"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici Total eclipse at the bar ft James 2979874845 Total eclipse at the bar ft James 1973890357
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Total eclipse at the bar ft James

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() message posté Lun 19 Jan 2015 - 16:51 par Invité
“ Whoever fights monsters should see to it that in the process he does not become a monster. And if you gaze long enough into an abyss, the abyss will gaze back into you.”   Je me perdais dans la profondeur de mes sentiments. L’amour était une sensation dérisoire, et pourtant dans l’obscurité ambiante je pouvais percevoir une faible lueur au loin. Le monde s’était brisé autour de moi, et je me tenais immobile au milieu des ruines et des décombres. Ma bouche sèche tremblait avant de rencontrer la fraicheur de l’alcool et ses vertus relaxantes. Il était tant pour l’homme de se dresser contre ses angoisses, il était tant de tomber et de se relever en chancelant. Je repensais aux modifications effectuées durant ces dernières semaines, et même si James dénaturait parfois la clarté de mes pensées, il avait un don particulier pour transfigurer les émotions. J’avais l’impression de frôler la perfection en le côtoyant chaque jour. Malgré nos entrevues fréquentes, et l’ambiance conviviale qu’il avait instaurée entre nous, je restais intimidé par la grandeur de son esprit littéraire. Je l’appréciais, je le respectais, et je le jalousais secrètement.  Je clignai des yeux en m’accoudait lentement sur le comptoir.

Mes idées cheminaient vicieusement autour de ma tête, mais j’étais incapable de trouver un fil conducteur. Ma gorge se serra troublée par les lamentations muettes de mon cœur. Parfois, j’étais au sommet du désespoir. Il me semblait que l’oppression ne me quitterait jamais. Je déglutis avec difficulté avant de me retourner vers mon éditeur.  « Merci James. » Marmonnai-je d’une petite voix. « Je tenais à te remercier pour ta patience. Je sais que je prends mon temps, et que je disparais souvent. » J’esquissai une ébauche de sourire avant de boire une nouvelle lampée de whisky. Peu importe mes longues réflexions ou mes efforts obstinés, j’étais incapable de clôturer le dernier chapitre de mon histoire. L’inspiration était le plus grand mal de l’écrivain. Je me ployais avant de me redresser avec impudence. Ma bouche se courba, déformant la quiétude de mes traits. Nous avions travaillé toute la nuit et même si je sentais la fatigue s’emparer de mes muscles, je refusais de céder. Je levai la main afin de commander une nouvelle tournée. Mes yeux sombres balayèrent la pièce bruyante, et je remarquai les posters publicitaires de top gun et l’horloge à coucou accrochée au mur. Je fixai la chevelure indisciplinée Kelly Mcgillis lors que le barmaid m’extirpa de ma torpeur. Il déposa les deux verres d’élixir, et je reportai mon attention sur l’homme imposant et pédant qui m’accompagnait. J’acquiesçai de la tête, l’invitant à se resservir.

« Comment va Lexie ? » M’enquis-je avec douceur.  Je connaissais la jeune femme depuis quelques années déjà, j’avais côtoyé sa sœur et même si notre relation avait eu des tournures dramatiques, je m’évertuais à garder contact du mieux que je le pouvais. « Elle m’a un peu parlé de vous. » Expliquai-je en riant avec légèreté. « Nous sommes restés proches malgré la rupture. Je suis sorti avec la chipie Bower. » Notre relation n’était pas tout à fait personnel, mais il arrivait qu’on discute librement de nos vies respectives.  Je crispai mes mains autour de mon tabouret d’un air naturel – espérant ne pas avoir franchi les limites de bienséances.
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() message posté Lun 19 Jan 2015 - 21:30 par Invité
Total eclipse at the bar

Le talent de Julian n’était plus à prouver. Ce jeune homme était sur le point de devenir l’un des auteurs les plus en vogue de sa génération et James avait la ferme intention de le pousser dans ses derniers retranchements. Il n’était pas question d’être bon. Il fallait qu’il soit excellent. Ainsi, l’éditeur prenait plaisir à discuter durant des heures avec son jeune protégé, lui prodiguant quelques conseils de bon sens susceptibles de l’aider à avancer plus rapidement. En plus d’être talentueux, Julian était un homme passionnant. Vraiment. James adorait le temps qu’ils passaient ensemble et les discussions enflammées et animées qu’ils pouvaient avoir au sujet de telle ou telle tournure de phrase, de tel rebondissement ou tout simplement au sujet de leur vision du monde. Ce soir, c’est dans un bar du centre ville que les deux hommes avaient décidé de se retrouver. La masse de travail qui les attendait fut accompagnée de quelques verres de whisky, trop nombreux pour que James puisse les compter. Chez l’éditeur, rien ne trahissait l’alcool en dehors de son regard brillant et pétillant et de ce sourire à la limite de l’hilarité qui faisait son apparition de temps à autre, au détour d’une bonne boutade. « Merci James. » Avalant une nouvelle gorgée du divin breuvage, James leva les yeux en direction de son interlocuteur et haussa les épaules avec désinvolture. Julian n’avait pas à le remercier. Il ne faisait que son boulot. Un boulot qui le passionnait, certes, mais un boulot quand même. « Je tenais à te remercier pour ta patience. Je sais que je prends mon temps, et que je disparais souvent. » Là, il marquait un point. Mais en dépit de ses disparitions incessantes, Julian semblait être un homme de confiance. Du moins, il n’avait jamais mis l’éditeur en difficulté et avançait dans ses écrits de manière remarquable. « De talentueux écrits nécessitent toujours que l’on fasse montre d’une patience exemplaire. L’inspiration va et vient à son gré, mais si tu veux mon avis, je pense que les muses sont à tes côtés en permanence. Chaque fois, je pense que ton talent a atteint son paroxysme et chaque fois, tu me prouves que je me suis lamentablement planté. C’est plutôt moi qui devrait te remercier. Ce sont les putains de bons auteurs dans ton genre qui me confortent dans l’idée que je fais le plus beau métier du monde. A la tienne ! » Et sur ces belles paroles, James avala d’une traite le contenu de son verre de whisky qu’il reposa sur le comptoir avec un bruit sourd. Il fit de nouveau signe à la serveuse pour qu’elle leur remette une nouvelle tournée et passa une main distraite dans ses cheveux. James avait cette allure de mec coincé qui contrastait fortement avec cet endroit. Il était sans doute le seul client ici présent à porter un pantalon noir et une chemise bleue. Bon d’accord, en raison de la chaleur ambiante, il avait été contraint de se débarrasser de sa cravate et avait ouvert les premiers boutons de ladite chemise. Mais tout de même, il n’en demeurait pas moins dandy sur les bords. « Je pense que tu vas cartonner. Ils vont tirer une de ces tronches à la remise des prix !! » L’éditeur faisait allusion au gala annuel organisé par les plus grandes maisons d’édition du pays. Chaque année, tout le monde connaissait par avance les noms des vainqueurs pour la simple et bonne raison que les auteurs n’étaient pas récompensés pour leur talent ou leur originalité, mais simplement pour l’argent qu’ils avaient apporté aux caisses déjà bien fournies de leurs éditeurs. Ainsi, on laissait de côté les jeunes auteurs talentueux et plein d’avenir pour venir féliciter les écrivains populaires dont les noms étaient à eux seuls de véritables mines d’or. Cette année, James avait la ferme intention de présenter l’ouvrage de Julian et il savait qu’en dépit de son manque de notoriété, il remporterait le grand prix. C’était évident. Il allait leur prouver qu’un auteur encore anonyme peut surprendre, se démarquer et devenir la nouvelle coqueluche du public en un claquement de doigts. De son côté, James tâchait toujours d’être juste dans son travail. Il ne récompensait jamais le plus populaire, mais celui qui selon lui était le plus méritant. Ainsi, son vote était toujours objectif, du moins, il essayait de l’être. De fait, l’éditeur n’hésitait pas à ruiner la carrière d’un célèbre auteur en vogue ou au contraire, à attirer l’attention sur de jeunes écrivains encore dans l’ombre. En tant qu’éditeur, il était terrifiant. Mais en tant que critique littéraire, James se voulait impitoyable. On peut dire qu’il faisait partie des critiques les plus redoutés pour la simple et bonne raison qu’il n’avait pas sa langue dans sa poche. Il écrivait pour de nombreuses revues littéraires publiées à échelle internationale et était celui qui avait le pouvoir de lancer une carrière ou au contraire de l’anéantir, celui qui pouvait faire de vous le nouvel auteur en vogue ou au contraire, ruiner votre carrière en l’espace de quelques semaines.

« Comment va Lexie ? » Lexie ? Sur l’instant, James trouva fort appréciable que son jeune ami se souvienne de sa bien aimée et surtout, qu’il ait la délicatesse de s’enquérir de quelques nouvelles. Il savait que ces deux-là se connaissaient, même si de toute évidence, James n’avait jamais eu l’occasion d’interroger Julian quant à la nature de leurs rapports. Etaient-ils amis ? Voisins ? De simples connaissances ? « Elle m’a un peu parlé de vous. » Le rire léger du jeune homme était véritablement contagieux puisqu’il eut un effet miroir sur James. Il fallait sans doute mettre tout ceci sur le compte de l’alcool, mais qu’importe. James se sentait enjoué, léger et parfaitement insouciant. Autant parler d’une grande première depuis une éternité. « Vraiment ? Je me demande ce qu’elle a bien pu te raconter à mon sujet. Lexie et moi avons une histoire commune relativement singulière.» Sexe sans attache, sexe sans attache, sexe sans … oh tiens, des sentiments !! Cette pensée le fit sourire avant qu’il ne remercie d’un léger signe de tête la serveuse pour les nouveaux verres. James était passé depuis longtemps maitre dans l’art d’affronter la bouteille mais cette fois-ci, il se devait d’admettre qu’il avait trouvé un adversaire redoutable. Après avoir levé son verre en signe de santé, James le porta à ses lèvres tandis que les mots de Julian lui parvenaient au travers d’un voile légèrement cotonneux. « Nous sommes restés proches malgré la rupture. Je suis sorti avec la chipie Bower. » Incrédule, il éloigna légèrement son verre de sa bouche et fixa Julian d’un regard interrogateur, un point vitreux sur les bords. Son air sérieux demeura figé un instant et peu à peu, ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui se changea en un rire franc qu’il ne devait qu’à l’alcool qui coulait dans ses veines. « Qui, toi ? Pfffff, arrête t’es en train de me faire marcher ! T’as pas pu sortir avec elle, elle me l’aurait dit. » James hôcha la tête pour appuyer ses dires puis essaya de se souvenir d’avoir déjà entendu Lexie lui parler de Julian… hum non, il ne parvenait pas à s’en rappeler. Et pour cause !! Julian faisait allusion à une autre Bower, mais ça, James ne pouvait pas le deviner. « Qu’est-ce qui s’est passé ? »


lumos maxima
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() message posté Jeu 22 Jan 2015 - 21:16 par Invité
“ Whoever fights monsters should see to it that in the process he does not become a monster. And if you gaze long enough into an abyss, the abyss will gaze back into you.”   La violence de mes pensées se faisait percutante. Les appels pitoyables de ma conscience transperçaient ma poitrine avant de s’évanouir quelque part au fond de mon cœur. Ma gorge se serra dans un spasme douloureux, et pendant une poignée de secondes, il me sembla que l’envie de pleurer ne me quitterait plus jamais. J’étais en fusion, pris au piège entre deux identités. Je pouvais être l’amoureux transit, ou le solitaire taciturne. Je pouvais aimer ou philosopher sur l’amour. Je n’arrivais pas à me contenter d’un juste milieu, ou à quitter la rive gauche du désespoir. Je roulais des yeux dans la pièce sombre et austère ; toutes les âmes en peine de la ville s’étaient arrêtées pour panser leurs blessures invisibles au coin d’une cheminée et d’un bon verre d’alcool. Je souris avec mélancolie en faisant tourner  mes pouces sur le comptoir en bois vernis. James dégageait une aura toute particulière, à mi-chemin entre la noblesse et l’humilité. Il était si difficile à sonder ; ses réflexions étaient triées sur le volet comme s’il donnait de l’importance à chacune de ses paroles. Sa voix suave se faufilait entre les silences de mon esprit afin de capter toute mon attention. J’étais comme une gosse dans un parc d’attraction ; fasciné par les jeux de lumières et la magnificence de la nuit. Je le remerciais avec dégagement tout en sirotant ma boisson. Il me transperça de son regard incroyablement bleu, et je lui souris avec courtoisie.  « De talentueux écrits nécessitent toujours que l’on fasse montre d’une patience exemplaire. L’inspiration va et vient à son gré, mais si tu veux mon avis, je pense que les muses sont à tes côtés en permanence. Chaque fois, je pense que ton talent a atteint son paroxysme et chaque fois, tu me prouves que je me suis lamentablement planté. C’est plutôt moi qui devrais te remercier. Ce sont les putains de bons auteurs dans ton genre qui me confortent dans l’idée que je fais le plus beau métier du monde. A la tienne ! » Récita-t-il solennellement en levant son verre. Je mimais chacun de ses gestes avec entrain, hypnotisé par sa prose brillante et ses sourires malicieux. Cet homme était à l’effigie des grands Dieux de la mythologie, impétueux, parfois pédants, mais incroyablement inspirant. « Je pense que tu vas cartonner. Ils vont tirer une de ces tronches à la remise des prix !! » Ses compliments sonnaient comme une incantation charmante. Il me vendait un rêve pour lequel j’avais passé ma vie à me battre. Il détonnait la clé d’un succès dont j’étais parfois obsédé jusqu’à l’excès. Je doutais souvent de ma plume, la vérité c’est que j’étais très souvent insatisfait du rendu de mes écrits. Il y’ avait trop d’émotions et pas assez de narration, mon penchant pour le nihilisme faisait souvent ombrage à ma moralité, et mon personnage principale semblait idéaliser le chagrin comme si la mélancolie avait des vertus fantastiques encore inconnues à l’humanité.

« Tu me flatte. J’écris depuis trop longtemps sur le même sujet. Je suis cet écrivain désabusé qui a élu un domaine de prédilection. Parfois je me relis et j’arrive à anticiper mes tournures de phrases parce que mon esprit a adopté une certaine philosophie d’écriture ou de création.  Le mal est une chose trouble, sombre, et gluante. Par opposition, le beau est un éclat aussi aveuglant que le soleil. Je suis le mal. Elle est le beau.» Je souris avec malice. « C’est un peu présomptueux de ma part, mais je semble adresser une ode à ma personne à chaque fois que je décris un personnage. Il y’ a un peu de moi dans chaque bout de vie que j’ai façonné. » Récitai-je avec clarté. James était peut-être un éditeur redoutable, mais il avait réussi à me mettre en confiance à la minute ou nous avions commencé notre collaboration. Bien sûr, il n’avait rien perdu de sa grandeur ou de sa majesté– à mes yeux il restait un héros des temps modernes, mais  il était  aussi prévenant, à l’écoute, et respectueux de l’art, malgré sa carrure imposante, ou sa critique parfois sanglante. Je serrais ma prise sur mon verre avant de le vider d’un coup. L’alcool cheminait le long de ma gorge avant de réchauffer mon estomac crispé. Je tendis le bras vers le bol de chips et de biscuits secs afin de prévenir un quelconque embarras. Boire le ventre vide n’avait jamais été une idée très brillante !

Ma relation avec Lexie avait toujours été spéciale. Il est vrai que nous connaissions des périodes d’absence et de silence, mais je m’évertuais à rester en contact avec la jeune femme que je considérais toujours comme une petite sœur. Elle était parfois bornée et têtue, mais cela ne faisait que rajouter de son charme enfantin.  « Vraiment ? Je me demande ce qu’elle a bien pu te raconter à mon sujet. Lexie et moi avons une histoire commune relativement singulière.» . Je souris avec amabilité avant de me redresser dans mon siège. « Elle ne s’est pas réellement étalé sur le sujet, mais je sais qu’elle apprécie beaucoup la compagnie d’un homme aussi charismatique. J’avouerais aussi qu’elle a bien raison. » Les attraits de James étaient indéniables, il faisait souvent tourner les têtes à son passage. Je remarquais facilement l’effet hypnotique qu’il avait sur la gente féminine, à chaque fois qu’il ouvrait la bouche.  La serveuse vint nous servir à nouveau, et je lui adressai un signe de la tête avant de me jeter sur la boisson ambrée. Je buvais trop souvent par dépit, mais cette fois, il fallait avouer que j’appréciais le moment. James était  de très bonne compagnie. Il avait en lui la grâce de l’artiste et la maturité du professionnel. Je me plaisais à penser que j’avais beaucoup à apprendre de ses gestes et de sa prestance – même dans un cadre aussi familier. Il s’éloigna lentement de son verre avant de m’adresser un rire cristallin. « Qui, toi ? Pfffff, arrête t’es en train de me faire marcher ! T’as pas pu sortir avec elle, elle me l’aurait dit. Qu’est-ce qui s’est passé ?» Sa réaction me surpris un peu. J’étais mitigé – comment le prendre ? Se moquait-il ouvertement de ma relation avec Samantha ou était-il tout simplement amusé par la tournure de la situation ? J’arquai un sourcil en redressant les épaules.

« Pourquoi ça t’étonne autant ? » M’enquis-je avec douceur. « Je suis sorti avec elle deux fois à quelques années d’intervalle. » Je ris jaune. « Je ne sais pas. Je n’étais pas vraiment dans la relation avec elle ; je lui est brisé le cœur sans m’en rendre compte. » Marmonnai-je dans ma barbe. Je m’abstins de dévoiler ma tromperie anodine, et mon obsession pour ma meilleure amie qui m’empêchait de trouver satisfaction, mais James pouvait aisément deviner que j’étais identique à mon personnage principale ; brisé et dépravé.
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() message posté Dim 25 Jan 2015 - 13:14 par Invité
Total eclipse at the bar

C’est avec une immense attention que James se concentra sur les propos de son interlocuteur, essayant de mieux comprendre son point de vue. L’éditeur adorait échanger avec les auteurs, il lui arrivait même de voir leurs œuvres sous un tout autre aspect après quelques minutes de conversation. Il était important pour lui de ne pas rester figé sur les écrits mais de comprendre ce qui se cachait derrière. C’est en ça qu’on le disait extrêmement méticuleux et pointu dans son travail. Parfois, certaines subtilités pouvaient lui échapper et il suffisait de quelques explications de l’auteur pour que tout devienne extrêmement limpide. En l’occurrence, il avait déjà saisi depuis bien longtemps que les écrits de Julian lui étaient extrêmement personnels. Par ailleurs, c’était toujours extrêmement délicat de s’engager dans la publication d’un roman touchant l’auteur d’aussi près. A vrai dire, il n’était pas totalement certain d’accepter qu’on le critique lui-même de la sorte s’il venait un jour à publier un roman lui étant personnel. C’était bien plus que de l’écriture, c’était une sorte de thérapie dans laquelle l’auteur tentait tant bien que mal de transmettre ses propres émotions, son vécu, ses joies et ses peines. Personne ne devrait être en droit de critiquer ça. Qui sommes-nous pour décréter que tel vécu vaut mieux qu’un autre ? Pour juger de la valeur de ce qui a été ressenti par l’auteur à un instant T ? Naturellement, cela expliquait aussi pourquoi Julian ne pouvait émettre un jugement objectif quant à la valeur de ses écrits puisqu’ils avaient pour lui une dimension que personne en dehors de lui-même n’était susceptible de comprendre ou de percevoir. Sans l’interrompre un seul instant, James le laissa aller jusqu’au bout de sa réflexion tout en acquiesçant légèrement. Effectivement, cela expliquait bien des choses. « N’es-tu pas effrayé par les cinglantes critiques qui seront publiées à la sortie de ton roman ? J’ai beau avoir l’influence que tu connais sur le monde de l’édition, certains n’hésiteront pas à descendre ton travail dans l’unique but de te mettre des bâtons dans les roues et sans véritablement tenir compte de la qualité littéraire de tes écrits. Critiquer ce roman reviendra donc à te critiquer toi, critiquer ton histoire, ton vécu et tes propres émotions. Cela peut-être compliqué à gérer, surtout pour un jeune auteur.» Certes James allait faire en sorte de protéger Julian de son mieux mais il était bien placé pour connaître les requins de ce milieu et savait que tôt ou tard, le jeune auteur deviendrait une cible privilégiée. Naturellement, il y aurait bien plus, beaucoup plus, de critiques positives mais Julian devait être préparé au reste. « Je préfère ne pas te mentir en me contentant de dépeindre une réalité magnifique, faite exclusivement de bons moments. Ce ne serait pas honnête de ma part.» Toutefois, Julian n’avait pas trop à s’inquiéter. James était l’un des plus influents, si ce n’est LE plus influent dans son domaine. Par conséquent, l’avis de James primerait toujours sur celui des autres aux yeux des professionnels, comme du public. « Si tu veux parler de toi dans un roman, même si c’est au travers d’un personnage, vas-y à fond !! Ne le fais pas à demi-mot. Le lecteur n’est pas dupe et ne se laissera pas tromper aussi facilement. Tes joies, tes peines, tes peurs, laisse-toi aller. Quand les émotions sont sincères, pures, ça marche à tous les coups.» Il ne faisait que lui donner quelques conseils, Julian était libre d’en faire ce qu’il désirait.

Lorsque la conversation dévia sur un versant plus personnel, toute l’attention de James se focalise sur son interlocuteur, cherchant sans doute à obtenir de sa part quelques informations dont il n’avait pas eu vent jusque là. Que diable Lexie avait-elle bien pu lui raconter à son sujet ? Pour sûr, l’attitude de James n’était pas toujours reluisante mais depuis qu’il fréquentait la jeune femme, l’éditeur s’était véritablement assagi. A croire qu’elle avait un effet miraculeux sur lui. « Elle ne s’est pas réellement étalé sur le sujet, mais je sais qu’elle apprécie beaucoup la compagnie d’un homme aussi charismatique. J’avouerais aussi qu’elle a bien raison. » Un léger rictus ne tarda pas à fendre le visage sérieux de James tandis qu’il fixait Julian d’un air taquin. « Arrête, je vais finir par croire que tu me fais du gringue, ce qui serait très mauvais pour nos affaires.» Bien entendu, James n’était pas sérieux le moins du monde. « Pour tout dire, c’est plutôt moi qui suis chanceux dans l’histoire. Elle est … il n’y a pas de mot assez fort qui puisse refléter à quel point Lexie est merveilleuse. J’ai beaucoup de chance de l’avoir. Vraiment beaucoup de chance.» Inutile de s’étaler plus longuement sur le sujet. Lexie avait littéralement changé la vie de James et grâce à elle, il avait compris beaucoup de choses. Elle représentait tout à ses yeux. Absolument tout. Ainsi, il ne fut pas étonnant de constater la réaction de l’éditeur lorsqu’il cru comprendre que Julian la connaissait bien mieux qu’il ne le pensait. C’était quoi cette histoire ? « Pourquoi ça t’étonne autant ? » Pourquoi ? Excellente question, ça. Pourquoi ? En réalité, il n’y aurait rien eu de surprenant à cela. Julian était un jeune homme passionné, intéressant, charismatique et intelligent. Il avait tout pour faire craquer n’importe quelle femme. Du moins, c’était l’avis de James. Mais justement, il était peut-être un peu trop… parfait pour Lexie. « Ne le prends pas mal. Au contraire, je pense que tu as le potentiel nécessaire pour conquérir le cœur de n’importe quelle femme. Mais elle… je ne sais pas … j’ai l’impression qu’elle a toujours tendance à se tourner vers de « mauvais garçons ». Tu vois le genre ? » Mauvais garçons dangereux et imprévisibles. Un peu ce que James était. Il avait beau être calme et attentionné avec Lexie, il était loin de l’être au quotidien. Ce n’est pas pour rien qu’il passait pour un être froid et tyrannique aux yeux de tous. « Je suis sorti avec elle deux fois à quelques années d’intervalle. Je ne sais pas. Je n’étais pas vraiment dans la relation avec elle ; je lui est brisé le cœur sans m’en rendre compte. » James le fixa, incrédule. Il arqua un sourcil, tordit la bouche et préféra prendre une nouvelle gorgée de whisky avant de devenir parfaitement désagréable. Il lui avait brisé le cœur ? L’abruti !! « Tu n’es qu’un abruti Julian.» James avait prononcé ces quelques mots de manière calme et froide à la fois. En un sens, s’il n’avait pas brisé le cœur de Lexie, peut-être que lui-même n’aurait jamais eu l’occasion de la rencontrer… « Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé auparavant ?»


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() message posté Mar 27 Jan 2015 - 2:14 par Invité
“ Whoever fights monsters should see to it that in the process he does not become a monster. And if you gaze long enough into an abyss, the abyss will gaze back into you.” Je ne pouvais m’empêcher de ressentir une certaine frénésie à chaque fois que James m’adressait un regard ou un soupir. J’étais à la fois ébranlé et subjugué par sa grandeur. Ce n’était pas une jalousie malsaine, mais une envie de magnificence que je nourrissais secrètement au fond de mon cœur. Je voulais m’élever à mon tour et atteindre son niveau de perfection. Je savais que je débutais à peine – il n’y avait pas de comparaison à faire, mais j’étais presque sûr qu’il avait toujours eu un esprit farouche et téméraire. Il imposait le respect autour de lui avec une aisance presque effarante. Son regard terriblement bleu, son air de faux aristocrate, ou ses cheveux ondulants à mi-chemin entre la discipline et le soulèvement … Il avait quelque chose de spécial et d’incroyablement accrocheur. Je crispai mes doigts autour de mon verre de whisky avant de lui sourire avec politesse. Sa voix vibrait calmement au creux de mes oreilles, et je réalisai à cet instant qu’il aurait pu me dire n’importe quoi – une énorme bêtise, ou une anecdote banale, je l’aurais cru sur parole. Son éloquence d’orateur me retenait captif de ses charmes et de ses talents. Mon sentiment allait au-delà du fanatisme ordinaire, je frisais l’indécent en le reléguant au rang des grands philosophes de ce monde, créateurs de pensée et de magie. « N’es-tu pas effrayé par les cinglantes critiques qui seront publiées à la sortie de ton roman ? J’ai beau avoir l’influence que tu connais sur le monde de l’édition, certains n’hésiteront pas à descendre ton travail dans l’unique but de te mettre des bâtons dans les roues et sans véritablement tenir compte de la qualité littéraire de tes écrits. Critiquer ce roman reviendra donc à te critiquer toi, critiquer ton histoire, ton vécu et tes propres émotions. Cela peut-être compliqué à gérer, surtout pour un jeune auteur. » Commença-t-il avec douceur. J’arquai un sourcil en plaçant mes deux coudes sur la table. Il avait sans doute raison, mais j’étais habitué à attirer l’attention par mes articles, certes à un moindre degré – mais je connaissais le poids de la critique et l’acharnement des médias. J’étais un acharné parmi les autres après tout. J’esquissai une moue songeuse avant de grincer des dents. « Je préfère ne pas te mentir en me contentant de dépeindre une réalité magnifique, faite exclusivement de bons moments. Ce ne serait pas honnête de ma part. Si tu veux parler de toi dans un roman, même si c’est au travers d’un personnage, vas-y à fond !! Ne le fais pas à demi-mot. Le lecteur n’est pas dupe et ne se laissera pas tromper aussi facilement. Tes joies, tes peines, tes peurs, laisse-toi aller. Quand les émotions sont sincères, pures, ça marche à tous les coups. » Je retins mon souffle pendant quelques instants, avant de me dévoiler à lui comme on le fait avec un ami de longue date ou un membre de la famille. « Est-ce que tu crois en moi, James ?» M’enquis-je en effectuant un mouvement de recul, avant de me redresser avec nonchalance. « Il me semble que oui, alors tu dois savoir que j’ai beaucoup de blessures cachées. Tu as l’as lu dans mes yeux bien avant d’analyser le reste de mes écrits. J’ai grandi dans un foyer brisé, orphelin d’une mère partie trop tôt, et battu par un père qui ne jurait que par l’alcool. Pour couronner le tout je suis né de deux cultures que tout oppose ; je possède l’âme pieuse et libérée du libanais et la hargne parfois violente de l’écossais. Je me tiens à la limite de deux endroits différents, mais je ne suis nulle part. Mon histoire commence exactement au premier chapitre, lorsque je n’avais qu’une paire d’espadrilles usée et un manteau trop grand pour aller à l’école. Je me suis dévoilé au monde bien malgré moi. On s’est moqué de moi, de ma démarche, de mes silences … Et je me suis promis en grandissant d’annihiler tous mes ennemis par la simple force de la pensée. Tu tiens entre tes mains ma grande revanche, la quête de ma vie. » Je ris tristement. « J’ai sacrifié trop de choses pour avoir un seul moment de gloire. Je ne peux pas me permettre d’avoir peur des avis négatifs, même lorsqu’ils concernent ma personnalité ou mon vécu. Je ne tolérerais peut-être pas qu’on moque Berenice, parce que je l’aime avec le même engouement, et la même folie que mon héros. C’est un sentiment sans objet ni nom que je tais par caprice ou par égo, mais je sais qu’il est là. Je ne veux pas qu’on la touche. Je suis sincère autant que possible il me semble. » Je secouais frénétiquement la tête comme pour ponctuer mes paroles. « D’ailleurs j’ai pensé que le titre pourrait être ; Loosing Berenice ou Leaving Berenice , qu’en penses-tu ? »

Je me penchai de côté, tout en gardant le visage impassible. J’avais été le premier à engager la conversation sur les fantaisies personnelles de mon éditeur, et même si je ne désirais pas trop en dire, je savais que James n’était pas homme à se contenter de peu. Peut-être étais-je un peu trop protecteur envers cette jeune femme que je considérais comme ma propre sœur, peut-être était-ce trop présomptueux de ma part de vouloir en savoir plus sur ses intentions. Je souris sans le quitter du regard, espérant crédulement sonder le fond de sa pensée, mais c’était me leurrer. James Westlake n’était pas n’importe qui ! « Arrête, je vais finir par croire que tu me fais du gringue, ce qui serait très mauvais pour nos affaires. Pour tout dire, c’est plutôt moi qui suis chanceux dans l’histoire. Elle est … il n’y a pas de mot assez fort qui puisse refléter à quel point Lexie est merveilleuse. J’ai beaucoup de chance de l’avoir. Vraiment beaucoup de chance.» . J’acquiesçai d’un signe de la tête ; elle était merveilleuse en effet mais elle était aussi bornée, têtue, et insouciante lorsqu’il s’agissait de sa santé. J’haussai les épaules avant de demander une bouteille toute entière de scotch sec. « Je ne te fais pas de gringue voyons. » M’amusai-je. « Nous savons déjà tous les deux que tu as déjà succombé à mes flatteries. Il est trop tard pour affirmer le contraire. » Je remplis mon verre, avant de tendre le bout de la bouteille vers celui de James. Une longue conversation nécessitait un esprit vif noyé dans les plaisirs mesquins de l’alcool.

Le jeune homme semblait surpris par mes révélations, je ne me doutais pas qu’il ait une relation aussi étroite avec Sam. Les deux sœurs Bower étaient très proches, je savais que Samantha s’endettait pour financer les traitements parfois lourds de Lexie, je savais aussi que son monde tournait en orbite autour du bonheur de sa jeune sœur, mais je n’imaginais pas que James se soucie autant d’elle. « Ne le prends pas mal. Au contraire, je pense que tu as le potentiel nécessaire pour conquérir le cœur de n’importe quelle femme. Mais elle… je ne sais pas … j’ai l’impression qu’elle a toujours tendance à se tourner vers de « mauvais garçons ». Tu vois le genre ? » Je crispai la bouche en réfléchissant ; je n’étais pas vraiment mauvais garçon. Tout du moins, il était difficile de me considérer comme tel à première vue. Je pouvais être souriant et très charmant en dehors du cadre professionnel du Times, là il m’arrivait d’être presque tyrannique quand l’incompétence des stagiaires m’insupportait. « Je ne sais pas, nous avons été heureux ensemble pourtant. Je suis son premier amour, et elle a été mon souffle de vie pendant des mois. » Marmonnai-je. « Peut-être que les choses n’ont pas duré à cause de notre incompatibilité en effet. Je n’étais pas assez « mauvais garçon », mais j’ai fait des choses vilaines dont je ne suis pas fier. » Conclus-je en serrant la mâchoire. Je ne parlais pas très souvent de Sam pour la simple raison que je mesurais l’ampleur de mes injustices à son égard. J’avais été lamentable, et elle ne méritait pas un tel comportement, ni lors de la première ou de la deuxième rupture. James prit une gorgée de whisky avant de m’adresser un regard neutre. Je ne comprenais pas son attitude. « Tu n’es qu’un abruti Julian. Pourquoi tu ne m’en as jamais parlé auparavant ? » Son ton était à la fois calme, et réprobateur. J’écarquillai les yeux. Pourquoi cette question ? « Je ne sais pas. Nous n’étions pas assez proches au début peut-être. » Je vidai mon verre d’une traite. « Je ne savais pas que tu sortais avec Lexie aussi, je ne pouvais pas faire le lien tout seul. » Je pris une grande inspiration avant de m’accouder à ma chaise. « Je sais qu’elle a souffert, mais malgré tout, elle a trouvé le courage de me guider vers mon propre bonheur. Elle m’a poussé à trouver ma meilleure amie et à lui avouer mes sentiments. C’est l’acte le plus généreux et le plus romantique qu’un homme puisse espérer. Je pense que secrètement je la tiens toujours en estime pour ça, même si je n’ose plus m’immiscer dans son quotidien avec autant d’instance qu’avant. » Je me mordis la lèvre inférieure. « Pourquoi ça t’intéresse ? Vous avez déjà ce genre de relation ? Tu dois être très proche de Lexie dans ce cas. » Je me servis un nouveau en prenant bien soin de rajouter des glaçons à ma boisson cette fois.

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() message posté Mar 27 Jan 2015 - 17:43 par Invité
Total eclipse at the bar

Attentif mais impassible, James écouta son jeune interlocuteur dérouler le fil de ses pensées avec cette familière aisance digne d’un orateur. Son histoire était touchante, c’est vrai. Mais il ne fallait s’attendre à aucune forme de compassion de la part de James. Oh, il n’était pas aussi insensible qu’il voulait bien le laisser paraître, mais il partait du principe que la créativité puisait son essence au sein même de nos expériences, des plus extravagantes aux plus douloureuses. Les malheurs de la vie forgent la personnalité des hommes et ce n’était pas un hasard si Julian était si doué. Le jeune écrivain n’avait pas besoin de s’épancher durant des heures pour que James comprenne qu’il était un écorché. Il l’avait su dès leur première rencontre. « Ne laisse pas cette quête te ronger. Considérer l’écriture comme un exutoire ne doit pas faire de toi un assoiffé de vengeance. La frontière entre le génie et la folie est extrêmement étroite. Tâche de ne pas perdre pied.» Au cours de sa carrière, James avait eu l’occasion de côtoyer bon nombre d’auteurs qui avaient fini par basculer dans la folie. Le cliché de l’écrivain solitaire et détaché du monde réel était bien plus courant qu’il ne l’avait imaginé. Julian était un jeune homme attachant et il serait peiné de le voir correspondre à ce profil. « Concernant le titre, tu as encore le temps d’y réfléchir. Mais si tu penses que c’est le bon, c’est que c’est probablement le cas. J’ai confiance en ton instinct, essaie d’en faire de même.» James n’agissait pas ainsi avec tous ses auteurs. C’était même une grande première pour ce maniaque du contrôle. D’ordinaire, il encourageait ses auteurs à la réflexion alors que bizarrement, il incitait Julian à faire preuve d’instinctivité. Le pire, c’est que les effets de l’alcool n’avaient rien à voir là-dedans…

Entre deux gorgées, James essaya d’imaginer sa bien aimée en compagnie de ce jeune écrivain bourré d’un talent presque insolent. Etrange, mais il ne parvenait pas à se faire à l’idée qu’ils avaient pu sortir ensemble. Lexie était tellement … et lui, il était si …non, ça ne collait vraiment pas ! « Je suis son premier amour, et elle a été mon souffle de vie pendant des mois. » Fixant le mûr qui se trouvait face à lui, James descendit d’une traite son verre de whisky. « Tu m’en diras tant. » C’était écoeurant et dégoulinant de mièvrerie. Oh Julian était un jeune homme remarquable. Mais savoir qu’il avait fréquenté Lexie, SA Lexie … non, ce n’était pas le genre de chose que l’éditeur se plaisait à imaginer. Puis d’ailleurs, pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé auparavant ? C’était tout de même étrange comme situation.« Je ne sais pas. Nous n’étions pas assez proches au début peut-être. Je ne savais pas que tu sortais avec Lexie aussi, je ne pouvais pas faire le lien tout seul. » Ce n’était pas faux. C’était même parfaitement logique. « En effet.» Que pouvait-il ajouter de plus ? James n’aimait pas s’étendre sur ce genre de sujet même s’il aurait pu répéter inlassablement à Julian qu’il était le roi des cons. « Je sais qu’elle a souffert, mais malgré tout, elle a trouvé le courage de me guider vers mon propre bonheur. Elle m’a poussé à trouver ma meilleure amie et à lui avouer mes sentiments. C’est l’acte le plus généreux et le plus romantique qu’un homme puisse espérer. Je pense que secrètement je la tiens toujours en estime pour ça, même si je n’ose plus m’immiscer dans son quotidien avec autant d’instance qu’avant. » Un acte généreux et romantique ? C’était la meilleure. James ne pu s’empêcher de rire cyniquement. Oh il n’était pas du tout en train de se moquer de Julian. Jamais il ne se permttrait de faire une chose pareille ! Disons juste qu’il ne voyait pas ça comme une démonstration de romantisme exacerbée mais plutôt comme une leçon d’intelligence dont seule Lexie était capable. « Nous n’avons pas la même notion du romantisme, mais tu es encore jeune Julian et j’apprécie vraiment cette fraicheur qu’est la tienne. Et avec… ta meilleure amie, du coup ? Ca a fonctionné ? » L’intérêt de l’éditeur n’était pas feint le moins du monde. Le sujet l’intéressait véritablement. Au même titre que tout ce qu’il avait pu lui révéler concernant Lexie… enfin Sam…. « Pourquoi ça t’intéresse ? Vous avez déjà ce genre de relation ? Tu dois être très proche de Lexie dans ce cas. » Vraiment, sa candeur était touchante. James esquissa un nouveau sourire puis se resservit à son tour. Il fixa son verre avec un léger rictus et fit tournoyer le liquide jaunâtre au sein duquel étaient plongés deux glaçons. « Ce que nous vivons … du moins ce que moi je vis … dépasse de loin ma capacité à rationnaliser les choses. Notre relation est hors du commun, ce qui est parfaitement logique puisque Lexie est elle-même hors du commun. Je ne peux même pas t’expliquer tout ça. Non pas parce-que je ne souhaite pas le faire, mais plutôt car c’est quelque chose qui n’appartient qu’à nous. Elle et moi. Personne ne peut comprendre.» C’était ça la logique. L’inébranlable vérité. « Tu penses qu’elle ressent toujours des choses pour toi ? »


lumos maxima
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() message posté Sam 21 Mar 2015 - 20:42 par Invité
“ Whoever fights monsters should see to it that in the process he does not become a monster. And if you gaze long enough into an abyss, the abyss will gaze back into you.”    L’expérience spirituelle, le romantisme décevant, le mal d'amour... Je savais ce que James pensait de ces valeurs précieuses. Il fallait avoir en soi un grand malheur afin de pouvoir créer sans aucune restriction. Je brûlais certainement par bien plus de passions que je ne pouvais endurer, mais mon avidité me rongeait de l’intérieur. Il fallait que je réussisse. Je n’avais aucun mérite. Mon intelligence était quel conque, et ma formation journalistique standard – je me démarquais par mon esprit et les louanges que je chantais à mon désespoir. Je me redressai lentement afin de surplomber la carrure imposante de mon éditeur. «  Ne laisse pas cette quête te ronger. Considérer l’écriture comme un exutoire ne doit pas faire de toi un assoiffé de vengeance. La frontière entre le génie et la folie est extrêmement étroite. Tâche de ne pas perdre pied. »  Il semblait être le seul à comprendre mon combat acharné contre le bonheur. James, sans mon cœur meurtri et les divagations pessimistes de ma raison – je ne suis plus rien. J’avais si peur de tomber dans la monotonie de la vie. J’esquissai un sourire terne en plongeant au fond de mon verre. Les saveurs maltées du whisky s’engouffraient dans ma gorge comme un millier de petites épingles aiguisées. J'appelais cette sensation; le mal pour la création. «   Concernant le titre, tu as encore le temps d’y réfléchir. Mais si tu penses que c’est le bon, c’est que c’est probablement le cas. J’ai confiance en ton instinct, essaie d’en faire de même. » Je retins mon souffle pendant quelques instants avant de dévoiler la clarté de mes dents très blanches. Il avait sans doute raison ; peut-être que je n’étais pas qu’un fantôme, disparaissant dans l’horizon lointain. Peut-être que j'avais le droit de danser au clair de la lune, et d'avoir confiance. Mais à chaque fois que je me laissais aller aux rythmes de mon inspiration le visage étincelant d’Eugenia me percutait de plein fouet. Elle était, malgré ses traîtrises et nos séparations, l’essence même de mon univers. Le roman qu’il tenait entre les griffes n’était que le reflet maussade d’un homme fou d’amour et de mélancolie. J’acquiesçai de la tête. « Je pense que ce sera Leaving Berenice » Déclarai-je d’un air grave. « Je sais que le dernier chapitre est très important. Parfois, je pense en faire une trilogie, mais ce livre mérite d’être unique. J’ai juste un peu de mal à achever une belle histoire. » Je scrutai le comptoir avant de dévisager les visages qui se confondaient dans l’ambiance du bar. Il y avait tellement de tristesse et de joie dans leurs expressions déformées par l’ivresse. Nous étions tous ici pour la même raison – trouver l’absolution. Je regardais mes mains tremblantes s’accrocher à la bouteille comme si le décor qui m’entourait n’était qu’une illusion. Je ne voulais pas partir d’ici. Je voulais rester réel. Il faisait bon de simplement être écrivain, et non journaliste. « Je me livre secrètement entres les lignes, tu dois connaitre ce monde là mieux que moi. Je devrais prendre garde aux critiques. »  Maintenant que j’y pensais, les choses étaient bien plus compliquées. Eugenia pouvait facilement se reconnaître sous les traits de mon héroïne. Mon cœur se serra brusquement, et je bu mon verre d’une traite. Non, je ne devais pas succomber aux incertitudes aussi près du but. J’avais rencontré James quelques semaines après mon arrivée à Londres, il y a de cela bientôt un an. Il n’avait pas taris d’éloge au sujet de mon travail, mais il s’était aussi montré tranchant, exigent et très professionnel. Seul son avis comptait au final. Je voulais publier l’œuvre inachevé de ma vie à ses côtés pour une raison ; son excellence.

Il semblait septique vis-à-vis de mes révélations. Je fronçais les sourcils en songeant que sa réaction était plus ou moins, inattendue. Je ne comprenais pas sa froideur ni la distance qui s’immisçait tout à coup entre nous.  J’appréciais beaucoup l’homme puissant et mystérieux qui se tenait devant moi, mais je sentais une pointe d’amertume dans ses échanges brefs, circoncis, presque méprisants. Pourquoi cet intérêt pour ma relation avec Samantha ? Certes, il fréquentait sa plus jeune sœur mais je n’arrivais pas à envisager leur relation de la sorte. Je connaissais Lexie depuis des années, elle était à la fois douce et indomptable. Les traits délicats de son visage contrastaient parfois avec l’étrangeté de ses tirades et son entêtement presque énervant – mais c’était une fille bien. Je la considérais vraiment comme une petite sœur. Durant mes aventures amoureuses avec Sam, j’avais appris à partager sa dévotion et ses frustrations concernant la maladie et les hospitalisations.  Je soupirai en haussant les épaules. Je n’avais pas à commenter ni à entrer dans les détails : j’avais aimé Sam, point. Je l’avais blessé mais je l’avais éperdument, sincèrement et complètement adoré. Mon amour était fourbe et corrompu, mais mes intentions n’avaient jamais été mauvaises. Je me tapis dans le silence afin de ne pas sombrer dans l’excès. Ma colère était parfois sourde et violente, je n’avais pas besoin de lever le voile sur mes troubles de comportements. J’avais abandonné ma thérapie afin de mieux me consacrer à ma vocation.  L’effet dopant des médicaments ne faisait que perturber le cours de mon imagination. Je me retournai lentement vers lui, la bouche serrée et les yeux éclatant de malice. Non je n’allais pas tout gâcher. Cette maison d’édition était ma dernière chance. « Nous n’avons pas la même notion du romantisme, mais tu es encore jeune Julian et j’apprécie vraiment cette fraicheur qu’est la tienne. Et avec… ta meilleure amie, du coup ? Ca a fonctionné ?»  Je restai figé quelques instants, assailli par une forme de paralysie doucereuse. Ma notion du romantisme était pourrie. Ce n’était pas un scoop. Je déglutis avant de secouer frénétiquement la tête. Non, ça ne fonctionne jamais avec ma meilleure amie. Je sentis mes joues s’empourprer ; quoi ? J'avais honte maintenant ? Je fis la moue avant de passer mes doigts dans mes boucles blondes. « Elle a eu un accident et elle n’a pas voulu «  me freiner » donc elle a disparue. C’est compliqué, elle utilise un fauteuil roulant. Je l’ai découvert en revenant à Londres. » Je souris d’un air accablé, avant de commander des shots de tequila. « Ce que nous vivons … du moins ce que moi je vis … dépasse de loin ma capacité à rationnaliser les choses. Notre relation est hors du commun, ce qui est parfaitement logique puisque Lexie est elle-même hors du commun. Je ne peux même pas t’expliquer tout ça. Non pas parce-que je ne souhaite pas le faire, mais plutôt car c’est quelque chose qui n’appartient qu’à nous. Elle et moi. Personne ne peut comprendre. Tu penses qu’elle ressent toujours des choses pour toi ? »  Je noyai mon esprit dans l’alcool avant de lui adresser un rire sans joie. Je n’avais aucune idée des ressentiments de Sam à mon égard. Elle me détestait parfois, mais je suppose qu’elle retrouvait en moi l’éclat de cette journée de printemps au Parc. « Je l’ai rencontré dans le parc municipal … La première fois … Et maintenant, je ne peux songer à ce genre d’endroit sans penser à elle. Si je suis toujours hanté par le passé, elle doit aussi songer à moi dans ses instants de solitude. » Marmonnai-je. Je me sentais toujours nostalgique lorsque je pensais à ses baisers fiévreux, ou à nos petites chamailleries. A chaque fois que je voulais fuir ce sentiment, les souvenirs me gardaient prisonnier de ces instants illusoires. « Cela dit ton idylle avec Lexie semble si différente de la notre. Vous avez l’air serins ensemble. Je suis content qu’elle ait trouvé quelqu’un d’aussi complet … Elle ne pouvait pas s’entendre avec un idiot de mon genre. On se prendre souvent la tête, rien de méchant.   » Je pianotai dans le vide d’un air distrait avant  de me servir dans le bol d’amuse-gueules. « Que penses-tu de Samantha ?   » M’enquis-je soudainement. Ce n’était pas son avis qui m’intéressait mais j’espérais avoir quelques nouvelles de la jeune femme. A vrai dire, elle me manquait parfois.  
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() message posté Dim 22 Mar 2015 - 20:52 par Invité
Total eclipse at the bar

L’échange était fascinant. Jamais encore les deux hommes n’avaient eu l’occasion de se livrer d’une manière aussi personnelle. Il faut dire que James n’appréciait généralement pas ce genre de conversation. Il n’avait pas l’habitude de lever ce masque d’assurance et d’indifférence qui le caractérisait si bien. Dévoiler ses failles et ses faiblesses ou ne serait-ce que les laisser entrevoir à autrui n’était pas envisageable un seul instant. Il se considérait avant tout comme un homme manipulateur, distillant les informations avec une certaine subtilité lui permettant de toujours obtenir ce qu’il désirait. D’ailleurs, il n’hésitait pas à se présenter comme un être sans cœur, dénué de toute forme d’émotion. Cela dit, il n’était bien évidemment qu’un humain. Un humain avec ses failles, ses faiblesses, ses peines, ses douleurs, mais aussi ses qualités. Personne n’avait l’occasion de voir James sous son vrai jour. Personne. Lexie avait presque réussi. Les autres … Et bien les autres devaient se contenter de ce que James voulait bien leur laisser voir. Rien de plus. En dépit de son histoire et des épreuves traversées, Julian parvenait à conserver cette douce candeur qui plaisant tant à l’éditeur. Parfois, il aurait aimé être davantage comme le jeune auteur. Un peu moins taciturne. Julian était vraiment quelqu’un d’agréable à fréquenter et bien entendu, un écrivain doté d’un talent incontestable. Passer du temps en sa compagnie était donc extrêmement plaisant pour James. Cependant, la tournure de leur conversation semble soudainement le laisser sceptique. L’éditeur n’était pas tout à fait certain de saisir où le jeune homme souhaitait en venir, ni même quelle était l’ampleur de ses sentiments à l’égard de Lexie. Enfin, à l’égard de Sam. Mais pour James, cela ne faisait aucun doute que Julian était en train de parler d’Alexandra. « Je l’ai rencontré dans le parc municipal … La première fois … Et maintenant, je ne peux songer à ce genre d’endroit sans penser à elle. Si je suis toujours hanté par le passé, elle doit aussi songer à moi dans ses instants de solitude. » James haussa discrètement les yeux au ciel avant de boire une nouvelle gorgée. Au cours d’une simple soirée, il venait d’obtenir plus d’informations qu’en plusieurs mois. Imaginer Julian et Lexie était étrange. Très étrange. James n’arrivait vraiment pas à se faire à cette idée. Enfin bon !! Il bu une nouvelle gorgée histoire de faire passer la pilule comme on dit. « Ce qui signifie donc qu’il existe encore un lien tout à fait singulier entre vous deux… » Au grand bonheur de James !! Sérieusement, cette conversation était en train de prendre une tournure qui lui déplaisait beaucoup. Mais bon, il n’allait tout de même pas blâmer Julian pour sa franchise. Non, certainement pas. Puis l’éditeur partait du principe que le passé appartient au passé. Il n’avait malheureusement pas le pouvoir d’y changer quoi que ce soit. Sans quoi, il n’aurait jamais attendu si longtemps avant de déclarer ses sentiments à Lexie.« Cela dit ton idylle avec Lexie semble si différente de la notre. Vous avez l’air serins ensemble. Je suis content qu’elle ait trouvé quelqu’un d’aussi complet … Elle ne pouvait pas s’entendre avec un idiot de mon genre. On se prendre souvent la tête, rien de méchant. » James était loin d’être d’accord avec le point de vue de Julian. Il ne se considérait pas comme quelqu’un de bien pour Lexie. Oh, il l’aimait cela ne faisait aucun doute. Mais de là à dire qu’il était un homme complet et par définition, susceptible de lui convenir… James avait de sérieuses réticences à ce sujet. Il savait que ses démons prenaient toujours le dessus sur le bon sens. Lexie ne pourrait pas supporter ça bien longtemps. Personne ne le pouvait, d’ailleurs. « Il y a des hauts et des bas dans chaque relation. Mais je dois reconnaître qu’elle est dotée d’un tempérament de tous les diables. Moi-même, j’ai parfois beaucoup de mal à suivre son raisonnement. Mais c’est aussi ce qui me plait en elle… A vrai dire, je ne suis pas en mesure de me l’expliquer. J’aime ce qu’elle est, j’aime ce qu’elle m’apporte et la façon dont je perçois le monde en sa présence. C’est comme si je redécouvrais ma propre vie. Je doute de pouvoir lui rendre la pareille mais une chose est sure ; je n’ai jamais aimé quiconque de cette manière.» Et assurément, ce sentiment n’était pas prêt de ressurgir avec une autre. « Que penses-tu de Samantha ? » Un rire cynique et amusé à la fois s’échappa des lèvres de l’éditeur. Que pensait-il de Samantha ? Vaste question. En réalité, il appréciait beaucoup la jeune femme. Mais bon sang, elle l’épuisait par moment !! Il faut dire que ces deux-là passaient leur temps à se chercher, à se taquiner… Il l’aimait bien. « Bon sang, elle est insupportable ! » lâcha-t-il ironiquement. Bien entendu, James n’était pas sérieux en disant cela. D’ailleurs, son rictus amusé pouvait aisément en témoigner. « Oh mais dans le bon sens… Disons juste que Sam et moi ne sommes pas capables d’échanger quelques mots sans nous taquiner. Mais humainement parlant, je la trouve fantastique. Nous nous sommes rapprochés lorsque Lexie était à l’hôpital. Nous nous croisions tous les jours et c’est là que j’ai pu apprendre à la connaître. C’est une fille géniale. » Elle l’était vraiment. Mais pourquoi cette question ?

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() message posté Jeu 26 Mar 2015 - 16:14 par Invité
“ Whoever fights monsters should see to it that in the process he does not become a monster. And if you gaze long enough into an abyss, the abyss will gaze back into you.” Notre relation avait toujours été très professionnelle. James Westlake était un homme froid et taciturne, mais je trouvais ses conseils et la façon qu’il avait de s’adresser à moi était très «humaine ». Je le respectais sans doute, un peu trop pour lui livrer mes terribles secrets mais j’appréciais les instants passés en sa compagnie. L’alcool me déliait la langue et j’appréhendais une erreur de ma part. Il était si grand, si flamboyant, si mystérieux, je ne faisais jamais le poids face à ses paroles posées et justes. Je parlais avec plus de fougue qu’il ne fallait, mais il faisait ressorti cet aspect romantique et passionné de ma personnalité. J’aurais espéré m’accorder à ses exigences et voir une forme de fierté quelconque choir au fond de ses iris bleu lagon – sans oser l’admettre à haute voix, j’aspirais à obtenir sa reconnaissance plus que tout le reste. Il m’avait forgé à l’image du disciple fragile qui ne pouvait déployer ses ailes qu’une fois l’éclat du jour arrivé. Il était l’éclat du jour, la lueur de l’espoir, le soleil lui-même. Cependant, un sentiment étrange s’éveillait dans ma poitrine. Parler des sœurs Bower n’était peut-être une très bonne idée étant donné les circonstances. J’étais épuisé par nos longues veillées nocturnes et mon travail au journal, pouvais-je réellement contrecarrer ses sous-entendus ? Ou me faisais-je des idées à propos de ses intentions ? Je déglutis en me jetant sur mon verre ; pour le courage, pour la force et l’illusion de puissance. « Ce qui signifie donc qu’il existe encore un lien tout à fait singulier entre vous deux… » J’hochai la tête afin d’affirmer ses paroles. En effet, il s’agissait là d’un lien particulier. Samantha était une jeune femme débordante d’affection, mais elle cachait cet aspect passionnant de sa personnalité sous une façade de glace. C’était pour moi, le presque poète curieux par nature, l’amoureux éploré et condamné, une vraie délectation de la découvrir sous toutes ses coutures. Je me redressai en posant mes coudes sur le comptoir, me demandant si elle n’avait pas inspiré quelques lignes de mon ouvrage. Certainement. « C’est toute la beauté et la complexité de la race humaine, on est incapable d’oublier les plus belles rencontres et les pires supplices. » J’effleurai les poils piquants de ma barbe d’un air songeur. J’avais tenu la jeune femme pour acquise. Je n’avais pas réalisé qu’elle m’avait échappé à temps – mais je ne regrettais pas de lui avoir rendu sa liberté. J’étais convaincu que mon destin était différent du sien. Je souris avec retenue. Le visage de mon éditeur se confondait dans le décor du bar. L’ivresse commençait certainement à brouiller ma vision. Je me cramponnai aux derniers vestiges de ma sobriété avec un désespoir presque dramatique avant de me pencher vers lui. Je voulais écouter ce qu’il avait à dire. Je ne voulais pas en rater une seule miette. « Il y a des hauts et des bas dans chaque relation. Mais je dois reconnaître qu’elle est dotée d’un tempérament de tous les diables. Moi-même, j’ai parfois beaucoup de mal à suivre son raisonnement. Mais c’est aussi ce qui me plait en elle… A vrai dire, je ne suis pas en mesure de me l’expliquer. J’aime ce qu’elle est, j’aime ce qu’elle m’apporte et la façon dont je perçois le monde en sa présence. C’est comme si je redécouvrais ma propre vie. Je doute de pouvoir lui rendre la pareille mais une chose est sure ; je n’ai jamais aimé quiconque de cette manière. » Et je n’avais jamais aimé quiconque … Eugenia, Eugenia … Sifflai ma conscience vicieuse comme pour me rappeler à l’ordre. Je secouai frénétiquement la tête. « Tu vas encore te moquer de mes perceptions mais je pense qu’on ne rencontre le vrai amour qu’une seule fois dans sa vie, le reste de nos expériences ne sont que de pâles imitations qu’on finit par épouser afin de se conforter dans notre solitude. » Récitai-je solennellement. Mélanger le romantisme égoïste et le nihilisme affligeant de Nietzche, voilà qui me ressemblait. Je me retournai avec recueillement avant de toiser le barmaid. Il répondit à mon regard insistant en remplissant mon verre vide.

Cela me paraissait presque légitime de lui poser la question ; je voulais savoir comment il percevait Samantha. Avait-il réussi à percer sa coquille ou ne faisait-il que jongler avec ses versants protecteurs envers Lexie ? « Bon sang, elle est insupportable ! Oh mais dans le bon sens… Disons juste que Sam et moi ne sommes pas capables d’échanger quelques mots sans nous taquiner. Mais humainement parlant, je la trouve fantastique. Nous nous sommes rapprochés lorsque Lexie était à l’hôpital. Nous nous croisions tous les jours et c’est là que j’ai pu apprendre à la connaître. C’est une fille géniale. » Je mis quelques secondes à rejoindre son hilarité. Je ris avec légèreté- Une fille géniale, disait-il. Ce n’était pas faux. « Je vois. » Je fis la moue en triturant mes doigts. « Je suis plus proche de Lexie en ce moment alors… » Je marquai un silence avant de reprendre : « A- t-elle tenté de te faire subir l’une de ses soirées séries ? C’est elle qui est vraiment insupportable quand elle se met à réciter toutes les répliques. » Blaguai-je, loin d’imaginer que chacune de mes paroles pouvait être mal interprétée par le jeune homme.

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