"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici how funny you are today London (maura) 2979874845 how funny you are today London (maura) 1973890357
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() message posté Ven 16 Jan 2015 - 22:34 par Invité
La clope au bec, sa sacoche de cuir pleine à craquer, emmitouflé dans son long manteau noir, Laine marchait tranquillement, observant avec intérêt l’allée s’éveiller alors que la nuit tombait sur Londres. Il avait eu une journée éprouvante au boulot, Tania avait dû s’absenter et il avait dû gérer les nombreux rendez-vous seul. Il avait songé se rendre au café d’en face, histoire de fumer sa clope sereinement devant un bon whisky, mais il avait reçu un sms du patron du café littéraire, et il n’avait pas pu refuser. Il aimait tellement réciter devant un public qu’il acceptait sans trop d’hésitation à chaque fois. La consommation gratuite en retour aidait peut-être un peu. Il tira une latte et jeta un œil sur le cadran de sa montre : 19h17. C’était encore tôt pour un vendredi soir, mais si on l’avait contacté, c’est qu’il y avait la clientèle adéquate. Et puis, il mangerait d’abord. Un burger peut-être. Oui, un burger. Il finit sa cigarette et entra dans le petit café du coin de la rue et se laissa submerger par l’odeur de l’alcool et de la nourriture. Une table de quatre, trois tables de deux et quelques types assis au bar. Il s’y dirigea. Bonsoir. Votre burger maison et une pression. Le serveur hocha la tête et Laine souffla. Que pourrait-il bien lire ce soir ? Du Whitman ? O’Hara ? Il regarda autour de lui, observant les personnes attablées. Quelques excentriques. Des couples classiques. Des mecs à l’air un peu déprimé. Ce sera du O’Hara, il allait les faire voyager à New-York ce soir. Ce fut le patron qui posa son assiette devant lui et qui le sortit de ses pensées. Merci d’être venu, Laine. Ca faisait un petit bout de temps et tes poèmes me manquaient. Laine secoua la tête. Ce ne sont pas mes poèmes. Le patron leva la main. Bah ! Tu te les appropries, c’est la même chose pour moi. Tu sais que j’ai invité Paul la dernière fois ? Il compte publier un truc psychologique bientôt, il a papoté jusqu’à la fermeture avec un groupe de clients, c’était plutôt sympa. Tu devrais venir plus souvent, lui reprocha-t-il et Laine fit semblant de ne pas l’entendre et entama son sandwich. Tu viens seulement quand je t’appelle. Laine soupira. C’est loin du salon et c’est loin de chez moi, et tu sais que je ne supporte pas le métro. Avec ce froid mordant, ça me fait chier de venir en vélo. Ca attaque mes joues. Le patron haussa les sourcils. Tu peux commencer vers 21h je pense. Là-bas, comme d’habitude, dit-il en pointant du doigt le coin spécial du café, une sorte de petit salon avec des canapés et des fauteuils de cuir. Il y avait une télévision, pour les soirs de sport, mais elle était éteinte. Laine hocha la tête et termina son repas tranquillement, essayant de calmer la vague d’adrénaline qui le pénétrait à chaque fois qu’il s’apprêtait à partager sa passion. C’était fatigant, car ça l’excitait mais ça l’angoissait aussi. Peur de laisser sa langue fourcher, de se tromper dans les mots. Ca n’était jamais arrivé : il faisait bien trop attention quand il s’attaquait à ses poèmes.
A 20h45, quelques personnes s’installaient déjà dans les fauteuils et d’autres s’affalaient dans les canapés. On commandait déjà des cafés ou des digestifs, et le patron avait pris l’initiative de poser sur la table des gourmandises, aux frais de la maison. Laine écoutait distraitement : ça discutait roman policier. Bah, il allait les décevoir. Savaient-ils que c’était poésie ce soir ? Oui, c’est écrit sur la porte, lui dit le patron lorsqu’il lui posa la question. Laine jeta un œil à la porte et il y avait bien un papier scotché à celle-ci, donnant sur l’extérieur. Il n’y avait pas fait attention en entrant. Il finit son verre cul sec, attrapa sa sacoche et se dirigea vers le coin littérature. Il allait commencer par quelque de court, et direct. Il n’aurait pas besoin de sortir ses livres d’emblée. Il posa sa sacoche sur un fauteuil et les regards se tournèrent vers lui, même si certains discutaient encore. Ils étaient cinq.


    My Heart, dit-il d’une douce mais puissante. Frank O’Hara.
    I’m not going to cry all the time
    nor shall I laugh all the time,
    I don’t prefer one « strain » to another.
    I’d have the immediacy of a bad movie,
    not just a sleeper, but also the big,
    overproduced first-run kind. I want to be
    at least as alive as the vulgar. And if
    some aficionado of my mess says « That’s
    not like Frank ! », all to the good ! I
    don’t wear brown and gray suits all the time,
    do I ? No. I wear workshirts to the opera,
    often. I want my feet to be bare,
    I want my face to be shaven, and my heart –
    you can’t plan on the heart,
    but the better part of it, my poetry, is open.



Et je pense que nous pouvons commencer la soirée,
conclut Laine en souriant et en s’installant dans un fauteuil, acceptant volontiers le verre de whisky qu’on lui tendait. On souriait, appréciateurs, il sortit ses livres et récita d’autres poèmes dont ils discutèrent, certains tentèrent même de lire un ou deux titres, il regardait une jeune femme qui lui rappelait vaguement quelqu’un et il commençait à vouloir fumer – il ne fumait généralement qu’une cigarette par jour, mais l’alcool, le plaisir ressenti… Il n’allait pas tarder à prendre l’air.
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() message posté Dim 18 Jan 2015 - 16:37 par Invité


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∗ ∗ ∗

Ce soir, Maura fermait la bibliothèque. Le vendredi, il fermait toujours plus tard que les autres jours de la semaine, mais cela ne dérangeait aucunement la jeune femme. Elle s'en moquait. La bibliothèque était un établissement public où le silence régnait et Maura appréciait le silence ces dernières semaines. Les aiguilles sur l'horloge présente à l'intérieur du bâtiment affichait 19h30. Dans une demi-heure, elle devait jeter les clients qui traînaient et verrouiller les portes. Elle n'était pas impatiente de terminer et de quitter cet emploi temporaire, mais Maura avait hâte de retrouver son appartement accueillant et réconfortant. « Pardon, madame. Savez-vous où pourrait trouver Looking For Alaska ? » Madame, madame. Ce mot fit grincer des dents Maura alors qu'elle cessa de ranger les livres pour se tourner vers cette adolescente. Depuis que le film The Fault in Our Stars était sortie, pratiquement toutes les jeunes adolescentes en quête d'un Augustus Waters réel venaient à la bibliothèque la plus proche pour louer les livres de John Green. Avec un soupir dissimulé, Maura déposa le livre qu'elle tenait dans ses mains pour prendre la direction de la section des livres jeunesses où le livre se trouvait. En moins de deux minutes, elle tenait dans ses mains celui-ci et le donnait à l'adolescente qui remercia Maura d'une petite voix avant de disparaître au comptoir après avoir fait un sourire. Sur ce, Maura retourna au rangement des bouquins. « Bonne soirée, Maura. À demain. » En entendant la voix de Louis, elle se retourna. « Bonne soirée et à demain. » Elle lui fit un sourire qu'il lui rendit avant de disparaître à son tour. Encore 15 minutes avant qu'elle quitte l'établissement. Maura se dirigea vers l'arrière du comptoir pour faire des rondes du regard avec les trois personnes qui restaient. Du fond de son cœur, elle espérait qu'il passe au comptoir avant que les aiguilles affichent 20 heures sur l'horloge. Sauf que c'était trop beau pour être vrai. Cela n'allait jamais arriver, les gens aimaient trop prendre leurs temps. S'éterniser. Emmerder profondément la personne qui devait patienter après eux.
Dans ce cas-là, c'était Maura. À 20 heures, elle avertie les clients qu'elle devait fermer et qu'il devait passer au comptoir immédiatement ou revenir demain d'une voix douce et aucunement autoritaire. Une femme s'approcha et déposa son choix sur le comptoir et Maura s'empressa de tout faire pour fermer le plus rapidement possible. Un vieil homme déposa et quitta la bibliothèque alors que l'autre semblait s'éterniser. Après avoir souhaité une bonne soirée au vieillard, Maura répéta ce qu'elle avait dit cinq minutes auparavant. En guise de réponse, elle reçut un regard noir de la femme avant que l'étrangère ne quitte à son tour. Maura soupira bruyamment. Elle était seule donc elle s'en moquait. Après avoir verrouillé les deux entrées, Maura s'attarda aux tâches qu'il fallait faire avant de partir. À 20 heures, elle avertie les clients qu'elle devait fermer et qu'il devait passer au comptoir immédiatement ou revenir demain d'une voix douce et aucunement autoritaire. Une femme s'approcha et déposa son choix sur le comptoir et Maura s'empressa de tout faire pour fermer le plus rapidement possible. Un vieil homme déposa et quitta la bibliothèque alors que l'autre semblait s'éterniser. Après avoir souhaité une bonne soirée au vieillard, Maura répéta ce qu'elle avait dit cinq minutes auparavant. En guise de réponse, elle reçut un regard noir de la femme avant que l'étrangère ne quitte à son tour. Maura soupira bruyamment. Elle était seule donc elle s'en moquait. Après avoir verrouillé les deux entrées, Maura s'attarda aux tâches qu'il fallait faire avant de partir. À vingt heures quinze minutes, elle quittait l'établissement pour prendre un Double-Decker qui la mènerait jusqu'à chez elle.

En débarquant du Double-Decker, Maura se mit à marcher à une vitesse lente. Elle traînait des pieds. Soudainement, son appartement ne lui semblait pas autant accueillant et réconfortant qu'elle voulait le croire. Elle passa devant un café et s'y arrêta pour lire la feuille scotché à la porte vitrée. Elle vivait depuis plusieurs mois à Shoreditch et jamais elle ne s'était arrêtée à ce café. Ce soir, elle changeait ça. Tirant la porte, elle pénétra à l'intérieur pendant qu'une personne récitait un poème. Maura n'était pas certaine si c'était comme ça que les gens appelaient ça. Enfin bref, elle prit place à un tabouret du bar pour y commander un café. « Et je pense que nous pouvons commencer la soirée » Cette voix lui disait vaguement quelque chose. Ce visage également. Les deux se fixaient comme s'ils se connaissaient, mais Maura n'arrivait pas à mettre le doigt sur le prénom que cet inconnu avait. « Pardon, excusez-moi, est-ce que vous connaissez le prénom de cet homme qui était sur la scène il y a cinq minutes environ ? » Elle n'avait pas calculée le temps. « Laine. Il s'appelle Laine. » Maura fronça les sourcils, ce prénom lui disait quelque chose. « Merci. » Dit-elle avant que celui-ci quitte pour aller voir un autre client. À nouveau, elle porta son regard sur Laine.
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() message posté Lun 26 Jan 2015 - 15:28 par Invité
La soirée avançait tranquillement et se passait très bien ; Laine était content d’être là. Cette jeune femme rousse là-bas sur un tabouret devant le comptoir l’intriguait néanmoins. Ils n’avaient pas arrêté de se jeter de regard toute la soirée. Laine se demandait s’il lui plaisait, s’il l’intéressait là, à lire ses, non des poèmes, ou si elle avait la même impression que lui : ils se connaissaient. Laine n’arrivait pas à se souvenir et ça le gênait, il avait généralement une bonne mémoire. Il s’en voudrait si c’était une cliente et qu’il ne se rappelait pas d’elle – mais, si c’était bien ça, elle se souviendrait quand même de son coiffeur, non ? Il secoua la tête et attrapa sa sacoche pour aller fumer une cigarette à l’extérieur alors que son public discutait de choses et d’autres, ayant un peu dévié de la poésie. Même si les gens qui venaient l’écouter étaient pour la plupart des littéraires, ils ne tenaient généralement pas très longtemps sur le sujet même de la littérature. Ca n’embêtait bien sûr pas Laine mais il en profitait pour s’éclipser. Alors qu’il passait devant la jeune femme, il se dit qu’il ne devait tout de même pas passer à côté de cette impression de la connaître alors, plutôt que de sortir fumer et se les geler, il s’installa à côté d’elle et réclama un whisky. Je vais te demander quelque chose, mais je te préviens tout de suite que ce n’est pas pour te draguer, lança-t-il d’emblée. Pas que tu ne sois pas séduisante, je t’assure, mais je pense véritablement ma question. La voilà : est-ce qu’on se connait ? Il lui sourit. Tu me dis quelque chose et ça m’embête de ne pas réussir à mettre le doigt dessus. Peut-être habitons-nous dans le même quartier… dit-il en lui jetant un regard inquisiteur. Enfin, encore une fois, je ne dis pas ça pour te soutirer des informations ou quoique ce soit, ajouta-t-il en riant un peu nerveusement, sachant très bien qu’il était en train de s’enfoncer royalement. Mais comment demander ce genre de chose autrement ? Il aurait pu essayer d’être un peu plus subtil, mais la subtilité n’était pas vraiment son fort, il préférait y aller au culot – néanmoins, ce n’était pas du culot là, mais plutôt de la maladresse et si la jeune femme était comme les autres à avoir peur de la moindre allusion… C’était en effet quelque chose que Laine avait remarqué et qu’il n’aimait pas du tout : les gens ne se laissaient plus aborder aussi facilement. Ils prenaient peur. Ils ne voulaient plus discuter. Il proposait un verre pour papoter et on lui disait ‘non merci, je suis en couple’… Il s’en fichait pas mal, et il ne se gardait pas de le dire ! C’était dommage, les gens loupaient très certainement de nombreuses jolies rencontres à cause de ce mur qu’ils dressaient entre eux. Il la regarda, espérant qu’elle n’était pas de ces personnes qui refusaient de discuter et essayant de trouver dans quel tiroir de sa mémoire elle était rangée, cette jolie rousse : Hammersmith ? Rencontre quelconque en soirée ? Plus loin encore, peut-être… Lycée ? Ou peut-être le lycée, oui, murmura-t-il finalement pour lui-même en la scrutant avec un regard nouveau. Le lycée n'était pas une période très glorieuse de sa vie et il n'avait gardé presque aucun ami de ces années qu'il préférait oublier. S'il l'avait connue là-bas, c'était sûrement de loin. Il espérait qu'elle ne faisait pas partie des élèves qui aimaient l'emmerder, mais il en doutait : il se rappelait tellement de son envie de les frapper qu'il la ressentirait obligatoirement s'il les revoyait un jour. Hé Laine, jolie performance, lui dit le patron, interrompant ses pensées; en posant devant lui un autre verre de whisky - il ne s'était pas rendu compte qu'il avait déjà ingurgité le premier. Ah, la demoiselle a demandé ton prénom tout à l'heure, ajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil. Passez une bonne soirée les jeunes ! Il repartit vaquer à ses occupations, sifflotant. Laine tourna son regard vers la fille, l'air un peu joueur. Il aime bien mettre les gens mal à l'aise, expliqua-t-il.
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() message posté Mer 28 Jan 2015 - 18:51 par Invité


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∗ ∗ ∗

Laine. Il s'appelle Laine. Son prénom résonnait dans la tête de la rousse. Quelque part, au fond d'elle, Maura était convaincue qu'elle connaissait ce prénom et le visage qui accompagnait. Ce prénom ne lui était pas entièrement inconnu sauf qu'elle n'arrivait tout simplement pas à mettre le doigt de où elle le connaissait. Cependant, Maura pouvait affirmer que ce n'était pas durant son stage à la maison d'édition de James qu'elle l'avait rencontré puisque c'était encore trop récent et qu'elle n'oubliait pas un visage aussi rapidement. Après plusieurs années, oui, mais pas après quelques semaines. C'était probablement pour cette raison que la jeune femme n'arrêtait pas de le fixer même si ses parents lui avaient répétés de nombreuse fois que fixer les gens étaient impoli. Pour cette fois, elle s'en moquait. Enfin, jusqu'à ce qu'elle constate qu'il quittait l'attroupement de gens pour s'approcher d'elle. Ou de la sortie. Elle l'ignorait. Sauf qu'à ce moment-là, Maura regrettait de ne pas avoir été plus subtile. Tout ce qu'elle espérait était qu'il ne l'ait pas pris mal, elle n'avait pas besoin d'une scène ou encore qu'un inconnu lui fasse une leçon. Maura l'écouta commander un whisky au barman après avoir pris place près d'elle. Cette impression de le connaître grandit en elle alors qu'elle pouvait regarder son visage de plus près. « Je vais te demander quelque chose, mais je te préviens tout de suite que ce n'est pas pour te draguer. Pas que tu ne sois pas séduisante, je t'assure, mais je pense véritablement ma question. La voilà : est-ce qu'on se connait ? » Elle eut un sourire et un rire léger. Un instant, elle ferma les yeux. Le fait qu'il s'approche d'elle pour la draguer n'avait pas traversé l'esprit de Maura pour la simple raison que l'impression qu'ils se connaissaient était trop grande. Enfin bref, Maura s'apprêtait à répondre à son tour sauf que Laine fut plus rapide qu'elle. Elle profita de ce moment pour porter sa tasse de café à ses lèvres et souffler dessus pour refroidir un peu la boisson chaude. « Tu me dis quelque chose et ça m'embête de ne pas réussir à mettre le doigt dessus. Peut-être habitons-nous dans le même quartier... » Elle réfléchit à cette possibilité, incertaine. C'était peut-être possible puisqu'ils se trouvaient tous les deux à Shoreditch, quartier où elle vivait. « Enfin, encore une fois, je ne dis pas ça pour te soutirer des informations ou quoique ce soit. » À nouveau, elle esquissa un sourire. Maura posa sa tasse sur le comptoir et continua de réfléchir. Elle voulait donner une réponse à Laine, mais rien ne lui venait en tête. « Tu n'es pas le seul que cette situation embête. S'il y a bien un truc que je déteste, c'est de ne pas reconnaître un visage. » Lâcha-t-elle d'un coup tout en pivotant son visage de quelques degrés pour regarder Laine et esquisser un mince sourire. « Le même quartier est une possibilité. Enfin, pour moi comme je vis dans ce quartier. » Ajouta-t-elle en fixant devant elle avec un froncement de sourcils. Maura avait l'impression que le quartier était presque trop facile. Combien de fois avait-elle marcher dans les rues ? Forcément, elle l'aurait rencontré au moins une fois. Non, ce n'était pas le quartier et elle en était certaine. Maura entendit Laine murmurer quelque chose, mais elle ne comprenait rien à ce qu'il venait de dire et elle n'osait pas demander. C'était peut-être un truc privé, elle n'en savait absolument rien. « Hé Laine, jolie performance. Ah, la demoiselle a demandé ton prénom tout à l'heure. (...) Passez une bonne soirée les jeunes ! » Le rouge monta aux joues de Maura. C'était embarrassant dans une certaine mesure. « Il aime bien mettre les gens mal à l'aise. » Maura hocha la tête. « Non, vraiment ? » Répondit-elle avec une légère pointe de sarcasme dans la voix. Dans un geste impulsif, elle présenta sa main tout en ajoutant : « Moi, c'est Maura. » Elle sourit à Laine. Maintenant, ils étaient à égalité. « À mon avis, on devrait remonter dans le temps pour voir si on se connaît du passé ? » Proposa-t-elle par la suite après avoir serré la main de Laine.
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() message posté Mer 4 Fév 2015 - 13:25 par Invité
Cette situation où le doute planait embêtait aussi la jolie brune assise à ses côtés. Elle ne s’était pas vexée ou outrée lorsqu’il lui avait demandé s’ils se connaissaient, ce qui était plutôt bon signe selon Laine : elle avait le sens de l’humour et des situations cocasses. Il se dit alors que s’il la connaissait, que s’ils s’étaient rencontrés lors d’une soirée ou quelque chose comme ça, il se serait souvenu d’elle ; il se souvenait de poèmes entiers, de dates inutiles, d’anecdotes passées, il ne pouvait tout simplement pas oublier une si charmante fille ! Il doutait maintenant qu’ils habitaient au même endroit, c’était impensable. Le même quartier est une possibilité. Enfin, pour moi comme je vis dans ce quartier. Il sourit : s’il en doutait, maintenant il en était sûr ! Bon, alors on peut oublier cette hypothèse, j’habite à Hammersmith. Je commence à croire que nous nous sommes rencontrés si furtivement que nous nous sommes oubliés et que nos visages nous semblent juste légèrement familiers… Ou peut-être que nous avons des visages communs et que nous croisons des gens qui nous ressemblent tous les jours. Il sourit néanmoins à l’encontre de la jeune femme. Mais je ne pense pas que ce soit le cas, tu n’as rien de banal. Il aimait complimenter les gens ; non, en fait, ce n’était pas qu’il aimait ça, ça venait juste naturellement – tout comme ses critiques, qui fusaient sans qu’il ne puisse les arrêter. Complimenter était un don, mais critiquer un cauchemar : combien de clientes il avait blessé, vexé, à force de remarques innocentes mais pas franchement agréables. Il lui dit que c’était peut-être le lycée, mais le patron vint à leur rencontre et en profita pour essayer de les gêner – la jeune femme rougit un peu et Laine la prévint que cet homme aimait mettre mal à l’aise les gens après qu’il soit parti et elle le regarda Non, vraiment ? Laine eut un petit rire, appréciant les sarcasmes pour ce qu’ils étaient. Oui, il se mêle de tout celui-là, ajouta-t-il, continuant sur sa lancée. C’est que je te plais ou c’est juste cette histoire qu’on se dit quelque chose ? demanda-t-il, sachant très bien la réponse à sa question, mais souhaitant la faire rougir un peu plus – ou essayant de lui arracher une autre de ses remarques ironiques. Elle lui présenta sa main d’un seul coup et Laine l’attrapa délicatement et la serra tandis que la jeune femme, Maura donc, se présentait à lui. Enchanté, fantôme du passé, dit-il, toujours un peu dans son rôle du poète. À mon avis, on devrait remonter dans le temps pour voir si on se connaît du passé ? Il leva les sourcils, plutôt surpris : c’était intéressant comme proposition et ça pouvait vite devenir amusant de partir à la recherche de souvenirs du passé – il espérait juste que ça ne remonte pas aux années collège, car si le lycée était supportable entre les fêtes et la bibliothèque, se remémorer le collège était moins agréable. Très bonne idée ! On peut déjà supprimer la fac : je n’y suis pas allé. Je suis coiffeur mais ça m’étonnerait qu’on se connaisse de là, je me souviens de toutes mes clientes ; et je me souviendrai sûrement d’une chevelure comme la tienne ! s’exlama-t-il en touchant du bout des doigts la belle tignasse rousse de Maura. Laine était un personnage très tactile, il avait toujours adoré toucher les gens, leurs cheveux aussi, mais vraiment en général. Les câlins et les marques d’affection, il en était friand. J’aurais aimé que tu sois ma cliente… Si tu n’as plus confiance en ton coiffeur, n’hésite pas à venir dans mon salon, dit-il en riant.
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