Today my life begins ♐ Dmitri

Je suis dans un taxi anonyme, en train de taper la discut' avec un parfait inconnu, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Et avec mon débit intarissable et ses répliques blasées, ça a de quoi sembler étrange, j'imagine bien... Mais je crois que lui comme moi, on s'en fout. Enfin je suis pas très fin psychologue en même temps. Moi, en tout cas, je m'en tape.

« J'ai une gueule a en avoir quelque chose à faire des choses qui se passent en dehors de mon pays ou d'ma ville ?... J'ai assez de problème sans penser aux autres pays.
- Mmmh... »

Air faussement songeur trois secondes.

« Non pas vraiment. Tu détonnerais pas chez moi pour le coup. Personne en a rien à foutre de personne. Ou alors faut pas que ça casse leur image et leurs petites habitudes. »

Ok, tu la sens l'amertume, là ? Bah ouais, c'est pas pour rien que je suis pas là-bas, aujourd'hui. Mais l'amertume, elle est liée aussi à la danse, et ça, tu risques pas de le comprendre... D'ailleurs, la mention de Marie Rambert, ça doit pas trop te parler non plus...

« Ok, qu'est-se que j'en ai à foutre d'elle ? C'est qui ? »

Un petit sourire, comme il fait écho à mes pensées. Je le vois poser une cigarette entre ses lèvres, arquant un sourcil. Mais tant qu'il l'allume pas là, dans le taxi, je dis rien.

« C'est la fondatrice de la plus grande compagnie de danse britannique. Mais je crois pas que grand monde sache qui c'est quand même et donc... bah t'en a sans doute rien à foutre, ouais... »

Je pense même que la plupart des gens - dont le blondinet à côté de moi donc - en a absolument rien à battre. Puis lui, je crois qu'il en a pas grand chose à foutre de grand chose, en fait. A part de sa petite vie, donc, et de ses propres problèmes. En même temps, je sais pas ce qu'il peut avoir à gérer, alors je ferme ma gueule.

« Ouais... vas-y j'connais un truc pas trop mal par ici... au moins t'auras déjà une idée de la gueule du chocolat ici, et tu pourras toujours trouver mieux après...
- Ou pire... »

C'est pas très positif comme réplique, pourtant c'est dit avec le sourire.

« En même temps, je suis pas très difficile non plus. On va par où chef, alors ? »

On est arrivés à la destination initiale, si bien que je me penche en avant pour payer le chauffeur de taxi - au moins ma part, vu que monsieur Dmitri est censé payer l'autre moitié de la course mais je me formaliserais même pas s'il le faisait pas - qui me souhaite un bon séjour et me conseille de faire attention à moi. J'ai bien envie de lui répliquer qu'il est pas mon père - et heureusement d'ailleurs -, mais il a été plutôt sympa alors je me contente de lui répondre en souriant.

« Vous en faites pas pour moi. On dirait pas comme ça, mais je sais me défendre, vous savez ? »

J'ai décidé que rien ni personne ne me gâcherait mon plaisir aujourd'hui. Et je compte bien faire en sorte de garder le sourire. Même la pluie, même les remarques blasées de ce type, ils entameront pas ma bonne humeur. Limite, même, j'aime bien sa façon de répondre. Faut croire que j'aime bien les fortes têtes - paraît que je suis pas très facile non plus en même temps... Bref. Alors, c'est par où ce chocolat chaud ?