aylin ✗ a place where you belong

Liverpool, c'était un quatre août.
Il y avait des jours aux allures plus heureuses que d'autre, des jours émotifs, et des jours plats. Celui-ci était de ceux qui accumulaient les sentiments, la crainte, la joie, l'impatience et l'appréhension. L'arrivée d'un enfant dans une famille n'est jamais qu'une source de questionnements sur tout un tas de sujets, qu'ils soient sur le futur comportement de la mère ou le matériel à acheter. Mae Durmstone était une grande avocate, fière de son métier et passionnée par ce qu'elle faisait. Chase Fitzwater quant à lui, tenait une petite boutique de cds en tout genres et aimait ce métier autant qu'il aimait la musique. Et ce quatre août, en le sein d'un hôpital de Liverpool, naquit Aylin Lindsy Fitzwater. Elle était le miracle, le cadeau de ses parents, l'enfant qu'ils désiraient tant et qu'ils avaient toujours voulu avoir. Il n'y avait jamais eu personne avant elle, et il n'y eut d'ailleurs personne après.
Londres, c'était un cinq novembre.
Novembre s'étendait de tout son long sur la capitale, rafraichissant l'air et obligeant ses habitants à se couvrir, les enfants attendant déjà les premières neiges. Aylin avait deux ans seulement lorsqu'elle eut mit les pieds dans la capitale pour la première fois. Ses parents avaient toujours rêvé de posséder un bel appartement dans l'une des belles rues de la ville, délaissant leur ville d'origine au profit d'une aventure qui signait un véritable renouveau. De toute son enfance, Aylin n'a jamais eu le moindre problème. Il faut dire que ses parents la choyait, lui donnait toute l'affection qu'elle nécessitait, la protégeait et elle ne manquait jamais d'amour pour soigner ses chagrins. C'était une enfant heureuse et qui ne cessait jamais de sourire, que ce soit aux admirables personnes qui l'élevait ou aux passants dans les rues. Belle enfant, sympathique enfant, tout les adjectifs employés à son égard étaient d'un positif étonnant. Son père aimait à passer des après-midi en sa compagnie sur un fond de musique qui différait à chaque fois, et sa mère savourait chaque instant où elle l'aidait sur un exercice qu'elle ne comprenait pas. Elle était pourtant une enfant débrouillarde et qui ne perdait jamais son objectif de vue. Lorsqu'elle voulait quelque chose, elle trouvait toujours un moyen de l'obtenir, avançant toujours plus de son but ultime. Cet acharnement agaçait parfois ses parents, qui se retrouvaient poings liés face à l'entêtement de leur petite-fille; mais rien n'était jamais trop bon pour cette petite tête blonde.
Londres, douze ans plus tard.
Lorsqu'elle atteint ses quatorze ans, son instinct lui fît savoir qu'être trop choyée ne pourrait jamais lui être bénéfique. Elle souhaitait voler de ses propres ailes, être grande. C'était une lubie tout à fait normale pour une enfant de son âge, mais peut-être visait-elle trop haut cette fois-ci. Se liant d'amitié avec quelques personnes plus âgées, elle souhaitait rentrer dans leur monde, bien que les années de différence soient quelques peu flagrantes. Et cette aventure, aussi belle qu'elle pût être, lui brisa finalement le coeur. Elle était jeune et ne comprenait pas que c'était normal pour des personnes qui atteignaient presque leur majorité de s'en aller, et considéra cela comme une véritable trahison. Persistante, elle recommença, se faisait briser le coeur une ou deux autres fois. Aylin était têtue, peut-être un peu trop parfois. Mais ce qu'elle souhaitait aussi, c'était que ses parents ne fassent pas que la dorloter, qu'ils la punissent, qu'ils lui fasse des reproches, lui rappelle qu'elle aussi fait des erreurs; plutôt que de l'aider, il la confortait dans un monde dans lequel elle finirait par avoir peur de s'engager. De là naquit un manque de confiance qu'elle ne savait combler; ce que je fais est-il bien? est-ce mal? D'un côté, elle avait peur d'être abandonnée, de l'autre, elle doutait d'elle-même. Alors pour cacher cette faiblesse, elle compensa par des airs bien plus confiants, ne montrant plus que son joli sourire et son obstination sans failles. C'est durant son adolescence que cette facette de sa personnalité s'est forgée. L'obstinée, la confiante, la fragile, la joyeuse, la sociable, la studieuse. Que de belles images pour une jeune et belle fille comme elle. Mais ce monde de joie qu'elle avait toujours connu prit un jour fin. Et ce fût un jour d'hiver.
Hôpital de Londres, dix-huit décembre.
Elle avait dix-sept ans ce jour-là, ce jour où ils ont découvert une tumeur à sa mère. Bien qu'elle soit encore possible à soigner, il n'en fallu pas moins pour terroriser la jeune fille. Son père, lui, ne supportait pas non plus cette idée. Il devint plus stricte, plus autoritaire, tandis que sa mère passait ses journées alitées à se reposer. C'est à ce moment là qu'Aylin décida qu'elle suivrait les traces de sa mère, malgré sa peur de la perdre. C'est aussi à cette époque là qu'elle se fit malheureusement manipuler, montrant une faiblesse d'esprit qui sembla attirer quelques âmes mal placées. Elle ne pensait pas que l'être humain pouvait être aussi vil mais fût bien déçue par cette petite aventure, qu'elle pensait amoureuse et qui finit finalement désastreuse. Tout était une histoire de paris, de conquêtes et d'autres futilités. Mais elle est tombée dans le panneau, et cela lui fît perdre cette confiance qu'elle accordait aux gens sans crier gare. Elle tenta de passer outre, décidant de consacrer sa vie à ses études, à la musique, à ce qu'elle pouvait faire pour rendre sa mère heureuse. On lui confirma finalement que ses jours n'étaient pas en danger, mais que sa santé était toujours fragile et qu'elle ne pouvait pas travailler. Aylin s'était résolue. Elle intégra l'université londonienne et commença alors à étudier le droit, décidant de ne plus dépendre financièrement de ses parents. Elle commença à travailler dans un petit café, tandis qu'elle sortait dès qu'elle en avait l'occasion. Elle continuait à être méfiante face aux autres, ne dédiant sa confiance qu'à ceux qu'elle en pensait digne, qu'à ceux qu'elle pensait vraiment qu'ils ne pourraient pas lui faire de mal. Bien entendu, la vie n'est pas faite que de bonnes surprises, mais aussi longtemps qu'elle continuera à être une fille admirable et sociable, au moins du point de vue des autres, elle savait qu'elle s'en sortirait. Aylin rencontrait de nombreuses personnes, se lia d'amitié avec certaines d'entre elles, et n'en revu jamais certaines. Parfois, elle ne désirait rien de plus qu'une longue conversation, se découvrant des atomes crochus, ou s'intéressant alors à une nouvelle culture. Passant parfois aider à la boutique de son père, elle aimait la vie qu'elle menait et pensait qu'elle le lui rendrait bien. Elle avait décidé qu'elle ne tomberait jamais deux fois dans le même piège, et en plus d'avoir du mal à offrir sa confiance, elle avait énormément de mal à pardonner, sa bonne mémoire l'obligeant à se souvenir des moindres crasses qu'on avait pu lui faire. Et si elle aimait se détacher du lot et être un peu à part parfois, elle n'en reste pas moins une personne qui a toujours vécu dans l'ombre et qui ne s'est jamais imposé que très peu. Mais la persévérance est ce qui paie le plus, et qu'importe les obstacles, il n'y a rien qui soit insurmontable tant que l'on garde la tête haute.