Elle pousse un long soupir, heureuse de terminer sa journée à la boutique de fleurs où elle travaille comme vendeuse depuis près de deux ans. Salomea est impatiente d'être chez elle où elle s'imagine déjà prenant un long bain chaud avec de la mousse accompagné d'un livre. Seulement avant, elle pense à la nourriture qu'elle arrêtera prendre en chemin et qu'elle va manger pendant que l'eau emplit le bain. Rien que d'y penser, Salomea a l'eau à la bouche et elle ne tarde pas à fermer toutes les lumières, à retourner l’enseigne pour qu'elle affiche fermer et rapidement elle se retrouve dehors à verrouiller la porte. La jeune femme est enfin prête à prendre le chemin du retour, à pied. Habituellement, elle prendrait son vélo, mais depuis le mois de décembre, elle a rangé sa bicyclette afin d'éviter de rouiller celui-ci avec la couverture blanche qui couverait bientôt tout Londres. Enfin, elle se met en route tout en insérant les écouteurs dans ses oreilles même si elle ne devrait pas puisque c'est la nuit et qu'il y a très peu de gens qui se promènent à cette heure. C'est ce qu'elle décide de faire après deux morceaux, deux morceaux où elle n'arrêtait pas de se retourner. Une vraie trouillarde. Elle range les écouteurs dans son sac à main et elle se sécurise en vérifiant si elle a bien emmené son poivre de Cayenne. Finalement, son grand-père n'a pas eu tort de lui acheter ou même lui demander de transporter cette petite bouteille, en permanence, avec elle. Au départ, elle a trouvé que c'était ridicule, mais maintenant elle comprend que c'est pour sa propre sécurité et cela sécurise davantage la jeune femme.
La marche du centre jusqu'à son quartier semblait interminable, mais Salomea y est habituée. Après tout, elle doit le faire chaque fois qu'elle travaille et qu'elle ne peut pas utiliser sa bicyclette. Certes, elle préfère le chemin en plein jour que le soir, mais elle n'a pas plus confiance dans le métro, le bus et elle n'aime pas s’asseoir dans la voiture d'un inconnu donc Salomea évite coûte que coûte de prendre le taxi. Parfois, elle regrette amèrement cette phobie, mais elle n'y peut rien alors elle marche. Elle actionne ses deux pieds pour se rendre du point A au point B et cela ne lui dérange aucunement. Bref, Salomea passe près d'un restaurant où elle s'arrête pour commander un truc à apporter et elle ressort de l'établissement dix minutes plus tard. C'est à ce moment-là qu'elle constate qu'il pleut donc la jeune femme active le pas pour être chez elle plus rapidement. Un moment, elle s'arrête trente secondes pour remonter le col de son manteau et pour jeter un coup d’œil à une autre personne qui s'est arrêté également. Un instant, elle pense qu'il l'a suit, mais elle chasse cette idée de sa tête avant de penser que si elle n'est pas suivi cette personne devrait marcher en avant d'elle maintenant. Pas derrière. Une petite lumière s'allume à l'intérieur de Salomea qui commence à paniquer légèrement tout en continuant sa route. Mentalement, elle se dit que bientôt il va changer de rue et ne plus être derrière elle. Seulement, elle a tort. Ils sont tous les deux à Hammersmith et il est toujours derrière elle, donnant l'impression à Salomea qu'il l'a suit. Elle a peur, mais elle ne reste rien montrer lorsqu'elle se retourne. « Je suis armée alors cessez de me suivre, immédiatement ! » Crie-t-elle assez fort pour réveiller tous les gens du quartier et même ceux qui sont dans un coma. Pas une seconde, elle ne pense qu'il peut vivre dans ce quartier.