SUN ♔ Faut que j’me dégote un psy balaise si j’veux pas finir l’histoire en vrac

Le mec de la tombe d'à côté.

Pssst ! Hé ! Pssssst ! Oui toi là. Viens ! Mais viiiens ! Allez, arrête de faire cette tête de demeuré, c'est bien à toi que je parle. Mais qu'est c'que t'attends, bouge tes fesses et viens t’asseoir là. Là. Voilààà ! Pas trop tôt... T'es pas un peu con, toi dis ? Bon allez, j't'en veux pas poto ! Comment ça "qu'est ce que je te veux" ? J'ai pas le droit de discuter avec mon super copain d'la mort de temps en temps, non ? Mais bien sûr qu'on se connait ! Oooh, j'ai compriis : t'as trop bu. Mais siii, puisque je te dis que t'es bourré ! Non je suis pas folle. Hey, mais t'en vas pas comme ça, tu vas pas bouder quand même ! Tu verras, demain, quand t'auras la gueule de bois et la tête dans l'cul, tu seras bien content de me connaitre. MAIS PUISQUE JE TE DIS QUE OUI : ON SE CONNAIT ! Allez, viens là, te vexe pas, j'ai crié pour que cette info' rentre bien comme il faut dans ta tête d’alcoolique. Alors, comment va la vie depuis le temps ?



Ooouuf, ça y'est, il est partie ! J'suis désolé mec, j'essaye à tout pris de faire fuir ce psychopathe de type depuis au moins quarante bonnes minutes. Tu m'as sauvé la vie ! J'peux te payer un café pour me faire pardonner aka. te remercier ? Cool. Buy the way, moi c'est Acacia, mais tout le monde m'appelle Sun, ou Sunny. Rox pour le grand frère. Cia ou Cassie pour ceux qui manquent d’imagination.



Rox & Rouky.

Va savoir pourquoi je n'ai pas été Rouky et mon frère Rox, étant donné que l'ordre de naissance l'aurait voulu.. Bah oui, après tout on dit bien "Rox & Rouky", et non "Rouky & Rox". Personnellement, je pense que lorsque mes parents on vu la tête de mon frère, ils se sont dit : "Toi, t'as une tête de Rouky", alors que moi, j'avais plus une tête de mignon petit renard. Pas que je dise ici préférer Rox à Rouky ! Nooon... Mais c'est pas important hein ! Je me suis toujours super bien entendu avec lui. J'étais collante, et il était protecteur : un bon duo en somme ! Personne ne pouvait m'approcher sans son consentement, mais j'adorais ça, je me sentais comme une jolie petite princesse protégée des méchants vilains par un chevalier en armure ! Puis on a grandit, et à l'adolescence, il était clair que je voulais de l’espace, et surtout : pouvoir me faire des amis garçons. L’adolescence va avec crush et compagnie, tu le sais bien. Nos petites piques et taquineries habituelles qui nous rendaient si mignons et si fusionnels se sont transformés en nombreuses disputes, longues heures de silence pesant et regards assassins. C'était pas beau à voir, t'aurais pas aimé y être ! J'ai eu ma phase hippie en sixième - oh que j'ai honte de ça maintenant, j'aurais encore préférée me transformer en vampire gotique - mais il y avait ce garçon, dont je ne me rappelle même pas le nom à présent, et il ne me prêtait pas attention jusqu'à ce que je "change". Il a commencer à me jeter ces regards en coin et ces sourires, j'étais aux anges ! Mon frère ne m’empêchait pas d'être qui je voulais être, mais il était hors de question que je traîne avec ce type en mode bad-boy, le super populaire du collège qui sortait avec la jolie blonde : bad bad bad ! Un soir après les cours, Rouky et aller aboyé sur le chasseur. Je n'y étais pas, mais le lendemain, le fusil du chasseur en question était braqué sur une autre proie. Je me suis immédiatement jeté sur mon frère et nous avons la plus grosse de toutes les disputes, au beau milieu du collège. En quittant l'établissement, je ne suis pas rentré à la maison. Je suis partie avec l'intention de fuguer et nul part où aller. Il y avait cette petite ruelle à trois pâtés de maisons de chez moi dont les murs étaient tagués de paysages étrangers et d'étoiles brillantes, éclairé par un unique réverbère clignotant : mon petit coin de paradis. Il m'y a trouvé, mon Rouky, et j'ai pleuré dans ses bras. Je savais bien que cette attention que me portait ce beau gosse du collège n'était qu'une manière de se moquer de moi, mais je ne voulais pas y croire jusqu'à ce que mon frère m'ouvre les yeux. Je me suis sentit à nouveau comme une princesse. Sa petite princesse.



First love ?

Puis, il y a eu ce gars ! Je t'ai parlé de ce gars ? Non, je m'en serais souvenu. Bien, commençons par le début : Ruthie. Ruthie c'est ma super cousine depuis.. et depuis notre naissance. Elle est jolie, elle est gentille, elle est drôle et me comprend mieux que n'importe qui, y'a pas photo. Sans Ruthie je serais pas... Moi. Imagine la meilleure amie que tu ne puisses jamais avoir, l'amie la plus parfaite n'ayant jamais existé. Bien ? Maintenant, oublie-la. Parce que moi j'ai mieux. Moi, j'ai Ruthie. On passait beaucoup de temps ensemble alors que j'habitais encore Londres, dans le même rue qu'elle, d'ailleurs. Un après-midi, un samedi il me semble bien, j'ai décidé de lui faire un coucou - c'est à dire d'envahir son salon le reste de la journée -, mais lorsque j'ai sonné, personne n'a répondu. Toute la famille était absente. Même aujourd'hui je ne sais pas pourquoi, j'ai jamais pensé à demander à vrai dire. Mais toujours est-il que je n'avais pas envie de rentrer chez moi, alors je me suis installée dans ce parc, une genre de petite place, servant aussi de skate-parc, à quelques mètres de là. J'avais juste pris le temps de prendre mon skate dans le garage juste avant de partir, alors, comme je le faisais toujours, je me suis exercé. Tu a déjà fais du skate ? C'est... vivifiant. C'est comme être entouré d'une bulle d’adrénaline, les cheveux aux vent, et tout le tralala... On s'y sent bien. J'ai toujours aimé prendre des risques, prendre de la vitesse, parfois de la hauteur, et au fur et à mesure du temps, les protections ont finit par prendre la poussière dans un sac au fond de mon placard, alors pas étonnant qu'en chutant, je me sois éraflé le coude. Rien de bien en grave en soi, mais ce garçon est venu à mon secours. Tu sais : lui. Nous nous sommes installés sur un banc, le temps que je nettoie un peu ma blessure avec de l'eau, puis nous avons parlés un long moment. Il m'a posé beaucoup de questions sur moi, sur ma vie et mes passions, tandis que moi j'apprenais aussi à le connaitre. C'était d'ailleurs surprenant que l'on ne se soit jamais croisé auparavant ! Nous avions teeeellement de points communs ! C'était inimaginable ! L'après-midi est passé comme un rien, moi qui n'aime habituellement pas rester immobile à blablater ou bien déballer ma vie aux gens, cette fois-ci, je n'ai même pas vu le temps passer. Je suis rentrée chez moi avec cette sensation de béatitude et suis revenue le lendemain pleine d'espoir. Pas en vain, puisqu'il était là. Les journées défilaient et nos rencontres faisaient parties d'une routine quotidienne bien définie mais jamais identique. Un coup il m'apprenait de nouvelles figures de skate, un autre je le traînais dans un bus rouge sans destination précise en tête, et le suivant, nous testions tout les marchands de glace de la ville. Mon frère n'a jamais eu connaissance de son existence, et heureusement : sinon je ne donnais pas cher de sa peau. Mais j'étais bien avec lui, et j'ose espérer qu'il en était de même de son côté. Pourtant, sous la surface, c'était plus compliqué que ça. Après l'histoire du collège, j'avais peur de l'amour. Je me faisait des films romantiques de couchers de soleil - et je n'ai pas arrêté - mais au fond, je voulais que tout ceci reste ce que c'était : des rêves. Et si j'étais déçue ? Et si je me trompais ? Et si je brisais une amitié ? Et si il ne m'aimait pas ? Et si ça finissait mal...? Alors j'ai refoulé ses sentiments au fond de mon esprit, tapis près de mon coeur, et j'ai tenté tant bien que mal de les oublier. En vain. Je me mentais à moi même, c'était là tout ce que j'y gagnais, je m'en rend compte à présent. Pourtant, un jour, j'ai déménagé pour Paris, emportant ce secret avec moi. Sans un au revoir.



Paris Paris Paris.

Triste, hein ? Je suis d'accord... Je regrette. Les regrets c'est pour moi.. Mais tu es déjà allé à Paris ? Paris la grande ville, la capitale de l'amour et tout ça ? Okay, tout "ça", c'est vrai.. Si tu restes un mois, deux à la limite. Mais après un an, l'idylle à totalement disparue et tu vois les choses telles qu'elles sont : sales, polluées, puantes, ternes et tristes. Pourtant, aussi délirant que ça puisse paraître, je m'y plaisais. C'était ma nouvelle maison. Et même si je n'arrivais pas à l'aimer autant que mon bon vieux Londres, j'y étais bien. J'ai su me trouver les bons endroits, les bonnes personnes et les bonnes activités. Les bons côtés de la ville, quoi. Et une fois tout ceci trouvé, on en oublie presque le reste. Bon, entre nous, je te l'accorde, les premières semaines ont été assez difficiles. Mais pour qui ça ne l'aurait pas été, hein ? Nouveaux pays, nouvelle langue, nouvelles bases, right ? Il m'a fallut mon temps d'adaptation. Pour tromper ma solitude, j'ai dépensé toutes mes économies dans une basse, et j'ai appris à en jouer, toute seule, avec des vidéos sur youtube. Je dois l'avouer, ça a d'abord été une catastrophe, je voulais jouer comme une pro' avant même de connaître ma gamme. Ruthie me manquait, mais je m'arrangeais pour l'appeler tout les soirs. Le skate manquait jusqu'à ce que je me trouve un petit parc peu fréquenté et que j'en fasse mon skate-parc personnel. Et puis, évidemment, il me manquait aussi. Tu sais : lui. Et un beau jour, mon frère en a eu marre de me voir me débrouiller toute seule avec ma basse et il a supplier mes parents de m'offrir des cours. Ils ont accepté et m'ont trouvé un professeur bilingue qui faisait des cours communs d'à peu près cinq élèves dans un centre culturel du XXe arrondissement. Une expérience fabuleuse, c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à me sentir chez moi à Paris. Trois des élèves étaient de ma classe : Camille, une jolie geekette timide qui m'a fait connaitre la plupart de mes séries et de mes jeux vidéos préférés actuels, Mathieu, mon "prof de français", amoureux des livres qui a longuement essayé en vain de me transmettre sa passion, et enfin Victor, son frère jumeau déluré qui nous traînait au quatre coins de la ville afin de nous faire découvrir les choses qu'il affectionnait - et il y en avait beaucoup. On est devenu inséparables. Mathieu a prit en charge mon apprentissage du français, avec grand succès, Camille gérait ma culture général et Victor s'occupait.. de ce qu'il pouvait. Quant à moi, je les adonnai au skate (avec beaucoup de chutes), et à tout ce qui me passait par la tête. Lors de mon premier anniversaire en France, les jumeaux ont du passer le test de mon frère afin de savoir si ils étaient de bonne fréquentation ou non. Rouky se montra étonnamment calme et avenant. La belle vie, en somme. Quelques temps plus tard, pour ses études, Ruthie venait aménager trois ans chez nous. Ma petite vie devenait plus belle encore. Après son départ, alors qu'elle revenait en Angleterre, je me rendai compte à quel point ma ville natale me manquait. Ma petite ruelle de paradis, mon parc, mes amis, ma cousine, mon skateur, ma maison et tout ça... Deux ans plus tard, je déménageais à nouveau pour retourner à Londres après la proposition de Ruthie de la rejoindre dans sa colocation avec "deux types super sympas".




Retour aux sources.

Et tu sais quoi ? Aller, essaye de trouver. Réfléchis. Aller aller aller ! C'est pas si compliqué à deviner quand on y pense. Okay, un indice : ça concerne les colocataires en question. Alors alors alors ? Bon, très bien. Je te le dis - pff, tu crains... Ils s'appellent Nolan et Jasper. Jasper, mon skateur. Tu sais : lui. Lorsque Ruthie nous a présenté, et que je l'ai vu, assis sur le canapé au milieu de salon, il y a eu trois longues secondes de silence où mes pensées s’entrechoquaient dans ma tête. Puis j'ai poussé un sorte de cri de petite fille avec le plus grand des sourires sur les lèvres tandis que de son côté, l'information commençait aussi à lui monter au cerveau. J'ai crié son prénom tellement fort que je ne sais même pas quel mot il a prononcé. Si c'était un "NAAN ?", un "PAS POSSIBLE ?", un "SUUUN !" ou quelque chose comme ça. Ou bien peut-être même qu'il n'a rien dit du tout, je n'en ai littéralement aucune idée. J'étais juste... tellement heureuse. C'était vraiment la dernière chose à laquelle je m'attendais en revenant à Londres, en partageant une colocation avec ma cousine et "deux types super sympas". Mais c'était certainement l'une des plus belles surprises de ma vie. Ces retrouvailles inattendues ont virés à une re-visite guidée de Londres, Ruthie, Jasper, Nolan et moi. Really really nice day. T'es jaloux, hein ? Y'a de quoi. D'ailleurs, j'ai pas encore terminée de vider mes cartons. Mais je laisse traîner les choses, deux semaines que j'y suis. Mais je le temps. J'ai toute la vie !



Bon, je parle je parle, mais : on le boit ce café alors ?
Au fait, avant que j'oublie : c'est quoi ton prénom ?