(✰) message posté Mar 10 Fév 2015 - 21:28 par Invité
JUILLET 2009
Cet été là, avant que je ne puisse arriver à la maison après les cours, j’avais surpris Jules et ma mère autour de la table de la cuisine, j’avais 10 minutes de retard son mon planning, parce que je m’étais arrêté à la station essence acheter le briquet que j’avais perdu plutôt. Lorsque je fis enfin à la maison ma mère et Jules semblaient discuter comme un fils avec sa mère. Louise, lui avait même préparé une petite tisane avec des biscuits, trop chou, elle nous prenait encore pour des enfants, ce que en sommes, nous étions, mais des enfants polytoxicomanes qui carburaient à la came plutôt qu’aux BN gout fraises qui souriaient près du thé à la camomille. - Ne faites pas trop de bêtises ! - C’était ce qu’elle disait, tout le temps, à chaque fois que moi et Jules quittions ma maison, elle était à nos petits soins et appréciait que Jules vienne me rendre visite, elle savait qu’il y avait quelque chose entre nous et que ça me rendait follement heureuse, elle aimait donc Jules et tout ce qu’il pouvait m’apporter de bon. Elle ne savait rien de la dépendance à la drogue que nous avions, elle ne se doutait de rien, elle était partie en ayant cette belle image de Jules et Angèle, et puis depuis quelques semaines elle était partie, pour de bon cette fois. - Tu as parlé de quoi avec ma mère ? - On marchait l’un à côté de l’autre, il fumait son joint, moi le mien, c’était la routine, on se rendait au skatepark, parce que c’était l’endroit le plus calme de la ville une fois la nuit tombée. - Elle m’a parlé de votre bague là … Pas tout comprit, mais elle à l’air précieuse. - Je l’avais attrapé par la taille, il avait mis son bras autour de mes épaules, assis dans le creux de cette rampe de skate, taguée de toute part. - Tu vas pouvoir l’enfiler à mon doigt quand tu me feras ta demande en mariage. - Il avait faillit s’étouffer avec son joint, il avait même faillit l’avaler. J’aimais le bousculer lui et son cœur de pierre, il m’avait regardé secouant la tête de droite à gauche. - Yin ...je vais la revendre et nous acheter de la cocaïne. - Et puis la soirée c’était terminé comme elle avait commencée, paisible et sereine.
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J’avais l’impression de parler dans le vide, tout ce que je pouvais dire ou faire semblait rentrer et sortir par l’autre oreille, trop tard, m’avait-il encore une fois répété, mais je n’en avait qu’à faire, je voulais qu’il me revienne parce que je savais pertinemment que me chasser de sa vie s’était courir à sa perte et à la mienne par la même occasion. Il s’était relevé, retirant la poussière du mur qui gisait sur son slim gris, paraissant aussi vieux que le monde. J’avais marché en avant, il était à coté de moi, mais à des mètres et des mètres, comme s’il fuyait la peste, tant pis, tant qu’il me suivait. Nous nous approchâmes du cimetière et je voyais bien qu’il ne comprenait pas bien ce qu’il pouvait se passer, ce que je voulais bien lui faire comprendre, mais malgré tout dans sa tête, il semblait rapiécer les morceaux de la famille Powell et comprit bien vite, avant même qu’on ne se trouve devant la tombe de ma chère mère. J’avais tourné la tête vers lui, il respirait difficilement. « Ta mère s'était tirée depuis longtemps. Alors, ça change pas grand chose qu'elle soit morte. » J’avais ouvert la bouche pour lui dire de se la ferme, pour qu’il se taise s’il n’avait que des choses pareilles à dire, mes poumons étaient remplis d’air et ils n’attendait qu’une chose : se vider, pourtant j’ai réfléchis un moment, et je me tus, il avait raison, elle s’était barrée il y a 8 ans de ça, sans même sembler éprouver de la peine pour la fille qu’elle laissait derrière elle. Mais j’avais toujours eu Jules avec moi, et puis un jour plus rien, je m’étais retrouvée vraiment très seule ces 4 dernières années, ce qui avait fait de moi, la personne que je n’étais pas. Une boule de rancoeur enfermée dans un esprit plus ou moins saint. Alors perdre Jules ce soir, ce serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase, ce serait l’overdose qui me tuerait, bref, c’était tout bonnement impensable. « Mais je suis désolé. J'suis désolé qu'elle ait trouvé un moyen de te faire du mal aussi loin qu'elle pouvait être, j'suis désolé que t'en souffres. » Je lisais et relisais les écriteaux inscrits sur la table, j’ai même eu le temps de compter les fleurs, pour la plus grande partie c’était les miennes, je venais presque tous les jours, comme si c’était vital, comme si pouvoir parler à ma mère, adossée contre la pierre la ferrait revivre. Elle m’avait terriblement manquée, Jules le savait, tout le monde le savait, lors de son départ il avait passé ses soirées à sécher mes larmes, en oubliant même la came. Alors là, elle était morte, alors ça allait être pire, ou pas, je m’y ferrais peut-être, ou pas. Lorsque ses bras avaient fait le tour de mes épaules pour me serrer, lorsque ses lèvres s’étaient posés sur mon front je m’étais sentie enveloppée par quelque chose de chaud, de rassurant et ce n’était d’autre que sa présence et sa pitié. Il s’était éloigné, j’en avais profité pour retirer de ma poche la lettre de ma mère, qui était en piteuse état à force d’être ouverte, fermé, ouverte, fermé par mes soins. « ''J’espère que tu es devenue la jeune femme indépendante et intelligente que tu as toujours rêvée d’être, j’espère que tu as trouvé un homme qui sait apprécier ta sensibilité et ton amour à sa juste valeur.'' … Tu vois, on a toujours vécu d’espoir chez les Powell. » Pendant que quelques larmes silencieuses venaient humidifier mes joues, j’avais rigolé. L’espoir dans ma famille c’était quelque chose qui nous nourrissait, si j’avais espéré un jour que Jules me passe vraiment cette foutue bague au doigt ma mère elle, avait espéré que je puisse devenir tout ce qu’elle citait dans sa lettre. Il s’était retourné, ne comprenant pas bien ce que je disais, je lui tendis la lettre, il ne voulait pas la prendre, je la mis de force entre ses mains, je voulais qu’il la lise, qu’il voit à quel point Louise se trompait sur ma personne et à quel point elle était loin de s’imaginer ce que j’étais devenue. « Elle a la même écriture que moi. » Mon écriture, Jules la connaissait bien, j’aimais –plus jeune- toujours lui écrire des poèmes entre deux cours pour louer sa personne et sa perfection, des petits mots griffonnés sur des feuille OCB avant de quitter sa chambre et partir en cours. Il m’avait toujours supplié d’arrêter, mais jamais je ne le faisais, j’étais incorrigible, je me demande souvent à l’heure actuelle s’il les a gardé, sauf pour les feuilles OCB, il a fumé mes mots, ça je le sais bien.
Il semblait lire ma lettre, je m’étais approché de lui, il m’avait repoussé, une nouvelle fois je m’étais approché de lui, il s’était laissé faire cette fois, abandonné l’idée de se faire du mal physique une nouvelle fois. Ma bague n’était plus autour de mon doigt, j’avais posé mes mains sur son visage, comme je savais si bien le faire, c’était mon truc ça. « T’étais sérieux l’autre soir dans ma salle de bain, pour tout ce que tu as dis ? » J’avais passé mes mains sur son cou, retirant délicatement le collier qu’il portait gravé d’un A+J. Dans la chaine de celle-ci je fis passer la bague et je remis tout ceci autour de son cou, en prenant bien soin de ne pas la casser, elle était tellement fragile. « J’ai envie que tu me rendes cette bague quand t’en auras envie, quand t’auras à nouveau envie de moi … Ou alors tu peux la jeter dans les bois. » En fait j’espérais qu’il ne la jette surtout pas dans les bois, elle était dans la famille Powell depuis si longtemps qu’il aurait été dommage de la perdre, de plus c’était la dernière chose qu’il me restait de ma mère. Alors je restais là, devant lui et puis le manque se fit sentir, lieu saint ou pas, rien à foutre, je sortais mon sachet magique de poudre blanche, sans pour autant l’approcher de mes narines, il restait dans ma main, je relevais la tête vers lui. « Je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime. » S’en devenait ridicule, mais je commençais à rire, vraiment, à rigoler comme s’il s’agissait de la blague de l’année. Même si le moment ne s’y apprêtait pas, mais je lui avais fait la promesse de lui répéter ça jusqu’à ce que ses oreilles saignent pas vrai ?
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(✰) message posté Jeu 12 Fév 2015 - 23:06 par Invité
je crois que je ne t'aime plus, elle m'a dit ça hier. ça a claqué dans l'air comme un coup de revolver ☇ Mrs Powell avait toujours été une gentille dame. Le genre à vous préparer une tasse de thé et partager les BN. Jules n'en avait jamais douté, du peu qu'il l'avait connu. Croisé une fois ou deux entre deux portes, et un goûter. Rien de plus. Ouais elle avait été gentille avec lui. Ça n'empêche qu'elle avait toujours eu l'air de planer cette femme. Car premièrement, il fallait un peu planer pour apprécier le fait que sa fille sorte avec un type comme Jules, et deuxièmement il fallait beaucoup planer pour se marier et continuer à vivre avec cet espèce de mafieux psychopathe qu'était Igor. Angèle avait sans doute hérité de sa mère. Elle choisissait mal ses hommes. Enfin, le fait qu'elle soit gentille -Mrs Powell- ne changeait rien au fait qu'elle s'était tirée. Quel genre de mère fait ça ? Celle de Jules avait au moins eu la décence de mourir. Mrs Powell était juste partie, comme ça. Et depuis huit ans elle avait mené une vie loin d'ici. Vous vous rendez compte ? Comment avait-elle pu ? Après ça, Angie avait été complètement déprimée, en miette même. Et Jules l'avait supporté sans broncher, il l'avait consolé, soir après soir, il avait même déjà renoncé à un rail pour pouvoir l'écouter parler avec les idées claires. Vous imaginez le tableau. Alors ouais, depuis Jules avait la rage contre Mrs Powell. Parce que mine de rien, malgré tous les sales coups, Jules n'avait jamais laissé personne faire du mal à Angie sans rien faire. Si quelqu'un devait lui faire du mal, c'était lui, et personne d'autre. Alors ouais, il aurait aimé retrouver Mrs Powell et la plaquer contre un mur pour lui dire ses quatre vérités. Il n'hésita donc pas une seconde à balancer une phrase totalement déplacée. On ne sort pas ce genre de chose quand une mère est morte. Cependant, Angèle n'osa pas faire de commentaire. Peut-être savait-elle qu'il avait raison. Peut-être qu'elle était trop sous le choc pour dire quoi que ce soit. Enfin, Jules finit par retrouver un minimum de décence et finit par présenter ce qui se rapprochait le plus de condoléances. Il l'avait enlacée, et puis s'était éloigné comme si être attentionné était interdit, ou une connerie du genre. Soudain, sa voix s'éleva, un peu tordue : ''J’espère que tu es devenue la jeune femme indépendante et intelligente que tu as toujours rêvée d’être, j’espère que tu as trouvé un homme qui sait apprécier ta sensibilité et ton amour à sa juste valeur.'' … Tu vois, on a toujours vécu d’espoir chez les Powell. Jules avait écouté, sans osé commenter. Sans doute se sentait-il un peu mal, coupable même parce que clairement il n'était pas cet homme dont sa mère parlait. Il ne savait pas apprécier la sensibilité et l'amour d'Angèle à leur juste valeur. Loin de là, et même Angie s'en était très bien rendue compte, vu l'ironie avec laquelle elle avait ponctué la lecture. Elle fit quelques pas vers son amant de fortune, tendit la lettre. Jules se contenta de regarder le papier. Il n'avait pas envie de lire ça. Ça ne lui était pas destiné, c'était privé. Et puis, il ne voulait pas lire des choses qui le mettraient encore plus mal à l'aise. Cependant, elle insista, le fit prendre de force ce foutu bout de papier. Il hésita, doucement, déplia la feuille et puis se mit à lire. Lire ces mots griffonnés par cette mère absente, cette mère qui n'en savait rien. Elle espérait que sa fille avait échappé aux griffes de son père ? Elle n'avait qu'à pas la laisser seule avec lui et sa copie en miniature. Jules n'était pas touché par ces mots. Il ne se souvenait que trop clairement de la détresse dans laquelle Angie s'était trouvé après le départ de sa mère. Alors, quand il eut finit de lire, il se contenta d'agiter le papier doucement pour le faire savoir et ainsi le rendre à Angèle. Quand elle s'était approchée pour le reprendre, il avait reculé, comme si c'était un automatisme. Et puis finalement, lui avait rendu le papier en tendant bien le bras, pour ne pas qu'elle s'approche trop. Ça voulait tout et rien dire ce qu'elle avait écrit. Elle ne s'expliquait pas, ne disait pas où elle avait été pendant tout ce temps. C'était simplement les remords d'une mourante rattrapée par sa mauvaise conscience. Jules rendit la lettre, sans un mot. Sans phrase cynique. Simplement l'air sobre et silencieux. Mrs Powell le disait elle-même. Angie savait voir le meilleur des gens, alors si elle voulait aimer sa mère à nouveau, la pleurer et la chérir. Libre à elle. Angie recommença à marcher vers lui, un pas, deux pas. Ca y est, elle était là bien devant. Il la regarda à moitié. Ses yeux étaient tellement vague, tellement assommés aussi. Elle posa ses mains si froides sur ses joues. Il ferma les yeux. Inspira profondément. T’étais sérieux l’autre soir dans ma salle de bain, pour tout ce que tu as dis ? Il n'ouvrit pas les yeux. Et merde, elle s'en souvenait alors. Elle se souvenait de tout ce qu'il avait dit. Merde, merde, merde. Il déglutit et attendit qu'elle n'est enlevé ses mains pour ouvrit à nouveau les yeux et regarder par-dessus son épaule, sur le côté, n'importe où en fait. Il ne savait pas quoi répondre en fait. Il était paumé, complètement retourné. Angie avait pris sa chaîne, sa fameuse chaîne et y avait glissé la bague avant de la remettre en place. J’ai envie que tu me rendes cette bague quand t’en auras envie, quand t’auras à nouveau envie de moi … Ou alors tu peux la jeter dans les bois. Il se mordit la lèvre inférieure et prit les poignets de la jeune femme. Comme pour l'empêcher de partir. La retenir, le temps qu'il trouve quoi dire. C'était idiot hein. Il écrivait des chansons, il écrivait, c'était un artiste. Son truc, sa passion c'était de mettre des mots sur ce qu'il ressentait et de le chanter devant des tas de personnes. Et quand il s'agissait de parler, c'était un vrai naze. Un raté. D'une petite voix, il commença, pas très sûr : Angie... écoute... commenta-t-il doucement. Mais il se coupa en pleine phrase. Non, il ne savait pas quoi dire, définitivement pas. Alors, Angie se libéra une main et Jules lâcha la deuxième. Elle prit son petit paquet de poudre, ce qui attira bien sûr tout de suite le visage de Jules. Il ferma les yeux. Et bah, elle en avait de belles des idées. Elle ne mit pourtant pas le nez dedans tout de suite. Comme si elle attendait quelque chose de plus mais Jules restait désespérément muet. Jusqu'à ce qu'elle ne commence à lui répéter qu'elle l'aimait, encore, encore, encore. Il se passa une main stressée sur le visage et elle, elle se marrait. C'était sans doute les nerfs qui retombaient, un truc comme ça. Il ouvrit la bouche une seconde. Moi aussi. Non pas moi aussi.. enfin si. Non je veux dire... Je t'aime aussi. C'était exactement ce qu'il avait en tête, d'ailleurs il s'était presque entendu très distinctement dans sa tête. Mais rien ne sortit. Il soupira, déçut par lui-même. Et d'un coup d'un seul il arracha le sachet des mains d'Angèle. Et puis merde. maugréa-t-il tout en se dirigeant droit vers la tombe de Mrs Powell. Il ferma les yeux une seconde. Bon, on avait déjà vu pire, il avait déjà vu pire. Et dans l'état actuel des choses, clairement il n'avait pas la patience de chercher une autre alternative. Il était en colère, très en colère contre lui-même et son fichu blocage affectif ou je-ne-sais-quelle-connerie. Il en avait marre de ne pas savoir s'il devait fuir loin d'elle ou courir vers elle. Il ne savait pas si elle était sérieuse ou si ce n'était qu'une réaction post-traumatique dû au décès de sa mère. Et quand il était perdu de la sorte, rien ne valait un peu de coke. Il se mit donc à genou devant la tombe de maman Angie. Il regarda la pierre tombale, la gravure et un peu gêné quand même il déclara tout bêtement : Tu m'excuseras Louise. Et hop, la coke était renversé sur la tranche du dessus de la pierre tombale. Bah quoi, il avait déjà fait pire je vous dis. Il sortit ensuite son portefeuille, sa carte de crédit et un billet. Il tendit le billet à Angie pour qu'elle en fasse un tube pendant qu'il préparait tranquillement les rails. Comme à leurs habitudes.
Jules et Angie étaient désormais assis l'un à côté de l'autre, dos contre la pierre tombale. Toute la coke avait été sniffé. Jules badait un peu, beaucoup, et reniflait sans arrêt, ce qui était très chiant, je vous l'accorde. Il regardait chacune des tombes, avaient entreprit de les compter mais il n'arrivait pas à aller plus loin que la deuxième allée. Et puis, d'une voix rapide, très rapide en fait, il se mit enfin à parler : Et toi, t'étais sérieuse ? Tu sais quand tu disais que si tu voulais pas être avec moi c'était parce que tu savais que j'en étais pas capable. Enfin, t'as pas dit ça comme ça mais... Tu vois t'as dis un truc qui voulait dire ça. Enfin en gros quoi. Vous vous souvenez, la coke le rendait un peu nerveux le petit. Il reprit, rapidement : Parce que je suis pas sûr de pouvoir le faire. Je suis pas sûr de pouvoir.. Tu sais ce délire de sortir ensemble. Je suis sûr de rien Angie, je suis jamais sûr de rien. J'veux dire... Si je suis sûr d'une chose enfin.. Y a un truc que je sais quoi... Une pause. C'est que je t'aime. Une nouvelle pause. Quelques secondes de flottement. Et puis Jules se mit à rire, vraiment rire. Oh merde, je pensais que ça serait super dur à dire mais en fait, carrément pas. il riait, fort, très fort, trop fort. Se passa les deux mains sur le visage pour essuyer la sueur qui perlait sur son front, il souriait. Même si clairement, il ne savait pas si c'était une chose ou non d'avoir dit un truc pareil.
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(✰) message posté Dim 15 Fév 2015 - 22:15 par Invité
J’avais vraiment envie qu’il la prenne cette lettre, qu’il la lise, elle était mienne certes, mais je partageais vraiment tout avec Jules et puis c’était la meilleure façon de lui faire comprendre qu’au fin fond de moi, j’espérais qu’un jour il serait ce fameux mec, qui saurait apprécier mon amour à sa juste valeur. Durant ces longues années de relations il l’a toujours usé, il en a abusé, mais il n’avait jamais réussi à mettre de mots sur ça, il avait une attitude qui montrait qu’il tenait un peu à moi, mais je n’avais jamais vraiment eu ce que je recherchais et puis j’avais toujours été bien trop amoureuse de lui pour lui en demander plus. Les années étaient passées, l’eau à eu le temps de se déverser durant 4 longues années sous le pont, et puis on avait grandi, on avait mûri, on avait changé, qu’on le veuille ou non, la vie était différente, notre façon de penser aussi, la façon d’être s’était elle, aggravée. Etre drogué, défoncé, dépressif, tout s’était amplifié, pour moi surtout et puis il aura fallut qu’il revienne pour que sa devienne … Pire. A croire qu’en fin de compte les retrouvailles n’était pas aussi fructueuses que j’avais osée l’espérer, mais j’aurais dû m’en douter ce soir là, quand je l’avais vu dans le bar, avec cette fameuse guitare sur laquelle nos initiales étaient gravées, j’aurais dû me douter qu’à la seconde où mes yeux avaient à nouveau croisés son chemin, j’allais m’enfoncer encore plus bas que terre et que ça ne valait pas la peine de m’enterrer vivante de la sorte, de me mettre des bâtons dans les roues. Pourtant c’est bien plus tard qu’on remarque toujours les choses qu’on aurait dû percevoir dès le début. Je l’ai aimé, toujours, tout le temps, chaque respiration que je faisais était sienne, chaque pas que je faisais me rapprochait dangereusement de lui, je n’étais qu’une disciple, la sienne et j’aimais ça et puis du jour au lendemain, le maître était parti. J’avais dû me débrouiller toute seule, même l’idée de devoir décider quoi manger était bien trop compliqué, c’était lui qui me donnait mes lucky charms dans mon bol avec du lait, je n’avais jamais pris de décision, j’avais toujours fais qu’émettre des idées, qu’il approuvait ou non. Quelques semaines après son départ, j’avais retrouvé un de ses t-shirt que j’aimais lui voler, je l’avais porté 1 mois durant, sans même le laver, il y avait encore son odeur. Cette odeur, elle n’avait pas changé, ce soir là, dans le bar, je l’avais sentie sans y prêter attention, c’était le signal d’alarme qui m’indiquait qu’il fallait que je m’en aille avant qu’on prenne une nouvelle fois possession de moi, et puis Elliot qui m’invitait dans un bar tout pourri, j’aurais dû me douter qu’il y avait anguille sous roche, mais non je m’étais présenté là-bas, comme un fleure. Tout ça avait mené à ceci, Jules et moi, se déchirant dans un cimetière en la présence spirituelle de nos défuntes mères qui était presque côte à côte. Etaient elles fières de nous ? Etaient elles tristes à l’idée de nous voir nous déchirer ainsi ? Personne ne le saura jamais. « Angie... écoute... » Il avait mes poignet entre ses mains, une nouvelle fois j’étais prise au piège, c’était assez paradoxale, car si j’avais envie qu’il me lâche, je ne désirais qu’une chose, ses bras autour de moi. Je le regardais, quelque peu impuissante, il se mordillait la lèvre, il faisait toujours ça quand quelque chose se préparait dans sa tête. Je voulais qu’il se taise, qu’il ne continue pas ce qu’il avait à me dire, j’aurai aimé lui mettre ma main sur la bouche pour qu’il se taise et ensuite je l’aurais embrassée, parce que c’est le seul moyen de faire taire un garçon, mais ça aurait été une scène bien trop étrange et c’était de loin, pas le moment de faire ça. Alors je ne disais rien, une nouvelle fois, il allait décider de mener le jeu et je n’avais qu’à accepter ce qu’il avait l’intention de me dire, ça ressemblait à de véritables séparations ‘’écoute Angie … C’est fini’’ it’s over baby. J’avais vraiment envie d’me défendre, de faire en sorte que ce soir on inverse les rôles et que ce soit moi qui prenne les décisions, mais je me rendais vite compte que face à lui, j’en était incapable, même avec toute la bonne volonté du monde, il pourrait donc continuer à me modeler à sa guise, alors je ne devais qu’accepter cette fatalité. Pour facilité cette acceptation j’avais sorti mon sachet, j’avais l’intention de me sniffer ces 500 pounds de poudres et finir très certainement aux urgences, en bonne drama queen que je suis, parce que c’est la dose qu’il m’aurait fallu pour oublier mon cher et tendre, c’était impossible de me battre contre lui, contre ses yeux qui s’excusaient, contre sa bouche qui avait craché pas mal de venin, contre ses tatouages qui se lisaient comme un livre, un livre ouvert sur sa triste vie, impossible de se battre contre tout ce que Jules pouvait représenter. Défaitiste dans l’âme je le voyais presque s’éloigner de moi, me dire ciao ciao bella et se casser à tout jamais. J’avais répété une nouvelle fois, que je l’aimais, c’était la dernière corde qu’il me restait pour essayait de l’attendrir, je ne pouvais pas lui faire un gosse pour le garder, alors il n’y avait que les mots pour essayer de le faire rester, et pas n’importe lesquels, je t’aime, c’est fort, c’est beau, c’est grand, ça fait mal dans le bide quand on le dit, quand on l’entend, quand il nous est destiné, mais ce qui fait encore plus de mal c’est quand la personne en face de nous à l’air de s’en foutre. Alors je l’avais répété assez de fois, pour toutes ses fois ou je n’avais pas eus le droit de le dire, c’était une petite rébellion, une entorse à nos dix commandements qu’on s’était promis à l’époque. Ils était de toute manière de loin, tous, plus ou moins irrespectés par l’un comme par l’autre. « Et puis merde. » Je n’eus pas le temps de comprendre quoi que ce soit, il prit le sachet, me l’arrachant des mains en réalité et puis il se retournait vers Louise, lui demandant pardon d’avance, la suite était logique. Je le regardais s’agenouiller devant cette tombe, sortir son porte monnaie, sa carte bancaire et préparer quartes belles lignes blanches, pas deux, mais belle et bien quatre, j’étais conviée avec lui à me droguer en compagnie de ma mère et pleins d’autres morts. Je roulais le billet qu’il me tendit, tandis qu’il finissait ce qu’il avait à faire, ça avait toujours été comme ça, on faisait tout à deux, on partageait équitablement le travail et la défonce.
Quelques minutes s’étaient écoulées, nous avions fini ce que nous avions à faire, lieu saint ou pas, les occasions de se droguer, quand elles se présentaient, il fallait les accepter et les accueillir comme un messi. Assis contre cette tombe l’un à côté de l’autre, j’attendais impatiemment la suite, je tournais la tête vers Jules qui reniflait sans cesse comme s’il restait encore de la poudre entre ses narines, se mordant encore et toujours la lèvre ‘’arrête tu vas te la déchirer’’ j’avais eu l’impression de le lui avoir dit, cependant il n’avait pas tournée son attention vers moi, alors peut-être que je n’avais fait que le penser très fort. J’avais enroulé mon bras autour du sien et ma tête semblait presque se reposer sur son épaule. Le flash était puissant, en compagnie de Jules il était toujours bon et la descente ne se faisait qu’à peine sentir.
On aurait pu rester des heures comme ça, nos cerveau étaient un peu grillés, le mien certainement plus que celui de Jules, il avait cessé de fonctionner depuis qu’il ne m’avait pas répondu à mes innombrables je t’aime, alors droguée ou non, mon état n’avait pas vraiment changé, j’étais vide. « Et toi, t'étais sérieuse ? [...] » J’avais tournée ma tête vers lui, j’étais encore assez lucide pour lui répondre franchement, je ne sentais plus vraiment mon cul posé au sol et mes membres semblaient se transformer en gélatine, mais ce qu’il me disait je l’entendais bien. « On est pas sérieux quand on à vingt ans … » Je disais une chose qui n’avaient pas réellement de sens, mais il semblait comprendre que j’avais moi-même compris que ce que je lui demandais était impossible et bien trop exigeant. Mais ça ne répondait aucunement à sa question, ce que je repris très vite. « On aura jamais de gosses, on se mariera pas, on aura pas un chien qu’on appellera ‘’Cocaïne’’ ou ‘’Pantoufle’’, à toi de choisir … Mais aujourd’hui, là, maintenant, tout de suite, après tout ce qu’on à vécu … Eh bah j’sais que j’men fou, j’me satisfais de toi, parce que j’t’ai déjà assez perdu comme ça. » Je continuait de le regarder, il fixait l’horizon, la foret en face de nous, préférant ne pas déposer ses yeux sur moi et puis il confirmait un peu ce que je venais de dire. « Parce que je suis pas sûr de pouvoir le faire. Je suis pas sûr de pouvoir.. Tu sais ce délire de sortir ensemble. Je suis sûr de rien Angie, je suis jamais sûr de rien. J'veux dire... Si je suis sûr d'une chose enfin.. Y a un truc que je sais quoi... » J’avais arrêté de respirer, il semblait s’engager dans un chemin pentu, un chemin dont il ne connaissait pas les fondations et puis ce qui devait arriver, arriva. « C'est que je t'aime. » J’avais ouvert la bouche, j’étais stupéfaite, il avait daigné me le dire dans les yeux et c’était encore plus fort. Vous vous rappelez du mal dans le bide ? Et toutes les conneries des papillons ? Bah je peux vous jurer qu’entendre Jules Abberline, me le dire après milles ans de relations, après tout ce qu’on avait bien pu vivre c’était encore plus fort. J’avais l’impression que j’allais m’envoler, le noir du ciel laissait place à un arc en ciel de couleur, ma pupille avait pris la forme d’un cœur et mon cerveau avait bien enregistré le ‘’je t’aime’’ et le mouvement de ses lèvres lorsqu’il me l’avait enfin dit. « Oh merde, je pensais que ça serait super dur à dire mais en fait, carrément pas. » Je le regardais avec des yeux amoureux et un sourire, je rigolais en même temps que lui, parce que lui répondre ‘’ moi aussi ‘’ ou lui retourner ses mots d’amour, n’avait pas de sens, il le savait déjà, pas besoin de le saouler avec ça. « Quoi ? J’suis étonnée que tu dises pas plus souvent je t’aime aux autres meufs. » C’était stupide de dire ça, mais j’avoue que je n’avais pas vraiment réfléchi, j’étais presque stressé, comme un première fois, c’était en fait ma première fois avec ses mots. Et puis je me disais à moi-même que ‘’hé je suis pas les autres meufs maintenant, je suis officiel tu vois ?’’ et puis je posais ma main sur son visage, posant mon front contre le sien et finissant par l’embrasser. Et puis peut-être parce que j’étais droguée ou parce que dire je t’aime ça fait vraiment choper de la meuf, j’avais passé ma main sur son cou, puis sur son torse, le baisé se voulait de plus en plus sulfureux et fougasse, ma main avait terminé sous son t-shirt, mais il m’avait retiré la main, faisant un signe négatif de la tête, me regardant l’air de dire ‘’non, non déconne pas Angie.’’ « On peu se droguer ici, mais pas faire l’aaAaaaAAaAAaamour ? » J’avais bien insisté sur le A de amour, parce que à l’époque on baisait, maintenant on allait faire l’amour pas vrai ? Enfin c’était ma logique, pour Jules ça ne changerait strictement rien, il fallait juste que j’arrête de trop lui rappeler ce qu’il venait de me dire, sous peine qu’il ne le redise plus jamais. « C’est quoi la prochaine étape ? Des poèmes endiablés ? Parce que tu sais, j’adore les poèmes. » Je m’étais levée, tant bien que mal, frottant mes fesses qui était recouvertes de terre. Il s’était levé à son tour, je n’avais pas manqué l’occasion de lui sauter sur le dos, chose que que je n’avais pas fait depuis longtemps, le faisant presque tomber, posant ma tête dans le creux de son épaule, tandis que ses mains se trouvaient entre mes genoux pour me tenir. « J’étais sérieuse pour les tatouages si jamais, Passant ma main derrière son oreille regarde, comme ça t’irait bien, juste là. » Et puis je conclu tout ça par un petit rire et un bisou sur la joue, j’avais l’intention et la très forte envie qu’on se fasse tatouer ce soir, merci les idées après minuit, toujours les meilleures.
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(✰) message posté Dim 22 Fév 2015 - 21:44 par Invité
je crois que je ne t'aime plus, elle m'a dit ça hier. ça a claqué dans l'air comme un coup de revolver ☇ Jules avait l'impression d'entendre son pouls dans son cerveau, dans ses tempes et puis aussi il ressentait les impulsions électriques des quelques neurones qui avaient survécu à l'envoie massif de coke par le pif. Il reniflait sans arrêt depuis quelques minutes, fixait rien du tout à la fois et il avait Save Me de Queen dans la tête. Il tentait de réfléchir, comme si c'était possible vu son état. Et puis, il parlait, avec son débit de parole trop important comme à chaque fois qu'il avait le nez plein de coco. Putain, il avait l'impression d'aller à cent à l'heure, de réfléchir comme Einstein et en réalité, il peinait simplement à comprendre ce que disait Angèle. Elle semblait parler de très loin, alors qu'elle n'était qu'à quelques centimètres. Et puis c'était très dur de la suivre cette nana-là. Elle était partie carrément loin. Jules ne comprenait que des bribes d'informations. un chien qu’on appellera ‘’Cocaïne’’ … Eh bah j’sais que j’men fou, ... j’t’ai déjà assez perdu comme ça. Jules arqua un sourcil et se mit à rire en se penchant en avant, la tête contre ses jambes replier devant lui pour étouffer ses pouffements de rires décomposés. Il releva ensuite la tête. J'ai rien compris. avoua-t-il en riant davantage. Enfin si, il avait vaguement entendu parler d'un canus canus. Tu veux un chien qu'on appelera Cocaïne ? Mine de rien, Jules adorait carrément l'idée. Il s'imaginait très bien se tatouer le portrait de cet animal dans un cadre de manière très new school, sur le cul. Comme quoi, ce soir il avait vraiment envie de se tatouer quelque chose sur le cul. Bref.
Et puis ce fut dit, fait. C’était sorti tout seul finalement. C’était comme une évidence. Jules ne savait pas très bien s’il se sentait mieux ou pire après un tel aveu. Un doute un délicieux mélange d’apréhension et de soulagement. Enfin, c’était dit. Et pourtant on ne pouvait pas dire que c’était le secret le mieux gardé de l’Angleterre. Jules s’était donné du mal pour signifier qu’il n’était pas amoureux d’Angèle mais tout avait toujours prouvé le contraire. Jules n’avait jamais vu que part elle, en fait Angie avait toujours été la seule personne qui le faisait se lever le matin. Parfois, il se disait que sans elle, il se serait certainement suicidé au lycée. Non, je vous jure. Quand il ne faisait rien de sa vie à part essayer de supporter un contexte familiale impossible et violent, Angie avait été son échappatoire, la seule à lui faire esquisser un sourire. Sans doute que Jules avait plus besoin d’elle qu’on ne pouvait le croire. Peut-être même que Jules avait plus besoin d’elle qu’elle n’avait besoin de lui. Alors oui, il l’aimait. Il l’avait toujours aimé. Sans doute l’aimerait-il toujours. Allez, savoir. Angie semblait planer, voler, vivre dans un rêve éveillé. Elle avait attendu ces bêtes petits mots pendant des années, une décennie pour être précis. Et enfin, tout simplement, Jules le disait. Elle le regardait en papillonnant des yeux. Jules secoua la tête en haussant les sourcils L’air de dire t’es con putain… ouais, elle l’était. Elle avait tant voulu qu’il lui dise ces petits mots. Elle y attachait tellement d’importance. Au final, ça n’en avait pas tellement. Jules ne se sentait pas très différent, en fait. Et alors qu'il faisait remarqué qu'en fait, ça n'avait pas été si dur à dire, Angie ne trouva rien de mieux que de plaisanter : Quoi ? J’suis étonnée que tu dises pas plus souvent je t’aime aux autres meufs. Jules arqua un sourcil et plissa les yeux. C'était vraiment le moment de se moquer hein ? Certes, lui n'était pas un mec très expansif. C'était même carrément un handicapé des sentiments et la seule personne à qui il pouvait dire sincèrement et avec facilité de tels mots étaient sa soeur jumelle. Mais Angie, elle c'était une pute de l'amour. Elle pouvait répéter je t'aime tout le temps, le dire à tout bout de champs. Alors hein, lequel est le pire ? Elle devrait savoir pourtant que dire des choses comme ça, ça n'était pas sans conséquences. C'était important. Alors Jules lui tapa dans l'épaule pour la pousser. Je t'emmerde Powell. lança-t-il, toujours en riant à moitié. Non mais, ce n'était pas le moment de se moquer de son handicape des sentiments. Angie se retourna donc vers lui, toujours aussi affectueuse comme un petit chat en manque de câlin. Elle s'approcha de lui, caressa sa joue, posa son front contre le sien. Jules la regardait dans les yeux, enfin autant que possible en tout cas. Et puis elle l'embrassa. Ca sonnait comme un premier baiser, ça en avait le même goût en tout cas. En mieux. Jules pensa alors à leur véritable premier baiser. Angie n'avait que quinze ans, même pas. Elle était tellement jeune à l'époque et tellement coincé. Elle s'étouffait encore avec une simple cigarette, et elle se faisait des bouclettes dans les cheveux. Putain quelle bourgeoise à l'époque, quelle espèce de conne. Mais Jules et elle étaient déjà devenu amis. Ils trainaient ensemble, Jules se marrait bien au lycée. Les gens commençaient à parler, à les regarder traîner ensemble dans la cours du lycée. Que faisait la jolie petite Angèle Powell avec cet espèce de zonard, de raté ? Et puis un soir, alors qu'ils traînaient non loin de leur quartier, dans une espèce de parc pour enfant, Jules s'était roulé un joint, Angie avait voulu essayé. Jules avait commencé à la regarder autrement. Autrement qu'une amie en fait. Il l'avait embrassée. A l'époque il ne l'aimait certainement pas. Mais dans le fond, il savait que sa vie était devenue un tout petit peu différente. Aujourd'hui, il l'embrassait à nouveau. Sa vie avait encore pris un tournant. Et c'était tellement différent. Jules sentait bien qu'Angie y mettait tout son coeur, l'embrassant avec de plus en plus de fougue et d'envie. Et quand il sentit sa main froide se glisser discrètement sous son t-shirt, il lui attrapa le poignet. Non, pas devant maman quand même. Il secoua la tête, elle se mit à rire. Plaisanta de plus belle : On peu se droguer ici, mais pas faire l’aaAaaaAAaAAaamour ? Jules soupira longuement, même si ça le faisait un peu rire. En plus, c'était pas faux. Mais bon, tout de même. Il prit alors une petite voix de fille, de pétasse, de gamine et plaisanta à son tour : J'suis pas un mec comme ça, jamais le premier soir. Et il se remit à rire. N'empêche que cette phrase n'était pas anodine. Elle voulait bien dire ce qu'elle voulait dire. Aujourd'hui était le premier jour de quelque chose. Aujourd'hui marquait un tournant dans leur relation. Aujourd'hui, plus rien n'était pareil. Enfin, Angie avait toujours un humour merdique, ça au moins, ça faisait partie des choses qui ne changeraient jamais : C’est quoi la prochaine étape ? Des poèmes endiablés ? Parce que tu sais, j’adore les poèmes. Jules roula des yeux. Oui, ça il savait qu'elle les aimait les poèmes. Il se souvenait parfaitement avoir eut des fous rires jusqu'à en pleurer avec Johanna en lui montrant ce qu'elle lui écrivait. Poppy bien sûr trouvait ça super cool, Curtis était attendrit, mais Jo elle, trouvait ça vraiment, vraiment drôle. Comme Jules. Ce dernier n'hésita pas à se moquer à son tour, évidemment : Bonne idée, j'écrirais la suite de... comment tu l'avais appelé ? Si tu sais, ton chef-d'oeuvre. Jules & Angie, forever and ever ? Un truc du genre. Jules avait beau essayé de se convaincre à l'époque, qu'elle avait écrit ça sans doute sous l'emprise de drogues, ça n'en restait pas moins drôle. Il s'agissait d'un poème de deux pages qu'elle disait avoir écrit en cours au lycée et qu'elle avait laissé dans son lit. La pauvre petite s'était fait tellement chier à l'écrire avec des rimes riches et embrassées, et en alexandrin ! Jules pouffa de rire en essayant de se remémorer un vers, mettant une main sur son coeur, comme bouleversé d'émotion. J'en suis encore tout ému, tu sais. Angie se leva d'un bond, secouant son popotin, Jules ne manqua pas de l'imiter, même si clairement son équilibre laissait à désirer. Elle n'arrangea rien, bien sûr, en lui sautant sur les épaules. Oh putain... Quelle gamine elle était ! Dix ans d'âge mental, grand max ! Et ça ne faisait que de s'empirer quand elle consommait de la coke. Jules la retint tant bien que mal, et la remonta un grand coup pour l'empêcher de tomber et de se fracasser le crâne sur la pierre tombale de sa mère (ça serait vraiment une boutade divine de mauvais goût !). C'est là qu'Angie réitéra l'idée de se faire tatouer, caressant du bout du doigt le derrière de l'oreille de Jules. Il sourit. Après qu'elle lui ait déposé un bref baiser sur la joue, il la prévint qu'il allait la poser et plia les jambes pour qu'elle n'atterrisse sur le sol sans encombres. Il la regarda quelques secondes, tentant de percer à jour ce visage angélique. Putain, pas vrai ! Quelle gosse ! Il soupira un grand coup, comme un papa qui cèderait aux caprices de sa fille et il sortit de sa poche son téléphone portable tout en passa sa main libre autour des épaules d'Angie. Alors qu'il composait un numéro, il déclara, fataliste, dans un soupir : Si tu me prends par les sentiments. Non, parce que les tatouages, s'était un peu le péché mignon de Jules. Il en avait trop, beaucoup trop et souvent c'était sur un coup de tête qu'il se les faisait. Alors il commença à marcher hors du cimetière tout en pianotant sur son téléphone "tattoo shop open now". Quoi, google est très explicite désormais. Il tomba rapidement sur les adresses des tatoueurs encore ouvert, le temps de demander l'itinéraire ils étaient hors du cimetière. Un dernier regard vers les pierres tombales, toujours un peu triste quand Jules pensait à ses parents et notre... couple tourna à l'angle de la rue.
Jules sortit son paquet de cigarettes et en mis une dans sa bouche pour ensuite l'allumer, d'une main tout ceci puisqu'il tenait encore Angie contre lui. Sa Angie, désormais il pouvait le dire. Et alors qu'ils marchaient, c'est vrai qu'il se sentait plus léger désormais. Peut-être rassuré. Egalement rassuré alors qu'ils se dirigeaient vers un salon de tatouage. Égoïstement entrain de se dire qu'Angie allait l'avoir dans la peau, physiquement, concrètement cette fois-ci. Et puis, la cocaïne l'aidait aussi grandement à se sentir très léger. Ne pensant plus une seconde à Elliot et son anniversaire, d'ailleurs, étaient-ils tous en train de les chercher ? Rien à foutre.
Nos deux compères se retrouvèrent rapidement dans une rue qui ne semblait pas des mieux famées. Jules n'était pas très impressionné. Il avait passé sa vie à traîner dans ce genre d'endroit et son look n'inspirait pas confiance de toute manière, il était un peu dans son élément. Cependant, il faisait attention à ne pas lâcher Angie, voyant très bien du coin de l'oeil les regards insistaient des gens qui squattaient les rues. Jules lança un coup d'oeil à son téléphone. Puis à la devanture du salon de tatouage qui se trouvait devant eux. Bon, c'était là. Ca ne semblait pas être le salon de tatouage du siècle, mais Jules avait connu pire. Il fit signe à Angie de passer devant, la suivant de près.
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(✰) message posté Mer 25 Fév 2015 - 21:55 par Invité
Jules ne semblait pas comprendre un traitre mot de ce que je pouvais bien lui dire, il était complétement hors sujet, comme à son habitude drogué ou non il ne voulait entendre que ce qui lui convenait, alors m’écouter lui dire que notre chemin était déjà tout tracé, que nous n’aurions pas de d’enfants, pas de beau mariage autant que nous n’aurons probablement pas de chien qu’on nommera amoureusement Cocaine, il se retourna vers moi. « Tu veux un chien qu'on appelera Cocaïne ? » Je fronçais les sourcils, j’essayais de voir à quel moment il avait décroché et je compris très vite qu’il n’avait écouté que la fin, que ce qui je disais lui semblait intéressant. J’apprenais aussi par la même occasion que l’idée d’avoir un chien ensemble ne le rebutait pas, c’était même carrément cliché, carrément cool, deux drogués et leur chien, manquerait plus qu’on soit SDF et le tour est joué on rentre pile dans l’image des toxicos que nous sommes. Je souriais, puis je rigolais un peu, pouffant un petit rire discret, je nous imaginait avec un berger allemand et puis un caniche, ce qui me fit d’autant plus rire, imaginez nous et notre caniche ‘’Coco’’. Je repris mon sérieux parce qu’il s’était redressé, il avait longuement inspiré, ses mains avaient frotté son visage, comme pour le réveiller et puis il m’avait avoué ses sentiments, enfin avoué, c’est grand dire. Ce n’était pas vraiment un secret, mais il n’avait jamais confirmé mes doutes, alors là, dans un cimetière, le moment romantique était super bien choisi pour me dire qu’il m’aimait avec un grand A majuscule, je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel, comme si je devais remercier mon ange gardien et puis je souriais de toutes mes dents, ma bouche n’était pas assez large pour le sourire qui se cachait au fond de mon être. Les papillons dans le bide s’étaient transformés en plumes et sa chatouillait encore plus, je me retournais vers lui et puis je lui donnais la réponse la plus inattendue, je venais de lui demander, très stupidement pourquoi il ne le disait pas plus souvent aux autres femmes ? Ce à quoi il me répondit de la façon la plus simple qui soit elle aussi, un petit je t’emmerde Powell, il me tendait une perche, je ne pouvais que rebondir sur ça. « Non, non, tu m’aimes …. Tu m’aimes Abberline. » C’était au moins bien clair et c’était surtout très vrai, ce qui rendait mes dires encore plus concrets, je n’aurais jamais pensé qu’on jour je pourrais affirmer des choses pareils, c’était encore mieux que de gagner le jackpot de l’euro million et puis simplement et efficacement je lui répondis à ma façon : un doux baisé posé sur ses lèvres. Mais ma fougue n’était pas en reste, j’avais envie de lui, là, tout de suite, sur le champ et ce schéma se produisait bien souvent, aussi souvent que Jules était sympa avec moi et que sa personnalité me plaisait, j’avais envie de lui faire des gosses sur le champ, alors cimetière ou non je n’en avais qu’à faire, ce soir il allait y passer. Mais sa main stoppa très vite mon hardiesse inconsidéré, ‘’non, pas devant maman Powell’’ me disait-il avec sa tête qui hochait de droite à gauche et ses yeux qui semblaient être désolée, alors je laissais tomber l’affaire, mais ce n’était qu’une question de temps avant de mettre mon plan à exécution. L’air faussement vexée je lui avais demandé si ça lui semblait correct qu’on puisse se droguer ici, mais que nous n’aillons pas le droit de faire quoi que ce soit d’autre. « J'suis pas un mec comme ça, jamais le premier soir. » J’avais rigolé, et puis j’avais gardé mon sourire qui ne m’avait pas quitté depuis ses aveux, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas souris de la sortie, mes lèvres commençaient presque à se gercer et ma bouche devint très sèche. Je le regardais, pour de vrai je l’admirais en fait, il était tout ce que je pouvais aimer le plus chez lui en ce moment même, blagueur, attachant, doux, un Jules qu’on ne découvre qu’une fois la nuit tombée, qui remplace l’être sombre et désinvolte qu’il est face au monde entier. J’étais la rare femme qui connaissait Jules sous cet angle et j’étais consciente de la chance que j’avais de pouvoir me dire qu’enfin il était mien.
Nous nous étions levés, sans vraiment savoir où le vent allait nous porter, cependant l’un face à l’autre, nous n’avions pas vraiment bougés, je le regardais, posant mes mains sur ses bras, lui demandant si la prochaine étape de notre relation c’était des poèmes ? Et j’avais l’intention de lui faire chier autant que possible ce soir, car si mon humour laissait à désirer, ma gaminerie était encore pire, dans ma tête, malgré mon QI, je n’étais pas très évoluée, surtout avec Jules, s’était encore pire. « Bonne idée, j'écrirais la suite de... comment tu l'avais appelé ? Si tu sais, ton chef-d'oeuvre. Jules & Angie, forever and ever ? Un truc du genre. » J’avais froncé les sourcils faisant une moue faussement triste, boudant du coin de la bouche. Alors il se rappelait de mon poème ? Je ne savais pas si c’était en bien ou en mal, mais je savais qu’à l’époque il avait certainement dû se fendre la poire à la lecture de ce récit qui m’avait bien prit trois longues heures d’écriture et de recherches pour trouver des rimes posées très justement. « Jules and Angie forever 'caus that’s never gonna be a game over. » Puis je posais ma main sur mon menton, faisant semblant de réfléchir très longuement, ce poème j’avais passé tellement de temps dessus que j’aurais pu vous le réciter la tout de suite, je relevais la tête vers mon Yang, le fixant du regard. « Jules le jour et Jules la nuit, mon esprit est conquis par la personne qu’on me décrit, un visage d'ange, des pensées sombres, ce n'est pas qu'un souvenir perdu, dans l'ombre. » Il avait mit sa main sur son cœur comme si je lui chantais l’hymne anglais, quel patriote ! Je ne pus m’empêcher de lui taper sur le buste, le repoussant un peu. « J'en suis encore tout ému, tu sais. » Je boudais, vraiment, grognant un peu. « T’en as fais quoi d’ailleurs ? » Je ne lui laissais pas trop le temps de répondre, j’avais essuyé la terre qui s’était logée sur mon jeans foncé et j’avais sauté sur son dos. Il avait poussé un gémissement, j’en avais conclu que je n’avais plus les cinquante kilos de mes seize ans, à l’époque où il pouvait me porter sur son dos de chez nous au skate park, là il semblait peiner à marcher, il ne fit d’ailleurs pas beaucoup de pas, quelques mètres avant de s’accroupir pour me lâcher. « Si tu me prends par les sentiments » Il m’avait regardé longuement, scrutant chaque traits de mon visage, je pouvais lire un peu d’incompréhension sur son visage, il ne semblait pas chaud pour ce tatouage, enfin surtout pour que JE me fasse tatouer, il savait que j’étais une chochotte et qu’il allait certainement devoir me tenir la main lorsque l’aiguille encrerait ma peau encore nue. Il roula les yeux au ciel et sortit son smartphone pour chercher très rapidement un tattoo shop ouvert à cette heure si tardive. Nous nous mirent enfin en chemin, il me tenait contre lui, aussi fortement qu’il pouvait, il était vrai que les ruelles d’un Londres qui ne dormait pas la nuit pouvait faire peur, encore plus quand nous nous approchions de lieux malfamés. Il y avait une bande de mecs qui n’arrêtaient pas de nous suivre du regard, il avait suffit que Jules tourne la tête pour qu’ils aient comme peur, malgré son physique très squelettique, son regard en disait long, je restais collée à lui et puis comme pour détendre l’atmosphère je le regardais, tandis qu’il fixait son portable. « Tu sais tout ça … Est-ce que ça veut dire que tu vas m’appeler bébé ? Que je pourrais t’appeler bébé aussi et que sur Facebook on passera de 'célibataire' à 'en couple' ? L’idée que tu puisses m’appeler bébé me plait. » J’avais rigolé, car si je semblais partie pour une blague l’idée me plaisait quand-même, bon Facebook ça pouvait bien attendre je haïssais devoir mettre en pâture ma vie privé sur les réseaux sociaux, mais en privé il pouvait me nommer comme bon lui semblait, Angie, Angèle, Angélique même dans le pire des cas, c’était too mainstream à présent. ‘’Change moi de surnom mon bb ‘’ avais-je pensé et puis je souriais, car je savais qu’il allait trouver ça stupide et qu’une remarque s’en suivrait très certainement.
Finalement nous arrivâmes devant le tattoo shop, la pancarte sur la devanture indiquait bien que c’était ouvert. Jules, gentleman à souhait, m’ouvrit la porte, une fois que nous nous étions annoncé au shop, c’était devenu sérieux. « Qu’est-ce que je peux pour vous les jeunes ? » Son corps n’avait plus une seule parcelle de peau encore vierge, l’homme qui se trouvait en face de nous devait avoir dix ou quinze ans de plus et au vu des dessins qui ornaient les murs, il semblait effectivement exercer cet art avec distinction. « Et bien on aimerait se faire tatouer nos prénoms derrière l’oreille. » Il arqua un sourcil, mâchant disgracieusement son chewing-gum qui faisait un bruit immonde. Il nous conviait à choisir une écriture, à vrai dire j’avais fais presque tout le travail, Jules n’en avait qu'à faire, sauf au moment où il a proposé qu'on ajoute en dessous du prénom le signe du yin et du yang, je l'avais félicité pour l'idée géniale même si la drogue semblait l’aveugler, était-il au courant qu’il allait m’avoir dans la peau ? L’idée, elle aussi, me plaisait. Une fois ‘’Jules’’ et ‘’Angie’’ écrits avec une belle calligraphie et ajustés pour que cela soit faisable derrière nos oreilles, le tatoueur nous regarda une dernière fois. « J’veux pas vous faire peur, mais les tatouages d’amoureux c’est la pire idée qui soit, sérieux les jeunes. » J’étais assise sur la chaise, m’étant désignée la première à passer sur le billard, il préparait son aiguille. Je regardais Jules, il me souriait, nous étions sur la même longueur d’onde. « Ah mais pas du tout, c’est mon frère … Il est atteint d’une leucémie et je veux l’avoir dans la peau pour toujours avant qu’il meurt. » Le tatoueur semblait très idiot sur le coup, je faisais semblant d’être triste, ne regardant Jules sous aucun prétexte, pour éviter un fou rire. L’artiste en face de moi ne semblait plus savoir quoi dire. « Bon on commence ? Le temps est compté vous savez … » J’avais caché un sourire idiot dans mon écharpe, avant de la retirer pour m’allonger sur le côté, tandis que Jules près de moi, supervisait la scène pour que je ne me retrouve pas avec le prénom ‘’Bernard’’ tatouée près de l’oreille. L’aiguille approchait de mon oreille, le bruit était assourdissant et des frissons envahirent mon corps. « Oh putain …. Oh putain … C’est pire que ce que j’imaginais. » J’avais serrée les dents et je souffrais, pas en silence certes, mais franchement je regrettais presque l’idée que j’avais eu un peu plus tôt, mais qu’importe, j’allais me retrouver avec Jules sur moi, pour toujours et cette idée, noyée dans mes milles autres idées, était celle qui me plaisait le plus. J’avais tendu ma main attendant sagement que la sienne se pose dans la mienne, c’était une scène presque incestueuse pour le tatoueur qui nous regardait d’un mauvais œil, manquerait plus que Jules m’embrasse avant de partir du shop et c’était gagné.
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(✰) message posté Dim 1 Mar 2015 - 21:24 par Invité
je crois que je ne t'aime plus, elle m'a dit ça hier. ça a claqué dans l'air comme un coup de revolver ☇ Victorieuse, pleine de joie, les yeux qui brillent. Non, non, tu m’aimes …. Tu m’aimes Abberline. corrigea-t-elle d'emblée. Jules la regarda une seconde. Je l'aime... Je l'aime. Se répétait-il dans sa tête comme pour se le faire comprendre à lui-même. Car même si au fond il l'avait toujours su, depuis le premier jour, jamais il n'avait voulu l'admettre. L'amour ce n'était pas fait pour lui, l'amour ça finit au fond d'une baignoire, mort, froid. L'amour n'avait plus eut sa place dans le foyer Abberline depuis des lustres. Jules ne savait ni l'exprimer, ni le vivre. Il se sentait à poil, là, face à une Angie qui fanfaronnait. Tu m'aimes Abberline. Répétait-elle. Jules eut un petit sourire. Je l'aime. Se disait-il encore. Son estomac se tordit, soudain pris d'angoisse. Il avait de plus en plus l'impression d'être à poil. Il se souvenait parfaitement, dans l'un de ses lycées, avant même de connaitre Angie, il s'était battu avec un type et dans la bagarre, ce mec avec déchirer le t-shirt qu'il portait découvrant au yeux du monde entier son torse blanc, squelettique et surtout, couvert de bleus, d'hématome sur les cotes et son dos qui portait les marques de coup de ceinture comme son père aimait tant à l'époque. Le type contre lequel il se battait s'était arrêté aussitôt et on avait dévisagé Jules, tous, avec un regard entre la pitié et la peur. Jules avait l'impression d'être complètement mis à nu, encore une fois. Il s'était perdu dans ses pensées, la drogue aidant à le faire bader complètement.
Mais Angie le sortit bien vite de ses pensées, lui demandant si la prochaine étape était les poèmes ? Jules secoua la tête, quittant ses mauvais songes et se mit à rire. Il se revoyait parfaitement entrain de lire ce fameux poème, le chef-d'oeuvre de la petite Angie. Il tentait en vain de se souvenir des paroles, des rimes, du titre. Angie s'en souvint pour deux : Jules and Angie forever 'cause that's... Comme pris d'une révélation, Jules termina le titre avec Angie, d'une même voix : never gonna be a game over ! Oui c'est ça ! N'empêche qu'elle avait eut raison, ils en étaient toujours ensemble des années plus tard, même après tant de temps sans se voir ni se parler. Jules savait que ça durerait toujours, il l'avait su dès qu'il l'avait rencontré, il avait continué à le savoir à Oxford, loin d'elle, ou dans sa bagniole quand il retournait à Londres juste pour pouvoir jeter un oeil sur elle.. Et puis il l'avait encore su quand il était revenu, qu'il l'avait revu, qu'il avait essayé de se convaincre qu'il valait mieux qu'ils se séparent pour de bon. On ne sépare pas l'inséparable. Jules et Angie étaient collés l'un à l'autre tellement fort, c'était comme s'ils avaient fondu l'un dans l'autre. Putain, c'est beau ça. Jules se promit de retenir une telle phrase pour la replacer dans une de ses chansons, à l'occasion. Et en parlant de belles phrases, Angie se permit une petite récitation : Jules le jour et Jules la nuit, mon esprit est conquis par la personne qu’on me décrit, un visage d'ange, des pensées sombres, ce n'est pas qu'un souvenir perdu, dans l'ombre. Jules se mit à rire dès qu'il entendit les premiers sons, tapant le sol de la main tellement il trouvait ça drôle. Bon, sans offense pour Angie bien sûr. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas les poèmes. Il était musicien, il en écrivait autant qu'elle sauf qu'il les chantait après. C'est juste, elle était tellement jeune quand elle avait écrit ça. A l'époque, c'était tellement clair leur relation. Elle était folle de lui, et lui.. lui il était Jules quoi, il se fichait d'elle il l'embarquait sous le bras quand il en avait envie et ensuite il l'ignorait. Il était libre, il était bien, il n'avait pas de responsabilité. Les meilleures années de sa vie, sans doute. Et puis on ne connaissait que trop bien la suite, comment tout ça avait dérivé, comment leur histoire avait tourné. Pour finalement se retrouver là, dans ce cimetière à s’avouer leurs sentiments jusque là inavouables. Finalement, et malgré qu’il était très confortable qu’elle l’aime sans pour autant l’aimer en retour, Jules avait fait ce grand saut, s’était ouvert le torse comme lors d’une autopsie, lui avait donné ses tripes, son âme. Je t’aime Angie, et je continuerais de t’aimer pour les cent-cinquante ans à venir. Enfin, Angie se demandait, tout en levant son popotin de la terre, ce que Jules avait bien pu faire de ce poème. Il haussa avec nonchalance les épaules. Aucune idée, à vrai dire. J’ai dû le perdre pendant le déménagement à Oxford. avoua-t-il sans trop de remords. Ce déménagement avait été si soudain d’un côté, complètement à l’arrache, en une nuit toute la famille avait disparu. Tu m’en écriras un nouveau. proposa-t-il avant qu’Angie ne lui saute sur le dos.
Ils avaient disparu dans la noirceur de la nuit avec la tronche de ces jeunes qui s’apprêtent à faire une connerie, trainant dans des coins pas très conseillé. Angèle avait encore une fois proposé une idée stupide. Aussi stupide que pouvait être le fait de balancer toutes les cartes dans un lac ou bien de faire une bataille de boule de neige à moitié à poil. Jules avait suivit, comme à son habitude. Il ne disait pas souvent non aux idées un peu folles d’Angèle. C’est ce qui faisait le charme de cette poupée, dirons-nous. Alors voilà, ils étaient partis pour se faire tatoué, bien que ni l’un ni l’autre n’ait l’esprit très clair. Et si pour Jules cela ne faisait que quelques gouttes d’encre de plus dans sa peau déjà couverte de tatouages, Angie elle, était encore vierge dans la matière. Jules n’était pas très sûr que c’était une bonne idée, même si dans sa tête ça ne semblait pas faire « tilt, alerte, stop, on fait de la merde ». Mais d’un autre côté, il ne pouvait pas nier la satisfaction qu’il avait qu’elle saute le pas du tatouage pour lui, avec lui. Elle qui avait déjà tout découvert à ses côtés, ce n’était qu’une connerie de plus dans laquelle Jules l’avait poussée avec le sourire, après tout. Enfin bref, ils entrèrent dans le tattoo shop, accueillie par la gueule d’évadé de prison accro aux aiguilles qu’était le gérant de ce lieu. Jules lança un coup d’œil expert autour de lui. Il était habitué à ce genre de lieu, il avait fréquenté des tonnes de tatoueurs différents, parfois des potes à lui, parfois il s’était tatoué tout seul, parfois des inconnus, parfois des salons réputés. Ici, ce n’était pas le grand luxe mais les dessins et les photos qui ornaient les murs semblaient légitimer le professionnel qui se trouvait en face d’eux. Jules hocha la tête, comme pour approuver leur choix. C’est après cela qu’Angie se lança en annonçant la couleur. Des tatouages accordés, pire encore, des tatouages de prénom. L’évadé de prison –alias le tatoueur- semblait être dépité. Nul doute qu’il préférait tatouer le Diable chevauchant une Harley Davidson plutôt que des tatouages d’amoureux. Mais il ne se fit pas prier et commença à parler graphisme avec Angèle. Jules quant à lui, les entendait parler sans pour autant les écouter. Il faisait quelques pas dans le tattoo shop et regardait autour de lui, les photos des clients satisfaits de leur tatouage, les dessins, les déco tête de mort et tout le tintouin habituel d’un tatoueur. Tatoueur, c’était peut-être une bonne idée de travail honnête. Jules aimait ça, savait dessiner… Peut-être qu’au final, il pourrait faire quelque chose de sa vie. Autre que la musique, milieu dans lequel soyons honnête il ne percerait jamais. Autre aussi que les petits deals de marijuana et de coke. Angie deviendrait pharmacienne, elle ramènerait des pilules, peut-être même en fabriquerait-elle avec le prof de galénique… Qui sait ? Jules était perdu dans ses pensées, perdu tout court en fait. La drogue descendait doucement, l’euphorie en tout cas tout cas était passé. Maintenant il avait seulement les idées complètement en vrac. Il était en vrac. Il essayait de trouver de la logique dans cette soirée. Il essayait de se faire une sorte de frise chronologique dans son esprit mais tout restait incroyablement vague. Il se revoyait entrain de chanter The KKK took my baby away chez Elliot, puis à la rave, puis entrain d’embrasser la poupée Barbie, puis entrain de s’engueuler avec Angie, de faire un bad trip avec elle, de se disputer, encore, puis sur le chemin du cimetière, puis sniffant de la coke… Jules tentait de trouver de la logique, en vain. C’est à ce moment-là qu’on lui demanda son avis sur l’écriture qui semblait être choisie par Angèle. Jules haussa les épaules, d’un air égal, avant de dire que c’était bien. Et puis il proposa, calmement : On pourrait aussi rajouter le signe du yin et du yang, en petit en dessous. Angèle semblait fan de l’idée, le tatoueur semblait de plus en plus dépité. Enfin, le tatoueur fini son dessin et le reporta à l’endroit choisi par chacun, derrière l’oreille comme Angie l’avait suggéré plus tôt, sous l’emprise de la coke. C’est lorsque notre couple de toxico se regardèrent dans le miroir que l’évadé de prison sembla être prit de remord. Il ne pu s’empêcher de les avertir que des tatouages de couples, c’était la pire erreur qu’un humain puisse faire. Jules eut un petit sourire, contraint d’admettre que ce tatoueur avait raison. Tout le monde se dit que c’est une belle connerie de faire ça. Mais Jules et Angèle, ils aimaient faire des conneries. Et puis, on ne pouvait pas vraiment les qualifier de couples, non. Ils étaient plus que ça. Le yin et le yang, leurs âmes étaient tellement liées l’une à l’autre que parfois, on avait l’impression qu’elle n’en était qu’une. Jules avait Angie dans la peau si profondément, un tatouage ne changerait rien. Et puis, des tatouages il en avait plein. Cependant, Angie se sentit obligé de démentir, trouvant une autre idée bizarre pour justifier un tel tatouage. Ah mais pas du tout, c’est mon frère … Il est atteint d’une leucémie et je veux l’avoir dans la peau pour toujours avant qu’il meurt. Déclara-t-elle alors. Jules se mordilla les lèvres pour s’empêcher de rire. Frère et sœur, c’était ridicule. Stupide même. Cependant ça semblait passer. Surtout que Jules joua le jeu et se mit à avoir un air épuisé, comme frappé par la maladie d’un éclair, et puis, fataliste, il haussa simplement les épaules et déclara : Il faut bien mourir un jour. Autant que ça soit avec un putain de tatouage pour que j’emporte un peu de ma sœur chérie jusque dans ma tombe. Le tatoueur, qui semblait mal à l’aise depuis, fit une sorte de sourire tordu et acquiesça, ne se sentant pas de contredire un mourant. Ainsi, Angèle prit place la première sur le fauteuil du tatoueur tandis que l’évadé de prison préparait ses instruments. Jules se posta à côté d’elle, prétextant une fatigue soudaine du à son cancer, le tatoueur était allé lui chercher un tabouret pour qu’il puisse resté à côté de sa « sœur ». Il sortit une cigarette, la montra au tatoueur. Ca vous dérange pas hein ? Vous savez, ça m’aide à me détendre. Un des seuls plaisirs qu’il me reste… encore une fois, le tatoueur n’osa pas dire non. Le laissant enfin préparer ses aiguilles, Jules se pencha vers Angèle et lui chuchota à l’oreille : Je crois que je vais dire à tout le monde que j’ai un cancer, les gens sont trop cool quand ils savent que tu vas crever. Il eu un petit rire et puis alluma sa cigarette. Angèle, quant à elle, ne semblait pas très rassurée. Jules lui tendit sa cigarette pour la détendre un petit peu, puis tenta de la rassurer. Ca fait pas si mal tu sais, et puis au bout d’une ou deux minutes t’es tellement endolorie que ton corps se met en état de choc et tu sens plus rien. Il lui fit un grand sourire, comme si ce qu’il venait de dire était rassurant. Ca semblait plus effrayant qu’autre chose, surtout qu’il ne pu s’empêcher de préciser. Tu me diras, j’en ai jamais fais vers le crâne… Ca doit faire mal quand même. Après ça, il haussa les épaules. Ca ne pouvait pas faire plus mal que les côtes, si ? Jules eut rapidement la réponse quand le tatoueur se mit enfin à tatouer. Angie sursauta, et puis se mit à couiner comme un animal qu’on torturait. Ce qui, évidemment, fit rire Jules. Chochotte ! se moqua-t-il toujours en fumant tranquillement sa cigarette, laissant Angie tirer quelques taffes de temps en temps. De plus, alors qu’Angie semblait avoir de plus en plus mal, d’un coup, Jules ouvrit grand la bouche, se plaça sa main libre devant, soudain pris de panique. Oh merde… Angie commençait à s’inquiéter, demandant ce qui se passait. Jules fixait se tatoueur tout en riant nerveusement. Le tatoueur quant à lui, jeta un coup d’œil à Jules, se demandant à quoi il jouait. Angie, je suis désolé… Franchement, non mais t’inquiète pas, il va rattrapé le truc… Et voilà, Angèle paniquait de plus en plus, le tatoueur avait arrêté sa machine, Angie demandait ce qui se passait, Jules continua dans son délire : Et puis, quand t’auras les cheveux détachés, ça ne se verra même pas. Suffit de plus jamais te faire des queues de cheval… ou des chignons… ou quoi que se soit en fait. Angie était totalement désespéré, n’arrêtait pas de réclamer un miroir pour voir ce qu’on lui avait fait. Jules éteignit sa cigarette, tout en disant qu’il était préférable qu’elle ne voit pas maintenant le massacre. Mais elle l’exigeait. Le tatoueur finit par se lever, tranquillement, et apporter un miroir. Quand il lui tendit, Angie scruta son nouveau tatouage pendant de longues minutes. Rien ne clochait. Quand elle comprit –enfin- que Jules le faisait marcher, ce dernier éclata de rire. Si t’avais vu ta tête ! C’est au moment où elle lui tapait dessus avec ses petits poings inoffensifs que Jules se mit à rire davantage, tout en déclarant, très solennellement. Hey ! On ne tape pas sur un cancéreux ! Cela calma légèrement Powell. Non, vraiment, fallait qu’il fasse croire qu’il avait vraiment une maladie incurable, c’était le pied ! Angie se leva de la chaise et s’admira de plus près dans la glace tandis que Jules s’installait à son tour tout en déclarant : Félicitations soeurette, tu es dépucelée du tatouage ! Ce fut rapidement le tour de Jules. Il n’était pas craintif, il avait ressenti cette douleur tellement de fois. Et peut-être avait-il un côté maso –sûrement en fait- mais ça ne le dérangeait pas. Il aimait ça, il aimait les tatouages, il aimait l’aiguille. Il se laissa donc faire, non sans serrer les dents. Force et de constater qu’effectivement, des tatouages sur le crâne, ça faisait plus mal que les autres. Il demanda à Angèle une autre clope, qu’elle lui faisait fumer comme lui l’avait fait fumer quand c’était son tour. Il n’arrêtait pas de lui dire de se taire dès qu’elle essayait de faire une vanne. Et puis, on lui déclara que c’était terminé. On lui apporta un miroir, il regarda longuement le tatouage. J’t’ai dans la peau, j’t’ai dans la tête. Jules sourit en le regardant, il l’aimait bien, son petit nouveau. Saphyr allait faire un infarctus quand elle allait voir ça. Poppy trouverait sans doute ça génial, Jo se foutrait de sa gueule, Savannah trouverait ça ridicule, et Curtis… Curtis il se retiendrait de pleurer, sans doute. Jules eut un sourire satisfait. Et bah c’est parfait. commenta-t-il. Et puis, il jeta un regard à Angèle, se leva tranquillement tout en récupérant leurs affaires. Il attrapa la main de sa compagne de mauvaise fortune et commença à marcher tranquillement à reculons, vers la sortie. Par contre, vous comprendrez que pour un type bientôt mort, l’argent c’est pas ce qui coule à flot. Entre l’avance qu’on à faite pour le cimetière, la gravure de la pierre tombale… tout ça… Trois, deux, un… Jules ouvrit à la porte à la volée, y poussant Angie. COURS ! Hurla-t-il. Et il lui emboîta le pas. Non pas que Jules n’avait pas assez pour payer, simplement, pourquoi pas hein ? Un tatouage-basket, c’était encore du jamais fais. Les voici donc, tous les deux, entrain de courir dans les rues mal famées de Londres, avec le cou, toute la nuque et le crâne en feu à cause du tatouage encore récent.
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(✰) message posté Jeu 5 Mar 2015 - 22:57 par Invité
« … never gonna be a game over ! Oui c'est ça ! » Il s’en était rappelé, malgré les années qui étaient passées sur ce poème il s’était rappelé des paroles les plus importantes et surtout les plus vraies. Car malgré tout, tout ce qui nous était arrivés nous étions réunis à nouveau pour le meilleur et très certainement pour le pire, alors je m’accrochais à son bras comme s’il allait disparait et puis finalement nous nous étions retrouvés devant ce salon de tatouages, la première question que je m’étais posée, avant même d’y mettre les pieds c’était de savoir si nous n’allions pas choper une putain de maladie de la peau, oui, parce qu’en bonne chochotte que je suis j’avais la peur panique des germes et de toutes sortes de maladies, je me désinfectais les mains minimum trente huit fois par jour, alors l’idée de me savoir me faire tatouer avec des encres impures ou du matériel qui n’aurait pas été préalablement stérilisé me rebutait, cependant je tournais la tête vers Jules et je me souvenais qu’il lui arrivait de se faire des tatouages à lui-même comme un grand avec une aiguille et de l’encre de chine alors il ne pouvait pas m’arriver pire, je gardais donc cette question pour moi, le tatoueur me sortit bien vite de mes pensées, quelques minutes plus tard nous avions décidé quoi faire, c’était sans compter sur le bon conseil de celui-ci, évidemment il fallait que je justifie notre acte, de la meilleure façon qui soit : frère et sœur, le tatouage passait donc mieux aux yeux de l’homme en face de nous. « Il faut bien mourir un jour. Autant que ça soit avec un putain de tatouage pour que j’emporte un peu de ma sœur chérie jusque dans ma tombe. » Je retenais l’air dans mes joues, je ne ressemblais plus vraiment à une belle jeune femme, mais plutôt un hamster obèse, car je savais qu’au moment où j’allais ouvrir ma bouche c’était un rire qui y serait sortit et puis je regardais Jules, en évitant ses yeux, mais il faisait si bien le malade qu’on aurait pu y croire, franchement c’était une scène à mourir de rire, seul moi et lui pouvions comprendre notre idiotie passagère et puis il rentrait dans le jeu sans peine. Quelques minutes plus tard j’étais allongée sur la table avec Jules qui fumait, jetant presque ses cendres sur mon visage, on aurait dit un parfait petit apprenti tatoueur leucémique sans compter qu’il me susurra à l’oreille que le fait de se faire passer pour un malade c’était carrément le pied, je retournais ma tête l’espace d’un instant pendant que le tatoueur préparait son matériel. « Arrêtes de faire ta Louise, sinon tu seras obligé de m’écrire une lettre avant de claquer. » La comparaison était mal placée et de mauvais gout, mais je n’en avais que faire, car si j’aimais ma mère au plus profond de mon être je trouvais l’idée de la lettre plus ou moins étrange, mais plein d’amour, alors s’en était pardonnable. « Let's go ! » Je n’eus pas le temps de faire signe au tatoueur pour lui dire que j’étais prête, il avait déjà posé son aiguille derrière mon oreille, la douleur était intense, horrible même, pire qu’une première injection à l’héroïne, pire que n’importe quel autre sensation en fin de compte. Jules me rassurait comme il pouvait, enfin si on pouvait appeler ça rassurer. « Ca fait pas si mal tu sais, et puis au bout d’une ou deux minutes t’es tellement endolorie que ton corps se met en état de choc et tu sens plus rien. » Je fronçais les sourcils, il était sérieux ? Non, parce que j’aurais milles fois préférée qu’il me mente et qu’il me dise que ça ne faisait vraiment pas mal du tout, peut-être que j’aurais moins senti la douleur ? Mais là j’avais l’impression qu’on m’ouvrait le crâne à vif, sauf qu’il était trop tard pour faire marche arrière alors je prenais mon mal en patience, mais il fallait qu’il en rajoute une couche, il savait à quel point j’étais une chieuse et une trouillarde surtout ! « Oh merde… Angie, je suis désolé… Franchement, non mais t’inquiète pas, il va rattrapé le truc… Et puis, quand t’auras les cheveux détachés, ça ne se verra même pas. Suffit de plus jamais te faire des queues de cheval… ou des chignons… ou quoi que se soit en fait. » Je soupirais longuement, le tatoueur ne s’était pas arrêté, l’adrénaline avait envahi tout mon être. « Ta gueule, ta gueule Jules, j’te crois pas … » J’essayais péniblement de me faire croire que je ne le croyais pas, mais j’étais à deux doigts de pleurer et ma tête en disait long, tandis que lui, il ricanait, comme un diable. Je m’étais alors presque levée de force, quand le tatoueur me plaqua une nouvelle fois contre la table ok message compris … alors je restais là, l’air mourante, inanimée, à imaginer une horreur sans nom dessinée derrière mon oreille. Quand le moment le plus long de ma vie fut passé j’exigeais un miroir au tatoueur, complétement hystérique, celui-ci, d’un air nonchalant me le tendit. Trois longues minutes s’étaient écoulées dans le silence et le tatouage était tout simplement parfait, je me retournais vers Jules avec ma tête des mauvais jours et je le frappais doucement. « Si t’avais vu ta tête ! Hey ! On ne tape pas sur un cancéreux. »
J’avais grognée, boudée, flippée, bref, j’étais passée par toutes les émotions du monde avant de me dire que c’était à présent à mon tour de tanner mon cher et tendre qui était allongé sur la table. « On peu rajouter ‘’Angie la plus sexy’’ ? » Le tatoueur, n’avait même pas rigolé à ma blague Jules non plus d’ailleurs, à croire qu’ils étaient père et fils. Et puis son tour commença, il serrait les dents et je le faisais fumer, comme lui m’avais fais fumé auparavant. « Non, mais sérieux, je suis sûre que y’a de la place, t’as une si grosse tête. » J’avais rigolé à ma blague et j’étais bien la seule, Jules me disait de la fermer, mais je ne pouvais cesser de rire à croire qu’il nous avait tatoué avec de l’encre hilarante. « Et bah c’est parfait. » C’était vrai que nous tatouages étaient parfaits, ils était parfaitement parfait, rien n’était plus parfait que cette perfection. Je souriais à Jules de toutes mes dents, même si je ne sentais plus le côté gauche de mon visage ça en valait largement la peine. « Faut faire cicatriser avec cette crème, appliquez là deux fois par jour en fine couche. » J’avais récupéré le petit cornet que l’homme en face de nous nous tendait avec les deux fameuses crèmes cicatrisantes. « Alors ça fait 500 pounds en plus des crèmes. » La main glacée de Jules vint se greffer dans la mienne et je savais pertinemment où cette main de malheur allait nous mener, je le connaissais si bien qu’il avait suffit d’un contact physique pour rentrer dans sa tête. « Par contre, vous comprendrez que pour un type bientôt mort, l’argent c’est pas ce qui coule à flot. Entre l’avance qu’on à faite pour le cimetière, la gravure de la pierre tombale… tout ça… » Nous marchions à reculons et je regardais Jules l’air de dire ‘’STOOOOOOP’’, mais quoi que je puisse dire sa décision était prise. « COURS ! » Ni une ni deux je me retrouvais à suivre Jules, qui avait déjà quatre longueurs d’avances sur moi avec ses longues jambes, je m’étais retournée pour voir si le tatoueur n’avait pas une arme qu’il aurait pu pointer sur nous, mais au lieu de ça, deux jeunes hommes -pas très commodes et certainement ses acolytes- nous suivaient avec rapidité, nous insultants de tous les noms d’oiseaux possibles et inimaginables. Toutes les cinq secondes je regardais derrière moi, ils ne cessaient pas de nous courser et Jules semblait loin devant moi, le salaud ! J’allais prendre cher si je n’accélérais pas, alors je mis mes dernières forces et je courrais plus vite, puis comme dans les mauvais films, j’étais face à une grille trois fois plus haute que moi, Jules m’attendais de l’autre côté, me disant de me presser, mais à ma connaissance je n’avais jamais encore escaladé un fucking grillage, mais je n’avais pas le choix. « Putain mais t’es vraiment con, ma parole. » Ces mots étaient clairement destinés à mon amant, je commençais à grimper le grillage, lorsque je fus presque à la moitié je retombais aussi vite comme une crêpe, m’éraflant les deux genoux au passages, déchirant mon jeans à cet endroit, le sang coulait à flot. Jules commença à paniquer et j’entendais les pas des deux hommes derrière moi. Je me relevais, un regard à droite : cul de sac, un regard à gauche : une allée très mince, tellement mince que même une feuille de papier n’aurait pas pu y accéder, mais c’était ma seule option. Alors je regardais Jules puis je pris la décision de m’engouffrer la dedans retenant ma respiration et priant pour que mon régime m’ai fait perdre au moins deux ou trois kilos. Les deux mecs se présentèrent devant le grillage, j’avais fermé les yeux, arrêté ma respiration et puis lorsque je les rouvris, ils étaient partis. Jules était repassé de l’autre côté et je quittais ma petite grotte de fortune. « Bon bah, les jeans déchirés ça reviens à la mode alors ça va … » Disais-je tout en me frottant les genoux, je ne lui demandais même pas pourquoi il n’avait pas voulu payer ou pourquoi il ne m’avait pas laissé payer, car la question ne se posait pas, la réponse était déjà toute faite : l’insouciance, il était parfois con Jules, mais je l’aimais comme ça, alors l’insulter de tout les noms n’aurait servi à rien et puis je n’avais pas le cœur à insulter celui que j’avais à présent dans la peau.
Je lui souriais, m’allumant une clope au passage, qu’il s’empressa de me piquer puis je mis mon bras autour de sa taille, marchant vers un lieu que je connaissais bien. « Reste là deux secondes, j’arrive. » Il ne rechigna pas, j’avais mon rendez-vous habituel avec mon dealer, pour prendre ma dose d’héroïne, dose que je dupliquais par deux, car nous avions un invité et pas n’importe lequel, il s’agissait de Jules, puis nous nous mimes à nouveau en route vers un lieu que j’appréciais la nuit venu, le bord du lac, assis sur un banc. « J’te jure que cette fois on ne va pas se baigner. » Remettant la frange qui dérangeait ma vu, je regardais Jules dans les yeux, sans manquer de l’embrasser, encore et encore, ses lèvres étaient enivrantes et je ne pouvais pas les quitter. « C’est comment Oxford ? J’veux dire … Tu veux pas quitter Londres ? J’ai toujours rêvée de voyager, tu sais pas avoir de lieu fixe … Maintenant avec mon diplôme en poche et toi, j’men balance de rester ici ou pas, rien ne me retiens. » C’était une espèce d’invitation, Paris, Genève, Lisbonne, New-York, toutes ces grandes villes qui n’attendaient que notre venue. « Enfin bon … Ce soir on va se contenter de voyage comme on sait bien le faire … » Je sortis de ma poche mon briquet, une cuillère, une solution physiologique, une petite boule de coton que je formais très vite entre mes doigts, un peu d’acide ascorbique et la fameuse héroïne. Dans la petite cuillère je mélangeais l’eau avec l’héroïne et l’acide ascorbique que je faisais fondre, puis dans cette cuillère j’y mis la boule de coton dans laquelle je plantais la seringue en tirant le mélange, faisant de même avec la seconde seringue et je relevais enfin les yeux vers Jules. « Droit, gauche ? Lequel tu t’injectes d’habitude ? » A vrai dire, même si cela faisait quelques mois que je revoyais Jules, je n’avais pas compris qu’il n’avait encore jamais fait d’injection, j’étais certaine que depuis tout ce temps il était déjà passé par la, tout comme moi. N’attendant pas sa réponse je remontais la manche de son bras droit, mais il semblait me résister. « Tu me fais quoi là ? » Je fronçais les sourcils, le fixant droit dans les yeux, tandis que je sentais presque le sang de mes genoux former une croute de sang qui tirait ma peau.
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(✰) message posté Ven 6 Mar 2015 - 21:36 par Invité
je crois que je ne t'aime plus, elle m'a dit ça hier. ça a claqué dans l'air comme un coup de revolver ☇ Ils courraient, sans s'arrêter. Jules riait tout en criant à Angie des encouragements, ou plutôt des sortes d'insultes destinées à la faire courir plus vite. Derrière eux, deux armoires à glaces avaient prit leur suite. Cela ne faisait que faire battre le coeur de Jules plus vite, plus fort, répandre en lui l'adrénaline. Ce n'était pas la première fois qu'il essayait d'échapper à des types. Pas la première fois qu'il faisait un truc stupide, juste parce que ça lui traversait son crâne de piaf. Jules il ne réfléchissait pas, il faisait des trucs c'est tout. Et ça semblait marrant en théorie. En théorie seulement, malheureusement. Ca se finissait très souvent mal pour lui. Face contre le bitume ou bien derrière des barreaux pour une nuit. Cependant, sûr de lui, Jules prit un virage à gauche, au bout de la rue, un grand grillage. Il fonçait dessus sans s'arrêter, prit de l'élan, fit un bond et tendit les bras. En deux secondes il avait escaladé la barrière avec l'agilité d'un flic, ou d'un singe ça dépend des points de vue. Dès qu'il fut rétabli sur ses pieds et se retourna, regarda Angie courir. T'ES A LA TRAINE POWELL ! hurla-t-il en mettant ses mains de part et d'autres de sa bouche pour en faire un porte-voix. Elle arriva, essoufflée devant la grillage et alors que Jules la pressait davantage, elle commença à chouiner. Putain mais t’es vraiment con, ma parole. Jules lui offrit un très grand sourire avant de lever le majeur. En attendant, il était un con qui savait escalader un grillage. Allez, dépêche putain ! commença-t-il à s'inquiéter. Car mine de rien, les deux armoires à glace se rapprochaient de plus en plus. Angie commença donc à grimper d'un pas mal assuré. Jules tentait des encouragements qui au final se révélait être inefficace puisqu'elle s'écrasa à la moitié du chemin. Et merde. commenta Jules en la regardant se relever, les genoux ensanglantés. Angie semblait prise au piège. Jules se mordilla la lèvre et tenta de grimper à nouveau sur le grillage pour tendre une main pour aider sa bien-aimée, cependant, elle jeta un coup d'oeil autour d'elle et opta pour une allée étroite sur la droite. Jules se laissa donc retomber sur ses pieds et commença à courir à son tour pour aller se cacher derrière une grosse poubelle.
Ensuite, le danger semblait s’être évaporé dans l’air. La fumée noire annonciatrice de feu était devenue blanche. Le pire était passé. Les gorilles étaient rentrés. Jules se redressa de quelques centimètres laissant ses petits yeux bleus scrutés la rue par-dessus la poubelle. La voie est libre, il se releva donc tranquillement, respirant plus calmement. Jules se remit donc face à la grille, scrutant la petite ruelle dans laquelle s’était faufilée Angèle. Ca va Angie ? déclara-t-il à haute voix, pour bien se faire entendre et pour lui signifier que le danger était passé. Il émettait des petits rires qui se perdaient dans le calme de la rue. Ca faisait du bien, toujours, de faire des trucs cons. C’était un grand drame ça. Parce que les gamins comme Jules qui n’avait rien à faire de leurs journées, évidemment, ils tournaient mal. Parce que faire des conneries, c’était la seule chose qui leur restait. C’était comme ça que ça s’était passé pour Jules. C’était comme ça que ça se passait pour beaucoup de monde. Enfin, Abberline tendit les bras, et rapidement, il repassa le grillage et se réceptionna sur les deux pieds. A grand pas, il s’approchait de la ruelle dans laquelle Angie était cachée, elle fit son apparition à son tour. Ma parole, t’es trop nulle. Ce fut les premiers mots qu’il lui dit quand elle fut dans son champs de vision. Il se moquait gentiment, n’hésitant pas à renchérir : Un grillage quoi, la base ! Bah oui, quand on passe son temps à faire des conneries et à tenter d’échapper à des types ou des flics, savoir escalader un grillage, s’était primordial, c’était ce qui avait sauvé Jules plus d’une fois. Encore ce soir. Cependant, Angie elle s’inquiétait plutôt de son look. Tentant de se rassurer sur ses genoux ensanglantés et son jean déchiré, elle déclara que de toute façon, la mode revenait aux jeans déchirés ces derniers temps. Jules haussa les épaules. Ouais, elle avait sans doute raison. Elle s’alluma une clope, et comme si c’était normal, Jules la lui piqua des doigts pour tirer une longue taffe. Angie ne cherchait même plus à s’en défendre ou à s’offusquer. Naturelle, elle déclara alors : Reste là deux secondes, j’arrive. Jules fronça les sourcils un tiers de seconde avant vite comprendre ce qu’elle pouvait bien aller faire dans les parages à une heure pareille. Il la laissa donc partir sans en demander davantage. Lui, ils e contenta de s’adosser contre un des immeubles délabrés de la rue, savourant sa cigarette de la victoire et regardant à la lumière d’un lampadaire et dans l’écran de son téléphone si son tatouage se portait toujours bien. Angie revint rapidement, l’air satisfaite de son petit commerce et elle proposa d’aller dans un lieu plus calme. Rapidement, Jules se rendit compte qu’elle l’emmenait à nouveau au bord d’un lac. Je fais finir par croire que tu veux me noyer dedans ! fit remarqué le tatoué. Angie plaisanta, certifiant qu’elle ne souhaitait pas se baigner ce soir. Jules secoua la tête de gauche à droite, n’importe quoi cette fille-là. Ne pouvait-elle pas profiter simplement d’un appartement, comme tout le monde ? Non il fallait toujours qu’elle l’emmène dans des coins tordus. Peu importait, cela dit. Il y avait sans doute quelque chose à fêter ce soir. Les tatouages, les aveux, les retrouvailles, en quelque sorte. Tranquillement, Jules s’installa auprès de sa bonne amie de mal-fortune, fixant l’eau sombre, mais si calme. Il avait étendu ses longs bras le long du dossier du banc sur lequel ils étaient assis. Angie le regardait, toujours avec des yeux brillants. Jules la voyait du coin de l’œil, même si lui ne la regardait pas. Elle s’approcha pour l’embrasser, il se laissa faire tranquillement, passant ses doigts noueux dans la jolie chevelure de sa poupée. C’est comment Oxford ? J’veux dire … Tu veux pas quitter Londres ? J’ai toujours rêvée de voyager, tu sais pas avoir de lieu fixe … Maintenant avec mon diplôme en poche et toi, j’men balance de rester ici ou pas, rien ne me retiens. Jules ne la regardait toujours pas, il se contentait de jouer avec l’une de ses mèches de cheveux. Soudain perdu dans ses pensées. Comment c’était Oxford ? C’était différent, c’était… dur. Il eut une rapide pensée pour Jezabel , fugace. Et puis il y avait Saphyr qui s’était trouvé un copain, copain qui était devenu son fiancé, Johanna qui avait déserté, la colocation, la maladie de son père, la mort de son père. Mais tout ça n’était rien comparé à ce manque qu’il avait ressentit. Ce putain de déchirement au fond de son bide qu’il n’avait pu comblé que par autre choses, d’autres drogues, d’autres médocs. Le manque d’Angie. C’était nul. déclara simplement Jules. Lui voyager… Il s’en foutait. Il n’avait pas d’espoir de faire quelque chose d’intéressant dans sa vie. Mais partir de Londres ? Faire comme Johanna avait fait ? Lui aussi ça le brancherait, même si clairement il ne s’en sentait pas capable. Jules était un zonard, il ne voyait aucune horizon devant lui. Simplement la même routine puante, chiante et peu glorieuse qu’il avait depuis qu’il avait dix-sept ans désormais. Et puis à Londres, il y avait ses sœurs, son frère. Mine de rien, Jules n’avait jamais été capable de les quitter. Malgré tout le mal qu’il pouvait en penser, sa famille, c’était sa meute, son repère. Il ne savait pas s’il était capable de faire comme Johanna, de tout plaquer, de disparaitre pendant des années. Songeur, il se contenta d’hausser les épaules, d’un air égal avant de plaisanter : Faudra qu’on s’organise avec Cocaïne. Tu sais les chiens, ça supporte pas très bien les voyages. il eut un petit rire. De toute façon, Angie déclara qu’elle ne comptait pas voyager autrement qu’à leur habitude ce soir. Jules eut un petit sourire intéresser et se frotta les mains, impatient de découvrir ce qu’elle lui avait encore ramené. Son sourire eut vite fait de disparaitre.
Coton, cuillère, seringues… Jules eut un blocage de quelques secondes où il bada complètement. Il regardait Angie faire, sans que son cerveau ne réagisse. Et pourtant, il savait parfaitement ce qu’elle était entrain de faire. Pour avoir traîné avec Elliot un sacré paquet de fois, il avait déjà vu faire. L’héroïne, c’était comme ça que ça se prenait. Et Angie faisait ça avec une telle assurance dans ses gestes, elle semblait tellement habituée. Jules entrouvrit la bouche. Angie… déclara-t-il d’une voix à peine audible, tellement basse, tellement dans le vague que la poupée n’y avait même pas prêté la moindre attention. Jules se passa une main dans ses cheveux, soupirant longuement. Toute l’euphorie du moment était passée, avait disparue. Putain, l’héroïne. La seule limite, la seule barrière pour Jules. Il savait parfaitement ce que ça pouvait faire, ce que c’était. Il savait également que niveau dépendance et risque, on ne trouvait pas mieux sur le marché. Et puis, ce qui se sniffait, se fumait, s’avalait… ça ne faisait pas peur à Jules. Mais les injections… C’était une autre histoire. Alors il regardait Angèle faire, complètement sous le choc de cette découverte dont, bizarrement il ne s’était jamais préparé. Pourtant il savait bien qu’elle avait mal tourné sa poupée de porcelaine. Il savait qu’elle avait été brisée et qu’elle s’était reconstruite comme elle le pouvait ces quatre dernières années à coup de cachetons, et de rails, à coup de vapeurs toxiques… Mais pas à coup d’héroïne, non. Ca il n’y avait jamais pensé. Tout simplement parce que, même lui n’était pas allé jusque là. Et Angie n’avait jamais été plus loin que Jules. Jamais. Jules traçait le chemin et après elle suivait, c’était comme ça que ça fonctionnait, comme ça que ça avait toujours fonctionné. Sauf ce soir. Droit, gauche ? Lequel tu t’injectes d’habitude ? Jules sortit de ses pensées, sursautant à peine, il regarda Angie. Quoi ? il n’avait même pas entendu. Il se contenta de fixer les seringues. Un peu flippé, un peu choqué, surtout inquiet. Angie ne répéta pas sa question, et attrapa le bras de Jules tout en remontant la manche de sa veste en cuir. Jules la regardait faire, toujours sans réagir, jusqu’à ce que brusquement, il ne tente de se libérer le bras. Elle ne semblait pas comprendre, elle fronça les sourcils, et puis lui demanda ce qu’il faisait. Jules resta muet une seconde. C’est à moi de te poser la question. Finit-il enfin par dire. Elle semblait totalement désemparée, et l’interrogeait du regard. Jules se pencha en avant et attrapa à la volée les seringues. Elle devait pensée qu’il trouvait qu’elle les avait mal faite, ou bien peut-être avait-il repéré des bulles d’air ? Elle se laissa faire, mauvaise idée. Jules baissa tout de suite la manche de sa veste et se leva, les deux seringues dans les mains. Son cœur s’était accéléré. C’est Elliot qui t’as dit où trouver ça ? Hein, c’est lui ? Si j’le revois celui-là… Putain j’vais me le faire ! Oui parce que les dealers d’héro, ça ne se trouve pas dans l’annuaire et puisqu’Elliot était leur seul ami commun consommateur de cette substance, Jules était persuadé que c’était lui qui, pendant que Jules était à Oxford, avait poussé la belle à se mettre aux aiguilles. L’héro ? Sérieux ? Pourquoi tu peux pas… je sais pas… arrêter d’être une gamine excessive et avoir ne serait-ce qu’une limite dans ta vie ? L’héro ça te tue un coup sur deux, c’est.. merde même moi j’en prend pas. Même lui, il insista bien là-dessus. Lui qui lui avait tout appris, tout fait tester. Lui qui avait été le pire pendant des années, lui qui n’avait jamais eu peur de prendre quoi que ce soit… Ce soir quel choc de voir qu’Angèle, la jolie et si innocente Angèle, avait dépassé la limite qu’il s’était imposé. En fait, sa grande erreur était de penser qu’elle ne le ferait pas. Jules voyait encore Angèle comme sa poupée de porcelaine, il la voyait encore dans son uniforme de lycéenne et son brushing impec’ alors qu’aujourd’hui elle était tellement différente. Soudain autoritaire, Jules regarda Angie bien dans les yeux. J’te préviens, j’veux plus te voir faire ça. Pas toi. N’importe qui mais pas toi. Il ordonnait, et ça n’avait rien du couplet du petit ami inquiet, non, c’était plus… de l’énervement mal placé du type qui ne veut pas voir que sa copine va plus loin que lui. Et puis, bon, ok, Jules en mourrait s’il arrivait quelque chose à Angèle. Mais ça, il n’avait pas envie de le faire savoir.
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(✰) message posté Mar 10 Mar 2015 - 22:39 par Invité
Ce foutu grillage je n’avais pas réussi à l’escalader et dieu seul sait à quel point j’y avait mit toute mon âme, cependant le tout puissant en avait décidé autrement pour moi ce soir, mourir entre les bras de deux hommes armés jusqu’aux dents, c’était ma destinée, ainsi va la vie. Pourtant mon esprit plus rapide parfois que moi-même, comme s’il était une entité n’appartenant pas à mon être, avait fait en sorte que j’ai la bonne idée de tourner la tête pour m’engouffrer dans ce bout de ruelle. Jamais je ne remercierais assez la société actuelle qui veut des corps parfaits et qui m’avait donc mise au régime inconsciemment, les glaces du dimanche matins gout pistache et toute autre gourmandise qui se logeait dans mes fesses avaient étés châtiées de mon frigo il y a de ça bien longtemps. Blake me disait que si je continuais je finirais squelettique, mais il ne savait donc pas qu’une fille était sans cesse en perpétuelle recherche de perfection corporel ? Un cheveux de travers et la journée était fichue, sans même parler du pire : le regard des gens ‘’mon dieu il regarde mon gros cul, c’est certain’’. J’avais fermé les yeux et ma respiration ne se faisait plus entendre, mes mains posées contre ma bouche comme s’il s’agissait des mains d’un autre, me lacéraient presque les lèvres, je devais me faire violence pour ne surtout pas me faire remarquer, à cet instant je ne pensais à rien, enfin si peut-être à Jules (pour changer), je me disais que cet enfoiré aura au moins réussi une chose dans sa vie : Me tuer avec son amour tordu et me tuer tout court, quelle fin sordide m’attendait donc là ? « Ca va Angie ? » Sa voix avait retentie comme le dernier espoir, comme s’il était le sauveur de cette terre et qu’il venait sauver mon âme perdue. J’étais ressortis de la ruelle, me frottant les genoux, lui indiquant que la mode des jeans déchirés au niveau des genoux était à nouveau IN, car me contenter d’un ‘’ça va’’ ça aurait été bien trop simple comme réponse, il fallait toujours que je puisse satisfaire mon envie insatiable de différence, autant au niveau physique que psychologique. Il fallait que je crée MON personnage et qu’il ne ressemble à personne d’autre, j’étais cependant ni plus ni moins qu’un être humain et en fin de compte ces artifices qui nous rendaient différents, finissaient tous en un tas d’os enterrés, dans un cercueil pour les plus chanceux et dans un caniveaux ou sous un pont pour les plus démunis. « Ma parole, t’es trop nulle, un grillage quoi, la base ! » Me disait-il comme si escalader des grillages c’était sur le chemin de mon université, je tirais la gueule, car c’était bien la meilleure chose que je pouvais faire là, lui tirant la langue, si fortement qu’elle semblait vouloir s’arracher de ma gorge. « Désolée, je ne peux pas encore exceller partout, mais ce n’est qu’une question de temps. » Heureusement que nous étions en plein air, car le plafond n’aurait jamais été assez haut pour y contenir tout mon orgueil. Jules se contenta d’hausser ses épaules comme à son habitude, les bêtises que je disais à longueur de journée semblaient ne plus rien lui faire, il avait été vacciné contre moi, je ne pouvais donc plus vraiment l’offusquer. Je le regardais : Heureuse, c’était le mot, malgré mes jeans en piteux états, sans parler de mes mains pleines de terre sèche et mes cheveux en batail, j’étais heureuse d’être avec lui ce soir. Ce sentiment me semblait nouveau, le temps avait roulé sa bosse et ne m’avait pas accordé de bonheur depuis bien trop longtemps, ce soir il semblait être en accord avec les événements pour me laisser le plaisir de gouter au bonheur simple des choses, pour gouter au bonheur avec Jules et je ne demandais rien de plus. Pourtant mon corps lui, en demandait toujours plus et mon rythme cardiaque s’accélérait, il fallait que je puisse trouver de quoi satisfaire mon envie soudaine de came, grosse came même. Il suffisait que je me regarde dans un miroir, que j’écoute mon corps parler, que je lui accorde le temps d’écoute nécessaire afin de savoir quelle came j’allais utiliser pour le droguer, je me lisais aussi facilement qu’une ordonnance, je savais quel médicament donner à mon être pour pouvoir satisfaire celui-ci. « Reste là deux secondes, j’arrive. » J’étais partie dans les recoins les plus sombres de la ville, faisant un détour digne du marathon de-New-York juste pour nous chercher la came la plus pure de la ville. Ce que Jules ne savait pas, c’était que pour l’héroïne, je ne me fournissais pas chez n’importe qui, j’avais une amie de cours de pharmacologique qui était un cran plus camé que moi, plus camé que tous les camés de la ville réunis et comme la drogue qui circulait en ville ne lui convenait pas, elle la faisait elle-même. C’était donc elle mon fournisseur officiel de bonne choses et avec ça j’étais certaine d’avoir de la qualité. « Je fais finir par croire que tu veux me noyer dedans ! » Il avait toutes les raisons pour le croire, c’est vrais qu’amener son mec pour la deuxième fois dans le même lieu, le même lieu de discorde perpétuel ce n’était pas l’idée du siècle, mais je ne savais pas vraiment où aller, chez moi ? C’était bien trop loin, le temps d’y arriver j’aurais certainement claquée de manque. Chez lui ? Encore pire ! Une chance sur deux de tomber sur Curtis pleurant toutes les larmes de son corps avec une photo de moi entre les mains ... Ou pire ... Bref, l’idée de rester dans la nature semblait la meilleure.
J’avais décroché mes lèvres des siennes pour y plonger mes yeux dans les siens avant qu’il ne tourne la tête, je lui demandais comment était Oxford, il semblait ne pas m’écouter, puis il daigna enfin tourner la tête vers moi, jouant avec mes cheveux, répondant simplement que c’était nul, sans plus … Je m’attendais à ce qu’il me sorte une discours sur sa vie là-bas, mais c’était mal le connaître. « Faudra qu’on s’organise avec Cocaïne. Tu sais les chiens, ça supporte pas très bien les voyages. » Je lui souriais, il était mignon à dire ça, est-ce que ça voulait vraiment dire qu’il avait comprit mon sous-entendu et qu’il voulait voyager en ma compagnie ? Autrement qu’avec les drogues ? « Ton passeport est à jour ? » Je fouillais dans ma poche, cherchant la came, tandis qu’une idée de génie me vint en tête. « J’AI UNE IDEE ! » Les idées que j’avais n’étaient jamais bien bonnes, mais cela n’empêchait pas Jules de me suivre sans arrête. J’étais enthousiaste, le regardant, les yeux brillants. « On prend un vol allé simple pour Amsterdam pour commencer, non je te rassure ce n’est pas pour rencontrer ta belle famille … Mais après on rejoint les autres villes d’Europe et … Et on reviendra que lorsqu’on n’aura plus d’argent. » Ce qui voulait dire dans mon jargon, que nous n’allions probablement jamais revenir, car mon père est tellement plein au as, que je pourrais très bien cesser de travailler aujourd’hui, je continuerais à vivre comme une reine. Mon idée était lancée à lui de la juger, pourtant avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit, j’avais sortit tout mon petit matos pour remplir deux belles seringues, d’un liquide si transparent, qu’elles paraissaient vides. « Angie … » J’avais son bras et sa manche relevé entre les mains, il me résistait, je ne comprenais pas bien ce qu’il me faisait. Moi qui me réjouissais à l’idée de pouvoir se faire des injections d’héroïne avec Jules, pour la première fois en dix ans, il ne semblait pas de cet avis. « C’est Elliot qui t’as dit où trouver ça ? Hein, c’est lui ? Si j’le revois celui-là… Putain j’vais me le faire ! » Il s’était levé, s’emparant des seringues, trop rapidement pour que je puisse agir et après tout je n’allais pas lui sauter dessus pour les récupérer. Je le regardais, médusée, repensant à ma toute première injection, c’est des choses qui ne s’oublient pas. C’était un soir, après un concert de rock, une soirée d’été, moi, Elliot, Stephen et toute la clique, nous étions bien défoncés et Elliot ne m’avait pas vraiment demandé mon avis, il m’avait juste demandé de tendre le bras et je me suis laissé faire, l’effet avait été tellement génial, bien plus génial que les rails, les pilules et toutes les autres drogues. Il fallait que je le refasse très vite. « J’suis assez grande pour trouver mon héro moi-même, mais merci de t’en soucier. » Le ton avait changé, Jules, nerveux, ne semblait plus se contenir et je ne voulais pas retomber dans le cercle vicieux des engueulades, mais il fallait que je comprenne pourquoi il s’énervait. « ... Merde même moi j’en prend pas. » C’était parti, il n’avait pas pu se retenir de me faire remarquer à quel point je pouvais être cette gamine irresponsable qu’il avait connu fut un temps, je me levais à mon tour, lui faisant face, il avait toujours les aiguilles en mains, les serrant si fort qu’elle allaient exploser. « Pardon ? Excuse-moi j’ai de la peine à te comprendre. Je me mis à rigoler, nerveusement. Si j’avais des limites, tu ne ferais pas partie de ma vie t’entends ? Alors arrête de dire des conneries, sérieux, ça t’vas pas. » Je m’étais approchée de lui, tandis qu’il me disait, autoritaire, qu’il ne voulait plus jamais me revoir avec ça, mais sa rentrait par une oreille et sa sortait de l’autre. Je m’étais arrêté devant lui, sans bouger, il ne bougeait plus non plus, lorsque mes yeux avaient enfin toute son attention, je lui arrachais les aiguilles des mains, m’approchant une nouvelle fois de lui, retroussant encore sa manche, il se débattait. « Tu m’fais confiance ou pas, bordel ? » Rendre Jules accro à l’aiguille ? Pourquoi pas … J’étais tombée dans la came avec lui, pourquoi ne tomberait-il pas dans l’aiguille avec moi ? Je le regardais, il semblait suppliant. Je ne me reconnaissais plus, n’ayant même pas honte de presque le forcer à se fixer ça dans le veines, contrairement à lui qui s’en voulait de m’avoir rendu accro à toute sorte de drogue, je n’aurais jamais eu de remords à le rendre accro à l’aiguille, je voyais plus facilement la face positive de cette drogue que l’aspect négatif. J’avais une aiguille au travers de la bouche, l’autre entre les mains, prête à s’introduire dans l’épiderme de Jules, puis je soupirais longuement. « Moi j’ai une confiance aveugle en toi Yang. » Je lui remis les deux aiguilles entre les mains, remontant ma manche, tapant dans le creux de mon coude pour préparer une veine. « Tu sais que j’en ai besoin … Mais j’ai aussi besoin que tu sois d’accord avec mon mode de vie, avec cet aspect de moi que tu ne connaissais pas. J’ai pas envie que tu m’interdises de faire ces choses. » Je levais la tête au ciel, soupirant une nouvelle fois, pour finir par reposer mes yeux dans les siens. « On n’a pas le droit d’être différents l’un de l’autre, c’est comme ça. » C’était une nouvelle fois la théorie du yin et du yang qui faisait surface, la seule chose qui séparait ces deux hémisphères, c’était leur sexe, ce qui était le cas pour moi et Jules. Alors si l’un se piquait, l’autre aussi, mais si l’un ne le faisait pas, alors l’autre non plus, c’était comme ça. C’était la base même d’une bonne alchimie entre lui et moi. « J’te jure que … Toutes les cames réunies dans ton sang en une seule fois, ne valent pas l’injection d’héroïne. » J’avais toujours la manche relevée, je le regardais, le choix qu’il avait à faire était très complexe, mais il fallait que j’en rajoute une couche. « J’me fournis pas chez Elliot, j’ai pas envie de crever … C’est une pote de pharma qui pèse les doses au microgramme près … Pas de risque. » Je regardais le lac, Jules, encore une fois le lac, puis Jules et encore le lac, sur lequel la lune se reflétait, puis je m’approchais de lui, posant ma main sur sa joue, tandis qu’il avait les yeux rivés et baissés sur les aiguilles, je lui déposa un baisé sur le front puis je pris une voix mielleuse. « Sinon tu peux les balancer dans le lac et on en parle plus. » J’étais assez maligne pour savoir que ce que je venais de dire l’avais fait réfléchir, il semblait songeur. Je lui disais qu’il n’y avait pas de risque pour sa santé et que s’injecter ce bijoux pouvait le faire planer comme jamais, c’était une belle invitation pour n’importe quel autre camé de ce monde, mais Jules était un peu plus intelligent que tout ses potes et tous les autres camés, il réfléchissait, parfois trop. Combien de temps avant qu’il ne décide de se l’injecter ? Personne ne le saura jamais, mais je lui avais donné les arguments nécessaires pour que ces deux seringues ne se retrouvent pas milles pieds sous le lac. C’était une décision qu’il allait devoir prendre seul.
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(✰) message posté Ven 13 Mar 2015 - 0:46 par Invité
je crois que je ne t'aime plus, elle m'a dit ça hier. ça a claqué dans l'air comme un coup de revolver ☇ du coup, Jules se demanda s'il avait ou non un passeport. Parce qu'il n'avait aucun souvenir de s'il s'était occupé de ça ou non, il n'avait même pas le souvenir d'avoir vu sa tronche sur un passeport et puis il n'en avait jamais eu l'utilité. Il n'avait jamais quitté le territoire britannique. Les Abberline n'étaient pas du genre à partir en vacances. Ni en avion, ni en train, ni en voiture, ni en camping-car. Les seules vacances que Jules avait vécues s'apparentaient plus à des fugues. Voilà pourquoi il se contenta d'hausser mollement la tête à la question d'Angie, tandis qu'elle élaborait tout un plan de voyage à travers l'Europe, jusqu'à ce que leurs poches se vident complètement, autant dire que cela prendrait du temps. Jules en eut un sourire en coin, un peu rêveur également à l'idée qu'il n'y ait plus qu'elle et lui qui comptent sur cette foutue planète, ni jamais dormir au même endroit, se foutre du lendemain. Si tu veux. fut la seule réponse qui sortie de sa bouche. Ca ne semblait pas très prometteur, Jules savait bien au fond que ce rêve ne se réaliserait sans doute jamais. Ca faisait sans doute du bien à Angie de se l'imaginer. D'imaginer un monde où ils seraient deux aventuriers, amoureux et fous, collés l'un à l'autre pour des années.
De toute façon, les rêveries s'arrêtèrent nettes quand Angèle sortie de sa poche ce qu'elle venait d'acheter. L'héroïne. Il avait eu un putain de blocage. Parce que non, non, non ! Angie elle ne pouvait pas, elle n'avait pas le droit. Pas le droit d'aller aussi loin, alors que lui-même, lui qui n'avait jamais eu peur de se foutre en l'air, l'avait quand même eut face aux premières seringues qu'Elliot -encore- lui avait proposé. Lui avait eu la clairvoyance et un milligramme de conscience pour dire que non, il préférait largement se taper un nouveau rail de coke. Alors pourquoi, pourquoi sa jolie apprentie n'avait pas eu cette limite ? L'élève qui dépasse le maître, ou une connerie de ce genre sans doute. Et puis cette peur qu'il avait eu pour lui même, il la ressentait aujourd'hui pour Angèle. Et si un de ces quatre il la retrouvait blanche comme une craie entrain de se noyer dans son vomi, une seringue à la main ? hein ? Alors à partir de là, ça avait été instantané, il avait arraché des mains les seringues que la poupée tenait et s'était levé, s'était énervé aussi, sous les yeux médusés d'Angèle. Pestant contre Elliot et jurant sa perte, Angie avait rapidement remit les choses dans leurs contextes : J’suis assez grande pour trouver mon héro moi-même, mais merci de t’en soucier. Jules lui adressa un regard noir. Super ! ragea-t-il, ne sachant même pas si c'était mieux ou pire. Non, carrément, il ne l'acceptait pas. Il serrait entre ses mains les seringues, ayant envie de les briser sur le champs. Et ce qu'Angie elle ne comprenait pas, c'est qu'il ne l'accepte pas. Elle riait nerveusement. Si j’avais des limites, tu ne ferais pas partie de ma vie t’entends ? Alors arrête de dire des conneries, sérieux, ça t’vas pas. Il plissa les yeux, mauvais, regardant sur le côté et ne pouvant décidément pas retenir le regard dur que lui lançait Angèle. Dans un souffle, à voix basse il déclara alors : J'te reconnais plus. Ouais, c'était sûr qu'il était dur de la reconnaitre. Petite Angie était devenue grande. Grande camée. Elle était tellement différente de l'adolescente qu'il avait eu sous sa coupe pendant tant d'années. Elle et son regard plein d'admiration, elle et son rire cristallin. Désormais c'était comme si elle voulait inverser la tendance. Elle s'approcha doucement de lui, silencieusement, sans le lâcher des yeux. Ouais, il la voyait dans le coin, entrain de le regarder jusqu'à ce qu'il ne daigne faire la même chose. Jules s'y refusait. Soudain assaillit par un vieux souvenir. Il la revoyait, si jeune, quinze ans à peine, alors qu'il lui tendait un joint. A l'époque, ils n'avaient même pas échangé leur premier baiser, se contentaient d'être amis. C'était derrière le lycée, cachés, assis contre la façade de l'établissement. Tiens, fume. Elle était hésitante, presque apeurée par le cône que tendait Jules. Lui s'était mis à rire et avait coincé le joint entre les lèvres tellement parfaite de la jeune fille. Allez, ça te fera pas de mal, au contraire ça te décoincera ! Avait-il promis. Et pour cause, il avait du la mener lui même, du bout des bras, jusqu'à sa salle de cours, l'avait même installée sur sa chaise tellement elle ne tenait plus debout, et elle n'avait pas arrêté de lui dire qu'elle le trouvait très beau, très cool et que franchement elle voudrait passer toute sa vie à traîner avec lui. Ca avait beaucoup amusé Jules à l'époque. Aujourd'hui, tout avait changé. Jules ferma les yeux une seconde, et puis se décida à la regarder en retour. Ils échangèrent un regard, lourd de sens. Et puis, elle reprit les seringues. Jules n'avait pas réagit, noyer dans ces grands yeux qui le scrutaient. Et puis, elle reprit le bras de son amant, qui le retira illico. Arrêtes ! ordonna-t-il. Il était catégorique, mais du tac au tac, elle répliqua : Tu m’fais confiance ou pas, bordel ? Il leva les yeux au ciel, excédé. Non, il ne pouvait pas. Il ne pouvait clairement pas lui faire confiance. Et ça l'énervait, au plus haut point même. Evidemment qu'il aurait préféré s'en foutre comme de la couleur du string de la Reine Elizabeth. Il aurait préféré trouvé ça cool que d'avoir ses boyaux qui se tordaient rien que d'imaginer Angie préparer son fix dans sa chambre et bugger pour les heures qui suivaient. Doucement, elle rendit donc les seringues à Jules et sans le quitter des yeux elle lui annonça, doucement : Moi j’ai une confiance aveugle en toi Yang. Il déglutit avec difficulté. Ca, ça voulait dire quoi ? J'ai confiance en toi, ne me déçois pas ? Il soupira. Il allait les jeter, elle le savait non ? Il ne pouvait pas la laisser faire ça, c'était pour elle qu'il le faisait. Pour lui, mais aussi pour elle. Et comme si elle venait de lire dans ses pensées, elle enchaîna : Tu sais que j’en ai besoin … Il contracta les mâchoires, incapable d'accepter cette idée, il allait l'interrompre mais elle le devança : Mais j’ai aussi besoin que tu sois d’accord avec mon mode de vie, avec cet aspect de moi que tu ne connaissais pas. J’ai pas envie que tu m’interdises de faire ces choses. Jules baissa les yeux sur les seringues, à partir de là , il n'écoutait que vaguement. Alors c'était quoi, un ultimatum ? Elle ET l'héro et rien du tout ? Que cherchait-elle à faire, à prouver ? Le coeur de Jules se serra. Il se sentait soudainement mis à nu, dépouillé, violé. Il avait l'impression qu'Angie avait prit quelque chose, lui avait retiré un de ses organes et jouait avec, avec son regard de poupée, ses grands yeux ronds et son air si innocent. Oui, Angie lui avait arraché un je t'aime, et si finalement ce n'était pas si dur à dire, c'était désormais dur à assumer. Jules ne s'était pas sentie si différent après sa déclaration, ce n'était que maintenant qu'il en mesurait les conséquences. Angie lui avait arraché un je t'aime. Oui. Elle l'avait bien fait, et désormais elle jouait avec, elle l'agitait sous le nez de Jules. Au fond, il savait que ça se terminerait de cette manière. Qu'une fois qu'elle le saurait, qu'elle serait sûre qu'il l'aimait, quelque chose changerait. Avant, jamais elle ne serait permise une telle chose. Avant, quand Jules ordonnait, elle exécutait et puis c'est tout. Désormais, elle le tenait, elle et son amour à la con qu'elle lui avait fait craché. Jules était perdu dans ses pensées tandis qu'elle lui assurait que c'était la meilleure drogue du monde et qu'en plus c'était une fille de sa promo qui la synthétisait et non Elliot. Jules eut un rire, froid. Si ta copine c'est Stacy, merci du cadeau ! lâcha-t-il. Non c'est vrai, si dans sa promo il y avait des filles aussi connes, on n’était pas sortie de l'auberge. Cependant, elle ne lâchait pas l'affaire. Jules planta à nouveau son regard sur les seringues sentant son estomac prendre feu. Une part de lui voulait goûter, tester, éteindre ce cerveau cloué au malheur et à la laideur depuis toujours, une autre part voulait le faire unique pour Angèle, parce que mine de rien, c'était comme ça leur relation, c'était elle et lui envers contre tout, ensemble, étroitement liés, ne formant plus qu'un. Ils ne pouvaient pas être en désaccord, en tout cas pas sur la drogue. Et une autre part voulait oublier tout ça, balancer ces foutues seringues dans le lac et laisser les carpes se shooter avec. Jules ferma les yeux, du plus fort qu'il pu. Il se passa sa main libre dans ses cheveux. Merde, putain ! Jura-t-il avant de se diriger à grand pas vers le banc sur lequel ils étaient tout à l'heure. Là, il posa une de ses seringues à côtés de lui, et sans un regard pour Angèle il remonta complètement sa manche. Alors que sa dealeuse de fortune voulait dire quelque chose, Jules leva la seringue qu'il tendait en sa direction. Non, tu te tais ! il était sur les nerfs, complètement énervé. Il respira profondément. Il la détestait. Là, maintenant, il la détestait. Il la haïssait pour ce qu'elle lui faisait faire. Il la haïssait de le plonger là-dedans. Il la haïssait d'utiliser cette relation, cet amour qu'il avait pour elle pour qu'elle puisse se piquer tranquillement. Parce qu'il l'avait choisi, évidemment. Il la choisirait toujours. Jules tenait donc la seringue au dessus de son bras contracté, il avait accroché un garrot donné par Angie au dessus du coude et serrait le poing pour en faire ressortir les veines. Une, saillante, l'appelait presque. Il respira profondément. Il n'avait jamais fais ça lui, il n'était même pas sur d'y arriver. Il posa la seringue sur ses genoux, à peine Angie eut le temps d'ouvrir la bouche et prononcer une syllabe qu'il la coupa, sans la regarder, d'une voix carrément énervée : Ca va, j'vais le faire, t'as deux secondes ? Et puis il sortie une cigarette qu'il coinça entre ses lèvres pour tenter de se calmer. Il prit le temps d'y réfléchir à nouveau, même si la conclusion n'était pas différente. Il la choisirait toujours. Laissant la clope à moitié fumée entre ses lèvres il se décida enfin. Il se loupa une fois ou deux, et même si les conseils d'expert d'Angie lui firent hérisser les poils sur le bras il l'écoutait, finalement, la seringue s'enfonça dans une veine, il poussa le piston.
Un, deux, trois, quatre, cinq...
Bam. On aurait dit qu'un éclair l'avait traversé. D'un coup. Jules laissa filer entre ses lèvres la cigarette qui s'écrasa sur ses genoux. Il mit un temps qui semblait considérablement long et court en même temps à réfléchir, avant de dire d'une petite voix totalement détendue : Ah, merde. et là, il tendit le bras, bras qui ne semblait plus tellement relié à son corps, pour reprendre le mégot, prit le temps de viser son mouvement et finalement, reprit le bâtonnet de nicotine et le coinça entre l'index et le majeur, ne se sentant pas de monter le bras jusqu'à sa bouche, il laissa donc la clope se consumer tranquillement. Il ferma les yeux un sourire complètement idiot avait fendu son visage. Oh putain, putain, putain. Lança sa tête en arrière regarda les étoiles. Beau, c'était beau. Et dans sa tête des milliers d'éclairs semblaient lui traverser tout le système nerveux tout autant qu'ils le faisaient cramer. Chaque neurone grillait. Putain. Il se mit à rire, parce que putain, en cinq secondes chrono il avait l'impression de se décomposer sur place, de se liquéfier complètement. Oui c'est ça, il avait l'impression d'être plus rien, juste une sorte de flaque sur le banc qui coulait partout sur la plage. Histoire d'être sûr d'être encore humain, Jules releva la tête et leva ses pieds, qu'il regarda minutieusement tout en se mettant à rire de plus belle. Encore humain. Avait-il envie de dire sans pour autant qu'un son ne sorte de sa bouche. Il se mit à rire, encore. Et puis, affalé sur le banc, il tourna la tête vers Angie et lui fit un très large sourire. raison. ah, merde, il avait l'impression d'avoir prononcé toute la phrase mais finalement juste un mot était sortie, ça aussi c'était drôle. Il reprit : T'avais raison. ouais, c'était le pied, c'était l'extase, c'était tellement bon. Mieux que tout. C'était tellement instantané, comme si on venait de lui montrer un bouton "happy" dans son cerveau maussade et que d'un coup, la lumière s'était allumée. Et c'était aussi comme si la vie en rose d'Edith Piaf pensait en boucle, en musique de fond. Jules avait soudain l'impression d'avoir passé sa vie à recherché ce sentiment. Entre l'orgasme et la paix intérieure, un truc de malade, indéfinissable. Il ne sentait même pas la clope qui arrivait à son terme lui faire chauffer le bout des doigts, il ne sentait plus rien, juste.. une putain de clarté, du bonheur. En tout cas, ce qui ressemblait le plus à ce qu'on dit du bonheur. Il se remit à rire.
Jules était incapable de dire combien de temps s'écoula. Mais il ne décolla pas de ce banc. Pourtant, dans sa tête il était à des milliards de kilomètre. Il était incapable de dire non plus de quoi il parlait avec Angèle. Il savait qu'ils parlaient, mais alors de quoi ? C'était comme si elle était là et pas là en même temps. Comme si lui était bien dans cet endroit, près du lac, sur le banc, à côté d'elle, à vanter les mérites de cette drogue et à se demander comment il avait passé autant de temps sans celle-là, à rire d'un rien et à halluciner complètement, et d'un autre côté il avait l'impression d'être dans le néant, suspendu au milieu d'un noir total. Ce n'était pas désagréable. Pas vraiment. Mais le noir tombait réellement, du moins Jules avait l'impression. Comme si on descendait sa luminosité. Il peinait à garder les yeux ouverts. Avait l'impression de dormir cent ans et de se réveiller sans arrêt alors qu'il clignait simplement des yeux. Et puis Angèle, elle semblait loin putain. Super loin. Et là, alors que son sourire, peu à peu au fil du temps avait diminué d'intensité, il se leva. Enfin, fit une première tentative et retomba sur le banc mollement, ce qui le fit rire, encore. Il tenta la deuxième fois, il était sur ses deux jambes, tanguait comme un pirate bourré, ça aussi c'était drôle. Et puis la voix d'Angie qui était de plus en plus grave, lointaine, et ce bourdonnement dans les oreilles. Ouais, ça aussi c'était drôle. Alors il se tourna vers elle, avec un grand sourire aux lèvres. Hey, Angie... l'interpella-t-il d'une voix lente et basse.
Et puis, plus rien.
Il s'était écroulé par terre d'un coup, en une seconde. Etalé de tout son long sur le gazon humide. Totalement vidé de toute vie. On avait éteint la lumière, en un quart de temps. Tout s’était éteint en lui. Et tout était si calme, tellement paisible. Jules était comme mort.