SY-SA-C'EST NOUS

Camden, son marché, atypique, unique, je m'y sentais bien, j'y étais bien. Je pouvais pendant des heures m'assoir sur le bord de l'eau du Regent Canal cette petite rivière qui parcours tout le quartier, se détachant de la Tamise pour la rejoindre plus loin, les pieds se balançant dans le vide, avec sur les genoux une énorme barquette de poulet indien acheté 6pounds aux vendeurs de la rive d'en face. Un bonheur que je ne saurai décrire. J’y passais le plus clair de mon temps quand je n’allais pas en cours, je préférai largement me poser sur la rive à regarder les rares bateaux passer et remplir mon estomac que d’écouter les cours ennuyants de la fac. Je remplissais mes poumons de cet air frais, le vent venant caresser mon visage presque engourdi, les yeux posés sur l’eau calme, avec un son de guitare en fond, je vivais des moments parfaits.
Une fois de plus, j'étais de nouveau parti dans ce quartier que j’affectionnais particulièrement. Je passais devant la station de métro, bondé comme toujours, passant ensuite devant american aparel, devant lequel je m’arrêtai un moment pour regarder la vitrine. J’aurai aimé m’y acheter un gilet, mais pressé par le temps, je me disais que j’y passerai en retour. Je continuais mon chemin et descendais les petites marches menant au Regent. Mes pieds suivant le canal d'un pas lent, je faisais le vide dans ma tête, essayant de faire la part des choses sur ma situation, sur qui j’étais. Oui, quelques questions me traversaient l’esprit, mais l’eau qui coulait m’apaiser et je me disais que j’avais une nouvelle fois bien fais de venir ici, ce lieu si paisible. J’y aimais également les looks atypiques que j’y croisais. J’étais d’ailleurs passé devant mon tatoueur, celui qui avait dessiné mon corps et ces tatouages noirs qui ornaient ma peau. Je me demandais d’ailleurs quand je pourrais y retourner bientôt, afin de faire un énième art sur mon corps, j’avais déjà en tête de débourser pour cette folie.
J'avais donné rendez-vous à mon meilleur ami, la petite tête blonde qui me suivait partout et avec lequel j'entretenais une relation compliquée, du moins pour ma part, ma fidélité à son égard avait je pense dépassé le stade de l'amical, pour basculer vers les sentiments et tout ce qui s'y rattache. Pourtant, pour moi, il n'étais qu'un ami, mon ami, meilleur en tout point, mais mon coeur s'emballait dès que ma vision se posait sur lui. Qui étais-je devenu ? Mes parents avaient peut-être bien fait de ne plus me voir, se doutant de la perversité qui s'était installé en moi.
Je m'étais assis sur les marches des escaliers accédant au canal. Les gens défilaient et moi, moi je respirais l'odeur des épices indiennes.