Appeler un chat, "un chat", c'est manquer d'imagination

L’ORGUEIL

« Tu vas où ? ». Azura faisait des aller-retour d’un bout à l’autre de sa chambre les mains pleines d’affaires différentes, des vêtement, un chapeau, des chaussures, un paquet de cigarette, elle remplissait son sac machinalement de chaque chose qu’elle trouvait dans sa chambre sans se soucier de son utilité. C’était un bordel sans nom, il y avait des affaires partout, étalés dans toute sa chambre, formant un tapis d’absurdité et de conneries inutiles. Elle se figea au son de sa voix, « Comment ça j’vais où ? ». Il était planté dans l’encadrement de la porte, il la regardait abasourdi, comment il était rentré au fait ? Elle jeta un œil vers la porte entrouverte en haussant les épaules puis reprit ses vas et viens à travers la chambre. « Quand tu m’as dis que tu partais pendant trois ans, j’pensais pas que t’étais sérieuse… et tu vas tout laissé tomber comme ça, tu vas me laisser tomber comme ça… », il baissa la tête, les yeux vitreux. « Non mais j’hallucine », Azura c’était de nouveau stoppé, elle poussa un soupir et se rapprocha de lui « On se connaît depuis quoi, un mois à tout casser, on c’est embrassé et alors ? On est pas ensemble j’te signal », elle le regarda de haut en bas, « Non mais regarde toi, t’es méprisable, comment t’as pu croire qu’on sortait ensemble ? »

 

❊

 

LA LUXURE

Paris, première étape de son voyage. Azura n’avait jamais été à Paris, elle vagabondait à travers les rues de la capital française. Au programme : pas de programme, elle prenait les choses comme elles venaient, sans se soucier du reste. Pour elle, c’était le premier jour du reste de sa vie, pendant trois ans : pas d’attache, plus de problèmes, plus de prise de tête et surtout aucune seconde d’ennuie. Elle réalisait enfin un de ses plus grands rêves. Il était 21h30, la jolie blonde venait d’arriver devant son hôtel, elle se dirigea vers la chambre et posa ses affaires. Elle avait encore beaucoup trop d’énergie à revendre, impossible de passer la soirée dans sa chambre d’hôtel. Et puis il fallait bien qu’elle fête son premier jour ici. Elle repartit aussi vite qu’elle était arrivée, direction : le bar qui se trouvait à côté de l’hôtel. Assise au bar elle buvait son verre de vin. « T’es à l’hôtel d’à côté non ? Je t’y ai déjà vu c’est pour ça, j’y suis aussi…», un mec était assis à côté d’elle au bar, elle ne l’avait même pas remarqué, mais en le regardant bien, c’est vrai qu’il lui disait quelque chose, il devait avoir son âge à peu près, ils commencèrent à discuter pendant plus d’une heure. « Il se fait tard… », il baissa la tête puis sourit, «…tu veux peut être encore venir boire un verre dans ma chambre ? ». « Pourquoi pas… », lui répondit-elle en finissant son verre.

 

❊

 

L’ENVIE

Direction Amsterdam, capital des Pays-Bas. Cela faisait déjà 3 mois qu’elle était partie, elle avait déjà visité la plupart des pays d’Europe, elle ne s’était jamais sentie aussi bien, elle ne s’était jamais sentie aussi libre. L’évasion, ça a toujours été son rêve et dans le cas présent elle ne pouvait être plus comblée. Azura s’émerveillait devant cette ville magique, devant les tas de vélos qui circulaient, devant ces immeubles extrêmement fin renfermant des appartement entièrement vitrés donnant directement sur la rue, tellement qu’on pouvait y voir les gens vivre à l’intérieur. Une odeur parvenait à ses narines, une odeur qui lui donnait envie, une odeur de plante, une odeur… d’herbe. Elle se retourna, ce qu’elle vit : un coffee shop, des gens entrain de fumer des joints à l’intérieur, car oui ici c’était légal. Elle en avait déjà goûté bien sur mais là, elle était à Amsterdam. Elle hésitait un instant, elle sentait une sensation envahir son corps, elle en avait envie, elle en avait énormément envie. Azura resta plantée là un instant puis finie par céder à cette envie fracassante.

 

 

❊

 

LA GOURMANDISE

Italie, pays de tous les petits plaisirs gustatifs, et Azura ne comptait pas en manquer un seul, grande gourmande, elle voulait goûter à tout ! Bien sur, les pâtes, les pizzas, les glaces, elle en avait déjà mangé chez elle, à Londres, mais là bas cela lui paraissait banal. C’est ici, en Italie, que ces fameux plats révélaient tous leurs secrets et reflétaient tout leur charme. L’anglaise décida donc de se faire plaisir : le midi pizza il y en a tellement à goûter qu’il fallait vite qu’elle s’y mette, à quatre heure glace italienne et tout les jours un parfum différent s’il vous plait et enfin le soir des authentiques pâtes à l’italienne. Quel plaisir…

 

❊

 

LA PARESSE

Nous retrouvons Azura en Australie, dans un état pitoyable… Des cernes sous les yeux, ressemblant plus à des valises qu’à des cernes, les vêtements sales, les cheveux en épi, complètement décoiffés, les bras tombant, flasque. Où était passée son excitation ? Sa bonne humeur ? Que c’était il passé depuis l’Europe ? Rien d’autre que 18h de voyage pour traverser le monde et atteindre l’Australie et 10h de décalage horaire dans la gueule. La jolie blonde sortit de l’aéroport, monta dans un taxi, puis se traina péniblement jusqu’à la chambre d’hôtel avant de s’affaler sur son lit. Elle pensait à son programme en Australie : faire du surf, voir des Koala, découvrir le pays. Une vague d’excitation l’envahissait à nouveau, pourtant ses membres refusaient de bouger. Elle mourrait de faim et de soif, mais elle n’avait pas le cœur à faire un seul mouvement. « La flemme », lâcha-t-elle à voix haute. Il fallait vraiment qu’elle se repose un peu.

 

❊

 

L’AVARICE

Elle avait passé environ 6mois en Australie, son endroit préféré jusqu’à maintenant. Si elle avait pu y rester toute sa vie, croyez moi, elle l’aurait fait, mais pour l’instant ce n’était pas le moment de se stabiliser, elle avait encore tant de choses à découvrir, elle n’était qu’à la moitié du voyage. Déjà un an et demi qu’elle était parti, oui Londres lui manquait, oui sa famille lui manquait, mais elle ne l’avouera jamais, puis elle n’a jamais été aussi épanouie et désormais elle arrivait en Asie, en Inde plus précisément. Mais l’Inde était un début difficile, elle n’avait jamais vu la pauvreté en face en sortant de son hôtel elle découvrit quelque chose qui changera à jamais sa vision du monde : la misère. Des centaines de mendiant arboraient la rue principale face à elle. La blonde s’avança d’un pas hésitant, une vieille dame l’aborda d’un anglais peu compréhensible. Mais Azura savait ce que cette dame voulait : de l’argent. De l’argent, elle en avait, mais ne se résigna pas à lui en donner, d’une part parce que cet argent elle en avait besoin elle aussi et d’autre part car cela allait ameuter tous les mendiants de la rue. Elle s’éloigna donc, laissant la vieille dame derrière elle, oui elle avait été avare en quelque sorte, et elle s’en voulait, mais malheureusement, elle ne pouvait pas faire autrement…

 

❊

 

LA COLERE

Elle avait fini son voyage par 6 mois en Asie, 6 mois en Amérique du Sud et 6 mois aux Etats-Unis, elle était restée un petit bout de temps chez sa famille en Californie. Maintenant elle était de retour à Londres, des souvenirs plein la tête… Elle venait de passer 3 années magnifiques, surement les plus géniales de sa vie… Mais elle était tout de même heureuse d’être de retour à Londres, elle était dans son appartement et se préparait désormais à revoir ses parents. Cela lui faisait tout bizarre, trois ans… trois ans putain ! Elle avait tellement de chose à leur raconter… Une fois prête, elle fila au restaurant où ses parents l’attendaient puis elle les vit… enfin… elle les embrassa, elle était tellement heureuse de les revoir. Assis à table, elle leur racontait tout, dans les moindres détails, ils paraissaient heureux de la revoir, mais d’un coup… « Bon, passons au sujet délicat… », son père avait prit son air sérieux, son air des mauvais jour, Azura posa son verre de vin et se figea, elle le regarda attentivement. « Pendant trois ans on t’a laissé vivre ta vie comme tu le sentais, dépenser tout notre argent à travers le monde, mais ça peut plus continuer comme ça », son père la fixa, sa mère baissa la tête de façon coupable. « Qu’est ce que tu veux dire par là ? », la blonde avait compris ce que son père voulait dire, elle avait tout compris, mais au fond d’elle elle espérait que ce soit faux, qu’elle ai mal compris, son sourire avait désormais disparu. « Je veux dire qu’on peut plus continuer à t’entretenir comme ça, on te verse de l’argent une dernière fois ce mois-ci, ensuite tu te débrouilleras toute seule, comme la grande fille que tu es ! », ce sont les derniers mots qu’elle avait entendu sortir de la bouche de son père. La colère l’avait désormais envahie, elle bu son verre de vin d’un trait, se leva, et sorti du restaurant, plus furieuse que jamais. Comment elle allait faire ? Qu’est ce qu’elle allait devenir ? Il était clair que son voyage l’avait changé, mais il fallait qu’elle prenne ses responsabilités maintenant, elle ne pouvait plus faire autrement. Elle croyait que le premier jour du reste de sa vie c’était il y a trois ans, à cette époque elle ignorait que le premier jour du reste de sa vie c’était maintenant.