur le canapé, tu sens ton sang circuler dans tes veines, il est en ébullition, ton coeur bat au bout de tes doigts, tes tempes... Tu es profondément désorienté, stressé, ça ne t'étonnerait même pas qu'une goutte de sueur perle sur ton front. Elle est là, sur ton canapé, dans ta maison. Cette même maison que tu partages avec celle qui était censée être ta moitié, la femme de ta vie... Tu es mal à l'aise, mais ne laisse rien paraître, comme toujours tu es indifférent, impassible, insondable. Tu parais las, ennuyé, peut-être même un peu froid. Tu te sens comme ces vieux aigris que tu croises dans le métro, qui marmonnent toujours dans leur barbe même pas foutus de dire tout haut ce qu'ils pensent tout bas. Mais ce n'est pas toi. Tu n'es pas comme eux. Tu reportes ton attention sur elle lorsque ta fiancée demande ce qu'elle désire boire. Tu la regardes. Encore. Et encore. Comme si tu essayais de pénétrer son âme, de sonder son esprit. Elle a cette beauté que tu ne comprends pas. Ce petit quelque chose en plus qui fait d'elle ce qu'elle est. Tu écoutes sa réponse, mais n'entends même pas, trop occupé à la détailler du regard. Mais c'est à ton tour de répondre maintenant, tu te sens obligé de détourner tes yeux de la même manière que lorsque tu fixes un point invisible encré au mur, « La même chose que d'habitude. » « Un scotch donc ? », tu acquisses d'un signe de tête et aussitôt, elle s'éclipse dans la cuisine.
Tu es désormais seule avec elle. Dans un coin de ta tête, tu trouves cette scène amusante, digne d'un film, mais dans un autre, elle te terrifie et tu n'arrives pas à savoir pourquoi. Vous restez là, dans un silence de mort à regarder en l'air, trop peureux de la regarder dans les yeux, car tu ne saurais pas quoi faire après. Toutefois, ce silence est vite brisé par sa voix cristalline qu'elle baisse comme pour que tu sois le seul à l'entendre, « Je suis désolé. Je me doute que vous n'êtes pas ravi de me voir là. », elle doit penser que tu la détestes. Pas étonnant vu la façon dont tu te comportes avec elle, tu aurais été bête de t'attendre à autre chose. Tu n'arrives pas à savoir si c'est mieux ainsi, car tu sais qu'une partie de toi est déçue. Même si tu essayes de la faire taire, tu ne peux pas. Tu n'as pas envie qu'elle pense que tu la hais, car ce n'est pas le cas. Tu ne pourrais la haïr, si ce n'est pour le fait qu'elle a ce pouvoir sur toi que jamais personne n'avait eu auparavant.
Tu l'observes quelques instants sans savoir quoi dire. Elle a l'air observatrice, elle regarde chaque coin de la pièce avec attention. Tu sais que si tu ne brises pas ce silence à ton tour, ta fiancée va revenir et tu n'auras pas eu le temps de lui poser la question. Dans une pulsion tu te lances, « Et qu'est-ce qui vous fait dire ça mademoiselle Logan ? », tu ne lui as jamais parlé de cette manière. Mais tu ne souris pas pour autant. Au moment où son regard se tourne vers toi, ta fiancée revient. Tu aurais préféré qu'elle reste dans la cuisine, mais te maudis aussi d'avoir mis tant de temps pour répondre. « Et bien et bien, on fait des messes basses par ici ? », son petit air toujours joyeux commence à te pomper l'air. « Non, on était juste en train de... » elle t'interrompt en chassant l'air de sa main « Je ne veux pas savoir, on a tous nos petits secrets ! Je suis ravie de voir que tu mets à l'aise notre invitée. », elle n'a visiblement rien compris de la situation. Mais tu es content, tu ne sais pas ce que tu aurais pu lui dire au final. « J'ai ramené quelques gâteaux salés pour accompagner l'apéritif. Tu n'es pas allergique aux cacahuètes par hasard ? », elle a décidé de la tutoyer. Sûrement parce qu'elle est jeune. Plus jeune que toi. Tu attends sans rien dire sa réponse. La question aussi anodine soit-elle te permettra d'en savoir plus sur ton élève. D'ailleurs, tu te demandes à quel moment il serait bon de le signaler à te fiancée qui n'en sait rien pour le moment. Toujours déçu de n'avoir pu avoir de réponse, tu bois une gorgée de ton verre.
Depuis que tu as rencontré ton professeur, ou plutôt qu’il s’est présenté à toi et à ta promotion en ce début d’année, tu te poses énormément de question sur son comportement mais aussi sur les ressentis que tu peux avoir vis-à-vis de cela. Tu te demandes souvent pourquoi il semble aussi froid et désagréable avec toi, alors que ce n’est pas le cas pour ses autres élèves. Tu te demandes aussi pourquoi tu ne peux pas t’empêcher de lui porter de l’intérêt alors que tu devrais pourtant te ficher de tout cela. Mais s’il y a bien une chose dont tu es sûre et certaine, une chose que tu ne peux pas nier, c’est que son regard te trouble profondément, comme jamais aucun regard ne t’as troublé de cette manière auparavant. Tu t’en rends bien compte tandis que tes yeux sont plongés dans les siens alors qu’il t’observe. Tu n’y discernes rien. Il est impassible, comme toujours. Mais tu sens bien que ta présence semble loin de l’enchanter. Tu es incapable de bouger, incapable de penser à autre chose qu’à ce regard marron sombre qui semble vouloir te sonder, discerner tes pensées. Tu n’es pas mal à l’aise ou gênée, rien de tout cela. Ça va au delà, tu es comme ensorcelée, hypnotisée même et lorsque sa fiancé vous demande à toi et à lui ce que vous désirez boire, tu dois te faire violence pour répondre. Les mots restent coincé dans ta gorge et tu dois d’ailleurs te forcer à formuler ta réponse. Tu parviens enfin à te détourner de lui alors qu’il répond à sa dulcinée qu’il prendra la même chose que d’habitude, donc un scotch. Après un dernier sourire, elle disparait dans la cuisine.
Vous vous retrouvez donc seuls, installés sur le canapé du salon. Tu es soulagée qu’il ne t’observe pas à nouveau parce que tu sais que si tel avait été le cas, tu aurais été tout bonnement incapable de lui parler et de formuler la phrase que tu avais en tête. Tu hésites quelques instants. Tu te demandes si tu fais bien de te lancer ou non, mais d’un autre côté, tu te dis qu’à un moment ou à un autre durant cette soirée, il faudra bien qu’il accepte de t’adresser la parole et qu’il n’y a aucune raison que tu ne fasses pas le premier pas. La scène semble surréaliste lorsque tu y penses. C’est même presque ironique que sa fiancé semble t’apprécier comme cela alors que lui non. Qu’il s’avère que tu es sa voisine aussi. C’est le hasard bien entendu mais Londres est une grande ville et il aura tout de même fallut que tu emménages à côté de chez lui. Tu t’excuses d’être là parce que tu vois bien que ça le dérange. Tu aurais difficilement pu refuser l’invitation mais tu tiens à lui dire que tu as conscience que tu le dérange. Tu ne sais toujours pas ce qu’il a contre toi, mais tu sais qu’il y a quelque chose. T’as-t-il pris en grippe simplement parce que ta tête ne lui revient pas, et ce sont des choses qui arrivent, ou alors y’a-t-il quelque chose que tu aies fait et qui ait pu le pousser à agir de cette manière avec toi, tu n’en as tout bonnement aucune idée.
Un peu mal à l’aise, tu observes autour de toi sans pouvoir t’en empêcher, curieuse de voir à quoi ressemble sa maison puisque tu n’y a pas vraiment fait attention jusque là. Tout est propre, parfaitement à sa place. Des photos souvenirs ornent les murs. Ils semblent être un heureux couple à en croire les images. Même si, comme tu supposes que ce doit être le cas dans la vie de tous les jours, elle est beaucoup plus souriante et enjouée que lui. Tu sens qu’il t’observes mais tu te refuses à le regarder de nouveau à ton tour. « Et qu'est-ce qui vous fait dire ça mademoiselle Logan ? ». Tu as juste le temps d’hausser un sourcil, surprise, et de te retourner vers lui avant que sa fiancé n’entre à nouveau dans la pièce, les boissons ainsi que des gâteaux d’apéritifs dans les mains. Le moins que l’on puisse dire, c’est que tu ne t’attendais pas à cette question. Le fait qu’il s’interroge parce que tu as l'impression que ta présence l'incommode est plutôt drôle, parce que tout dans son comportement lorsque tu es là te fait penser qu’il ne t’aime pas. Autant ici au vu de l’expression qu’il a arboré en te voyant sur le seuil de sa porte qu’à la fac lorsqu’il répond à une de tes questions ou qu’il t’interroge d’ailleurs. Et tu n'es pas la seule à le penser. Tous les élèves de ta classe ou presque l'ont remarqué. « Et bien et bien, on fait des messes basses par ici ? » demande-t-elle tout en te donnant ton verre de vin. « Pas du tout, on… ». Tu t’interromps lorsque tu te rends compte que la voix de ton professeur a raisonné en même temps que la tienne. Elle secoue la main, le faisant taire à son tour. « Je ne veux pas savoir, on a tous nos petits secrets ! Je suis ravie de voir que tu mets à l'aise notre invitée. ». Tu as rarement rencontré quelqu’un d’aussi adorable qu’elle et tu ne peux t’empêcher de te demander comment elle fait pour être aussi souriante et agréable à longueur de temps. Tu penses toi-même être quelqu’un de plutôt gentille mais pas autant qu’elle, ça c’est sûr. Elle respire la joie de vivre. « J'ai ramené quelques gâteaux salés pour accompagner l'apéritif. Tu n'es pas allergique aux cacahuètes par hasard ? ». Un instant, infime cependant, tu es presque tentée de répondre que oui, juste pour qu’elle retourne à la cuisine chercher d’autres gâteaux et pour que tu puisses ainsi répondre à la question qu’il t’as posé. Mais tu es quelqu’un d’honnête et tu regrettes cette pensée, parce qu’elle n’est pas bonne vis-à-vis d’elle et que, même si tu as du mal à te faire une opinion sur elle, il t’es pour le moment impossible de ne pas l’apprécier un minimum vu le comportement qu’elle a avec toi. Elle s’est montrée très accueillante et tu ne peux que lui en être reconnaissante. Cependant, le fait est que tu es très intriguée par la question de ton professeur. Tu ne t'attendais absolument pas à ce qu'il t'en pose une. Bien au contraire, tu pensais plutôt qu'il te confirmerait que ta présence le dérangeait et te prierait de ne pas accepter si sa fiancé t'invitait à nouveau à l'avenir. Après tout tu n'es qu'une de ses élèves et tu peux très bien comprendre qu'il ne veuille pas de toi dans sa salle à manger. Encore moins vu le comportement qu'il a avec toi depuis le début de l'année. « Non non, pas du tout » tu réponds, buvant une gorgée de ton vin. « Je n’ai pas d’allergies particulières d’ailleurs ». Ou du moins, pas à ta connaissance. Mais il s’avère que tant à ce niveau là qu’au niveau de tes gouts, tu n’es pas compliqué et aime énormément de chose. « Hum, il est super bon » remarques-tu, désignant du regard le verre que tu tiens entre les mains. Le vin à un petit gout sucrée que tu apprécies tout particulièrement, toi qui d’ordinaire à plus tendance à boire des jus de fruit ou du soda. « Je me rends compte que je ne vous ait jamais demandé ce que vous faisiez dans la vie ». Tu ne regardes pas spécialement ton interlocutrice puisqu’à tes yeux, la question ne peut être adressé qu’à elle.