Today my life begins ♐ Dmitri

Journée pluvieuse. Tu sais pas pourquoi tu trouves pas une raison de quitter cette ville, et ce pays beaucoup trop réputé pour son mauvais temps. Tu sais pas pourquoi tu te barres pas là où il faut beau et un peu plus chaud. Reflet intérieur ? Serait-ce un miroir qui se reflète avec douceur ? Serait-ce ta couleur plantée dans ce ciel trop mauvais pour vraiment intéressé quelqu'un ? Serais-tu trop habitué pour maintenant t'être tout aussi bien imprégné de l'intérieur par ce décor sans grande couleur ? T'es là à patienter sous un porche inconnu. T'es là café dans une main, cigarette dans l'autre à regarder les gens se presser, marcher et courir sous cette eau qui n'en finit pas de tomber. Toi tu observes. Toi tu bouges pas tu te contentes d'être là. A moitié oublié ? T'aimes plutôt ça comme sensation être assez invisible pour pas être emmerder. T'es pas d'humeur. Ni mauvaise, ni bonne. T'es rien aujourd'hui. Rien de vraiment stable, rien de vraiment bancale. T'es juste sur pause depuis pas mal de temps. Essoufflé ? Temps d'arrêt ? T'aimerais. T'es pas allé en cours, mais c'est pas nouveau comme actualité. Tu sais pas tellement comment tu pourrais t'occuper. Tu te dis que Lysandre va pas tarder à rentrer, oui parce que lui il va à ses heures d'examens. Alors tu décides de bouger, te te décide à te décaler du mur, à terminer ta clope en regardant les alentours. T'as pas de veste évidement, t'avais pas tellement pensé qu'il se mettrait autant à pleuvoir.

Trop la flemme d'aller jusqu'au métro tu t'enfonces dans la ruelle en courant, tu passes devant trois personnes tirant une portière de taxi avant de t'engouffrer dedans sous des protestation dont tu ne tiens pas. Allez vous faire foutre tu penses. T'as pas envie d'en plus patienter si c'est pour lâcher du fric à une bagnole usagée. Pas seul sur la banquette, oups. Tu te dis que tu pouvais pas mieux tomber. Elle te fixe la fille, avec un air surprit et nullement outragé. Tant mieux. J'te fais économiser, on partage le trajet ?! Quoi c'est plutôt sympathique comme proposition et puis tu te dis que du moment que son arrêt de taxi est proche d'une station de métro, ça te va. T'as pas envie de courir sous l'eau, t'as pas envie de devoir plisser les yeux pour ne pas en avoir dedans, t'as pas envie de tremper tes fringues parce que ta ton paquet de clope et ton téléphone qui vont prendre cher. Et puis t'as pas envie, tout simplement. Parce que t'es du genre borné et que lorsque t'as pas envie c'est comme ça. Puis elle est pas vieille la fille, alors elle sera pas aussi chiante que ces bonnes femmes à répliquer qu'il doit attendre comme tout les autres etc etc. Tu lui fais économiser de l'argent et le chauffeur ne gueule même pas, si c'est pas parfait ça.

Et te voilà dans le taxi, évidement il est pas libre, ça aurait été trop beau mais de toute manière tu te serais sans doute fait plus incendier par les passants dehors. Là ils avaient du voir qu'il était sur le point de partir. Toi t'as rien vu, et puis tu t'en fous, au moins tu payeras moins cher, si c'est pas génial ça. Oui t'as pas envie de te faire chier à te tremper sous la pluie.
Tu tombes donc en face à face avec une fille à la peau mate, et l'air fraichement débarqué d'ailleurs que de Londres. Ah les grandes villes et les étrangers, un amour fou. Ah ouais, t'es comme ça, cash ? Elle semble même pas râler et semble plus amusé qu'autre chose. Bon point pour elle t'es pas d'humour à supporter une conne qui semble pas avoir baisé depuis des lustres. Merde mais sérieux les pimbêches qui râlent tous le temps faudrait les rendre muettes. Tu hausses les épaules avec un vague sourire. Ba écoutes, vaut mieux ça que te tenir la chandelle et y aller par quatre chemins. Tu répliques avec ton habituel classe des mots balancé sans vraiment y réfléchir. Toi t'es franc et tant pis si ça plait pas. Je vais à Victoria Station, c'est mon taxi, t'auras pas droit à un détour, c'est là-bas qu'on descend, point. A prendre ou à laisser. Tu lèves un sourcils regardant le chauffeur dans le rétro de devant. Il semble plutôt apprécier la tirade de la meuf et trouver ça juste. Tu tourne de nouveau le regard vers la brune. Bordel. En même temps c'est pas comme si tu avais un autre chemin en tête. Au pire je sortirais avant la fin du voyage à une station en fais pas une affaire d'état. Tu rétorques en te disant que de toute manière sur le chemin y'aura toujours une possibilité pour te convenir.

Le chauffeur semble donc comprendre que vous avez un accord et il actionne son clignotant pour sortir de sa place, toi tu te passes une main dans tes cheveux trempé. N'empêche, moi je débarque, j'ai une excuse pour pas avoir les fringues adaptés à votre temps pourri, mais c'est quoi la tienne ?... Tu l'observes un sourcils remonté. Elle veut faire la discussion ? Tu lui lances un regards détaillant un instant comment elle est vêtu. J'viens d'sortir de taulle j'ai pas refais ma garde robe. Tu répliques avec ton éternel sourire, celui du "j'dis pas forcément la vérité mais tu sais pas vraiment et après tous on s'en fou". Quoi tu la trouve cool ta justification. Tu regardes la pluie sur la route un instant, tu détestes être trempé. Je peux savoir comment tu t'appelles, ou je continue à t'appeler M. le Squatteur dans ma tête ?... Et pas que dans ma tête, d'ailleurs. Tu fais ça souvent, de débarquer dans les taxis des autres, ou c'est un cadeau de bienvenue pour ma gueule ? Tu tournes à nouveaux la tête vers elle. Bordel tu parles beaucoup toi pour une inconnue. T'aimes bien ça en faite, sa manière d'être. Tu trouves ça cool, puis elle parle pas de manière à être chiante. Tu l'observes, lui dire ton nom ? Après tout tu t'en fou non ? J'm'apelle Dmitri et toi ? Tu viens d'où ? Tu lances en montrant d'un coup de menton son sac et sa tenue qui, comme elle l'a dit, n'est pas en adéquation avec le temps automnal de Londres.

T'as pas plongé dans ce taxi dans l'espoir de rencontrer quelqu'un. Tu sais en mode "un film à vomir" eau de rose, romance etc. Le genre de truc que même l'affiche te file la nausée. Non pas vraiment du genre à penser qu'il y avait autre chose qu'une bonne vieille dame ou un homme d'affaire chiant à mourir sur la banquète. Ou personne. Et pourtant te voilà à "converser" avec une brune pas moche, pas chiante. Converser c'est un gros mot, elle te parle tu réponds. C'est un bon compromis.  Ca me ferait plus chier qu'autre chose de toute façon. Tu hausses un sourcils pour transmettre ton total accord avec ses propos. Toi y aller par plein de chemin détourné ? Si peu ton genre. Si j'en faisais une affaire d'état, tu serais de nouveau sous la pluie, mec... Elle rajoute ensuite alors que tu souries un brin face à son franc parlé et son air de mec. Tu aurais pu vraiment tomber sur pire c'est vrai. J'en suis ravis! Tu répliques simplement pour clôturer le sujet.

Bah quoi ? On va pas se regarder dans le blanc des yeux pendant une plombe, si ? Ça c'est la suite de la conversation. Tu réponds rien. De toute manière avec le silence tu l'aurais surement pas fixer dans les yeux tu l'aurais plutôt ignorer et comme ça le trajet aurait été sauf. Alors tu la questionnes, ouais ouais toi qui questionne quelqu'un.... Et une fille de plus. Mais bon elle a piqué ton attention, c'est assez rare pour te faire détourner de tes habitudes. Du bout du monde. Mais on s'en fout, je veux pas y retourner. Le bout du monde c'est vaste ça, tu l'observes te disant qu'elle vient pas de chine ou autre, elle a pas la gueule pour ça. Je m'appelle Sharona, mais c'est long et trop moche. Mes potes m'appelaient Sha pour raccourcir un peu... Je sais pas si c'est beaucoup moins moche, mais enfin... Tu l'écoutes déballer tous cela pour en venir à son nom final. Ok ... Ok. Tu la fixes. Tu parles vraiment trop toi. Tu répliques sans aucune insultes ou même méchanceté. C'est une constation mais rien qu'au léger sourire sur tes lèvres, oui ça t'amuse. Etrangement elle te plait bien à balancer ça comme ça, sans réfléchir, sans rien.

Elle fixe la ville, l'observe avec toute son admiration. Toi depuis le temps t'as plus rien à rêver, tu fixes cette ville grise et embrumée par la pluie. Non vraiment t'en as rien à espérer. Tu te tais, tu fixes la vitre simplement... jusqu'à se qu'elle parle de nouveau. Par contre, Dmitri, ça fait pas très british. Plutôt ruskof en fait... Tu viens d'où, toi ?... Hallucinant en ce moment on te le balance souvent. Comme si t'avais une tête de russe quoi. Ok t'es blond t'as les yeux bleu, et alors le côté "race arienne" c'est pas tout l'est de l'europe bordel. Tu la fixes en grognant. De Londres, de nationalité anglaise. Non mais d'où tu vas de suite me placer chez les russes ! En plus c'est polonais, revois ta culture. Tu lances avec aigreur mais pourtant... en faite elle te fait même pas chier. C'est bien étrange d'ailleurs. T'en as raz le bol qu'on face le lien Dmitri Malejka et les russes. Malejka c'est polonais. Et Dmitri, ok c'est de l'est mais c'est pas russe bordel ! Mais tu t'en fous, elle est pas conne, alors tu pardonnes. Tu viens foutre quoi sur Londres ?

Elle parle trop, c'est un fait, et tu te gênes pas pour le sous-ligner sans aucune délicatesse de ta part. T'es comme ça, c'est dans ta nature de pas tourner autour du pot, de dire se qui te passe par la tête. Bon hormis les sentiments mais ça on en s'en fout. Et à peine ta phrase sortit qu'elle te réplique aussi sincèrement le fond de sa pensée.  Ouais il paraît. Mais si ça te convient pas, c'est toujours le même tarif. Tu dis rien mais le simple sourire qui s'étire sur tes lèvres veut tout dire. Pigé, tu l'adoptes cette inconnue du taxi. Sa franchise et sa manière si peu féminine de te rembarrer te fais autant que te plait alors quitte à partager un taxi autant choisir de pas t'emporter et de l'apprécier.

Puis elle se met à parler de ton prénom, de ton pays, de tes origines. Non pas que t'en a quelque chose à faire d'être anglais ou pas. Mais à force de l'entendre un peu partout tu finis par montrer un peu les dents. Bordel pas possible d'avoir un nom de l'Est sans être aussi aux russes. Désolée. Je suis nulle en géographie. Puis t'imagines bien que chez les maîtres du monde, faire la distinction entre ces bouts de l'Europe là, c'est compliqué... Elle comme ça elle est américaine. "Les maîtres du monde" leur pensée de supériorité te fait bien rire, tu la fixes un instant. Tu vois pas bien se qu'elle vient foutre dans un si petit pays après l'Amérique. Maître du monde... Etats-Unis, toi ça te plairait bien, prendre une voiture et pouvoir traverser les états en long et en large. Si avec mon parcours scolaire j'suis capable de situé l'Colorado j'vois pas pourquoi vous seriez pas foutu d'apprendre nos pays. Tu lâches d'une voix trainante sans pour autant chercher à être blessant. Votre discussion sonne plus comme une partie de tennis a qui se renverra la balle.

Changer de vie. J'espère. Paraît que l'espoir fait vivre alors... Mais vous avez vraiment un temps de merde, c'est relou la pluie. Oui la pluie c'est relou, ils disent tous ça. Toi si la pluie t'empêchait pas de fumer tes clopes, tu serais toujours dessus. T'en sais rien, t'as cette fascination un peu chiante pour cette eau qui tombe du ciel. C'est un cliché à la con, ou il pleut vraiment tout le temps comme ça ? Bon on est en automne alors d'accord mais... le reste de l'année aussi c'est les grandes eaux, ou des fois y a un peu de soleil ? Observant la route tu lèves un sourcils en tournant lentement la tête vers elle. Les amerloques et leurs clichés à deux balles. Comme si tu lui sortais qu'elle peut pas venir d’Amérique vu qu'elle est pas obèse. Tu la dévisages un temps. On est en octobre, tu veux qu'il fasse quel temps à c'te période ?! Evidement qu'y a du soleil, fallait venir en été. Tu finis par balancer en te callant contre le dossier de la voiture regardant le chauffeur qui vous observe par coup d'oeil dans le rétro central. Ouais à se demander si vous venez vraiment de vous rencontrer.

Tu te dis que si ça avait été une vieille le trajet aurait été tout autre. Bien différent, tu aurais sans doute même pas pu rester dix mètres dans ce taxi à l’abri de cette pluie qui tient plus du déluge. Et puis la conversation n'aurait pas été très semblable aussi. Les vieux c'est pas ton délire. Les adultes non plus. Les mômes non plus. T'es plutôt très restrictif comme type en faite, pas tellement ouvert sur le monde. Toi tu demandes rien à personne, pas même une discussion. T'es pas bavard faut dire. Tu es plus du genre à écouter les autres parler. Même si en façade tu fais l'mec qu'en a rien à branler, écouter les autres t'éclates. Tu sais pas bien pourquoi, tu sais pas bien se que tu peux en avoir à faire de ces gens qui t’indiffèrent. T'es pas psy, bien loin de là même. Mais t'en sais rien. Alors cette nana aussi peu restrictive dans sa parole que dans ses pensées, t'apprécies presque de l'avoir avec toi dans c'te taxi. Le mec vous observant un peu à l'avant dans son rétro, sans doute interloqué d'vous voir vous taper la discussion. Hé ouais mec, les jeunes savent encore communiquer. Bah faudrait déjà que nos profs en soient capables... et je suis presque sûre que certains pensent encore que la France est un pays sous-développé alors... Tu souries vaguement, la France tu t'en fous. La France t'as jamais visité, t'es jamais vraiment partit d'ici. T'as une gueule de p*tain d'imigré, mais t'es né ici au fond. C'est pas intéressant l'Europe en général, y a pas de grand méchant à aller combattre. A part au Kosovo, mais si y a pas de trésor à récupérer, ça a pas beaucoup d'intérêt quand même. C'est mieux de se regarder le nombril et de combattre les grands vilains afghans... Ok, elle te sors les conflit géopolitique la nana ? Sortit de son amérique la voilà à t'parler intelligemment. Tu t'en fous. J'ai une gueule a en avoir quelque chose à faire des choses qui se passe en dehors de mon pays ou d'ma ville ?... J'ai assez de problème sans penser aux autres pays. Tu répliques avec détachement. Pas contre elle. Pas contre ça. Plus contre la vie. Au fond c'est vrai, t'es trop occupé avec ta propre maison et ta mère qui fait le tapin, pour songer aux autres du monde. C'est comme ça.

Marie Rambert, elle était d'origine polonaise. Heu... ok. Tu la fixes vacguement sans trop comprendre. Ok. Pourquoi pas. Ok, qu'est-se que j'en ai à foutre d'elle ? C'est qui ? Tu lâches ça en posant une clope entre tes lèvres, clopes que tu n'allumeras pas bien évidement. Mais bon. Ouais bah l'été indien, ça pourrait exister, hein... Enfin pas ici manifestement. Tu hausses un sourcils. Nan ici c'est l'automne annuelle. Tout simplement. Tu observes la pluie continuer de se déverser dehors autour de vous. Sympa. Et le mec qui vous informe qu'elle est bientôt arrivé la brune. Tu dis rien. Jusqu'à se qu'elle te questionne sur des chocolats chauds. T'as une gueule à en boire ? Si tu t'en tiens au café certains matin c'est bien rare d'aller en boire ailleurs que chez toi. Mais bon tu connais bien un bar, un café qui fait bar plutot. Puis t'essayes d'être sympa. Pour une fois. Ouais... vas-y j'connais un truc pas trop mal par ici... au moins t'auras déjà une idée de la gueule du chocolat ici, et tu pourras toujours trouver mieux après.. Tu répliques en regardant la route pour exactement savoir dans quel coin vous serez et comment y aller de manière la plus courte.