(✰) message posté Jeu 5 Fév 2015 - 21:37 par Invité
Eschyle se retourne dans sa tombe.
Lola Sellington
Son visage déposé dans sa main, ses yeux passaient de gauche à droite au fil que les acteurs bougeaient sur scène, alors qu’il retenait tant bien que mal un bâillement entre ses lèvres.
Vingt minutes que cette pièce dites contemporaine avait commencé, et Blake sentait déjà l’ennuie le prendre, et ses paupières se baisser petits à petits, écoutant les dialogues d’une oreille lointaine… Si elle ne prenait pas un peu plus de vitesse, il allait bientôt s’endormir dans son siège, quitte à avoir des courbatures et des regards noirs indignés au réveil. Pourtant, cette tragédie avait eu l’air prometteuse aux premiers abords, un metteur en scène en vogue et une histoire intéressante, mais, quelque chose clochait… Etait-ce seulement le jeu fade des acteurs qui lui donnait cette impression, ou était-ce aussi cette façon qu’avait eue le chef de troupe d’orchestrer sa pièce avec une ambiance totalement… chiante ? Son adaptation détruisait totalement l’œuvre de ce grand Dramaturge grec, Eschyle, d’ailleurs, il devait surement se tourner et se retourner dans sa tombe, tant c’était mauvais. Autant avait-il entendu de bonnes critiques sur ce metteur en scène, le décrivant comme le nouveau petit prodige Londonien, autant il n’adhérait pas du tout sa mise en scène, qui pour lui était quasi inexistante, que ce soit du décor constitué d’une seule chaise (il aimait le soft, mais là, ça frôlait le ridicule) et aux acteurs, qui… Non, il n’y avait même pas d’adjectifs. Il n’y avait qu’à voir l’acteur principale, tout droit sortie d’une caricature de la famille Addams, son rôle était tellement mal interprété que quand qu’il lançait la réplique « Je vais t’égorger sur le défunt corps de notre père » , ses intonations étaient tellement plates qu’on aurait pu demander des brocolis à notre voisin d’à côté, nous l’aurions dit du même ton…
En parlant de voisin… Sa mâchoire se décontractant finalement, il laissa échapper un long bâillement, (tout aussi long que la pièce) qui fit tourner quelques têtes agacés vers lui, alors qu’il déposait son regard sur la personne à ses côtés en ignorant les autres spectateurs , remarquant ainsi que la fameuse blondinette, et bien, s’emmerdait tout autant que lui. Un léger sourire aux lèvres, il passa ses doigts sur ses paupières, les frottant comme pour se réveiller, alors qu’il observait toujours Lola, mais avec un peu plus d’intensité, comme pour capter son attention. Sa copine de vadrouille avec le regard dirigée sur scène, s’humidifiait régulièrement la lèvre, tandis que ses propres doigts tapotaient l’accoudoir de son siège. Il n’y avait aucuns doutes, la pièce ne lui plaisait pas … Comme ayant capté son envie de lui parler, la blondinette tourna alors la tête vers lui, plongeant son regard aux reflets verts étonnamment proches des siens, ou on pouvait percevoir ses pensées, qui lui criaient « Sauve-moi d’ici Blake, maintenant, j’ai l’impression d’assister à une pièce de théâtre jouée par des endives. » Approchant son visage du sien avec son impassibilité qui lui était propre, il frôla presque du bout des lèvres ses cheveux, son souffle se jetant contre sa tempe, comme en attente du bon moment ou parler. Et alors que le dit meurtrier aux airs de Gomez Addams entama sa tirade, il finit par lâcher ce qu’il avait à dire, un étrange rictus grandissant sur ses lèvres.
« On y va ? Cette pièce me fait littéralement chier, et si je dois encore supporter une seule des répliques de ce Gomez Addams junior, celui qui fera un meurtre, ce n’est pas lui, mais moi. » Dit-il à voix basse, mais assez fort pour que les personnes dans son dos puissent entendre.
Éloignant alors son visage en attente d’une réponse, il jeta un regard en direction de la sortie, se relevant légèrement sur son siège. Non, mais avec toute la sincérité qu’il possédait, était-il possible de faire plus chiant que cette soi-disant pièce de théâtre ?
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(✰) message posté Jeu 5 Fév 2015 - 23:01 par Invité
Grossière boucherie.
Avec Blake Y. Powell
Eschyle est l'un des plus grands dramaturges de sa génération. Normal en même temps c'était l'un des premiers. Lola avait toujours énormément d'admiration pour ses auteurs comme lui ou encore Racine, et tous leurs autres comparses qui avait vu leurs oeuvres perpétuer au fil des siècles. A l'heure d'aujourd'hui, en l'an 2015 après J.C., leurs pièces sont encores jouées, les mots qu'ils ont écrits sont encore clamés, pour le meilleur... Comme pour le pire. Et le pire, elle y assistait ce soir. Une boucherie. Voilà le premier mot qui lui vient en tête. Les mots poétiques d'Eschyle sont découpés grossièrement par des acteurs grossiers, aux costumes grossiers, dans une mise en scène grossière avec des décorations grossières. Une grossière boucherie, voilà.
Lola n'osait pas bouger, n'osait pas souffler ni montrer son agacement et son ennui qui pourtant augmentaient au fur et à mesure. Elle était comme une cocotte minute, prête à exploser, à se lever et à crier, à montrer du doigt l'incompétence des acteurs, quitte même à aller sur scène et prendre la place de la comédienne jouant le rôle phare et fort compliqué de Clytemnestre. Mais non, rien de tout ça. Lola était bien trop amoureuse du théâtre pour faire quel scandale qu'il soit. Alors elle tapait ses doigts frénétiquement sur l'accoudoir, seul indice de son désarroi. Lola regarda discrètement sa montre... Geste dont elle se rendait presque coupable tant le fait d'aller voir une pièce était quelque chose de sacré pour elle. Elle tenait de donner des chances aux acteurs, à telle ou telle réplique particulière qui lui tenait à coeur, mais rien n'y faisait, ça allait de déception en déception. Quelle tristesse.
Elle sentait son voisin s'agiter, comme un signe extérieur d'ennui profond intérieur, elle tourna alors doucement la tête vers Blake qui ne perdit pas de temps pour lui glisser quelques mots à l'oreille. ♦ On y va ? Cette pièce me fait littéralement chier, et si je dois encore supporter une seule des répliques de ce Gomez Addams junior, celui qui fera un meurtre, ce n’est pas lui, mais moi. Elle émit un sourire en coin. Visiblement ils étaient sur la même longueur d'onde, comme d'habitude on pourrait dire. Rien que pour l'embêter, Lola aurait presque eu envie de faire la mijorée et le presser de rester jusqu'à la fin de la pièce, mais elle s'ennuyait tellement qu'elle préférait sortir dans le froid londonien plutôt que de rester cinq minutes de plus auprès de ses piètres comédiens qui écorchaient les mots d'Eschyle. Elle se pencha alors vers son ami avec une proximité qui pouvait paraître aux yeux des autres quasi indécente et lui murmura.
◊ Hmmm... Le dernier arrivé dehors est une dinde et paie un verre à l'autre !
Elle souria cette fois-ci plus largement avec un air on ne peut plus malicieux. Blake optait pour la sortie en toute discrétion, mais c'était sans prévoir le bruit tonitruant du grincement du fauteuil, vieux meuble de théâtre italien. Lola, plus spontanée eut l'idée d'un léger quintement de toux. Elle se leva alors et s'excusa auprès des gens de la rangée, et sortit de l'alignement des sièges, en prétextant une petite quinte de toux quii menait forcément aux toilettes pour se ré-hydrater. Une fois sortie des rangs de fauteuils rouges, elle jeta un coup d'oeil en arrière, où elle voyait l'ombre masculine de Blake un peu tâtonnante, puis se tourna et se précipita dehors, en donnant un large sourire, quoi qu'un peu séducteur aux vigiles de l'entrée, qui visiblement sous le charme ne lui firent aucun commentaire.
Elle attendait pendant déjà quelques petites minutes, adossée contre le mur à côté du théâtre, fumant une cigarette quand Blake surgit un peu essouflé. Elle ria de bon coeur, avec ces éclats qui n'appartiennent qu'à elle et sortit très spontanément.
◊ Heureusement que je te connais suffisamment, parce que j'aurais été une de tes énièmes minettes, j'aurais été déçue d'avoir gagné. Bon, tu me le payes où ce verre ?
« Hmmm, le dernier arrivé est une dinde et paie un verre à l’autre ! » Murmura la jolie blonde, un grand sourire aux lèvres.
Habitué à ce genre de comportements venant de mademoiselle la dépravée dit Lola Sellington, Blake hocha simplement de la tête, un léger sourire aux lèvres, alors qu’il se levait de son siège avec toute discrétion… Ou du moins, aurait-il aimé que ce soit avec toute discrétion, car, à peine n’avait-il fait qu’un seul mouvement, que le siège en question émit un effroyable bruit, faisant retourner quelques têtes dans sa direction, dont celui d’un des acteurs, qui le regardait avec une méchanceté non dissimulée. Apercevant ce regard ô combien chaleureux, le brun eut la soudaine envie de répliquer « Tu sais, c’est pas un grincement de siège qui va gêner ta pièce, vu le niveau merdique qu’elle a atteint, ça va plutôt l’animer. », mais il se retient, n’envoyant qu’un sourire hypocrite aux spectateurs (et acteurs) le fixant. Perdant alors de vue sa camarade de fortune qui avait filée comme une voleuse, il longea les longs couloirs du théâtre avec lenteur. De toute façon, il n’était pas à un verre près avec elle, payer leur consommation n’était pas tant un problème que ça, bien qu’il soit un radin et un égoïste invétéré.
« Blake ? C’est toooooiiii ? » Beugla une voix féminine, dans son dos.
Un temps d’arrêt, tous mouvements bloqués, le brun en question compta jusqu’à trois, reconnaissant avec effroi la propriétaire de la voix…. Pourquoi tombait-il toujours sur les personnes qu’il n’avait pas envie de croiser ? Rangeant alors ses deux abribus masculins dans un sac (clairement, ses couilles), il partit à vitesse grand V, en venant presque à être essoufflé alors qu’il essayait de semer son ex-petite-amie dans le grand complexe. Se bloquant quelques secondes face aux vigiles, les deux gorilles l’épièrent du regard, puis il décida de s’échapper à la même vitesse vers la sortie, tenant avec crispation sa veste dans ses mains. Au diable les convenances à suivre. Le vent frais de la capitale Anglaise se jetant contre son visage, Blake frissonna légèrement, reprenant son souffle tant bien que mal tout en enfilant son blouson en cuir pour se protéger du froid, puis, alors qu’il relevait sa tête légèrement rougit par sa course, il posa ses yeux verdâtres sur la blonde, qui avait tout simplement commencée à se foutre de sa gueule, une clope à la main.
« Heureusement que je te connais suffisamment, parce que si j’avais été une de tes énièmes minettes, j’aurais été déçue d’avoir gagné. Bon, tu me le payes ou ce verre ? » Sa voix chancelante par ses précédents rires, Blake s’approcha alors lentement d’elle, tel un félin, un sourcil arqué. Se penchant à quelques centimètres de son visage, toutes traces de sa dernière course avaient disparu de son visage, laissant place à sa célèbre impassibilité, mais toujours légèrement taquine. De loin, on aurait très certainement cru à un couple, tant leur proximité était intime. Et de là ou ils étaient, le brun pouvait même s’imaginer quelques personnes passant dans la rue éclairée par les lampadaires, et lâcher un « Qu’ils sont mignons ! », mais encore aurait-il fallu qu’ils soient ensembles… ce qui n’était pas tout à fait le cas.
« Premièrement, si tu avais été une de mes énièmes minettes, tu n’aurais pas cette clope dans les mains… » Un rictus aux lèvres, il prit alors la dite cigarette, la jetant quelques mètres plus loin, sous le regard amusé (et peut-être légèrement agacé ?) de Lola. «… Et deuxièmement, tu n’aurais pas été déçu, mais plutôt ravis de passer encore une heure de plus avec moi. »
Arquant un sourcil, il aurait même pu lâcher un CQFD, tant sa réponse était véridique. S’éloignant alors d’elle, il plongea ses mains dans ses poches, déposant son regard sur la ville illuminée. Son estime de lui-même à présent regonflé, il repensa à cette stupide histoire de pari, et surtout, qu’il l’avait perdu, et qu’effectivement, maintenant, il devait l’emmener dans un endroit, pour « y prendre un verre. »
« Et puis, nous n’avons qu’à aller…. Là où le vent nous portera ! »
Oh, bah tiens, qu’il était d’humeur humoristique, ce soir, le petit Blake ! Ca l’changeait réellement de son comportement habituel… Se retournant vers Lola, il lui sourit… Cette fille avait vraiment le don de le transformer, parfois.
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(✰) message posté Jeu 12 Mar 2015 - 10:04 par Invité
Où sont les pop-corn ?
Avec Blake Y. Powell
L'air était frais mais doux ce soir, même s'il lui picotait les jambes pourtant protégées par une bonne épaisseur de collants. Qu'importe, aux vues des perspectives que prenaient cette soirée, son corps allait sûrement très vite se réchauffer sous les effets de l'alcool qui n'allait pas tarder à couler à flots. De toute façon, les soirées avec Blake finissaient toujours par de l'alcool, bien qu'elles aient commencé par une pièce de théâtre ou une exposition... Rien ne pouvait empêcher une débauche imminente. Et puis au final, c'était bien ainsi, l'alcool réchauffant les cœurs et les corps, ils se permettaient de refaire le monde en parcourant Londres en pleine nuit, qu'importe les températures. C'était comme une quête de l'innocence enfantine perdue.
Le voyant arriver assez maladroitement, elle ria de bon cœur puis croisa les bras après avoir écrasé sa cigarette du bout de ses talons. Puis en reprit une machinalement, par addiction aussi. Mais cette cigarette fit un court aller vers la bouche de Lola avant d'être éjectée deux mètres plus loin dans un égout, par Blake qui s'était indécemment rapproché de la jeune femme suite à une énième provocation de sa part, pour répondre avec autant d'insolence qu'elle. ♦ Et deuxièmement, tu n’aurais pas été déçu, mais plutôt ravis de passer encore une heure de plus avec moi. Un petit rictus aux lèvres, elle ne dit rien mais ses yeux se levant en l'air parlaient pour elle. Mais très vite, ce sourire disparu un petit moment... Cette proximité devenait particulièrement oppressante, pour une raison que Lola ignorait. Peut-être que le fait de rester le regard plongé dans celui de son interlocuteur - un peu trop longtemps - devenait de plus en plus gênant ? Dans la pénombre Londonienne, avec sa veste en cuir, ce petit côté James Dean qu'avait Blake fit fondre Lola quelques instants à sa grande surprise. Elle émit un sourire charmée et charmeur avant de vite se reprendre, dans un mouvement gracile et félin, elle se détacha de l'emprise de Blake et s'éloigna un peu. et de transformer ce sourire en quelque chose de plus sarcastique pour évidemment lui sortir une remarque piquante dont elle avait le secret.
◊ Tu avais la grâce d'un pachyderme ! C'était magnifique. Vraiment... On peut pas faire plus théâtrale comme sortie !
Elle éclata d'un rire sonore, qui peut-être avait également résonné à l'intérieur même de la salle de spectacle. Elle s'en fichait pas mal d'ailleurs, qu'on la regarde, qu'on la remarque, qu'on reluque ses cheveux un peu ébouriffés ou son large sourire, elle avait grandi dans un cocon où le credo était "Fais ce que tu veux sans compter le regard d'autrui, pourvu que tu sois toi-même." Elle suivit toujours Blake du regard, il prenait une allure un peu rêveuse, qui ne déplaisait pas le moins du monde à Lola. ♦ Et puis, nous n’avons qu’à aller…. Là où le vent nous portera ! Elle sourit de façon sincère. Elle savait que Blake était d'ordinaire quelqu'un en perpétuel contrôle, plutôt terre à terre, elle l'avait déjà pas mal observé. Et rien n e pouvait plus la combler que de le voir ainsi. Avec elle, il ne bronchait même pas pour payer un verre. La radinerie de Blake n'était pas une chose inconnue à Lola, qui commençait à le cerner plutôt bien. Sauf en ce qui concerne ces histoires de coeurs... Avec les nombreuses filles qui lui passent devant, Lola n'arrive toujours pas à définir le type de filles de Blake... Et puis mince, pourquoi se posait elle se genre de questions ? Ce genre d'information lui était totalement futile, c'est certain. Perdue dans ses pensées à l'observer, elle fut interrompue par une voix féminine qui se rapprochait de leur cocon. ♦ Blaaaaaake ! Blake chérie !! Pourquoi tu m'ignores ?!
C'était une femme, d'un style assez... Disons-le particulier - qui se dirigeait tout droit en trottinant vers Blake. Lola leva un sourcil, un sourire en coin et décida pour une fois de ne faire aucune remarque. Préférant être spectatrice complète de cette petite scène qui promettait d'être fortement amusante connaissant la tendance de Blake a fuir ce genre de situation délicate. La pièce de théâtre la plus intéressante était en fait sous ses yeux, sur le trottoir. Il ne manquait plus que les pop-corn.