"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici everything felt right when they were together. / andrew 2979874845 everything felt right when they were together. / andrew 1973890357
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everything felt right when they were together. / andrew

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() message posté Lun 19 Jan 2015 - 23:46 par Invité
even though she was constantly in motion, it seemed as if nothing special ever happened to her anymore. each day seemed exactly like the last, and she had trouble differentiating among them. but because they didn't see each other very often, their relationship had more ups and downs than either of them had experienced before. since everything felt right when they were together, everything felt wrong when they weren't. ✻✻✻ J’avais eu l’habitude d’aller à pieds jusqu’à l’épicerie au bout de ma rue, des mois durant. Mon existence avait été rythmée par les rares allers-retours que j’avais bien pu faire entre mon immeuble et la minuscule boutique ; elle n’avait pas été bien grande mais elle m’avait suffi. Je n’avais pas eu de grandes exigences, après tout. J’avais passé la majorité de mon temps en dehors de mon appartement, à me perdre entre les murs de l’hôpital, à sortir de temps à autre, à vivre loin de ma propre existence comme si mon âme avait pu se détacher de sa propre histoire. Comme si mon corps avait pu se détacher de son propre vécu, de ses propres cicatrices. Je n’avais pas eu besoin de tant de nourriture. Je n’avais pas eu besoin d’énormément de produits ménagers. Juste le minimum. Parce que cela était ainsi. Je vivais au minimum. Juste suffisamment pour rester en vie. Juste suffisamment pour continuer d’avancer et de mettre un pied devant l’autre.
Juste suffisamment. Mais jamais assez.
J’esquissai un vague sourire lorsque mes doigts se refermèrent sur mes clefs de voiture, une seule et unique pensée effleurant mon esprit en cet instant. Cela ne serait plus le cas, désormais. Je savais que cela était temporaire mais je ne cessais de me répéter que juste suffisamment ne convenait plus. Je pris une profonde inspiration avant de tourner la tête vers Andrew et lui adresser un sourire. Je m’assurai qu’il était prêt, avant d’appeler l’ascenseur privé de mon immeuble ; nous patientâmes en silence, mes traits figés dans une expression sereine qui me pesait presque. Les portes s’ouvrirent dans un faible grincement mécanique et ma respiration s’arrêta durant une poignée de secondes. « On y va. » m’adressai-je à l’intention de Camelia, lovée dans le canapé, et de Clarence, perdu quelque part entre les murs de mon appartement, à errer en attendant que Blake revienne. « Vous aurez intérêt à nous aider lorsque l’on reviendra avec les courses, autrement vous dormirez tous les deux avec le concierge cette nuit. C’est compris ? » Les portes se refermèrent sur nous avant qu’ils ne puissent me répondre ; mais, au fond de moi, je savais qu’ils ne me prendraient sans doute pas au sérieux. Après tout, s’ils logeaient chez moi, qu’étais-je réellement, à leurs yeux ? Leur grande sœur ? J’avais cessé d’être leur sœur le jour où j’étais rentrée d’Afghanistan, veuve traumatisée, enfant désillusionnée. Je ne pouvais même plus prétendre au rôle de meilleure amie dans l’existence d’Andrew. Je n’avais pas été là pour toutes les étapes importantes qu’il avait connu avec Blake. Je n’avais pas été là pour compatir au deuil de son cousin.
Je n’avais pas été là. Je n’avais plus été là. Leurs existences entières avaient continué, tandis que je m’étais appliquée à me perdre ailleurs. A me perdre seule. Loin.
L’ascenseur s’arrêta au niveau inférieur, ouvrant ses portes sur le parking privé de mon immeuble. Je conduis Andrew jusqu’à la place qui m’était réservée, et nous montâmes dans un mouvement dans ma mini Cooper blanche. Je mis le contact, avant de finalement activer la marche arrière et repartir.
Je n’avais pas eu l’occasion de conduire depuis des semaines. J’avais passé mes journées à héler des taxis ou remonter les boulevards à pied ; j’avais aimé être libre, quelque part. Mais je n’avais pas réellement le choix, en cet instant. Nous étions cinq. Et il était absolument exclu que l’on ramène les courses pour cinq personnes à pieds.
Cinq minutes. Ce fût le temps qu’il nous fallut avant que je finisse par me garer dans le parking de l’hypermarché. Je n’y avais pas mis les pieds depuis des mois ; à vrai dire, je m’étais étonnée moi-même de me souvenir où il se trouvait avec précision. Toujours installée derrière le volant, j’attrapai mon sac à main posé à l’arrière, avant de fouiller dans ses profondeurs pour mettre ma main sur la liste de courses. Je fronçai les sourcils en la parcourant rapidement ; puis, je finis par pousser un soupir, tout en tournant la tête vers Andrew. Je ne lui avais pas décroché un seul mot depuis que nous étions partis.
A vrai dire, j’avais la sensation d’être muette. J’avais la sensation d’être loin, loin de lui, loin de nous, loin de ce lien qui avait pu nous unir. J’avais la sensation d’avoir eu le temps de vivre cent vies depuis la dernière fois que nous avions pu passer du temps ensemble, seuls. « Il faut que je t’avoue quelque chose. » marmonnai-je. Il faut que je t’avoue que tu me manques. Il faut que je t’avoue que je suis désolée. Désolée de t’avoir tourné le dos. Désolée d’avoir fui. Désolée d’avoir préféré la solution la plus facile. Désolée d’avoir été si faible. Désolée d’avoir tout brisé. Mais je ne pouvais pas. Les mots restèrent au fond de ma gorge, perdus dans les méandres de mes pensées tourmentées. « Je ne connais pas du tout ce centre commercial. On risque de se perdre et de mettre des heures pour tout trouver. Désolée de t’infliger ça. » Je lui adressai l’ébauche d’un sourire avant d’ouvrir ma portière et me glisser à l’extérieur. Une rafale de vent me fit frissonner, et j’enfouis mon visage dans mon écharpe en laine. J’attendis qu’Andrew ait refermé sa portière, lui aussi, avant de verrouiller les portes de ma voiture. Je lui lançai un regard, puis marchai doucement à ses côtés.
Je me demandai comment cela était possible, au fond. Comment j’avais bien pu finir par me sentir étrangère. J’avais la sensation de l’avoir connu toute ma vie et, pourtant, nous étions là. Silencieux. Impersonnels. Presque distants. Etait-ce le prix ? Le prix à payer de la douleur ? Un goût amer prit possession de ma langue. Mon cœur, au fond de ma poitrine, battait douloureusement au rythme de mes pas. J’allai récupérer le caddie, insérant avec précaution une pièce à l’intérieur. Je retournai à la hauteur d’Andrew. J’aurais aimé être à l’aise. J’aurais aimé cesser de prétendre et être réellement heureuse, pour une fois. Mais mon corps refusait. Mon corps n’était plus d’accord. « Je n’ai pas encore eu l’occasion de te féliciter pour tes fiançailles. Je n’aurais pas pu rêver de meilleur beau-frère. » finis-je par dire après un instant d’hésitation. Mon entrain sonnait presque faux dans mes oreilles, mais j’étais sincère. J’étais heureuse. Heureuse pour eux. Même si cela me paraissait encore difficile pour moi.
Je ne mentionnais pas mon absence de réponse quant à leur faire-part de mariage. Je me contentai de sourire tandis que nous pénétrions dans le magasin. De sourire comme si j’allais bien. De sourire comme si tout irait bien.
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() message posté Mer 4 Mar 2015 - 15:22 par Invité
 everything felt right when they were together
Olivia & Andrew



Son regard se perdit quelques instants dans l’image que lui renvoyait le miroir et pendant ce bref moment, Andrew se rappela avec précision les moments passés avec Olivia, dans le passé. Quand elle souriait encore sincèrement et quand ils riaient tous les trois ensemble. Lui, sa meilleure amie… Et Isaac. Quand il faisait l’arbitre dans leurs disputes, essayant de ne prendre le parti d’aucun des deux, faisant de son mieux pour les faire se réconcilier rapidement, parce qu’il détestait les moments tendus qui pouvaient exister quand ces deux têtus se faisaient la tête. Ca avait été… Oui, ça avait été parmi les meilleurs moments de sa vie. Et puis il avait fallu qu’il le perdre, il avait fallu qu’il meure. Il avait fallu qu’il réalise l’une des pires craintes qui l’avait prise quand son cousin avait finalement décrété qu’il rentrerait dans l’armée. Et elle  était partie, loin, de longues années durant sans plus donner de nouvelles et Andrew avait juste perdu les deux personnes les plus importantes pour lui à cette époque. Et il s’était retrouvé seul. Désespérément seul. Blake et lui s’étaient trouvés rapidement après ça, mais il y avait toujours ce vide au fond de lui, douloureux et trop présent. Il s’était apaisé avec les années, mais il était toujours là, quelque part, ne se laissant jamais oublier. Andrew ne se souvenait pas avoir montré à quel point la disparition d’Isaac l’avait bouleversé, il s’était renfermé sur lui-même et s’était jeté entièrement dans sa relation avec Blake mais le fait était qu’il avait eu mal. Vraiment mal. Le perdre lui avait été comme perdre une partie de lui-même tant ils avaient été proche. Et la perdre elle si peu de temps après… Ses yeux se fermèrent, le coupant de la surface dans laquelle son imagination faisait jouer des scènes du passé. Un passé révolu. Douloureusement révolu. Un sourire un peu amer joua sur ses lèvres et il inspira profondément, rassemblant son courage et rouvrant les yeux. Il rajusta sa tenue, faisant bien attention à ce qu’aucuns plis ne viennent se glisser sur le tissu souple. Il devait arrêter de repenser au passé comme ça. Là il avait la possibilité de renouer avec sa meilleure amie. De la retrouver, de retrouver la complicité qu’ils avaient avant. Et même si le fantôme d’Isaac flottait toujours quelque part entre eux, il refusait de laisser cette occasion filer.
C’est sur cette résolution qu’il sorti de la pièce, attrapant une veste au passage et se dirigeant vers le salon. Il croisa brièvement Clarence dans le couloir et lui adressa un sourire un peu crispé, inquiet, en guise de salut avant de rejoindre Olivia. Il répondit à son sourire du mieux qu’il put et hocha la tête à sa déclaration. Il était fin prêt pour cette difficile mission qu’était celle de faire les courses. En fait, vu les personnes habitant dans cet appartement, il ne doutait pas que la mission serait en effet compliquée. Il fallait contenter tout le monde et ne vexer personne en pensant à acheter quelque chose qui plaisait à l’un, et pas à l’autre et il ne visait absolument personne avec cet exemple, voyons. Alors qu’ils s’engageaient dans la cabine de l’ascenseur, il jeta un coup d’œil vers la jeune femme, retenant une grimace alors qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’il n’arrivait pas à la reconnaître. Que derrière ce visage lisse de tout sentiment négatif se trouvait certainement celle qu’il avait connu mais que pour l’instant… Pour l’instant elle n’était pas là. Pas vraiment.  « Vous aurez intérêt à nous aider lorsque l’on reviendra avec les courses, autrement vous dormirez tous les deux avec le concierge cette nuit. C’est compris ? » Un souffle amusé s’échappa d’Andrew alors que les portes se refermaient et il murmura sur le même ton. «  J’ai peur qu’il faille que l’on prévienne le concierge alors. Il risque de ne pas dormir seul cette nuit. » Pas qu’il avait un quelconque doute sur le fait que les deux présents dans l’appartement les aideraient mais… En fait, si, il avait un énorme doute. Il était presque persuadé qu’ils trouveraient même le moyen d’avoir évacué les lieux avant qu’ils ne reviennent. Durant tout le temps que dura le trajet – de l’appartement à la voiture d’Olivia – Andrew ne rajouta rien, restant plongé dans ses réflexions. Il cherchait le meilleur moyen d’engager la conversation, de briser ce silence presque pesant qui s’était confortablement installé entre eux. Mais dès qu’il ouvrait la bouche, son idée ne lui semblait plus aussi bonne que ça et il la refermait sans avoir prononcé un mot. Il se sentait ridicule, mais il n’arrivait pas à faire le premier pas comme… Bloqué par il ne savait pas quoi.
Le trajet en voiture ne se déroula pas différemment et heureusement qu’il fut court parce que sinon cela aurait pu franchement devenir gênant. Il se contenta de lui jeter quelques coups d’œil avant de perdre son regard dans les rues de Londres qui défilaient rapidement à la fenêtre. Quand ils furent arrivés, Andrew essayait encore de faire le tri dans ses sentiments, dans les émotions qui se battaient joyeusement à l’intérieur de lui. La joie, sincère et pure, d’être auprès d’Olivia, de l’avoir retrouvé. La sensation qu’une partie de ce vide en lui était comblé, l’autre étant certainement là pour toujours. L’inquiétude pour elle, l’inquiétude de ne pas savoir comment s’était déroulées les années de séparation, l’inquiétude de ne pas réellement savoir comment elle se sentait. Et… Cette espèce de colère pleine de rancune ? Incontrôlable et trop présente, face à ce qu’il avait pris pour un abandon, une fuite en avant. Une fuite qui le laissait seul, derrière. Il savait que c’était sans doute le mieux pour elle, qu’elle avait eu besoin de ça pour espérer se remettre de l’horrible perte qu’elle avait subi. Il le savait parfaitement mais il y avait la partie égoïste au fond de lui qui refusait de comprendre ça, qui lui hurlait que se retrouver à être le dernier membre de leur trio à rester à l’endroit où ils avaient tous grandit, ça faisait mal. « Il faut que je t’avoue quelque chose. » Le marmonnement le tira hors de ses pensées trop emmêlée et sur un bref sursaut il se tourna vers elle, se rendant seulement compte qu’ils étaient arrivés. Il lui adressa un sourire désolé d’avoir été aussi peu attentif et sa phrase instilla quelque part en lui l’espoir que peut-être elle allait elle-même faire le premier pas vers lui. « Je ne connais pas du tout ce centre commercial. On risque de se perdre et de mettre des heures pour tout trouver. Désolée de t’infliger ça. » Pas réflexe, il répondit à son ébauche de sourire par une esquisse similaire alors qu’il digérait du mieux qu’il pouvait la déception de ne pas avoir entendu quelque chose d’autres… Mais au moins, la discussion était lancée, n’est-ce pas ?

Ce fut sur cette pensée plus ou moins positive qu’il sorti de la voiture à son tour, claquant la porte derrière lui. Il resserra sa veste autour de lui et commença à marcher, retournant les mots qui voulaient sortir sans réussir à franchir la barrière de ses lèvres. Il aurait pu répliquer quelque chose, rebondir sur ce qu’elle venait de dire, lâcher une plaisanterie même. Mais non. Ca n’était pas sorti. Même pas une phrase bateau pour lui dire qu’elle n’avait pas à s’excuser. Rien du tout. Comme si une sorte de mur, très haut, s’était installé entre eux deux et qu’ils n’avaient pas encore réussi à trouver comment le franchir. Ce silence entre eux, ce malaise, cette impression de marcher sur des œufs à chaque pas… Ca n’était pas eux. Ca n’avait jamais été eux. Eux, ils s’étaient toujours parlé à cœur ouvert. Eux ils n’avaient jamais hésité à dire quand quelque chose n’allait pas chez l’autre. Il l’observa s’éloigner vers les caddies, laissant pour quelques secondes son regard exprimer la douleur que la situation lui faisait subir. Il voulait retrouver sa meilleure amie. Il le voulait presque désespérément. Dans cet endroit inconnu, avec une fiancée qu’il avait du mal à cerner et un beau-frère qu’il apprenait seulement maintenant à connaître, elle était la seule chose stable pour lui. La seule chose connue… Qu’il pensait connaître, plutôt. Il détourna brièvement les yeux quand elle revint vers lui, dissimulant ses sentiments autant que ses pensées alors qu’ils se dirigeaient vers l’entrée du magasin. « Je n’ai pas encore eu l’occasion de te féliciter pour tes fiançailles. Je n’aurais pu rêver de meilleur beau-frère. » Un sourire sincère étira les lèvres d’Andrew et il lui jeta un regard de remerciement. Pendant quelques secondes il chercha ses mots, et ils eurent le temps d’entrer dans le centre commercial avant qu’il ne réussisse enfin à ouvrir la bouche. « Merci… Tu n’as pas idée à quel point ça me fait plaisir. » Il se mordilla légèrement la lèvre et reprit avec hésitation. «  Liv’… Je… » Un soupir agacé lui échappa et il se retint de passer une main nerveuse dans ses cheveux, pinçant un peu les lèvres à la place. « Est-ce que tu penses venir, pour le mariage … ? Ca ferait plaisir à Blake, je pense… Et ça me ferait plaisir à moi aussi. » Il souffla finalement, son regard voyageant dans les rayons qui s’étendaient autour d’eux. Il ne mentionna pas ses doutes, il ne mentionna pas toutes les questions qu’il se posait ni l’inquiétude qui le taraudait. Il n’y avait qu’une seule personne au courant, et il ne voulait pas que ça s’étende encore plus. « On commence par quoi ? » Reprit-il avec un enthousiasme qui parvenait presque à cacher son malaise et sa maladresse face à sa meilleure amie. Ou du moins, face à la personne dont il espérait qu’elle fut encore sa meilleure amie.
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() message posté Sam 7 Mar 2015 - 23:41 par Invité
even though she was constantly in motion, it seemed as if nothing special ever happened to her anymore. each day seemed exactly like the last, and she had trouble differentiating among them. but because they didn't see each other very often, their relationship had more ups and downs than either of them had experienced before. since everything felt right when they were together, everything felt wrong when they weren't. ✻✻✻ Je m’étais enfermée dans mon propre deuil. J’avais refusé l’aide des autres en songeant qu’ils avaient uniquement cru que j’avais eu besoin d’eux, ne soupçonnant, pas même un seul instant, qu’ils puissent avoir besoin de moi. Je m’étais retirée ailleurs. J’avais pris mes distances, exactement comme je pouvais le faire lorsque j’étais avec un patient. J’avais observé ma propre douleur d’un œil extérieur, recousant mes blessures avec désinvolture, prenant un soin tout particulier à ne pas m’impliquer émotionnellement dans mes gestes et dans mon deuil. Le fantome d’Isaac avait envahi mon quotidien et pourtant je m’étais arrangée pour ne ressentir son absence qu’occasionnellement.
J’avais cru bien faire. J’étais partie de la Nouvelle Orléans pour mettre de l’espace entre mes souvenirs et ma tête. J’avais travaillé plus que nécessaire pour m’empêcher de trop réfléchir, pour l’empêcher de trop me manquer. J’avais abandonné mes proches et ma propre vie pour finalement me permettre d’avancer même si je n’avais été qu’à moitié vivante.
J’avais toujours su que cela n’avait pas été une de mes plus grandes idées ; j’avais regretté, chaque jour et chaque instant, cette distance que j’avais installée entre ces personnes qui avait compté et ma propre personne. J’aurais été capable d’absolument tout pour avoir des nouvelles de mes frères et sœurs, n’aurait-ce été que pour savoir ce qu’ils faisaient, désormais. J’aurais été capable d’absolument tout pour appeler Andrew et lui parler comme s’il ne s’était rien passé, comme si nous étions encore ces deux gamins inséparables et insouciants. Mais je n’avais pas pu. Je n’avais pas réussi. Le temps avait filé entre mes doigts et je m’étais retrouvée de plus en plus perdue dans une existence qui me paraissait fausse et déséquilibrée. J’étais devenue un bourreau de travail et une personne effacée. J’étais devenue une femme frivole et une amie silencieuse. Je n’avais jamais étalé mon passé aux yeux de mes amis de Londres ; j’étais une personne que l’on ne connaissait qu’à moitié. Je déglutis avec difficulté, un frisson parcourant mon échine.
Je m’autorisais à observer Andrew un peu plus longtemps que nécessaire et cela me sauta aux yeux une nouvelle fois. Il me manquait. Les instants que nous partagions me manquaient. J’aurais aimé être là lorsqu’il avait commencé à éprouver des sentiments pour ma sœur ; j’aurais aimé le conseiller sur ce qu’ils auraient pu faire lors de leur première sortie, j’aurais aimé pouvoir entendre le récit de leurs premiers baisers. Quelque part, j’aurais aimé pouvoir encore prétendre au rôle de meilleure amie mais je savais que cela ne me serait plus possible. Le temps avait coulé. Nous avions grandi. Il était parti. Avec lui, il avait emporté une partie de nos âmes, faisant de nous des êtres errant et incapable de se retrouver sans sa présence.   « Merci… Tu n’as pas idée à quel point ça me fait plaisir. » finit par me répondre Andrew lorsque nous passâmes l’entrée du centre commercial. Un sourire vint flotter sur mes lèvres, faisant écho au sien. J’en avais assez de cette retenue qui m’habitait en sa présence. J’en avais assez de me comporter avec lui comme si je ne le connaissais pas. La vérité, au fond, était peut-être que je ne le connaissais plus. Je pris une profonde inspiration, ne disant rien, absolument rien, continuant simplement d’avancer en attendant qu’il reprenne la parole. «  Liv’… Je… Est-ce que tu penses venir, pour le mariage … ? Ça ferait plaisir à Blake, je pense… Et ça me ferait plaisir à moi aussi. »   finit-il par ajouter. Je tournai la tête vers lui avant de me reconcentrer sur les allées du magasin. J’aurais aimé lui dire oui sans même hésiter. J’aurais aimé lui dire que la question ne se posait même pas. Cependant, avec le temps, j’avais eu du mal à dissocier le mot mariage du mot décès. J’avais eu du mal à dissocier la Nouvelle Orléans d’Isaac. « Je… Je ne sais pas. » dis-je doucement avant de prendre une profonde inspiration. Je lui adressai un sourire doux avant de détourner le regard. Mes pieds avançaient seuls, l’un devant l’autre. Ma tête, elle, tentait en vain de trouver une explication à mes propres réticences. « Tu comprends, la Nouvelle Orléans… Je ne suis pas sûre de pouvoir y remettre les pieds. En plus, je suis presque sûre que ta famille me déteste, maintenant. » Mon sourire était désolé, désormais. J’avais mal. Mal au cœur d’admettre ces vérités. Mal au cœur de lui prouver à quel point j’étais ravagée, ravagée à ma manière.
Mais je ne pouvais pas me battre contre ce que j’étais. J’avais mal. Je ne pouvais pas réellement prétendre que tout allait bien. Pas avec lui, du moins. Lui qui m’avait connu si bien, auparavant.
Nous continuâmes d’avancer parmi les allées et je tentais de me repérer par rapport à la liste que je tenais entre les mains. J’étais née dans une grande famille et pourtant j’avais été seule si longtemps que j’avais l’impression d’être dépassée par les évènements. Fidèle à moi-même, j’avais refoulé mes ressentiments au plus profond de mon être mais je peinais à feindre. Je peinais à mentir, quelque part.   « On commence par quoi ? » me demanda Andrew et j’inspectais une dernière fois toutes les possibilités qui s’offraient à nous. « Les boissons, je dirais. Comme ça on met les articles les plus lourds au fond du caddie. » déclarai-je avec assurance avant d’ouvrir la marche jusqu’au rayon de l’eau et des sodas. Je m’arrêtai au milieu, contemplant la liste que je tenais entre les doigts. « On prend de l’eau en bouteille ou tu penses que tout le monde se satisfera de l’eau du robinet ? » demandai-je, un pli marquant mon front. Je finis par pousser un profond soupir en songeant à chacune des personnes présentes dans mon appartement.
Ce qui m’horrifiait le plus, quelque part, était que je ne les connaissais plus. Je ne savais plus quels étaient leurs goûts. Quelles étaient leurs préférences. J’étais leur grande sœur et, pourtant, je n’étais rien de plus qu’une étrangère qui leur offrait un toit. « Sinon je pense qu’on peut faire le plein de Coca, Grenadine, jus d’orange, toutes ces choses-là. Prends ce que tu préfères. » poursuivis-je. « L’alcool est de l’autre côté. Je pense qu’on en aura plutôt besoin. » J’esquissai un sourire avant de lever les yeux de ma liste pour l’observer, lui.
Au fond de moi, j’espérais. J’espérais qu’il finirait par me pardonner. J’espérais qu’il comprenne. Qu’il comprenne qu’il me manquait.
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() message posté Dim 8 Mar 2015 - 20:02 par Invité
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Olivia & Andrew



Cette colère qu’il ressentait un peu trop lui faisait mal autant qu’il savait qu’elle ferait mal à Olivia s’il la laissait parler, s’il ne la restreignait pas tout au fond de lui comme il le faisait actuellement.  Il aimerait lui dire qu’il y aurait très certainement eut d’autres choix à faire, d’autres solutions à exploiter pour l’aider à aller mieux. Que la présence de sa famille, de ses amis aurait pu l’aider également. Qu’il aurait pu l’aider lui, qu’ils auraient pu se soutenir, s’épauler l’un l’autre. Se remonter le moral, parler… Ne serait-ce que parler. Dieu seul savait à quel point la voix de sa meilleure amie lui avait manqué. Seul lui savait à quel point il avait pendant longtemps rêver de l’entendre prononcer son prénom, le faisant se retourner dans une rue de la Nouvelle Orléans pour l’accueillir à bras ouvert parce qu’elle serait enfin revenu. Il aimerait vider son sac, lui dire la douleur qu’il ressentait encore maintenant, celle qu’il n’avait jamais pu évacuer. Il aimerait lui parler de son deuil à lui qui n’était pas vraiment finit, qui ne se finirait peut-être jamais à l’image du sien, même s’il était moindre. Il aimerait, oui… Mais à quoi bon ? A qui ça profiterait ? A qui ça pourrait faire du bien de lâcher tout ça, de hausser le ton, de sentir sa voix trembler sous la douleur, les sanglots retenus ? A personne. Pas même à lui, parce que ça blesserait profondément la jeune femme et que ça n’était pas ce qu’il souhaitait. Il ne voulait pas la punir d’avoir cherché à se protéger d’une façon ou d’une autre, il voulait juste… La retrouver ? Peut-être que parler des choses positives était une meilleure solution ? Mais même là, il avait peur de provoquer plus de mal que de bien. Il avait peur d’augmenter les regrets qu’il devinait chez elle, regrets de n’avoir pas été présente pour les bons moments. Regrets de ne pas avoir pu en faire partie. Il ne savait pas comment elle se sentait, il ne pouvait qu’essayer de le deviner et c’était peut-être ce qui le frustrait le plus. Il voulait savoir. Il voulait la comprendre à nouveau, parce que c’était le seul moyen grâce auquel il pourrait espérer l’aider… Le seul moyen grâce auquel il pouvait espérer franchir ce mur trop haut qui l’entourait si efficacement.
Le sourire qui vint à la jeune femme après sa réponse lui réchauffa le cœur, lui donnant un peu plus de courage pour continuer après quelques instants d’hésitation. Il ne parvenait pas à étouffer l’espoir qui lui rongeait le cœur et qui habitait le regard qu’il n’osait pas poser sur elle, de peur qu’elle le remarque et qu’elle se sente obligé d’accepter simplement à cause de ça. Il voulait qu’elle vienne parce qu’elle le voudrait, et pas pour une autre raison. « Je… je ne sais pas. » Il tourna brièvement les yeux vers elle, le cœur et la gorge serré, dissimulant au mieux la déception qu’il ressentait. Son sourire doux atténua un peu la douleur et il baissa les yeux vers le carrelage du magasin, songeur. « Tu comprends, la Nouvelle Orléans… Je ne suis pas sûre de pouvoir y remettre les pieds. En plus, je suis presque sûre que ta famille me déteste, maintenant. » Un sourire douloureux se logea sur ses lèvres et il resta silencieux quelques secondes avant de relever finalement les yeux, les braquant devant lui après un léger coup d’œil vers elle. «  Je peux comprendre je pense. » Murmura-t-il sans pouvoir dissimuler sa déception, avant d’inspirer profondément, « Par contre, je ne pense vraiment pas qu’ils te détestent. Je pense que tu leur manque à eux aussi, vraiment. » Elle leur manquait pour elle-même, et surement aussi parce que quelque part elle était tout ce qui leur restait d’Isaac. La femme qu’il avait profondément aimée. Hésitant, et parce qu’il avait parfaitement saisit la douleur qu’elle ressentait à travers les quelques mots qu’elle avait dit, il tendit la main vers elle, pressant doucement son poignet entre ses doigts. Juste pour lui dire qu’il était là, maintenant. Qu’elle n’avait plus à souffrir seul, qu’elle pouvait se reposer sur son épaule. Qu’elle avait même le droit de lui pleurer dessus, si elle le voulait. Tant qu’elle l’intégrait à nouveau dans son monde, dans son existence.

Finalement la grande question de ce par quoi ils allaient commencé se posa, parce que c’était bien beau de marcher sans but à travers le magasin, mais ça ne remplissait pas le caddie, malheureusement. Lui n’avait pas tellement l’habitude de faire des courses pour autant de personne, le maximum qu’il avait fait ces dernières années c’était pour lui et Blake, et parfois pour un peu plus, quand des amis venaient. Mais ça n’était pas si souvent que ça, alors ça ne comptait pas réellement. « Les boissons, je dirais. Comme ça on met les articles les plus lourds au fond du caddie. » Il hocha la tête d’un air concentré, comme s’ils étaient en train de mettre au point une mission des plus importantes… Ce qui n’était pas forcément faux, vu la troupe à nourrir. Il la suivit vers le bon rayon, lui faisant confiance pour éviter de les perdre dès le début – quand même ça serait la honte – et son regard curieux s’attarda sur les différentes marques. « On prend de l’eau en bouteille ou tu penses que tout le monde se satisfera de l’eau du robinet ? » Il grimaça légèrement à la question et pencha légèrement la tête sur le côté. Il ne connaissait pas suffisamment tout le monde pour être certain de répondre sans se tromper, alors il haussa les épaules, dépité et pris l’option qui risquait le moins de provoquer une mini rébellion. «  Eau en bouteille, ça me semble plus sûr. Sinon je suis presque certain qu’il y en aura au moins un ou une pour refuser de s’approcher du robinet, juste pour nous ennuyer. » Son ton rappelait un peu trop celui, blasé, de quelqu’un ayant la charge d’un groupe un peu trop turbulent d’enfant en bas âge et au fond, même si ça ne faisait encore pas trop longtemps qu’ils étaient réunis ainsi, c’est parfois ce qu’il avait l’impression d’être, avec Olivia. «  Sinon je pense qu’on peut faire le plein de Coca, Grenadine, jus d’orange, toutes ces choses-là. Prends ce que tu préfères. » Immédiatement un sourire joyeux étira ses lèvres alors qu’il s’approchait du rayon, piochant sans vergogne dans les trucs les plus sucrés, sa gourmandise parlant même pour ce qui était boisson. Il se mordit soudain la lèvre pour retenir un rire nostalgique alors que ses pensées retournaient des années en arrière, quand Isaac et Liv’ réussissait à le convaincre que si, organiser une fête eux-mêmes était définitivement une bonne idée et qu’il fallait faire les courses, tous les trois ensemble… Et inévitablement, ils réussissaient à oublier quelque chose, parce que sinon, hé bien, c’était pas drôle, n’est-ce pas ?
Il releva les yeux vers elle, hésitant à partager le souvenir, avant de finalement se contenter de l’observer d’un regard doux, amusé. Ca pouvait paraître stupide, mais l’émotion le prenait à la gorge et il était sûr que s’il observait l’allée, il pourrait les revoir tous les trois, eux deux se disputant pour choisir une marque d’alcool et pas l’autre, et lui levant les yeux au ciel avant d’en choisir une troisième et de la mettre dans le caddie sans rien dire, mettant fin à la dispute de la façon la plus simple qui fut. « L’alcool est de l’autre côté. Je pense qu’on en aura plutôt besoin. » Un rire léger lui échappa et il plongea ses yeux dans les siens, lui lançant un regard complice avant de se détourner pour ramener quelques bouteilles de soda vers le chariot. Il voulait juste lui montrer qu’il était vraiment prêt à renouer avec elle, à reconstruire ce qui avait été brisé entre eux.   «  Plutôt deux fois qu’une, oui. » Souffla-t-il en secouant la tête, s’appuyant brièvement contre le caddie en l’observant avec amusement. «  J’ai la nette impression que ça nous aidera pas mal, dans les jours qui vont suivre. Même si je refuse d’endosser la responsabilité de tout ce que je pourrais faire, une fois saoul. » Il haussa un sourcil dans sa direction à ces mots, faisant référence à son incapacité chronique à tenir l’alcool au-delà d’une malheureuse bouteille de bière. Parlant de bière… Il se dirigea vers celles-ci, faisant le tour du rayon avec curiosité pour savoir quoi choisir. Il se mordit la lèvre et lui jeta un coup d’œil en coin de là où il était, reprenant, «  Tu n’as pas peur pour l’intégrité de ton appartement ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais ta fratrie est diabolique. » Il ne s’incluait pas dedans. Il était sage lui, il était gentil. Et il était surtout complètement dépassé par le monde présent constamment alors qu’il n’avait clairement pas l’habitude. D’ailleurs, ça n’était pas du tout pratique quand il s’agissait d’essayer de se rapprocher de la jeune femme, il avait toujours l’impression de ne pas réussir à parler librement là-bas, alors quelque part… Oui quelque part, ces courses étaient réellement l’occasion rêvé pour briser cette glace beaucoup trop épaisse.
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Anonymous
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() message posté Lun 9 Mar 2015 - 13:01 par Invité
even though she was constantly in motion, it seemed as if nothing special ever happened to her anymore. each day seemed exactly like the last, and she had trouble differentiating among them. but because they didn't see each other very often, their relationship had more ups and downs than either of them had experienced before. since everything felt right when they were together, everything felt wrong when they weren't. ✻✻✻ J’associais chaque souvenir que j’avais de la Nouvelle Orléans à Isaac. A vrai dire, je connaissais les Von Ziegler depuis l’âge de huit ans, et je peinais à me souvenir de ma vie avant cet âge-là ; tout me paraissait flou, tout me paraissait loin, hors de portée, hors de ma propre personne. Je n’avais été entière qu’à l’instant où j’avais rencontré ce petit garçon qui était devenu, par la suite, mon mari. Je n’avais été entière qu’en sa compagnie, qu’en sa présence, jusqu’à ce qu’il finisse par me quitter. Par quitter le monde. Par quitter sa propre vie.
Le reste de mon existence, mon esprit s’était appliqué à l’effacer de ma mémoire. Les instants que j’avais bien pu vivre avant de croiser sa route ne comptaient pas. Pas réellement. Je n’avais pas été Olivia Marshall-Von Ziegler. Je n’avais pas été moi-même. Je n’avais pas été cette femme qu’il avait faite de moi.
Parce que c’était ainsi que je le voyais ; j’avais été un autre individu avant de le connaître. J’aurais pu évoluer différemment si nous n’étions jamais tombés amoureux. Nous nous étions changés mutuellement. Je ne savais pas si nous avions fait de l’autre un être meilleur, mais j’avais fait partie de lui, autant qu’il faisait partie de moi.
Cela était en partie pour cela que rester à la Nouvelle Orléans m’avait été intolérable après l’enterrement. J’avais tenté, pourtant, de retrouver ma vie là-bas. J’avais tenté de m’y faire, tenter d’avancer, tenter de me reconstruire une existence, une existence sans lui. Mais chaque endroit où j’avais bien pu aller, chaque instant de la journée, avait réveillé au fond de mon être des souvenirs. Tant de souvenirs. Je nous avais vu gamins à courir l’un derrière l’autre, poussant des cris allègres. Je nous avais vus échanger notre premier vrai baiser. Je nous avais surpris, presque, en train de nous aimer, cachés, quand nous croyons encore que les adultes n’étaient pas au courant. Je nous avais vus avec Andrew en train de faire les quatre cents coups.
Et je n’avais pas pu y rester. Je n’avais pas pu faire mon deuil dans la ville qui m’avait semblé abriter le fantôme de mon mari. Qui avait semblé abriter le fantôme de mon existence passée.
Y retourner me paraissait être au-dessus de mes forces, et je ne parvins pas à donner de faux espoirs à Andrew. Je vis la déception envahir ses traits et je sentis, au même instant, ma gorge se serrer avec violence quand je constatais que je ne faisais que le laisser tomber une fois de plus. Il ne me méritait pas. Il ne méritait pas tout cela. « Je peux comprendre je pense. Par contre, je ne pense vraiment pas qu’ils te détestent. Je pense que tu leur manques à eux aussi, vraiment. » finit-il par me répondre. J’esquissai un doux sourire, ne sachant que répondre, préférant le silence. Ce silence qui me réconfortait. Ce silence qui me permettait de me cacher plutôt que parler, encore et encore, parler pour ne le décevoir qu’encore plus.
Qu’aurais-je pu dire, après tout ? Je suis désolée, Andrew. Je ne suis pas assez forte pour tout ça. Non. Je suis désolée, Andrew, ce n’est peut-être pas eux qui me détestent mais, moi, je me déteste pour t’infliger tout ça. Je secouai légèrement la tête pour chasser toutes mes pensées, sans y parvenir réellement ; au lieu de quoi, nous prîmes route jusqu’au rayon des boissons.
Il y avait cette distance entre nous, cette distance qui était là depuis qu’ils étaient tous venus à Londres. J’avais fait comme si cela ne me dérangeait pas. Comme si cela n’était pas grave. Cependant, elle ne me paraissait presque plus supportable. J’aurais voulu rire avec lui, rire réellement. J’aurais voulu lui dire tout ce que j’avais sur le cœur, lui dire à quel point j’étais désolée, à quel point Isaac me manquait, à quel point il me manquait, lui aussi. Mais je savais que ce genre de paroles ne m’étaient plus autorisées alors je me taisais.
Me taire. Je ne faisais que cela. Je n’étais bonne qu’à me ça. « Eau en bouteille, ça me semble plus sûr. Sinon je suis presque certain qu’il y en aura au moins un ou une pour refuser de s’approcher du robinet, juste pour nous ennuyer. » Son ton me fit sourire et je secouai la tête en levant les yeux au ciel. Je savais qu’il n’avait pas l’habitude. Mon appartement était peut-être plein de personnes, actuellement, mais je n’étais pas la personne la plus dérangée par cela, non. Cela était sans doute Andrew. « Ne dis pas ça comme s’ils étaient tous des petits monstres. » lui dis-je en attrapant une bouteille d’eau fontaine de huit litres. Je la posai au fond du caddie avant d’en chercher une autre. « … Enfin, si, parfois, ils sont terribles. Mais tu verras, on s’y fait vite. » J’en pris une troisième, laissant Andrew faire le plein de boissons sucrés, lui faisant largement confiance sur ce point. Je jetai un vague coup d’œil sur ma liste avant d’aller moi-même attraper des jus de fruit pour le matin.
J’entendis un réel rire de la part d’Andrew au moment où je fis un commentaire sur l’alcool qui serait sans doute nécessaire à la survie de tous ; il m’adressa un coup d’œil complice avant de continuer sa chasse aux sodas. Je sentis mon cœur se réchauffer dans ma cage thoracique. Ce n’était pas grand-chose ; au fond, cela n’était qu’un éclat de rire, un éclat de rire bref. Mais j’avais la sensation que cela changeait presque la donne. « Plutôt deux fois qu’une, oui. J’ai la nette impression que ça nous aidera pas mal, dans les jours qui vont suivre. Même si je refuse d’endosser la responsabilité de tout ce que je pourrais faire, une fois saoul. » dit-il et je ne pus m’empêcher de rire légèrement à sa remarque. Aussitôt, il partit de l’autre côté du rayon pour chercher de l’alcool, et je le suivis, poussant le caddie. Je n’étais même pas sûre qu’il soit suffisamment grand. Peut-être aurions-nous dû en prendre un deuxième, même. « Tu n’as pas peur pour l’intégrité de ton appartement ? Je ne sais pas si tu es au courant, mais ta fratrie est diabolique. » J’éclatai de rire en le rejoignant finalement dans le rayon, parcourant des yeux les différentes bouteilles. J’haussai les épaules avec désinvoltures, m’approchant des bières pour chercher les packs les plus grands. « Tu dis ça, mais je pense que la personne la plus à craindre, quand elle a bu, est toi. » lui répondis-je presque sur un ton de défi. Je me souvenais de ces soirs où nous avions trop bu. Ces soirs où j’avais dû le ramener chez lui pour le coucher dans l’espoir que ses parents ne nous surprennent pas. Cela me paraissait loin. Si loin. Des années, des siècles, même. « Est-ce que je dois te rappeler dans quel état tu es après une seule bière ? » Je lui adressai un sourire triomphant avant d’ajouter un pack de bière dans le caddie. Je me tournai du côté du vin, attrapant une bouteille de blanc pour observer son étiquette. « Au moins, chez les Marshall, on tient à l’alcool. » J’avais failli dire et Isaac était pareil mais je me retins dans mon élan. Je savais qu’il lui manquait. Qu’il lui manquait aussi fort qu’il ne me manquait à moi. Mais je ne savais pas si j’avais le droit de faire ce genre de remarques en sa présence. Je ne savais pas si j’y étais autorisée.
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