"Fermeture" de London Calling
Après cinq années sur la toile, London Calling ferme ses portes. Toutes les infos par ici PUZZLE - prunille 2979874845 PUZZLE - prunille 1973890357
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PUZZLE - prunille

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() message posté Sam 20 Déc 2014 - 1:03 par Invité
P U Z Z L E

Nous étions en plein après-midi mais déjà le soleil se couchait, et je l’observais décrire sa courbe habituelle dans le ciel, adossé contre le mur du couloir. J’avais envie de glisser jusqu’au sol et m’assoir par terre, comme le faisaient les étudiants. Je me suis demandé à quel moment de notre vie nous arrêtions de nous assoir n’importe où, mais malgré mon intense réflexion, je n’arrivai pas à trouver de réponse satisfaisante. Pourtant, je me souvenais très bien l’avoir fait maintes et maintes fois auparavant, s’assoir sur le carrelage froid des couloirs en attendant que la salle s’ouvre, coincer un livre entre mes genoux, étendre une jambe, puis l’autre, revenir en tailleur et rester immobile malgré les crampes et la sueur. Et, un beau jour, on change. Probablement parce qu’on n’avait plus le loisir d’attendre, de se poser quelque part, et donc on restait debout, penaud, en regardant l’horizon par la fenêtre. Je jetai un coup d’œil de part et d’autre du couloir : personne. J’hésitai, une, deux, trois secondes peut-être. Un prof ne s’assoit pas par terre, quelle idée. Les étudiants le font car ils s’en moquent, ce sont encore des enfants. Mais moi, je ne pouvais pas me le permettre. Et pourtant, j’en avais tellement envie. Me laisser glisser jusqu’en bas et rester là quelques minutes, peut-être une demi-heure, jusqu’à ce que la nuit soit complètement tombée. Mon envie atteignit son paroxysme lorsque j’entendis des voix se rapprocher de moi. Tournant la tête, je restai en suspens, adossé contre le mur, prêt à tomber. Mais je me retins alors que deux professeurs poussèrent les portes qui délimitaient le couloir et le parcoururent en discutant, chacun un café à la main. Ils me saluèrent en arrivant à ma hauteur et je leur répondis courtoisement. Mon envie s’en alla avec eux. Je posai à nouveau mes yeux sur le soleil, et me redressai, mon dos quittant le mur. Après quelques secondes de brume, je repris mes esprits et mes pas prirent la même direction que les deux professeurs qui avaient à présent disparu au coin du couloir. Je me dirigeai alors vers la bibliothèque d’une démarche presque hésitante. Après tout, je pouvais rentrer chez moi. Mais j’aimais bien la bibliothèque. Il y régnait une ambiance sereine et paisible qui me plaisait. Peut-être que c’était ce côté érudit que tout prof se devait d’avoir, mais je trouvais cela prétentieux de se considérer comme un érudit. On avait l’impression de ne plus vivre l’atmosphère de la bibliothèque, mais d’être l’une de ses étagères : quel intérêt, vraiment.

J’ai bu du mauvais café et je suis entrée dans la bibliothèque sans faire le moindre bruit. Il y régnait un agréable silence studieux, celui des pages qui se tournent et des devoirs qui s’écrivent. Je reconnus certains de mes élèves, çà et là installés devant les larges tables. Certains levèrent les yeux lorsque je passai près d’eux, on m’adressa même quelques vagues sourires polis auxquels je répondis de manière similaire, puis je m’enfonçai dans les rayons de livres, ne recherchant rien en particulier : le trésor se découvrirait de lui-même après tout. Mes doigts glissaient sur les tranches des livres et parcouraient leurs reliures, comme si le toucher aurait pu être décisif dans mon choix. Je me trouvais à la section théâtre et une odeur de vieux papier plongea dans mon nez : j’aimais les livres abîmés. Cela pouvait paraître étrange, mais c’était comme s’ils avaient vécu quelque chose de plus que les neufs. Ce pourquoi d’ailleurs je préférais les bibliothèques aux librairies. Il y régnait une vitalité singulière : les livres semblaient vouloir raconter leur histoire, encore et encore, peu leur importait qui serait leur lecteur. Je m’emparai d’un Cocteau jauni par l’âge, en langue originale, aux pages fines, presque aussi fragiles que des feuilles de cigarette. D’ailleurs, ce livre sentait le tabac froid. Il avait dû faire le tour de Londres : lui, il avait quelque chose à dire. Je l’ai ouvert et j’ai débuté ma lecture, revenant lentement sur mes pas pour trouver une place parmi les étudiants. Me laissant tomber sur une chaise comme j’avais voulu le faire sur le sol quelques minutes auparavant, j’ai sorti un crayon et j’ai annoté à même le livre, même s’il était déjà recouvert d’inscriptions hasardeuses. Un million d’idées me vinrent en lisant les répliques, mais elles s’emmêlèrent dans ma tête, et je tentai tant bien que mal de les coucher furtivement sur le papier fin des pages. Je lus également avec amusement et intérêt les notes déjà présentes : elles avaient été écrites par un étudiant, c’était certain. Elles ne mettaient en relief que des idées très générales, mais annoter un livre était un exercice si épanouissant lorsqu’il était bien fait. Il s’agissait d’une chasse au trésor. Et d’un puzzle, dans le meilleur des cas, oui, un puzzle dont les pièces étaient éparpillées entre tous les mots du texte, se cachant derrière une métaphore ou une allitération. C’était un jeu dont on découvrait la vraie nature en se plongeant réellement entre les lignes. Il s’agissait d’une enquête dont les indices avaient été placés judicieusement par l’auteur pour que le lecteur averti puisse le suivre et entrer dans sa danse. Et ce livre-ci ne faisait pas exception. Peu à peu, j’oubliai la réalité qui m’entourait et me retrouvai parmi les mots eux-mêmes. Je glissai sur un sol nouveau en observant un autre soleil, un soleil qui faisait miroiter dans mon esprit les lumières d’un monde inconnu.
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() message posté Ven 26 Déc 2014 - 13:05 par Invité
Puzzle
thomas & prunille

Un court instant, son esprit flirta bien loin des cours pour s’évader dans cette prairie enneigée, les cheveux blonds recouverts par les flocons incessants qui tombaient en cascade du ciel cotonneux. Elle riait, tentant de les attraper et un autre rire, plus grave rejoignit le sien. Un garçon. Killian. Sa tête glissa de sa main et la jeune blondine revint sur terre. Voilà maintenant qu’elle s’endormait en cours, c’était bien la première fois que ça lui arrivait. Elle secoua le visage, jetant un coup d’œil sur son portable. Il lui restait encore une heure de cours, des révisions à faire à la bibliothèque avant son dernier cours à 15h. Elle pourrait rentrer chez elle, mais la jeune blondine sait parfaitement qu’actuellement, elle a plus envie de détente que de révision. La bibliothèque universitaire était le meilleur endroit pour cela. Elle tourna le visage vers sa voisine qui s’endormait elle aussi sur son téléphone. « C’est moi ou le cours aujourd’hui est ennuyeux ? » La jeune femme biaise Prunille avant d’étirer un sourire. « Ouais, je l’ai senti dès qu’il est arrivé… C’est pour ça que personne n’écoute vraiment ! » Prunille jeta un regard alentour, en effet, personne n’était attentif au cours. Ils étaient tous sur ordinateur, portable ou endormi contre la table. « L’année dernière aussi, c’était comme ça… J’ai l’impression qu’il fait exprès de nous donner un cours pourrie à cette période. » Prunille ne retint pas un rire discret, pouffant dans sa main. « Il espère que peut-être, avec le bouche à oreille, l’année prochaine, personne ne vienne ? » « Ah, mais oui, certainement ! » Et ainsi, Prunille sympathisa avec sa voisine de table durant le reste du cours. Elles finirent par s’asseoir sur un banc à l’extérieur, un chocolat chaud dans les mains et discuté des prochaines fêtes de fin d’année. Une heure plus tard, Auréa repartit et Prunille se rendit à la bibliothèque en traînant des pieds. Elle traversa les couloirs, son sac sur l’épaule et une pomme dans l’autre. Elle s’arrêta devant un tableau de petite annonce pour les lire rapidement avant de bifurquer pour monter un escalier et arriver enfin près de la bibliothèque. Prunille laissa son sac sur une table, un moyen de réserver une place et parti à la quête des livres utiles pour ses révisions. Là où elle péchait le plus, c’était dans le vieux français. Et pourtant, elle voulait à tout prix réussir à bien traduire certaines lectures pour apprendre ce style d’écriture magique et plus poétique à ses yeux.

Elle retourna à sa table et laissa choir deux gros livres ainsi que d’autres. Elle sortit un cahier et son crayon de papier. Là voilà partie dans les annotations et les traductions difficiles d’un vieux roman. C’était plus pour son propre plaisir personnel qu’en lien avec ses cours de littérature française, même si parait-il qu’il allait y avoir un semestre consacré aux arts anciens. Au milieu d’une traduction hasardeuse, Prunille vit son professeur s’asseoir sur la chaise près d’elle et se plonger dans son livre. Par curiosité, ses yeux dévièrent sur le titre de son livre avant qu’elle ne replonge dans son propre ouvrage. Elle frotta ses yeux, commençant à sentir l’agacement naître dans son esprit. Elle n’aimait pas l’échec et encore moins buter sur de choses futiles. Il lui manquait peut-être un livre ? Elle se leva pour retourner dans les rayonnages, cherchant ce qui pourrait lui manquer. Elle revint et son professeur était toujours là, ses pupilles balayant le livre de gauche à droite, hypnotisé dans sa lecture. Prunille trouvait cette attitude plaisante, voilà quelqu’un qui aimait son métier par passion et non juste parce qu’il était bon en littérature à l’époque. Quelqu’un qui savait capturer les esprits, même les plus rebelles, pour les inviter dans un dôme passionné. Quelqu’un qui parvenait à embellir les âmes, à rajeunir une œuvre et lui donner quelque chose de plus intéressant, voire même de plus captivant. Prunille aimait beaucoup ce professeur et ne regrettait pas celui de Cardiff. Elle soupira, peut-être pourrait-elle le déranger juste quelques secondes afin qu’il la conseille. Lui devait connaître le type de livres qu’elle devait se procurer pour terminer ce qu’elle faisait ? Elle passa une main dans sa nuque, espérant ne pas se faire mal voir par la suite. Elle se racla la gorge, mais cela n’eut aucun effet. Elle recommença un peu plus fortement, sans succès. « Monsieur Knickerbadger ? » Toujours rien. Elle eut un sourire, il devait être comme elle. Imperturbable dans sa lecture, ailleurs. Occultant le monde alentour, partant dans ses évasions et s’imaginant un monde à l’image de sa lecture. Cela la gênait de le perturber finalement. Elle se leva, s’approchant de lui et posa une main timide sur son épaule, effectuant quelques petites secousses légères pour qu’il revienne à la réalité. « Excusez-moi de vous déranger Monsieur Knickerbadger, mais j’aurai besoin de vos connaissances ? » Elle enchaîna rapidement, plus vite sa demande sera faite et plus vite, il pourra retourner à sa tranquillité. Du moins, c’était ainsi que le voyait Prunille. « En fait, j’essaye de traduire un livre en vieux Français. C’est en rapport avec vos prochains cours, mais je ne parviens pas à trouver les ouvrages adéquats pour m’aider. Disons que le français classique, j’ai déjà quelques lacunes alors là, disons que je coule un peu… » Elle eut un sourire timide, les joues rosies par la gêne.

   
FICHE PAR ROMANOVA
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() message posté Sam 27 Déc 2014 - 15:02 par Invité
Mes yeux glissèrent sur les mots et mon crayon sur le papier avec une dextérité que j’avais obtenue au fil du temps. Mon esprit restait parfaitement imperturbable. C’était quelque chose d’assez magique, d’ailleurs, cette capacité qu’ont les bons lecteurs de s’isoler malgré le monde qui les entoure – et il fallait reconnaître qu’à cette heure, la bibliothèque avait un certain succès. Je nageai entre les lignes, immobile et concentré. Dans mon oreille ne résonnaient que les répliques de la pièce que je lisais. Monsieur Knickerbadger ? … J’ai poursuivi ma lecture sans broncher. Sa voix n’était pas assez puissante pour me sortir de ma torpeur. J’étais dans une sorte de bulle épaisse, j’étais présent physiquement mais mes pensées étaient ailleurs. Après avoir parlé pour les autres pendant toute la matinée, je me retrouvais enfin avec moi-même, et ce côté apaisant me rendait captif de l’instant présent. Donc j’avais tendance à complètement ignorer tout ce qui m’entourait – pas vraiment volontairement, c’était simplement la suite logique d’un soulagement mérité.

Mais la fine main posée sur mon épaule me rappela à la réalité, et l’univers dans lequel Cocteau m’avait plongé se dissipa en une fraction de seconde, comme lorsque l’on commence à rêver, la nuit, mais qu’un bruit nous réveille. « Excusez-moi de vous déranger Monsieur Knickerbadger, mais j’aurais besoin de vos connaissances ? » Je tournai la tête, les yeux grands ouverts, presque étonnés, mais non gêné par la situation. La jeune fille avait une voix presque fragile et avait parlé rapidement. Je n’eus d’ailleurs pas le temps de répondre, ou même d’esquisser un geste, que déjà elle enchaînait : « En fait, j’essaie de traduire un livre en vieux Français. C’est en rapport avec vos prochains cours, mais je ne parviens pas à trouver les ouvrages adéquats pour m’aider. Disons que le français classique, j’ai déjà quelques lacunes alors là, disons que je coule un peu … » Elle s’exprimait avec politesse et gêne – d’ailleurs, elle ne tarda pas à rougir, ce qui ne m’étonna pas. Après tout, parler à un professeur, c’était généralement quelque chose d’assez intimidant. Bien entendu, ça dépendait du prof et de l’élève, mais celle-ci faisait apparemment partie de ceux qui n’étaient pas vraiment à l’aise. Surtout que j’avais été tellement concentré dans ma lecture qu’elle avait été obligée de venir me secouer l’épaule pour m’en sortir et me poser sa question. Un sacré effort, ce qu’elle venait de faire, brodé d’un véritable courage. Cela étira mes lèvres en un doux sourire. En plus, elle était studieuse et voulait bien faire son travail, comment aurait-elle pu me déranger, vraiment. Je plissai des yeux : oui, c’était l’une de mes élèves. J’avais la mémoire des visages – être prof, ça entraînait, vous me direz. Blonde, presque frêle car franchement mince, un visage aux courbes onctueuses, des lèvres pulpeuses, un nez légèrement retroussé et un regard qui, j’en étais persuadé, pouvait en captiver plus d’un s’il le désirait. Brown-Valentyne. Voyez, j’avais même la mémoire des noms.

J’ai fermé mon Cocteau qui n’avait pas sa place chez le français classique dont parlait Prunille. Elle s’attaquait en effet à une partie ardue du second semestre : l’ancien français. Quelque chose de fondateur mais d’extrêmement difficile pour un étudiant – et surtout de très chiant, si cela ne lui plaisait pas un minimum. La chevalerie, c’était une chose. L’amour courtois, une autre. Et les croisades, une troisième. Mais ces trois thèmes constituaient la majeure partie (voire l’intégralité) de ce qu’était la littérature du Moyen-Âge en France. Et, aujourd’hui, on trouvait des réécritures plus abordables, mais quel intérêt de plonger des L2 dans une réécriture ? A vrai dire, on pouvait parfois se demander si l’écriture la plus frustrante était l’originale et son absence d’orthographe réellement fixe ou bien la réécriture, qui ternissait l’œuvre, comme d’habitude. Mais je trouvais ça intéressant, l’orthographe de l’ancien français, on sentait toute l’attention du scribe qui avait bataillé à retranscrire les sons qu’il entendait malgré la pauvreté de l’alphabet latin. J’avais toujours trouvé la transformation de l’oral en écrit assez passionnant pour tout dire. Pas qu’en français, d’ailleurs. Mansfield qui modifiait l’orthographe anglaise pour donner à ses personnages un accent néo-zélandais, c’était quelque chose, aussi. « Vous n’avez pas froid aux yeux pour tenter de traduire de l’ancien français. » lui ai-je répondu, amusé. « Et ne soyez pas affolée par la difficulté de l’exercice. Les français eux-mêmes ont du mal à lire l’ancien français, donc ce n’est pas surprenant. » Je me suis levé avec souplesse, attrapant mon propre livre au passage, et je lui ai dit que me suivre. Elle aurait des choses à faire durant son temps libre si elle voulait que je la conseille sur l’une des matières que j’enseignais. Nous nous enfonçâmes parmi les étagères : les livres en ancien français, il fallait le vouloir pour les trouver dans la bibliothèque. Mais, après tout, cela tombait sous le sens. Peu de gens lisaient de tels ouvrages, et qui irait les blâmer ? C’était un art très pointu. Au passage, je replaçai mon Cocteau entre les livres sans même regarder où je le mis : je savais qu’il était au bon endroit. Et j’ai continué mon cheminement entre les rayons. Nous avons dépassé toutes les nationalités jusqu’à arriver aux dernières rangées, un peu cachées, un peu austères aussi, poussiéreuses, peut-être vexées par ce manque flagrant d’attention. Je me suis tournée vers mon élève et j’ai chuchoté : « Ici, vous trouverez des versions bilingues plutôt pratiques : ils ont fait des traductions en français moderne de textes en ancien français et certaines sont assez bien faites. Vous pouvez partir de là pour faire une comparaison entre les deux langues, et ensuite vous pencher sur une traduction en anglais. Ce serait suicidaire de se jeter dans le texte en sachant pertinemment que vous n’en tirerez rien. La traduction, c’est d’abord la compréhension puis la transcription, donc saisissez d’abord le sens des mots que vous lisez. » J’ai parcouru des yeux des ouvrages présents sur l’étagère. Puis je m’adressai à nouveau à Prunille : « Si vous voulez vraiment bien vous préparer pour le second semestre, allez aussi faire un tour dans la section linguistique, vous y trouverez tous les ouvrages qui traitent de l’ancien français lui-même, en tant que langue, vous y verrez peut-être plus clair après ça. Bon, par contre, je ne suis pas sûr qu’il y ait des traductions anglaises de tels livres, donc vous devrez les lire en français. Mais bon, c’est le but de la licence, j’imagine. » Ma dernière phrase fut accompagnée d’un sourire un peu rêveur. Je m’écartai pour la laisser regarder les ouvrages que je lui avais désignés. Je me souvins d’un coup qu’elle n'avait pas fait sa L1 à Londres. C’était peut-être pour ça que j’avais replacé un nom sur son visage, d’ailleurs. Entre tous ces étudiants, le moindre détail en devenait décisif. « Vous vous y faites, à cette nouvelle fac ? Vous étiez où avant, déjà ? » lui demandai-je alors, d’une voix où se mêlaient courtoisie et réel intérêt.
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() message posté Sam 27 Déc 2014 - 21:49 par Invité
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thomas & prunille

Prunille n’était pas du genre à baisser les bras devant la difficulté. Elle était même plutôt du genre à s’acharner, s’arrachant les cheveux plutôt que de laisser tomber et passer à autre chose. Il n’était d’ailleurs pas rare qu’elle se penche des soirées entières sur quelque chose pour réussir à obtenir la perfection. Elle n’avait pas sauté une classe juste parce qu’elle avait des capacités supérieures aux autres, c’était surtout son acharnement, sa soif de connaissance et son côté perfectionniste qui l’avaient aidé. Aussi, traduire un livre de vieux Français en Anglais pour en connaître le sens, l’histoire était un défi de taille. Cependant, la blondine manquait de ressources pour l’y aider. C’était pourquoi elle avait osé déranger son professeur juste en face d’elle, plongé dans un roman de Cocteau. Rien ne semblait indiquer dans son regard que la jeune étudiante avait osé troubler sa quiétude solitaire, il n’en restait pas moins qu’elle se sentait mal à l’aise. Elle-même, lorsqu’elle était plongée dans un roman n’aimait pas qu’on l’infortune pour des broutilles. Elle s’en excusera après, pour le moment, elle écoutait les paroles de son professeur qui fit remarquer son courage. Elle ne put réprimer un sourire de fierté. Oui, elle aimait surélever ses capacités pour s’assurer que ses années de labeurs n’avaient pas été pour rien. Il la rassura, elle ne s’esquintait pas la cervelle pour des noix, même les Français étaient en difficulté pour lire le vieux français. Il se leva et la pria de le suivre, ce qu’elle fit sans rechigner ni hésiter. La jeune blonde aimait les bibliothèques, particulièrement pour voir les milliers de livres étalés là, n’attendant qu’à être pris et dévorés par les amateurs. Il n’y avait pas plus plaisant que le calme, l’odeur dans ces lieux souvent ternis par les clichés. Le professeur de lettre s’arrêta pour s’adresser à la jeune musicienne, l’informant de ce qu’elle pourrait trouver là où ils étaient. Elle hochait à ses paroles, attentives et assimilant chaque mot pour n’en oublier aucun et ne pas avoir à revenir poser des questions. Il n’y avait rien de plus stressant pour la jeune demoiselle que de répéter à quelqu’un, elle faisait donc en sorte que cela n’arrive pas aux autres lorsque ça la concernait.

Il se décala et la jeune blonde put observer les nombreux livres pour en choisir afin de les rapporter à sa table. Elle prenait note aussi de sa seconde proposition, même si pour cela, elle devait aussi améliorer certaines lacunes de français avant de se plonger dans cette lecture. On lui avait toujours dit que la meilleure façon d’apprendre une langue est de séjourner dans le pays en question. La jeune pianiste envisageait d’ailleurs sérieusement de passer un été en France, fille au pair ou un petit job quelconque afin de se plonger dans la culture du pays, parler du matin au soir la langue. Elle prit deux livres avant de se retourner vers le Professeur, lui offrant un léger sourire en coin. « Cardiff University, monsieur. J’aime beaucoup celle-ci, à part les bâtiments et l’environnement, il n’y a pas tant de changements. Merci… » Elle était touchée qu’il s’en acquitte, mais surtout qu’il s’en souvienne. Il devait avoir plus d’une centaine d’étudiants, si ce n’est plus et pourtant, ce n’était pas la première fois qu’elle était témoin de l’implication de Knickerbadger auprès de ses étudiants. « Je vous remercie pour vos conseils. Je n’ai pas pensé à étudier le vieux français comme une langue à part entière, c’est à la fois difficile, mais je trouve beaucoup plus poétique comme façon d’écrire. Enfin, certains mots me paraissent étranges, surtout lorsqu’on sait qu’elle est sa signification de base, par rapport aux mots d’aujourd’hui. Mais, ça donne un certain charme aux livres. Surtout dans les confessions et lettres de personnages… » Elle glissa une mèche derrière son oreille avant de se diriger vers l’autre partie qu’il avait conseillé, la linguistique. Elle allait certainement emprunter un livre pour le lire à la maison et pouvoir faire un bilan personnel, comme elle aimait souvent le faire. Ils retournèrent jusqu’à sa table d’étude et la jeune blonde déposa ses livres sur la table, déjà à moitié envahie par ce qu’elle avait pris plus tôt. « Je suis désolée de vous avoir arrêté dans votre lecture, mais c’est gentil à vous de m’avoir aidée ainsi. Je pense que ce n’est pas tous les professeurs qui l’auraient fait… »

Son professeur de lettres lui inspirait confiance, sympathie et estime. La jeune blonde s’arrêtait souvent sur ses premières impressions et ce jour-là, dans l’amphithéâtre quand elle était arrivée en retard, elle n’avait eu le droit qu’à un sourire. Pas une remarque, pas un regard noir, car elle avait interrompu quelque chose. Elle avait déjà eu droit à un commentaire à Cardiff, peut-être était-ce la raison de son bien-être dans cette université ? Elle retomba sur sa chaise, levant le visage vers son professeur avec un sourire : « Vous avez un bel accent français, l’autre fois durant le cours… C’est à force de le parler je présume, mais on ne dirait pas que vous êtes Anglais. À moins que vous ayez des origines et dans ce cas, ça se comprendrait… » Déjà, ses joues s’empourprèrent. Elle se permettait d’ailleurs une certaine familiarité qui n’avait peut-être pas sa place, auquel cas, il y mettrait un terme et la jeune pianiste n’aura plus qu’à se planquer derrière sa pile de livres.

   
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() message posté Lun 29 Déc 2014 - 14:33 par Invité
« Cardiff University, monsieur. J’aime beaucoup celle-ci, à part les bâtiments et l’environnement, il n’y a pas tant de changements. Merci … » me répondit-elle avec gentillesse, tandis qu’elle choisissait judicieusement les livres qui se trouvaient devant ses yeux. « Je vous remercie pour vos conseils. Je n’ai pas pensé à étudier le vieux français comme une langue à part entière, c’est à la fois difficile, mais je trouve beaucoup plus poétique comme façon d’écrire. Enfin, certains mots me paraissent étranges, surtout lorsqu’on sait quelle est la signification de base, par rapport aux mots d’aujourd’hui. Mais, ça donne un certain charme aux livres. Surtout dans les confessions et lettres de personnages. » Elle avait raison. Dès que je lisais un livre, j’avais l’impression d’être transporté à l’époque où il avait été écrit, tel un voyageur du temps, et être complice de l’auteur, comme un chat tapi dans l’ombre qui observe l’action. Et le vieux Français accentuait cette sensation, car entendre quelqu’un parler d’une manière bien particulière, ça frappait tout de suite beaucoup plus. On a l’impression de comprendre, mais à bien y réfléchir, on ne comprend que trop peu de choses. Et même aujourd’hui, les accents régionaux avaient cette même singularité. Un écossais parlait anglais, bien évidemment, et pourtant beaucoup d’anglais seraient incapables de comprendre ce qu’il dit. Étrange, n’est-ce pas ? Je souris lorsque Prunille évoqua les confessions et les lettres. J’avais toujours adoré ça, car on se sentait encore plus en symbiose avec l’auteur et ses personnages : on avait accès à des choses tellement secrètes, c’était comme disséquer leur âme rien qu’à lire les mots qu’ils écrivaient. « Je suis heureux de voir que vous ne baissez pas les bras facilement et que vous trouvez du charme à cette partie du programme. Ça se fait rare, des étudiants comme vous dans une telle matière. » lui ai-je alors dit, un pointe d’espièglerie dans la voix.

Je l’ai suivie vers la partie linguistique – je me doutais bien qu’elle n’allait pas se perdre, mais peut-être allait-elle avoir d’autres questions. A nouveau, elle parcourut les rangées de livres pour prendre ceux qui l’intéressaient. Finalement, elle en saisit un et nous sommes retournés à la table où j’avais laissé trainer mes affaires et où elle avait déposé ses choix de lecture. « Je suis désolée de vous avoir arrêté dans votre lecture, mais c’est gentil à vous de m’avoir aidée ainsi. Je pense que ce n’est pas tous les professeur qui l’auraient fait … » s’enquit-elle de sa voix polie et agréable. C’en était presque attendrissant – s’il existait aujourd’hui quelque chose qui m’attendrissait réellement, mais j’en doutais, donc je m’en tins au presque. « Non mais je l’avais déjà lu ce bouquin de toute façon, vous ne m’avez pas gêné. » lui répondis-je dans un sourire. « Mais ça c’est le côté fac, les profs qui font leur cours sans s’intéresser aux élèves. Les profs de fac et leur détachement, leur supériorité, toute une histoire. » J’accompagnais ma dernière phrase d’un léger rire. C’était assez incroyable de voir à quel point un prof de fac et un prof de lycée n’avaient strictement pas la même approche de leurs élèves. D’un côté, ça ne m’étonnait pas, la fac c’était un autre univers. Mais de l’autre, un élève bercé par ses profs pendant toute sa scolarité et qui se retrouve jeté du haut d’un pont, il a plus de chances de se retrouver noyé dans le fleuve qu’est la fac. Moi, j’aimais bien l’esprit d’un élève. C’était une chose en construction, une entité qui assimile, qui produit et qui surprend, même, parfois. Et j’aimais bien observer les variations qui existaient entre chaque élève, comment l’un réagirait et s’approprierait telle méthode ou telle leçon, et commet l’autre le ferait à son tour. C’était une sacrée mosaïque, une vraie analyse et un jeu particulièrement divertissant. On apprenait beaucoup d’un élève, et de l’être qui se cachait derrière, en lisant ses travaux et en restant attentif à sa progression. Dans le cas de Prunille, j’avais vite deviné qu’elle était une élève sérieuse et impliquée. Et quel prof n’apprécie pas de tels étudiants ? Ils étaient presque là pour nous conforter dans notre orgueil d’enseignant – ahh, sarcasme, quand tu me tiens. « Tout le plaisir est pour moi, comme on dit. » Les petites expressions qui ponctuent les réponses, ça met tout de suite à l’aise. Merveilleux.

Elle s’était installé sur la chaise en face de la mienne et la regagna, se laissant tomber dessus. Puis elle leva ses yeux vers moi : « Vous avez un bel accent français, l’autre fois durant le cours … C’est à force de le parler je présume, mais on ne dirait pas que vous êtes Anglais. A moins que vous ayez des origines et dans ce cas, ça se comprendrait … » Mon sourire apparut de nouveau, flatté. Quand on savait à quel point certaines personnes avaient du mal avec les langues étrangères, ça faisait toujours plaisir. Et puis, beaucoup de professeurs ne faisaient strictement aucun effort lorsqu’ils enseignaient une langue, alors que l’important c’était ça : la prononciation. L’oral était plus spontané, plus rapide, il demandait une totale immersion dans la langue, à l’inverse de l’écrit, que l’on pouvait toujours corriger. Ce qui est dit reste dit à jamais. Cette fatalité de l’oral, c’était quelque chose qui fascinait mais qui terrifiait beaucoup aussi. « Je vous remercie. » La politesse semblait logique après une telle remarque – que dis-je, un tel compliment. Elle n’avait pas tardé à rougir – c’était son côté presque attendrissant, vous savez. « Et non, je n’ai pas d’origine française, je suis né dans la campagne anglaise – mais je me considère londonien, depuis le temps. » Je fis une pause, réfléchissant à ce qui m’avait plongé dans la langue et à pourquoi je la parlais finalement plutôt bien. « Vous savez, souvent on dit que les adultes ont plus de mal avec les langues étrangères que les enfants. Mais c’est complètement faux. On apprend à parler une langue lorsqu’on est enfant parce que tout autour de nous se rapporte à cette langue. Si vous vous imprégnez de la langue, quel que soit votre âge, vous finirez par la parler couramment un jour ou l’autre. C’est à force de la parler, comme vous l’avez précisé, mais pas que. C’est à force de la lire et de l’entendre aussi. L’écoute d’une langue peut s’avérer être un exercice aussi difficile que celui de la parler ou de l’écrire. N’hésitez pas à supprimer les sous-titres lorsque vous regardez un film, à allumer une chaîne française ou bien à aller vous balader dans un quartier français de Londres, vous verrez, ça aide. » Puis j’ajoutai, rieur : « Bien évidemment, vous pouvez aussi partir en France pour quelques temps, mais l’Eurostar c’est vraiment très cher pendant les vacances scolaires. » Je penchai la tête sur le côté, vaguement intrigué soudain : « Vous faites du français juste comme ça ou vous visez un métier en particulier, en fait ? »
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