"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici one thousand lonely stars (eugenia) 2979874845 one thousand lonely stars (eugenia) 1973890357
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one thousand lonely stars (eugenia)

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() message posté Sam 18 Oct 2014 - 19:13 par Invité


LONELY STARS
EUGENIA&SCARLET


one thousand lonely stars, hiding in the cold ✻✻✻ Comme trop souvent, c’était les rayons du soleil brillant au travers de la fenêtre qui réveillèrent Scarlet, chatouillant ses paupières closes. Avec peine, elle ouvrit un œil, puis l’autre, avant de finalement réaliser qu’elle s’était belle et bien endormie sur le canapé du salon. Encore une fois. Cela devait une habitude, à présent. Elle restait tellement tard devant la télévision qu’elle finissait par s’assoupir pour une poignée d’heures, pour finalement se réveiller et devoir commencer une nouvelle journée. Garder une oreille sur la porte d’Eugenia était devenu nécessaire et elle ne s’imaginait plus passer une nuit entière dans sa chambre, de l’autre côté de l’appartement. Sur la table basse, les vestiges de la veille étaient encore présents. Doucement, elle se redressa et commença à s’étirer, alors que sur l’écran de la télé encore allumée, une émission de téléshopping commençait. N’ayant pas le moindre désir d’assister à cela, elle attrapa la télécommande pour l’éteindre, avant de finalement se lever. Rapidement, elle attrapa les deux bouteilles de bière vide pour aller les jeter directement dans la poubelle dehors. Il était inutile qu’Eugenia s’inquiète, alors qu’il ne s’agissait que de quelques bières. Une fois les bouteilles jetées, elle revint à l’appartement et entra dans la salle de bain. Mécaniquement, elle alluma le jet de la douche, avant d’enlever son pyjama et de se glisser dessous. Après quelques minutes passées sous l’eau chaude, elle finit par réaliser la date du jour. Dix-sept octobre. Son anniversaire. Leur anniversaire. Immédiatement, un sourire passa sur ses lèvres et elle se dépêcha de terminer, avant de se sécher et de sortir pour se diriger vers sa chambre. Tout était déjà prévu dans son esprit et évidemment, Eugenia n’était au courant de rien, pas même que Scarlet avait pris une journée de congés spécialement pour cela. Après tout, elles fêtaient toujours leur anniversaire ensemble et cette année ne ferait pas exception à la règle. Elle ignora Bart, endormi dans son lit, ramassant les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main et retournant se changer dans la salle de bain. Elle les enfila rapidement et ne pris pas la peine de se maquiller, avant de ressortir dans le salon afin de dégoter son portable. Il n’était que sept heures et demie. Eugenia devrait se lever tôt, puisque Scarlet n’aurait pas la patience de l’attendre. Elle commença à préparer le petit-déjeuner, sans penser à son demi-frère et arrangea un repas copieux pour elles deux sur un plateau, sans oublier son mug rempli de café. Lorsqu’elle eut terminé, elle posa le plateau sur le comptoir et alla ouvrir doucement la porte de la chambre de sa sœur, avant de se dirigea vers la fenêtre. Dans un geste théâtral, elle ouvrit en grand les rideaux.
« DEBOUUUUT, » hurla-t-elle en s’asseyant sur le lit aux côtés de sa sœur. « Enfin, tu m’as comprise. Réveille-toi, quoi, » se reprit-elle en commençant à doucement poker le bras d’Eugenia.
Elle attendit que celle-ci donne signe de vie avant de retourner chercher le plateau pour leur petit-déjeuner et de se réinstaller sur le lit pour qu’elles le mangent ensemble.
« Joyeux anniversaire, » lui dit-elle finalement avec un grand sourire aux lèvres. « Bon par contre, dépêche toi de manger, je te kidnappe pour la journée. »
Avalant rapidement son bol de céréales, Scarlet se releva, son mug à la main et se dirigea vers l’armoire de sa sœur afin de choisir ses vêtements. S’aidant du miroir, elle mis chaque robe qu’elle trouvait devant elle afin d’évaluer si elle irait ou non. Finalement, après en avoir sorti une bonne dizaine, elle trouva celle qui lui plaisait le plus.
« Tiens, celle-ci rendra bien sur toi, » annonça-t-elle en posant la robe sur le lit.
Elle attrapa un soutien gorge au hasard et le jeta également sur sa sœur, avant de récupérer le plateau.
« Habille-toi, on part bientôt. »
D’une main, Scarlet referma la porte et rangea la vaisselle et la nourriture qui restait. Après cela, elle se lava rapidement les dents et retourna dans la chambre de sa sœur, fermant ses paupières de toutes ses forces.
« C’est bon, t’es pas toute nue ? »
Elle entrouvrit une paupière et constata qu’Eugenia était habillée et sortie du lit, sur son fauteuil. Jetant encore un coup d’œil à l’heure, Scarlet coinça son portable entre ses dents et attrapa les poignées du fauteuil de sa sœur.
« Allez, on va être en retard, » essaya-t-elle de dire, bien que tout ce qui sortit de sa bouche fut parfaitement incompréhensible.
La brune fit passer le fauteuil de sa sœur par la porte de la salle de bain, avant de refermer celle-ci.
« T’as dix minutes pour faire pipi et te laver les dents, » cria-t-elle à travers le battant.
A ce stade, Eugenia devait très certainement en avoir ras-le-bol.

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() message posté Sam 18 Oct 2014 - 22:25 par Invité
mum used to say we were the same soul split in two and walking around on four legs. it seems unnatural being born together and then dying apart. ✻✻✻ Je détestais le mois d'octobre. Je détestais la pluie. Je détestais le froid. Je détestais cette période et la nostalgie qui m'envahissait pour la seconde année consécutive ; j'avais envie de faire l'impossible sans m'autoriser à y croire. J'avais l'impression que tout m'était interdit à cette période, tout même les rêves. J'avais l'impression de ne plus pouvoir rien faire hormis observer le monde depuis ma fenêtre et penser à ce qui aurait pu m'arriver si le destin avait été différent. Engourdie par le sommeil, je restai enfouie sous mes couvertures, les paupières à moitié entrouvertes. Je pensais. Je pensais à ces dix-huit mois qui s'étaient étirés, ces dix-huit mois qui s'étaient quand même écoulés. Je pensais en cette journée qui aurait dû me rendre heureuse mais qui m'incitait à faire le bilan d'une vie gâchée. Je savais que j'aurais des nouvelles de mes parents. De ma sœur. De Bartholomew, s'il s'en souvenait. De quelques vagues connaissances, de médecins dans le meilleur des cas. Mais cela était tout. Je n'aurais pas de petit mot d'un amoureux transis ; je n'aurais probablement pas le droit de cartes d'amis sincères. Je n'étais personne, au fond. Je n'étais qu'une âme en transition, perdue dans le reste du monde.
Je n'importais pas. Je n'importerais plus. Bien au-delà du fait que cela me vexe, cela me blessait. Cela était mon anniversaire et j'avais pourtant envie de pleurer toutes les larmes de mon corps. Toutes les larmes de mon coeur.
La porte de ma chambre s'ouvrit à la volée sans que je ne comprenne ce qu'il se passait réellement. J'avais été bien trop occupée à me perdre dans mes pensées pour me soucier de ce qu'il se passait en dehors de ma bulle. Dans la pénombre, j'observai ma sœur se diriger à grands pas vers ma fenêtre et ouvrir les rideaux dans de grands gestes. Sa théâtralité me fit esquisser un sourire ; elle n'avait pas oublié cette journée si spéciale où nous avions toutes les deux vues le jour, il y avait vingt-deux ans de cela. « DEBOUUUUT. Enfin, tu m’as comprise. Réveille-toi, quoi. » s'exclama-t-elle en se précipitant vers mon lit, avant d'enfoncer son doigt dans mon bras plusieurs fois d'affilé. Je lui lançai un regard en coin avant d'enfouir ma tête dans ma couette. « Ugh, il est trop tôt. Va embêter quelqu'un d'autre. » marmonnai-je, la voix étouffée par les draps. Ma sœur repartit aussitôt, et je fronçai les sourcils avant de relever la tête. Cela n'était pas normal. Scarlet ne faisait pas partie de ces personnes facilement décourageables.
Au bout d'une minute, elle me prouva que cela était toujours le cas ; les bras chargés d'un plateau, elle m'apporta le petit déjeuner au lit comme si j'étais une véritable princesse. J'étais surprise, oui. Surprise d'avoir le droit à un réveil pareil lorsqu'elle devait se rendre à son travail d'ici quelques heures. « Joyeux anniversaire. » me lança-t-elle, et j'esquissai un sourire avant de me redresser sur un coude, l'observant en plissant doucement les paupières. La lumière m'éblouissait mais mes rétines semblaient lentement s'y faire. « Joyeux anniversaire à toi aussi. » lui répondis-je avec douceur. Cela pouvait paraître irréel. Dérangeant, pour certains, voire même agaçant pour les plus extrêmes. Après tout, je n'avais jamais célébré un seul de mes anniversaires en étant seule. Il y avait toujours eu Scarlet durant ce jour si spécial. Pourtant, je ne parvenais pas à concevoir le fait de fêter cela seule, sans elle, sans sa présence, ni ses propres cadeaux, ou  même ses propres bougies. Le dix-sept octobre avait toujours été notre date. Notre date à nous deux. « Bon par contre, dépêche-toi de manger, je te kidnappe pour la journée. » Je l'observai en fronçant les sourcils, tandis qu'elle engloutissait son bol de céréales à une vitesse hallucinante. J'attrapai la poignée de potence au-dessus de mon lit pour me redresser, et enfin prendre mon propre bol entre les mains, suspicieuse. J'avais peur de mal comprendre ses propos, quelque part ; j'avais été persuadée que cette journée serait comme les autres dans son ensemble, et que j'aurais eu à passer de longues heures sur le canapé en compagnie de notre demi-frère en attendant simplement son retour. Scarlet était censée travailler. Elle ne pouvait pas me kidnapper pour la journée, même si elle le souhaitait de tout son cœur. Je pris une profonde inspiration, tout en l'observant avec anxiété, avalant le lait qui restait au fond de mon bol. Elle était animée par une joie de vivre que je ne lui connaissais que trop peu. Elle bondit littéralement sur ses deux jambes, une fois son petit déjeuner englouti, pour parcourir ma garde-robe et déranger mes vêtements, et je ne parvins qu'à l'observer en silence en me demandant quand est-ce qu'elle reviendrait sur Terre. Je la vis juger des robes, avant de les reposer, les remettre devant elle pour finalement les abandonner une nouvelle fois. Son attention s'arrêta sur une de couleur bleu claire, aux imprimés fleuris, et elle la jeta sur mon lit avec entrain. « Tiens, celle-ci rendra bien sur toi. Habille-toi, on part bientôt. » me dit-elle, me donnant après cela des sous-vêtements. Elle repartit aussi vite avec les vestiges de notre petit-déjeuner rapide, me laissant seule dans ma chambre.
J'étais étonnée. Si étonnée que je mis une vingtaine de minutes avant de redescendre sur Terre et me tirer hors du lit. Je me précipitai pour m'habiller, mes bras trop agités ne parvenant pas à passer les vêtements correctement sur mon corps immobilisé. Je dus m'y reprendre plusieurs fois avant de passer contre mes jambes mon dessous en dentelle, et mes doigts se perdirent dans mon dos pour agrafer mon soutien-gorge. Lorsque j'entendis ma sœur s'avancer vers ma chambre, je passai sans doute trop vite ma robe sur mes épaules et celle-ci fût en place à l'instant même où Scarlet poussa la porte. « C’est bon, t’es pas toute nue ? » me demanda-t-elle, mais elle n'attendit pas ma confirmation pour ouvrir un œil. Elle se dirigea vers moi avec empressement pour me pousser en dehors de ma chambre.  « Allez, on va être en retard. » Elle était d'une telle humeur que le spectacle qu'elle m'offrait être presque drôle ; l'entrain qui rythmaient ses gestes m'amusait tellement que je ne trouvais pas le courage de lui dire que je ne souhaitais pas qu'elle me pousse. Je me retrouvai, même, enfermée dans la salle de bain sans que je ne vois rien venir. Je fronçai les sourcils, avant qu'elle ne parle derrière la porte. « T’as dix minutes pour faire pipi et te laver les dents. » Je levai les yeux au ciel avec un sourire en coin au bout des lèvres. Irrécupérable. Ma sœur était bel et bien irrécupérable. « A vos ordres, chef ! » m'exclamai-je avant de m'atteler à mes tâches sans attendre. Les toilettes furent mon premier objectif et, rapidement, je me retrouvais à brosser mes dents avec plus de vigueur que nécessaire.
Mon esprit était en ébullition. Je ne parvenais même pas à réfréner mes idées.
J'étais impatiente, impatiente de voir ce que Scarlet avait derrière la tête. Je connaissais suffisamment ma sœur jumelle pour savoir que tout cela n'était généré que par un plan qui avait fleuri dans son esprit ; ses humeurs étaient dictées par ses regains d'espoirs éphémères, après tout. Je sortis doucement de la salle de bain, épuisée d'avoir été secouée si tôt dans la journée. « Prête ! » fanfaronnai-je dans notre appartement, poussant mon fauteuil jusqu'à ma sœur. « Maintenant, dis-moi, tu as prévu de me faire mourir d'épuisement avant ce soir pour célébrer nos vingt-deux ans ? » Je lui adressai un regard innocent, impatiente de savoir quelles étaient les intentions de ma sœur. Je pris une profonde inspiration, attrapant mon téléphone portable sur un meuble, et ajustant les pans de ma robe sur le haut de mes jambes. « L'enthousiasme te va très bien, Scar. » Je lui adressai un sourire. Quelque part, cela me faisait plaisir. Réellement plaisir. Tout n'était peut-être pas complètement perdu pour elle ; si ma vie était dénuée de sens, j'espérais sincèrement qu'elle finisse par en retrouver un, elle. Elle le méritait. Elle y avait le droit.
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() message posté Dim 19 Oct 2014 - 11:24 par Invité


LONELY STARS
EUGENIA&SCARLET


one thousand lonely stars, hiding in the cold ✻✻✻ Scarlet n’avait pas une seule fois fêté son anniversaire sans Eugenia. D’aussi loin qu’elle s’en souvenait, ça avait toujours été elles deux, soufflant les bougies du même gâteau, partageant parfois les mêmes cadeaux. Même du temps où elles n’étaient pas les meilleures amies du monde, où un univers les séparait à l’époque du lycée, elles avaient toujours passé ce jour si spécial ensemble. Ce n’était pas toujours extraordinaire, ce n’était pas toujours grandiose mais peu importe ce qu’elles prévoyaient, l’humeur de Scarlet ne parvenait jamais à se dégrader. L’année passée, leur anniversaire avait été un peu plus calme, plus triste, puisque l’accident de voiture était encore frais dans leur mémoire. Mais cette année, la brune voulait rectifier cela et faire profiter sa sœur de la journée. Bien qu’elle n’ait dormi que quelques heures, son esprit s’embrasait de toutes parts et le manque de sommeil ne se fit bientôt plus ressentir. Avec peut-être trop d’entrain, elle enferma sa jumelle dans la salle de bain en lui ordonnant de se préparer, avant de filer de nouveau dans sa chambre. Bartholomew était toujours endormi mais elle ne pris pas de précaution nécessaire pour ne pas faire de bruit. C’était sa chambre après tout, il pouvait bien se trouver un lit ailleurs. Elle attrapa une veste pour la journée et retourna dans l’entrée pour récupérer son sac à main. Vérifiant qu’Eugenia n’était pas sur le point de sortir, elle sortit du frigo le gâteau miniature qu’elle avait demandé à son demi-frère de préparer. Elle aurait préféré qu’elles partagent un vrai gâteau mais il aurait certainement mal supporté le voyage de plus d’une heure qui les attendait. A cette pensée, Scarlet vérifia de nouveau l’heure sur son portable. Leur train partait dans moins d’un quart d’heure.
« EUGENIA DEPêche toooi, » commença-t-elle à crier avant que de s’interrompre alors que sa sœur sortait de la salle de bain.
Bientôt, elle fut à ses côtés, tout sourire.
« Prête ! Maintenant, dis-moi, tu as prévu de me faire mourir d'épuisement avant ce soir pour célébrer nos vingt-deux ans ? »
Scarlet laissa un rire amusé lui échapper, avant de se diriger vers la porte et de l’ouvrir. Elle tendit une des deux vestes qu’elle avait sorti à sa sœur et attrapa ses clefs qui était restées sur le meuble de l’entrée.
« Exactement, » affirma-t-elle. « Promis, c’est bientôt fini, faut juste pas qu’on loupe notre train. Ils passent pas souvent, ces machins-là. »
Elle fut heureuse de constater que sa sœur avait l’air sincèrement de bonne humeur.
« L'enthousiasme te va très bien, Scar. »
D’un air sérieux, Scarlet rejeta ses cheveux en arrière.
« Je sais, je sais. »
Une fois la porte verrouillée, Scarlet ne pris pas la peine de pousser le fauteuil de sa sœur, sachant pertinemment que c’était quelque chose qu’elle n’appréciait pas. Elle lui ouvrit la porte de l’immeuble puis commença à se diriger à grand pas vers la gare qui était à deux rues de chez elles, vérifiant souvent qu’Eugenia la suivait bien. Elles passèrent les tourniquets et ne patientèrent que quelques secondes sur le quai avant leur train n’arrive.
« Je t’avais dit qu’on allait être en retard, » lâcha Scarlet d’un ton faussement exaspéré, un sourire sur le coin de ses lèvres.
Lorsque le train fut arrêté, elle attrapa les poignées du fauteuil roulant et le fit basculer afin qu’elles puissent monter. Après quoi, elle le positionna près de la porte et bloqua les roues, avant de s’installer sur le strapontin à côté. Un soupir s’échappa de ses lèvres.
« Voilà, on aura plus besoin de se dépêcher pour le reste de la journée, » promit-elle.
Elle jeta un coup d’œil à l’heure affichée sur un écran du train. Il était tout juste neuf heures. Avec ça, elles auraient la journée devant elles. Finalement, elle jeta de nouveau un coup d’œil à sa sœur.
« Je sais, t’es en train de te demander si je suis pas tombée sur la tête, » constata-t-elle avec un sourire. « Et c’est peut-être bien le cas. Mais ne t’inquiète pas, j’ai pris ma journée. Je ne leur manquerai pas au boulot. »
Le reste du trajet fut plutôt calme et Scarlet refusa de céder pour avouer à sa sœur où est-ce qu’elles allaient. L’idée s’était formée dans son esprit depuis des mois déjà et elle espérait sincèrement que cela ferait plaisir à Eugenia. Après une heure et demie de trajet, leur train arriva enfin à Brighton. Scarlet bondit sur ses pieds et aida de nouveau sa sœur à sortir.
« Bon, je crois que c’est un peu grillé ma surprise maintenant, » fit-elle remarquer alors qu’elles sortaient de la gare et se dirigeaient vers la plage. « Mais fais genre tu sais pas ce qui se passe, c’est mieux, » reprit-elle avec un sourire.
Lorsqu’elles furent arrivées à la plage, encore vide de monde, Scarlet se dirigea vers un ponton qui s’avançait jusqu’au-dessus de l’eau. Elle savait très bien que sa sœur ne pourrait pas rouler avec son fauteuil dans le sable. Finalement, elle s’arrêta et écarta les bras, avant de se tourner vers sa sœur.
« Je sais que ton dernier voyage à la plage a été un peu gâché, alors voilà. Joyeux anniversaire, Ginny. »
Même si c’était leur anniversaire à toutes les deux, Scarlet avait toujours l’impression que le plus important était qu’Eugenia passe une bonne journée. Elle le méritait, après tout.

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() message posté Lun 20 Oct 2014 - 10:25 par Invité
mum used to say we were the same soul split in two and walking around on four legs. it seems unnatural being born together and then dying apart. ✻✻✻ Les excès d'enthousiasme de Scarlet étaient si rares que, bien souvent, je m'en voulais d'être trop impliquée dans son quotidien. Je m'en voulais de la voir faire tant d'efforts pour finalement subvenir à mes besoins et non pas les siens. Elle avait encore toute son existence devant elle, mais elle demeurait piégée par le fardeau que j'étais devenue. Personne ne méritait la façon dont elle s'occupait de ma vie et de mon handicap. Personne, et pas même moi. J'avais l'impression de lui avoir retiré tous ses espoirs et toutes ses chances ; sa vie continuait d'avancer mais elle demeurait retenue en arrière par ma faute. Elle sortait, mais elle rentrait toujours, simplement parce qu'elle savait que je l'attendais le soir venu. Elle fréquentait des personnes, mais jamais, au grand jamais, je ne l'avais vu ramener quelqu'un chez nous, que ce soit de passage ou pour me le présenter. Elle restait seule. Seule, rien que pour moi, uniquement parce que le destin avait décidé de me retirer mon indépendance. Parfois, je venais même à me demander si elle avait honte de moi, si elle avait honte de cette sœur jumelle coincée dans un fauteuil jusqu'à la fin de ses jours, uniquement parce que justement, elle ne ramenait personne à la maison. Mais, malgré si ces pensées me blessaient, je ne parvenais pas à lui en vouloir de me cacher du regard des autres. De nous deux, j'avais toujours été l'échec. L'erreur. La déception. J'avais fini par m'y faire. Observant mon reflet dans le miroir, je poussai un petit soupir avant de poser ma brosse à dent sur le rebord du lavabo. J'observai mes traits fatigués avant de mettre mes grandes lunettes à monture noir, tournant les roues de mon fauteuil pour sortir de la salle de bain. « EUGENIA DEPêche toooi. » commença à hurler ma sœur, s'arrêtant dans son élan lorsqu'elle me vit débarquer. Je me mis à rire. Son enthousiasme était communicatif, quelque part ; je n'avais absolument aucune idée de ce qui pouvait bien se passer dans son esprit mais j'aimais la voir souriante, joyeuse, presque insouciante. J'avais l'impression que, dans cet état, rien et personne ne pouvait l'arrêter. Elle devenait indomptable. « Exactement. Promis, c’est bientôt fini, faut juste pas qu’on loupe notre train. Ils passent pas souvent, ces machins-là. » Je fronçai les sourcils en entendant le mot train, me demandant durant une fraction de secondes si elle avait prévu de me mettre sur les rails et d'attendre qu'il passe. Je secouai la tête en esquissant un sourire avant de complimenter ma soeur.   « Je sais, je sais. » me répondit-elle simplement. Elle me donna une veste, que je passai sur mes épaules une fois sur le palier de notre immeuble. Rien, dans les vêtements qu'elle me donnait, ne me donnait d'indication sur l'endroit où nous étions en train de nous rendre.
Rien, absolument rien. Je ressentais de la frustration dans chacune des cellules de mon corps. Je n'aimais pas être dans l'ignorance. Je n'étais pas ne pas être au courant.
Elle me pressa tout le long du chemin, marchant vite devant moi, me contraignant d'accélérer l'allure de mes roues. Scarlet m'emmena à la gare et me donna un billet ; nous passâmes l'accès au quai et, au même instant, le train s'arrêta sur la voie en face de nous.   « Je t’avais dit qu’on allait être en retard. » me lança-t-elle et je secouai la tête en désignant les wagons de l'index. « Non, ça, c'est être pile à l'heure. Highfive, on est les meilleures. » Je levai la main en attendant que sa paume vienne rencontrer la mienne, et je reposai mes doigts sur mes roues pour m'avancer jusqu'à la rame. Ma sœur devança chacun de mes mouvements ; je me retrouvais dans le train en une fraction de seconde, les roues de mon fauteuil bloquées pour que je demeure à côté de Scarlet assise sur un strapontin. Je n'aimais pas qu'on touche à mon fauteuil, qu'on m'aide dans mes actions. Mais, en cet instant précis, je n'avais même plus le courage d'entacher le bonheur de ma soeur avec des remarques peu amènes. « Voilà, on aura plus besoin de se dépêcher pour le reste de la journée. » lança-t-elle, contente d'elle. Je poussai un soupir de satisfaction, laissant mon dos s'appuyer contre le dossier de mon fauteuil. « Je sais, t’es en train de te demander si je suis pas tombée sur la tête. » Je levai les yeux au ciel. Cette pensée avait effleuré mon esprit, c'était un fait ; cependant, je savais depuis bien longtemps que ma sœur avait dû tomber du berceau en étant petite. J'eus un petit rire, avant qu'elle n'enchaine. « Et c’est peut-être bien le cas. Mais ne t’inquiète pas, j’ai pris ma journée. Je ne leur manquerai pas au boulot. » Un sourire vint illuminer mon visage. A l'instant même où nous étions rentrés dans le train, je savais que Scarlet n'avait pas prévu d'aller travailler. Qu'elle s'accordait une pause pour cette journée. Pour notre journée. Chaque année, j'avais été proche de ma soeur lors de ces fameux dix-sept octobre. Si proche que j'avais songé, plusieurs fois, que les choses changeraient le lendemain, au lycée. Mais cela n'avait jamais été le cas. Notre anniversaire avait toujours été une journée hors du temps avant que la réalité ne nous rattrape. « Tant mieux. De toute manière, je ne t'aurais pas laissé partir travailler, quitte à user de la force et te rouler dessus pour te retenir. » lui répondis-je en haussant les épaules, comme si cela était la chose la plus naturelle du monde. Je me retins de sourire. Et Dieu savait à quel point ce fût difficile.
Scarlet ne laissa pas échapper notre destination, si bien que, lorsque le train arriva, j'étais à moitié en train de bouder et prête à questionner les autres voyageurs pour soutirer des informations. Puis, je reconnus la gare. Je reconnus le paysage. Je ne dis rien, absolument rien, lorsque nous sortîmes, comme pour punir ma sœur de son silence ; mais, au fond de moi, j'étais reconnaissante. Nous étions différentes. Le jour et la nuit. La lune et le soleil. Et, pourtant, elle me connaissait suffisamment pour savoir que la plage me manquait, et pour savoir que j'avais été déçue par mon dernier séjour dans la ville.    « Bon, je crois que c’est un peu grillé ma surprise maintenant. Mais fais genre tu sais pas ce qui se passe, c’est mieux. » me lança-t-elle. Je me mis à rire, trop occupée à observer les alentours. Elle m'emmena jusqu'à la plage, marchant sur un ponton qui dominait l'eau. Enfin, elle se tourna vers moi, les bras déployés.  « Je sais que ton dernier voyage à la plage a été un peu gâché, alors voilà. Joyeux anniversaire, Ginny. » J'esquissai un sourire, incapable de lui répondre quoi que ce soit. Je sentais mes yeux humides rencontré l'air salé du vent ; je m'autorisais quelques instants avant de finalement me râcler la gorge. « C'est parfait, Scar. » lui lançai-je. « J'espère que tu as bien vérifié les bulletins météo, histoire qu'on ne se prenne pas une tempête, par exemple. » J'haussai les épaules avant de prendre une profonde inspiration. J'observai les vagues, la mer. Nous avions grandi à côté des plages, à Cardiff. Parfois, cela me manquait. Cela me manquait bien plus que je ne voulais bien l'admettre. « Ça te manque pas, à toi ? Cardiff ? Le lycée ? Je pensais pas que je dirais ça un jour, mais je donnerais n'importe quoi pour revivre ne serait-ce qu'une seule journée. » Mes yeux étaient perdus, perdus à l'horizon. Plus loin, j'avais entendu dire qu'il y avait la France. J'y avais été, une fois, lorsque je pouvais encore mettre un pas devant l'autre. Mais les souvenirs me semblaient loin. Bien trop loin.
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() message posté Lun 29 Déc 2014 - 18:48 par Invité


LONELY STARS
EUGENIA&SCARLET


one thousand lonely stars, hiding in the cold ✻✻✻ Ce n’était pas souvent que l’enthousiasme surpassait tout autre émotion chez Scarlet. Bien trop souvent, ses lèvres n’étaient pas étirées en un sourire mais en une moue perpétuelle, qui reflétait tout l’agacement qu’elle pouvait bien ressentir face à ce qui l’entourait. Cependant, elle estimait que sa sœur et elle n’avaient plus besoin de drames pour le restant de leur vie et que de la bonne humeur ne pouvait qu’être bienvenue entre elles deux. De toutes manières, elle ne la feignait pas, sincèrement heureuse de pouvoir sortir avec Eugenia hors de leur appartement qu’elle commencer à ne plus pouvoir voir en peinture. Malheureusement, sa vie ne se résumait qu’à ça, qu’à des allers-retours entre chez elles et son travail, avec quelques rares sorties. Les jumelles partaient trop peu souvent de Londres, mis à part lorsqu’elles rendaient visite à leurs parents à Cardiff, ce qui au final n’arrivait pour Scarlet que lorsqu’elle avait des vacances, ce qui n’était pas si souvent que cela. Un break loin de l’agitation de la ville pour leur anniversaire et pour passer du temps ensemble autrement que sur le canapé de leur salon avait semblé être une opportunité que Scarlet se devait de saisir. Le vent soufflait fort au bord de la mer mais au moins, le ciel était dégagé et l’air était encore relativement chaud. De là où elle était, marchant aux côtés de sa sœur sur le ponton, elle aurait presque pu penser qu’elles étaient totalement seules, enfin coupées du reste du monde. Lorsqu’elles furent arrivées au bout du ponton en bois, la brune fit un tour sur elle-même, écartant les bras, l’air de faire découvrir à sa sœur un endroit qu’elle connaissait déjà, au fond, mais dont elle n’avait pas pu profiter. En reposant les yeux sur sa sœur, elle put voir qu’elle avait vu juste et que cela lui faisait plaisir.
« C'est parfait, Scar. J'espère que tu as bien vérifié les bulletins météo, histoire qu'on ne se prenne pas une tempête, par exemple. »
Scarlet roula des yeux de manière dramatique, souriant toujours.
« Evidemment, tu me prends pour qui, » plaisanta-t-elle. « Tu veux qu’on se mette les pieds dans l’eau ? » demanda-t-elle après une seconde d’hésitation.
Elle savait que même si Eugenia ne pouvait pas ressentir grand-chose dans ses jambes, elle ressentait les changements de température, si bien que l’eau pourrait peut-être lui faire du bien, surtout avec le soleil qui commençait à briller fort au-dessus de leurs têtes. Sa sœur hocha la tête et Scarlet lui sourit, se penchant pour détacher la ceinture qui la retenait. Doucement, elle passa un bras dans son dos et un sous ses jambes, la soulevant. Elle fit quelques pas jusqu’au bord du ponton et l’installa, les jambes pendant dans le vide, enlevant d’un geste les chaussures qu’elle portait. A son tour, elle défit ses ballerines et plongea ses pieds dans l’eau fraîche. Finalement, elle posa sa tête sur l’épaule de sa sœur, fixant l’horizon.
« Ça te manque pas, à toi ? Cardiff ? Le lycée ? Je pensais pas que je dirais ça un jour, mais je donnerais n'importe quoi pour revivre ne serait-ce qu'une seule journée. » repris soudainement Eugenia.
Scarlet releva la tête, essayant de détailler son expression mais sa jumelle avait fixé son regard au loin, si bien qu’elle en fit assez vite de même, se redressant totalement. Elle n’avait pas besoin de demander pourquoi elle disait cela. Le lycée avait été une époque où elle pouvait marcher et où les choses entre elle et Julian avait surement été plus simples. Mais l’entendre dire que cela lui manquait la peinait, en un sens.
« Cardiff, peut-être. Le lycée, non, » répondit-elle finalement.
Elle ne souhaitait pas revenir à l’époque où elle lui avait dit des paroles qu’elle ne pensait pas, simplement pour ne pas perdre la face. Elle ne souhaitait pas revenir à l’époque où au final, elle avait été le plus malheureuse, parce qu’elle ne parvenait pas à être celle qu’elle était réellement sans avoir peur de se faire mettre à l’écart. Elle ne souhaitait pas revenir à l’époque où les doutes avaient commencé à emplir son esprit, l’époque où elle avait décidé que ces doutes seraient le mieux enterrés dans un coin de son esprit, où ils étaient occupés à la ronger à présent. Doutes qui ultimement l’avaient poussée à boire bien plus que nécessaire.
« J’ai pas spécialement envie de revivre ce que j’ai bien pu te dire ou te faire. C’est pas vraiment quelque chose dont je suis fière. »
Elle déglutit, essayant de retrouver la bonne humeur qu’elle avait il y a quelques minutes seulement et força un nouveau sourire sur ses lèvres.
« Mais la maison de maman… Oui, ça me manque. Parfois j’en ai assez de la ville. »
Elle tourna de nouveau le regard vers sa sœur, lui adressant un sourire qu’elle espérait plus sincère cette fois-ci. Aussi égoïste que cela puisse paraître, elle préférait la relation qu’elle avait avec sa sœur aujourd’hui à celle qu’elles avaient eu au lycée. Elle aurait simplement espéré qu’un accident n’en ait pas été à l’origine.

(c) wild hunger
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() message posté Dim 18 Jan 2015 - 23:19 par Invité
mum used to say we were the same soul split in two and walking around on four legs. it seems unnatural being born together and then dying apart. ✻✻✻ Cela était une sensation étrange, celle d’être partagée vis-à-vis de son passé. Celle de ne pas savoir s’il était sans doute préférable de revenir en arrière ou de rester dans la réalité, dans ce présent-là. Je me perdais souvent dans mon esprit occupé à trop penser, mélangeant sans cess mes interrogations les plus profondes ; j’aurais aimé avoir une réponse claire. Une réponse universelle. Une réponse fondamentalement vraie, une réponse que je n’aurais pas pu remettre en cause.
J’aurais aimé pouvoir choisir entre mon passé et mon présent. J’aurais aimé savoir laquelle de ces deux situations avaient été mieux, pour moi et pour les autres. Avait-ce été préférable d’être martyrisée par une jumelle qui n’avait pas su m’exprimer correctement la profondeur de ses sentiments ? Sachant que cela avait également signifié pouvoir se tenir debout et avoir la tête pleine de rêves ? Ou, au contraire, étais-je mieux maintenant, brisée par le destin mais faisant l’objet de toute l’attention de ma sœur ? Je me mordis l’intérieur de la joue avec anxiété, tandis que mon regard balayait la côte de Brighton. Le vent balayait mes cheveux et venait fouetter mon visage ; je plissai les paupières pour éviter que le sable ne vienne se loger dans mes yeux. Je ne parvenais jamais à savoir. Je me sentais à la fois égoïste de préférer mon passé et idiote d’aimer certains aspects de mon présent. Je m’égarais même jusqu’à songer à Julian, de temps à autre ; j’avais beau tenter de faire comme si cela n’était pas le cas, mais je savais pertinemment qu’il était l’un des principaux facteurs dans mes débats intérieurs et muets. Je savais que, si notre relation n’avait pas changé au cours du temps, je n’aurais sans doute vu aucun problème à préférer ma condition présente.
C’était presque affligeant de constater à quel point une simple relation pouvait changer la donne. A quel point je pouvais être faible. A quel point il pouvait encore m’importe après tout ce qui s’était passé, après tout ce temps, après tous nos mots. Je déglutis avec difficulté, secouant légèrement la tête pour chasser toutes mes pensées de mon esprit ; je ne revins sur Terre qu’à moitié. Je ne revins sur Terre que partiellement. « Evidemment, tu me prends pour qui. » me déclara-t-elle au sujet de la météo. J’esquissai un léger sourire. Je vis ma sœur hésiter. Puis, finalement, céder à ses intentions. « Tu veux qu’on se mette les pieds dans l’eau ? » me demanda-t-elle. J’hochai doucement la tête. Ma sœur s’approcha de moi avec précaution avant de me détacher de mon fauteuil ; elle me porta jusqu’au bord et je serrai la mâchoire pour m’abstenir de tout commentaire. Pour m’abstenir de tout. Je me détestais presque d’être ainsi ; mais je ne pouvais pas lutter contre ce que j’étais. Je n’aimais pas que l’on me porte. Je n’aimais pas que l’on m’aide. Je présageais tout cela comme des signes de faiblesse venant de ma part ; comme la démonstration de ma profonde dépendance. Scarlet m’installa, chacun de ses gestes étant mesurés, me déchaussant avant de s’asseoir à son tour et faire de même.
Sa tête vint se loger sur mon épaule comme si ce geste était naturel. Au fond, il l’était ; la nature voulait que nous soyons proches, que nous soyons accoutumés à ces démonstrations d’affection révélatrices. Ces derniers mois, nous nous étions habituées à tout cela. Mais avant ? Avant avait été différent. Avant n’avait pas été pareil. Nous n’avions été que des inconnues. Nous n’avions même pas habité sur la même planète, d’une certaine manière.
Alors, fatalement, je me demandais. Je me demandais si l’avant lui manquait. L’avant, parce que cela était facile à définir ; avant que nos vies ne nous appartienne plus, avant que nous ne devenions que des ratures. Elle releva la tête afin de me regard mais je n’eus pas suffisamment de courage de l’observer à mon tour ; mes yeux demeurèrent planter sur les vagues qui écumaient doucement, au gré de la houle. « Cardiff, peut-être. Le lycée, non. J’ai pas spécialement envie de revivre ce que j’ai bien pu te dire ou te faire. C’est pas vraiment quelque chose dont je suis fière. » me répondit-elle. J’esquissai un sourire avant de tourner la tête vers elle, finalement. « Mais la maison de maman… Oui, ça me manque. Parfois j’en ai assez de la ville. » J’eus un semblant de rire ; Scarlet, elle, m’adressa un sourire. Vide. Un sourire comme elle avait eu l’habitude de faire lorsque nous avions encore foulé le plancher du lycée. Mes doigts vinrent chercher les siens et je les serrai avec douceur. C’était la seule chose que je pouvais faire pour elle, après tout. Pardonner. Rien de ce que je pouvais dire ne changerait ce passé que nous avions en commun. Cela s’était passé ainsi. « Qu’est-ce qu’on était bien chez maman. Même si elle est la personne la plus agaçante qui existe sur cette planète. » approuvai-je en souriant. « Quoi que, elle te laissait plutôt tranquille. Elle était trop occupée à essayer de faire de moi une personne normale. » Je me rappelais encore de notre mère, s’inquiétant du peu d’amis que je pouvais bien avoir. Je me rappelais encore de notre mère, se demandant si je ne souffrais pas d’un quelconque trouble psychologique tel que la dépression nerveuse. Au fond, elle n’avait pas eu tout à fait tort. J’avais toujours été la différente. L’étrange. Celle à part. « Ca me manque. J’ai l’impression d’avoir vécu dix vies depuis cette époque. » ajoutai-je. « Tu sais… Je ne t’en veux pas. Pour tout ce qui a pu se passer au lycée, je veux dire. » Je l’observai avant de poser, à mon tour, ma tête sur son épaule. Pour lui montrer que j’étais là. Que, malgré tout, je serais toujours là. Nous étions deux âmes perdues, deux âmes qui avions perdu le fil. Mais, dans le chaos de nos nouvelles vies, nous étions parvenues à nous trouver.
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() message posté Mar 19 Mai 2015 - 10:57 par Invité


LONELY STARS
EUGENIA&SCARLET


one thousand lonely stars, hiding in the cold ✻✻✻ Les souvenirs de ses années de lycée avaient été depuis longtemps relégués dans un coin de l’esprit de Scarlet, enfouis sous une masse de culpabilité, de regret et de honte. Cela avait loin d’être sa période favorite et les années qui avaient suivies, ses années d’universités, qui étaient supposément censées être les meilleures de la vie de quelqu’un, avait sans doute été pires. Elle se souvenait parfaitement que c’était au lycée qu’elle avait pris son premier verre d’alcool, et à l’université qu’elle avait décrété ne pas avoir besoin d’un prétexte tel qu’une soirée pour prendre quelques verres. Elle se souvenait que c’était la période où sa vie lui avait totalement échappé et que c’était la période où elle avait été le plus malheureuse, malgré ce dont elle avait souvent essayé de se convaincre. Elle se souvenait que cela avait été l’époque où elle avait repoussé sa sœur, où elle l’avait fait souffrir, où elle lui avait le plus manqué malgré tout ce qu’elle laissait les autres lui dire ou lui faire. S’en souvenir ne lui plaisait pas particulièrement. Entendre Eugenia dire que cela lui manquait la blessait. Mais elle savait qu’elle ne pouvait pas lui en vouloir de désirer retrouver la vie qu’elle lui avait volée. A cette époque, Eugenia avait été libre. Elle avait tenu sur deux jambes. Elle essayait de réaliser ses rêves. Jusqu’à ce que Scarlet détruise son avenir et s’impose dans sa vie. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de préférer cette vie, même si cela avait été sans elle. Mais elle ne pouvait pas prétendre vouloir y retourner elle-même. Elle ne pouvait pas prétendre vouloir de nouveau se retrouver rongée par les pensées qui naissaient dans son esprit, rongée par l’alcool qui la tuait à petit feu. Alors elle lui dit qu’elle n’était pas fière de ce qu’elle lui avait au lycée. Elle prétendit que c’était tout ce qui la retenait. Elle resta évasive, parce que parler de la période où elle n’avait pas eu le contrôle sur sa vie et où les mauvaises décisions s’étaient enchaînées n’était pas quelque chose sur lequel elle voulait s’étaler. Eugenia attrapa ses doigts et Scarlet serra sa main dans la sienne, touchée par ce geste, touchée parce qu’elle savait ce qu’il voulait dire, touchée parce qu’elle savait qu’elle ne le méritait pas vraiment. « Qu’est-ce qu’on était bien chez maman. Même si elle est la personne la plus agaçante qui existe sur cette planète. Quoi que, elle te laissait plutôt tranquille. Elle était trop occupée à essayer de faire de moi une personne normale. » Scarlet hocha la tête, un sourire naissant sur ses lèvres. « Qu’est-ce qu’elle pouvait te faire chier, elle avait pas assez de temps pour moi, tu penses bien, » admit-elle. « Tu te souviens à quel point on la rendait folle ? » demanda-t-elle ensuite, un sourire immense aux lèvres, la tête pleine des souvenirs de leur enfance passée chez leur mère. Elle se tut pendant un moment, regardant ses droits entrelacés avec ceux de sa sœur, avant de relever le regard. « J’ai toujours cru qu’on resterait là-bas à jamais, » murmura-t-elle finalement. Elle se retint de préciser que c’était lorsqu’elles passaient du temps ensemble, avant qu’elle ne s’éloigne d’elle, avant qu’elle tente tellement de se différencier d’elle et en même temps d’être acceptée par le reste du monde. Elle se doutait qu’Eugenia savait de quoi elle parlait, puisqu’il n’y avait pas eu d’autre période où elles avaient été aussi heureuses, toutes les deux, ensemble. A présent, ce n’était pas si terrible mais ce n’était pas pareil. Elles n’étaient plus des enfants. Elles avaient grandi. Et Scarlet avait troqué sa mesquinerie pour de la culpabilité, qui ne s’en irait probablement jamais. « Ca me manque. J’ai l’impression d’avoir vécu dix vies depuis cette époque. » conclu Eugenia. « Ouais, moi aussi. » L’année passée avait été longue et cela avait été ainsi depuis leur accident, depuis que leurs vies avaient dû être drastiquement changées. La brune se souvenait à peine de sa vie à Londres avant d’habiter avec sa jumelle, avant de vivre dans un appartement où tout été trop bas pour elle mais parfaitement ajusté pour Eugenia. Elle ne se souvenait plus ce que cela faisait, d’être sans ses parents et sans sœur également. Elle ne se souvenait plus, la plupart de ses souvenirs noyés dans la quantité d’alcool qu’elle avait consommé à cette époque. « Tu sais… Je ne t’en veux pas. Pour tout ce qui a pu se passer au lycée, je veux dire. » Scarlet tourna la tête vers Eugenia, voyant qu’elle l’observait, avant que sa sœur ne décide de poser sa tête sur son épaule à son tour. Elle déglutit, son regard se reportant sur l’eau. « Tu devrais, pourtant. J’étais une sacrée de connasse, » lâcha-t-elle avec un rire. Elle ne plaisantait qu’à moitié, se souvenant que trop bien des adjectifs que la moitié des élèves employaient pour la désigner. Connasse était sans aucun doute celui qui revenait le plus souvent. « Mais, j’espère que tu sais maintenant que je regrette. Que j’étais stupide et que je me rendais pas compte que je pouvais te perdre sans que tu saches à quel point je tenais à toi. » Elle resserra sa prise sur la main de sa sœur. « Je veux plus prendre ce risque. » Elle ne voulait pas la perdre en étant en mauvais terme avec elle. Elle ne voulait pas la perdre tout court. Elle ne pouvait pas imaginer pire douleur que celle qu’elle avait ressentie lorsque sa sœur avait perdue connaissance dans l’accident et qu’elle était restée éveillée, persuadée qu’elle était morte. Elle ne voulait plus avoir à vivre cela, même si elle savait pertinemment que viendrait un jour où l’une d’entre elles partirait avant l’autre. Même si elle ne l’admettrait jamais à voix haute, elle espérait ne pas être celle à devoir supporter la douleur.  

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() message posté Sam 20 Juin 2015 - 18:05 par Invité
mum used to say we were the same soul split in two and walking around on four legs. it seems unnatural being born together and then dying apart. ✻ ✻ ✻ J’avais l’impression que mes souvenirs se mélangeaient avec les vagues et qu’ils étaient emmenés au loin, là où l’horizon pouvaient les emporter. Les emporter et les faire disparaître. J’étais incapable de savoir si j’idéalisais tout ce que j’avais pu vivre avant mon accident, donnant, à tort, des aspects utopiques à de longues périodes de mon existence, ou si j’étais encore suffisamment lucide pour conserver en mémoire le bon et le mauvais. J’avais l’impression que c’était le cas, en mon fort intérieur ; je me souvenais avec précision des méchancetés que j’avais subi, je me rappelai de toutes ces larmes que j’avais bien pu verser certains soirs quand la pression avait été trop grande. J’avais encore en mémoire la douleur que j’avais ressenti quand certaines choses m’avaient tout simplement dépassé et j’étais consciente de la solitude qui m’avait paralysé l’esprit. Tous ces mauvais côtés continuaient de m’habiter, parasitant presque mes nouvelles réalités, se mêlant à ma vie d’aujourd’hui.
Pourtant, j’avais lu quelque part que l’être humain ne se souvenait pas de ses pires souffrances.
Le cerveau ne retenait pas le mal, du moins, selon les scientifiques ; tous ces mauvais souvenirs étaient doucement retiré de notre mémoire, comme s’ils étaient trop durs à conserver, comme s’ils étaient trop lourds à supporter. Nos pensées faisaient le tri, ne gardant que le meilleur, ne retenant que le plus beau. Alors, je m’interrogeai. Je m’interrogeai sur mes propres souvenirs, au point de remettre en question tout ce que je pouvais encore avoir dans le crâne.
J’avais peur. Peur d’envier un passé qui n’avait pas été si doux que cela. Peur de m’accrocher à des pensées parasites qui ne faisaient que me faire détester le présent d’autant plus. Peur de n’être une idiote, une idiote tenant à ses jambes, une idiote incapable d’apprécier la tranquillité qui rythmait désormais son quotidien. Après tout, si je ne pouvais plus me lever et marcher, si je ne pouvais plus espérer d’avoir une existence normale et des relations comme les autres, j’avais ma soeur. J’avais ma famille. J’avais un confort que l’on m’accordait sans que je n’ai à faire quoi que ce soit. Mais, là encore, j’éprouvais une certaine culpabilité, persuadée que je n’étais qu’un poids dans la société, persuadée que je n’étais qu’un poids dans la vie de ma soeur.
J’étais si partagée entre mon passé et mon présent. Si piégée par mes propres souvenirs, par mes propres sentiments, par mes propres émotions. Je ne savais ni aller de l’avant, ni retourner en arrière. J’étais piégée. Piégée dans mon putain de fauteuil. « Qu’est-ce qu’elle pouvait te faire chier, elle avait pas assez de temps pour moi, tu penses bien. Tu te souviens à quel point on la rendait folle ? » me demanda Scarlet et je me mis à rire doucement en secouant la tête, les souvenirs remontant doucement sous mes yeux. « J’ai toujours cru qu’on resterait là-bas à jamais. » J’esquissai un vague sourire, fixant l’océan, fixant les vagues qui venaient s’abattre sur le ponton sur lequel nous nous trouvions. Je savais de quoi elle parlait. Je voyais ce qu’elle sous-entendait. J’étais persuadée, désormais, que le divorce de nos parents avaient été l’élément déclencheur. Que, sans ça, peut-être aurions-nous été plus unis, à l’adolescence.
Mais j’étais trop terre à terre pour admettre pouvoir formuler des hypothèses. « Puis finalement on a grandi, » marmonnai-je doucement. Nous avions grandi différemment, elle dans son cercle d’ami, et moi dans ma bulle. Je ne lui en avais jamais réellement voulu de ne pas avoir été à mes côtés au lycée, jugeant que ma soeur savait parfaitement ce qu’elle faisait. Je m’étais trompée, sur le fond ; je l’avais laissé sombrer sans même m’en rendre compte, sans jamais me dire que quelque chose n’allait plus. Elle avait glissé entre mes doigts et je n’avais pas su la retenir. Elle se blâmait pour toutes les souffrances qu’elle m’avait infligé mais elle ne se rendait pas compte que, de nous deux, j’avais été celle à être le bourreau de l’autre.   « Tu devrais, pourtant. J’étais une sacrée de connasse, » me dit-elle et j’haussai doucement les épaules pour lui faire comprendre que cela n’avait pas d’espèce d’importance. « Mais, j’espère que tu sais maintenant que je regrette. Que j’étais stupide et que je me rendais pas compte que je pouvais te perdre sans que tu saches à quel point je tenais à toi. Je veux plus prendre ce risque. » Ses doigts se crispèrent sur les miens, comme si elle avait peur que je m’en aille, comme si elle avait peur que je disparaisse. Je voulais la rassurer. La rassurer et lui dire que tout irait bien. La rassurer et lui faire comprendre que le passé n’avait plus rien avoir avec le présent, désormais. Mais ma gorge était serrée par l’émotion. Trop serrée pour que je puisse me permettre de dire des choses pertinentes. « Je le savais, » finis-je par articuler. « Je savais que tu tenais à moi. Ca se voyait dans ton regard. Les autres ne le remarquaient pas, mais je le voyais. » J’esquissai un sourire en coin avant de doucement lui donner un coup d’épaule, comme pour lui dire que ce n’était pas grave, comme pour lui faire comprendre que je ne me formalisais pas avec tout ça. Que je ne m’étais jamais formalisé avec tout ça, malgré toute la peine que j’avais connu. « C’est peut-être idiot, mais je n’avais pas besoin de mots pour savoir, » ajoutai-je en passant une mèche de cheveux derrière mes oreilles. Je détournai le regard, presque gênée. J’avais toujours été candide, innocente. J’avais toujours été trop bête, aussi, trop attachée, sans doute. Mais je n’y pouvais rien. J’avais beau lutter, je restais fondamentalement la même, avec les mêmes principes et les mêmes convictions.
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