DEMI LOVATO, amour de vacances (f)

« Tu pars aujourd'hui. » Je m'approchai de la silhouette assise sur le sable alors que le soleil n'était pas encore levé. Je crois qu'on ne pouvait pas mieux faire dans le côté mélo-dramatique. Tout était regroupé pour péter le box office. Un nouveau jour. Une plage. Un couple maudit. Parce que c'est ce que je maintiens à dire, cette fille est faite pour moi. Mais selon ses dires, je ne suis pas ce qu'il lui faut à elle, puisqu'elle a trouvé l'homme qui l'a comble. Enfin, c'est ce que j'ai décidé de croire. Oui. Elle ne semblait pas d'humeur à parler. Ni même à me regarder. Un silence s'installa et bientôt, je ne sus plus quoi faire de mon propre corps. Tu comptais me dire au revoir ? demandai-je en m'asseyant à ses côtés dans le sable, ne la quittant pas du regard. Mon cœur se pliait devant son visage d'ange. Comment pouvais-je la laisser partir ? Elle me rendait si... Différent. Elle ne connaissait pas le Keavan rebelle qui envoie tout le monde se faire... Enfin vous voyez. Elle ne connaissait qu'un garçon tendre et affectueux. En y pensant, j'avais envie de vomir devant autant de niaiseries. J'avais seize ans, j'avais l'âge pour ça mais bizarrement, je n'avais qu'une vision négative de l'amour. Bien sûr ! Elle tourna son visage vers moi. Il était impossible de savoir ce qui en ressortait le plus : La tristesse ou la joie ? J'esquissais un sourire. Depuis notre dernière conversation, j'avais peur que notre complicité soit partie mais ce n'était pas le cas. Elle m'aimait mais elle devait me quitter. Pas pour lui, m'a-t-elle dit. J'avais envie de la croire et de me dire qu'on se retrouverait. Que je n'étais pas seulement son amour de vacances. Perdu dans mes pensées, je ne remarquai que longtemps après qu'elle s'était frayé un chemin jusqu'à moi et était désormais blottit dans mes bras. J'avais presque envie de pleurer de rage. C'était la première fois que je m'attachais ainsi, corps et âme. Et voilà que je m'accrochais à un mirage. Mon bras la ramena un peu plus contre moi, dans une dernière tentative de la garder. Tu seras heureuse ? Elle me regarda un instant le plus sérieusement du monde puis contre toute attente, finit par exploser de rire. Je ne savais pas que tu étais si romantique... Tu as pris des cours ? me dit-elle en passant la main dans mes cheveux, déclenchant un de mes soupirs. Elle se foutait littéralement de ma gueule alors qu'avec elle, j'étais tout le contraire de ce que j'étais habituellement. C'est ce que j'aimais chez elle, son côté pétillant. Même dans le noir, elle arrivait à briller avec sa bonne humeur et sa joie de vivre. Un rire s'échappa de mes lèvres alors que j'haussai une épaule, prenant un air plutôt fier de moi. La télévision et internet m'ont appris beaucoup de chose... Elle hochait la tête sous mes paroles, sa main tapotant mon torse comme pour battre un rythme cardiaque. Le battement de notre relation. J'ai même appris à embrasser. dis-je avec un sourire en coin alors que je me perdais dans son regard. J'avais l'impression d'être un ado amoureux complètement niais. Même si c'est ce que j'étais un ado amoureux pour la première fois, qui découvrait de nouvelles choses et qui se contentait de ressortir de vieilles répliques entendu dans un film bidon. Tu pourrais partager ton savoir au lieu de jouer à l’égoïste... Ses lèvres frôlèrent les miennes, avant de partir dans un baiser endiablé, sa paume battant toujours sur mon torse. C'était incroyable le pouvoir qu'elle avait sur moi. Je ne voyais plus rien autour de nous, seul le bruit des vagues se perdaient dans mes oreilles. Je refusais de relâcher mon étreinte mais doucement, le battement de sa main ralentit pour finalement se stopper complètement. La fin de notre relation était arrivé et elle devait partir retrouver sa vie. D'un côté, je la comprenais, son copain ou futur petit ami l'attendait, de même que sa famille dont elle m'avait parlé et puis tellement d'autres personnes... Lentement, elle se détacha de moi pour se relever et prendre sa paire de chaussures dans une main. Je devais lui faire pitié puisqu'elle finit par se pencher pour embrasser une dernière fois ma joue. Mon ventre se contracta et je n'osais pas tout de suite tourner la tête pour la regarder s'éloigner. Ce fut sa voix qui m'y força, elle criait à plusieurs mètre de moi et mon cerveau mit quelques secondes à comprendre ce qu'elle m'avait dit avec un sourire joueur avant de disparaître dans la ville. Cap de m'oublier ?! A cet instant, je redevins le Keavan que j'étais, brusque retour à la réalité.

Trois ans. Trois ans que je suis à l'Université, sur le point même d'être réorienté dans une nouvelle filière, après m'être rendu compte que le Design ne m'intéressait pas plus que cela, à mon grand étonnement. Trois ans que j'ai frappé comme jamais cet homme. Mais cinq ans que je n'ai pas revu cette fille. Ou plutôt si, je l'ai croisé en sortant des cours, il semblerait que l'on soit dans le même établissement... Génial. Et oui, en trois ans, je n'ai pas réussi à l'aborder. Elle non plus. Ou alors elle ne m'a pas reconnu. C'est vrai que je suis méconnaissable, je n'ai plus rien avoir avec le garçon avec qui elle s'était amusé pendant 1 mois. Solitaire, grognon, en décalage avec la société, tout cela n'a rien avoir avec l'image qu'elle avait de moi. Surtout depuis cette fameuse journée dans le train. On peut dire que depuis cet évènement, je suis devenu totalement paranoïaque. A chaque seconde, j'ai l'impression que les flics vont débarquer pour m'arrêter. Je ne comprends pas pourquoi ceux-ci ne m'ont pas encore retrouvé : Je devrais être cuit avec l'ADN. Mais non. Je suis encore là, en liberté alors que j'ai peut-être tué un homme. Ou blessé gravement. Tellement parano que je me suis équipé d'une arme acheté au noir à un mec pas très clean, je la planque sous mon lit, histoire d'être un peu plus tranquille. C'est assez dangereux, d'autant plus quand on sait que je rentre presque tous les soirs défoncés. Non, vous inquiétez pas, je ne suis pas encore assez fou pour me tuer. Des fois, je me dis que je devrais me faire soigner ou au moins aller parler à quelqu'un de cet accident qui n'en est pas un. Mais non... Je me considère simplement comme lunatique, et c'est ce que je suis. Évidemment, je me suis déjà rebattu depuis l'épisode du train mais pas à ce point et sans raison. Oui, c'était un accident. Je n'y été pour rien... Bref. Pour vous tenir au courant de tout, ça fait aussi trois ans que je n'ai pas parlé à ma sœur jumelle qui est resté au Texas à ce que je sache... Je n'ai pas de ses nouvelles, elle n'en a pas des miennes et c'est mieux comme ça. C'est comme si l'on s'en voulait pour quelque chose mais qu'on ne sait pas quoi. Étrange. Mais ce n'est pas ça qui va m'enlever le sourire ! Enfin, façon de parler... On ne peut pas dire que je souris à tout le monde. Je ne suis pas contre faire connaissance avec des nouvelles personnes, j'arrive même à paraître sociable, gentil, déconneur... Mais il n'y a qu'avec mes amis les plus proches que je le suis. Est-ce que vous en faites partie ?